lundi 3 août 2015

Esther / Orphan

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Jaume Collet-Sera. 2009. France/Allemagne/Canada.U.S.A. 2h03. Avec Vera Farmiga, Peter Sarsgaard, Isabelle Fuhrman, Jimmy Bennett, CCH Pounder, Margo Martindale, Karel Roden, Aryana Engineer.

Sortie salles France: 30 Décembre 2009

FILMOGRAPHIE: Jaume Collet-Serra est un réalisateur catalan, né le 23 Mars 1974 à Barcelone.
2005: La Maison de Cire. 2007: Goal 2: La Consécration. 2009: Esther. 2011: Sans Identité. 2014: Non-Stop. 2015: Run all Night.


Prenant pour thème l'enfant meurtrier, Esther mise sur le divertissement calibré à partir d'un scénario charpenté faisant preuve de montée en puissance du suspense et de violence rigoureuse étonnamment jusqu'au-boutiste pour une production PG-13. 

SynopsisAprès la perte de leur 3è enfant, un jeune couple décide d'adopter une orpheline native de Russie, Esther. Rapidement, de nombreux incidents intentent à la tranquillité de la famille Coleman, quand bien même la mère commence à porter des suspicions sur la petite étrangère. 

"Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film", dixit Alfred Hitchcock, et on peut dire que chez Esther nous tenons là un fameux spécimen de psychopathe en jupe courte. Impassible, insidieuse et glaçante d'austérité, Isabelle Fuhrman porte le film sur ses épaules du haut de ses 12 ans tant elle impressionne à provoquer l'émoi lors de ses stratégies délétères, l'ébauche de ses exactions s'avérant toujours plus couillue et ambitieuse. Nanti d'un regard noir d'une intensité dérangeante; cruelle et impitoyable lorsqu'elle s'adonne aux meurtres, l'actrice provoque d'autant plus la gêne dans sa condition infantile immorale (notamment son jeu de séduction incestueux entretenu avec le père) délibérée à influencer les rejetons de sa nouvelle famille pour mieux parfaire son dessein.


De par l'efficacité du scénario, le savoir-faire de sa réalisation maîtrisée et le jeu spontané des comédiens, Esther parvient à captiver, notamment parmi l'habileté à laquelle fait preuve Jaume Collet-Sera d'y prôner les ressorts psychologiques d'une famille en perdition. L'ambition majeure d'Esther étant d'inciter l'entourage familial à écarter la mère afin de mieux influencer le père dans une relation d'ordre affective (pour ne pas dire sentimentale !). Ce qui donne lieu à des affrontements psychologiques plutôt intenses lorsque Kate Coleman tente de prouver à sa thérapeute et surtout à son époux qu'Esther est devenue une menace létale auprès de sa famille. Bien entendu, du fait du passé alcoolique de cette dernière ayant failli causé la mort de sa fille, et à cause de sa maternité inféconde la plongeant dans un déséquilibre moral, John Coleman tend à protéger Esther malgré des épisodes accidentels toujours plus alarmants. Outre la tension psychologique qui émane de leurs rapports discordants, l'intrigue met également en appui des rebondissements incisifs autour de l'identité d'Esther tout en insufflant un suspense exponentiel quant à la survie de la famille. Là encore le cinéaste fait preuve d'audace à mettre en pratique une violence graphique perpétrée par une fillette désaxée auquel les sentiments de haine, de rancoeur et de jalousie atteindront leur apogée lors du point d'orgue tragico-explosif.


Etonnamment violent et cruel (notamment parmi le témoignage infantile involontairement complice), Esther s'impose en exercice de style tendu (jouer avec nos nerfs avec une efficacité retorse) pour y vanter une série B horrifique fertile en rebondissements et péripéties criminelles. Avec la plus-value Vera Farmiga exprimant un jeu viscéral de pugnacité révoltée et aparmi l'icone démoniale  Isabelle Fuhrman, leur inimitié de longue haleine constitue l'attraction émotionnelle d'un jeu d'autorité irréductible. Excellent divertissement (étonnamment) rosse donc à la photo d'autant plus chiadée auprès d'une luminosité sépia nuancée. 

*Bruno
16.12.24. 3èx. Vost  

vendredi 31 juillet 2015

JURASSIC PARK

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site buzzfeed.com

de Steven Spielberg. 1993. U.S.A. 2h07. Avec Sam Neil, Laura Dern, Jeff Goldblum, Richard Attenborough, Bob Peck, Martin Ferrero, Joseph Mazzello, Ariana Richards, Samuel L. Jackson.

Sortie salles France: 20 Octobre 1993. U.S: 11 Juin 1993

FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis). 1971: Duel , 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode),1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad,1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004:Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal,2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 2012: Lincoln. 2015: Le Pont des Espions.


Succès planétaire lors de sa sortie, Jurassic Park est le fruit de l'association de l'écrivain Michael Crichton avec le maître du divertissement Steven Spielberg mettant en scène pour la première fois à l'écran des dinosaures par Animatronique et images de synthèse. Révolutionnaires pour l'époque, le film doit essentiellement de sa notoriété grâce aux effets numériques ahurissants de réalisme afin de faire revenir à la vie nos monstres de la préhistoire tels que les Diplodocus, les Vélociraptors, les Dilophosaures et surtout un Tyrannosaure du plus bel effet rugissant ! C'est d'ailleurs par le biais de ce T-Rex monstrueux qu'une séquence-clef culmine son impact catastrophiste lors d'une altercation avec deux enfants réfugiés en interne d'une voiture. Un moment claustro d'une intensité dramatique épique, Spielberg filmant cette bravoure avec la virtuosité d'un montage consciencieux, notamment pour la poursuite à perdre haleine que les victimes molestées doivent parcourir ensuite à travers bois.


Misant tout son potentiel visuel dans le sens du spectacle homérique et merveilleux (la première apparition du Diplodocus déambulant en toute quiétude sur une plaine insuffle un souffle féerique !), Spielberg parvient à nous immerger dans le contexte improbable d'une résurrection préhistorique par le biais d'un scénario cohérent. Une trame scientifique traitant du clonage et des manipulations génétiques à partir de l'Adn d'un moustique fossilisé contenant du sang de dinosaure et avec celui d'une grenouille engendrant la procréation de monstres uniquement femelles (une manière sereine d'éviter leur surpopulation et l'éventuel chaos). Au passage, il n'oublie pas de mettre en garde le caractère irresponsable de scientifiques utopistes violant les lois de la nature au profit de leur fantasme et leur cupidité, quand bien même la société de consommation est prête à exploiter sans vergogne les loisirs à sensations au mépris de la sécurité des touristes. Un milliardaire, apprenti sorcier, décide donc avec l'appui de son équipe scientifique de créer un gigantesque parc animalier prochainement réceptionné pour le public. Alors que deux paléontologues, deux enfants, un avocat et un mathématicien sont invités à scruter les lieux, ils finissent par s'y retrouver piégés sous une nuit pluvieuse. Epreuve de survie, c'est donc une partie de cache-cache que nos héros vont défier parmi les provocations bellicistes des dinosaures planqués derrière les bosquets et avant qu'ils n'investissent les lieux sécurisés de l'entreprise. Mené avec un savoir-faire imperturbable, Jurassic Park parvient à distraire efficacement malgré sa linéarité sans surprises (rejoindre un siège social pour se protéger de la menace préhistorique). Pour cela, il compte sur les courses-poursuites affolantes des protagonistes départagés en deux clans, et sur l'exploitation des décors naturels et du huis-clos qu'ils ratissent prudemment afin de déjouer les affronts des insidieux Raptors et du géant T-Rex.


Spectaculaire avec une juste mesure, haletant et parfois très impressionnant (la première attaque du T-Rex restera dans toutes les mémoires !), Jurassic Park parvient assez efficacement à émerveiller son public pris à parti entre l'effroi du mode catastrophe et la féerie contemplative des monstres de leur enfance. Un fantasme inespéré que Steven Spielberg est parvenu à cristalliser par le biais d'un scénario (étrangement) cohérent et par l'appui héroïque de personnages humainement attachants. 

Bruno Matéï
3èx

jeudi 30 juillet 2015

Wolfman

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmofilia.com

de Joe Johnston. Director's cut. 2010. U.S.A/Angleterre. 1h58. Avec Benicio Del Toro, Emily Blunt, Anthony Hopkins, Hugo Weaving, Geraldine Chaplin, Art Malik, Kiran Shah, Elizabeth Croft, Sam Hazeldine, David Sterne.

Sortie salles France: 10 Février 2010. U.S: 12 Février 2010

FILMOGRAPHIE: Joseph Eggleston "Joe" Johnston est un réalisateur et producteur américain, né le 13 mai 1950 à Fort Worth, Texas. 1989: Chérie, j'ai rétréci les gosses. 1991: Les Aventures de Rocketeer. 1994: Richard au pays des livres magiques. 1995: Jumanji. 1999: Ciel d'Octobre. 2001: Jurassic Park 3. 2004: Hidalgo. 2010: Wolfman. 2011: Captain America: First Avenger. 2013: Not safe for work.

 
"Dans l’ombre du père, la bête"
Échec commercial injustifié lors de sa sortie, alors qu’il adopte une ambition aussi formelle que psychologique, Wolfman remet au goût du jour le mythe lycanthrope en rendant un hommage humble et fervent aux monstres sacrés de la Universal et à l’élégance gothique de la Hammer

1891. Après la mort de son frère, un comédien de théâtre revient sur les terres de son enfance pour retrouver un père reclus dans l’austérité d’un manoir brumeux. Tandis que les villageois tombent, déchiquetés par une bête sauvage, Lawrence Talbot ignore encore qu’il va exhumer un terrible secret familial.

Nanti de décors gothiques à couper le souffle et d’une photo crépusculaire, baignée d’onirisme, Wolfman dépoussière l’épouvante séculaire par un mélange d’effusions gore cinglantes et d’action homérique. Un dosage habile que Joe Johnston exploite avec intelligence, à travers une narration charpentée laissant libre cours aux tourments de personnages infortunés avant que ne gronde l’inéluctable. Le réalisateur s’attarde sur la discorde d’une famille brisée, tendue autour d’un face-à-face amer entre un père véreux et un fils candide, malgré lui impliqué dans une malédiction atroce l’incitant à faire justice par instinct de vengeance.

Pour incarner ces tensions parentales à la colère contenue, on peut compter sur deux acteurs au charisme viril et ombrageux. Benicio Del Toro, félin, habite un fils tourmenté, partagé entre sa malédiction et la rage d’avoir découvert l’auteur des morts de sa mère et de son frère. Interné, expérimenté dans un asile, il devra aussi affronter l’intolérance d’un peuple avide de lynchage. En patriarche bourru et solitaire, Anthony Hopkins jubile à distiller ambigüité, orgueil cruel et jouissance trouble, se gaussant du destin de sa progéniture. Au cœur de cette guerre larvée, une romance affleure par le biais de Gwen, la fiancée défunte de Ben, incarnée avec pudeur et fragilité par Emily Blunt. Elle s’abandonne aux bras du frère survivant, et incarne bientôt l’ultime espoir de rédemption pour le loup.

Fascinant à plus d’un titre, notamment par la photogénie foudroyante de son esthétisme, Wolfman transcende ses scènes d’action et de transformation grâce à des effets spéciaux souvent bluffants - si l’on excepte quelques CGI disgracieux. Les diverses métamorphoses, rugueuses, bestiales, résonnent avec la fureur lycanthrope déjà sublimée par Neil Jordan dans le magnifique conte métaphysique La Compagnie des Loups.


Spectacle onirico-gothique d’une beauté suffocante, Wolfman renoue avec la flamboyance du cinéma d’épouvante vintage avec une vigueur et une inspiration qui forcent le respect. Mené tambour battant à travers une cavalcade de péripéties sanglantes et bondissantes - dont une course-poursuite haletante sur les toits - et porté par le duo magnétique Del Toro / Hopkins, cette relecture fiévreuse mérite, à son tour, de s’ériger en classique (moderne) du genre. 

— le cinéphile du cœur noir

2èx
30.07.15
12.03.11 (89)

    mercredi 29 juillet 2015

    L'IMPASSE

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

    "Carlito's Way" de Brian De Palma. 1993. U.S.A. 2h24. Avec Al Pacino, Sean Penn, Penelope Ann Miller, John Leguizamo, Ingrid Rogers, Luis Guzman, James Rebhorn, Viggo Mortensen.

    Sortie salles France: 23 Mars 1994. U.S: 17 Novembre 1993

    FILMOGRAPHIE: Brian De Palma, de son vrai nom Brian Russel DePalma, est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis.
    1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted. 2012: Passion.


    "Vivre toute une vie sans croiser la route d'un ange, tu vois, c'est bien pire que d'être là, dévoré par le froid..."

    10 ans après Scarface, Brian De Palma renoue sa collaboration avec Al Pacino pour dresser le portrait désenchanté d'un gangster latino en quête de rédemption. Prenant donc le contre-pied du personnage vénal de Tony Montana, l'Impasse transcende avec une virtuosité fulgurante le profil mélancolique d'un ancien caïd de la drogue délibéré à se racheter une conduite après avoir purgé 5 ans de prison. Acquitté grâce à la complicité véreuse de son avocat (Sean Penn, quasi méconnaissable !) alors qu'il devait purger 30 ans, Charlie Brigante retrouve ses anciens comparses de la pègre avant de renouer contact avec son ancienne compagne, Gail. Mais dans un concours de circonstances infortunées et par le compromis de son avocat à qui il devait une faveur, il se retrouve impliqué dans la complicité meurtrière d'un baron de la drogue.


    Par le biais d'une intrigue charpentée multipliant sans esbroufe les rebondissements d'anthologie, mélodrame et film de gangsters s'entrecroisent avec une maestria technique à couper le souffle, à l'instar de la fidèle reconstitution établie au paysage New-yorkais des Seventies. Tant auprès d'un point de vue romantique lorsque Charlie Brigante observe lointainement sous la pluie sa compagne à interpréter une leçon de danse, que lors de circonstances sanglantes, telle la fusillade confinée dans la salle de billard ou de l'haletante poursuite perpétrée dans le métro, l'Impasse donne le vertige parmi l'appui d'un Al Pacino pétri d'humanisme car inscrit dans le désespoir et la déveine. S'identifiant à son nouveau profil empathique, nous nous impliquons dans ses vicissitudes avec la peur au ventre sachant que le prologue nous avait déjà devancé l'issue fatale de sa destinée. Portrait fragile d'un ancien gangster incapable de fuir ses démons depuis son passé de corruption et de criminalité, Charlie Brigante nous commente avec désillusion que l'amitié et le code d'honneur dans les milieux mafieux ne sont plus d'actualité au sein des années 70, faute d'une nouvelle génération cuistre avide d'une liberté sans déontologie. Discours sur la loi du plus fort et celle du Talion, sur l'anachronisme d'un homme dépassé par le modernisme d'une époque qu'il ne comprends plus, témoignage sur la maturité de la vieillesse en voie de sagesse, l'Impasse s'édifie en poème mortuaire lorsqu'il s'agit de mettre en exergue le déclin d'un ancien magnat coupable de son inhabituel laxisme et de sa confiance empotée envers ses sbires.


    D'une intensité dramatique aussi épique que bouleversante (le final inconsolable s'avérant l'une des plus belles morts du cinéma !) et d'un suspense exponentiel à couper au rasoir lors de son cheminement délétère, l'Impasse offre (une ultime fois) ses lettres de noblesse au film de gansgters latinos parmi des trognes burinées plus vraies que nature et parmi l'icone du couple passionnel. Al Pacino / Penelope Ann Miller (magnifique portrait de femme aussi vertueuse qu'avisée !) formant le duo d'amants déchirés entre la grâce de leur tendresse et l'espoir sentencieux. Sublimé par le score sensible de Patrick Doyle, ce chef-d'oeuvre de tragédie criminelle réinvente le langage du cinéma avec une virtuosité incandescente.  

    Bruno Matéï
    3èx

    mardi 28 juillet 2015

    PASSION

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site meetinthelobby.com

    de Brian De Palma. 2012. France/Allemagne. 1h40. Avec Rachel McAdams, Noomie Rapace, Karoline Herfurth, Paul Anderson, Max Urlacher.

    Sortie salles France: 13 Février 2013.

    FILMOGRAPHIE: Brian De Palma, de son vrai nom Brian Russel DePalma, est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis.
    1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted. 2012: Passion.


    Décrié par la critique, Passion renoue avec les thrillers des années 80 que Brian De Palma avait su parfaire avec le talent Hitchockien qu'on lui connait. En abordant ses thèmes fétiches impartis au double, au mensonge, à la jalousie, la trahison, la vengeance et la sexualité (passionnelle), le cinéaste construit une intrigue machiavélique autour d'une rivalité féminine se disputant la concurrence dans une agence de pub. Provocateur dans son habileté d'exploiter sexe et violence avec une efficacité studieuse, De Palma cultive un jeu de perversion et d'humiliation entre la directrice de l'établissement Christine et son adjointe Isabelle depuis que cette dernière partage en secret une infidélité avec son amant. Pour pimenter l'intrigue, une autre employée, Dani, se porte témoin de leur pugilat avant de divulguer ses sentiments pour Isabelle, quand bien même l'amant des deux rivales est impliqué dans une malversation que Christine est sur le point de faire chanter. Autour de ce quatuor d'employés cupides mais manoeuvrés, un meurtre va être perpétré et cumuler les preuves contre Isabelle bien que cette dernière s'efforce de prouver à la police qu'elle se trouvait à la session d'un ballet au moment du crime. 


    Avec une maîtrise technique que l'on avait pas connu depuis la première partie de Snake Eyes, Brian De Palma parvient à renouveler la vigueur incisive d'un suspense Hitchcockien grâce à l'ossature d'un script où le faux semblant reste le pilier du cheminement dramatique en perdition. Le premier acte s'avère consciencieux pour mettre en exergue la présentation des personnages tours à tours suspicieux, manipulateurs, victimes et vice-versa au sein de leur multinationale. Dans leur travers mégalo avide de notoriété on peut d'ailleurs y déceler une satire sur l'arrivisme au sein du merchandising de la pub par le biais de Christine et de son amant vénal Dirk, puis à échelle plus modeste chez Isabelle, collaboratrice en ascension toujours plus vantée par ses patrons et donc attisant la jalousie de sa dirigeante. Outre une direction d'acteurs hors-pair, Rachel McAdams et Noomi Rapace se disputent la vedette avec charme et fourberie vénéneux dans leur discorde professionnelle axée sur la provocation, l'intimidation et la vengeance. La seconde partie, plus haletante et périlleuse, multiplie rebondissements et subterfuges avec la virtuosité habituelle de De Palma, notamment dans la structure géométrique des cadrages alambiqués et d'une photo pastel pleine de contrastes. Si le caractère prévisible du potentiel coupable peut rapidement être éventé, la manière captivante dont De Palma continue de narrer son histoire et le sens du détail alloué à la machination continue de nous surprendre, Spoil ! notamment parmi l'intrusion capitale d'un témoin oculaire ! Fin du Spoil. Qui plus est, la conclusion équivoque offre la possibilité d'émettre plusieurs hypothèses sur la pathologie du coupable (rêve et réalité se confondent parfois dans son esprit chargé de remords), sur l'éventuel intrusion d'un nouveau suspect et le caractère vindicatif d'un acte morbide laissé en suspens. 


