mardi 23 décembre 2014

Conan le Barbare / Conan the Barbarian

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Moviecovers.com

de John Milius. 1982. U.S.A. 2h11. Avec Arnold Schwarzenegger, James Earl Jones, Sandahl Bergman, Gerry Lopez, Mako, Max Von Sydow, Ben Davidson.

Sortie salles France: 7 Avril 1982. U.S: 14 Mai 1982

FILMOGRAPHIE: John Milius est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 11 Avril 1944 à Saint-Louis, dans le Missouri, Etats-Unis.
1973: Dillinger. 1975: Le Lion et le Vent. 1978: Big Wednesday. 1982: Conan le Barbare. 1984: L'Aube Rouge. 1989: L'Adieu au Roi. 1991: Le Vol de l'Intruder. 1994: Motorcycle Gang (télé-film). 1997: Rough Riders (télé-film).


"Entre l'époque où les océans ont englouti l'Atlantide et l'avènement des fils d'Arius, il y eut une période de l'histoire fort peu connue dans laquelle vécut Conan, destiné à poser la couronne d'Aquilonia, ornée de pierres précieuses, sur un front troublé. C'est moi, son chroniqueur, qui seul peut raconter son épopée. Laissez-moi vous narrer ces jours de grandes aventures..."

Chef-d’œuvre d’heroic fantasy surgissant à l’aube des années 80, Conan le Barbare fut inexplicablement boudé par une partie de la critique, fustigeant un spectacle jugé primaire, desservi par la supposée confusion de son scénario et le jeu inexpressif de l’acteur autrichien Arnold Schwarzenegger. Injustifiable aveuglement, tant le néophyte incarne à merveille ce guerrier laconique, taillé dans l'acier brut, silhouette herculéenne sculptée dans la douleur. Réduit à l’état bestial dans sa condition d’esclave, Conan s’élève dans une mutité tragique, mû par une seule force : la vengeance.

À le revoir aujourd’hui, on est saisi par l’ampleur majestueuse de cette mise en scène habitée, rigoureuse dans ses moindres détails : paysages telluriques, décors titanesques (comme l’immense palais de la secte des serpents), effets spéciaux artisanaux, photographie sépia, figuration monumentale, et surtout, ce score fulgurant de Basil Poledouris, cœur battant de l’épopée. John Milius orchestre le tout avec la ferveur d’un forgeron de légendes, transposant à l’écran le souffle antique d’une mythologie oubliée.


Synopsis: Depuis la mort atroce de ses parents — sa mère décapitée sous ses yeux figés d’enfant — Conan, voué à l’esclavage, polit sa rage dans l’arène des gladiateurs. Devenu invincible, il est affranchi par un mentor énigmatique. Flanqué d’un voleur narquois et d’une guerrière farouche, il entreprend l’assaut d’un refuge sectaire, royaume d’un roi-sorcier, Thulsa Doom, métamorphe enserpenté, pour y libérer la fille d’un roi... et affronter son passé.

Mythologie, drame, fantastique : les registres s’entrelacent dans un ballet brutal et lyrique. La violence, primitive, y est sidérante : coups de masse, lames acérées, pieux entaillant la chair dans des gerbes de sang rouge sombre. Mais Conan le Barbare ne se résume pas à ses affrontements belliqueux ; il épouse aussi la forme d’une tragédie. La vengeance se teinte de douleur. Qui peut oublier l’exécution de sa mère, dans une scène d’une intensité névralgique à la chorégraphie presque sacrée ? Ou la mort de sa compagne d’armes, frappée lâchement par ce roi fanatique allié aux forces obscures ?

Magie noire, sorcellerie, fatalité... Tous ces éléments s’enracinent dans une narration limpide, sans fioriture, tendue vers l’os. Milius filme avec une rigueur quasi spirituelle, sublimant les grands espaces, magnifiant la camaraderie guerrière et la résilience. Il en résulte une intensité émotionnelle d’une pureté étrange, presque élégiaque : deuils, renaissances, douleurs muettes. Et au cœur de cette odyssée, le surgissement du Surhomme, figure nietzschéenne portée par la devise : "ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort."

"Le trône de fer"
Éloge à la puissance de l’acier, au courage de vaincre et à l’instinct de vengeance, Conan le Barbare transcende avec panache un spectacle barbare, baroque et grandiose dans une dimension tragique bouleversante. Un chef-d’œuvre immuable, d’une beauté brutale, porté par une fureur ancestrale aussi primitive que la virilité sacrée de son héros, enracinée dans la légende hyborienne.

*Bruno
4èx 

Dédicace à Franck Gossard

lundi 22 décembre 2014

COLD PREY (Fritt Vilt)

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site mazika2day.com

de Roar Uthaug. 2006. Norvège. 1h37. Avec Ingrid Bolso Berdal, Rolf Kristian Larsen, Tomas Alf Larsen, Endre Midtstigen, Viktoria Winge.

