mardi 19 juillet 2022

Out of the Blue

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Dennis Hopper. 1980. Canada. 1h36. Avec Linda Manz, Dennis Hopper, Sharon Farrell, Don Gordon, Raymond Burr 

Sortie salles France: 15 Avril 1981 (Int - 18 ans). U.S: 3 Décembre 1983

FILMOGRAPHIE: Dennis Hopper est un acteur, réalisateur, poète, peintre et photographe américain, né le 17 mai 1936 à Dodge City (Kansas) et mort le 29 mai 2010 à Los Angeles. 1969: Easy Rider. 1971: The Last Movie. 1980: Out of the Blue. 1988: Colors. 1990: Catchfire. 1990: Hot Spot. 1994 : Chasers. 2000 : Homeless (court métrage). 


Profil sans ambages d'une famille dysfonctionnelle en chute libre.
3è réalisation de Dennis Hopper considérée à juste titre comme son chef-d'oeuvre ultime, Out of the Blue n'y va pas par quatre chemin pour nous mesurer avec une authenticité sordide proche du doc à la descente aux enfers morale de Cindy « Cebe » Barnes. Une jeune ado libertaire aux allures de garçon manqué, passionnée d'Elvis, de rock et de punk à l'orée des années 80. Ainsi, en attendant patiemment la remise en liberté de son père après 5 années de détention, faute d'avoir renversé un bus scolaire bondé d'enfants à bord de son camion, Cebe déambule dans les quartiers malfamés de sa bourgade en guise d'ennui, de rêve, d'évasion, d'ailleurs. Frondeuse en diable, décalée dans sa défroque transgenre, insolente et impertinente, à l'instar de ses séchages scolaires et de ses provocations (risibles) à s'opposer aux grandes gueules et à plus fort que soit, tant auprès de la gente féminine que masculine, Cebe erre d'un endroit à un autre à travers son ardent désir de se brûler les ailes plutôt que de mourir à p'tit feux comme le soulignera à plusieurs reprises la chanson de Neil Young: My My, Hey Hey (sorti en 1978) que l'on entend tel un écho mélancolique. 


La Fureur de Vivre d'une Amérique profonde sans repère. 
Sorte de suite officieuse d'Easy Rider selon les dires de l'auteur, dans la mesure où que serait t'il arrivé au duo d'hippies s'ils étaient restés en vie pour amorcer la décennie 80 en pleine mode disco ? Out of the Blue prend aux tripes par son vérisme absolu à suivre les pérégrinations désenchantées de Cebe en quête d'amour paternel et maternel en dépit de la toxicomanie de celle-ci se shootant à l'héro. Cebe subissant impuissante depuis son enfance et de façon permanente les beuveries en réunion, bastons et déviances sexuels de ses parents instables incapable de lui apporter une touche de réconfort, d'amour et de compassion en dépit de plages d'accalmie que l'on observe la conscience amère. Ainsi donc, à force d'observer les déchéances morales de ses parents à la fois irresponsables et abusifs, le malaise ressenti nous pèse davantage au fil d'une ultime demi-heure d'une intensité psychologique rigoureusement éprouvante. Spoil ! Et ce avant de nous livrer un coup de massue en pleine tronche lors de son épilogue nihiliste d'une horreur sans nom. Fin du spoil.


Sexe / Drogue / Alcool sur fond de punk/rock en sursis. 
Illuminé de la présence écorchée vive de la jeune actrice Linda Manz (Les moissons du Ciel, l'inoubliable Les Seigneurs), qui plus est entouré de seconds-rôles saillants, à l'instar d'un Dennis Hopper hanté par ses démons en jouant les ivrognes avec une expressivité névrotique, Out of the Blue est un électrochoc jusqu'au-boutiste dans son refus impératif de lueur d'espoir de dernier ressort. Car profondément sordide, glauque et malsain mais terriblement beau, sensible et poignant à la fois à travers son humanisme désespéré que retranscrit avec névralgie cette famille inculte victime de leur médiocrité, Out of the Blue résonne tel un cri d'alarme sociétal auprès de ses laissés pour compte jamais remis de leur idéologie "Flower Power". Un portrait vitriolé inoubliable qui nous hante bien au-delà de la projection par son souci d'authenticité rugueuse.

A réserver à un public averti

*Bruno
19.07.22. 2èx 
17.01.10

3 commentaires:

  1. Famille inculte pourquoi, t'as fais une excellent critique du film, mais inculte non, plutôt jamais remis du flower power comme tu dis...de la fin du rêve américain, du Vietnam, et le king is gone, un film qui parle de l'explosion de la famille, c surtout un film punk, une œuvre magistrale, assez etrange, un film coup de poing sur un sujet brûlant d'actualité..y'a qu'a voir la vie d'aujourd'hui..c encore pire, lettré ou illettré aujourd'hui je vois pas la différence franchement... C un excellent film noir et visionnaire..un film puissant et anti-capitaliste...

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  2. De mon point de vue perso, j'ai trouvé qu'il s'agissait d'une famille inculte par leur médiocrité quotidienne imbibée d'alcool et de drogue et leurs conversations bas de plafond. Durant tout le métrage je n'ai trouvé aucun personnage cultivé et encore moins intelligent. Ils ne font que se complaire dans la défonce, le sexe et l'ennui en dépit de leur désespoir à ne trouver aucune issue de secours (justement à cause de leur inculture et leur irresponsabilité immature). Et la jeune Cebe paye hélas de sa vie les pots cassés en sacrifiant son propre sang.

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    1. C'est ton point de vue, mais j'insiste sur le fait et tu l'as bien dit que ce Film est une œuvre explosive, un sacré beau film sur la fin d'une époque et qui annonce la descente aux enfers d'un monde sans illusions, brutales âpre, et sans relief, le monde actuel, un film signé Dennis Hopper qui maitrise son sujet et rend le film diablement efficace avec tous ses personnages aigris et désabusés, qui trainent leur désarroi et leurs désillusions un film qui parle de désespoir...un sentiment ignoré de nos jours ...

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