🎪 Terrifier 2 & 3 — La kermesse putride de Damien Leone
Une fois n’est pas coutume : Damien Leone persévère d’opus en opus, et sa fange saignante s’épaissit sans jamais perdre son âme d’enfant malsain.
Le deuxième volet, déjà follement généreux, reste un cran en dessous du troisième. Et quand on a goûté à la folie démesurée du 3, l’absence de Victoria se fait cruellement sentir. Pour autant, avec son goût immodéré pour un gore festoyant et d’une brutalité insolente, Terrifier 2 déroule son train fantôme sous acide (au figuré comme au propre) : bizarroïde, putassier, dégueulbif, imprévisible. Sa durée gargantuesque (2h18 tout de même !) épuise parfois les chairs et la patience, mais l’ultime demi-heure rehausse l’ensemble dans un bouquet final presque aussi dantesque que le climax infernal du 3 — avec en prime une touche de fantasy plus prononcée, flirtant avec le comics et l’action épique.
À tout prendre, pour qui goûte au gore sans filtre, Terrifier 2 vaut amplement le détour : ça suinte la sympathie, la générosité artisanale, la passion candide de pousser le sous-genre vers des cimes aussi fendues que réjouissantes. Et tant pis pour le non-sens de certaines séquences nawaks qui désarçonnent pour mieux aimanter (cet accouchement final, hallucination crado tout droit sortie d’un cauchemar de foire). Et quel plaisir de retrouver notre fratrie du 3 (le petit frère, la grande sœur et leur mégère inénarrable !) qui s’échine, armes au poing ou à mains nues, à fracasser Art le clown et à le renvoyer dans son trou, viscères à l’air. Mention spéciale au score électro, bien plus stylé et entraînant que celui du 3 : on jurerait qu’il suinte de bobines granuleuses tout droit échappées des Eighties.
Et puis arrive Terrifier 3.
Je m’attendais à un étron Z, digne d’un Uncut Movie allemand fauché — je me suis retrouvé avec un formidable B-movie, digne héritier des déviances Eighties (Brain Dead, Re-Animator, Evil Dead 1 & 2) comme le prouvent les caméos clin d’œil de Savini et Clint Howard. On y entend aussi gronder l’écho d’Amityville, Black Christmas, Vendredi 13, Halloween 4, La Fissure, Mausoleum (et son final fluo démoniaque) et toute la saga Freddy que Damien Leone, transi d’amour pour le sang à l’ancienne (aucun CGI à l’horizon), convoque avec un soin maniaque, jusqu’à sa photo de Noël saturée en scope.
Quel régal de voir un grand-guignol si artisanal ! Si bien que l’on y croit, malgré les tripes qui dégoulinent et les bravoures sanguines perfectibles : c’est l’esprit cartoonesque qui triomphe, ce plaisir de fête foraine en roue libre. Et si je craignais un simple étalage de gore cradingue, Leone prend le temps de planter son univers, ses personnages, de les laisser respirer avec cette naïveté délicieuse typique des B-movies qu’on chérit. Leur charisme a beau paraître standard, il s’ancre, familier, pour mieux nous faire avaler leurs vicissitudes tragi-cocasses.
Sa durée, pourtant généreuse (2h05), ne pèse jamais vraiment : un ventre mou de quinze minutes tout au plus, et l’on repart, sourire de gosse greffé au visage. Quant à l’interdiction aux moins de 18 ans : on la comprend, tant ça hache du bambin ou ça dynamite du poupon, hors champ ou non, dans un feu d’artifice de cruauté et de fun sardoniquement assumé.
Si l’ancienne génération décroche, c’est peut-être qu’elle est désormais trop vieille pour ces conneries. Moi ? J’en redemande.
Bruno
24–25.01.25
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