de Ryan Coogler. 2013. U.S.A. 1h29. Avec Michael B. Jordan, Melonie Diaz, Octavia Spencer, Kevin Durand, Chad Michael Murray.
Sortie salles France: 1er Janvier 2014
Récompenses: Grand Prix du Jury, Prix du Public, Sundance 2013
Prix de la révélation Cartier pour Ryan Coogler, Prix du Public à Deauville
Prix de l'avenir, un certain regard, Cannes 2013
National Board of Review Awards 2013: Meilleure Actrice pour Octavia Spencer
Meilleure révélation masculine pour Michael B. Jordan
Meilleur premier film pour Ryan Coogler
New-York Film Critics Circle Awards 2013: Meilleur premier film pour Ryan Coogler.
Africain-American Film Critics Association Awards 2013: Meilleur film indépendant.
FILMOGRAPHIE: Ryan Coogler est un réalisateur et scénariste américain, né le 23 Mai 1986 à Oakland, Californie.
2013: Fruitvale Station. Prochainement: Creed
Auréolé du Grand prix du Jury à Sundance 2013, Fruitvale Station est la reconstitution d'un fait-divers tragique survenu le 1er Janvier 2009 dans la station de métro Fruitvale à San Francisco. Auparavant, le film relate avec souci de vérité proche du documentaire la journée d'Oscar qui a précédé son arrestation musclée. Jeune black de 22 ans, ancien taulard condamné pour deal de came, Oscar est aujourd'hui père d'une petite fille et partage sa vie avec Sophina dans l'espoir d'une réinsertion sociale. Confronté au chômage, il tente de récupérer son job de vendeur dans un supermarché contre la réticence de son ancien patron. Livré à sa solitude et son désarroi (à l'instar de son appel à l'aide pour porter secours à un chien renversé par une voiture en fuite !), il décide de revendre un peu de came aux junkies du coin avant de se raviser.
Avec réalisme intimiste, Ryan Coogler tient à mettre en exergue l'errance quotidienne d'un ancien délinquant tributaire de ses pulsions irascibles mais néanmoins rattaché à sa valeur paternelle et à l'amour conjugal. Son réconfort et son soutien, il les retrouvent notamment auprès de ses grands-parents et d'une maman autoritaire. Durant une heure, le réalisateur insiste à décrire avec pudeur ces liens familiaux qui unifient Oscar afin d'afficher son caractère humaniste et l'environnement équilibré auquel il appartient. Avec l'impact saisissant d'une authentique vidéo d'archive préalablement apposée en prologue, on imagine le drame inéluctable qui se dessine lentement autour du personnage lorsqu'il décide d'emprunter le métro avec Sophina et quelques amies pour célébrer un feu d'artifice. Durant son déplacement urbain, une certaine tension sous jacente nous accapare au fil des bavardages amicaux entretenus avec ces amis et des inconnus du compartiment. Jusqu'à la confrontation inopinément brutale qui basculera le destin d'Oscar dans la tragédie accidentelle. Cette dernière demi-heure, d'une grande puissance émotionnelle, nous confine dans un malaise au bord de l'asphyxie. Le réalisme acerbe qui découle de l'altercation avec les délinquants éméchés et de l'opposition policière qui s'ensuit nous saisit à la gorge jusqu'au drame impardonnable. Sans pathos ni apitoiement, le réalisateur rend hommage à la victime avec une pudeur humaniste bouleversante tout en dénonçant froidement l'autorité zélée de flics avides d'oppression !
A la modestie humaine préservée dans sa première heure se succède une violence aussi soudaine
qu'incontrôlée pour retransmettre sans répit la banalité du fait-divers dramatique. A partir de cet incident majeur où la haine raciale n'est pas pointée du doigt, Fruitvale Station délivre le portrait déchirant d'un ancien délinquant qui ne demandait qu'à cristalliser ses nouveaux espoirs. Son témoignage se porte notamment en étendard pour la communauté noire régulièrement stigmatisée par le motif quelconque d'une police intransigeante. Un électro-choc dont il est difficile d'en sortir indemne.
25.12.13
Bruno Matéï