jeudi 30 janvier 2025

l'Amour au présent / We live in time

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.com

de John Crowley. 2024. Angleterre/France. 1h47. Avec Andrew Garfield, Florence Pugh, Grace Delaney, Lee Braithwaite, Aoife Hinds, Adam James, Douglas Hodge.

Sortie salles France: 1er Janvier 2025. U.S: 18 Octobre 2024. Angleterre: 1er Janvier 2025

FILMOGRAPHIEJohn Crowley est un réalisateur irlandais né le 19 août 1969 à Cork en Irlande. 2002 : Come and Go (téléfilm court). 2003 : Intermission. 2007 : Celebration (téléfilm). 2007 : Boy A. 2009 : Is Anybody There? 2013 : Closed Circuit. 2015 : Brooklyn. 2019 : Le Chardonneret (The Goldfinch). 2024 : L'Amour au présent. 

                                                                        Top 2025

“Tout s’anéantit, tout périt, tout passe : il n’y a que le monde qui reste, il n’y a que le temps qui dure.”

Déchirant quand on traite avec autant de tact, de pudeur et de réalisme naturaliste la maladie du cancer par le pouvoir de l'amour et de la maternité. Sous l'impulsion d'un duo de comédiens d'une complicité amoureuse aussi exaltée que dépouillée au grand dam de leur chemin de croix inévitablement mortifère.  

Or, le titre et l'affiche française (mais aussi ricaine) ont beau survendre un produit chamallow générateur d'émotions à gros bouillon, il n'en n'est rien puisque l'on se surprend d'être chaviré d'empathie, d'émotions, de détresse sans jamais nous prévenir. D'où la charge émotive qui se dégage de l'intrigue compétitive avec un art consommé de l'intensité dramatique suggérée. 

Peu de cris et de larmes donc à l'intérieur du cadre tant nos protagonistes, matures, censés, responsables, d'une force de caractère spartiate (surtout la mère instinctivement pugnace), vivent leur rôle plus qu'ils ne le jouent sans se laisser distraire par la larme facile qui ne mènera nulle part de toute façon. 

Aucune émotion programmée donc, aucune prise d'otage émotionnelle, aucun aimant à tous les excès (de pathos, de complaisance, de mièvrerie, de misérabilisme). 

Une simple chronique naturaliste de la vie d'un couple dans leur quotidienneté à la fois tranquille, jouasse, un peu triste et contrariée parmi le témoignage de leur progéniture que la génitrice aura décidé de préserver à tous prix par le pouvoir du souvenir le plus digne et édifiant. 

On en sort pour autant traumatisé, au sens brut de décoffrage, (selon les sensibilités de chacun et de chacune comme toujours) d'avoir parcouru dans la sobriété cet hymne à la vie, à l'amour (tant maternel que conjugal) et à la bravoure en un laps de temps si restreint. 

Si bien que le temps qu'il nous reste à vivre est plus important que toutes les années écoulées.


P.S: déconseillé aux "gros durs" et aux machistes impassibles.
Ne vous fiez surtout pas à la Bande-annonce mensongère très commerciale. 

*Bruno
Vost

mardi 28 janvier 2025

Babygirl. Meilleure Actrice: Mostra de Venise 2024.

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.com

de Halina Reijn. 2024. U.S.A. 1h54. Avec Nicole Kidman, Harris Dickinson, Antonio Banderas, Sophie Wilde, Esther McGregor, Vaughan Reilly, Gaite Jansen.

Sortie salles France: 15 Janvier 2025 

FILMOGRAPHIEHalina Reijn est une actrice, productrice, écrivaine et réalisatrice néerlandaise née le 10 novembre 1975 à Amsterdam (Pays-Bas). 2019 : Instinct : Liaison interdite. 2021 : For The Birds (court-métrage). 2022 : Bodies, Bodies, Bodies. 2024 : Babygirl.

Beaucoup liront ici et là qu'il s'agit d'un thriller érotique contemporain, alors que selon moi il n'en n'est rien. 

Car sous ses apparats d'expériences érotiques SM magnifiquement suggérées du hors-champs sonore (alors qu'à d'autres moments la gêne et le malaise interfèrent sans prévenir pour la même raison auditive et pour les intensités corporelles si expressives) s'y dévoilent un superbe drame psychologique magnifié des prestances de Nicole Kidman et de Harris Dickinson se livrant à nu face caméra avec une expressivité sensorielle. 

C'est simple, on a l'impression d'être parmi eux, au coeur de leur corps en rut tant l'intensité de leur jeu fiévreux s'y transmet en nous grâce au réalisme documenté d'une caméra hyper circonspecte. 

Le climat intime TRES particulier de leurs sulfureuses relations réservant même des moments d'étrangeté dérangée aussi crues qu'ensorcelants sous l'impulsion musicale de chansons pops, de la techno et de la new-wave (parfois underground) que la génération 80 ne manquera pas de s'émouvoir dans leur réminiscence juvénile. La musique entêtante étant au service narratif auprès des actions décomplexées des personnages, jamais un effet de manche infructueux pour amuser l'ouïe.  

Ajoutez à cela la réalisation auteurisante hyper maîtrisée de la réalisatrice Halina Reijn auscultant tout le long de cette dérive lubrique un magnifique portrait de femme à la fois fourbe, orgueilleuse, froide et humainement autant affaiblie par sa condition sclérosée que sa solitude maritale. Une PDG émérite ivre de désir mais incapable d'y parfaire ses fantasmes SM faute d'un époux anachronique qu'Antonio Banderas compose avec une fragilité davantage démunie. 

D'où l'émotion poignante qui émane de ce trio sentimental apte à se confronter pour tenter peut-être d'y pardonner l'adultère. 

Particulièrement saillant et si expressif auprès de ses images mélancoliques, stylisées et capiteuses au sein d'une urbanisation  New-yorkaise ouatée de crépuscule, "Babygirl" dégage également une sensualité désespérée auprès cette sexagénaire huppée dépassée par ses pulsions masochistes qu'elle finit par assumer grâce à une jeunesse retrouvée. 

Précision toutefois, notamment faute de son climat hermétique si froid et déstabilisant, "Babygirl" divisera assurément le public non préparé, friand des sucreries faussement acides que caractérisent "50 nuances de Grey" et consorts.

*Bruno

Récompense: Mostra de Venise 2024 : Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine pour Nicole Kidman

Bereavement

                                         
                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.com

de Stevan Mera. 2010. U.S.A. 1h46. Avec Michael Biehn, Alexandra Daddario, Brett Rickaby, Nolan Gerard Funk, Spencer List, John Savage.

Inédit en salles en France. 

FILMOGRAPHIE: 2003: Malevolence. 2007: Brutal Massacre: A Comedy. 2010: Bereavement. 2018: Malevolence 3: killer. 2024: The Ruse. 


Si je m'attendais à une telle surprise venant de la part d'un divertissement horrifique mainstream passé inaperçu à l'époque (2010) car d'autant plus inédit chez nous en salles en dépit de ses 4 prix Outre-Atlantique (Meilleur Réalisateur et Meilleur Film au Long Island International Film Expo, Meilleur Film et Meilleure Photographie au New York City Horror Film Festival). 

Si bien que derrière sa facture hollywoodienne, son rutilant cinemascope (la photo onirique est à tomber) et ses têtes d'affiche connues (Michael Biehn, John Savage, Alexandra Daddario), "Bereavement" prend à rebrousse poil le Tortur'porn dans son parti-pris tranché d'y bousculer les codes en nous sortant de notre zone de confort. Car il vaut mieux être averti de son contenu nihiliste quand on s'adresse au public standard adepte des frissons ludiques si bien que cet excellent psycho-killer n'a nulle ambition de vous tranquiliser en bonne et due forme. L'intérêt majeur, outre son suspense latent assez bien distillé et ses acteurs familiers au jeu tranquille, émanant de ses effets de surprises criminels permettant à l'intrigue d'y relancer l'action vers une direction résolument opaque. 


Car en acceptant son traditionnel canevas du tortur'porn à suspense sous tension, le réalisateur Stevan Mena injecte un réalisme mortifère à la fois brutal, sanglant et putassier (si étonnamment dérangeant dans sa facture hollywoodienne) qu'on y éprouve la gêne et le malaise en espérant l'issue de secours qui viendra tout remettre en ordre. 

Mais si sa violence graphique a de quoi provoquer les haut le coeur, elle le doit autant à l'audace du réalisateur d'y exploiter à l'écran le jeu d'acteurs d'enfants candides molestés à travers leur témoignage d'impuissance morale. Et à ce niveau d'intensité psychologique difficilement tolérable, "Bereavement" marque à nouveau des points pour susciter une terreur âpre sans jamais se laisser dériver vers la déviation du droit chemin moral (préparez vous au choc final).  


"La douleur c'est le vide". 
Autant donc avertir que "Bereavement" est d'une noirceur insondable derrière sa forme quasi onirique d'une contrée champêtre faussement sereine qu'un serial-killer et son disciple juvénile auront décidé d'altérer depuis leur commune absence de douleur corporelle, pathologiquement parlant. Un survival antipathique où le pessimisme prédomine à travers son discours sur les conflits parentaux, voir la démission, et la misanthropie.

*Bruno
Vost

samedi 25 janvier 2025

Terrifier 2 et 3

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Damien Leone. 2024. U.S.A. 2h05. Avec David Howard Thornton, Lauren LaVera, Elliot Fullam, 
Samantha Scaffidi, Margaret Anne Florence, Bryce Johnson.

Sortie salles France: 9 Octobre 2024 (Int - 18 ans).

FILMOGRAPHIE: Damien Leone est un réalisateur, scénariste, producteur et artiste d'effets spéciaux américain né le 29 janvier 1982 à Staten Island, New York. 2005 Love (court métrage). 2008: The 9th Circle (court métrage). 2011: Terrifier (court métrage). 2013: All Hallows' Eve. 2015: Frankenstein vs. The Mummy. 2016 Terrifier. 2022 Terrifier 2. 2024: Terrifier 3. 

🎪 Terrifier 2 & 3 — La kermesse putride de Damien Leone

Une fois n’est pas coutume : Damien Leone persévère d’opus en opus, et sa fange saignante s’épaissit sans jamais perdre son âme d’enfant malsain.

Le deuxième volet, déjà follement généreux, reste un cran en dessous du troisième. Et quand on a goûté à la folie démesurée du 3, l’absence de Victoria se fait cruellement sentir. Pour autant, avec son goût immodéré pour un gore festoyant et d’une brutalité insolente, Terrifier 2 déroule son train fantôme sous acide (au figuré comme au propre) : bizarroïde, putassier, dégueulbif, imprévisible. Sa durée gargantuesque (2h18 tout de même !) épuise parfois les chairs et la patience, mais l’ultime demi-heure rehausse l’ensemble dans un bouquet final presque aussi dantesque que le climax infernal du 3 — avec en prime une touche de fantasy plus prononcée, flirtant avec le comics et l’action épique.

