mercredi 2 mars 2011

Le Monstre Attaque / Alien 2 - Sulla Terra / Alien Terror / Alien On Earth

                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site ultimomundosalvaje.blogspot.com

de Ciro Ippolito. 1980. Italie. 1h25. Avec Belinda Mayne, Mark Bodin, Robert Barrese, Michele Soavi, Benny Aldrich, Judy Perrin.

BIOCiro Ippolito (né à Naples, Italie, le 27.01.1947) est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur responsable de 8 longs-métrages réalisés entre 1974 et 2004. Le monstre attaque est son second film produit, écrit et réalisé sous le pseudonyme de Sam Cromwell.


The Descent 0.
Créature, Inseminoid, Contamination, Alien la créature des abysses, l'invasion des cocons, Creepozoids... Une poignée de fleurons du ciné Bis ayant tenté de récupérer le filon d'Alien de Ridley Scott. Ainsi, un an après celui-ci, vl'a ti pas que débarque ce Monstre attaque natif de l'Italie dont le titre initial, Alien 2 - Sulla Terra, annonce sans ambages la couleur de ses intentions lucratives.  

Le pitchAlors qu'une navette spatiale s'écrase dans l'océan, les deux cosmonautes qui s'y trouvaient ont subitement disparu. Pendant que cet évènement inopiné affole la population, un groupe de 8 spéléologues s'enfoncent dans les souterrains caverneux d'une grotte. Alors que l'un des membres de l'équipe eut offert une mystérieuse pierre bleue à une de ses comparses, de terribles évènements vont survenir dans cet espace clos ou une fois encore, personne ne vous entendra crier !

Ce nouvel ersatz transalpin d'Alien tente donc avec maladresse et économie de moyens à horrifier le spectateur à travers un pitch saugrenu de roche extra-terrestre complètement improbable. Si bien que cet organisme de couleur bleue que nos astronautes ont repêché exterminera un à un les membres de l'équipe confinés dans une grotte. Paradoxalement, la chose hostile quasi invisible décimera sauvagement ses proies, à moins de les posséder à la manière de zombies apathiques. Le début laborieux (une ballade à la plage et une partie de bowling intempestive en compagnie de nos protagonistes) tente de nous attacher auprès de ces personnages gogos.


Passée cette première demi-heure pour autant charmante pour qui raffole du parfum rétro des bisseries, nos 8 spéléologues affublés de lampiotes et de casque de mineur (sans oublier des bougies et une machine à écrire ! Véridique !) s'engouffrent dans l'exploration d'une grotte de tous les dangers. Et ce par la cause de cette mystérieuse pierre bleue dénichée à proximité d'une plage. C'est donc à partir de cette découverte aléatoire que l'action s'amorce doucement avec, en intermittence, quelques effets gores plutôt réussis que nos chers italiens ont si bien le secret. A cet égard, la séquence où l'un des protagonistes se fait arracher lentement la tête par la créature s'avère aussi surprenante que jouissive à travers son outrance dégueulbif. Mais la séquence la plus dérangeante et inopinée restera cette petite fille esseulée assise sur le sable entrain de pleurnicher. Sa mère intriguée, l'observant de dos, s'approchant lentement vers elle pour lui solliciter de se retourner afin de découvrir, horrifiée Spoil ! un visage laminé ! Fin du Spoil. Cette seconde partie jouant à cache-cache entre le monstre consanguin et nos huit trublions alterne donc perplexité, hilarité involontaire, soupçon de fascination, voir même attachement psychologique entre deux scènes chocs pimentées. Surtout que les dialogues hallucinants de non sens ainsi que la partition musicale au tempo lugubre accentuent son côté fauché estampillé "Bis". Enfin, l'épilogue se déroulant au delà de la grotte souterraine n'est pas non plus en reste à travers son ambiance insolite d'une cité urbaine dénuée de population, qui plus est, épaulée de la surexposition d'une photo psychédélique. Ainsi, un sentiment futile de désolation anxiogène s'y fait ressentir au spectateur encore fasciné par cet univers de cauchemar surgit de nulle part.


Atention, ça peut vous arriver aussi !
Quelques décennies après sa sortie, Le Monstre attaque reste une amusante curiosité hors norme,  précurseur incongru de The Descent et ne pourra sans doute que contenter les nostalgiques de zéderies italiennes typiquement eighties. L'attrait de scénettes gores assez cracras, la physionomie du monstre organique, la futilité pittoresque de ses dialogues ineptes et ses situations extra-ordinaires (le gars réfugié dans la grotte tapant à la machine à écrire pour ensuite systématiquement brûler à la bougie son texte qui ne veut rien dire !) divertiront encore aujourd'hui l'inconditionnel de plaisir innocent.

P.S: ne ratez surtout pas le fameux interlude survenant juste avant le générique final ! Une épitaphe pertinente trouvant tout son sens nihiliste : ATTENTION, CA PEUT AUSSI VOUS ARRIVER !

*Bruno
18.03.23. 5èx
22.10.10

Ci-joint discours al dente de notre fifi spaghetti Philippe Beun Garbe:

Continues a' te faire du mal.....Ciro Ippolito, cet escroc, n est pas un aimable artisan : il s est vante' des années plus tard d' avoir fait pour ce film , qui ne peut etre defini comme tel,un vrai hold-up au Mifed . Il a fait l affiche, trompe' quelques pauvres distributeurs , s'est achete' avec l avance sur recette une lamborghini , deux putes ,de la coke et a passe' un mois à Costa Rica . Puis il a pondu cet étron en deux semaines . Voila' comment on a tué l ' honnête série B italienne avec d Infâmes margousins ! Un ami du Cavaliere! Qu'il repose bien au chaud ! 😩

L'Exorciste / The Exorcist.Version Originale de 1973.


de William Friedkin. 1973. U.S.A. 2h06. Avec Max von Sydow, Ellen Burstyn, Jason Miller, Linda Blair, Lee J. Cobb.

Sortie salles France: 11 Septembre 1974. U.S: 26 Décembre 1973.

FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés aux Oscars d'Hollywood. 1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.

Mike Oldfield / Linda Blair / Dick Smith / 2 Oscars / 402 500 000 $ de recettes dans le monde entier.

  1. Date charnière dans le paysage horrifique.
    L’Exorciste s’impose à la fois comme une épreuve de force cauchemardesque avec le démon, et comme un drame psychologique éprouvant par sa dimension humaine, fragile, désarmée. Celle d’une mère impuissante face aux ténèbres qui dévorent l’esprit de sa fille. Celle d’un prêtre égaré, vacillant dans sa foi catholique, en quête de rédemption.

Dès le prologue, dans une lumière écrasante du Proche-Orient, un malaise diffus s’installe. Le climat solaire de l’Irak nimbe d’étrangeté les fouilles du père Merrin, jusqu’à l’apparition d’une relique aux contours démoniaques. Des visions, des accidents : une inquiétude sans nom rôde. Puis la découverte d’une sculpture – Pazuzu, divinité mésopotamienne du 1er millénaire av. J.-C. – scelle la malédiction.

A l’autre bout du monde, Chris MacNeil, actrice en tournage, vit avec sa fille Regan dans une maison bourgeoise, accompagnée de deux domestiques. Séparée de son compagnon, elle tente de maintenir un semblant de normalité. Mais un soir, après des bruits inquiétants dans le grenier, la bougie à la main, elle découvre une angoisse qui s’infiltre. Parallèlement, le père Damien Karras doute, vacille, tourmenté par la santé déclinante de sa mère.

Une nuit, Regan se glisse dans le lit de sa mère, troublée par des spasmes qui agitent son sommeil. Et bientôt, la peur gagne : la fillette convulse, son lit tremble, l’impensable s’annonce. Lentement, insidieusement, le démon prend possession.

En ancrant ces manifestations surnaturelles dans le quotidien le plus banal, L’Exorciste bouleverse. Il dérange, choque, désarme. À travers les croyances religieuses qu’il malmène, il interroge nos fondements moraux, notre part d’ombre. Et derrière la possession, on devine une autre métaphore : celle de l’adolescence, de cette force obscure tapie dans l’innocence.

Avant l'horreur, Friedkin prend soin de bâtir l'attachement. Les scènes de complicité entre mère et fille infusent une tendresse déchirante. C’est cette humanité qui rend le déchaînement satanique si insupportable, si tragiquement crédible.

Entre la détresse de Chris, mère écorchée, et le tourment de Karras, rongé par la culpabilité, L’Exorciste explore l’amour maternel, la foi vacillante, et l’espoir fragile d’une rédemption. Friedkin aborde l’horreur comme un drame intime, viscéral, dont les scènes marquent au fer rouge : Regan urinant devant les invités, sa tête tournant à 180 degrés, le crucifix ensanglanté, l’épreuve médicale des radios, l’agression sous hypnose, les exorcismes suffocants… jusqu’à ces dix dernières minutes d’une frénésie apocalyptique.