    Dominé par le tempérament insidieux de deux actrices usant de charme et sagacité avec ferveur, réalisé avec brio et esthétiquement travaillé dans son panel de couleur limpides et de cadrages obliques, Passion surprend agréablement pour la résurrection du maître du suspense véritablement inspiré à traiter un thriller érotique où le simulacre est roi au sein d'une agence de pub fallacieuse ! 

    Bruno Matéï

    lundi 27 juillet 2015

    Spring

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site desdeabajo.net

    de Justin Benson et Aaron Moorhead. 2014. U.S.A. 1h49. Avec Lou Taylor, Nadia Hilker, Vanessa Bednar, Shane Brady, Francesco Carnelutti.

    Sortie salles U.S.A: 20 Mars 2015

    FILMOGRAPHIE: Justin Benson est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 9 Juin 1983 à San Diego, Californie, U.S.A. 2012: Resolution. 2014: V/H/S: viral -segmetn Bonestorm). 2014: SpringAaron Moorhead est un réalisateur, acteur, scénariste, producteur américain. 2010: A Glaring Emission. 2012: Resolution. 2014: V/H/S: viral -segmetn Bonestorm). 2014: Spring


     Avertissement !
    Je vous recommande de passer outre la promo de son trailer avant de découvrir le film.

    Révélés par leur premier essai, l’étonnant Resolution, les compères Justin Benson et Aaron Moorhead continuent de surprendre avec Spring, une love story aussi inattendue qu’hors normes dans l’itinéraire d’un jeune homme venu s’exiler en Italie après la mort de ses parents. Là-bas, au détour des ruelles et des paysages azuréens, il croise la route d’une envoûtante inconnue qu’il parvient à courtiser malgré l’autorité de son tempérament et ses mystérieuses disparitions. Au fil de leur relation, Evan comprend qu’elle dissimule un secret... monstrueux.


    Tourné dans de magnifiques lieux touristiques d’Italie, Spring est une invitation à l’escapade et à l’amour, à travers l’errance d’un homme décidé à fuir le deuil pour rêver d’un avenir plus doux. En mariant la romance au film de monstres, Benson et Moorhead déjouent les attentes et étonnent par cette leçon de tolérance sur le droit à la différence. Un conte empreint d’onirisme, sublimé par les décors crépusculaires ou baignés de soleil, que les deux âmes errantes traversent dans une fragile harmonie. Derrière ses thèmes a priori éculés - la passion, la peur de l’échec, le vertige de l’engagement - Spring renouvelle l’émotion grâce à la sincérité d’une mise en scène minutieuse, soucieuse de nourrir une ambiance presque irréelle, bercée par les battements feutrés du cœur amoureux.

    Sans pathos ni complaisance, l’intrigue se déploie dans une simplicité maîtrisée, préférant la maturité émotionnelle à la facilité des bons sentiments. L’attachement que l’on éprouve pour ce couple écorché est renforcé par le réalisme de leur trajectoire, que les réalisateurs transcendent en contournant les conventions de la romance hollywoodienne. Grâce au naturel désarmant des comédiens et à leur complicité palpable, Spring envoûte, plongeant le spectateur dans une malédiction où le danger guette sans jamais rompre la fascination. La réalisation, fidèle à l'esprit du cinéma indépendant, déploie une intelligence rare, d’autant que les effets spéciaux, discrets mais impressionnants, magnifient les métamorphoses organiques avec un sens du détail troublant.

    Hymne à l’amour et à la rencontre imprévisible, Spring exprime sa magie avec une liberté de ton presque documentaire.


    "Mutation sentimentale au soleil d’Italie".
    Onirique, étrange, métaphysique, sensuel et, au final, bouleversant - à l’image du score hypnotique de Jimmy LaValle et Sigur Rós - Spring séduit les sens par l’abandon de ses comédiens et la délicatesse de ses cinéastes. Une oeuvre magnifique au charme à la fois naturel et dépouillé, où la pureté des sentiments ne sombre jamais dans la niaiserie, mais se confronte à l’horreur organique d’un mythe ancestral.

    *Bruno 
    07.07.25. Vost

    vendredi 24 juillet 2015

    The loved ones. Prix du Jury, Prix SyFy, Gérardmer 2011

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site seriebox.com

    de Sean Byrne. 2009. Australie. 1h24. Avec Xavier Samuel, Jessica McNamee, Robin McLeavy, Victoria Thaine, Richard Wilson, John Brumpton, Fred Whitlock, Eden Porter...

    Sortie salles France: 12 Juin 2010. Australie: 4 Novembre 2010

    FILMOGRAPHIESean Byrne est un réalisateur et scénariste australien. Après avoir entamé quelques courts-métrages remarqués et un documentaire (The Secret) en 2006, il dirige sa première réalisation trois ans plus tard avec The Loved Ones.


    Couronné de deux prix à Gérardmer, The Loved Ones frappe fort et juste pour une première réalisation signée Sean Byrne (The Devil's Candy, Dangerous Animals). Mis en scène avec caractère et inventivité, le film détourne les codes du genre pour offrir un divertissement à la fois singulier et éprouvant. Coup de maître, il fusionne teen movie, drame social, comédie romantique et tortur’porn avec une audace rare.

    Porté par un humour noir acerbe, Sean Byrne exploite la torture sans jamais sombrer dans le racolage : dans cette grotesque surprise-partie, la victime humiliée joue le rôle du bouffon dans une vendetta féministe assoiffée de vengeance, avant d’être réduite à un animal muet, bientôt conditionné au cannibalisme. Ces sadiques manœuvres visent moins la douleur que la destruction, l’invalidité, l’esclavage.

    L’intrigue, simple - une jeune fille délaissée kidnappe son nouvel amoureux après un refus au bal - pourrait sembler éculée, mais la manière originale dont Byrne orchestre la séquestration captive, entraînant le spectateur dans une descente aux enfers délirante, insolente et traumatique. À coups d’idées saugrenues et d’une scénographie rose bonbon dans une maison familiale, The Loved Ones déconcerte en mettant en scène les caprices d’une psychopathe où amour, haine, rancune et folie s’entrelacent pour créer une farce macabre d’un romantisme vitriolé.

    En parallèle, Byrne s’attarde sur un jeune couple en émoi, troublé par la disparition inexpliquée du frère de la fille. Excentrique par son gothisme, le cinéaste dépeint avec sensibilité le mal-être adolescent - l’éveil sexuel mêlé à la mort, la peur du trépas et la volonté farouche de le défier. Le héros maltraité oscille sur le fil du rasoir, prisonnier impuissant depuis sa tentative d’évasion, mais résolu à affronter ses bourreaux avec une rage contenue.