À tout prendre, pour qui goûte au gore sans filtre, Terrifier 2 vaut amplement le détour : ça suinte la sympathie, la générosité artisanale, la passion candide de pousser le sous-genre vers des cimes aussi fendues que réjouissantes. Et tant pis pour le non-sens de certaines séquences nawaks qui désarçonnent pour mieux aimanter (cet accouchement final, hallucination crado tout droit sortie d’un cauchemar de foire). Et quel plaisir de retrouver notre fratrie du 3 (le petit frère, la grande sœur et leur mégère inénarrable !) qui s’échine, armes au poing ou à mains nues, à fracasser Art le clown et à le renvoyer dans son trou, viscères à l’air. Mention spéciale au score électro, bien plus stylé et entraînant que celui du 3 : on jurerait qu’il suinte de bobines granuleuses tout droit échappées des Eighties.

Et puis arrive Terrifier 3.
Je m’attendais à un étron Z, digne d’un Uncut Movie allemand fauché — je me suis retrouvé avec un formidable B-movie, digne héritier des déviances Eighties (Brain Dead, Re-Animator, Evil Dead 1 & 2) comme le prouvent les caméos clin d’œil de Savini et Clint Howard. On y entend aussi gronder l’écho d’Amityville, Black Christmas, Vendredi 13, Halloween 4, La Fissure, Mausoleum (et son final fluo démoniaque) et toute la saga Freddy que Damien Leone, transi d’amour pour le sang à l’ancienne (aucun CGI à l’horizon), convoque avec un soin maniaque, jusqu’à sa photo de Noël saturée en scope.

Quel régal de voir un grand-guignol si artisanal ! Si bien que l’on y croit, malgré les tripes qui dégoulinent et les bravoures sanguines perfectibles : c’est l’esprit cartoonesque qui triomphe, ce plaisir de fête foraine en roue libre. Et si je craignais un simple étalage de gore cradingue, Leone prend le temps de planter son univers, ses personnages, de les laisser respirer avec cette naïveté délicieuse typique des B-movies qu’on chérit. Leur charisme a beau paraître standard, il s’ancre, familier, pour mieux nous faire avaler leurs vicissitudes tragi-cocasses.

Sa durée, pourtant généreuse (2h05), ne pèse jamais vraiment : un ventre mou de quinze minutes tout au plus, et l’on repart, sourire de gosse greffé au visage. Quant à l’interdiction aux moins de 18 ans : on la comprend, tant ça hache du bambin ou ça dynamite du poupon, hors champ ou non, dans un feu d’artifice de cruauté et de fun sardoniquement assumé.

Et ça dépote sec : massacre à la tronçonneuse dans la salle de bain, tuerie au bar, prologue halluciné (quasi inmontrable), atroce épreuve des rats dans la gorge, final interminable où se déchaînent les Enfers... Si Terrifier 3 reste jouissif, fascinant et pourtant dérangeant, c’est grâce à son duo de démons : Art le clown, pantomime à la bonhomie sournoise, et Victoria, cadavre enjôleur, langue venimeuse, injuriant la chair juvénile scotchée à ses écrans. Deux salopards d’outre-tombe qui ne forment qu’un seul monstre pour parfaire cette orgie de tripes dans une bourgade ricaneuse, nappée d’une aura macabre joliment stylisée (surtout la première et la dernière demi-heure, cadre atypique à la clef).

Si l’ancienne génération décroche, c’est peut-être qu’elle est désormais trop vieille pour ces conneries. Moi ? J’en redemande.

Bruno

 24–25.01.25

jeudi 23 janvier 2025

Les Valseuses

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Bertrand Blier. 1974. France. 1h58. Avec Gérard Depardieu, Patrick Dewaere, Miou-Miou, Jeanne Moreau, Brigitte Fossey, Jacques Chailleux, Michel Peyrelon, Eva Damien, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Dominique Davray. 

Sortie salles France: 20 Mars 1974 (int - 18 ans).

FILMOGRAPHIE: Bertrand Blier est un réalisateur, scénariste et écrivain français, né le 14 mars 1939 à Boulogne-Billancourt.1967 : Si j'étais un espion. 1974 : Les Valseuses. 1976 : Calmos. 1978 : Préparez vos mouchoirs. 1979 : Buffet froid. 1981 : Beau-père. 1983 : La Femme de mon pote. 1984 : Notre histoire. 1986 : Tenue de soirée. 1989 : Trop belle pour toi. 1991 : Merci la vie. 1993 : Un, deux, trois, soleil. 1996 : Mon homme. 2000 : Les Acteurs. 2003 : Les Côtelettes. 2005 : Combien tu m'aimes ? 2010 : Le Bruit des glaçons. 2019 : Convoi exceptionnel.

"Dewaere est mort, Depardieu au bout du rouleau. Blier ne tourne plus. Les beaufs avaient du talent, dans les années 1970."

