Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com
de Xan Cassavetes. 2012. U.S.A. 1h37. Avec Joséphine de La Baume, Milo Ventimiglia, Roxane Mesquida, Anna Mouglalis, Michael Rapaport, Riley Keough.
Inédit en salles en France. U.S: 3 Mai 2013
FILMOGRAPHIE: Xan Cassavetes (Alexandra Cassavetes) est une réalisatrice, scénariste et actrice américaine, née le 21 Septembre 1965 à Los Angeles, Californie.
2000: Dust. 2004: Z Channel: A Magnificent Obsession (Doc). 2012: Kiss of the Damned.
Inédit en salles dans nos contrées, en dehors de sa projection hors compétition à Gérardmer, Kiss of the Damned définie l'exercice de style indépendant pour cette première oeuvre particulièrement stylisée. Que ce soit au niveau de sa photographie saturée de couleurs criardes, des décors d'architecture au sein d'une demeure baroque ou des paysages naturels à l'onirisme crépusculaire, la mise en scène s'efforce à soigner ses prises de vue alambiquées parmi le score éclectique d'une BO entraînante. En illustrant la thématique du vampire moderne infiltré dans le cadre de notre quotidienneté, Xan Cassavetes ne souhaite aucunement renouveler le genre avec son intrigue linéaire éludée de surprise, mais plutôt d'expérimenter une ambiance poético-baroque autour du cheminement idyllique d'un couple de vampires, Djuna et Paolo.
Résidant dans un vaste pavillon bucolique, ils sont toutefois perturbés par l'intrusion inopinée de la soeur de Djuna, une jeune marginale plutôt jalouse et sans vergogne dans ses virées urbaines meurtrières. Car depuis son arrivée précipitée, de nombreux incidents vont ébranler la tranquillité des deux amants. Outre le caractère superficiel de sa narration, Kiss of the Damned tire parti d'une certaine originalité à illustrer le comportement diplomatique de vampires bon chic bon genre réfutant le sacrifice humain. Car se nourrissant exclusivement du sang des animaux, leur nouvelle déontologie est de préserver cette doctrine réglementée depuis un siècle par leur matriarche. Sauf qu'un élément perturbateur n'a jamais daigné respecter cette consigne pour son libre arbitre ! Convaincant dans la peinture intimiste de ces personnages, Kiss of the Damned se focalise surtout à nous dépeindre l'ascension extatique du jeune couple, Djuna / Paolo, et d'insister sur le caractère fantasmatique de leur relation. Traversé d'éclairs de violence gore que n'aurait pas renié Argento, sa poésie sensuelle en est parfois contrebalancée avec la fureur rebelle d'une vampire férue de sang humain.
Correctement interprété par des comédiens méconnus, si on écarte certains illustres seconds rôles, et soigneusement mis en scène dans son stylisme aussi baroque que charnel (érotisme torride à l'appui !), Kiss of the Damned relève du fantasme parmi l'étreinte immortelle du couple avenant. En dépit de la futilité de son intrigue, il en émane une sympathique curiosité au capital séducteur fascinant et auquel l'intégrité de sa réalisatrice ne peut être remise en doute.
Bruno Matéï