    Un prologue inquiétant le place d'ailleurs face à un souvenir macabre. Dérangeant et malsain, The Loved Ones instille malaise et terreur dans ses rebondissements haletants et ses scènes d’impuissance - comment oublier la lobotomie à la perceuse ?

    Avec un cadre baroque, entre féerie et nature sauvage, et une atmosphère subtilement inquiétante, Sean Byrne nous ébranle, provoquant l’empathie envers une victime démunie et la répulsion face à une dominatrice rongée par la perversité.


    Horrifique crescendo, sardonique, cynique, macabre à souhait grâce à son humour sulfurique, The Loved Ones renouvelle le tortur’porn et le teen movie. Bal de l’horreur où Carrie aurait survécu pour devenir une misandre vicieuse, le film est méchamment sournois, attentif à ses personnages, avant l’explosion d’émotions rancunières flirtant avec la démence.
    À (re)découvrir d’urgence.


    — le cinéphile du cœur noir
    2èx

    Récompenses:
    Prix du public de la catégorie horreur au dernier Festival de Toronto en 2009.
    Prix Syfy et Prix du Public,  Gérardmer 2011.

    24/07/2015
    06/12/2010 (77 vues)

    jeudi 23 juillet 2015

    La Colline a des Yeux / The Hills have eyes

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site allocine.fr
     
    d'Alexandre Aja. 2006. U.S.A. 1h48 (version non censurée). Avec Aaron Stanford, Ted Levine, Kathleen Quinlan, Vinessa Shaw, Emilie de Ravin, Dan Byrd.

    Sortie salles France: 21 Juin 2006. U.S: 10 Mars 2006

    FILMOGRAPHIE: Alexandre Aja, (Alexandre Jouan-Arcady) est un réalisateur, producteur, scénariste, dialoguiste et acteur, né le 07 Août 1978 à Paris. 1999: Furia. 2003: Haute Tension. 2006: La Colline a des Yeux. 2008: Mirrors. 2010: Piranha 3D. 2014: Horns.


    "Ocre et sang : le hurlement d’Aja dans la Colline".
    Remake du classique de Wes Craven, La Colline a des Yeux révèle aux cinéphiles le Français Alexandre Aja par ce coup de maître horrifique, à la violence âpre et incisive. On ne compte plus les coups de pioche et de hache fracassant les corps, qu’ils s’abattent sur les autochtones forcenés ou sur les survivants insurgés ; et la séquestration dans la caravane cristallise l’épicentre traumatique du carnage, avec une férocité presque insoutenable. Si La Colline a des Yeux oscille si bien entre angoisse et terreur, c’est d’abord grâce à l’atmosphère d’inquiétude qui cerne les collines désertiques du Nouveau-Mexique — ocre surexposé sous un soleil écrasant — où une famille de vacanciers, accidentée, s’égare à la recherche d’un secours hypothétique. Mais perdus au milieu de nulle part, ils tombent sur la sauvagerie d’une horde de cannibales, dégénérés et défigurés par les essais nucléaires qui ont souillé leur ancien village.

    C’est une nouvelle descente aux enfers pour la survie que nous convie Aja, au cœur du tempérament humaniste d’une famille soudée par des valeurs chrétiennes, avant que la tragédie ne les martyrise d’une cruauté primitive. La peur viscérale du danger invisible, tapi derrière les collines ; la crainte de mourir sous les exactions d’un autre âge : voilà les ressorts majeurs qu’Aja tend, minutieux à installer une atmosphère lourde, avant de lâcher la violence brute des confrontations tribales. Par sa brutalité hardcore, parfois jusqu’au-boutiste (la tuerie dans la caravane en est l’exemple roi), et par la solidarité désespérée d’une famille jetée dans l’horreur et le chaos, Aja ressuscite le réalisme poisseux des bandes des Seventies. Il peaufine l’intensité dramatique autour de survivants épuisés, mais résolus à sauver leur peau, hache à la main. Pour mieux exalter leur rage et les affrontements barbares, Aja mise sur la sobriété de comédiens possédés par l’instinct de survie, libérant pulsions de vendetta et ruses machiavéliques (chien-cerbère en renfort !) pour piéger leurs bourreaux.


    "La Colline a des Yeux (2006) : la sauvagerie retrouvée".
    D’une brutalité inouïe et d’un réalisme éreintant, La Colline a des Yeux, version Aja, surpasse son modèle par la précision de sa mise en scène, l’exploitation vertigineuse d’un décor implacable et la fureur fiévreuse de ses acteurs, habités par une criminalité viscérale. Évoquant en filigrane le péril nucléaire, Aja transcende un morceau de cinéma horrifique brut de décoffrage, un survival aride et tranchant dont l’héritage se prolonge, poisseux, jusqu’aux entrailles des Seventies.

    La chronique de son modèle: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/09/la-colline-des-yeux-hills-have-eyes.html

    *Bruno
    3èx

      mercredi 22 juillet 2015

      SPEED

                                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

      de Jan De Bont. 1994. U.S.A. 1h56. Avec Keanu Reeves, Dennis Hopper, Sandra Bullock, James DuMont, Joe Morton, Jeff Daniels.

      Sortie salles France: 24 Août 1994. U.S: 10 Juin 1994

      FILMOGRAPHIE: Jan De Bont est un réalisateur, directeur de photo et producteur néerlandais, né le 22 Octobre 1943 à Eindhoven, Pays-Bas.
      1994: Speed. 1996: Twister. 1997: Speed 2. 1999: Hantise. 2003: Lara Croft, le berceau de la vie.


      Immense succès planétaire lors de sa sortie, Speed n'a pas usurpé sa réputation de modèle du film d'action tant Jan De Bont redouble d'efficacité à relancer les enjeux de survie parmi l'efficacité de stratagèmes d'attaques et de défense, et vice-versa ! Par l'entremise d'un concept aussi retors que redoutablement pernicieux (un bus est contraint de dépasser la vitesse de 50 miles à l'heure pour éviter de faire exploser ses passagers à tous moments !), Speed puise sa vigueur dans la métronomie de séquences d'action ébouriffantes sachant que le véhicule pris en otage à distance est incessamment contraint de rouler à vive allure afin d'éviter le crash.


