lundi 23 mai 2022

Solitaire / En Eaux troubles / Rogue.

                                             
                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Rogue" de Greg McLean. 2007. U.S.A/Australie. 1h39. Avec Radha Mitchell, Michael Vartan, Sam Worthington, Caroline Brazier, Stephen Curry.

Sortie salles France: 13 Août 2008.

FILMOGRAPHIEGreg McLean est un réalisateur, scénariste et producteur australien.
2005: Wolf Creek. 2007: Solitaire. 2014: Wolf Creek 2. 2016 : The Darkness. 2016 : The Belko. Experiment. 2017 : Jungle.


Révélé par le traumatisant Wolf Creek, Greg McLean exploite 2 ans plus tard le film de monstre marin avec Solitaire, une série B rondement menée à travers son inévitable concentré d'agressions animales, de suspense oppressant et de stratégies de survie plutôt bien pensées. Qui plus est, de nous surprendre constamment quant au sort aléatoire des potentielles futures victimes, on reste également fasciné et impressionné par son final dantesque quant à la confrontation épique entre le monstre et l'un des protagonistes sévèrement tourmenté par la bête carnivore. Ainsi, en exploitant l'unité de lieu lors de sa première heure (un groupe de touriste est contraint de s'abriter sur un ilot après le naufrage de leur bateau en essayant de théoriser une issue de secours), Greg McLean ne s'embarrasse nullement de racolage et de situations éculées grâce à l'intelligence de son histoire (tirée d'une histoire vraie) attachant autant d'importance à l'intensité dramatique de ses personnages aliénés (car en instance de survie précipitée) que des agressions animales jamais outrancières auprès des rares apparitions du monstre à écailles. D'ailleurs il faut patienter une bonne trentaine de minutes pour voir débarquer la première séquence morbide, tant et si bien que McLean nous expose d'abord la présentation de ses touristes hétéroclites lors d'une visite touristique à couper le souffle de par l'ampleur de ses paysages naturels d'une beauté édénique à couper le souffle. Le tout sous l'impulsion d'un envoûtant score mélodique aussi planant que dépouillé quant au sentiment de sérénité que l'on ressent à travers cette scénographie exotique résolument dépaysante. 


Ainsi donc, Solitaire ne cherche nullement à révolutionner le sous-genre si bien que l'action s'avère peu présente 1h39 durant. Pour autant, on reste constamment captivé et fasciné par ce huis-clos maritime de par l'attachement éprouvé pour ses protagonistes en proie à la peur, à la panique, à l'espoir et parfois à un héroïsme de dernier ressort aussi couillu que suicidaire, et par la présence disproportionnée du croco insidieux que McLean suggère lestement, notamment grâce au réalisme des situations à la fois censées, effrénées et désespérées. Or, pour relancer l'action dans une direction plus végétative et rocailleuse et ainsi satisfaire l'amateur de sensations fortes, le réalisateur nous comble avec enfin la présence démonstrative du monstre en proie à une rivalité humaine que l'on ne pouvait préméditer. L'attachant Michael Vartan demeurant sobrement convaincant en journaliste à la fois discret et pugnace lorsqu'il tente ensuite de secourir l'ultime victime en instance de survie précaire. Radha Mitchell incarnant avec un naturel sans fard une guide touristique s'évertuant à protéger son groupe aux caractères parfois bien trempés avec une forme d'autorité sciemment mesurée pour éviter d'accentuer la panique. Le reste du casting étant à l'avenant à travers leurs expressions humaines tantôt dépressives, apeurées, tantôt acharnées, sachant aussi qu'il s'agit d'acteurs méconnus auprès du public français (ce qui renforce donc le réalisme de ces profils lambdas en dépit de quelques persos secondaires un tantinet caricaturaux). 


Héros malgré lui
Voici donc une excellente série B aussi intelligente dans son refus de surenchère (et les FX numériques, récompensés en Australie, sont par ailleurs très réalistes) qu'attachante auprès de son suspense retors culminant vers un long final (une bonne vingtaine de minutes) autrement homérique et éprouvant (avec ce même degré de scrupuleux vérisme, aussi saugrenue soit cette confrontation inattendue). 

*Bruno Matéï
3èx

Récompense: Prix des meilleurs effets spéciaux pour Andrew Hellen, Dave Morley, Jason Bath et John Cox, lors des Australian Film Institute Awards en 2007.

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