mardi 9 décembre 2014

FURY

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site ropeofsilicon.com

de David Ayer. 2014. Chine/U.S.A. 2h14. Avec Brad Pitt, Shia LaBeouf, Logan Lerman, Michael Pena, Jon Bernthal, Jim Parrack, Brad William He.

Sortie salles France: 22 Octobre 2014. U.S: 17 Octobre 2014

FILMOGRAPHIE: David Ayer est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 18 Janvier 1968 à Champaign, Etats-Unis. 
2005: Bad Times. 2008: Au bout de la nuit. 2012: End of Watch. 2014: Sabotage. 2014: Fury


Pendant la seconde guerre mondiale, les tanks américains étaient moins bien armés et blindés que les tanks allemands. Les tanks américains ont subi des pertes dévastatrices face à des véhicules bien supérieurs. 
Nous sommes en Avril 1945. Les alliés se battent au coeur de l'Allemagne nazie et rencontrent la résistance la plus fanatique. Désespéré, Hitler déclare la guerre totale et mobilise chaque homme, femme et enfant... 

Réquisitoire contre l'absurdité et la barbarie de la guerre, Fury nous narre l'équipée héroïque d'une escouade de soldats américains combattant l'ennemi sur le sol allemand à bord d'un char d'assaut. Dirigé par le sergent Don Collier, ils vont devoir user de bravoure, constance et subterfuge pour remporter des missions à haut risque jusqu'à l'ultime point de non retour. Sous couvert de ses actions homériques illustrées de manière poisseuse dans le surréalisme d'une atmosphère mortifère (chant religieux à l'appui intoné de manière gutturale !), David Ayer retransmet avec une rare puissance psychologique l'anxiété de la mort lorsque des soldats US sont incessamment confrontés à bombarder les nazis ou de riposter sans sommation avant leur ultime baroud d'honneur. 


Parmi cette division américaine, une jeune recrue n'ayant jamais participé au front observe avec impuissance et répulsion les charniers de cadavres déchiquetés ou putréfiés avant d'apprendre à tuer sous l'allégeance de son mentor, Don Collier. Ce qui donne lieu à des séquences éprouvantes lorsque ce dernier va par exemple lui ordonner d'exécuter lâchement un prisonnier allemand d'une balle dans le dos. Outre l'impact funeste de sa scénographie belliqueuse à la reconstitution historique criante de vérité, David Ayer ne sombre pas dans la complaisance pour dénoncer la barbarie de l'homme endoctriné à tuer au nom de sa survie ! En dépit de son ultra violence parfois rigoureuse mais néanmoins concise, Fury dégage surtout une atmosphère désespérée de décrépitude au travers de sa nature crépusculaire proprement cauchemardesque, et par le biais du comportement frigide de tirailleurs assoiffés de haine et de rancoeur. De manière subtile et sans effet de racolage, nous nous portons témoins de leur dégénérescence morale où la part du bien et du mal n'a plus lieu de signification et avant de mesurer l'étendue de leur épuisement après avoir à nouveau massacré l'ennemi lors d'une stratégie de défense suicidaire. Afin de mettre en relief l'absurdité de leur guerre et leur crainte innée de trépasser au moment le plus impromptu, la dernière partie nous déploie un morceau de bravoure d'une éprouvante intensité dramatique quand à la destinée précaire de ces 5 héros gagnés par l'honneur du sacrifice ! Avec leur gueule burinée suintant la sueur, les larmes et la poussière, les comédiens s'avèrent communément épatants de vérité déshumanisée dans leur condition meurtrie de machines à tuer. Outre la performance viscérale d'un Brad Pitt hanté par la désillusion et la corruption, ainsi que la prestance austère d'un Shia LaBeouf encore plus affligé dans sa conscience commotionnée, on saluera notamment l'interprétation du jeune Logan Lerman (le Monde de Charlie), étonnant dans la peau d'un bleu couard en pleine propagande meurtrière ! 