      En empruntant le schéma du cinéma catastrophe, l'intrigue alerte s'agence autour t'intimidations et retournements de situations d'un jeu avec la peur compromis entre bons et méchant. A ces rapports de force concertés à distance vont découler dommages accidentels (véhicules et balises fauchés dans les centres urbains) et incidents techniques (fuite de carburant, crevaison de pneu !) par le biais d'une interminable course-poursuite sur bitume ! Si certaines situations à risque relèvent de l'improbabilité (le vol plané du bus à partir d'une parcelle manquante de l'autoroute, Jack réfugié sous le car afin de désamorcer la bombe ou de prendre la fuite sur une planche de métal parmi sa compagne, et enfin son audace de dernier ressort en interne d'un compartiment ferroviaire !), la perfection des effets spéciaux, la rigueur de ces cascades épiques et surtout le sens du détail imparti aux solutions de survie parviennent à crédibiliser ces tours de force vertigineux ! Epaulé de la prestance sarcastique du diablotin Dennis Hopper (sorte de "Jocker" moderne féru de cynisme dans son propos orgueilleux de nuire aux otages et ridiculiser le jeune héros redresseur de tort !) et du duo communément pugnace que forment Keanu Reeves et la pétillante Sandra Bullock, Speed parvient à captiver le spectateur dans une série d'épreuves de force érigées autour d'une cage d'ascenseur, d'un autobus infernal et (pour parachever) d'un train.


      Conçu à la manière d'un tour de montagne russe où l'action incessante est entièrement impartie au cheminement intrépide d'une intrigue fertile en péripéties, Speed peut sans rougir accéder au panthéon des plus grands films d'action des années 90. Si la mise en scène avisée de Jan De Bont, l'originalité du pitch et le réalisme des effets spéciaux nous plaquent au fauteuil dans le quotient de son intensité émotionnelle, la complicité attachante formée par le couple Keanu Reeves/Sandra Bullock et la présence roublarde de Dennis Hopper décuplent l'effervescence dans leur inimitié infatigable. 

      Bruno Matéï
      3èx

      Récompenses: Oscars 1995:
      Oscar du meilleur son
      Oscar du meilleur montage sonore
      BAFTA Awards 1995
      Meilleur montage
      MTV Movie Awards 1995
      Meilleure actrice pour Sandra Bullock
      Meilleur duo pour Keanu Reeves et Sandra Bullock
      Meilleur méchant pour Dennis Hopper
      Meilleure scène d'action pour l'échappée du bus et l'explosion de l'avion.
      Saturn Awards
      Meilleure actrice pour Sandra Bullock

      La critique de Mathias Chaput: 
      « Speed » est un modèle du genre, mélange entre film d’action, polar et film catastrophe, ce métrage est un pur régal !
      Certes, on a du mal à y croire, mais le talent de Jan de Bont parvient à faire admettre, même au spectateur le plus blasé, l’iréel !
      Des plans incroyables (comme la scène de l’ascenseur au début) et le filin accroché à une poutre sur le toit de la tour qui retient le câble de l’ascenseur, l’explosion du bus (vide) qui vient s’encastrer sur un avion long courrier et surtout le coup magistral de Jack allongé sur le dos sur une planche à roulettes parvenant à passer sous le bus en essayant de désamorcer la bombe, le tout à grande vitesse !
      Des séquences de folie pure qui font redoubler le stress vécu par le spectateur jusqu’à une issue salvatrice clôturée par un happy end un peu nunuche, reconnaissons le ! mais ici on est à Hollywood !
      Dennis Hopper est magistral et nous régale d’une composition dont seul lui a le secret, il est génial en terroriste déjanté et expert en explosifs !
      Keanu Reeves est rempli de testostérone et livre un combat sans merci pour éradiquer le mal et faire triompher la justice !
      Sandra Bullock ajoute un charme et sa féminité est bienvenue au milieu de cet univers de mâles…
      Le passage de la « poussette » vaut son pesant de cacahuètes et respire la déstabilisation, parfaitement bien rôdée et amenée dans le déroulement du métrage, accentuant une nouvelle fois le stress chez le spectateur, déjà particulièrement éprouvé !
      La décapitation sur le toit de la rame du métro est également bien vue !
      Un excellent film, « Speed » est un concentré d’action, un florilège de scènes dynamiques où cela n’arrête pratiquement jamais une seule seconde ! (la remise des médailles est le seul temps mort du film, tout le restant n’est qu’action pure à 200 à l’heure !).
      A voir et revoir avec le même plaisir !
      9/10

      mardi 21 juillet 2015

      The American Way. Prix du Jury, Prix de la Critique, Prix Antenne d'Or, Avoriaz 1987.

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

      "Riders of the Storm" de Maurice Phillips. 1986. Angleterre/U.S.A. 1h45. Avec Dennis Hopper, Michael J. Pollard, Eugène Lipinski, James Aubrey, Al Matthews, William Armstrong.

      Sortie salles France: 27 Mai 1987. U.S: 7 Mai 1988.

      FILMOGRAPHIE: Maurice Phillips est un réalisateur, acteur et scénariste américain, né le
      1986: American Way. 1990: Un cadavre sur les bras. 1991: Another You. 1996: The Vanishing Man (télé-film). 2000: Second Sight: Parasomnia (télé-film). 2003: Dr Jekyll et My Hyde (télé-film). 2006: Losing Gemma (télé-film).

       
      Satire féroce de la guerre du Vietnam, du fanatisme religieux et d’un corps politique gangréné — notamment par l’extrême droite — The American Way emprunte les atours d’une série B décomplexée pour vilipender l’Amérique puritaine, où l’apparence n’est que duperie destinée à mieux manipuler un peuple de masse lobotomisé.
        
      Le Pitch: À bord d’un avion rafistolé, une poignée d’anciens vétérans du Vietnam survolent les États-Unis pour pirater les ondes hertziennes du petit écran. En prime, afin de saboter l’ascension d’une candidate conservatrice aux prochaines présidentielles, ils orchestrent des attentats symboliques lors de ses apparitions télévisées. Mais à l’instant même où ils s’apprêtent à démasquer son imposture corporelle, cette dernière ordonne à l’armée de l’air de pulvériser leur appareil au moyen de missiles nucléaires.