Mais L’Exorciste, c’est aussi un hommage au septième art. À travers le personnage de Chris, comédienne ardente, et celui du détective cinéphile, attaché au cinéma classique. C’est enfin la métamorphose inouïe de Linda Blair, troublante de naturel dans la peau d’un ange contaminé, possédée entre innocence et perversion. Le visage souillé, le corps martyrisé, elle incarne à elle seule la terreur absolue.

"L’Enfant et le Démon : Poème d’une Possession"
Fer de lance du cinéma satanique inspiré d’un fait réel, L’Exorciste propulse l’horreur dans une intensité émotionnelle inédite.
Drame humain bouleversant d’une mère et d’un prêtre écrasés par le surnaturel, il nous interroge : si le Mal existe… où est Dieu ?
Expérience extrême, film de rupture, il est transcendé par la mélodie spectrale de Mike Oldfield et par la déchéance sublime de Linda Blair, moderne ange déchu.


* Bruno
24.10.10.   6èx

Le point de vue de Peter Hooper;

// Crise de foi //

Comment le récit d’une jeune fille possédée par le démon, vomissant une immonde bouillie verdâtre, éructant avec une voix d’homme les pires insanités en s’enfonçant un crucifix dans le vagin allait devenir un des plus gros succès de l’histoire du cinéma ?
Nous sommes alors dans ces années 70 ou les nouveaux nababs on prit le pouvoir sur les studios. Friedkin fait partie de ces jeunes réalisateurs aux dents longues qui imposent avec intégrité leur style, à contre-courant des dictats du vieil Hollywood. C’est la fameuse génération du New Hollywood, celle de la liberté artistique, incroyablement créatrice et furieusement décomplexée, et il est certain que L’exorciste n’aurait jamais vu le jour en d’autres temps.
Difficile en effet d’imaginer quelques années plus tôt qu’une œuvre estampillée age d’or mette en scène une gamine hurlant à un prêtre « baise moi ! ». Même dans le cinéma actuel un « Ta mère suce des queues en enfer ! » a plus de chance de surgir d’un Scary Movie que des dialogues d’un film mainstream.
La scène d’ouverture dans le désert irakien, ou le père Merrin (Max Von Sydow) découvre la tête de statuette du démon Pazuzu, introduit l’intrigue avec cette esthétique naturaliste typique des productions New Hollywoodiennes. Car Friedkin exige pour L’exorciste, au grand dam de Blatty le scénariste et également auteur du roman éponyme, de conserver une photographie proche du documentaire.
Le chef opérateur Owen Roizman déjà aux manettes de French connection va accomplir le miracle ( !) tant espéré par le réalisateur avec des images délavées et ternes qui installent un réalisme cru. Des pertes de coloration pour montrer comment le mal prend le dessus en éteignant progressivement les « lumières de la vie », avec des prises de vue en plongée et contre plongée vers l’obscurité, les ténèbres. Magistral !
Pour décrire le calvaire de la possédée Friedkin va faire s’agiter un lit, avancer des meubles, claquer des portes, faire léviter la fille les bras en croix avec des stigmates qui apparaissent sur ses poignets et ses chevilles…des effets chocs qui fonctionnent et qui sont alors inédits. Mais il les utilise pour donner du volume à une composante huis clos naturellement étriquée dans cette chambre.
Car les vrais (gros) coups de frousse Friedkin les assènent avec la métamorphose de Regan, son visage comme ses attitudes montrant ce que l’on n’avait encore jamais vu. Sa gorge qui gonflent, ses yeux révulsés, sa langue démesurée, l’apparition des plaies, sa tête qui tourne a 180 °…Dick Smith, un des papes des FX à l’ancienne va donner à Regan cette apparence terrifiante du démon qui a pris sa place, mais sans faire disparaître les traits juvéniles de Linda Blair. L’empathie avec cette pauvre fille est alors totale et son calvaire devient (presque) le notre, accentuant cette sensation de malaise jusqu’à l’insoutenable. Sous son maquillage Linda Blair reste une « jeune fille » tout en incarnant une parfaite possédée.
Une tension paroxysmique qui va exploser dans le dernier acte lors de cet interminable et traumatisante scène de l’exorcisme. Un rite précédé par un des plans les plus mythiques du cinéma d’horreur : devant la maison, la silhouette du prêtre est dessiné par un halo de lumière provenant de la chambre de Regan. Une image qui continue de faire le tour du monde.
Suivi donc de cette demi-heure éprouvante pour nos nerfs, d’une incroyable intensité dramatique, pleine de fureur, de violence psychologique.
L’occasion de LA scène qui continue de me hanter (!) ou Karras (Jason Miller) découvre Merrin mort d’épuisement. Assise dans un coin du lit, Regan le visage démonisé les mains devant la bouche, masque un sourire coquin, dans l’attitude puérile d’un garnement content de sa « bêtise ». Diaboliquement effrayant !
Le père Karras en plein doute sur sa propre foi apporte cette distanciation nécessaire pour démontrer combien la frontière entre le bien et le mal est un fil ténu, alors la médecine et la psychiatrie ont déjà échoué.
Si l’on rajoute le score minimaliste qui n’étouffe jamais l’ambiance, ne fonctionnant jamais comme un « sur effet », on ne peut bien sur ne pas faire impasse sur un des thème les plus parfaitement identifiable du 7e art, le monumental Tubular Bells de Mike oldflied !
J’avais a peu prés 14 ans lorsqu’au début des années 80 j’ai vu ce film et comme beaucoup de personnes, j’ai vraiment flippé ! Plus de 40 ans plus tard je suis toujours fasciné par son audace et surtout par la manière dont Friedkin arrive a prendre le contrôle total de nos émotions. Car au final L’exorciste s’aborde comme une expérience et s’impose à ce titre comme la pierre philosophale du film d’épouvante.


Avertissement ! Toutes les infos qui vont suivre sont relayées par le site WIKIPEDIA:

FAIT DIVERS:
L'histoire de ce film se base sur des faits publiés dans l'édition du 20 aout 1949 du Washington Post. En effet, alors que William Peter Blatty n'est encore qu'étudiant, il tombe sur un article relatant un cas d'exorcisme sur un garçon de 14 ans en 1949 dans le Maryland. Il se met alors à écrire sur le sujet. Le livre se vend à 13 millions d'exemplaires seulement aux États-Unis.

RECOMPENSES:
1974 : Oscar du meilleur son pour Robert Knudson et Christopher Newman
1974 : Oscar du meilleur scénario adapté pour William Peter Blatty
1974 : Golden Globe du meilleur film dramatique
1974 : Golden Globe du meilleur réalisateur pour William Friedkin
1974 : Golden Globe du meilleur scénario pour William Peter Blatty
1974 : Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle pour Linda Blair

ANECDOTES: Réticente à laisser une enfant proférer des injures aussi crues, la production décida de confier la voix du démon dont est possédée la petite Regan à l'actrice Mercedes McCambridge, alcoolique repentie. Pour ce doublage, elle s'est beaucoup investie moralement : elle s'est remise à boire et à fumer pour obtenir cette voix très grave. Afin de rentrer dans le personnage de Regan, elle a demandé à être attachée à une chaise. Elle s'est réellement torturée mentalement et physiquement.

BOX-OFFICE: L'Exorciste rapporte 66 300 000 $ lors de sa sortie aux États-Unis et au Canada entre 1973 et 1974. Après plusieurs ressorties, il engrange 89 000 000 $. Il a, à ce jour, remporté 402 500 000 $ dans le monde entier. Il est classé 1er parmi les 20 films les plus regardés de l'année 1973.

VENGEANCE D'OUTRE-TOMBE ("J.D.'s Revenge")

                

de Arthur Marks. 1976. 1H35. U.S.A. Avec Glynn Turman, Louis Gossett Jr., Joan Pringle, Carl W. Crudup, James Watkins, Fred Pinkard, Jo Anne Meredith, Alice Jubert, David Mcknight.

BIO: Arthur Marks est un réalisateur, scénariste et producteur, né le 2 aout 1927 à Los Angeles, California.
On lui doit approximativement 12 longs-métrages de genre divers comme Detroit 9000, The Roommates, Bonnie's Kids, Bucktown, Friday Foster, A Woman for All Men, The Monkey Hustle, Togetherness, Class of '74, Times Like These et Moongames.

L'ARGUMENT: Après avoir acheté le chapeau d'un gangster mort dans les années 40, un chauffeur de taxi se retrouve possédé par un esprit démoniaque...

                    

Vengeance d'outre-tombe est uniquement interprété par des interprètes noirs, réalisé en pleine période de gloire de la Blaxploitation. Des petites bandes d'action de seconde zone et de polars ultra violents réalisées durant la décennie 70 comme Foxy Brown, Coffy, Superfly ou Black Caesar.
Mais les plus célébrés et respectés d'entre tous resteront sans commune mesure ses précurseurs Sweet Sweetback's Baadasssss Song de Melvin Van Peebles et Shatf, les nuits rouge de Harlem de Gordon Parks avec dans le rôle titre le cultissime richard roundtree. Ces deux classiques véhéments seront tournés la même année, c'est à dire en 1971.
 N'oublions pas que ce courant à la mode, en faveur des comédiens noirs aura touché à tous les genres, que ce soit le comique (Uptown Saturday Night), le péplum (The Arena), les arts-martiaux (Black Belt Jones), le western (Boss nigger), l'espionnage (Cléopatra Jones), l'horreur (Blacula, Abby) ou le politique (The spook who sat by the door).

 Vengeance d'outre-tombe n'est pas un polar survitaminé traditionnellement conçu sur fond de Funk and Soul, un ton coutumier à la Blaxploitation mais un curieux petit film d'horreur de série B. Il est à ranger indubitablement dans la catégorie des bons nanars saugrenus comme on les aiment et rien que l'idée de base tirée par les cheveux vaut particulièrement la chandelle pour prendre la peine de s'y attarder, ne serait-ce qu'une vision égayée.

                    

Dès la scène d'introduction nous allons être témoin d'un violent règlement de compte commis dans l'acuité d'un abattoir.
Un homme noir s'engueule avec une jolie femme arrogante et effrontée qui aura l'offense de le faire chanter quand celui-ci, armé d'un rasoir effilé décide de l'égorger !
Un autre protagoniste, témoin indirect de la scène décide de s'interpeller pour venger la mort de celle qu'il aimait.
Mais ce  gangster réputé du nom de J.D Walker périra sous les balles du tueur perfide.
Trente ans plus tard, après avoir acheté un chapeau, un jeune chauffeur de Taxi, Isaac, va être possédé par l'âme du gangster J.D pour se venger du responsable meurtrier d'il y a 30 ans, vivant aujourd'hui paisiblement auprès de son frère, un révérant catholique et de sa fille énigmatique.

Il est clair que l'idée de base de cette trame vindicative ne joue pas la subtilité et tout le métrage se réduit quasiment à une forme latente et récurrente de chassé-croisé entre le chauffeur de taxi possédé malgré lui par une âme diabolisée à la recherche éperdue de ses meurtriers complices. Durant tout le film, ce chauffeur furieusement revanchard et rancunier va tenter de retrouver l'homme de main par qui la mort a frappé 2 fois, trente ans auparavant. Un mafioso de renom à la tête d'une bande de crapules toutes aussi pernicieuses qui ne tarderont pas à menacer le jeune Isaac.

                   

Là ou le film gagne furtivement des points vient de son climat pervers et malsain alimenté par un meurtre crapuleux qui a eu lieu dans un abattoir. Cette séquence choc excessive interviendra régulièrement en intermittence sous l'apparence récurrente d'un flash-back horrifié car le jeune Isaac va être inlassablement témoin malgré lui de visions dérangeantes et sanglantes. Une scène de cauchemar révélée par l'image nauséeuse d'une vache égorgée, dévoilée en gros plan dans l'environnement malsain d'un glauque abattoir, interposé en filigrane avec la séquence aiguisée d'une jeune fille assassinée,  la gorge tranchée !
La première demi-heure plaisante et intrigante nous entraine dans un curieux cauchemar incongru avec ce héros envouté qui se fera un malin plaisir à brimer sa concubine, en guise de misogynie. A cet égard l'impromptue relation sexuelle de nos deux amants se révèle plutôt corsée en terme de déviance et de maltraitance. Une scène hot plutôt osée où le héros habité par le Mal répètera inlassablement à son idylle: tu aimes te faire baiser par papa ! Alors que sa dulcinée désorientée, soumise et bafouée prendra plaisir à ces revirements soudains et indociles.
D'autres moments valent aussi le détour comme ce spectacle improvisé, une séance d'hypnose éberluée où nos invités choisis au hasard devront se déshabiller devant une foule hilare ! Il y a aussi cette séquence hallucinée où une mémé embarquée dans un taxi roulant à vive allure se verra la tête se cogner contre la vitre éclatée de la voiture, avant d'être éjecté violemment par notre chauffeur déluré !
La suite du récit déboule malheureusement à une routine poussive où l'histoire faiblarde semble tourner en rond, mise en cause par le potentiel narratif réduit en une seule ligne.
Tandis que la dernière demi-heure plus énergisante et délirante renoue avec la frivole folie de sa première partie prometteuse et amusante. Sans compter qu'il renoue avec impertinence dans la crudité d'un viol agressif ou celle, sanglante, d'un homme lardé de coups de rasoirs sur son malheureux corps.
De plus, le final virevoltant dans ses liens parentaux, dernier rebondissement fantasque cède à la drôlerie involontaire exacerbée par la composition sincère de comédiens croyant dur comme fer qu'ils viennent de participer à un film effrayant et dramatiquement pesant.

                     

Nonobstant quelques lenteurs dues à une baisse de régime intervenant à mi parcours, Vengeance d'outre-tombe est une rareté oubliée qui mérite finalement un coup d'oeil amusé par ces quelques excès outranciers, son ambiance parfois malsaine et perverse et d'autres séquences improbables ou débridées qui transcendent la consternation pour créer l'attachement et la drôlerie involontaire.
A découvrir, l'humeur de ton vertueuse.

27.10.10

JOSHUA

de George Ratliff. 2007. U.S.A. 1H44. Avec Sam Rockwell, Vera Farmiga, Celia Weston, Dallas Roberts, Michael McKean, Jacob Kogan, Nancy Giles, Linda Larkin, Alex Draper, Stephanie Roth Haberle...

BIOGRAPHIE: Georges Ratliff est un réalisateur, scénariste, producteur et monteur américain tributaire de trois longs-métrages: Plutonium Circus (1995), Hell House (2001) et Joshua (2007).

L'ARGUMENT: Une petite famille américaine mène une vie parfaite en plein Manhattan jusqu'à la naissance de leur deuxième enfant. Peu de temps après l'arrivée de la petite Lily, son frère Joshua, 9 ans et surdoué, adopte un comportement tout d'abord étrange et qui va très vite devenir inquiétant.Les parents voient alors leur petite vie parfaite se transformer en cauchemar...

Un an avant la bombe Esther et deux ans après le tétanisant The Children, Georges Ratliff   s'était déjà attelé au thème de l'enfance maléfique avec un sens de suggestion payant où la nuance avec les deux films cités auparavant s'affirme par un refus catégorique d'effets chocs démonstratifs, traditionnels à ce genre de métrage. Ici, tout est caractérisé par la tension psychologique progressive de nos personnages, davantage éprouvés, au bord de la crise de nerf, coexistant dans une ambiance perçante d'oppression !

Joshua, le film prend son temps dans sa première partie à faire évoluer nos personnages cloitrés dans un appartement new-yorkais avec l'arrivée de leur second nouveau-né. Une petite fille que Joshua ne pourra jamais accepter et qui décidera à cet instant précis d'annihiler la cellule familiale avec un sens de manipulation aigue du haut de ses neufs ans !
Par petites touches, George Ratliff  va installer de manière insinueuse un piège machiavélique autour de cette famille qui était des plus épanouie avant l'arrivée de leur petite fille Lilly. Les premiers signes d'hostilité de Joshua envers ses parents apparaitront en pleine représentation d'un concours de piano infantile livré en spectacle devant une foule  parentale attentive face au talent musical de leur petit génie. Avec un esprit de provocation irritant et insolent, Joshua composera un air de piano volontairement destructuré dans ses notes déployées, entre comptine enfantine démotivée et lourd tempo lugubre et sinistre.
L'anxiété des parents va peu à peu s'accentuer quand chaque nuit ils vont être témoin des cris et des pleurs inopinés que Lily exprimera en guise de rancoeur alors que les premières semaines elle n'avait pas manifesté un seul signe  d'irritabilité expansive.
C'est dans un premier temps la mère qui perdra pied face à l'ambiance anxiogène qu'il règne dans l'appartement et au vu de l'attitude incompréhensible de sa petite fille assoupie dans la chambre d'à côté, davantage agitée et apeurée durant chaque nouvelle nuit.
Un climat rendu insolent et destabilisant, dérangé par les subtiles provocations de Joshua, jeune enfant surdoué passé maitre dans l'art et la manière de jongler avec ses proies comme le fait d'improviser une partie de cache-cache avec sa maternelle fragilisée. Ce qui aboutira à un accident émis d'avance portant gravement atteinte à l'état de santé dépressif de la mère en situation précaire.
Le ton dérangeant, voir malsain de l'environnement familial va monter d'un cran quand l'un des protagonistes du récit sera victime d'un tragique incident devant un témoin primordial.

