de Didier Grousset. 1986. France. 1h29. Avec Richard Bohringer, Michel Galabru, Dominique Lavanant, Romane Bohringer, Etienne Chicot, Harry Cleven, Riton Liebman.
FILMOGRAPHIE: Didier Grousset est un réalisateur français.
1986: Kamikaze. 1990: Rendez-vous au tas de sable. 1994: Eclats de Famille (télé-film). 1995: Le Fils de Paul (télé-film). 2000: Le Coup du Lapin (télé-film). Dans la gueule du loup (télé-film). 2001: Permission Moisson (télé-film). 2003: Il court, il court le furet (télé-film). 2003: Retour aux Sources (télé-film). 2005: Confession d'un menteur (télé-film). 2006: Le Chapeau du P'tit Jésus (télé-film). 2006: Mariés... ou presque ! (télé-film). 2007: Un Crime très populaire (télé-film). 2008: Il faut sauver Saïd (télé-film). 2009: Sur le chemin de Compostelle (télé-film)/ 2012: La Smala s'en mêle (télé-film).
Produit et co-scénarisé par Luc Besson, Kamikaze est un petit ovni oublié des années 80, premier long-métrage de Didier Grousset, ancien assistant de Subway. Partant d’un concept d’anticipation débridé - tuer à distance les speakerines de la télévision par le biais d’une arme électronique - le film choisit la dérision sardonique lorsqu’un savant limogé décide de se venger de la société en façonnant une machine révolutionnaire. Satire du milieu médiatique par la caricature grotesque de ses speakerines, cette comédie noire doit beaucoup de son attrait à l’audace d’un humour au vitriol, porté par la posture extravagante du grand Michel Galabru, campant un misanthrope ruminant sa haine depuis son licenciement abusif. Il crève l'écran de manière forcenée dans sa sociopathie sans limite.
Fuyant son ennui devant son téléviseur mais toujours plus irrité par la vulgarité d’émissions aseptisées, il se mue en exterminateur afin d’exhiber toute l’étendue de son génie. Sans surprise mais efficace, l’intrigue linéaire repose sur l’investigation opiniâtre de l’inspecteur Pascot (campé avec autorité par notre excellent Richard Borhinger), déterminé à déjouer les nouvelles exactions criminelles d’Albert - savant-fou piégé par sa propre déchéance meurtrière - et à lui tendre un piège par le biais de son arme électromagnétique.
Au-delà du caractère délirant d’une telle situation (éliminer les présentatrices les plus importunes directement à travers l’écran cathodique !), le film distille un climat parfois dérangeant dans la manière outrancière dont Galabru esquisse son personnage, oscillant entre verve insolente et irascibilité sans vergogne. La dernière partie, notamment, accorde à deux protagonistes un sort d’une noirceur inattendue. L’atmosphère insolite, décalée, baigne dans un mélange ravageur d’humour noir, d’action sanguinolente (ces spectaculaires scènes-chocs où l’estomac des speakerines éclate aussi furtivement qu’inopinément !) et de suspense fonctionnel, le tout rythmé par l’onirisme d’une partition envoûtante signée Éric Serra.
Hormis une scène mal exploitée (sa fausse idylle avec sa collègue Laure Frontenac) et la négligence de certains seconds-rôles (Kim Massee peine un peu à convaincre dans la peau d'une nièce d'une bonhomie excessive), Kamikaze assure la sympathie d'une curiosité complètement cintrée parmi l'excentricité d'un Michel Galabru aussi grotesque qu'étrangement délétère. Et cela reste tout à fait réjouissant quelques décennies plus loin.
— le cinéphile du cœur noir
23.08.25. 3èx
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