Cauchemardesque et ténébreux par l'aura de son onirisme macabre, brutal, désespéré et sans compromis (la séquence du repas s'avère subtilement tendue lors du comportement machiste de soldats brimant l'hospitalité de deux otages allemandes !), Fury est une épreuve de force jusqu'au-boutiste, le requiem d'une croisade méprisable parmi le portrait vérité de cinq (anti)héros condamnés à se racheter dans une idéologie sacrificielle ! Un gros morceau de cinéma encore plus tragique et évocateur qu'un certain soldat Ryan. 

Bruno Matéï

    lundi 8 décembre 2014

    LA MERDITUDE DES CHOSES (De helaasheid der dingen)

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Felix van Groeningen. 2009. Belgique/Hollande. 1h48. Avec Kenneth Vanbaeden, Koen de Graeve, Johan Heldenbergh, Valentijn Dhaenens, Wouter Hendrickx, Gilda De Bal, Bert Haelvoet.

    Sortie salles France: 30 Décembre 2009. Belgique: 7 Octobre 2009

    RécompensesAmphore d'or au Festival de Quend du film grolandais, 2009. 
    Prix Art et Essai de la CICAE, Festival de Cannes, 2009. 
    Meilleur Film, Meilleur Scénario, Meilleur Acteur, Meilleur Acteur de second rôle, Meilleur Espoir, Prix du Public au Prix du Cinéma Flamand, 2010. 
    Coup de coeur du Jury Lycéen, Festival Les Enfants du Cinéma (Ardennes), 2011. 

    FILMOGRAPHIE: Felix van Groeningen est un réalisateur belge flamand, né à Gand en 1977.
    2000: 50CC. 2004: Steve + Sky. 2007: Dagen zonder lief (des jours sans amour). 2009: La Merditude des Choses. 2012: The Broken Circle Breakdown


    Déjà responsable de l'électro-choc Alabama Monroe, récompensé en 2014 de l'Oscar du Meilleur Film EtrangerFelix van Groeningen avait déjà montré ses preuves de cinéaste talentueux trois ans au préalable avec La Merditude des choses. Un drame social plutôt glauque dans la peinture marginale adressée à une famille de chômeurs englués dans l'ennui et l'alcool. Le jeune Gunther Strobbe tente de se faire une place au sein de sa famille, entre les beuveries de son père et de ses oncles quotidiennement fourrés dans les bars, et parmi le témoignage impuissant de sa grand-mère. Comment cristalliser alors une adolescence équilibrée et cultivée dans un environnement aussi malsain où les hystéries collectives, les violences verbales et physiques, les grossièretés et les états d'ébriété font partie de son morne quotidien ? 


    Alternant tranches de vie du passé et du présent, La Merditude des Choses évoque avec un réalisme cru, pour ne pas dire jusqu'au-boutiste, l'itinéraire incertain d'un adolescent paumé co-existant dans une cellule familiale en déliquescence sociale. Outre la structure avisée du récit prenant soin de décrire les états d'âme fragilisés du jeune Gunther et de brosser le caractère besogneux de chacun des parents, l'intensité qui s'y dégage émane de leurs comportements erratiques à s'y brûler les ailes. Époustouflants de naturel avec leur trogne tuméfiée et leur dégaine ventripotente, les comédiens s'avèrent incroyablement expressifs pour insuffler un humanisme en perdition, entre sentiments de révolte et d'impuissance. Car victimes de leur condition rétrograde et d'une sévère accoutumance à l'alcool, c'est avec la fierté de leur patronyme qu'ils décident de survivre dans une solidarité inconsciente de débauche. Au milieu de ces machistes incultes se vautrant dans la médiocrité, Gunther (Kenneth Vanbaeden s'avère touchant d'innocence et de naïveté dans sa condition infantile) observe leurs effronteries grossières, entre rire amusé, sourire gêné et lassitude grandissante. Victime de désaffection et de déconsidération, notamment envers le corps scolaire, mais épris d'un regain de conscience, c'est avec le soutien de sa grand-mère et d'une assistante sociale qu'il va tenter de modifier son parcours pédagogique afin de concrétiser une destinée plus optimiste. Advenu à son tour adulte quelques années plus tard pour devenir un potentiel écrivain et papa d'un enfant, aura-t'il la maturité responsable de faire face au statut paternel et aura t-il la constance professionnelle de parvenir à son rêve ? En brassant les thèmes de l'exclusion, de l'immaturité, du chômage, des ravages de l'alcool, de l'influence de l'entourage et de la démission parentale, Felix van Groeningen nous ausculte un drame social d'une incroyable verdeur dans la peinture de ces laissés-pour-compte auquel l'émotion poignante et rigoureuse vient nous alpaguer de manière aléatoire. 