C'est cette seconde partie haletante, stressante qui va permettre de monter d'un cran la tension insidieusement établie pour nous soumettre à un rapport de force entre le père et ce jeune bambin diabolisé. Une violente confrontation improbable d'un homme en état de marasme, avoisinant le bord d'un abîme et qui alourdira grandement une potentielle rédemption d'un enfant tendancieux impossible à réhabiliter.

Ce qui frappe et dérange davantage dans Joshua, c'est son réalisme prégnant qui s'impose à l'esprit face au caractère subtil d'un enfant surdoué décidé à mener un enfer lentement établi à sa progéniture. 
Ce sentiment d'angoisse persistant et de climat pervers davantage suffocant mise sur le fait que le meurtrier est un  enfant de 9 ans. Non pas qu'il est ici un être surnaturel possédé par une entité maléfique mais un simple enfant presque normal, à la différence qu'il se révèle très intelligent, étrangement calme et dénué de moralité. C'est sa jalousie et son manque d'affectivité à son égard qui fera que ce gamin décidera d'accomplir son intolérable rancune vindicative.
Chaque situation du film est d'autant plus perturbante que les rebondissements se révèlent crédibles car ils ne cèdent jamais aux effets faciles ou au grand-guignol. Le récit est austère, méthodique et prodigieusement enrayé dans une ferme tension qui ira en crescendo.

La mère campée par Vera Farmiga est étonnante de fragilité et de détresse dans son caractère maternel en instabilité, laminée par l'insolence et l'attitude imperturbable, tendancieuse de son rejeton audacieux.
C'est le glaçant Jacob Kogan qui interprète le petit Joshua, docilement inquiétant dans un accoutrement vestimentaire austère, son visage terne et blafard et sa vétuste coupe de cheveux volumineuse. Son attitude discrètement pernicieuse, son impassibilité, sa patience réfléchie et son état d'esprit dérangé compromis au mal impressionne et confine lourdement au malaise comme le fait d'assister à ses odieux méfaits face à une vidéo découverte par son père, stupéfait de voir les agissements pervers et sournois de l'irrévérence de son fils martyrisant avec sérénité un nouveau-né !
Sam Rockwell dans le rôle d'un père affirmé, pris dans une spirale irréversible est tout aussi convaincant dans sa trajectoire inopinée. Un homme autoritaire et équilibré qui ne verra pas arriver le piège concocté, jusqu'à y perdre pied face à l'état d'esprit perfide de son fils dénué du moindre sentiment ou de compassion envers ces progéniteurs.

Joshua est un excellent drame horrifique devant tout au caractère psychologique de ces personnages imbriqués dans un cauchemar finaud parfaitement crédible jusqu'à son étonnant final nihiliste que personne n'aura vu venir.
Sans jamais céder aux facilités et effets chocs escomptés, Joshua laisse des traces, intrigue, inquiète et destabilise dans une ambiance malsaine et suffocante subtilement tempérée. A ranger sans complexe aux côtés des brillantes réussites Esther et The Children.

RECOMPENSES: Prix du Meilleur acteur (Sam Rockwell) et Mention spéciale au festival de Sitgès en 2007.
Prix de la Meilleure photographie au festival de Sundance en 2007.
Nominé au Grand prix du jury à Sundance en 2007

31.10.10

                     

Inferno

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdclassik.com

de Dario Argento. 1980. U.S.A. 1h47. Avec Leigh McCloskey, Irene Miracle, Eleonora Giorgi, Daria Nicolodi, Sacha Pitoëff, Alida Valli, Veronica Lazar, Gabriele Lavia, Feodor Chaliapin Jr....

Sortie salles France: 16 Avril 1980

BIOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie). 1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975, Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D.


"Le style baroque est, pour l'oeuvre d'art, ce que le sang est pour le corps humain ; il le développe, le nourrit, lui donne la force, la santé, la durée."

Trois ans après Suspiria, Dario Argento renoue avec sa flamboyance baroque avec Inferno, séquelle aussi ambitieuse dans sa faculté "alchimiste" d'y transfigurer un univers occulte mâtiné d'onirisme (son prologue anthologique toutefois tourné par Mario Bava). Et ce en dépit d'un cheminement narratif parfois confus se condensant essentiellement à de mini-clips d'une beauté picturale ensorcelante que des investigateurs arpentent à travers leur influence fureteuse. 

Le PitchFascinée par son roman "Les 3 mères", une jeune femme décide de retrouver les origines et les secrets de l'ouvrage en allant se renseigner auprès du bibliothécaire situé à proximité de son immeuble. Après avoir écouté attentivement ces renseignements, elle se dirige dans la cave de son immeuble pour tenter de déchiffrer le secret des trois mères. Mais suite à la chute de ses clefs dans un gouffre, elle s'y glisse pour les récupérer. C'est alors qu'elle se retrouve subitement au sous-sol d'une salle de bal engloutie par les eaux. 

Cette séquence magistrale d'une poésie morbide électrisante est un morceau de bravoure dans toutes les mémoires. Inferno en regorgeant de façon métronome de par le truchement d'incidents meurtriers où chaque protagoniste fera les frais de forces démoniaques délibérées à annihiler ceux qui souhaiteraient y percer leur secret.


Ainsi, à travers un jeu de lumières plus froides, douces et limpides qu'auprès de son homologue  Suspiria, Dario Argento innove sans se singer car réfutant le copié-collé à l'emporte pièce. Et ce en nous façonnant avec une ambition suprême un rêve irrationnel basé sur l'alchimie et les sortilèges, une procession lancinante, une danse emphatique avec un spectre ricaneur. Musicalement renversant, la mélodie ténue de Keith Emerson ainsi que les envolées lyriques de Verdi se télescopent afin d'y sublimer ces séquences virtuoses, à l'instar de l'amphithéâtre situé à Rome où Mark et Sara assistent à un cours musical. Le souffle violent d'un vent échappé d'une fenêtre fouettant le visage de Mark incité à détourner le regard vers la posture charnelle d'une déesse aux yeux persan semblables à son chat angora qu'elle caresse langoureusement ! Il y aussi cette séquence oppressante lorsque Sara réfugiée dans son appartement avec un étranger sera agressée à coup de couteau sous l'impulsion du concerto classique du Nabucco de Verdi que le tueur altère à sa guise en surfant avec le courant électrique. On peut aussi souligner l'improbable agression des rats sous le climat lunaire d'une étrange éclipse, exaction brutale d'autant plus ironique auprès de sa chute ! Quand au final, à la fois envoûtant, majestueux et spectral, il lèvera enfin le voile sur les commanditaires de cette macabre mise en scène. On avait d'ailleurs beaucoup critiqué à l'époque cette séquence purement théâtrale, représentation supposée grotesque de la mort réduite à un squelette s'échappant des flammes de l'enfer ! Pour autant, je la trouve en adéquation avec le climat emphatique de l'oeuvre baroque puisque s'agissant d'une vision folklorique et latine, une représentation audacieuse de la mort sous son aspect le plus académique et vétuste. Mais outre toutes ses séquences chocs remarquablement chorégraphiées, Argento soigne scrupuleusement la forme avec un sens du détail probant auprès de couloirs, chambres, passages secrets et souterrains que nos protagonistes (masculins et féminins) arpentent avec une curiosité irrépressible.                    


L'Alchimiste
Scandé de mélodies classiques d’une intensité lyrique, Inferno déploie un nouveau ballet démonial, cette fois niché dans l’urbanité trouble d’un conte médiéval revisité. On y retrouve cette alchimie entre macabre et onirisme, propre à Argento, transfigurée par une mise en scène fulgurante, presque incantatoire.
Si Leigh McCloskey semble parfois figé, sa fragilité maladroite finit par toucher, comme un pantin perdu dans une architecture maléfique. On le suit, hypnotisés, dans un labyrinthe de visions — entre sortilèges, symboles occultes et tableaux de mort à la sensualité morbide.
Moins parfait que Suspiria, plus décousu peut-être, Inferno reste pourtant unique, extatique, hanté par la beauté sépulcrale d’un fantastique latin que nul n’a su reproduire. Véritable sortilège visuel, il hante la mémoire comme une œuvre inachevée venue d’un autre monde. Une invitation pour l’enfer dans les flammes orchestrées d'une sorcière invisible au rire d’éternité.

*Eric Binford
10.12.21. 6èx
15.11.10.

Buried


de Rodrigo Cortés. 2010. Espagne. 1h34. Avec Ryan Reynolds, Robert Paterson, José Luis García Pérez

BIOGRAPHIE: Rodrigo est un réalisateur, scénariste, monteur, producteur exécutif espagnol pour son premier long-métrage Buried.

Synopsis: « Ouvrez les yeux. Vous êtes dans un espace clos, sous 1 tonne de terre irakienne avec 90 minutes d’oxygène et pour seule connexion vers l’extérieur un téléphone portable à moitié rechargé. Tel est le destin de Paul, entrepreneur Américain pris en otage et enfermé dans une boîte. Le temps file et chaque seconde qui passe le rapproche d’une morte certaine… »


Avec un pitch aussi linéaire, comment réussir à maintenir l'intérêt du spectateur 1h30 durant dans un décor aussi exigu avec comme seul protagoniste un chauffeur de camion pris en otage de manière peu commune dans un état Irakien ? Silence pesant face à l'écran noir, futile mise en attente avant la révélation suffocante pour quelques secondes plus tard entendre dans le néant la respiration houleuse et anxiogène d'un homme inhumé dans un cercueil de bois. L'homme blessé à la tête se réveille difficilement pour réaliser subitement avec l'aide de la flamme de son briquet et la lueur bleutée de son portable qu'il est enfermé au sein de nulle part dans une boite à faible oxygène. Dans un état de faiblesse davantage précaire, notre protagoniste désorienté tentera de survivre dans cet écrin crépusculaire. Et tenter d'appeler désespérément diverses administrations américaines, acolytes et membres de sa famille pour implorer de l'aide en désespoir de cause. Mais les mises en attente insolentes des interlocuteurs et les questionnements interminables sur l'identité véritable de notre cobaye vont davantage enrayer les minces chances de sa potentielle survie. Si bien que le cadran de sa montre imparti à 19h30 lui laissera 1h30 d'espoir à sortir de ce piège pernicieux.


Ainsi donc, de par l'habileté d'un montage inventif multipliant les capacités techniques à filmer le décor restreint d'un endroit aussi opaque, Buried nous plaque au fauteuil dès les premières secondes à travers son ambiance claustro particulièrement viscérale. Une atmosphère rugueuse qui va insidieusement imprégner durablement les sens du spectateur, c'est à dire 1h30 durant de suspense exponentiel mis à rude épreuve. Notamment grâce à l'intelligence d'un scénario dénonçant la déshumanisation de la société ricaine imbue de ses pouvoirs et dans l'incapacité de prêter main forte à leurs prisonniers faute de risque d'incident diplomatique. Les nombreuses conversations téléphoniques entretenues entre la victime et les opérateurs insufflant un climat haletant davantage oppressant, angoissant, pour ne pas dire éprouvant pour nos nerfs. Les divers coups de théâtre infligés et le sens acéré du suspense convergeant vers un final aussi caustique que jusqu'au boutiste dont le spectateur hébété en sortira KO ! Quant à notre interprète en instance de survie, Ryan Reynolds endosse avec une fougue névralgique un humanisme toujours plus poignant en otage à la fois téméraire et désespéré, car évidemment terrifié de sa situation de claustration à faible lueur d'espoir (euphémisme j'vous dit).


Six Feet Under
Etonnamment efficace, inquiétant, cauchemardesque et tendu, Buried est un de ces petits métrages jouissifs terriblement immersifs pour l'atmosphère claustro d'un huis-clos aussi péniblement restreint. Une série B finaude doublée d'un tour de force technique parvenant l'exploit de nous captiver au sein d'un décor et d'un personnage uniques. Les claustrophobes ne sont donc pas près d'oublier cette épreuve de force singulière littéralement à bout de souffle (attention, euphémisme !)

Récompense: Prix de la critique internationale au festival de Deauville 2010.

*Bruno
13.11.10.

TOY STORY 3

                                                            (avis subjectif d'un puriste amateur)


                                        

de Lee Unkrich. 2010. U.SA. 1H40. Avec Tom Hanks, Tim Allen, Michael Keaton, Joan Cusack, Ned Beatty, Don Rickles, Wallace Shawn.

BIOGRAPHIE: Diplômé de l'école de cinéma de l' USC (University of Southern California) en 1991, Lee Unkrich entame sa carrière dans le cinéma et la télévision en prises de vue réelles, travaillant notamment sur la série Les Dessous de Palm Beach.
Arrivé en 1994 chez Pixar, Lee Unkrich est monteur sur Toy Story (réalisé par John Lasseter) en 1995, puis sur 1001 Pattes en 1998, pour lequel il assure également certaines voix additionnelles.
Coréalisateur, monteur et à nouveau voix additionnelles sur Toy Story 2 en 1999, Lee Unkrich co-signe Monstres & Cie en 2001.
En 2003, il coréalise avec Andrew Stanton Le Monde de Nemo, certifié plus grand succès de l'histoire de l'animation quelques semaines après sa sortie.

L'ARGUMENT: Andy, le héros des deux premières aventures doit rentrer à l'université. C'est ce qu'apprennent à leur dépend le cow-boy Woody, le cosmonaute Buzz et leurs nombreux amis. Au lieu de prendre la direction du grenier (ce qui est toujours mieux que la décharge), ils sont envoyés dans une garderie. Malheureusement pour eux, la jeune clientèle ne leur fait guère attention, et quelqu'un les empêche de retourner au bercail.

                   

On prend les mêmes et on recommence ! Sauf qu'une fois de plus, la série des Toy Story réussit à nouveau l'exploit de se renouveler, de nous émerveiller dans leurs surprenantes aventures débridées. La grande réussite de la série des Toy Story tient surtout en cette incroyable alchimie rendue crédible de réussir à authentifier des jouets doués de vie !
Des objets fantaisistes fabriqués pour amuser et faire rêver l'enfant dans son âge le plus épanoui, dans l'innocence et l'insouciance de son avenir lointain. Où seul le moment présent compte et où les divertissements les plus ludiques et puérils savent faire preuve d'un irrésistible pouvoir d'évasion et de rêverie dans l'esprit fantasque d'un enfant.
Et c'est ce que Toy Story réussit à retranscrire durant 1H43 en nous faisant croire que nos fameux jouets vétustes ont bel et bien une vie quand nous avons à peine le dos tourné !

Mais qu'arrive-t'il quand Andy, le propriétaire de ces fabuleux héros de plastique, est devenu un adolescent en âge d'entrer à l'université ?
Par une maladresse malveillante, nos jouets favoris Woody et ses amis vont se retrouver dans une garderie où des enfants turbulents trop énervés maltraitent inconsciemment leur jouet avec plaisir masochiste
Dans cet environnement festif trop bruyant, il y a également une pièce située juste à côté, un endroit beaucoup plus calme qui est régi par Lotso. Ce leader rancunier est un vieil ours en peluche rose orgueilleux qui décide de mener la vie dure à ces nouveaux locataires.
Il soumet alors de les faire prisonnier en trafiquant les mécanismes de Buzz l'éclair pour mieux soumettre à l'esclavage ces humbles acolytes davantage indignés.
La révolte ne va pas tarder à éclater, en attendant la grande évasion...

                   

Avec une narration aussi amusée et farfelue faisant intervenir deux clans de jouets, les bons et les méchants, Toy Story 3 nous entraine dans une troisième aventure haute en couleurs qui ne connait pas l'essoufflement ou la redite à cause d'une fantasque inventivité dans ses situations les plus folles et grâce à un fructueux dosage entre action survoltée (la longue séquence de la décharge qui se conclue vers la déchetterie est anthologique) et comédie hilarante (le singe gardien est à hurler de rire !).
Sans oublier une véritable tendresse, une étonnante compassion, une incroyable humanité pour chacun de ses protagonistes représentés avec ardeur, force de caractère et personnalité fougueuse.