Triomphe commercial chez nous (5 726 031 entrées) en dépit d'une critique grise mine, les Valseuses est un objet de scandale encore plus virulent aujourd'hui depuis l'émergence des mouvements féministes qui ont de quoi s'arracher les cheveux (à sang !) aujourd'hui. Comédie érotico-polissonne illustrant la grande vadrouille d'un duo de marginaux et d'une catin au grand coeur au sein de la France profonde des Seventies, les Valseuses explose les barrières du bon goût et du politiquement correct à renfort de gags aussi pittoresque qu'ubuesques. Le tout saturé de dialogues caustiques hallucinants d'inventivité couillue même si la crudité y est sciemment requise puisque totalement assumée. 

Et si parfois l'aspect dérangeant de certaines séquences semi-dramatiques (le suicide, la scène dans le train: à mon sens la plus compliquée à tolérer) font grincer les dents jusqu'au malaise, la verve ironique des répliques (estampillées Bertrand Blier), le côté versatile des personnages lunaires (notamment adeptes de l'exaltation), l'insolite de leurs situations improbables emportent l'adhésion à travers ce vent libertaire qui irrigue tout leur périple de manière follement décomplexée. Il faut dire que le pétulant tandem Gérard Depardieu / Patrick Dewaere crève littéralement l'écran à travers leur naturel décomplexé aussi bonnard que sarcastique. Si bien que aussi effrontées, parfois violentes et machistes soient leurs actions illégales, les Valseuses dégage pour autant une poésie naturaliste parfois candide auprès de ses exclus avides d'amour (sexuel) et d'affection sous la mainmise d'une Miou-Miou  empathique irrésistible de naïveté à la fois irraisonnée et insolente.

Farce pittoresque n'ayant rien perdu de son aura subversive au risque d'être taxé de misogyne, les Valseuses n'en demeure pas moins un monument de comédie scabreuse au souffle libertaire terriblement communicatif. Si bien que l'on ne peut que regretter cette époque passéiste à la fois bohème et frivole sous la houlette d'un Bertrand Blier terriblement provocateur pour mieux bousculer la zone de confort des bien penseurs réfractaires à l'anarchie libertaire et sexuelle. Et puis quelle mise en scène personnelle n'appartenant qu'au talent de son auteur composant une série de sketchs et quiproquos réjouissants de non-sens dans l'art et la manière si singulière de donner chair à ses fantaisies à la lisière d'un certaine forme de surréalisme.  

*Bruno
2èx

A l'aube de l'Amérique / American Primeval

                                               
                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
 
de Peter Berg. 2024. U.S. A. 6 épisodes. Avec Taylor Kitsch Betty Gilpin, Dane DeHaan, Saura Lightfoot-Leon, Derek Hinkey, Joe Tippett, Jai Courtney.
 
FILMOGRAPHIE: Peter Berg est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 11 mars 1964 à New York. 1998 : Very Bad Things. 2003 : Bienvenue dans la Jungle (The Rundown). 2004 : Friday Night Lights. 2007 : Le Royaume (The Kingdom). 2008 : Hancock. 2012 : Battleship. 2013 : Du sang et des larmes (Lone Survivor). 2016 : Deepwater (Deepwater Horizon). 2016 : Traque à Boston. Patriots Day). 2018 : 22 Miles (Mile 22). 2020 : Spenser Confidential.

                                                                             Coup de ❤

Retraçant avec un réalisme désaturé, aussi cru que poisseux — proche de Deadwood pour les uns, de The Revenant pour d'autres — les événements dramatiques ayant réellement sévi durant la guerre de l’Utah, entre les États-Unis et l’État du Deseret (dirigé par des Mormons — disciples religieux), À l’aube de l’Amérique est une claque émotionnelle autant que visuelle (attention les yeux !), qui élève le western vers des horizons rarement explorés à l’écran.

Ici, à travers deux points de vue féminins en initiation de survie (soutenus en filigrane par des seconds rôles masculins, anti-manichéens dans leur autonomie punitive), c’est une véritable descente aux enfers qu’on nous relate. Le cadre, ô combien hostile — rêche, sauvage, peuplé de montagnes enneigées — suinte la mort, la pourriture, la désolation, la puanteur. Un chemin de croix, fourbu, désespéré.


Les acteurs, striés, transis de viscéralité dans leur fonction de martyrs, rendent hommage à ces belligérants apatrides avec une force expressive littéralement dépouillée.

Et si la violence, omniprésente, nous martyrise l’ouïe, l’esprit, les mirettes — brutalité tranchée où tout quidam peut trépasser —, À l’aube de l’Amérique suit rigoureusement sa ligne historique : retranscrire, avec un réalisme souvent intolérable, les exactions d’une religion mégalomaniaque, déterminée à éliminer tous les témoins gênants pour mieux régner sur sa société sectaire.


Transpirant la sueur, le sang, la maladie, l’insalubrité, la fatigue, les protagonistes de cet interminable périple deviennent les figures d’un cauchemar glacé, que Peter Berg met en exergue avec une âpreté rarement abordée dans l’univers du western. Cowboys et Amérindiens apparaissent ici comme des guerriers primaux, souvent esseulés, incapables de compter les uns sur les autres, faute d’une idéologie commune — tous englués dans une logique coloniale délétère.

Et pourtant, loin de se complaire dans une sauvagerie putassière — même si l’ensemble reste en roue libre, avec une louche de menace consanguine d'origine française —, À l’aube de l’Amérique n’omet jamais la dimension humaine de ses personnages à bout de souffle. Il leur laisse même respirer, dans de rares accalmies, une dignité familiale, une rage de survivre, une détermination morale qui force le respect.


Peter Berg, jusqu’au-boutiste au rictus diablotin, n’hésite jamais à sacrifier l’innocence, poussé par une acuité dramatique d’une déchirante cruauté, que l’on peine à digérer sitôt le générique clos.

Et sa partition, si délicate et fragile, parce qu’inscrite dans la réserve et la pudeur, finit par nous achever — dans notre impuissance, dans notre isolement inconsolable.


Conclusion:
À l’aube de l’Amérique restera pour moi une expérience humaine d’une rigueur morale inextinguible, à travers un fait historique chargé de sadisme, de larmes, d’essoufflement et de férocité.
 
*Bruno

mardi 21 janvier 2025

Nosferatu (2024)

                                             
                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
 
de Robert Eggers. 2024. U.S.A. 2h12. Avec Bill Skarsgård, Lily-Rose Depp, Nicholas Hoult, Aaron Taylor-Johnson, Willem Dafoe.
 
Sortie salles France: 25 Décembre 2024 (Int - 12 ans avec avertissement)

FILMOGRAPHIE: Robert Eggers est un réalisateur américain né le 7 juillet 1983 à Lee (New Hampshire). 2015: The Witch. 2019: The Lighthouse. 2022: The Northman. 2024: Nosferatu.


"Possession"
À mes yeux (étourdis), deux authentiques films d’horreur auront marqué de leur empreinte — mature, ambitieuse, personnelle — l’année 2024 : The Substance et Nosferatu.

Voué corps et âme à redonner chair au plus célèbre vampire du cinéma, Robert Eggers accomplit ici le prodige de réinventer le mythe à travers un schéma narratif éculé, que l’on revit pourtant comme s’il s’agissait de la première fois. À celles et ceux qui n’y ont vu qu’un écrin de fulgurance formelle, reprochant surtout un classicisme narratif poussif, je rétorque que Nosferatu possède bien plus que ses lauriers visuels : il s’arrache aux conventions, il déborde. Il contient un cœur, voire une âme, dans l’autonomie si singulière de son climat — austère, trouble, déconcertant, froid, glacial, violent, putrescent, primitif même. À l’image des exactions du vampire pestilentiel, que l’on redoute avec une fascination aussi irrépressible que morbide. Chaque apparition provoque rejet et sidération : noirceur du regard sans fond, vigueur gestuelle, voix rocailleuse, soupir assourdissant — à damner un saint — et une corporalité nouvelle, métamorphosée, plus vraie que nature.

Et pour mieux asseoir son potentiel dramatique : la teneur audacieuse de son final, d’une beauté funeste, bouleversée, désespérée — élégie macabre qui brave la conclusion du roman de Bram Stoker.


Car au-delà de ses idées neuves, émanant de sa formalité picturale comme des expressivités des corps meurtris, contorsionnés, en lutte contre le Mal, Nosferatu est transcendé par le jeu transi d’émoi de ses comédiens, habités par la peur de l’étrange, de l’inconnu, la fièvre du désordre, du désarroi, la rage de vaincre la bête immonde qui hante les rêves d’Ellen. Lily-Rose Depp l’endosse avec une force expressive à la fois viscérale, charnelle, erratique — une dimension morale (et héroïque !) aussi pénétrante et évocatrice qu’Isabelle Adjani dans Possession de Żuławski.

Quand bien même notre vampire iconique, délesté de moult clichés séculaires — pas de canines, pas de corps famélique, pas de miroir sans reflet — adopte ici une posture robuste, nécrosée, inspirant l’effroi, le dégoût, la révulsion, l’aversion. Bref, il fait peur. Vraiment. Autant par sa présence insalubre, que l’on redoute à des kilomètres, que par son immoralité à s’approprier l’âme d’Ellen : imposteur, tricheur, traître, manipulateur — égoïste rigoureusement détestable. Un être abject, incapable d’aimer la femme, aussi méprisant que puant — comme les pustules qui rongent son corps — que Bill Skarsgård incarne avec un art consommé de l’accent roumain (à découvrir absolument en VO, tant l’intonation y est incisive, emphatique, inédite).
 

"Nekromantik".
Film de vampire conjuguant à l’unisson classicisme et modernité (notamment dans une violence gore étonnamment organique), autant que film de possession renversant, Nosferatu est transcendé par l’expressionnisme saisissant — et téméraire — d’Eggers. Un poème sublime, d’une beauté nécrosée, singulière. Peut-être difficile d’accès de prime abord pour une frange de spectateurs les plus exigeants, il divisera, c’est certain, par sa facture gothique puritaine et sa tonalité aussi froide qu’austère. Mais une fois la hype passée, j’en suis persuadé : un second visionnage révélera sa grâce, sa richesse. Peut-être même son véritable pouvoir.

*Bruno 

Budget: 50 millions de dollars

dimanche 19 janvier 2025

Le Cadavre d'Anna Fritz / El cadaver de Anna Fritz / The Corpse of Anna Fritz

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Hector Hernandez Vicens. 2015. Espagne. 1h15. Avec Alba Ribas, Cristian Valencia, Albert Carbo, Bernat Saumell, Belen Fabra, Montserrat Miralles

Exploitant avec une efficacité gratifiante le huis-clos à la fois macabre et sordide à travers sa thématique de la nécrophilie, le cadavre d'Anna Fritz est un formidable suspense Hitchcockien aux rebondissements justement dosés afin de relancer les actions morales de nos antagonistes putassiers aussi irresponsables qu'infortunés. 