      Ovni improbable, où l’étiquette “culte” reprend enfin tout son sens, The American Way s’érige en vilain petit canard du cinéma : une production mal élevée, un premier film se vautrant dans le politiquement incorrect avec une insolence ravageuse. Porté par l’iconographie débridée d’insurgés jubilant dans leurs pitreries anarchistes et défiances anti-gouvernementales, le récit enchaîne provocations verbales et visuelles sans jamais lever le pied. Vêtus de défroques militaires qui évoquent les anti-héros de BD underground, ces justiciers de fortune font de leur rébellion une parade pop, grotesque et jubilatoire. Véritable bras d’honneur au consensus médiatique, aux lobbies rampants et aux discours démagos, Maurice Phillips raille sa république avec une verve délirante — jusqu’à transformer, une candidate, mais chut... Émaillé de rebondissements explosifs, de rencontres improbables avec des mafieux burlesques et un E.T blafard, The American Way insuffle un vent de liberté euphorisant, porté par des vétérans hédonistes, alcoolisés, drogués, rock'n'roll jusqu’à la moelle, galvanisés par une bande-son démoniaque.


      Hymne à l’indépendance d’esprit, à la sous-culture, à l’éthique du “fuck the system”, The American Way transfigure sa diatribe déchaînée contre la guerre, la soumission, le totalitarisme et l’intégrisme. Et si l’intrigue rocambolesque et la réalisation chancelante manquent parfois de rigueur dans leur construction rythmique, l’éloquence survitaminée des comédiens emporte tout sur son passage, dans un élan aussi héroïque que dévergondé. De la graine de comédie culte, subversive et transgressive, pour le plus grand bonheur du cinéphile frondeur !

      Bruno Matéï
      4èx

      lundi 20 juillet 2015

      GOODNIGHT MOMMY. Prix du Jury Syfy, Prix du Jury Jeunes, Gerardmer 2015.

                                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

      "Ich seh Ich seh" de Severin Fiala et Veronika Franz. 2014. Autriche. 1h40. Avec Susanne Wuest, Elias Schwarz, Lukas Schwarz, Hans Escher, Elfriede Schatz, Karl Purker.

      Sortie salles France: 13 Mai 2015. Autriche: Janvier 2015

      FILMOGRAPHIE: Severin Fiala est un réalisateur, scénariste, acteur producteur autrichien. Veronika Franz est une réalisatrice et scénariste autrichienne. 
      2014: Goodnight Mommy


      Expérience hermétique avec l'insolite, de par son environnement high-tech aussi épuré que baroque, son cheminement dramatique abrupt et surtout la posture interlope des protagonistes en phase de questionnement, Goodnight Mommy déroute et dérange jusqu'au malaise d'une dernière partie surfant avec la torture physique. Sans fioriture et avec une volonté de bousculer les habitudes du spectateur, ce huis-clos nous fait suivre le chemin de croix d'une mère molestée par ses progénitures, deux frères jumeaux incapables de l'identifier depuis son opération chirurgicale. Car défigurée, distante et castratrice, cette dernière adopte une posture antipathique à leurs égards au point de leur remettre en doute son identité maternelle. Toujours plus suspicieux, les enfants décident de l'emprisonner dans sa chambre pour mieux l'interroger et tenter d'y démasquer l'éventuelle imposture


      Dans la lignée du cinéma de Lynch et de Haneke, Goodnight Mommy réfute le divertissement conventionnel, le film empruntant les genres du drame et de l'horreur avec réalisme clinique et climat d'étrangeté que le mutisme des personnages renforce sans sourciller. Esthétiquement avisé et nanti d'un onirisme crépusculaire parfois envoûtant, cet étonnant jeu de pouvoir entre la candeur de l'enfance et l'autorité de leur génitrice ne provoque aucune empathie pour leur étude caractérielle destituée de béatitude. Privilégiant notamment le non-dit et le nonsensique dans leur comportement hétérodoxe (notamment ce goût singulier pour la passion des cafards !), Severin Fiala et Veronika Franz distillent autour d'eux une froide atmosphère feutrée parmi l'architecture moderne d'une résidence ornée de silhouettes diaphanes (le design baroque imparti aux ombres chinoises des portraits du salon). Sans faire preuve d'outrance et de trivialité, le film évolue vers une direction toujours plus malsaine quant à l'entêtement des enfants réduits en bourreaux malgré eux, mais sans que l'un d'eux ne cède au plaisir pervers pour leurs exactions punitives. Si l'intrigue linéaire peut laisser perplexe au premier abord dans la motivation des personnages et le sens de leur démarche, les cinq dernières minutes viennent tout remettre en question sur ce que nous venons d'assister afin d'élucider Spoiler !!! une réflexion sur le deuil, l'incapacité d'en assumer le fardeau et l'influence dépressive qu'il peut engendrer sur notre inconscient vis à vis des thèmes du double, du traumatisme et de la gémellité. Fin du Spoiler.


      Langoureux par la monotonie de son rythme et donc difficile d'accès pour certains, Goodnight Mommy n'est pas conçu pour plaire au public de masse tant cette épreuve psychologique monopolise le climat d'inquiétude et la posture équivoque des personnages avec une singularité auteurisante.
      Pour public averti.

      Bruno Matéï
      La critique de Audrey Jeamart: http://scopophilia.fr/goodnight-mommy-conte-cruel-de-la-jeunesse/

      RécompensesFestival international du film de Catalogne 2014 : « Official Fantàstic Panorama Selection » - Grand prix du film fantastique européen en argent
      Festival international du film de Thessalonique 2014 : « International Competition » - Prix FIPRESCI
      Festival international du film fantastique de Gérardmer 2015 : Prix du Jury Syfy et Prix du Jury Jeunes
      Festival Hallucinations Collectives 2015 : Grand prix du festival (prix du public)


      lundi 13 juillet 2015

      KAMIKAZE

                                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site forums.resistance.tk

      de Didier Grousset. 1986. France. 1h29. Avec Richard Bohringer, Michel Galabru, Dominique Lavanant, Romane Bohringer, Etienne Chicot, Harry Cleven, Riton Liebman.

      FILMOGRAPHIE: Didier Grousset est un réalisateur français.
      1986: Kamikaze. 1990: Rendez-vous au tas de sable. 1994: Eclats de Famille (télé-film). 1995: Le Fils de Paul (télé-film). 2000: Le Coup du Lapin (télé-film). Dans la gueule du loup (télé-film). 2001: Permission Moisson (télé-film). 2003: Il court, il court le furet (télé-film). 2003: Retour aux Sources (télé-film). 2005: Confession d'un menteur (télé-film). 2006: Le Chapeau du P'tit Jésus (télé-film). 2006: Mariés... ou presque ! (télé-film). 2007: Un Crime très populaire (télé-film). 2008: Il faut sauver Saïd (télé-film). 2009: Sur le chemin de Compostelle (télé-film)/ 2012: La Smala s'en mêle (télé-film).


