FILMOGRAPHIE: Joseph Eggleston "Joe" Johnston est un réalisateur et producteur américain, né le 13 mai 1950 à Fort Worth, Texas. 1989: Chérie, j'ai rétréci les gosses. 1991: Les Aventures de Rocketeer. 1994: Richard au pays des livres magiques. 1995: Jumanji. 1999: Ciel d'Octobre. 2001: Jurassic Park 3. 2004: Hidalgo. 2010: Wolfman. 2011: Captain America: First Avenger. 2013: Not safe for work.
1891. Après la mort de son frère, un comédien de théâtre revient sur les terres de son enfance pour retrouver un père reclus dans l’austérité d’un manoir brumeux. Tandis que les villageois tombent, déchiquetés par une bête sauvage, Lawrence Talbot ignore encore qu’il va exhumer un terrible secret familial.
Nanti de décors gothiques à couper le souffle et d’une photo crépusculaire, baignée d’onirisme, Wolfman dépoussière l’épouvante séculaire par un mélange d’effusions gore cinglantes et d’action homérique. Un dosage habile que Joe Johnston exploite avec intelligence, à travers une narration charpentée laissant libre cours aux tourments de personnages infortunés avant que ne gronde l’inéluctable. Le réalisateur s’attarde sur la discorde d’une famille brisée, tendue autour d’un face-à-face amer entre un père véreux et un fils candide, malgré lui impliqué dans une malédiction atroce l’incitant à faire justice par instinct de vengeance.
Pour incarner ces tensions parentales à la colère contenue, on peut compter sur deux acteurs au charisme viril et ombrageux. Benicio Del Toro, félin, habite un fils tourmenté, partagé entre sa malédiction et la rage d’avoir découvert l’auteur des morts de sa mère et de son frère. Interné, expérimenté dans un asile, il devra aussi affronter l’intolérance d’un peuple avide de lynchage. En patriarche bourru et solitaire, Anthony Hopkins jubile à distiller ambigüité, orgueil cruel et jouissance trouble, se gaussant du destin de sa progéniture. Au cœur de cette guerre larvée, une romance affleure par le biais de Gwen, la fiancée défunte de Ben, incarnée avec pudeur et fragilité par Emily Blunt. Elle s’abandonne aux bras du frère survivant, et incarne bientôt l’ultime espoir de rédemption pour le loup.
Fascinant à plus d’un titre, notamment par la photogénie foudroyante de son esthétisme, Wolfman transcende ses scènes d’action et de transformation grâce à des effets spéciaux souvent bluffants - si l’on excepte quelques CGI disgracieux. Les diverses métamorphoses, rugueuses, bestiales, résonnent avec la fureur lycanthrope déjà sublimée par Neil Jordan dans le magnifique conte métaphysique La Compagnie des Loups.
— le cinéphile du cœur noir
12.03.11 (89)
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