vendredi 11 août 2023

Cracks

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jordan Scott. 2009. France/Irlande/Angleterre. 1h44. Avec Eva Green, Juno Temple, María Valverde, 
Imogen Poots, Ellie Nunn.

Sortie salles France: 30 Décembre 2009. U.S: 18 Mars 2011

FILMOGRAPHIE: Jordan Scott, née le 7 octobre 1977 à Borough londonien de Merton, en Angleterre, au (Royaume-Uni), est une réalisatrice, scénariste, actrice et romancière britannique. 2002 : Never Never. 2005 : Les Enfants invisibles (co-réalisatrice avec Ridley Scott). 2009 : Cracks. A venir: Berlin Nobody.


Il y a des surprises que l'on ne voit pas arriver, des films que l'on se décide à tenter au moment propice, comme si tout était tracé d'avance par notre force intuitive, comme si toutes nos actions (coordonnées) n'étaient finalement pas le fruit du hasard. Si bien que Cracks est venu à moi tel un uppercut émotionnel dont je n'imaginais guère l'impact traumatique qu'il aurait pu causer sur ma psyché torturée. Tant et si bien que Cracks n'a cessé de m'interpeller sur la complexité de ces jouvencelles gouvernées par une professeur à la fois ferme, ambitieuse, bienveillante, persuasive, anticonformiste de par son désir d'émancipation féminine qu'Eva Green cultive avec une force tranquille étrangement vénéneuse, équivoque, indéchiffrable. Et ce afin d'influencer ces élèves d'offrir le meilleur d'elles mêmes en creusant toujours plus loin leur "désir" (doctrine chère enseignée par leur professeur) du surpassement. Un rôle taillé sur mesure pour l'actrice souvent sulfureuse, son meilleur rôle à l'écran selon un bouche à oreille massif que je suis incapable de contredire tant elle m'a retourné les neurones avec une vigueur contenue, une retenue glaciale à couper au rasoir. Son jeu sobrement ambigu entretenant incessamment le doute, le questionnement, la réflexion sur ses actions, ses postures décomplexées toutefois respectées et ses prises de décision discutables, voires étonnamment irresponsables. 


Une personnalité apatride si j'ose dire durant une bonne partie de métrage, jusqu'à ce que la réalisatrice (fille de l'émérite Ridley Scott !) se décide à éclaircir peu à peu les zones d'ombres auquel nous nous passionnons avec une immersivité davantage éprouvante. On songe d'ailleurs parfois un peu à Picnic à Hanging Rock et à Virgin Suicides pour la scénographie onirique (magnifiquement cadrée) de ces jeunes filles vierges en accord avec une nature candide, sereine, édénique. Notons au passage ses magnifiques décors naturels probablement Irlandais (info à vérifier) que nos protagonistes juvéniles étreignent du fond d'un lac (avec de splendides plongeons au ralenti) ou à proximité du bois ou d'une clairière. Le récit contemplatif décrivant dans une mesure dépouillée la quotidienneté d'un pensionnat de jeunes filles, une école d'élite concourant à la natation, jusqu'à ce qu'une jeune recrue, Fiamma, aristocrate surdouée, débarque et bouleverse leur équilibre amical. Impossible ici d'aller plus loin, d'y déflorer ses thématiques, d'y dévoiler ses ruptures de ton pour ne pas ébruiter d'indices. Cracks se déclinant en expérience cinématographique inusitée. Un moment de cinéma éthéré plein de poésie, de sensibilité, de fragilité et de gravité. Une fine étude psychologique tournant autour de la jalousie, de l'élitisme et la rancune que je peux dévoiler sans spoiler puisque les 10 premières minutes nous avertirent déjà de la rivalité féminine qui se déroulera face à notre regard tour à tour charmé, dérangé,  perplexe, empathique, piégé, souffreteux, tel l'animal tentant de s'extirper du piégeage en se dévorant la patte en désespoir de cause. Une oeuvre maudite inoubliable qui me hantera jusqu'au dernier souffle.

*Bruno

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