C'est notre fabuleuse équipée héroïque menée par Woody et Buzz l'éclair qui réussit à nouveau de nous attendrir et  divertir dans leur périlleuse entreprise faisant intervenir une multitude de personnages jubilatoires. On retrouve donc familièrement nos héros que l'on a côtoyé et chéri à travers leurs deux précédentes aventures. Que ce soit bien entendu Woody et Buzz l'éclair, Jessy, la cow-girl éprise d'amour pour Buzz, Mr et Mme Patate, le cochon rose, le dinosaure Rex, les 3 petits hommes verts, la charmante Barbie, le cheval de Woody et le chien à ressort.
Mais d'autres personnages vont tout autant intervenir dans le clan opposé particulièrement hostile, souhaitant dominer et imposer ses règles de conduite aux autres invités dans une hiérarchie dictatoriale.
Nous faisons donc connaissance avec le perfide Lotso, un ours en peluche rose suivi de sa clique téméraire composé de Ken, un don juan présomptueux, deux robots belliqueux, des aliens indociles, un bébé insalubre ainsi qu'un singe sans cervelle qui passe son temps à claquer ses cymbales dès que le moindre prisonnier tentera de s'échapper de la garderie.

                    

Le final particulièrement émouvant et intense semble clôturer une trilogie qui aura su séduire toutes les tranches d'âge, du moins pour ceux qui savent encore se laisser ramener à leur part d'enfance.
Il rappelle aussi à la raison que chaque période de la vie est un moment précieux qu'il faut savoir savourer avant de pouvoir entamer la prochaine étape dans l'âge plus responsabilisé de la maturité.
D'ici là, il restera le souvenir des aventures improbables et ces fidèles amitiés universelles parties vers d'autres tribulations avec un nouveau néophyte rêveur et illusionné.
Toy Story 3 vibre sa corde sensible, rend hommage à l'illusion infantile et renoue avec miracle et émerveillement dans sa nouvelle déclaration d'amour aux jouets de notre enfance.

Dédicace à Virginie Pioffret-Sabourdy et Valentin Dussart.

23.11.10

                    

LA GIFLE


de Claude Pinoteau. 1974. 1h44. France. Avec Lino Ventura, Isabelle Adjani, Annie Girardot, Francis Perrin, Jacques Spiesser, Michel Aumont, Nathalie Baye, Robert Hardy, Nicole Courcel, Georges Wilson.

FILMOGRAPHIE: Claude Pinoteau est un réalisateur et scénariste français, né le 25 mai 1925 à Boulogne-Billancourt (France). Il est le frère de Jack Pinoteau et de Arlette Merry. Leur père, Lucien, était régisseur. 1973 : Le Silencieux, 1974 : La Gifle, 1976 : Le Grand Escogriffe, 1979 : L'Homme en colère, 1980 : La Boum 1982 : La Boum 2 , 1984 : La Septième Cible, 1988 : L'Étudiante , 1991 : La Neige et le Feu 1994 : Cache cash , 1997 : Les Palmes de M. Schutz , 2005 : Un abbé nommé Pierre, une vie pour les autres (documentaire).

L'ARGUMENT: Jean, un professeur d'une cinquantaine d'année, divorcé et père d'une jeune étudiante en médecine, Isabelle, traverse une période difficile. Sa maîtresse vient de le quitter et il en vient aux mains avec des policiers en civil qui s'en étaient pris à des étudiants. Alors que son univers vacille, le fossé se creuse avec sa fille, passionnée et avide de vivre. L'heure des mises au point familiales va bientôt sonner.


LA CRISE.
"Tu parles mal, tu travailles mal, tu danses mal, tu grandis mal... mais tu ne me fais pas peur Isabelle."

Un an après son polar d'espionnage Le silencieux, Claude Pinoteau change de registre, reprend son acteur fétiche (Lino Ventura) et nous livre une touchante comédie douce amère sur les rapports à la fois conflictuels et passionnels d'un père de famille, Jean, divorcé et de sa fille Isabelle, 18 ans, en pleine fureur de vivre. Lui, est prof de Géographie, elle, est étudiante en médecine. Un jour, elle décide de tout plaquer pour s'en aller vivre avec Marc, un jeune garçon immature sans ambition particulière.
Un soir, après qu'Isabelle eut avoué à son père son désir de quitter le domicile familial, une violente dispute intervient entre eux, à tel point qu'elle reçoit une sévère gifle. Le lendemain, elle décide de partir rejoindre sa mère pour aller vivre en Australie.

            

Avec une grande affection pour ses personnages emprunts de tendresse et de rancoeur, superbement campés par Ventura, Adjani  et Girardot, Claude Pinoteau nous tisse le portrait d'une famille désunie, divorcée de leur amour commun, auquel leur fille, Isabelle, perdue au milieu de tous semble déstabilisée, l'âme en peine d'avoir vécu une si brutale rupture entre ses parents aimants. Avec des scènes intimistes focalisées sur la relation d'un père rigoureux et de sa fille ardente, alternant le chaud et le froid, le rire et les larmes, la tendresse et la colère, La Gifle est l'histoire tendre, parfois touchante, pleine de vie d'un couple orageux aux générations dissemblables. Un duo en crise qui a du mal à se comprendre et s'orienter mais qui au bout du compte ne peut se passer l'un de l'autre. Même si finalement, Isabelle décidera une fois de plus in extremis de partir à l'aventure, pour tenter d'envisager une vie plus harmonieuse dans les bras d'un nouvel amant. Tandis qu'au bout de ses conflits extravertis, Claude Pinoteau  évoque également un regard poignant d'un couple tout en révérence parvenant à s'estimer à travers leur amour commun d'autrefois. En étant finalement conscient qu'au bout du compte ils ne sont plus faits pour vivre ensemble s'il y avait matière à retenter un éventuel second élan romanesque.


L'immense Lino Ventura impose de sa présence massive un paternel possessif, exigeant, droit et autoritaire qui ne souhaite pas voir sa fille quitter son cocon et encore moins virer du mauvais coton. Mais ce père futilement grognon, débordant d'amour pour sa progéniture sait aussi se montrer humble, affectueux, tendre, respectueux pour les choix d'Isabelle devenue adulte. Désenchanté aussi quand il se rend compte qu'elle est davantage en âge de raison mais en phase précaire d'une quête identitaire.
C'est la jeune et rayonnante Isabelle Adjani  qui campe cette charmante étudiante rebelle et fougueuse, au bord de la crise de nerf, totalement désorientée de ses espoirs déchus vers un avenir incertain, en connivence avec ces furtives conquêtes masculines. Des frivoles relations amoureuses hasardeuses auquel personne ne semble avoir la faculté de la rendre véritablement aimante et épanouie.
La radieuse Annie Girardot  interprète avec beaucoup d'aisance, d'équilibre et de fraicheur une mère libre de sa nouvelle vie de célibat dans sa vaste demeure campagnarde, accompagnée d'un maitre de maison d'origine anglaise. Cependant,  elle reste une maman esseulée, dubitative, son instinct maternel brimé du fait de la divergence maritale auquel sa tendre fille avait de prime abord décidé de vivre avec son père à Paris.
Il y a aussi le jeune Francis Perrin, totalement adéquat dans un rôle convenu de gaffeur malgré lui, amoureux d'Isabelle mais furtivement impertinent, insouciant dans sa quête de vouloir à tous prix s'approprier le choix hasardeux de sa nouvelle dulcinée.
On remarquera aussi la composition attachante et charismatique de la jeune Nathalie Baye dans un rôle futile ainsi que dans une moindre mesure les acteurs novices Richard Berry et André Dussolier  à l'orée d'une riche carrière.


LA SEPARATION.
Inscrit dans l'époque frondeuse d'un Mai 68 historique,  La Gifle évoque aussi en toile de fond ce témoignage social d'une jeunesse révoltée en état de crise identitaire. Une jolie comédie pleine de tendresse et d'humanité à travers ses relations familiales déstructurées, un hommage touchant, simple et spontané sur la difficulté de grandir dans un avenir incertain. Avec beaucoup de vivacité et de tempérament, le trio Lino Ventura / Isabelle Adjani  / Annie Girardot  crève l'écran et doit beaucoup au charme complice, à la légèreté et à l'attendrissement de cette splendide évocation familiale puisque terriblement humaine et sensorielle.

A Annie...

29.11.10.  2.

Les Raisins de la Mort (PESTIZIDE)


de Jean Rollin. 1978. France. 1h30. Avec Marie-Georges Pascal, Félix Marten, Serge Marquand, Mirella Rancelot , Patrice Valota , Patricia Cartier , Michel Herval, Brigitte Lahaie, Evelyne Thomas.

