Photo empruntée sur Google appartenant au site geekslands.fr
de Scott Derrickson. 2022. U.S.A. 1h43. Avec Ethan Hawke, Mason Thames, Madeleine McGraw, Jeremy Davies, E. Roger Mitchell.
Sortie salles France: 22 Juin 2022. U.S: 24 Juin 2022
FILMOGRAPHIE: Scott Derrickson est un réalisateur, scénariste et producteur américain
1995: Love in the Ruins. 2000: Hellraiser V: inferno. 2005: l'Exorcisme d'Emilie Rose. 2008: Le Jour où la terre s'arrêta. 2012: Sinister. 2014 : Délivre-nous du mal. 2016 : Doctor Strange. 2021 : Black Phone.
Derrickson, habile conteur sous la mainmise de Joe Hill.
Capable du meilleur (l'Exorcisme d'Emilie Rose, Sinister - son meilleur film -) comme du pire (le jour où la terre s'arrêta, Délivre nous du mal, Doctor Strange), Scott Derrickson renoue avec l'horreur glauque sous l'égide de la nouvelle de Joe Hill (Le Téléphone noir écrit en 2004), fils du maître du suspense Stephen King. Et si The Black Phone n'atteint jamais le niveau malaisant du macabre Sinister, c'est qu'il décide notamment de s'en démarquer en misant ici la carte du suspense lattent parfois oppressant. A l'instar de son final éprouvant et percutant qui plus est renforcé d'une intensité dramatique poignante lors de la séquence suivante autrement émotive. Remarquablement campé par une poignée d'ados rebelles que monopolise le néophyte Mason Thames, celui-ci porte le film sur ses épaules de par sa sobriété expressive en victime calfeutrée entre 4 murs par un dangereux maniaque masqué. Le gosse passant finalement par diverses étapes morales parfois préjudiciables à endurer situation précaire aussi indécise face à la présence rigoureusement étrange de son tortionnaire faussement rassurant. Outre l'aspect dérangeant de ce serial-killer singulier à la fois insidieux et provocateur, Scott Derrickson soigne le cadre exigu de cette geôle rubigineuse avec comme seuls accessoires un vieux matelas poussiéreux et un mystérieux téléphone noir alors que les murs semblent tapissés de sueurs humaines crapoteuses. Et pour en revenir au mystérieux tueur d'enfants campé par le méconnaissable Ethan Hawke, là aussi le cinéaste renoue d'une certaine manière avec l'aura malsaine de Sinister de par l'apparence épeurante de cet individu masqué aux mobiles de prime abord ambigus, pour ne pas dire indécis.
Le spectateur restant constamment sur le fil de la défiance et dans l'interrogation à travers ses agissements sardoniques à tester l'endurance morale de ses victimes et leur comportement éventuellement rebelle pour s'extirper de leur chaine. Qui plus est, et en prime de nous narrer soigneusement son histoire dans une structure planifiée, l'intrusion intelligente du surnaturel demeure gratifiante si bien que le spectateur accepte facilement cet alibi risqué de par l'adresse de la réalisation soignant ses apparitions morbides avec un sérieux imperturbable (j'ai par ailleurs vaguement pensé par moments au Loup-Garou de Londres). The Black Phone traitant non sans gravité des thèmes douloureux de la maltraitance infantile (certains exactions en 1ère partie sont étonnamment dures par leur réalisme assumé), du harcèlement scolaire et des disparitions d'enfants à travers le parcours initiatique de Finney Blake en proie à une remise en question morale lors de son conditionnement esseulé. Alors que sa soeur cadette, effrayée à l'idée de le perdre, s'efforce d'y trouver une solution en désespoir de cause et en dépit des menaces de son père à la fois abusif et éthylique. Toute l'intrigue, au service du profil torturé de Finney, demeurant une quête pour la survie à s'efforcer à moult reprises de s'échapper de la cave au risque de trépasser à tous moments comme le furent les autres enfants disparus avant lui. Et si la géniale trouvaille du téléphone surnaturel fut déjà exploitée au cinéma (le sympathique 976 Evil même si maladroit, brouillon et joué par des acteurs lambdas) ou à la télévision (le génial épisode "Appels dans la nuit" de la 4è Dimension), son exploitation est ici intelligemment détournée au profit d'une intrigue à la fois solide, originale et inquiétante eu égard de la tournure anxiogène des rebondissements jamais gratuits et de la mise en attente d'une angoisse éthérée.
Baignant dans une ambiance Seventie à la fois chaleureuse et (contrairement) insécure en se permettant en intermittence de rendre hommage aux classiques horrifiques et séries TV de l'époque, The Black Phone s'avère une excellente trouvaille horrifique dénuée de prétention auprès du thème central de la perte d'innocence. Ce qui à mes yeux est une plus-value pour le charme infaillible de sa forme vintage sous l'impulsion de ces attachants héros juvéniles à travers leur caractérisation fragile en voie de stoïcité à dépasser leurs craintes et leurs peurs pour y combattre le mal dans une bravoure insoupçonnée. Vivement recommandé donc pour tous les fans d'horreur adulte "1er degré" même si l'humour noir vitriolé s'invite en quelques savoureuses occasions. A l'instar de la présence secondaire du voisin cocaïné jouant le détective en herbe, pour le meilleur et pour le pire.
Ci-joint la critique dithyrambique de Gilles Rolland: [CRITIQUE] BLACK PHONE - On Rembobine
*Bruno
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