Photo empruntée sur Google, appartenant au site ropeofsilicon.com
de David Ayer. 2014. Chine/U.S.A. 2h14. Avec Brad Pitt, Shia LaBeouf, Logan Lerman, Michael Pena, Jon Bernthal, Jim Parrack, Brad William He.
Sortie salles France: 22 Octobre 2014. U.S: 17 Octobre 2014
FILMOGRAPHIE: David Ayer est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 18 Janvier 1968 à Champaign, Etats-Unis.
2005: Bad Times. 2008: Au bout de la nuit. 2012: End of Watch. 2014: Sabotage. 2014: Fury.
Pendant la seconde guerre mondiale, les tanks américains étaient moins bien armés et blindés que les tanks allemands. Les tanks américains ont subi des pertes dévastatrices face à des véhicules bien supérieurs.
Nous sommes en Avril 1945. Les alliés se battent au coeur de l'Allemagne nazie et rencontrent la résistance la plus fanatique. Désespéré, Hitler déclare la guerre totale et mobilise chaque homme, femme et enfant...
Réquisitoire contre l'absurdité et la barbarie de la guerre, Fury nous narre l'équipée héroïque d'une escouade de soldats américains combattant l'ennemi sur le sol allemand à bord d'un char d'assaut. Dirigé par le sergent Don Collier, ils vont devoir user de bravoure, constance et subterfuge pour remporter des missions à haut risque jusqu'à l'ultime point de non retour. Sous couvert de ses actions homériques illustrées de manière poisseuse dans le surréalisme d'une atmosphère mortifère (chant religieux à l'appui intoné de manière gutturale !), David Ayer retransmet avec une rare puissance psychologique l'anxiété de la mort lorsque des soldats US sont incessamment confrontés à bombarder les nazis ou de riposter sans sommation avant leur ultime baroud d'honneur.
Parmi cette division américaine, une jeune recrue n'ayant jamais participé au front observe avec impuissance et répulsion les charniers de cadavres déchiquetés ou putréfiés avant d'apprendre à tuer sous l'allégeance de son mentor, Don Collier. Ce qui donne lieu à des séquences éprouvantes lorsque ce dernier va par exemple lui ordonner d'exécuter lâchement un prisonnier allemand d'une balle dans le dos. Outre l'impact funeste de sa scénographie belliqueuse à la reconstitution historique criante de vérité, David Ayer ne sombre pas dans la complaisance pour dénoncer la barbarie de l'homme endoctriné à tuer au nom de sa survie ! En dépit de son ultra violence parfois rigoureuse mais néanmoins concise, Fury dégage surtout une atmosphère désespérée de décrépitude au travers de sa nature crépusculaire proprement cauchemardesque, et par le biais du comportement frigide de tirailleurs assoiffés de haine et de rancoeur. De manière subtile et sans effet de racolage, nous nous portons témoins de leur dégénérescence morale où la part du bien et du mal n'a plus lieu de signification et avant de mesurer l'étendue de leur épuisement après avoir à nouveau massacré l'ennemi lors d'une stratégie de défense suicidaire. Afin de mettre en relief l'absurdité de leur guerre et leur crainte innée de trépasser au moment le plus impromptu, la dernière partie nous déploie un morceau de bravoure d'une éprouvante intensité dramatique quand à la destinée précaire de ces 5 héros gagnés par l'honneur du sacrifice ! Avec leur gueule burinée suintant la sueur, les larmes et la poussière, les comédiens s'avèrent communément épatants de vérité déshumanisée dans leur condition meurtrie de machines à tuer. Outre la performance viscérale d'un Brad Pitt hanté par la désillusion et la corruption, ainsi que la prestance austère d'un Shia LaBeouf encore plus affligé dans sa conscience commotionnée, on saluera notamment l'interprétation du jeune Logan Lerman (le Monde de Charlie), étonnant dans la peau d'un bleu couard en pleine propagande meurtrière !
Cauchemardesque et ténébreux par l'aura de son onirisme macabre, brutal, désespéré et sans compromis (la séquence du repas s'avère subtilement tendue lors du comportement machiste de soldats brimant l'hospitalité de deux otages allemandes !), Fury est une épreuve de force jusqu'au-boutiste, le requiem d'une croisade méprisable parmi le portrait vérité de cinq (anti)héros condamnés à se racheter dans une idéologie sacrificielle ! Un gros morceau de cinéma encore plus tragique et évocateur qu'un certain soldat Ryan.
Bruno Matéï