FILMOGRAPHIE: Jean Michel Rollin, Roth Le Gentil est un réalisateur, producteur et scénariste français, né le 3 novembre 1938 à Neuilly-sur-Seine (France). 1958 : Les Amours jaunes, 1961 : Ciel de cuivre, 1963 : L'Itinéraire marin, 1964 : Vivre en Espagne, 1965 : Les Pays loin, 1968 : Le Viol du vampire, 1969 : La Vampire nue, 1970 : Le Frisson des vampires, 1971 : Requiem pour un vampire, 1973 : La Rose de fer, 1974 : Les Démoniaques, 1975 : Lèvres de sang, 1978 : Les Raisins de la mort, 1979 : Fascination, 1980 : La Nuit des traquées, 1981 : Fugues mineures (Les Paumées du petit matin, 1981 : Le Lac des morts vivants (sous le pseudonyme de J. A. Lazer), 1982 : La Morte vivante, 1984 : Les Trottoirs de Bangkok, 1985 : Ne prends pas les poulets pour des pigeons (sous le pseudonyme de Michel Gentil), 1989 : Perdues dans New York, 1990 : La Griffe d'Horus (TV), 1991 : À la poursuite de Barbara, 1993 : Killing Car, 1997 : Les Deux Orphelines vampires, 2002 : La Fiancée de Dracula, 2007 : La Nuit des horloges, 2010 : Le Masque de la Méduse.

 
"Pesticides et putréfaction : la vendange Rollinienne "
Trois ans après Lèvres de sang (1975), Jean Rollin persiste et signe dans le fantastique et l’horreur, après quelques détours X pour renflouer son porte-monnaie. Le producteur Claude Guedj lui confie un récit d’épouvante à tendance catastrophiste, surfant sur la vague des succès américains des seventies : Zombie de Romero, La Tour infernale de GuillerminRollin accepte volontiers cette commande, greffe au mythe du mort-vivant un écho écolo piqué au Massacre des morts-vivants de Jorge Grau et bâtit une ossature « catastrophe ». 
 
Un vigneron expérimente un nouveau pesticide, mais le poison infecte tout le raisin et sème une épidémie. Pendant ce temps, Elisabeth et son amie voyagent en train pour rejoindre son compagnon, gérant d’un vignoble. Elles s’étonnent du wagon quasi désert, jusqu’à l’apparition d’un individu patibulaire, qui s’assoit tout contre Elisabeth. Peu à peu, le visage de l’inconnu se putréfie, boursouflé de pustules ! Pétrifiée, Elisabeth tire la sonnette d’alarme — mais à peine sortie du compartiment, elle découvre le cadavre de son amie dans le corridor. Paniquée, elle s’échappe du train près d’un pont et fuit à travers champs. Débute alors pour elle un cauchemar irrationnel, au cœur d’un village maudit. 

À partir de cette entrée en matière frappante, notre faiseur d’images érotico-poétiques ne révolutionne ni le mythe du zombie ni celui du film catastrophe. Mais il impose malgré tout sa patte : nature filmée dans une campagne écrasée de soleil, onirisme lancinant incarné par Lucie, jeune aveugle vêtue de blanc, errant parmi les rochers ; et bien sûr Brigitte Lahaie, chemise de nuit et chiens cerbères (clin d’œil au Masque du démon et à Barbara Steele), puis, plus tard, nue comme un ver, exposant une anatomie voluptueuse à la lueur d’une nuit hostile.

Entre ces séquences clés, le métrage déroule un chassé-croisé : Elisabeth croise deux inconnues, fuit un village où rôdent des paysans contaminés, zombies sans l’être tout à fait — vivants, mais rongés par une folie meurtrière. Leurs visages suppurants, leurs corps boursouflés de plaies, achèvent de planter une atmosphère d’étrangeté nocturne. On sourit de voir ces rustauds franchouillards se traîner comme des zombies amateurs, démarche traînante, grognements forcés. Quelques pointes de gore émaillent l’intrigue : mannequins décapités maladroitement, fourche plantée dans un ventre de paysanne — bricolages sommaires mais efficaces, grâce à un maquilleur français et à un spécialiste italien des trucages, convié pour l’occasion. 

 
Le rythme, sans être frénétique, tient la route : Elisabeth erre, fuit, croise et recroise la menace grandissante. Certaines scènes nocturnes, ces silhouettes furieuses surgissant de l’ombre, distillent une poésie macabre à laquelle s’ajoute une mélodie électro étrange, qui habille l’atmosphère de terroir gangréné. Les comédiens non professionnels font souvent sourire ; Marie-Georges Pascal, elle, s’en tire mieux que ses comparses. Quant à l’égérie du X, Brigitte Lahaie, elle rayonne pour son premier rôle « traditionnel ». On passera sur le jeu calamiteux de Félix Marten et Serge Marquand, duo de bras cassés achevant le film dans une pantalonnade digne d’un Pécas.


"Le jus du Diable".
Fort sympathique, atmosphérique, bancal mais si attachant, Les Raisins de la mort est une bisserie Z, tour à tour aimablement grotesque et macabre, qui altère un peu la singularité de Rollin, mais s’impose comme son film le plus plaisant et le plus tenu, au sein d’une filmographie inégale mais passionnante. Pour les inconditionnels du (petit) maître, les Raisins de la mort restera à jamais un incontournable.
 
*Bruno 

NOTE: Jean Rollin fait une apparition clin d'oeil durant le prologue.

Dédicace à Mathias Chaput et Jean Rollin qui nous a quitté Mercredi 15 Décembre.

30.11.10

A BOUT DE COURSE (Running on Empty)

                                                     (avis subjectif d'un puriste amateur)
                                   

de Sidney Lumet. 1988. U.S.A. 1H55. Avec Christine Lahti, River Phoenix, Judd Hirsch, Jonas Abry, Martha Plimpton, Ed Crowley, L.M. Kit Carson, Steven Hill, Augusta Dabney, David Margulies...

BIOGRAPHIE: Sidney Lumet (né le 25 juin 1924) est un réalisateur américain, avec plus de 50 films sous sa direction, dont Douze Hommes en colère, son 1er long-métrage acclamé par la critique en 1957 et Network, main basse sur la TV  en 1976.
Il a remporté l'Oscar d'honneur en 2005 pour ses "brillants services rendus aux scénaristes, acteurs et à l'art du cinéma".
Sidney Lumet était un acteur avant de devenir réalisateur. Ses parents étaient l'acteur de théâtre yiddish Baruch Lumet et la danseuse Eugenia Wermus. Il est monté pour la première fois sur les planches au Yiddish Art Theater de New York à l'âge de quatre ans et a joué dans les théâtres Yiddish et de Broadway jusque dans les années 1950.
Filmo sélective: 12 Hommes en colère (1957), l'Homme à la peau de serpent (1959), Point Limite (1964), Serpico (1976), Un après-midi de chien (1975), Network, main basse sur la TV (1976), Le Prince de New-York (1981), Piège mortel (1982), A bout de course (1988), Jugez moi coupable (2006).

                     

L'ARGUMENT:   Danny, jeune homme de dix-sept ans, est le fils d'anciens militants terroristes.Sa famille est obligé de fuir le FBI lancé à leur trousse depuis leur méfaits commis.
Un jour Danny tombe amoureux d'une fille et cette relation va bouleverser la vie de sa famille autoritaire.

COMME UN HOMME LIBRE.
Deux ans après le thriller Le Lendemain du Crime réalisé en 1986, Sidney Lumet  s'oriente cette fois-ci vers le drame psychologique en abordant en toile de fond le terrorisme à travers une famille unie au lourd passé, obligé de fuir et déménager, parce que le FBI est lancé à leur trousse depuis des années.
Des parents libertaires qui auront été auparavant des activistes convaincus de leur démarche contre la guerre du Vietnam pour avoir commis un attentat à la bombe dans une fabrique de Nepalm. Malheureusement, un gardien qui ne devait pas se retrouver à ce moment précis se retrouvera paralysé et aveugle suite à l'impact de l'explosion.

                    

La démarche de Sidney Lumet n'est pas de nous orienter vers un film politique et disserter sur le terrorisme. Il se destine de prime abord à nous conter l'histoire poignante et bouleversante d'une famille sacrifiée parce que des parents, anciens militants auront commis un acte illégal impardonnable envers la société. Les conséquences dramatiques de cet acte frauduleux vont faire éclater en lambeau la cellule familiale constamment obligée de se terrer, telle des pestiférés d'une région à une autre pour éviter d'être démasquée.
Ce sont les enfants, le jeune Harry et surtout Danny, 17 ans qui vont devoir subir dans leur moralité une vie morne et déstructurée, éreintante aussi du fait des départs incessants commis par ses parents pour fuir le FBI.
Danny se réfugie alors dans la musique, ce à quoi il voue un véritable don dans l'amour du piano que son professeur de lycée ne tardera pas à lui faire valoir. Un jour, il rencontre la fille du professeur, Lorna, auquel il va éperdument tomber amoureux. Ce sont ces deux révélations, l'amour du piano et celle de cette jeune fille qui vont faire basculer la vie du jeune garçon solitaire, davantage épris de liberté, d'envie de se forger, s'assumer et progresser pour un avenir plus ambitieux.
Mais les parents rigides, d'une prudence à toute épreuve, qui auront eux même abandonnés leurs géniteurs à une époque déjà lointaine vont devoir obstruer les choix libertaires de Danny et refuser à ce qu'il prenne sa vie en main.

