de André Hunebelle. 1959. France/Italie. 1h45. Avec Jean Marais, Bourvil, Sabina Selman, Jean Le Poulain, Hubert Noël, Paulette Dubost, Alexandre Rignault.
Sortie salles France: 13 Janvier 1960
FILMOGRAPHIE: André Hunebelle est un maître verrier et réalisateur français, né le 1er Septembre 1896 à Meudon (Hauts-de-Seine), décédé le 27 Novembre 1985 à Nice. 1948: Métier de fous. 1949: Millionnaires d'un Jour. 1949: Mission à Tanger. 1950: Méfiez vous des Blondes. 1951: Ma Femme est formidable. 1952: Massacre en dentelles. 1952: Monsieur Taxi. 1953: Les Trois Mousquetaires. 1953: Mon Mari est merveilleux. 1954: Cadet Rousselle. 1955: Treize à table. 1955: l'Impossible Monsieur Pipelet. 1956: Casino de Paris. 1956: Mannequins de Paris. 1956: Les Collégiennes. 1957: Les Femmes sont marrantes. 1958: Taxi, roulotte et Corrida. 1959: Le Bossu. 1959: Arrêtez le massacre. 1960: Le Capitan. 1961: Le Miracle des Loups. 1962: Les Mystères de Paris. 1963: Oss 117 se déchaîne. 1963: Méfiez vous Mesdames. 1964: Banco à Bangkok pour Oss 117. 1964: Fantômas. 1965: Furia à Bahia pour Oss 117. 1965: Fantômas se déchaîne. 1967: Fantômas contre Scotland Yard. 1968: Pas de roses pour Oss 117. 1968: Sous le signe de Monte-Cristo. 1971: Joseph Balsamo. 1974: Les Quatre Charlots Mousquetaires. 1974: Les Charlots en Folie: A nous quatre Cardinal ! 1978: Ca va faire tilt.
Le pitch: A la suite de l'assassinat du duc Philippe de Nevers par son cousin Philippe de Gonzague, un chevalier, Henri de Lagardère, lui promet lors de son dernier souffle de prendre sous son aile sa fille Aurore qu'il eut secrètement avec Isabelle de Caylus. Epaulé de son nouveau comparse Passe-poil, ils s'exilent quelques années en Espagne avant d'élaborer une retorse vengeance.
Ovationné par le public avec 5 846 808 entrées, Le Bossu a rapidement gagné son galon de classique du genre (notamment grâce ces multi rediffusions tv) alors que je reste profondément marqué par sa diffusion télévisuelle un mardi soir chez ma grand-mère sur Antenne 2. Revoir ce soir pour la 3è fois ce chef-d'oeuvre d'aventures et de cape et d'épée puis redorer ses émotions adolescentes comme s'il s'agissait de la première fois tient d'une aubaine miraculeuse. Pour autant, il n'y a à proprement parler rien de miraculeux à travers cette histoire de vengeance de longue haleine (étalée sur plusieurs années !) que Jean Marais et Bourvil complotent avec une fougue commune somme toute fringante. L'un endossant le rôle intrépide d'un chevalier au grand coeur à la fois rigoureusement loyal, malicieux et véloce dans sa capacité bondissante à venir à bout de ses rivaux. L'autre incarnant avec son charisme débonnaire un faire-valoir empoté s'efforçant timidement d'y protéger Aurore, fille de la princesse d'Isabelle de Caylus, avec une maladresse facétieuse. Celle-ci, radieuse et ingénue, étant peu à peu motivée par ses sentiments qu'elle éprouve auprès de son maître protecteur, j'ai nommé Henri de Lagardère interprété par Jean Marais dans un double rôle plein de ruses et d'ironie.
Tant et si bien que l'on reste constamment enchanté par la virtuosité de la réalisation d'André Hunebelle extrêmement formaliste, pointilleux, tatillon à parfaire son entreprise d'aventures remarquablement menées et charpentées (narrativement parlant) en y chorégraphiant des séquences de combats et poursuites aussi vigoureuses que percutantes. Aussi parce que tout sonne vrai et que les cascades sont exécutées avec un professionnalisme parfois détonnant (notamment auprès de la complicité héroïque des chevaux, telle cette situation en catimini où l'un d'eux est contraint de se coucher sur le sol par l'autorité du cavalier). Le Bossu étant tout simplement la réunion prodigieuse de talents hétéroclites à l'unisson pour le plaisir du grand public renouant à ses premiers émois d'une aventure en costumes séculaire. Formaliste également pour le soin imparti à ces décors naturels tout droit sortis d'un jardin d'Eden (les vastes plaines provinciales ensoleillées nous dépaysent dans une aura féerique palpable) que des sculptures et monuments d'un authentique château renfermant des trésors de richesses architecturales. Alors qu'en interne, les figurants, princes, ducs et gentes dames affublés de flamboyants costumes nous irradient la vue, à l'instar de la luminescente Sabina Selman dans un double rôle candide touché par la grâce de sa mansuétude sensuelle. Une actrice (méconnue à mes yeux) absolument convaincante, physiquement splendide à en pleurer de ses doux yeux de saphir, à travers ses expressions timorées de tendresse, de détresse, de désir, d'espoir et d'apaisement lors de son houleux parcours de quête de vérité et de retrouvailles inespérées.
Pur plaisir de cinéma épuré qu'on ne retrouve plus depuis des siècles à l'ère du tout numérique et de l'envahissement des super-héros bourrins, Le Bossu reste d'une modernité et d'une fraîcheur sans égales à travers son cocktail idoine de tendre romance, de fantaisie, d'action et d'aventures sous l'impulsion d'un chevalier vaillant parfois inquiétant dans son rôle bicéphale de bossu à la morphologie quelque peu malaisante. Une trouvaille narrative à la fois originale et judicieuse que Jean-Marais endosse avec un naturel sarcastique délicatement chafouin en redresseur de tort burné.
*Bruno
11.06.2019
11.06.2019
19.05.2022. 3èx
Ci-joint la chronique de DVDFR.COM:
Le Bossu est le film qui lia André Hunebelle à Jean Marais pour une série de classiques indémodables comme Le Capitan, Le Miracle des loups, Les Mystères de Paris et bien sûr, la trilogie Fantômas. Film d’aventure, comédie d’action familiale, Le Bossu demeure l’un des films les plus emblématiques de la filmographie de Jean Marais, marquant une rupture définitive avec le cinéma de Jean Cocteau qui l’avait connaître. Totalement investit dans ses cascades, bondissant, souriant l’épée à la main, le comédien se donne à fond dans ce magnifique long-métrage dépaysant, plein de couleurs et de joie de vivre. Soutenu par l’humour et la tendresse de Bourvil, le comédien trouve ici un second souffle et peut démarrer une longue carrière marquée par de grands succès populaires. Adapté du roman de cape et d’épée écrit par Paul Féval en 1857, Le Bossu avait certes déjà connu quelques adaptations, dont une mise en scène par Jean Delannoy en 1944 avec Pierre Blanchar dans le rôle de Lagardère, mais malgré les transpositions ultérieures, dont celle excellente réalisée par Philippe de Broca en 1997 avec Daniel Auteuil dans le rôle titre, celle d’André Hunebelle reste celle qui nous vient immédiatement à l’esprit. Réalisé avec une fougue et un panache contagieux par André Hunebelle, magistralement interprété, Le Bossu est un chef d’oeuvre du genre.
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