Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
"Orphan" de Jaume Collet-Sera. 2009. France/Allemagne/Canada.U.S.A. 2h03. Avec Vera Farmiga, Peter Sarsgaard, Isabelle Fuhrman, Jimmy Bennett, CCH Pounder, Margo Martindale, Karel Roden, Aryana Engineer.
Sortie salles France: 30 Décembre 2009
FILMOGRAPHIE: Jaume Collet-Serra est un réalisateur catalan, né le 23 Mars 1974 à Barcelone.
2005: La Maison de Cire. 2007: Goal 2: La Consécration. 2009: Esther. 2011: Sans Identité. 2014: Non-Stop. 2015: Run all Night.
Prenant pour thème l'enfant meurtrier, Esther mise sur le divertissement calibré à partir d'un scénario charpenté faisant preuve de montée en puissance du suspense et de violence rigoureuse étonnamment jusqu'au-boutiste pour une production PG-13. Après la perte de leur 3è enfant, un jeune couple se décide à adopter une orpheline native de Russie, Esther. Rapidement, de nombreux incidents intentent à la tranquillité de la famille Coleman, quand bien même la mère commence à porter des suspicions sur la petite étrangère. "Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film", dixit Alfred Hitchcock, et on peut dire que chez Esther nous tenons là un fameux spécimen de psychopathe en jupe courte ! Impassible, insidieuse et glaçante d'austérité, Isabelle Fuhrman porte le film sur ses épaules du haut de ses 12 ans tant elle impressionne à provoquer l'émoi dans ses multiples stratégies délétères, l'ébauche de ses exactions s'avérant toujours plus couillue et ambitieuse. Nanti d'un regard noir d'une intensité dérangeante, cruelle et impitoyable lorsqu'elle s'adonne aux meurtres, l'actrice provoque d'autant plus la gêne dans sa condition infantile immorale (notamment son jeu de séduction incestueux entretenu avec le père !) délibérée à influencer les rejetons de sa nouvelle famille pour mieux parfaire son dessein.
Grâce à l'efficacité du scénario, le savoir-faire de sa réalisation maîtrisée et le jeu spontané des comédiens, Esther parvient à captiver, notamment parmi l'habileté à laquelle fait preuve Jaume Collet-Sera de prôner les ressorts psychologiques d'une famille en perdition. L'ambition majeure d'Esther étant d'inciter l'entourage familial à écarter la mère afin de mieux influencer le père dans une relation d'ordre affective (pour ne pas dire sentimentale !). Ce qui donne lieu à des affrontements psychologiques plutôt intenses lorsque Kate Coleman tente de prouver à sa thérapeute et surtout à son époux qu'Esther est devenue une menace létale auprès de sa famille. Bien entendu, du fait du passé alcoolique de cette dernière ayant failli causé la mort de sa fille, et à cause de sa maternité inféconde la plongeant dans un déséquilibre moral, John Coleman tend à protéger Esther malgré des épisodes accidentels toujours plus alarmants. Outre la tension psychologique qui émane de leurs rapports discordants, l'intrigue met également en appui des rebondissements incisifs autour de l'identité d'Esther tout en insufflant un suspense exponentiel pour la survie de la famille. Là encore le cinéaste fait preuve d'audace à mettre en pratique une violence graphique perpétrée par une fillette désaxée auquel les sentiments de haine, de rancoeur et de jalousie atteindront leur apogée lors du point d'orgue tragico-explosif.
A l'instar de l'excellent The Children, Esther s'impose en exercice de style tendu (jouer avec nos nerfs avec une efficacité retorse) pour vanter une série B horrifique fertile en rebondissements et péripéties criminelles. Avec la valeur sûre Vera Farmiga exprimant un jeu viscéral de pugnacité révoltée et avec l'icone diabolique Isabelle Fuhrman, leur inimitié de longue haleine constitue l'attraction émotionnelle d'un jeu d'autorité irréductible.
Bruno Matéï
2èx
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