    Dur, cruel, poignant, bouleversant, La Merditude des Choses s'avère aussi dérangeant qu'éprouvant lorsqu'il nous retranscrit avec gravité et tendresse la quotidienneté d'une famille déshéritée dans les bas-fonds d'un village flamand. Sans misérabilisme et avec souci de vérité, Felix van Groeningen pose la question essentielle de la responsabilité parentale tout en évoquant les conséquences de la postérité d'un enfant ayant évolué dans un milieu familial aussi dépravé. Ode à l'espoir, au courage à l'amour et à la persévérance, un film coup de poing d'une intensité émotionnelle névralgique !

    La critique d'Alabama Monroe: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/01/alabama-monroe-broken-circle-breakdown.html

    Remerciement à Dany Dumont et Jennifer Winter
    Bruno Matéï

    vendredi 5 décembre 2014

    Massacre à la Tronçonneuse / The Texas Chainsaw Massacre. Prix de la Critique, Avoriaz 76

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Silverferox.

    de Tobe Hooper. 1974. U.S.A. 1h23. Avec Marilyn Burns, Paul A. Partain, Allen Danziger, William Vail, Teri McMinn, Edwin Neal, Jim Siedow, Gunnar Hansen.

    Récompense: Prix de la Critique au Festival d'Avoriaz, 1976

    Sortie salles France: 5 Mai 1982. VHS: 1979.

    FILMOGRAPHIE: Tobe Hooper est un réalisateur américain né le 25 Janvier 1943 à Austin (Texas). 1969: Eggshells, 1974: Massacre à la Tronçonneuse, 1977: Le Crocodile de la Mort, 1979: The Dark (non crédité), 1981: Massacre dans le Train Fantôme, 1982: Poltergeist, 1985: Lifeforce, 1986: l'Invasion vient de Mars, Massacre à la Tronçonneuse 2, 1990: Spontaneous Combustion, 1993: Night Terrors, 1995: The Manglers, 2000: Crocodile, 2004: Toolbox Murders, 2005: Mortuary, 2011: Roadmaster.


    Mastodonte de l'horreur poisseuse, épreuve de force traumatisante discréditée par la critique bien pensante dès sa sortie du fait de l'intensité de son extrême violence, de son réalisme aride et de son caractère faussement sanglant, Massacre à la Tronçonneuse essuya de sérieux problèmes avec les censures du monde entier malgré son Prix de la Critique décerné à Avoriaz. Alors qu'aujourd'hui tout le monde s'est réconcilié pour reconnaître la virtuosité de son auteur, l'influence qu'il a pu générer chez de jeunes réalisateurs et l'impact émotionnel qu'il eut occasionné chez des générations de spectateurs, Tobe Hooper est aujourd'hui accueilli en grande pompe sur le tapis rouge de Cannes ! Ainsi, partant d'un pitch trivial à la limite de la série Z (5 jeunes amis sillonnent la campagne Texan pour rejoindre la demeure familiale de l'un d'eux, quand bien même une famille de rednecks psychopathes s'empressera de les trucider !), le jeune Tobe Hooper réussit à en tirer un modèle d'efficacité où les nerfs du spectateurs seront mis à rude épreuve 1h23 durant ! Et ce dès le générique rubigineux où des flashs d'appareils photos impriment en gros plan des membres de cadavres putréfiés ! Le plan suivant dévoilant ensuite la découverte baroque de deux cadavres en position de totem demeure une transition afin de nous signaler explicitement qu'il s'agissait d'un viol de sépulture ! Enfin, la séquence dérangeante de l'auto-stoppeur établit clairement les bases d'une "démence humaine" lorsque cet ancien boucher détaillera aux touristes sa méthode artisanale de l'abattage des boeufs avant de se saigner sciemment la main au canif et blesser le bras de Franklyn, l'impotent. 


    Avec souci du détail crapoteux (la caméra s'attardant par exemple sur une nuée d'insectes réfugiés au coin d'un plafond ou sur la trouvaille d'une dent humaine que l'un des protagonistes ramassera au sol) et effet lattent du suspense, la première partie est une montée en puissance de l'angoisse lorsque nos jeunes amis vont scruter les lieux de deux demeures insalubres avant de se confronter au monstre le plus aberrant de l'histoire criminelle : Leatherface ! Ainsi, dès que nos protagonistes prennent pas sur la campagne isolée des habitations, un sentiment tangible d'insécurité s'y fait ressentir par le biais d'une bande-son dissonante aussi hybride qu'inventive ! Tobe Hooper jouant également avec la suggestion d'une atmosphère solaire irrespirable, rehaussée d'une photo criarde granuleuse, puis d'un décorum insalubre où l'odeur de cadavres, la présence d'ossements animaliers et humains, la vue du sang séché incommodent le spectateur éminemment malmené. La seconde partie, la plus éprouvante et cauchemardesque, constitue un chemin de croix de torture morale, une étude scrupuleuse de la folie paroxystique (gros plans à l'appui sur les yeux révulsés d'une martyr !), un crescendo de l'effroi lorsque Sally Hardesty empruntera le parcours du combattant pour sauver sa peau d'une famille dysfonctionnelle de bouchers cannibales ! Outre l'ingéniosité de sa bande-son stridente accentuant les crises d'hystérie collective, la course-poursuite culmine vers un délirant repas familial aussi cartoonesque qu'insoutenable. A l'instar du rituel du marteau invoqué à la victime suppliciée où l'intensité des coups s'avère si crucial qu'elle nous provoque sentiment d'impuissance et de malaise sensitif !


    L'horreur est humaine.
    Tableau schizo de l'Amérique profonde, métaphore sur l'exclusion, le chaos et la désillusion, descente aux enfers vers la folie la plus désaxée, diatribe sociale sur la précarité, l'éviction, l'ignorance, incitant au crime et à la dépravation, Massacre à la Tronçonneuse se décline en acmé de l'horreur inhumaine de par sa terreur viscérale et son réalisme studieux hérité du reportage. Un bad trip expérimental à la limite du cartoon vitriolé où Tex Avery s'y serait égaré par mégarde, (à regret !). Outre sa puissance visuelle et auditive alternant suggestion oppressante et éclairs de brutalité malsaine, on peut autant encenser le jeu viscéral d'une scream girl transie de démence, notre regrettée Marilyn Burns !

    La Chronique de Massacre à la Tronçonneuse 2: http://brunomatei.blogspot.fr/…/massacre-la-tronconneuse-2.…
    La Chronique du remake Massacre à la Tronçonneuse: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/04/massacre-la-tronconneuse-2003-texas.html

    Bruno Matéï
    5è X.  

    jeudi 4 décembre 2014

    TERMINATOR RENAISSANCE (Terminator Salvation)

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site lunkiandsika.wordpress.com

    de McG. 2009. U.S.A. 1h57 (Director's Cut). Avec Christian Bale, Sam Worthington, Bryce Dallas Howard, Roland Kickinger, Common, Anton Yelchin, Moon Bloodgood, Helena Bonham Carter.

    Sortie salles France: 3 Juin 2009. U.S: 21 Mai 2009

    FILMOGRAPHIE: McG (Joseph McGinty Nichol) est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 2000: Charlie et ses drôles de dames. 2003: Charlie's Angels 2: les anges se déchaînent. 2005: We are Marshall. 2009: Terminator Renaissance. 2012: Target. 2014: 3 Days to Kill.


    Repéré avec deux adaptations d'une série TV culte des années 70 (Drôles de Dames), McG est enrôlé en 2007 pour relancer la nouvelle franchise de Terminator dont l'action se situera cette fois-ci dans le futur d'un Los-Angeles post-apo. C'est donc un film de guerre destroy que nous façonne le cinéaste avec l'esthétisme crépusculaire d'une photo désaturée et un sens épique souvent impressionnant dans son lot de bravoures explosives. Que ce soit au niveau des poursuites motorisés, en hélicoptère, en vaisseaux high-tech ou en camion, ou encore celles des offensives belliqueuses manoeuvrées secrètement entre l'homme et la machine, Terminator Renaissance privilégie l'actionner bourrin avec l'efficacité d'un script haletant émaillé d'idées intéressantes. A l'instar de l'identité suspicieuse de Marcus Wright, ancien condamné à mort voué à une résurrection hybride dans le futur de 2018, à l'exemple de la stratégie de défense employée avec une arme capable de paralyser les machines, ou encore au niveau de la démesure des différents prototypes de robots se déplaçant sur moto, sous l'eau ou en vaisseau afin de mieux riposter. 


    En dépit d'un manque d'intensité dans les enjeux humains accordés entre John Connor, Kyle Resse et Marcus Wright, le trio réussit tout de même à insuffler une certaine densité dans leur conflit de divergence et leur cohésion héroïque avant de suspecter la condition de l'un d'eux réduit à l'état d'homme-machine. C'est là l'élément le plus intéressant de cette réactualisation du mythe de Frankenstein lorsque le monstre se révoltait contre son créateur de lui avoir violé sa propre identité. Le réalisateur insistant sur la prise de conscience humaine d'un homme d'acier délibéré à déjouer les ambitions immorales de ces créateurs. Une diatribe contre la dictature militaire est également survolée lorsque le général Ashdon s'évertue à donner l'assaut de ces troupes au sein de l'entreprise de Skynet malgré l'enjeu humanitaire de résistants retenus prisonniers à l'intérieur. Afin de retenir l'intérêt, et en dépit de ces séquences homériques décapantes qui empiètent régulièrement le récit, deux facteurs majeurs sont donc alloués à la résistance de nos héros et à la survie de l'humanité ! Retrouver en vie Kyle Reese (le futur père de John Connor !) retenu prisonnier chez Skynet, et détruire ce gigantesque ordinateur responsable de la hiérarchie des machines à tuer. 


    En dépit d'un final assez prévisible au sentiment de déjà vu, du manque d'intensité dramatique (exit l'univers dystopique sombre et désespéré entraperçu dans les 2 premiers volets !) et du défaut d'aplomb dans la réalisation, Terminator renaissance ne manque pas de trouvailles, de souffle épique et d'esthétisme cendré (décors décharnés à l'appui !) pour crédibiliser un univers post-apo régi par les robots. S'il est loin de rivaliser avec la réussite des 2 premiers opus, il n'en demeure pas moins un spectacle ultra spectaculaire épaulé des prestances viriles de Christian Bale et Sam Worthington

    Bruno Matéï
    2èx

    mercredi 3 décembre 2014

    LE DERNIER DES MOHICANS (The Last of the Mohicans)

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site lecritiqueurfou.blogspot.com

    de Michael Mann. 1992. U.S.A. 1h52. Avec Daniel Day-Lewis, Madeleine Stowe, Russell Means, Eric Schweig, Jodhi May, Steven Waddington, Wesley Studi, Maurice Roëves, Patrice Chéreau.