Sortie salles France: 5 Janvier 2010 (uniquement en Dvd et Blu-ray). Norvège: 13 Octobre 2006.

FILMOGRAPHIE: Roar Uthaug est un réalisateur, scénariste et producteur norvégien, né le 25 Août 1973 à Lorenskog dans le comté d'Akershus en Norvège.
1994: En aften i det gronne. 1996: DX13036. 1998: A fistful of kebab. 2002: Regjeringen Martin. 2006: Cold Prey. 2009: Le secret de la Montagne Bleue. 2012: Flukt (Dagmar).


Modeste série B venue de Norvège, directement sortie en support numérique chez nous, Cold Prey se réapproprie des codes du psycho-killer dans une narration éculée mais dont la foi des personnages débrouillards relance l'intrigue avec réelle efficacité. Confinant l'action dans le cadre hivernal de montagnes enneigées, puis celui, beaucoup plus restreint, d'un hôtel abandonné, Cold Prey dépeint l'expédition ludique d'un groupe de vacanciers partis skier dans les montagnes de Jotunheinem. Alors que l'un d'eux vient de se blesser grièvement la jambe en dévalant une pente en snowboard, ils réussissent par chance à faire escale dans une station abandonnée. Mais sur place, une menace tapie dans l'ombre les attend, sachant qu'ils vont avoir affaire aux exactions d'un dangereux psychopathe. 


Ce pitch orthodoxe mainte fois traité depuis les modèles Black Christmas et Halloween, ne compte donc que sur l'efficacité des péripéties et rebondissements haletants pour captiver le spectateur immergé autour d'une nature réfrigérante. Mais à contre-courant d'un Vendredi 13 routinier, le film fait preuve d'intelligence pour exploiter les ficelles du "ouh fais moi peur !" dans un concours de circonstances malchanceuses plutôt convaincantes. Exploitant habilement les recoins inquiétants d'un hôtel désaffecté (l'ombre de Shining semble d'ailleurs planer au détour d'une vue d'ensemble !), le film distille d'abord une atmosphère ombrageuse assez séduisante pour attiser l'expectative, quand bien même la spontanéité rafraîchissante des protagonistes nous permet de nous attacher facilement à leurs caractères et de nous identifier à leurs vicissitudes. C'est d'ailleurs une des principales qualités du film d'avoir su "humaniser" ses personnages vigilants, couards ou valeureux par le jeu naturel de comédiens avenants. Les estocades meurtrières s'avérant notamment assez percutantes dans leur effet de brutalité et de stupeur, voires parfois même surprenantes dans les rebondissements aléatoires lorsque nos protagonistes sont appréhendés par surprise ou lorsqu'ils tentent de se défendre avec fraternité. Sur ce dernier point, je pense particulièrement aux deux derniers survivants rivalisant de stratégies de défense afin de ne pas se laisser alpaguer par les coups de pioche du tueur. En prime, une certaine empathie déjà suggérée au préambule est allouée à la cause du meurtrier lorsque l'épilogue nous dévoile ouvertement son visage et qu'un flash-back va lever le voile sur les véritables responsables de sa déficience mentale. Sans esbroufe sanglante et un savoir-faire dans la mise en scène, Roar Uthaug préfère donc se focaliser sur l'atmosphère anxiogène de son décor d'insécurité auquel nos protagonistes tentent de s'y extraire en tirant parti de leur ressource.   


Avec modestie et aucune prétention, Cold Prey souhaite rendre hommage au psycho-killer parmi l'efficacité de situations horrifiques assez tendues et parmi la caractérisation humaine de survivants plein d'audaces et de bravoures pour se défaire de leur déveine. Il en résulte un sympathique survival un plus finaud que la traditionnelle du genre et assez bien géré dans sa réalisation circonspecte.

Bruno Matéï
2èx

vendredi 19 décembre 2014

MORSE (Låt den rätte komma in / Let The Right One in). Grand Prix, Gérardmer, 2009.

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Tomas Alfredson. 2008. Suède. 1h55. Avec Kare Hedebrant, Lina Leandersson, Per Ragnar, Henrik Dahl, Karin Bergquist, Peter Carlberg.

Sortie salles France: 4 Février 2009. Suède: 24 Octobre 2008

FILMOGRAPHIE: Tomas Alfredson est un réalisateur suédois, né le 1er Avril 1965 à Lidingo en Suède. 1994: Bert: The Last Virgin (Bert: Den siste oskulden). 2003: Office Hours (Kontorstid)
2004: Four Shades of Brown (Fyra nyanser av brunt). 2008: Morse (Låt den rätte komma in). 2011: La Taupe (Tinker, Tailor, Soldier, Spy).


