lundi 20 juin 2022

2 Flics à Miami / Miami Vice

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Mann. 2006. U.S.A/Allemagne. 2h12. Avec Colin Farrell, Jamie Foxx, Gong Li, Naomie Harris, Ciarán Hinds, Justin Theroux, Barry Shabaka Henley.

Sortie salles France: 16 août 2006

FILMOGRAPHIE: Michael Kenneth Mann est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 5 Février 1943 à Chicago. 1979: Comme un Homme Libre, 1981: Le Solitaire, 1983: La Forteresse Noire, 1986: Le Sixième Sens, 1989: LA Takedown, 1992: Le Dernier des Mohicans, 1995: Heat, 1999: Révélations, 2001: Ali, 2004: Collatéral, 2006: Miami Vice, 2009: Public Enemies. 2015 : Hacker. (Blackhat). 2023 : Ferrari. 


"Un des plus grands films de Michael Mann". Jean-Baptiste Thoret.
Hélas boudé lors de sa sortie, Miami Vice est un grand film que beaucoup ont comparé à la série TV symptomatique des années 80 en reprochant sans doute son absence de nostalgie, d'exotisme bonnard, de tubes pop FM entêtants et de cool attitude des personnages. Car il s'agit ici d'une oeuvre expérimentale comme le prouve son parti-pris autonome de le tourner en caméra numérique Thomson Viper afin de nous faire participer de l'intérieur des évènements comme si nous y étions. Et si de la part d'un tâcheron le métrage n'aurait été qu'un banal divertissement policier sur fond de trafic de drogue et d'agents infiltrés, Michael Mann en tire une oeuvre littéralement fascinante de par son art d'y conter (non sans une certaine mélancolie symptomatique de sa filmo) son histoire "documentée" (doux euphémisme) au gré d'un suspense latent, et par son sens du détail magnifiant chaque séquence au point de s'immerger tête baissée dans les conflits et actions épiques des personnages à la fois tourmentés et résignés. Mais pas que, car au fil du cheminement filandreux de notre duo de flics infiltrés auprès d'un cartel, et afin de relancer l'action vers une pente autrement tendue et vertigineuse, Michael Mann y cultive une romance entre Isabella et Sony qui remettra en cause (et en question) les transactions illégales des bons et des méchants emportés par le doute, la défiance, le goût du risque, la vengeance, la mort. 

Particulièrement doué pour créer des ambiances crépusculaires envoûtantes sous l'impulsion d'un score électro, Michael Mann ne perd rien de son style épuré pour nous séduire sans ambages et nous émouvoir à travers le profil de nos flics de Miami couillus mais circonspects (bien qu'effrénés dans leur démarche) à tenter de faire tomber le plus gros bonnet de la bande;  Archangel de Jesus Montoya. Il faut dire que la sobriété des interprètes et des seconds-rôles charismatiques en tous points magistraux constitue également une plus-value pour authentifier cette guerre de drogue que Colin Farrell et Jamie Foxx monopolisent avec une classe renfrognée eu égard de leurs expressions dépouillées que Mann ausculte pourtant avec une attention scrupuleuse (mais jamais outrée ou racoleuse à l'instar de sa mise en scène incroyablement avisée). Quant aux rares scènes d'actions qui électrisent le récit en suspens, elles font preuve d'hyper réalisme furibard, tant auprès de son montage à couper au rasoir afin d'intensifier les affrontements épiques, que des bruitages et effets sonores impartis aux armes et autres explosions que Mann parachèvent lors d'un final belliqueux où chacun des protagonistes peut trépasser à tous moments. Une dramaturgie à la fois violente et cruelle mais surtout hyper tendue (notamment à renfort de répliques retorses pour mieux duper l'adversaire) que la série des années 80 ne pouvait se permettre à une heure de grande écoute. 


Du cinéma à l'état pur. 
C'est ce qui fait la grandeur, la force et la noblesse de ce Miami vice posé et contemplatif que de faire participer au public une histoire triviale de traque infernale contre le cartel en la magnifiant de par sa mise en scène personnelle et l'implication de son cast irréprochable jouant les bons et les méchants avec une foi monolithique. Grand film noir sur le capitalisme contemporain illustrant en filigrane une bouleversante romance impossible, Miami Vice resplendit de 1000 feux dans sa capacité à nous narrer au compte goutte son vénéneux récit en nous impliquant de plein fouet comme si nous étions devenus un personnage du film. Alors que les nombreux décors naturels et domestiques, les boites de nuits luxueuses, l'asphalte, les bolides et infrastructures font notamment office de personnages à part entière. Tout ça pour dire que Miami Vice se vit et se ressent comme un voyage au bout de la nuit auprès de ses moult sources de danger que nos protagonistes tentent de transgresser entre héroïsme stoïque (parfois à couper le souffle), patience et résilience pour venir à bout de leur mission. Mais à quel prix au travers de leur dérive existentielle finalement noyée de désillusion professionnelle et conjugale  ? 

*Bruno Matéï 
2èx



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