    Sortie salles France: 26 Août 1992. U.S: 25 Septembre 1992

    FILMOGRAPHIE
    : Michael Kenneth Mann est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 5 Février 1943 à Chicago.
    1979: Comme un Homme Libre, 1981: Le Solitaire, 1983: La Forteresse Noire, 1986: Le Sixième Sens, 1989: LA Takedown, 1992: Le Dernier des Mohicans, 1995: Heat, 1999: Révélations, 2001: Ali, 2004: Collatéral, 2006: Miami Vice, 2009: Public Enemies. 2015: Hacker.


    Les colonies américaines. Troisième année de guerre entre l'Angleterre et la France pour la possession du continent. Trois hommes, les derniers d'un peuple en extinction, sont sur la frontière ouest de la rivière Hudson. 

    Neuvième adaptation du roman de James Fenimore Cooper, le Dernier des Mohicans relate la guerre de la conquête française sur le sol américain en 1757. Epaulé des Hurons, ils s'engagèrent dans une bataille sans merci contre l'armée britannique, eux même soutenus par les Mohicans. Le récit se concentre ensuite sur l'héroïsme de trois Mohawks venus sauver d'une embuscade l'officier anglais Duncan Heyward et les soeurs, Cora et Alice Munro. Impliqués indirectement dans leur conflit, ils vont tenter d'influencer le colonel britannique Munro de plier bagage d'un fort avant l'offensive attendue des français. 


    C'est donc une lutte sans merci pour le pouvoir que nous illustre Michael Mann avec un souffle épique impressionnant. Que ce soit pour la beauté des vallées montagneuses ornées de cascades ou des batailles rangées coordonnées de jour comme de nuit par des armées orgueilleuses, le Dernier des Mohicans transpire la fureur belliqueuse avant de faire appel au romantisme lorsque Nathanael finit par succomber au charme de Cora. Avec une pudeur inscrite dans la noblesse des sentiments, Michael Mann dresse en parallèle le portrait de ce couple en étreinte impliqué au milieu d'un conflit historique qui les dépassent. Par l'aspect sanglant des diverses batailles homériques, on est aussi frappé par la brutalité des affrontements physiques, les Hurons s'acharnant sauvagement sur leurs victimes à coups de hache pour les éventrer, leur arracher le coeur ou les scalper. Par son réalisme acéré, cette barbarie reflète sans complaisance l'inhumanité de la guerre au sein d'une époque colonialiste ancrée dans le conservatisme où le plus couard n'hésitait pas à feindre et trahir son allié pour parvenir à la victoire. Mais le Dernier des Mohicans, c'est aussi une leçon de sagesse, de pacifisme et de tolérance, un sens de l'honneur, de la justice et du sacrifice établis par trois Mohawks afin d'apaiser les tensions. A l'instar de leur compromis partagé avec l'armée anglaise ou de leur stratégie de défense invoquée en dernier ressort pour épargner de la mort trois otages. Ce qui nous converge à un final anthologique d'une intensité dramatique éprouvante et d'un lyrisme bouleversant pour la destinée de ces survivants séparés par la partialité ! 


    Dominé par le charisme viril de comédiens insufflant sentiments de bravoure, de loyauté et de dignité, et scandé par l'exaltante partition de Trevor Jones et Randy Edelman, Le Dernier des Mohicans réanime le souffle épique, la candeur romanesque des plus grands récits d'aventures inscrits dans le lyrisme et la fougue des sentiments. Grâce à la virtuosité de la mise en scène, son réalisme historique nous immerge dans ces rivalités étrangères avec fureur et passion pour dénoncer l'orgueil du colonialisme et l'inanité de la guerre dans sa barbarie, son injustice et ses trahisons. Un grand moment de cinéma émaillé de séquences vertigineuses, à l'instar du duo incandescent Daniel Day-Lewis/Madeleine Stowe.

    Bruno Matéï
    3èx

    mardi 2 décembre 2014

    MISERY. Oscar de la Meilleure Actrice, Kathy Bates, 1991.

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site flickfacts.com

    de Rob Reiner. 1990. U.S.A. 1h47. Avec James Caan, Kathy Bates, Lauren Bacall, Frances Sternhagen, Richard Farnsworth, Graham Jarvis.

    Sortie salles France: 13 Février 1991. U.S: 30 Novembre 1990

    Récompenses: Oscar de la meilleur Actrice pour Kathy Bates, 1991
    Golden Globe de la meilleure Actrice pour Kathy Bates, 1991

    FILMOGRAPHIE: Rob Reiner est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 6 Mars 1947 dans le Bronx à New-York.
    1984: Spinal Tap. 1985: Garçon choc pour nana chic. 1986: Stand by me. 1987: Princess Bride. 1989: Quand Harry rencontre Sally. 1990: Misery. 1992: Des Hommes d'honneur. 1994: L'Irrésistible North. 1995: Le Président et Miss Wade. 1996: Les Fantômes du passé. 1999: Une vie à deux. 2003: Alex et Emma. 2005: La Rumeur court... 2007: Sans plus attendre. 2010: Flipped. 2012: Un Eté magique. 2014: And so it goes.


    Démarche inopinée que celle du réalisateur de Stand by me, Princess bride et Quand Harry rencontre Sally de porter à l'écran un suspense horrifique initié par le maître Stephen King. C'est d'ailleurs la seconde fois que Rob Reiner adapte l'un de ses écrits avec le même succès commercial et critique. Régi en mode huis-clos réfrigérant, Misery nous confine à l'intérieur d'un chalet isolé pour nous scander la confrontation au sommet d'un éminent écrivain réduit à la paralysie et d'une fan hystérique avide d'évasion romantique. A travers le portrait de cette quadra solitaire férue de passion pour les histoires de Paul Sheldon, l'intrigue met en exergue le revers de médaille de la célébrité du point de vue de son auteur et surtout le rapport fanatique d'une frange de lecteurs incapables de distinguer la part de fiction et de réalité lorsqu'ils sont obnubilés par l'intensité d'un récit plus vrai que nature. Jusqu'où peut donc mener l'emprise de la passion, l'influence du bouquin, l'addiction des suites à succès chez les êtres susceptibles réduits au spleen de leur solitude ?


    Si Misery se prend un finaud plaisir à élaborer un suspense psychologique aussi haletant que sardonique dans ces instants d'humour nerveux, il le doit beaucoup au tandem formé par le couple maudit, James Caan et Kathy Bates. Paralysé depuis son accident de voiture dans un ravin enneigé et toujours plus molesté par sa tortionnaire exigeante, l'acteur exprime avec retenue ses sentiments d'impuissance dans une hypocrisie affable afin d'amadouer sa dominatrice et avant une démarche progressive de stratagèmes de défense. Rob Reiner nous infligeant des moments de suspense tendu lorsqu'il essaie à plusieurs reprises de s'échapper de sa chambre, ou des instants horrifiques d'un réalisme rigoureux lorsqu'il en est sévèrement châtié (personne ne peut oublier l'épisode brutal des pieds broyés par une massue !). Quand à l'ultime confrontation paroxystique, nos nerfs sont mis à rude épreuve lorsque Paul essaie dans une posture précaire de se débattre contre la violence démentielle de sa tortionnaire  ! Pourvue d'une stature corpulente et douée d'un charme attendrissant dans son regard pétillant, Kathy Bates insuffle une présence subtilement perfide dans sa perversité goguenarde à vouloir dompter son otage pour le caprice d'un roman à suites à l'épilogue inconsolable ! Ses crises d'hystérie inattendues et ses éclairs de violence laissant également transparaître la névrose d'une dangereuse sociopathe déjà responsable d'un sordide passé ! La densité cruelle de Misery résulte donc dans ce rapport dysfonctionnel établi entre la victime et le bourreau contraints de cohabiter ensemble pour satisfaire le contentement de cette lectrice irrationnelle avide de romance et de reconnaissance !


    Jouissif dans le mécanisme infaillible de son suspense charpenté et éprouvant dans le calvaire cruel imposé à l'écrivain démuni, Misery distille une angoisse sous-jacente et redouble l'efficacité des affrontements psychologiques autour d'un survival subtilement affolant.  

