de Taylor Hackford. 1995. U.S.A. 2h12. Avec Kathy Bates, Jennifer Jason Leigh, Judy Parfitt, Christopher Plummer, David Strathairn, Eric Bogosian.
Sortie salles France: 11 Octobre 1995. U.S: 24 Mars 1995
FILMOGRAPHIE: Taylor Hackford est un réalisateur et producteur américain né le 31 décembre 1944. Il est marié à l'actrice Helen Mirren. 1980 : Le Temps du rock'n'roll. 1983 : Officier et gentleman. 1984 : Contre toute attente. 1986 : Soleil de nuit. 1988 : Hail! Hail! Rock 'n' Roll (documentaire musical). 1988 : Everybody's All-American. 1993 : Les Princes de la ville. 1995 : Dolores Claiborne. 1998 : L'Associé du diable. 2001 : L'Échange. 2005 : Ray. 2010 : Love Ranch. 2013 : Parker. 2016 : The Comedian.
Drame psychologique transplanté dans l’écrin oppressant du thriller à suspense adapté d’un célèbre roman de Stephen King, Dolores Claiborne est une réussite rare signée Taylor Hackford, propulsée par la présence magnétique du duo Kathy Bates / Jennifer Jason Leigh, qui soulèvent à elles seules le poids massif d’une intrigue en tension, avec une intensité tour à tour poignante et bouleversante.
Pitch - À la suite du décès de la richissime Vera Donovan, son intendante Dolores Claiborne est suspectée de l’avoir précipitée dans les escaliers. Rappelée dans la région de son enfance, sa fille - aujourd’hui journaliste - tente de renouer un lien brisé depuis la mort « accidentelle » de son père, affaire dont Dolores fut finalement acquittée. Mais le détective John Mackey, qui n’a jamais cru en cette version, voit dans le nouveau drame l’occasion de prendre sa revanche et de faire tomber Dolores, coûte que coûte.
Par la charpente suspendue de son récit alternant présent et flash-back, levant peu à peu le voile sur l’identité trouble de Dolores et radiographiant en parallèle le profil torturé de sa fille en lutte contre la dépression, le film captive sans fard jusqu’à son dénouement crépusculaire, irradié d’une aura onirique sous le croissant d’une éclipse solaire. Magnifiquement incarnée par Kathy Bates, femme de caractère traversée par une force tranquille et une rage enfouie née des maltraitances infligées par son époux éthylique, elle partage la lumière avec Jennifer Jason Leigh, bouleversante dans sa fragilité contenue et sa douleur enfouie. Sans effets de manche, Dolores Claiborne offre un numéro d’actrices d’une belle puissance.
Si la mécanique de l’intrigue devient à mi-parcours relativement prévisible, son intensité psychologique constante et l’art avec lequel Hackford tisse son suspense latent autour de personnages proscrits nourrissent une passionnante tragédie familiale : violentes réparties, crises de larmes, rancœur, non-dits, aigreur mélancolique. La force narrative jaillit des thèmes de l’injustice, du faux-semblant, de la maltraitance, de la perversité et du traumatisme que mère et fille tentent d’arracher à leur silence étouffé. Deux femmes habitées par une même solitude, écrasées par le poids de la culpabilité et d’une communication fendue depuis l’ancienne tragédie.
Remarquablement mené, sculpté dans un suspense ciselé que Bates et Leigh habitent d’une énergie farouche, Dolores Claiborne parle de la mort, de la résilience et de l’amour maternel avec une vigueur dramatique d’une grande sensibilité. Car c’est en affrontant les démons d’un passé éhonté que cette famille meurtrie peut enfin espérer la rédemption - même au prix d’un crime que la justice humaine ne saurait absoudre.
— le cinéphile du cœur noir
2èx
Récompense: Prix de la meilleure actrice dans un second rôle pour Ellen Muth au Festival international du film de Tokyo 1995.







































