mardi 28 juin 2022

Frances

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Graeme Clifford. 1982. U.S.A. 2h20. Avec Jessica Lange, Kim Stanley, Sam Shepard, Bart Burns, Jonathan Banks, Bonnie Bartlett, Jeffrey DeMunn.

Sortie salles France: 7 Septembre 1983. U.S: 3 Décembre 1982.

FILMOGRAPHIEGraeme Clifford est un réalisateur australien né en 1942 à Sydney. 1982 : Frances. 1985 : Burke and Wills. 1989 : Skate Rider. 1993 : Le Rubis du Caire. 1996 : La Fin d'un Rêve (TV). 1997 : Le Dernier Parrain (TV). 1998 : Le Dernier Parrain 2 (TV). 2007 : Revanche de femme (TV). 


"Celui qui adopte un autre mode de vie, d'une façon visible et concrète, sape les bases du conformisme. Il se heurtre à l'intolérance, car on est immédiatement suspect si l'on est différent".
Quel triste destin que de retracer sans ambages le portrait de la star déchue Frances Farmer par la machine à broyer Hollywood qu'on ne présente plus. C'est ce que nous relate le réalisateur discret  Graeme Clifford avec personnalité et souci documenté (même s'il se permet quelque liberté avec le biopic après avoir effectué moi même quelques recherches) tant la mise en scène à la fois sobre, élégante, sans fioriture nous plonge dans son univers vitriolé avec un art consommé de l'expressivité dépouillée. A l'instar du jeu fulgurant de la radieuse Jessica Lange endossant avec une vérité humaine à la fois digne, détachée et démunie, l'ascension puis le déclin d'une actrice anticonformiste s'attirant les foudres de la censure, du fondamentalisme et de l'oppression psychiatrique faute d'une mère bigote en complicité avec l'outrecuidance de ce corps médical. Car sous couvert d'une diatribe contre l'industrie d'Hollywood exploitant sans scrupule leurs stars en herbe trop fragiles pour accéder aussi rapidement à la notoriété, Graeme Clifford en profite pour y jeter un pavé dans la mare de la psychiatrie séculaire. 


Tant auprès des conditions de vie insalubres de leurs patientes réduits à l'état végétatif, de leurs dialogues de sourd perpétrés avec des praticiens contre-intuitifs que de leurs traitements de choc infligés sur leur cerveau afin d'assainir leur (éventuelle) folie mentale au gré de pratiques médiévales proprement inhumaines. Ainsi, tour à tour terrifiant, brutal et malsain (toutes les séquences erratiques dans l'asile), poignant, désespéré et fatalement bouleversant, Frances nous immerge lentement (2h20 de projo) mais surement au coeur du profil névrosé de cette actrice athée férue d'autonomie dans son insatiable soif de vie (houleuse il est vrai avec ce que cela sous entend d'excès) au risque de s'attirer sermons et médisances auprès d'une autorité (familiale, professionnelle, médicale) faisant la sourde oreille auprès des marginaux incompris. Car exploitée tous azimuts durant sa courte vie en étant notamment destituée de ses facultés cérébrales et émotionnelles, Frances Farmer y perdra son âme, sa foi et sa dignité dans sa perpétuelle impuissance à s'opposer aux convenances au point de s'isoler pour y bâtir un semblant d'havre de paix.  


Illuminé par la présence gracile d'une Jessica Lange habitée par l'entité de son personnage infortuné, Frances nous ébranle d'émotions (fortes, troubles, fragiles) à autopsier le profil trop fragile de cette star des années 30 brisée par son entourage (faussement) prévenant en dépit de sa romance entamée avec Harry York (Sam Shepard très juste dans l'inquiétude de ses tourments). Un type à reflet de miroir car lui aussi marginal, indépendant et quelque peu instable peinant finalement à la combler à travers son amour constamment contrarié, bafoué, compromis, galvaudé. 

*Bruno

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