Réalisateur suédois inconnu chez nous, Tomas Alfredson s'est fait connaître en 2008 avec Morse, un film fantastique indépendant ovationné à travers le monde par une pléthore de récompenses. Empruntant au mythe du vampire, la trame nous illustre avec pudeur et sensibilité contenues l'amitié naissante d'une fillette vampire de 12 ans avec son voisin d'immeuble, un adolescent timoré du nom d'Oskar. Au fil de leur relation intime, ils vont apprendre à se connaître et s'échanger des confidences en dépit des exactions meurtrières qu'Eli doit commettre afin de survivre. Sur le papier, si ce pitch superficiel semble concourir la carte des bons sentiments dans la mouvance d'un Twilight suédois, Tomas Alfredson a suffisamment d'ambition et de personnalité pour transcender à l'écran un poème macabro-féerique touché par la grâce de ses têtes blondes. 


Ecartant les conventions éculés, ces vampires suédois sont ici marqués par la solitude dans leur comportement criminel et monstrueux, préférant parfois même céder au sacrifice du dernier ressort plutôt que de transmettre la contagion auprès d'un innocent. Outre le soin formel d'une réalisation maîtrisée laissant libre court à l'esthétisme immaculé d'une banlieue enneigée, et auscultant au plus près la pureté des sentiments de nos héros, Morse fait appel à l'émotion prude pour nous interpeller face à leur posture amoureuse difficilement concrétisable. Car prisonnière dans le corps d'une adolescente de 12 ans et affermie par sa maturité, Eli ne peut entamer une relation durable avec le premier venu, spécialement ce jeune Oskar fragilisé par la persécution et la vengeance. En alternant l'horreur d'agressions perpétrées au coeur d'une urbanisation enneigée et l'intimisme de leur frêle relation, Tomas Alfredson déploie un saisissant contraste dans la ténuité sentimentale et la violence viscérale. A travers leurs rapports amicaux davantage bienveillants, c'est une initiation à la révolte et à la mort qu'Oskar doit emprunter en tant qu'auditeur puis témoin afin de s'affirmer aux yeux des autres. En particulier celui de braver les quotidiennes brimades imposées à un trio de camarades délinquants inscrits dans la lâcheté. La démission parentale est également soulignée dans la condition esseulée d'Oskar vivant reclus avec une mère effacée, alors qu'Eli, co-habite avec un paternel corrompu par sa connivence meurtrière. L'identification pour ce jeune couple livré à l'abandon n'en n'est alors que plus empathique dans leur situation démunie d'amants en quête rédemptive. 


Récit initiatique auquel un garçon timoré affronte la cruauté de l'adolescence du point de vue d'une délinquance juvénile et de celle d'une vampire infortunée, Morse insuffle avec originalité et poésie une justesse d'émotion dans le cheminement d'une romance trouble destinée à l'isolement. Leçon de tolérance pour le droit à la différence, on est d'autant plus bouleversé par le score mélancolique de Johan Soderqvist accompagnant cette odyssée prude avec une acuité vertigineuse. Un chef-d'oeuvre d'une pudeur à fleur de peau contrastant avec le stylisme des situations morbides. 

Bruno Matéï

Récompenses:
Meilleur film et meilleur photographie au 31e Festival international du film de Göteborg.
Meilleur film au Festival du film de TriBeCa 2008.
Méliès d'argent au 8e Festival International du film Fantastique de Neuchâtel.
Meilleur film, meilleur réalisateur et meilleure photographie au festival Fantasia 2008
Meilleur film, meilleur réalisateur et meilleure photographie aux European Independent Film Critics Awards
Prix de la critique et meilleur réalisateur au 12e festival international du film fantastique de Puchon
Prix de la critique au festival NatFilm 2008
Prix de la critique au Festival international du film de Toronto 2008
Méliès d'or du meilleur film fantastique européen de 2008
Grand prix du festival Fantastic'Arts de Gérardmer en 2009
Prix de la critique au festival Fantastic'Arts de Gérardmer en 2009
Silver Scream Award au Festival du film fantastique d'Amsterdam en 2009
Meilleur film étranger à la British Independent Film Awards 2009

TOP 14 ET FLOP 13 DES FILMS DE L'ANNEE + TOP 10 DE LA SERIE TV, 2014.

Top 1: (ex-aequo)

 

Top 2


Top 3:


Dans le désordre:












Bonus (car n'ayant pas eu l'opportunité de le visionner cette année)


FLOP 2014

Flop 1:


Flop 2:


Flop 3:


Dans le désordre...



















TOP 10, 2014. LE MEILLEUR DE LA SERIE TV:
Top 1:


Top 2:


Top 3:


Top 4:


Top 5:


Dans le désordre:

Homeland, Saison 4







Games of Thrones, Saison 4:



Hannibal Saison 3:
                                              

Walking Dead, Saison 4:


Bates Motel, Saison 2: