mardi 10 mai 2022

Black Water. Prix du meilleur réalisateur et de la meilleure photographie, Festival du film underground de Melbourne, 2007.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David Nerlich et Andrew Traucki. 2007. Australie. 1h29. Avec Diana Glenn, Maeve Dermody, Andy Rodoreda, Ben Oxenbould, Fiona Press.

Sortie Video France: 3 Juin 2008

FILMOGRAPHIE: Andrew Traucki est un réalisateur, scénariste et producteur australien. 2013: The Jungle. 2012 The ABCs of Death (segment "G is for Gravity").  2012 Event Zero (TV Series) (1 episode). - Harriet (2012).  2010 The Reef .  2007 Black Water.


3 ans avant le tétanisant The Reef (le film de requin le plus flippant que j'ai pu voir avec Open Water) l'australien Andrew Traucki traita déjà du monstre aquatique avec le terrifiant Black Water lui aussi directement sorti en video dans nos contrées. Tiré d'une histoire vraie, l'intrigue s'inscrit en mode huis clos maritime lorsque 3 touristes se retrouvent perchés sur un arbre après l'attaque sanglante de leur guide par un crocodile dans le Nord de l'Australie. Attendant vainement d'éventuels secours, ils ne pourront compter que sur leur  autonomie, leur sang froid et leur bravoure de dernier ressort pour tenter de venir à bout des menaces du monstre carnassier. Eprouvant à plus d'un titre et franchement angoissant lorsqu'il ne s'agit pas de terreur viscérale de par son réalisme documenté, Black Water met mal à l'aise le spectateur assistant impuissant avec une appréhension à la fois anxiogène et déprimante aux tentatives désespérées du trio de protagonistes en perte de repère dans ce refuge naturel dénué de présence humaine. Il faut d'ailleurs préciser qu'à travers cette scénographie blafarde à la fois glauque et inquiétante, alourdi de la discrétion d'une partition cafardeuse, sa photo naturaliste et les profils dépouillés de ces comédiens méconnus (chez nous) concourent d'intensifier l'action imprévisible avec une efficacité gratifiante.


Notamment eu égard de la manière leste du réalisateur à renforcer la crédibilité de son contexte cauchemardesque (doux euphémisme !) par des situations de panique et d'offensive dénuées de surenchère. Si bien que l'on reluque les faits et gestes de nos survivants blottis dans cet unique décor inhospitalier (ils se cramponnent d'un arbre à un autre pour éviter de mettre les pieds dans l'eau et tenter de rejoindre un bateau) avec l'idée en tête d'y prédire qui pourrait sortir en vie de ce piège à touriste. Andrew Traucki adoptant un parti-pris aussi cruel qu'intolérable quant à la destinée précaire de ses personnages en proie à une épreuve morale et physique jusqu'au-boutiste. Autant avouer sans ambages que Black Water parvient sous le moule de la série B indépendante à susciter fréquemment angoisse, empathie, tension et effroi auprès des apparitions insidieuses (ou fulgurantes) du monstre que ceux-ci tentent de repousser à travers stratégies d'échappatoire redoutablement couillues (pour ne pas dire suicidaires en se posant la question de savoir que ferions-nous en pareille occasion ?). Ce qui nous mène vers un final d'une cruauté franchement poignante (pour ne pas dire bouleversante auprès des plus sensibles) qu'une des héroïnes instille avec un art consommé de la bravoure en désespoir de cause. Et ce même si on aurait parfois préféré un tantinet plus de substance au niveau des caractérisations humaines même si on reste infiniment attaché à leur sort précaire à faible lueur d'espoir (j'insiste à nouveau sur le caractère âpre de son ambiance malsaine d'un calme étouffé au sein de cette végétation étrangement sombre et hostile). 


Hymne à la bravoure solidaire au sein d'un contexte cauchemardesque faisant office de véritable descente aux enfers (humectée), Black Water détonne par sa dramaturgie éplorée eu égard de la terreur viscérale perçue par nos protagonistes et du réalisme escarpé de leurs situations oppressantes réalisées avec souci documenté. Si bien qu'avant l'estomaquant The Reef, Andrew Traucki (accompagné qui plus est de son acolyte David Nerlich) réalisa déjà l'exploit d'y parfaire le film de croco le plus flippant que l'on ai vu sur la toile (même si les références sont trop peu nombreuses, pour ne pas dire inexistantes). Une référence au demeurant donc à ne surtout pas rater si bien que la peur au cinéma s'y fait d'autant plus rare et clairsemée.

Ci-joint chronique de The Reef: https://brunomatei.blogspot.com/2019/08/the-reef.html

*Bruno Matéï
2èx

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