A condition toutefois de ne rien connaître de l'intrigue et de se laisser dériver vers un final probablement discutable auprès de ses facilités (d'autres évoqueront à court sûr l'improbabilité), le Cadavre d'Anna Fritz est d'autant plus inquiétant, anxiogène, (quelque peu mystique) et passionnant qu'il ne dure qu'1h15 et que l'excellence de l'interprétation permet d'autant mieux de nous identifier aux personnages à travers leur physique standard inconnu chez nous (production ibérique oblige). 

Et si le début de l'intrigue (faisant écho à l'excellent Dead Girl) a de quoi révulser à travers ses étreintes nécrophiles scandées d'une photo glacée, le réalisateur est suffisamment habile et intelligent pour ne jamais verser dans la complaisance en militant sur la (demi-) suggestion et le hors-champs sonore, aussi insupportables soient ses exactions lubriques singulières que l'on reluque (entre effroi et malaise) du trou de la serrure. 

Il est surtout rarement à court d'idées retorses pour nous surprendre là où on ne l'attend pas. Car si son schéma narratif semble effectivement prévisible tout en restant magnétique grâce aux concertations hésitantes de ce trio immoral, le Cadavre d'Anna Fritz se pare d'une ambiance macabre clinique assez immersive pour ne jamais décrocher de son intensité dramatique à faible lueur d'espoir. 

Quant au surprenant final politiquement incorrect il se fige sur une image équivoque efficacement trouble et dévoyant. 

Tout bien considéré, supérieur à "l'Autopsie de Jane Doe" bâti sur le même principe d'angoisse et suspense tendu en huis-clos hermétique.

*Bruno


lundi 13 janvier 2025

Prête à tout / To Die For

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Gus Van Sant. 1995. U.S.A/Angleterre. 1h46. Avec Nicole Kidman, Matt Dillon, Joaquin Phoenix, Alison Folland, Casey Affleck, Buck Henry, Dan Hedaya

Sortie salles France: 6 Décembre 1995

FILMOGRAPHIE: Gus Van Sant est un réalisateur, directeur de photo, scénariste et musicien américain, né le 24 Juillet 1952 à Louisville dans le Kentucky. 1985: Mala Noche. 1989: Drugstore Cowboy. 1991: My Own Private Idaho. 1993: Even Cowgirls get the blues. 1995: Prête à tout. 1997: Will Hunting. 1998: Psycho. 2000: A la rencontre de Forrester. 2002: Gerry. 2003: Elephant. 2005: Last Days. 2007: Paranoid Park. 2008: Harvey Milk. 2011: Restless. 2012: Promised Land. 2015 : Nos souvenirs. 2018 : Don't Worry, He Won't Get Far on Foot.

Illuminé d'une ensorcelante Nicole Kidman transperçant l'écran à chaque seconde dans sa posture ultra sexy (elle change de tenue vestimentaire toutes les 2 minutes pour mieux nous donner le tournis), Prête à tout est une jouissive satire caustique sur l'arrivisme et le narcissisme au sein de la sphère médiatique. 

Avec une grosse rasade de dérision, d'humour noir et d'érotisme torride si bien que, comme les protagonistes désorientés du récit, nous devenions aussi troublés et obsédés qu'eux à contempler les stratégies lubriques de cette speakerine sans morale destinée à s'emparer de la célébrité. 

Un point technique sur le soin apporté à la photo et à la mise en scène à la fois inventive et inspirée vouant à travers sa caméra voyeuriste un amour immodéré pour son actrice gracile habitée d'une décomplexion étrangement vénéneuse. 

Si bien que cette diatribe sur le pouvoir de la télévision nous laisse un goût à la fois sucrée, acidulé, amer dans la bouche.

Récompense: 1996 : Golden Globe de la meilleure actrice pour Nicole Kidman

*Bruno

3èx. 4K vostf

mardi 7 janvier 2025

Network: main basse sur la TV / Network. 4 Oscars, 77.

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sidney Lumet. 1976. U.S.A. 2h00. Avec Faye Dunaway, William Holden, Peter Finch, Robert Duvall, Ned Beatty

Sortie salles France: 16 Mars 1977. U.S: 27 Novembre 1976

FILMOGRAPHIE: Sidney Lumet est un réalisateur américain, né le 25 Juin 1924 à Philadelphie, décédé le 9 avril 2011 à New-York. 1957: 12 Hommes en colère. 1958: Les Feux du Théâtre. 1959: Une Espèce de Garce. 1959: l'Homme à la peau de serpent. 1961: Vu du pont. 1962: Long voyage vers la nuit. 1964: Le Prêteur sur gages. 1964: Point Limite. 1965: La Colline des Hommes perdus. 1966: Le Groupe. 1966: MI5 demande protection. 1968: Bye bye Braverman. 1968: La Mouette. 1969: Le Rendez-vous. 1970: Last of the mobile hot shots. 1970: King: A filmed record... Montgomery to Memphis. 1971: Le Dossier Anderson. 1972: The Offence. 1972: Les Yeux de Satan. 1973: Serpico. 1974: Lovin' Molly. 1974: Le Crime de l'Orient Express. 1975: Un Après-midi de chien. 1976: Network, main basse sur la TV. 1977: Equus. 1978: The Wiz. 1980: Just tell me what you want. 1981: Le Prince de New-York. 1982: Piège Mortel. 1982: Le Verdict. 1983: Daniel. 1984: A la recherche de Garbo. 1986: Les Coulisses du Pouvoir. 1986: Le Lendemain du Crime. 1988: A bout de course. 1989: Family Business. 1990: Contre Enquête. 1992: Une Etrangère parmi nous. 1993: l'Avocat du Diable. 1997: Dans l'ombre de Manhattan. 1997: Critical Care. 1999: Gloria. 2006: Jugez moi coupable. 2007: 7h58 ce samedi-là.