      Produit et co-scénarisé par Luc Besson, Kamikaze est un petit ovni oublié des années 80, le premier long-métrage de Didier Grousset, ancien assistant réalisateur de Subway. Partant d'un concept d'anticipation particulièrement débridé (tuer à distance les speakerines de la TV par le biais d'une arme électronique), Kamikaze privilégie la dérision sardonique lorsqu'un savant limogé décide de se venger de la société en façonnant une machine révolutionnaire. Satire du milieu des médias pour la caricature grotesque impartie aux speakerines, cette comédie noire doit beaucoup de son attrait à l'audace d'un humour au vitriol, comme le souligne la posture extravagante du grand Michel Galabru, surjouant un misanthrope habité par la haine depuis son licenciement abusif. Fuyant son ennui devant son poste de téléviseur mais toujours plus irrité par la vulgarité des émissions présentées par des speakerines aseptiques, il décide de se convertir en exterminateur afin de démontrer toute l'étendue de son génie. Sans surprise mais efficace, l'intrigue linéaire repose ensuite sur l'investigation ardue de l'inspecteur Pascot (campé avec aisance autorité par l'excellent Richard Borhinger), délibéré à déjouer les nouvelles exactions criminelles d'Albert (savant-fou davantage compromis par sa déchéance meurtrière !), et s'efforçant de lui tendre un piège par le biais de son invention électromagnétique. Outre le caractère délirant d'une situation aussi saugrenue (supprimer les présentateurs TV les plus importuns à travers l'écran du tube cathodique et à distance d'une arme électronique), le film distille un climat parfois dérangeant dans la manière outrancière dont Galabru dessine son personnage, entre verve insolente et irascibilité sans vergogne (à l'instar du sort tragique alloué à deux protagonistes lors de la dernière partie). L'atmosphère insolite et décalée baignant dans un style ravageur d'humour noir, d'action sanguinolente (scènes-chocs hilarantes à l'appui lorsque l'estomac des speakerines explosent de manière aussi furtive qu'inopinée !) et de suspense gentiment fonctionnel, le tout rythmé sur l'onirisme d'un score envoûtant d'Eric Serra !


      Hormis quelques scènes inutiles (la relation paternelle de Pascot avec sa fille, sa fausse idylle avec sa collègue Laure Frontenac) et la négligence de certains seconds-rôles (Kim Massee peine un peu à convaincre dans la peau d'une nièce d'une bonhomie excessive), Kamikaze assure le sympathique divertissement d'une curiosité hybride parmi l'excentricité d'un Michel Galabru aussi grotesque qu'étrangement délétère. A réserver en priorité aux cinéphiles nostalgiques !

      Bruno Matéï
      2èx

      vendredi 10 juillet 2015

      La Guerre des Mondes / War of the Worlds

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site war-ofthe-worlds.co.uk

      de Steven Spielberg. 2005. U.S.A. 1h56. Avec Tom Cruise, Dakota Fanning, Justin Chatwin, Henry Jane Watson, Miranda Otto, Tim Robbins, Rick Gonzales.

      Sortie salles France: 6 Juillet 2005. U.S: 29 Juin 2005

      FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis).
      1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 2012: Lincoln. 2015: Le Pont des Espions.


      Spectacle pyrotechnique à couper le souffle, de par les moyens dantesques mis en oeuvre pour l'ampleur de séquences catastrophes aux FX numériques ahurissants de réalisme, La Guerre des Mondes s'impose comme une relecture du fameux roman de H.G Wells déjà adapté à l'écran par Byron Haskin en 1953. Reprenant le concept éculé d'une invasion extra-terrestre délibéré à éradiquer notre planète pour mieux s'y implanter, Steven Spielberg parvient à réinventer le genre grâce à la virtuosité de sa mise en scène multipliant les séquences anthologiques au service d'une narration simple mais efficace. En se focalisant sur les tentatives de survie d'un père divorcé et de ses deux enfants, pris à parti avec la menace extra-terrestre d'engins destructeurs, Steven Spielberg parvient à cultiver l'intérêt de leurs pérégrinations au sein d'un monde réduit au chaos. Souvent spectaculaire et inventif dans les séquences de destructions massives (à l'instar de son prélude catastrophiste !), La Guerre des Mondes en profite pour souligner l'instinct ingrat de notre civilisation lorsque nous sommes confrontés à une situation apocalyptique échappant à notre contrôle. Parmi ces foules humaines en panique, des centaines de survivants tentent d'embarquer à bord d'un paquebot après avoir tenté de dérober un véhicule au mépris de la vie de ces occupants. 


      A travers leur comportement individualiste surmené par la peur de l'inconnu et de trépasser à tous moments, Spielberg intensifie le réalisme d'un climat ténébreux lorsqu'ils parcourent les plaines d'un environnement belliqueux. Face à cette hécatombe humaine engendrée par les tripodes avides de mégalomanie, on peut peut-être y percevoir une métaphore sur le génocide juif au vu de leur éradication expéditive, les extra-terrestres se substituant aux spectres du nazisme dans leur ambition totalitaire. Si la Guerre des Mondes parvient à fasciner et provoquer une terreur psychologique, il le doit également à la prestance humaine des comédiens totalement impliqués dans leur fonction de survie et de bravoure. Spielberg accordant notamment un intérêt majeur sur la relation de discorde qu'un père divorcé tente de négocier parmi la rébellion infantile. Leur cheminement ardu de survie et épreuves de séparation s'avérant une initiation à la réconciliation après avoir vaincu leur peur de trépasser et celle de l'abandon. Dans celui du père rejeté, Tom Cruise adopte la juste mesure du héros combatif avec la dignité d'un paternel en requête d'amour, de confiance et de rédemption. La petite Dakota Fanning lui partageant la vedette avec une indéniable empathie pour sa fragilité naturelle, sa terreur viscérale de témoigner malgré elle d'une guerre dévastatrice. Enfin, dans la peau de l'adolescent en quête identitaire, Justin Chatwin endosse la carrure du rebelle volontairement provocateur afin de mesurer le sentiment de confiance, l'autorité régressive de son géniteur, puis de se prouver à lui même sa faculté de se prendre en main dans un baroud héroïque.  


      Pur spectacle d'anticipation belliciste, La Guerre des Mondes est une expérience visuelle étourdissante de réalisme dans son lot de scènes catastrophes d'une rare intensité épique et dans la structure démesurée des machines extra-terrestres plus vraies que nature. Si le scénario avait mérité à être plus original et inventif, on peut aussi se réconforter auprès de l'étude caractérielle de notre trio familial formé par Tom Cruise, Justin Chatwin et Dakota Fanning

      *Bruno
      3èx. 4K. Vost