vendredi 26 avril 2019

Manon des Sources. César meilleure actrice de second rôle - Emmanuelle Béart

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site chacuncherchesonfilm.fr

de Claude Berri. 1986. France/Italie/Suisse. 1h54. Avec Yves Montand, Daniel Auteuil, Emmanuelle Béart, Hippolyte Girardot, Élisabeth Depardieu, Margarita Lozano, Yvonne Gamy, Ticky Holgado.

Sortie salles France: 19 Novembre 1986

FILMOGRAPHIE: Claude Langmann, dit Claude Berri, est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur français, né le 1er juillet 1934, décédé le 12 janvier 2009. 1964: Les Baisers (segment « Baiser de 16 ans »). La Chance et l'amour (segment « La Chance du guerrier »). 1966: Le Vieil homme et l'enfant. 1968 Mazel Tov ou le Mariage. 1969: Le Pistonné . 1970: Le Cinéma de papa. 1972: Sex-shop. 1975: Le Mâle du siècle. 1976: La Première fois. 1977: Un moment d'égarement. 1980: Je vous aime. 1981: Le Maître d'école. 1983: Tchao Pantin. 1986: Jean de Florette. Manon des sources. 1990: Uranus. 1993: Germinal. 1996: Lucie Aubrac. 1999: La débandade. 2001: Une femme de ménage. 2004: L'Un reste, l'autre part. 2006: Ensemble, c'est tout. 2009: Trésor.


Sorti 3 mois après sa première partie, Manon des Sources rameute à nouveau le public en masse si bien qu'il se hisse 2è au box-Office, juste derrière Jean de Florette avec 6 645 596 entrées. Pour rappel, le 1er opus rassembla 7 224 195 entrées. Réunissant les nouvelles têtes d'affiche Hippolyte Girardot (excellent de sobriété et de sagesse en prétendant philanthrope), Ticky Holgado et surtout  l'indomptable Emmanuelle Béart en Némésis sauvageonne, Manon des Sources délivre ici tout son potentiel dramatique à travers une motivation punitive que Manon complote secrètement avec rigoureuse amertume. Car timorée, fuyante, introvertie et taciturne depuis son inconsolable traumatisme d'avoir perdu son père pour un vulgaire enjeu cupide, celle-ci distille une bouleversante émotion fortuite à travers sa névralgie morale cédant parfois à de foudroyantes crises de larme, entre dépit et rancoeur de l'injustice. La puissance de l'intrigue finement charpentée résidant notamment dans la caractérisation d'autres personnages en proie (depuis toujours) à la lâcheté du mutisme mais aujourd'hui délibérés à s'y confesser sous l'influence d'un incident sanitaire majeur et de Manon bientôt sujette à extérioriser toute la vérité. De son côté, frappé d'un coup de foudre pour cette dernière plutôt farouche à son égard, Ugolin lui conjure de la rendre heureuse de par ses sentiments passionnels et ses richesses matérielles.


Daniel Auteuil s'avérant ici autrement plus expressif à travers ses ardents désirs d'amour, de sexualité et de délivrance. Quand bien même le Papet observe la posture folingue d'Ugolin avec une méfiante perplexité. Sans se complaire dans le jeu de la séduction pour y tisser une toile autour d'Ugolin, Manon fricote un stratagème autrement réfléchi en y punissant par l'occasion tous les habitants de sa région. Au-delà du latent suspense imposé à sa cruelle vengeance, l'intrigue finira par atteindre des sommets d'acuité émotionnelle lors de sa seconde partie résolument renversante. Tant et si bien que Claude Berry totalement maître de sa mise en scène posée nous transcende une succession de règlements de comptes verbaux et rebondissements capiteux sous le pivot d'une filiation maudite. Les revirements dramatiques à répétition s'enchaînant de manière fluide car soumis au fil narratif d'une surprenante subtilité. Le fameux point d'orgue révélateur intervenant lors de l'aparté entre le Papet et une vieille amie aveugle, morceau d'anthologie d'une cruauté émotionnelle à son apogée. Ou comment se prendre de véritable empathie auprès du vrai responsable de cette tragédie filiale frappé soudainement d'une confidence improbable au point d'y louer sa culpabilité.


Grand moment de cinéma frappé d'une vigueur dramatique en crescendo, Manon des Sources clôt magistralement le diptyque de Pagnol à travers la densité d'un récit reptilien où chaque personnage évoluera en fonction d'une commune prise de conscience morale afin de restituer la dignité de Manon et des siens. Chef-d'oeuvre d'élégies morales aux âmes tourmentées, Manon des Sources atteint enfin des sommets d'acuité sous l'impulsion magnétique d'Yves Montand bouleversant d'accablement à travers la tare de sa culpabilité où seul Dieu pourrait l'absoudre de ses odieux pêchers. Inoubliable par sa beauté funèbre affligée. 

*Bruno2èx

Récompenses: César de la meilleure actrice dans un second rôle - Emmanuelle Béart
César du meilleur acteur - Daniel Auteuil

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