«I'm as mad as hell and I'm not going to take this anymore!» 
«Je suis fou de rage! Je commence à en avoir ras le bol!» 

Sans conteste, la charge la plus féroce, la plus violente et virulente que j’aie subie contre l’univers vénal de la sphère médiatique. Un électrochoc rigoureusement cérébral, psychologiquement éprouvant, ad nauseam. Une mise en abyme de notre propre condition morale, gangrenée par les magnats de l’audiovisuel qui, patiemment, ont corrompu nos instincts par le biais de notre voyeurisme incurable.

À côté, Le Prix du Danger fait figure de comptine. L’extrême violence verbale préconisée par un Sidney Lumet furibond produit bien plus d’étincelles — dans sa facture documentée — que les effets graphiques d’un Yves Boisset. Car ici, il est tout bonnement impossible de sortir indemne d’un tel déchaînement de haine déshumanisante, vociférée par des margoulins (ça hurle à tous vents pendant deux heures) ne reculant devant aucune ignominie pour asseoir leur suprématie nouvelle.


Les acteurs, hystériques, borderline, désaxés, nous assènent leur verve avec un art consommé du cynisme le plus putassier. Et lorsqu’on apprend que la trame s’inspire du suicide en direct de la journaliste américaine Christine Chubbuck, cette fiction dystopique, hyperbolique, nous laisse un goût âcre et poisseux au fond de la gorge. Jusqu’à cette conclusion, invraisemblable, improbable (la répétition est volontaire), qui sonne comme une farce macabre surchargée au vitriol.

Profondément malsain, hautement dérangeant, trouble, inquiétant, alarmant : Network est moralement infect, ignoble, antipathique — mais terriblement lucide. Ces figures toutes plus licencieuses les unes que les autres nous renvoient en miroir notre propre image : celle d’un public désaxé, intoxiqué jusqu’à l’os par cette télévision racoleuse devenue pandémie planétaire.


*Bruno

Récompenses
LAFCA 1976 :
Meilleur film
Oscars 1977 :
Meilleur acteur - Peter Finch
Meilleure actrice - Faye Dunaway
Meilleure actrice dans un second rôle - Beatrice Straight
Meilleur scénario original - Paddy Chayefsky
Golden Globes 1977 :
Meilleur acteur dans un film dramatique - Peter Finch
Meilleure actrice dans un film dramatique - Faye Dunaway
Meilleur réalisateur - Sidney Lumet
Meilleur scénario - Paddy Chayefsky
BAFTA 1978 :
Meilleur acteur - Peter Finch
National Film Registry 2000 : Sélectionné et conservé à la Bibliothèque du Congrès américain.

lundi 6 janvier 2025

My Fair Lady. Oscar du Meilleur Film, 1965.

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de George Cukor. 1964. U.S.A. 2h53. Avec Audrey Hepburn, Marni Nixon, Rex Harrison, Stanley Holloway, Wilfrid Hyde-White, Gladys Cooper, Jeremy Brett. 

Sortie salles France: 23 Décembre 1964. U.S: 21 Octobre 1964

FILMOGRAPHIE: George Dewey Cukor est un réalisateur américain d'ascendance hongroise, né le 7 juillet 1899 à New York et mort le 24 janvier 1983 à Los Angeles. 1930 : Grumpy. 1930 : The Virtuous Sin. 1930 : The Royal Family of Broadway. 1931 : Tarnished Lady. 1931 : Girls About Town. 1932 : Une heure près de toi. 1932 : What Price Hollywood? 1932 : Héritage. 1932 : Rockabye. 1932 : The Animal Kingdom. 1933 : Haute Société. 1933 : Les Invités de huit heures. 1933 : les Quatre Filles du docteur March. 1934 : L'Ennemi public n° 1. 1935 : David Copperfield. 1935 : La Femme de sa vie. 1935 : Sylvia Scarlett. 1936 : Roméo et Juliette. 1936 : Le Roman de Marguerite Gautier. 1938 : Vacances. 1939 : Zaza. 1939 : Femmes. 1939 : Autant en emporte le vent. 1940 : Suzanne et ses idées. 1940 : Indiscrétions. 1941 : Il était une fois. 1941 : La Femme aux deux visages. 1942 : Her Cardboard Lover. 1942 : La Flamme sacrée. 1944 : Hantise. 1944 : Winged Victory. 1947 : La Femme de l'autre. 1947 : Othello. 1949 : Édouard, mon fils. 1949 : Madame  porte la culotte. 1950 : Ma vie à moi. 1950 : Comment l'esprit vient aux femmes. 1951 : Agence Cupidon. 1952 : Je retourne chez maman. 1952 : Mademoiselle Gagne-Tout. 1953 : The Actress. 1953 : Une femme qui s'affiche. 1954 : Une étoile est née. 1955 : La Croisée des destins. 1957 : Car sauvage est le vent. 1957 : Les Girls. 1959 : La Diablesse en collant rose. 1959 : Le Bal des adieux. 1960 : Le Milliardaire. 1962 : Something's Got to Give. 1963 : Les Liaisons coupables. 1964 : My Fair Lady. 1969 : Justine. 1972 : Voyages avec ma tante. 1976 : L'Oiseau bleu. 1981 : Riches et Célèbres. Télévision: 1975 : Il neige au printemps. 1979 : Le blé est vert. 


«Audrey a joué ça avec beaucoup de brio. Elle travaille dur… Elle est extrêmement intelligente, inventive, modeste… et drôle. Quand vous travaillez avec elle vous ne sauriez croire qu’elle est une superstar. Elle est pleine de tact, c’est la créature la plus charmante du monde." George Cukor.

Un chef-d'oeuvre de la comédie musicale profondément féministe à travers cette lutte de classe que se livre une fleuriste et un linguiste misogyne issu de la haute bourgeoisie. 

2h53 de pur spectacle (même si effectivement il y a une toute petite baisse de régime 15' durant passée l'entracte) que la divine Audrey Hepburn (euphémisme) et Rex Harrison monopolisent dans une commune fringance. 

Décors (entièrement tournés en studio), photo, format scope, costumes, mobiliers à l'unisson dans une rutilante édition 4K à damner un saint. 

Quant aux nombreuses chansons antidépressives qui enveloppent l'intrigue elles donnent autant envie de chanter et danser que les protagonistes communément transis de liesse. 

*Bruno
4K vost


Récompenses:
David di Donatello 1965 : Meilleure production étrangère
Golden Globes 1965 :
Meilleur film musical ou de comédie
Meilleur réalisateur  : George Cukor
Meilleur acteur dans un film musical ou une comédie : Rex Harrison

Oscars 1965 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur pour George Cukor
Meilleur acteur pour Rex Harrison
Meilleure direction artistique - couleur pour Gene Allen, Cecil Beaton et George James Hopkins
Meilleurs costumes - couleur pour Cecil Beaton
Meilleure photographie - couleur pour Harry Stradling Sr.
Meilleur son pour George R. Groves
Meilleure musique de film - adaptation pour André Previn

BAFTA 1966 : Meilleur film

vendredi 3 janvier 2025

Vacances Romaines / Roman Holiday. Oscar Meilleure Actrice: Audrey Hepburn.

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de William Wyler. 1952. U.S.A. 1h58. Avec Gregory Peck, Audrey Hepburn, Eddie Albert, Hartley Power, Harcourt Williams, Margaret Rawlings

Sortie salles France: 9 Avril 1954. U.S: 27 Août 1953

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: William Wyler (Wilhelm Weiller) est un réalisateur et producteur américain d'origine suisse, né le 1er Juillet 1902 à Mulhouse, décédé le 27 Juillet 1981 à Los Angeles (Californie). 1926: Lazy Lightning. 1930: La Tourmente. 1935: La Bonne Fée. 1939: Les Hauts de Hurlevent. 1940: Le Cavalier du Désert. 1941: La Vipère. 1946: Les Plus belles années de notre vie. 1952: Un Amour Désespéré. 1953: Vacances Romaines. 1955: La Maison des Otages. 1956: La Loi du Seigneur. 1958: Les Grands Espaces. 1959: Ben Hur. 1961: La Rumeur. 1965: L'Obsédé. 1966: Comment voler un million de dollars. 1968: Funny Girl. 1970: On n'achète pas le silence.

Tourné en 53, Vacances Romaines est un grand classique hollywoodien dont j'ignorai l'existence jusqu'à ce soir. 

Une splendide comédie romantique illuminée de la présence gracile d'Audrey Hepburn (couronnée 1 an plus tard de l'Oscar et d'un Golden Globe pour la Meilleure Actrice !) accompagnée de la force tranquille et de sureté d'un Gregory Peck également touché par l'élégance, la pudeur le raffinement. 

Outre la finesse d'esprit pour ses rapports psychologiques à la fois amiteux, censés et teintés de tendresse, on se balade tranquillement dans la capitale touristique de Rome (parfois même antique) sous l'impulsion de traits d'humour habilement modérés puisque prêtant souvent à sourire plutôt que d'en rire. 

Tourné en noir et blanc en 1.37, on reste impressionné par la maitrise de réalisation de William Wyler extrêmement circonspect pour donner chair à sa fable romantique avec un réalisme surprenant écarté de bons sentiments. Toutes les situations gentiment folingues, picaresques ou pittoresques demeurant si sobrement expressives qu'on jurerait qu'elles soient parfois improvisées. 

Ainsi, à travers son discours acide sur la cupidité du journalisme confronté à l'élitisme d'une haute société y résulte une impossible histoire d'amour dont le final, plein de sagesse, d'humilité, de révérence et de non-dit (les échanges de regards à la fois brillants et éminents sont à marqués d'une pierre blanche !) est un grand moment d'émotions élégiaques.  


*Bruno
4K. Vost.

P.S: En 1999, l'American Film Institute classe Audrey Hepburn à la troisième place de sa liste des plus grandes actrices de films américains de tous les temps

Récompenses
Oscar de la meilleure actrice pour Audrey Hepburn
Oscar de la meilleure histoire originale pour Ian McLellan Hunter (alors prête-nom de Dalton Trumbo, ostracisé par le maccarthysme), l'Académie des Oscars a corrigé cette attribution au profit de Trumbo en 1992-1993. 
Oscar de la meilleure création de costumes pour Edith Head.
Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique pour Audrey Hepburn
British Academy Film Award de la meilleure actrice pour Audrey Hepburn