Sortie salles France: 23 Août 2023
FILMOGRAPHIE: André Øvredal est un scénariste, producteur et réalisateur norvégien né en 1973. 2000: Future Murder. 2004: Bushmann. 2010: The Troll Hunter. 2016 : The Jane Doe Identity (The Autopsy of Jane Doe). 2019 : Scary Stories (Scary Stories to Tell in the Dark). 2020 : Mortal (Torden). 2023 : The Last Voyage of the Demeter.
"La nef des damnés."
Boudé par la critique, Le Dernier Voyage du Demeter me semble être une perle maudite, tant le résultat à l’écran transpire l’élégance et la sincérité d’une œuvre qui veut bien faire - peut-être en s’inspirant d’un cinéma à l’ancienne, dans son désir de renouer avec le genre historique au sein d’un cadre horrifique séculaire. Le film s’ancre dans un chapitre du roman de Bram Stoker, Journal de bord du Demeter, de Varna à Whitby, publié en 1897.
Et si le récit, tracé d’avance, demeure simpliste, il n’en reste pas moins efficace, intense, captivant, et parfois même surprenant dans son refus du compromis - notamment lors de deux ou trois exactions morbides d’une sauvagerie aussi cruelle que glaçante. Sur ce point, l’adage se vérifie : "plus le méchant est réussi, meilleur sera le film". La créature décharnée transperce littéralement l’écran à chacune de ses apparitions véloces, où sa rapacité sanguinaire inspire autant l’effroi que la répulsion.
C’est là la grande réussite du métrage : parfaire un monstre assoiffé de sang, redoutablement fascinant, dont les attaques fulgurantes reposent autant sur la tension de l’attente que sur la fulgurance de ses surgissements. Le réalisme viscéral des effets spéciaux, impeccables, donne corps à cette incarnation du mal pur. On sent presque la créature se repaître de ce liquide vital avec une appétence démoniale, exsudant la mort, la puanteur et la corruption de l’âme. Vraiment.
Formellement, en imposant le huis clos maritime comme théâtre de la terreur, le film devient une claque onirique. Le Norvégien André Øvredal - pour rappel auteur des excellents Troll Hunter et The Jane Doe Identity - sublime ses images crépusculaires avec un art pictural digne des fresques qu’on se conte à la lueur d’un feu vacillant.
Les acteurs, quant à eux, se fondent dans leur rôle avec une foi humaine poignante, animés d’un désespoir solidaire face à la bête tapie dans les recoins les plus noirs. En filigrane, le réalisateur esquisse aussi un émouvant portrait de femme libre, porté avec pudeur et intensité par Aisling Franciosi. Actrice irlandaise à la beauté froide et douce, elle suscite une empathie sincère dans sa quête de révolte et de rédemption, figure damnée promise à la lumière. Mais quelle lumière ? ! Car son arc offre un final d’un onirisme solaire, aussi mélancolique que fataliste, avant une dernière séquence terrifiante qui semble annoncer une suite terriblement alléchante et prometteuse - un affrontement au sommet entre le Bien et le Mal.
Porté par des comédiens burinés, attachants dans leur précarité humaine face à une créature surgie des enfers, Le Dernier Voyage du Demeter s’impose comme une descente aux enfers aqueuse, aussi spectaculaire que vénéneuse. Son suspense inquiétant, équilibrant habilement le non-dit et la violence graphique, s’ancre dans un réalisme tranché, viscéral, olfactif. Et puis, offrir le premier rôle à un acteur noir s’avère aussi juste que nécessaire : Corey Hawkins y incarne un héros d’une humanité posée, animé par la simple et belle pulsion de protéger les autres.
Son rejet communautaire auprès de la presse dite spécialisée me restera donc un mystère irrésolu...
— le cinéphile du cœur noir
31/10/25. 3èx. 4K. Vost




Bel avis Bruno
RépondreSupprimerD'une idée de génie,Ovredal accouche d'un beau gâchis.Trop long, trop bavard, dénué de suspense, affublé de poncifs(qu'est-ce qu'un gamin fout dans ce genre d'histoire?) et d'un casting amorphe, c pour ma part une énooorme déception. Y'avait de quoi faire, pourtant! On pouvait s'attendre à autre chose quand même et le trailer faisait envie! horreur, paranoia, groupe d'individus en milieu clos face à une menace surnaturelle, on pouvait s'approcher d'Alien, de The Thing. Rien de tout ça. Je n'ose imaginer le même film entre les mains d'un John Carpenter. 1 seule chose à sauver: la créature évidemment, visible à peine 10 minutes sur 1H47 de métrage hors générique de fin. C'est bien peu, c'est frustrant, c'est décevant. ça vaut même pas une sortie en salle. Bref, pour finir là ou j'ai commencé: un immense gâchis.
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