                   

Cette puissante narration riche en densité par ces conflits psychologiques d'une teneur dramatique intense nous fait pénétrer à l'intérieur d'une famille qui ne sait plus ce qu'elle pourrait envisager pour mieux subir cette traque inlassable avant que les remords et les contritions du passé ne remontent à la surface. Parce que leurs enfants n'ont pas le droit à une vie comme les autres, la mère compatissante du mal être de Danny va prendre conscience de son égoïsme et de sa lâcheté, à refuser à ce que son fils Danny, davantage en âge de raison, devienne un futur pianiste renommé.
Le père irascible et austère, forgé par son pouvoir autoritaire et sa révolte rancunière contre la société ne l'entend pas de la même manière. A moins qu'en dernier recours, un regain de prise de conscience morale ne le pousserait à changer d'avis.

L'émouvant et regretté River Phoenix incarne le rôle introverti du jeune Danny avec fragilité et sensibilité dans sa douleur affectée d'être le témoin malgré lui de parents fuyards, anciens marginaux contre leur société patriotique.
Mais une idylle amoureuse et la passion dévorante pour une leçon de piano vont pouvoir décanter sa façon de percevoir et affronter un jour prochain son destin improbable.

                    

LES LIENS DU COEUR.
Sans effet de pathos et encore moins de discours pompeux, Sidney Lumet  a concocté avec une sensibilité nue une mise en scène minutieusement élaborée au service de ses personnages magnifiquement campés par des comédiens au ton naturel.
A bout de course se livre à un bouleversant drame familial auquel des parents condamnés à la solitude seront obligés dans une prise de conscience soudaine à sacrifier les liens affectifs pour subvenir aux besoins de leur progéniture.
Un grand film méconnu d'une profondeur humaine intense, au scénario impeccablement rodé et à la conclusion terriblement fataliste. Où chaque protagoniste fustigé gardera en son âme affligée de lourdes séquelles irréversibles.

01.12.10

Terror Firmer

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Lloyd Kaufman. 1999. U.S.A. 1H57. Avec Will Keenan, Alyce Latourelle, Lloyd Kaufman, Trent Haaga et Ron Jeremy

BIOGRAPHIE: Lloyd Kaufman (né Stanley Lloyd Kaufman Jr. le 30 décembre 1945), est un réalisateur, producteur et acteur de cinéma underground et indépendant américain. Il a fondé Troma Entertainment, la plus ancienne compagnie de cinéma indépendant, avec son ami Michael Herz. Son film le plus célèbre est Toxic Avenger. Ce passionné du cinéma Trash indépendant compte 109 films en tant qu'acteur (souvent de petits rôles), 61 comme producteur, 31 comme réalisateur et 27 comme scénariste. Il a également composé la musique de Tromeo and Juliett.

AFFREUX, SALES ET MECHANTS.
Trois après Troméo et Juliette, notre bon samaritain Lloyd Kaufman  réalise en 1990 une satire féroce du milieu du cinéma en égratignant les films à gros budget tournés machinalement sans âme ni saveur. Des réalisateurs formatés dans le politiquement correct qui se contentent de respecter la ligne directrice de producteurs cupides sans scrupule. Des margoulins qui ne semblent pas connaitre la noblesse des mots: magie, rêverie, évasion sous la houlette du 7è art (tout ce que Troma nous offre depuis des décennies).
A ce titre, Lloyd Kaufman ne va pas hésiter à "balancer" son mépris et son indifférence sur certains réalisateurs dont Steven Spielberg  sera le porte parole pour Terror Firmer !

Tout l'univers Troma est donc réuni dans ce délire trash sous acide pour le meilleur et pour le pire, comme dans la plupart de cette longue filmographie étiquetée "bête et méchant". Des petits métrages à la sauvette dérangés du bulbe mais oh combien jouissifs dans son décomplexe à imaginer les pires scènes provocantes jamais réalisées, tout en se raillant de chaque citoyen qui nous entoure dans une jungle délurée. Que ce soit les obèses, les handicapés mentaux, les aveugles, les obsédés, les hermaphrodites, les homos, les vieillards, les bébés, les femmes enceintes, les pervers, les sadiques et les meurtriers.

Le récit bordélique nous refait le coup du "film dans le film", se déroulant sur les lieux d'un tournage commandité par Larry Benjamin (Lloyd Kaufman himself !), un cinéaste indépendant atteint de cécité, accompagné de sa jeune fille handicapée.
Sur place, notre réalisateur plein d'ambition a beaucoup de mal à faire régner l'ordre durant l'entreprise folingue de son nouveau long-métrage (qui est une nouvelle suite aux aventures de Toxic Avenger). Et ce  même s'il ne s'en porte pas plus mal !
Mais un mystérieux tueur sévit sur le plateau et va semer la panique et la zizanie parmi les figurants dans le chaos le plus total  !

L'introduction nous amène d'entrée de jeu dans une séquence gore comique auquel un quidam va se faire arracher les deux jambes par une mystérieuse inconnue. La seconde séquence hallucinée dans son mauvais goût assumé (située à 50 secondes du film précisément) nous envoie frontalement un crochet dans la gueule quand une mère se fait éventrer l'estomac à main nue par cette même inconnue vêtue d'une jupe et portant des lunettes noires. De ses mains pénétrées dans les viscères de la gente dame, la meurtrière invétérée en sortira un foetus vivant, ensanglanté, devant les hurlements de la mère estomaquée ! Alors que le petit bébé maladroitement malaxé dans les mains de la tueuse cogitera aveuglément en s'exclamant par des pleurs incessants.
La scène abjecte, totalement barrée et filmée en gros plan ferait passer le viol du bébé de A Serbian Film pour une comptine ! (enfin presque !). On se demande même si l'on doit se moquer avec complicité ou s'inquiéter d'un tel niveau de mauvais goût, tant l'effet comique recherché est quand même dénaturé de mon point de vue.
Heureusement, la suite se révèle formidablement plus ludique, délirante, axé sur la débilité des personnages et des situations toutes plus cintrées les unes que les autres (comme de coutume dans une prod Troma).
C'est ce que Tonton Lloyd va nous balancer dans la tronche 2 heures durant dans une accumulation de séquences trash axées sur le cul, la vulgarité, le crade, la bassesse, l'incorrect, le mauvais goût et le gore dans une ambiance festoyante de carnaval effronté, tourné avec dérision et cynisme.

Un homme particulièrement très obèse va se retrouver happé par un tapis roulant et se faire littéralement écrabouiller la masse graisseuse en explosant de douleur !
Un travello se fera brûler vif par un marginal placé en position courbée, de manière à ce que son cul défroqué soit en retrait, prêt à envoyer un pet en direction de sa cible visée. Quand un de ses complices allumera la flamme d'un briquet située au bord de son anus pour envoyer cette production lumineuse d'un gaz en combustion et immoler le travello tétanisé de stupeur !
Ces deux exemples éloquents ne sont qu'une mise en bouche pour vous démontrer le niveau d'inventivité et de créativité que Terror Firmer va nous offrir généreusement durant près de deux heures.
Même l'intrigue criminelle douée de sens et de raison est plutôt bien amenée dans la révélation finale du dit tueur au passé traditionnellement tromatique !

LES DEBILES DE TROMAVILLE.
A travers ce métrage complètement frappadingue et fier de l'être, oh combien jouissif et débridé dans le sens le plus extrême et vulgaire du terme, Lloyd Kaufman  nous évoque également en toile de fond son amour immodéré pour le cinéma indépendant et ces metteurs en scène néophytes qui éprouvent d'immenses difficultés à monter un projet cinématographique. Il clame son respect et son estime pour ces métrages bricolés confectionnés par des réalisateurs créatifs et passionnés par leur profession. Il n'hésite pas à tirailler l'univers des grosses entreprises, les "Blockbusters" réalisés pour être grassement ingérer par le spectateur hébété, pour ne pas dire lobotomisé de la génération Fast Food. Tout en fustigeant ces réalisateurs indolents, présomptueux, condescendants et tous ses producteurs engagés dans une morale perfide, avides de pouvoir et d'appât du gain.
Alors, Terror Firmer, spectacle débile ou plaidoirie pour la liberté d'expression ? 

Dédicace à Anthony Le Phuoc.

02.12.10