    Bruno Matéï
    3èx

    lundi 1 décembre 2014

    Sunshine

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Danny Boyle. 2007. Angleterre. 1h47. Avec Cillian Murphy, Chris Evans, Rose Byrne, Michelle Yeoh, Cliff Curtis, Troy Garity, Hiroyuki Sanada.

    Sortie salles France: 11 Avril 2007. Angleterre: 6 Avril 2007

    FILMOGRAPHIE: Danny Boyle est un réalisateur Britannique, né le 20 Octobre 1946 à Manchester.
    1994: Petits Meurtres entre amis. 1996: Trainspotting. 1997: Une Vie moins Ordinaire. 2000: La Plage. 2002: 28 Jours plus tard. 2004: Millions. 2007: Sunshine. 2008: Slumdog Millionaire. 2010: 127 Hours. 2013: Trance.


    Echec commercial lors de sa sortie, Sunshine bénéficie pourtant d'un spectacle vertigineux régi autour du système solaire lorsque huit astronautes vont tenter de ranimer le soleil à l'aide d'une bombe nucléaire. Or, leur mission va être compromise par un concours de circonstances infortunées. Qu'en sera t-il du devenir de l'humanité ? Si le pitch peut prêter à sourire de par l'aspect fantaisiste d'une telle mission comparable à celle du blockbuster (indigeste) Armageddon, Sunshine élude toute forme de racolage, aussi spectaculaire qu'il soit, pour se focaliser sur l'attitude démunie de ses astronautes en quête existentielle. Et pour une première incursion dans la science-fiction, Danny Boyle s'en sort donc avec les honneurs de nous avoir conçu cette splendide série B (de luxe) riche en rebondissements et rehaussée d'un esthétisme fulgurant au sein de sa scénographie spatiale plus vraie que nature. J'ose même avouer que le réalisme imparti aux décors industriels ou à ceux des vaisseaux spatiaux voguant à proximité de l'immense soleil anticipe le tour de force technique démontré dans le novateur Gravity ! Odyssée de l'espace à la dimension humaine rude quand une poignée de héros vont mesurer leur sens du courage, de loyauté et du sacrifice, Sunshine nous conte leur épreuve de force dans un univers stellaire d'où plane l'ombre d'une divinité malfaisante. 


    Confrontés aux dilemmes moraux, aux incidents techniques, aux conflits de virilité puis à la découverte surprise d'un saboteur inconnu, leur espoir de sauver l'humanité s'avère toujours compromise par un concours d'évènements impondérables. Réalisé avec souci de réalisme (euphémsime), à l'instar de l'incroyable beauté de ces effets-spéciaux numériques, Sunshine possède l'atout de filmer l'espace comme si vous y étiez ! Qui plus est, à l'aide d'une intrigue pessimiste où l'avenir de notre humanité est à deux doigts de se volatiliser, les séquences d'action qui s'y interposent sont tributaires du cheminement aussi héroïque que suicidaire des protagonistes à bout de course. Il s'avère donc que, outre sa dramaturgie imposée durant ce cheminement périlleux où les pertes humaines affluent, le film distille une intensité haletante quant à la survie de ces astronautes confrontés à leur curiosité de percer les origines de la vie et à affronter les risques inconsidérés. Quand au final onirique scandé du thème élégiaque de John Murphy et Underworld, il laisse percer l'émotion Spoil ! parmi le témoignage de ces ultimes survivants et d'une famille contemplant de la terre la résultante de leur mission de dernier ressort Fin du Spoil


    Hymne à l'immensité de l'espace et à ses secrets impénétrables, ode à la bravoure de ces astronautes suicidaires pourvus d'une digne humanité, Sunshine renouvelle l'expédition spatiale avec l'indéniable efficacité d'un script imprévisible épaulé d'une réalisation littéralement formelle (on en prend plein la vue sans interruption possible). Du grand space opera naturaliste qui fera date. 

    * Bruno
    29.07.22. 
    25.03.24. 4èx. Vostfr