de Sean Byrne. 2009. Australie. 1h24. Avec Xavier Samuel, Jessica McNamee, Robin McLeavy, Victoria Thaine, Richard Wilson, John Brumpton, Fred Whitlock, Eden Porter...
Sortie salles France: 12 Juin 2010. Australie: 4 Novembre 2010
FILMOGRAPHIE: Sean Byrne est un réalisateur et scénariste australien. Après avoir entamé quelques courts-métrages remarqués et un documentaire (The Secret) en 2006, il dirige sa première réalisation trois ans plus tard avec The Loved Ones.
Couronné de deux prix à Gérardmer, The Loved Ones frappe fort et juste pour une première réalisation signée Sean Byrne (The Devil's Candy, Dangerous Animals). Mis en scène avec caractère et inventivité, le film détourne les codes du genre pour offrir un divertissement à la fois singulier et éprouvant. Coup de maître, il fusionne teen movie, drame social, comédie romantique et tortur’porn avec une audace rare.
Porté par un humour noir acerbe, Sean Byrne exploite la torture sans jamais sombrer dans le racolage : dans cette grotesque surprise-partie, la victime humiliée joue le rôle du bouffon dans une vendetta féministe assoiffée de vengeance, avant d’être réduite à un animal muet, bientôt conditionné au cannibalisme. Ces sadiques manœuvres visent moins la douleur que la destruction, l’invalidité, l’esclavage.
L’intrigue, simple - une jeune fille délaissée kidnappe son nouvel amoureux après un refus au bal - pourrait sembler éculée, mais la manière originale dont Byrne orchestre la séquestration captive, entraînant le spectateur dans une descente aux enfers délirante, insolente et traumatique. À coups d’idées saugrenues et d’une scénographie rose bonbon dans une maison familiale, The Loved Ones déconcerte en mettant en scène les caprices d’une psychopathe où amour, haine, rancune et folie s’entrelacent pour créer une farce macabre d’un romantisme vitriolé.
En parallèle, Byrne s’attarde sur un jeune couple en émoi, troublé par la disparition inexpliquée du frère de la fille. Excentrique par son gothisme, le cinéaste dépeint avec sensibilité le mal-être adolescent - l’éveil sexuel mêlé à la mort, la peur du trépas et la volonté farouche de le défier. Le héros maltraité oscille sur le fil du rasoir, prisonnier impuissant depuis sa tentative d’évasion, mais résolu à affronter ses bourreaux avec une rage contenue.
Un prologue inquiétant le place d'ailleurs face à un souvenir macabre. Dérangeant et malsain, The Loved Ones instille malaise et terreur dans ses rebondissements haletants et ses scènes d’impuissance - comment oublier la lobotomie à la perceuse ?
Avec un cadre baroque, entre féerie et nature sauvage, et une atmosphère subtilement inquiétante, Sean Byrne nous ébranle, provoquant l’empathie envers une victime démunie et la répulsion face à une dominatrice rongée par la perversité.
Horrifique crescendo, sardonique, cynique, macabre à souhait grâce à son humour sulfurique, The Loved Ones renouvelle le tortur’porn et le teen movie. Bal de l’horreur où Carrie aurait survécu pour devenir une misandre vicieuse, le film est méchamment sournois, attentif à ses personnages, avant l’explosion d’émotions rancunières flirtant avec la démence.
À (re)découvrir d’urgence.
— le cinéphile du cœur noir
2èx
Récompenses:
Prix du public de la catégorie horreur au dernier Festival de Toronto en 2009.
Prix Syfy et Prix du Public, Gérardmer 2011.
24/07/2015
06/12/2010 (77 vues)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire