(avis subjectif d'un puriste amateur)
de Claude Pinoteau. 1974. 1H44. France. Avec Lino Ventura, Isabelle Adjani, Annie Girardot, Francis Perrin, Jacques Spiesser, Michel Aumont, Nathalie Baye, Robert Hardy, Nicole Courcel, Georges Wilson.
FILMOGRAPHIE:
Claude Pinoteau est un réalisateur et scénariste français, né le 25 mai 1925 à Boulogne-Billancourt (France). Il est le frère de Jack Pinoteau et de Arlette Merry. Leur père, Lucien, était régisseur.
1973 : Le Silencieux, 1974 : La Gifle, 1976 : Le Grand Escogriffe, 1979 : L'Homme en colère, 1980 : La Boum 1982 : La Boum 2 , 1984 : La Septième Cible, 1988 : L'Étudiante , 1991 : La Neige et le Feu 1994 : Cache cash , 1997 : Les Palmes de M. Schutz , 2005 : Un abbé nommé Pierre, une vie pour les autres (documentaire).
L'ARGUMENT: Jean, un professeur d'une cinquantaine d'année, divorcé et père d'une jeune étudiante en médecine, Isabelle, traverse une période difficile. Sa maîtresse vient de le quitter et il en vient aux mains avec des policiers en civil qui s'en étaient pris à des étudiants. Alors que son univers vacille, le fossé se creuse avec sa fille, passionnée et avide de vivre. L'heure des mises au point familiales va bientôt sonner.
LA CRISE.
"Tu parles mal, tu travailles mal, tu danses mal, tu grandis mal... mais tu ne me fais pas peur Isabelle."
Un an après son polar d'espionnage Le silencieux, Claude Pinoteau change de registre, reprend son acteur fétiche (Lino Ventura) et nous livre une touchante comédie douce amère sur les rapports conflictuels et passionnels d'un père de famille, Jean, divorcé et de sa fille Isabelle, 18 ans, en pleine fureur de vivre.
Lui, est prof de Géographie, elle, est étudiante en médecine. Un jour, elle décide de tout plaquer pour s'en aller vivre avec Marc, un jeune garçon immature sans ambition particulière.
Un soir, après qu'Isabelle ait avoué à son père son désir de quitter le domicile familial, une violente dispute intervient entre eux, à tel point qu'elle reçoit une sévère gifle. Le lendemain, elle décide de partir rejoindre sa mère pour aller vivre en Australie.
Avec une grande affection pour ses personnages emprunts de tendresse et de rancoeur, superbement campés par Ventura, Adjani et Girardot, Claude Pinoteau nous tisse le portrait d'une famille désunie, divorcée de leur amour commun, auquel leur fille, Isabelle, perdue au milieu de tous semble déstabilisée, l'âme en peine d'avoir vécu une si brutale rupture entre ses parents aimants.
Avec des scènes intimistes focalisées sur la relation d'un père rigoureux et de sa fille ardente, alternant le chaud et le froid, le rire et les larmes, la tendresse et la colère, La Gifle est l'histoire tendre, parfois touchante, pleine de vie d'un couple orageux aux générations dissemblables. Un duo en crise qui a du mal à se comprendre et s'orienter mais qui au bout du compte ne peut se passer l'un de l'autre. Même si finalement, Isabelle décidera une fois de plus in extremis de partir à l'aventure, pour tenter d'envisager une vie plus harmonieuse dans les bras d'un nouvel amant.
Tandis qu'au bout de ses conflits extravertis, Claude Pinoteau évoque également un regard poignant d'un couple qui sait rester en révérence, s'estimer et éprouver malgré tout un regain de compassion, d'amour commun. En étant finalement conscient qu'au bout du compte ils ne sont plus faits pour vivre ensemble s'il y avait matière à retenter un éventuel second élan romanesque.
L'immense Lino Ventura impose de sa présence massive un paternel possessif, exigeant, droit et autoritaire qui ne souhaite pas voir sa fille quitter son cocon et encore moins virer du mauvais coton. Mais ce père futilement grognon, débordant d'amour pour sa progéniture sait aussi se montrer humble, affectueux, tendre et respectueux pour les choix d'Isabelle devenue adulte. Désenchanté aussi quand il se rend compte qu'elle est davantage en âge de raison mais en phase précaire d'une quête indentitaire, alors qu'elle décidera de partir dans les bras d'un inconnu et voyager dans un pays étranger.
C'est la jeune et rayonnante Isabelle Adjani qui campe cette charmante étudiante rebelle et fougueuse, au bord de la crise de nerf, totalement désorientée de ses espoirs déchus vers un avenir incertain, en connivence avec ces furtives conquêtes masculines. Des frivoles relations amoureuses hasardeuses auquel personne ne semble avoir la faculté de la rendre véritablement aimante et épanouie.
La radieuse Annie Girardot interprète avec beaucoup d'aisance, d'équilibre et de fraicheur une mère libre de sa nouvelle vie de célibat dans sa vaste demeure campagnarde, accompagnée d'un maitre de maison d'origine anglaise. Cependant, elle reste une maman esseulée, dubitative, son instinct maternel brimé du fait de la divergence maritale auquel sa tendre fille avait de prime abord décidé de vivre avec son père à Paris.
Il y a aussi le jeune Francis Perrin, totalement adéquat dans un rôle convenu de gaffeur malgré lui, amoureux d'Isabelle mais furtivement impertinent, insouciant dans sa quête de vouloir à tous prix s'approprier le choix hasardeux de sa nouvelle dulcinée.
On remarquera aussi la composition attachante et charismatique de la jeune Nathalie Baye dans un rôle futile ainsi que dans une moindre mesure les acteurs novices Richard Berry et André Dussolier à l'aube d'une riche carrière reconnue.
LA SEPARATION.
Inscrit dans une époque rebelle qui a vécu antérieurement un Mai 68 historique, La Gifle, qui débute par des affrontements entre jeunes et forces de l'ordre évoque aussi en toile de fond un témoignage social sur cette décennie 70 d'une jeunesse en crise et révoltée.
Une jolie comédie pleine de tendresse et d'humanité dans ses relations familiales déstructurées, un hommage touchant, simple et spontané sur la difficulté de grandir dans un avenir versatile et d'affronter cette vie sociale quand les enfants auront été témoins de l'incompatibilité des parents à maitriser une vie de couple fusionnelle.
Avec beaucoup de vivacité et de tempérament, le trio Lino Ventura / Isabelle Adjani / Annie Girardot crève l'écran et doit beaucoup au charme complice, à la légèreté environnante et à l'attendrissement éthéré de cette évocation familiale pragmatiste virevoltante.
A Annie...
29.11.10. 2.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire