jeudi 28 juillet 2022

Rien que pour vos yeux / For Your Eyes Only

                                               Photo empruntée sur Google, imputée au site Imdb.com

de John Glen. 1981. U.S.A. 2h09. Avec Roger Moore, Carole Bouquet, Chaim Topol, Lynn-Holly Johnson, Julian Glover, Cassandra Harris, Jill Bennett.

Sortie salles France: 22 Août 1981. U.S: 26 Juin 1981

FILMOGRAPHIE: John Glen est un réalisateur anglais né le 15 mai 1932 à Sunbury-on-Thames (dans le comté de Surrey, en Angleterre). 1981 : Rien que pour vos yeux (For Your Eyes Only) avec Roger Moore. 1983 : Octopussy. 1985 : Dangereusement vôtre. 1987 : Tuer n'est pas jouer. 1989 : Permis de tuer. 1990 : Checkered Flag. 1991 : Aigle de fer 3. 1992 : Christophe Colomb : La découverte. 1995 : Épisodes de la série télévisée britannique Space Precinct. 2001 : The Point Men.

Rien que pour vos yeux, c'est tout d'abord pour ma part un souvenir d'ado mémorable lorsque je le découvris un mercredi après-midi d'Août au cinéma Apollo de ma contrée lensoise après avoir été littéralement charmé par sa rutilante affiche promotionnelle (qui fit d'ailleurs polémique à sa sortie pour des raisons conservatrices imbéciles à mes yeux). Alors que je ne fus jamais un fan indéfectible de la saga des James Bond que j'ai souvent trouvé prétentieuse, éculée et trop clinquante (pour ne pas dire léchée), j'ai paradoxalement toujours eu une affection exclusive pour ceux incarnés par le héros d'Amicalement votre, Mr Roger Moore. Parce que contrairement bâti sur un jeu de dérision (parfois même parodique) et décomplexé auprès de son assurance à la fois avenante et joviale afin de se prendre (beaucoup) moins au sérieux, ses déclinaisons modernes du mythe m'ont toujours autrement séduit par leur aspect tantôt cartoonesque (Dangereusement Votre), tantôt stellaire (Moonraker), tantôt exotique (Octopussy) et plus aventureux que de coutume (le Bond qui nous intéresse ici). Et donc Rien que pour vos yeux ne déroge pas à cette règle si bien qu'à mes yeux il restera mon Bond attitré tant je le considère franchement comme une référence du film d'action et d'aventures que John Glen maîtrise avec une stupéfiante vélocité (solide artisan qui rempilera d'ailleurs à plusieurs reprises à la saga incarnée par Moore). En exagérant même un chouilla mes propos, j'oserai donc dire qu'il n'a rien à envier par exemple au parangon Les Aventuriers de l'arche perdue à travers sa combinaison idoine, si immersive et dépaysante, d'humour, d'action, de tendresse, de romance et  d'aventures conçus pour un public de 7 à 77 ans. 

D'ailleurs, j'ignore qui a bien pu réaliser ses nombreuses cascades, poursuites et actions intrépides parce que je reste toujours aussi bluffé, époustouflé, sourire de gosse à l'appui, par son souci de véracité artisanale à faire pâlir de jalousies les blockbusters tels Fast and Furious, John Wick ou encore le dernier Marvel souvent grotesques et improbables dans leur surenchère numérisée dénuée de poésie, de véritable souffle épique. En bref, des produits lambdas fréquemment dénués d'âme, d'amour, de passion, de sens vertigineux. Car outre l'élégance de sa mise en scène avisée rehaussée d'un montage à couper au rasoir (raison pour laquelle les moult séquences d'action en règle n'ont pas pris une ride par leur capacité à nous faire rêver comme si nous participions à l'évènement en direct), Rien que pour vos yeux est évidemment conçu pour nous en mettre plein la vue sous l'impulsion de décors exotiques, aériens et maritimes, et de la présence angélique d'une Carole Bouquet littéralement luminescente par sa beauté froide, sa grâce lestement timorée. Certains pourraient peut-être lui reprocher un jeu parfois figé dans sa posture monolithique alors que pour ma part je trouve que sa présence gentiment épurée lui sied à merveille à fréquenter dans la discrétion l'agent secret en ange vindicative que celui-ci tente toutefois de sermonner afin de lui éviter un lourd tribut répréhensible. Par conséquent, ce perpétuel sentiment d'exaltation et de plénitude est rehaussé d'une solide intrigue à rebondissements où l'action reste quasiment à son chevet (en dépit du savoureux prologue aimablement gratuit, clin d'oeil cocasse au volet antécédant). Alors que le générique liminaire mais aussi final (impossible d'interrompre le film avant l'écran noir j'vous dis !) nous laisse béat d'admiration de par l'expressivité de sa féérie mélodieuse que la chanteuse Sheena Easton envoûte par sa voix délicatement lascive. Un véritable enchantement sensoriel qui m'a laissé le souffle coupé, notamment auprès de son esthétisme charnel.

Spectacle héroïco-glamour de chaque instant coordonné avec une fluidité hors-pair afin de faire participer son public à une aventure hétéroclite rafraichissante, Rien que pour vos yeux nous irradie les mirettes, l'ouïe et le coeur sous l'impulsion d'une poésie bienveillante aujourd'hui tristement révolue. De là d'oser avouer que finalement nous vivons une triste époque cinégénique, quitte à jouer le passéiste rabat-joie, les cinéastes actuels feraient toutefois mieux de réviser leurs classiques afin de tenter de leur arriver à la cheville. 

*Bruno
3èx

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire