Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Peter Berg. 2024. U.S. A. 6 épisodes. Avec Taylor Kitsch Betty Gilpin, Dane DeHaan, Saura Lightfoot-Leon, Derek Hinkey, Joe Tippett, Jai Courtney.
FILMOGRAPHIE: Peter Berg est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 11 mars 1964 à New York. 1998 : Very Bad Things. 2003 : Bienvenue dans la Jungle (The Rundown). 2004 : Friday Night Lights. 2007 : Le Royaume (The Kingdom). 2008 : Hancock. 2012 : Battleship. 2013 : Du sang et des larmes (Lone Survivor). 2016 : Deepwater (Deepwater Horizon). 2016 : Traque à Boston. Patriots Day). 2018 : 22 Miles (Mile 22). 2020 : Spenser Confidential.
Coup de ❤
Retraçant avec un réalisme désaturé aussi cru que poisseux (proche de la série Deadwood alors que d'autres évoqueront également The Revenant) les évènements dramatiques ayant réellement sévi durant la guerre de l'Utah entre les Etats-Unis et l'Etat du Deseret (dirigé par des mormons - disciples religieux -), "A l'Aube de l'Amérique" est une claque émotionnelle (autant que visuelle, mais attention les yeux !) élevant le genre westernien vers des horizons rarement exploitées à l'écran.
Si bien qu'ici, à travers deux points de vue féministes en initiation de survie (épaulé en filigrane de seconds-rôles masculins anti manichéens dans leur autonomie punitive), c'est une véritable aux enfers qu'on nous relate à travers le cadre oh combien hostile car si rêche et sauvage de montagnes enneigées suintant la mort, la pourriture, la désolation, la puanteur au fil d'un chemin de croix aussi fourbu que désespéré.
Les acteurs striés, transis de viscéralité dans leur fonction martyr, rendant hommage à ces belligérants apatrides avec une force expressive littéralement dépouillée.
Et si la violence, omniprésente, ne cesse de nous martyriser l'ouïe, l'esprit, les mirettes, de par sa brutalité tranchée où n'importe quidam peut trépasser, "A l'aube de l'Amérique" ne fait que suivre sa ligne de conduite historique d'y retranscrire avec un réalisme souvent intolérable les exactions d'une religion mégalo délibérée à se débarrasser de tous témoins gênants pour mieux régir leur société sectaire.
Transpirant la sueur, le sang, la maladie, l'insalubrité, la fatigue, les protagonistes de cet interminable périple s'apparente donc à un glaçant cauchemar sur pellicule que Peter Berg met en exergue avec une âpreté rarement abordée dans l'univers du Western. Les cowboys et amérindiens demeurant ici des guerriers primaux souvent esseulés puisque incapables de compter sur leur prochain faute de leur commune idéologie colonialiste.
Pour autant, loin de se complaire dans cette sauvagerie putassière néanmoins en roue libre (avec une louche de menace consanguine de souche française !), "A l'aube de l'Amérique" n'omet jamais la dimension humaine de ses personnages à bout de souffle (tout en les laissant respirer lors de rares accalmies). Tout du moins auprès de ceux et celles qui se rattachent à la dignité familiale dans une rage de vaincre, une détermination morale forçant le respect.
Sachant notamment que Peter Berg, jusqu'au-boutiste dans un rictus diablotin, n'hésite jamais à sacrifier l'innocence sous l'impulsion d'une déchirante acuité dramatique que l'on peine à digérer sitôt le générique clos.
Quand bien même sa partition, si délicate et fragile car inscrite dans la réserve et la pudeur finit par nous achever dans notre état d'impuissance et d'isolement inconsolables.
Conclusion:
"A l'aube de l'Amérique" restera pour moi une expérience humaine d'une rigueur morale inextinguible à travers son fait historique chargé de sadisme, de larmes, d'essoufflement et de férocité.
*Bruno
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