mardi 26 mars 2019

Bienvenue à Marwen

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Welcome to Marwen" de Robert Zemeckis. 2019. U.S.A. 1h56. Avec Steve Carell, Leslie Mann, Diane Kruger, Falk Hentschel, Janelle Monáe, Eiza González.

Sortie salles France: 2 Janvier 2019. U.S: 21 Décembre 2018

FILMOGRAPHIE: Robert Zemeckis est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 14 Mai 1951 à Chicago (Illinois). 1978: Crazy Day. 1980: La grosse Magouille. 1984: A la Poursuite du diamant vert.1985: Retour vers le Futur. 1988: Qui veut la peau de Roger Rabbit. 1989: Retour vers le Futur 2. 1990: Retour vers le Futur 3. 1992: La Mort vous va si bien. 1994: Forrest Gump. 1997: Contact. 2000: Apparences. 2000: Seul au monde. 2004: Le Pôle Express. 2007: La Légende de Beowulf. 2009: Le Drôle de Noël de Mr Scrooge. 2013: Flight. 2015: The Walk. 2018: Bienvenue à Marwen.


Merveille de féerie et de romantisme éperdu que l'éminent Robert Zemeckis illustre à nouveau avec un sens onirique singulier (épaulé de trucages en "performance capture" irréprochables !), Bienvenue à Marwen renoue avec le cinéma le plus épuré lorsqu'il s'agit d'immerger le spectateur à travers la douloureuse introspection d'une victime traumatisée par sa brutale agression. Et pour cause, souffrant d'amnésie à la suite d'un coma, Mark, autrefois dessinateur de talent, se réfugie dans la chimère de sa nouvelle passion pour les figurines qu'il photographie dans un village miniaturisé, Marwen durant la période de la seconde guerre mondiale. Constamment harcelé par des soldats SS férus de haine, il compte pour autant sur la solidarité indéfectible de 5 guerrières farouches afin de venir à bout de ces tortionnaires. Or, de retour dans la solitude de sa réalité quotidienne, Mark parvient difficilement à renouer avec l'équilibre d'une vie sociale harmonieuse, quand bien même son addiction pour les anti-dépresseurs lui engendre diverses hallucinations (que Zemeckis parvient brillamment à mettre en exergue au gré d'un montage véloce conjuguant fiction et réalité au sein du même cadre).


C'est alors qu'il fait la connaissance de Nicol, sa nouvelle voisine de palier fascinée par le réalisme de son village miniature auquel y évoluent des figurines d'un sens du détail naturel. Ode au rêve et au goût de l'évasion à travers le refuge de l'art, manifeste pour le droit à la différence (Mark adore porter des talons de femmes par engouement passionnel), Bienvenue à Marwen dégage une sensibilité inusitée à travers sa scénographie flamboyante alternant séquences d'animation tantôt belliqueuses, tantôt romantiques, et situations intimistes d'une réalité anxiogène que Mark endure quotidiennement en dépit du soutien de ses 5 amies attentionnées. Ainsi donc, à travers le vibrant portrait de ce dessinateur traumatisé par la violence de l'homme (ici symbolisé par des fascistes avinés), Robert Zemeckis y radiographie sa fragile schizophrénie avec une émotion candide bouleversante. Dans la mesure où s'y déroule intensément devant nos yeux, et avec une étonnante alchimie féerique, la lente thérapie de Mark combattant ses démons les plus préjudiciables (la fameuse sorcière belge Deja Thoris, métaphore de ses pilules bleues). Tant auprès de son imagination florissante qu'il parvient à matérialiser à travers l'univers rassurant de ses figurines que de l'amour en herbe que sa nouvelle voisine Nicol pourrait probablement lui réveiller avec une attention profondément humaine.


"Notre douleur est notre carburant"
Débordant de romantisme, de fragilité et de sensibilité torturée sous l'impulsion névralgique d'une victime en quête de catharsis (que Steve Carell insuffle avec un incroyable naturel introverti), Bienvenue à Marwen traite avec une douloureuse acuité humaine des thèmes de la résilience et du dépassement de l'affres à travers le gain de la création artistique et du pouvoir salvateur de l'amour. Moment de cinéma personnel en apesanteur, Bienvenue à Marwen renoue avec le 7è art le plus candide à travers l'incandescence du surréalisme métaphorique. Infiniment bouleversant, ténu et magique (si bien qu'on lui pardonne une situation de procès tirant légèrement sur la corde sensible, menu reproche à murmurer auprès de ce futur classique). 

*Bruno

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire