vendredi 25 mai 2012

SELLE D'ARGENT (Sella d'Argento)


de Lucio Fulci. 1977. Italie. 1h40. Avec Giuliano Gemma, Sven Valsecchi, Ettore Manni, Gianni De Luigi, Cinzia Monreale, Licinia Lentini, Aldo Sambrell, Philippe Hersent.

Inédit en France. Sortie salles Italie: 20 Avril 1978

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996.
1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 :L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio,1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.




Pas une grande réussite mais un sympathique western, jalonné de bonnes scènes d'action et suffisamment efficace pour maintenir l'intérêt jusqu'au bout.






jeudi 24 mai 2012

Le Cauchemar de Dracula

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site papyblues.com/

"Dracula / Horror of Dracula" de Terence Fisher. 1958. Angleterre. 1h22. Avec Peter Cushing, Christopher Lee, Michael Gough, Melissa Stribling, Carol Marsh, Olga Dickie, John Van Eyssen, Valérie Gaunt, Janina Faye, Barbara Archer.

Sortie Salles U.S: 8 Mai 1958

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur, 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.
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Un an après l'immense succès de Frankenstein s'est échappé, Terence Fisher renoue avec la même équipe technique (directeur de photo, décoriste, scénariste et compositeur) puis enrôle ces deux vétérans de l'épouvante Cushing et Lee pour nous réactualiser sa version de Dracula librement inspiré du roman de Bram Stoker. A l'arrivée, ce titre emblématique de la Hammer concrétisé en 1958 demeure LE chef-d'oeuvre absolu du mythe vampirique, maintes fois copié, jamais égalé !
Le pitch: Jonathan Harker se rend au château du Comte Dracula en se faisant passer pour un aimable bibliothécaire. Déterminé à le détruire, il attend le crépuscule du jour pour pouvoir le sacrifier dans son cercueil. Mais une jeune femme vampire, assujettie par le comte, l'attaque le soir même en le mordant au cou. Le docteur Van Helsing décide de partir à sa recherche en espérant que son acolyte ne soit pas devenu une nouvelle victime de Dracula. Le Cauchemar de Dracula ! Titre phare qu'une génération de fantasticophiles eurent l'aubaine de découvrir lors d'une diffusion de l'émission d'Eddie MitchellLa  Dernière Séance. Ce fut en 1985,  un mardi de seconde partie de soirée, plus précisément à 23h ! Que reste t-il aujourd'hui de ce souvenir mythique ancré dans le coeur de tous les fans du genre auquel Van Helsing tentait de sauver le monde en pourchassant inlassablement le comte des Carpates ! Si les diamants sont éternels, le chef-d'oeuvre de Terence Fisher peut lui aussi se targuer de rutiler de manière aussi étincelante de par sa mise en scène épurée d'une précision géométrique ! 

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Beauté gothique des décors architecturaux et de son environnement champêtre, teinte sépia d'une photo picturale, narration structurée avec souci de vraisemblance. Mais surtout un affrontement légendaire entre deux gentlemans de l'horreur, Peter Cushing et Christopher Lee ! Ainsi, lorsque l'on revoit de façon récursive l'oeuvre de Fisher, on se rend compte à quel point la fascination exercée sur l'emprise visuelle de ses images flamboyantes nous saisit de stupeur ! Car à travers une ambiance gothique d'un érotisme ardent, les femmes soumises sont l'objet du désir d'un prince des ténèbres voué à les contaminer en guise de revanche et de mégalomanie. Si bien qu'ici, à contrario du roman de Stoker et d'autres versions cinématographiques à venir, Dracula n'est jamais épris d'affection pour une dulcinée mais simplement promis à les violenter de façon charnelle. Son ambition étant de propager le mal par la contagion d'une morsure et d'en violer les épouses esseulées. Deux séquences magistrales démontrent à quel point les femmes dénudées, réconfortées dans leur lit soyeux, demeurent éprises d'un irrésistible vertige sexuel afin d'accueillir leur initiateur ! Cet érotisme sous-jacent étant largement accentué par leur attitude tantôt craintive, tantôt extatique de redouter l'arrivée orgueilleuse du prince ! Par conséquent, ce sentiment de répulsion/attraction impartie aux victimes féminines nous fascine durablement de par leur impuissance, leur incapacité à pouvoir repousser le Mal, faute de désir charnel !

                              

En dehors de cette sensualité extravertie, le fil narratif se focalise également sur l'ambition salvatrice de Van Helsing, épaulé d'un complice, Arthur Holmwood (le frère de la première victime), pour se lancer à la traque du prince des ténèbres. Une quête hermétique semée d'embûches puisqu'une maîtresse vampirisée rode la nuit aux alentours de la demeure d'Arthur pour entraîner la petite Tania vers un sous-bois nappé de brume. Alors que Dracula, délibéré à contaminer la compagne d'Arthur, usera de traquenards et subterfuge pour se débarrasser de ses ennemis opiniâtres. Ainsi, si le Cauchemar de Dracula continue d'exercer son pouvoir inaltérable d'envoûtement funeste c'est autant auprès de l'élégance machiste de nos deux protagonistes ! Dans le rôle du vampire notoire, Christopher Lee livre une performance aussi impressionnante qu'insidieuse à travers sa posture distinguée d'aristocrate opportuniste. Son immense cape enveloppant l'ampleur d'un corps ténu ainsi que son regard impassible noyé de perversité nous magnétisent auprès de son apparence spectrale. En chasseur de vampire loyal et pugnace, Peter Cushing impose une prestance aussi persuasive auprès de ses élans héroïques afin d'annihiler sans relâche un immortel prédestiné à la damnation.


Mis en scène avec une fulgurante virtuosité de par son alliance de gothisme funèbre et de sensualité torride, le Cauchemar de Dracula s'avère l'illustration flagrante d'un créateur d'images convaincu du potentiel érotique de son récit bâti sur le folklore vampirique. Pendant que deux gentlemans au charisme gandin auront marqué de leur empreinte l'affrontement dantesque du Bien contre le Mal ! Jubilatoire jusqu'à plus soif ! Par conséquent, quoi de plus belle déclaration d'amour au mythe de Dracula que cette version luminescente vouée à nous hypnotiser ad vitam aeternam !   

La critique de Dracula, Prince des Ténèbreshttp://brunomatei.blogspot.fr/2013/11/dracula-prince-des-tenebres-dracula.html

Dédicace à Eugène Rocton
24.05.12
Bruno Matéï. 5èx


mercredi 23 mai 2012

LA TORTURE (La Marque du Diable 2)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site m.iphotoscrap.com   
de Adrian Hoven. 1973. Allemagne/Royaume-Uni. 1h37. Avec Erica Blanc, Anton Driffing, Percy Hoven, Lukas Ammann, Jean Pierre Zola, Astrid Kilian.

FILMOGRAPHIE: Adrian Hoven est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste, né le 18 Mai 1922 en Autriche, décédé le 8 Mai 1981 en Allemagne
1966: der Morder mit dem Seidenschal
1968: Im Schlob der blutigen Begierde
1970: La Marque du Diable (non crédité)
1971: Les Fantaisies amoureuses de Siegfried
1973: La Torture
1974: Pusteblume
1983: Die Madchen aus der Peep Show

A éviter ! Par le producteur et scénariste de la Marque du Diable, une pâle copie qui n'apporte strictement aucun intérêt (en dehors de deux séquences chocs putanesques).
Prolixe et rébarbatif.









mardi 22 mai 2012

John Carter

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

d'Andrew Stanton. 2011. U.S.A. 2h13. Avec Taylor Kitsch, Lynn Collins, Willem Dafoe, Bryan Cranston, Mark Strong, Ciaran Hinds, Dominic West, Thomas Haden Church, Samantha Morton, James Purefoy.

Sortie salles France: 7 Mars 2012. U.S: 9 Mars 2012

FILMOGRAPHIE: Andrew Stanton est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 3 Décembre 1965 à Boston, Massachusetts. 2003: Le Monde de Nemo. 2008: Wall-E. 2012: John Carter. 2013: Monster and Cie 2
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D'après l'adaptation du roman d'Edgar Rice Burroughs (Une Princesse de Mars, publié en 1912) et réalisé par un spécialiste du film d'animation (Le Monde de Nemo, Wall-E de l'écurie Pixar), John Carter bénéficia d'une promotion désastreuse de la part des nouveaux dirigeants de Disney. Si bien que vendu comme un blockbuster mercantile conçu pour rameuter un public juvénile de moins de 12 ans, dévalorisé par une affiche puérile et d'un trailer compromis au simulacre, John Carter essuya finalement un échec commercial au box-office. Avec comme conséquence la démission de Rich Ross, président des Walt Disney Studios, le film étant un des plus gros budgets jamais enregistrés pour la compagnie (250 000 000 dollars !).

Le Pitch: John Carter, soldat de la guerre de sécession, se retrouve téléporté sur Mars après avoir manipulé un étrange médaillon. Débarqué sur une contrée désertique à gravité défaillante, il se surprend à se déplacer de manière furtive en perpétrant des bonds extraordinaires dans les airs. Rapidement,  d'étranges créatures extra-terrestres affublées de quatre bras viennent à sa rencontre. Kidnappé de force, il se retrouve soumis à l'esclavage du peuple des Tharks. Dans une autre contrée, la princesse Dejah Thoris de la cité d'Helium est contrainte d'épouser contre son gré le roi de zodanga, Sab Thran, délibéré à éradiquer sa ville. John Carter se retrouve donc mêlé aux affrontements entre clans et devra user de bravoure pour contrecarrer les ambitions belliqueuses des guerriers de Zodanga. 
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Epopée fantastique non dénuée de lyrisme et de souffle épique auprès de ses diverses batailles homériques, John Carter est un spectacle flamboyant comme on en savourait durant la sacro-sainte décennie 80. Le genre de divertissement familial intègre car entièrement voué à nous immerger dans une aventure échevelée hors du commun. Et si le scénario touffus, voir désordonné, peut parfois provoquer une certaine confusion dans l'esprit du spectateur, sa richesse formelle d'un univers dépaysant et la dimension humaine inscrite dans l'héroïsme des personnages y transcendent ses menus défauts. D'autant plus qu'en affiliant le western, le péplum, l'aventure et le space opéra, John Carter nous traduit sans excès d'esbroufe une planète rouge sur le déclin où des nations rivales se disputent un bout de terrain.
Au sein de ce conflit peuplé de guerriers pugnaces, de créatures humanoïdes et de monstres hybrides, un terrien se retrouve donc projeté sur leur galaxie en méditant sur l'intérêt à s'impliquer dans une guerre déloyale. Ses pouvoirs démesurés, permettant de se déplacer dans les airs à une vitesse vertigineuse  attisera également la curiosité des clans en rivalité. Mais c'est surtout sa rencontre avec une jeune princesse asservie, livrée aux noces d'un odieux affabulateur qui lui permettra de redorer un sens à sa nouvelle existence en s'improvisant héros rédempteur.


Avec tempérance et refus de facilité spectaculaire, le réalisateur Andrew Stanton établit dans sa première partie une importance capitale à représenter ses personnages autoritaires, compromis à une guerre de clans pour la survie de la cité d'Helium. Ce florilège de protagonistes hétéroclites caractérisés par une hiérarchie drastique d'extra-terrestres opiniâtres et de leaders antinomiques renforcent son authenticité à daigner retranscrire un univers fantasmagorique plus vrai que nature ! Quand bien même des créatures extravagantes (la vaillance du chien-monstre royalement fidèle, les Thern, humanoides perfides ayant la faculté de changer d'apparence humaine ou encore les deux singes blancs déliés dans l'arène), participent autant à sa vraisemblance topographique. Et pour en revenir à la romance tourmentée entre notre héros Jet la princesse Dejah Thoris, elle accentue également une certaine densité émotionnelle à travers leur psyché contradictoire dont l'enjeu est d'y favoriser une croisade guerrière au nom de la liberté. Or, c'est durant cette seconde partie échevelée, multipliant diverses rixes de bataille rangée (aériennes ou terriennes) que l'action intrépide s'y structure au sein de décors démesurés inscrits dans un environnement naturel non factice.
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Dépaysant en diable, naturellement attachant, fertile en péripéties et truffé à rabord de personnages haut en couleurs, John Carter est le genre de divertissement déférent car entièrement voué à créer un univers atypique terriblement stimulant, expressif, endiablé, exaltant. En dépit de sa convention narrative néanmoins soutenue de quelques astuces judicieuses (l'alchimie du médaillon du 9è rayon, les véritables motivations des Therns et l'épilogue à rebondissements), ce spectacle familial rend honneur à l'intelligence du spectateur parce qu'il ne se complaît jamais dans une surenchère de caniveau.  Suffisamment trop rare donc pour ne pas le surligner d'autant plus qu'une certaine réflexion sur la cause guerrière y est habilement dépeinte. On est donc très loin des baudruches de l'époque qui ont inondé sans vergogne notre box-office international (Battle Los Angeles, Prince of Persia, Transformers 3, le Choc des Titans, Battleship et consorts...). 

*Bruno
22.05.12


Dillinger


de John Milius. 1973. U.S.A. 1h46. Avec Warren Oates, Ben  Johnson, Harry Dean Stanton, Michelle Philips, Richard Dreyfuss.

FILMOGRAPHIE: John Milius est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 11 Avril 1944 à Saint-Louis, dans le Missouri, aux Etats-Unis. 1973: Dillinger. 1975: Le Lion et le Vent. 1978: Big Wednesday. 1982: Conan le Barbare. 1984: l'Aube Rouge. 1989: l'Adieu au Roi. 1991: Le Vol de l'Intruder. 


Petit coup de coeur pour un film de gangsters que Jérome Roulon m'avait offert dernièrement. Dillinger, première réalisation de John Milius avec Warren Oates et une pléiade de comédiens aux trognes viriles. Cette évocation à feu et à sang d'un des plus célèbres gangsters des années 30 est criante de vérité dans son aspect documentaire, non dénué d'une sobre romance (ça peut aussi rappeler Bonnie and Clyde par moments, avec entre autre une texture visuelle similaire). Et bon dieu, les scènes d'actions, cinglantes, défoncent tous sur leur passage. On sera aussi étonné de l'extrême violence de certains passages, notamment l'épilogue fatalement tragique. Encore une rareté oubliée de tous, à réhabiliter d'urgence !
Dans les bacs pour une poignée d'euros !

Faute de temps, je vous laisse l'avis de cette critique : http://www.citizenpoulpe.com/dillinger-john-milius/



vendredi 18 mai 2012

LE TUEUR DE BOSTON (The Strangler)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site divxturka.net   
de Burt Topper. 1964. U.S.A. 1h29. Avec Victor Buono, David McLean, Diane Sayer, Baynes Barron, Davey Davison.

FILMOGRAPHIE: Burt Topper est un producteur, scénariste, acteur et réalisateur américain, né le 31 Juillet 1928 à New-York, décédé le 3 Avril 2007 à Los Angeles.
1958: War Hero. 1958: Hell Squad. 1959: Tank Commandos. 1959: Diary of a High School Bride. 1963: War is Hell. 1964: Le Tueur de Boston. 1969: The Devil's 8. 1971: The Hard Ride. 1976: The Day the Lord Got Busted.


Un étrangleur sévit dans la région en s'en prenant à de jeunes infirmières. Solitaire et timoré, ce criminel à double personnalité a décidé de punir toutes les femmes qui auront décidé de le contrarier. Alors que la police piétine, l'homme semble épris d'affection pour une jeune foraine. 
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Inspiré de l'affaire de l'étrangleur de Boston, Albert Henry DeSalvo (3 Septembre 1931 - 25 Novembre 1973), le réalisateur Burt Topper ose entreprendre un long-métrage inspiré de ces exactions, quelques mois seulement après sa véritable arrestation !
Tourné en noir et blanc avec un budget modeste, le Tueur de Boston est une rareté oubliée à découvrir pour l'amateur de thriller psychologique rugueux. Réalisé sans génie particulier mais bénéficiant d'une bonne interprétation et d'un intérêt constant dans le cheminement narratif, cette série B trouve son efficience dans la caractérisation de son personnage névrosé. Léo Kroll est un homme solitaire, inhibé par son physique particulièrement obèse et tributaire d'une mère castratrice. En effet, depuis son enfance, cette mégère lui aura inculqué que les femmes sont toutes des traînées et que seul, un coeur maternel vaut toutes les richesses du monde. Profondément perturbé par cette doctrine défaitiste et dévalorisé par sa personnalité aseptisée, Leo Kroll extériorise sa haine par la strangulation en s'en prenant à de jeunes innocentes infirmières. De ses méfaits crapuleux résulte une manière morbide et vindicative de pouvoir accéder à l'orgasme sexuel sous le coup d'une pulsion refoulée.


En ce qui concerne les meurtres sobrement réalisés, ils peuvent prêter à sourire dans la manière concise dont notre étrangleur s'emploie pour étouffer furtivement ses victimes. Mais la prestance de l'excellent Victor Buono (le Couloir de la mort, l'Etrangleur de Vienne, Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? ou encore la série TV: l'homme de l'Atlantide) vaut le détour dans sa physionomie bedonnante alourdie d'un petit regard indocile. Suintant la sueur des pores de son visage quand ses mains s'accaparent brusquement du cou de la victime, sa posture large et ténébreuse renforce une présence opaque de ce psyché galvaudé. Par ailleurs, en guise de trophée et pour se réconforter d'une vie morne et esseulée, Léo Kroll collectionne chez lui les petites poupées de plastique qu'il dénude ou démembre par utopie fantasmatique.
En dehors de l'attention psychologique mise en exergue sur notre tueur pathétique, le Tueur de Boston réussit également à insuffler une certaine notion de suspense quand celui-ci se voit épris d'affection pour une jeune foraine. Tandis que son épilogue fatalement tragique nous inspire également un semblant d'empathie pour le sort dérisoire réservé à cette victime schizophrène.


Dominé par la prestance de l'inquiétant Victor Buono et efficacement mené dans sa dramaturgie croissante, le Tueur de Boston est un petit thriller à découvrir pour l'amateur de curiosité. La dimension psychologique alloué au personnage marginal, son fétichisme déviant pour les figurines de Barbie et l'ambiance futilement obscure émanante de ses dérives meurtrières préfigurent d'une certaine manière un certain Maniac de William Lustig !
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Dédicace à ARTUS FILMS
Un grand merci à divxturka.net
18.05.12
Bruno Matéï

jeudi 17 mai 2012

L'Abominable Dr Phibes / The Abominable Dr Phibes. Prix du Meilleur Acteur (Vincent Price) à Catalogne, 1971.

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant à aaronpolson.net

de Robert Fuest. 1971. Angleterre/U.S.A. 1h34. Avec Vincent Price, Joseph Cotten, Hugh Griffith, Terry Thomas, Virginia North, Peter Jeffrey, Derek Godfrey, Norman Jones, John Cater, Aubrey Woods, John Laurie.

Sortie salles U.S: 18 Mai 1971

FILMOGRAPHIE: Robert Fuest est un réalisateur et scénariste anglais, né le 30 Septembre 1927 à Londres, décédé le 21 Mars 2012. 1967: Just like a Woman. 1970: And soon the Darkness. 1970: Les Hauts de Hurlevent. 1971: L'Abominable Dr Phibes. 1972: Le Retour du Dr Phibes. 1973: Les Décimales du Futur. 1975: La Pluie du Diable. 1977: Three Dangerous Ladies. 1980: Revenge of the Stepford Wives (télé-film). 1981: The Big Stuffed Dog (télé-film). 1982: Aphrodite.


Un docteur met au point une diabolique vengeance pour punir les responsables de la mort de sa femme. Selon les 10 plaies d'Egypte inspirées de la Bible, il perpétue ces horribles crimes pour rejoindre au bout de sa devise les ténèbres avec sa dulcinée. La police impuissante compte les victimes tout en étant déconcertée par l'ingéniosité des meurtres. 

Classique british des seventies mondialement célébré, l'Abominable Dr Phibes est un jubilatoire jeu de massacre inspiré des écrits religieux de la bible. Les deux points les plus probants de cette oeuvre atypique émanant de l'interprétation mutique de l'extraordinaire Vincent Price et d'une narration sardonique remarquablement charpentée. De par l'ingéniosité des crimes concrétisés avec cynisme par un docteur élégiaque, cette farce macabre oscille judicieusement l'horreur railleuse à la romance. En effet, fou d'amour et de haine d'avoir perdu sa femme sur la table d'opération, le Dr Phibes, ancienne vedette de music-hall, manigance une vengeance improbable auprès de huit chirurgiens en s'inspirant des châtiments des plaies d'Egypte. Parmi la beauté baroque de décors excentriques inspirés du music-hall des années 30, le Dr Phibes a érigé un véritable temple en sa demeure classieuse parmi la présence d'une assistante gracile et d'automates musiciens. Mélomane en diable, il compose avec son orgue un cérémonial funèbre pour rappeler aux ténèbres son amour immodéré pour sa chère défunte brutalement disparue par la cause d'éminents chirurgiens. Ce décalage audacieux de romantisme éperdue et d'horreur vindicative irrigué de dérision instaure admirablement la force et le pouvoir de séduction de ce cher  Abominable Dr Phibes.


Dans le rôle du savant fou, Vincent Price livre l'une de ses performances les plus caustiques auprès de ces manigances morbides d'une inventivité littéralement incongrue. Les victimes prises au dépourvu s'avérant sacrifiées de manière sadique avec la complicité fluctuante d'insectes (sauterelles, abeilles) ou mammifères (chauve-souris, rats). Alors que d'autres fois, le Dr Phibes leur administre lui même des sévices tous aussi insidieux comme le fait de vider de son sang une victime rendue anémique par transfusion sanguine, piéger la tête d'un homme avec un masque de grenouille ou encore en congeler un autre dans son véhicule avec de la grêle réfrigérée à - 50 degrés ! Or, faute d'un accident de voiture l'ayant défiguré et rendu mutique, toutes les émotions qu'il véhicule passe donc par son expression faciale. Une physionomie noyée d'amertume romanesque et de revanche imparable. Sa tenue vestimentaire extravagante telle l'icône fantomatique renvoyant également aux classiques vétustes de personnages en déraison bafoués par leur destin infortuné (l'Homme au masque de cire, le fantôme de l'opéra).


Quant au point d'orgue crucial, il préfigure avec 40 ans d'avance la saga Saw à travers son machiavélisme morbide anthologique ! Spoil ! Pour cause, un médecin est soumis à une opération d'urgence pour sauver son fils parce qu'une clef y aura été transplantée à l'intérieur de son estomac, juste à côté du coeur. Cette pièce métallique se révèle la seule délivrance pour la victime anesthésiée de lui permettre de se libérer de ses chaines par l'entremise du chirurgien. Pendant qu'un compte à rebours de six minutes défile, de l'acide sulfurique circule dans des cylindres de verres du haut du plafond. Par un système mécanique retors, le liquide se déplacera lentement en direction du faciès du rejeton calé sur la table d'opération ! Suspense acerbe, tension crescendo et sadisme risible garantis ! Fin du spoil.


Formidablement corrosif par son humour noir british, précurseur du Tortur'porn, l'Abominable Dr Phibes s'édifie en chef-d'oeuvre immuable si bien qu'il reste aussi frais et vigoureux qu'à l'époque de sa sortie. Magnifiquement interprété par un Vincent Price aussi patibulaire qu'aigri pour le ressenti de sa romance déchue et efficacement structuré autour d'une narration débridée, ce canular funeste rehausse sa fascination auprès de la fulgurance de son esthétisme baroque spécialement distingué. 

*Bruno

RécompensePrix du Meilleur Acteur pour Vincent Price au festival du film de Catalogne en 1971.

Un grand merci à Aaronpolson.net
17.05.12. 
10.03.24. 6èx. Vost



lundi 14 mai 2012

L'Etrangleur de Boston / The Boston Strangler

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Richard Fleischer. 1968. U.S.A. 1h56. Avec Tony Curtis, Henry Fonda, George Kennedy, Mike Kellin, Hurd Hatfield, Murray Hamilton, Jeff Corey, Sally Kellerman, William Marshall, George Voskovec.

Sortie salle France: 30 Octobre 1970. U.S: 16 Octobre 1968.

FILMOGRAPHIE: Richard Fleischer est un réalisateur américain né le 8 décembre 1916 à Brooklyn,  et décédé le 25 Mars 2006 de causes naturelles. 1952: l'Enigme du Chicago Express, 1954: 20 000 lieux sous les mers, 1955: les Inconnus dans la ville, 1958: les Vikings, 1962: Barabbas, 1966: le Voyage Fantastique, 1967: l'Extravagant Dr Dolittle, 1968: l'Etrangleur de Boston, 1970: Tora, tora, tora, 1971: l'Etrangleur de Rillington Place, 1972: Terreur Aveugle, les Flics ne dorment pas la nuit, 1973: Soleil Vert, 1974: Mr Majestyk, Du sang dans la Poussière, 1975: Mandingo, 1979: Ashanti, 1983: Amityville 3D, 1984: Conan le destructeur, 1985: Kalidor, la légende du talisman, 1989: Call from Space.


"Voici l'histoire d'Albert DeSalvo qui a avoué être l'étrangleur de Boston. Les personnages et incidents que vous allez découvrir sont basés sur des faits réels." 

En 1968, Richard Fleischer transpose à l'écran avec une ambition révolutionnaire (souci de réalisme, défi technique, casting iconique) le roman de Gerold Frank pour relater les méfaits meurtriers du célèbre étrangleur, Albert Henry DeSalvo. Car entre le 14 Juin 1962 et le 4 Janvier 1964, ce père de famille aurait étranglé treize femmes à leur domicile. Il est ensuite arrêté par la police et condamné à l'emprisonnement à perpétuité. Néanmoins, en 2001, les analyses d'ADN effectuées sur la dernière victime remettent en cause la culpabilité de DeSalvo. L'enquête reste ouverte... 
SynopsisUn étrangleur sévit dans la contrée de Boston. Une véritable psychose s'empare de la population face à l'impuissance de la police pour l'appréhender. Les meurtres s'enchaînent jusqu'au jour où un homme est arrêté pour tentative d'effraction chez une locataire d'immeuble. 


Réalisé avec souci documentaire à travers sa scrupuleuse mise en scène novatrice, la première partie de l'Etrangleur de Boston est une captivante investigation criminelle régie par les forces de police mais récupérée ensuite par le procureur général Bottomly. Avec l'innovation du procédé "split screen" (écran scindé en diverses cases pour suivre en continu les actions simultanées des personnages et de leur  environnement qu'ils arpentent indépendamment), le réalisateur nous relate une enquête minutieuse établie par la police pour tenter de contrecarrer le dangereux criminel. S'en prenant aux dames âgées ou aux jeunes femmes esseulées, l'étrangleur créé une telle psychose auprès de la populace que les forces de l'ordre renforceront une traque inlassable auprès des potentiels accusés. Dès lors, une jungle de déséquilibrés tous azimuts défilent sous nos yeux ! Pervers, voyeurs, exhibitionnistes, gays (suspectés), fétichistes, violeurs et autres paraphiles sont systématiquement perquisitionnés à leur domicile, voirs parfois arrêtés pour être entendus lors d'une garde à vue. Alors que la liste des meurtres s'allonge inexorablement, la police désarmée est même contrainte de faire appel à un expert extralucide pour tenter vainement de recueillir des infos édifiantes sur le tueur en série. Cette première partie passionnante de par son aspect docu aussi richement fouillé qu'inquiétant nous plaque au siège sans céder au zèle ou au racolage à travers sa galerie de personnages peu recommandables.


Mais le second acte (inopinément) expérimental, beaucoup plus acéré, glaçant et proprement terrifiant, nous dévoilera enfin le véritable visage du tueur de Boston. Le portrait banal d'un aimable père de famille vivant sereinement dans l'harmonie du bonheur conjugal. Un époux aimant entouré de ses deux filles, confortablement installé dans son canapé pour s'émouvoir de la mort du président Kennedy retransmis en direct à la TV. Ainsi, après son arrestation d'une tentative d'effraction chez un particulier, nous suivrons le tête à tête cérébral entre le procureur John S. Bottomly et Albert DeSalvo, emprisonné dans un institut psychiatrique car reconnu mentalement dérangé. Ce face à face terriblement intense entre les deux rivaux décuple son impact fascinant pour observer scrupuleusement le portrait pathétique d'un serial killer victime de sa condition monomane. Et donc, en tentant de découvrir la véritable identité du coupable présumé par l'entremise du titulaire juridique, Richard Fleischer s'efforce de rationaliser les tourments schizophrènes de ce dangereux malade confiné dans ses souvenirs morbides du fait de son dédoublement de personnalité. Parmi le jeu infaillible de deux illustres comédiens pleins de charisme renfrogné, l'Etrangleur de Boston y transcende une "obsession cauchemardesque" par le biais d'une personnalité psychotique à personnalité multiple. Cette détresse humaine exprimée par ce père de famille dérangé, car incapable d'y distinguer la réalité de ses hallucinations, distille un malaise tout à tour éprouvant, malsain, hypnotique, pour ne pas dire littéralement vertigineux. Des séquences d'anthologie que l'on percute de plein fouet à travers notre impuissance morale de venir en aide à l'assassin victime de sa schizophrénie criminelle. 


Immortalisé par l'interprétation transie de Tony Curtis (saisissant de vérité torturée par son regard impassible perdu dans le vide !) et mis en scène avec une maestria toujours aussi impressionnante,  l'Etrangleur de Boston se décline en chef-d'oeuvre du thriller psychotique. L'avant- garde de bon nombre de portraits de tueurs en série que le cinéma vérité se réappropriera plus tard avec souci de crudité (les Tueurs de la lune de miel, Henry, Schizophrenia, Maniac, etc...). Une oeuvre aussi fortement troublante que dérangeante provoquant également la controverse sur la culpabilité d'un maniaque inconscient de ses actes morbides. A savoir, le questionnement moral d'une société à défricher l'identité du meurtrier et entreprendre un traitement thérapeutique adapté aux personnes violentes. Pour parachever, la confrontation psychologique amorcée entre Fonda et Curtis donne lieu à un grand moment de cinéma où la charge émotionnelle demeure à son acmé, si bien que les âmes sensibles risquent d'en être psychologiquement ébranlées. 

*Bruno Matéï
15.03.22. 5èx
14.05.12. 

A ne pas rater également, le second chef-d'oeuvre de Fleischer, réalisé 3 ans plus tard:  http://brunomatei.blogspot.fr/2011/06/letrangleur-de-rillington-place-10.html

Les suites aléatoires de l'affaire DeSalvo (source wikipedia)
Albert DeSalvo est arrêté par la police et condamné à l'emprisonnement à perpétuité.
Le 25 Novembre 1973, Albert DeSalvo est retrouvé mort dans sa cellule de la prison de Walpole, Massachussetts, poignardé à plusieurs reprises dans le coeur. Le directeur de la prison évoque une bagarre et un trafic de drogue auquel Albert DeSalvo aurait été mêlé. On ne retrouva jamais son assassin.

Néanmoins, un doute persiste sur sa culpabilité.
Les analyses ADN faites en 2001 sur la dernière victime de l'Etrangleur écartent la piste DeSalvo. En effet, la police scientifique de Boston a trouvé des traces d'ADN de deux individus sous les ongles et le sous-vêtement de la victime, aucun des deux n'est Albert DeSalvo. L'affaire de l'étrangleur de Boston n'a jamais été élucidée et personne n'a été jugé pour ces meurtres.

vendredi 11 mai 2012

SANS RETOUR (Southern Comfort)

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site tvclassik.com

de Walter Hill. 1981. U.S.A. 1h44. Avec Keith Carradine, Powers Boothe, Fred Ward, Franklyn Sweales, T. K. Carter, Peter Coyote, Brion James.
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Sortie salles France: 9 Mars 1983. U.S: 25 Septembre 1981
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FILMOGRAPHIE: Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis). 1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver,1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule,1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs,1993 : Geronimo,1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV)
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Dans la lignée de Délivrance, Walter Hill réalise en 1981 un survival racé et sauvage afin d'établir une étude caractérielle sur l'ambition de la compétition, bien avant de prêter une éventuelle analogie à la guerre du Vietnam. Le pitchNeuf militaires partis en manoeuvre dans les marais de Louisiane sont pourchassés par des rednecks revanchards après que l'un d'eux eut provoqué une bravade. Dans ce milieu marécageux hostile, une chasse à l'homme inéquitable est engagée contre les soldats si bien que leurs armes sont chargées de balles à blanc. Voyage au bout de l'enfer des marais de Louisiane chez une poignée de soldats américains partis en exercice de fonction mais sévèrement pris à parti avec les citadins d'une contrée hostile. L'emprunt de trois canoës et l'attitude puérile d'un militaire résigné à canarder l'étranger à l'aide de balles à blanc auront suffit à engendrer une inlassable traque en interne d'un bourbier jonché d'embûches. 
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Parmi l'exploitation judicieuse du décor bucolique aux eaux stagnantes, Walter Hill improvise un cauchemar dérisoire chez une escorte de militaires incapables de gérer une situation de crise, et ce juste après que leur leader eut été abattu par l'antagoniste. Ainsi, il nous dresse un tableau négligeable d'une coalition belliqueuse cumulant les bourdes à une cadence infernale. Car éludés de hiérarchie drastique, nos piteux soldats seront livrés à leur égo et à leur orgueil afin de prouver à l'ennemi qu'ils resteront des frondeurs irréductibles. De par leur nature humaine perfide et arrogante ainsi que leur ignorance géographique à apprivoiser un terrain marécageux, nos troufions s'embourberont dans un dédale meurtrier. Avec une facilité déconcertante, Walter Hill nous démontre à quel point une poignée d'être humains confrontés à une épreuve de survie peuvent sommairement perdre le contrôle de la situation par inexpérience, opportunisme et paranoïa du danger. Et ce au point de s'entretuer au sein de leur propre équipe de par divergence caractérielle. En prime, la lâcheté émanant de l'appréhension de nos anti-héros, car opposés à une menace invisible, ne vont qu'accentuer leur déroute à travers leur esprit d'individualité.
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Ainsi, durant plus d'1h15, le film suggère judicieusement la menace meurtrière tapie dans l'ombre d'une forêt vaseuse que nos anti-héros sont contraints de traverser sans pouvoir s'extraire de leur charnier. Si bien que un à un, les membres de la garde nationale vont périr sous les pièges et les balles de l'antagoniste vindicatif, délibéré à éradiquer ces étrangers imbus de leur symbole militaire. Le point d'orgue commémoratif, sauvage et abrupt, véritable modèle de mise en scène dans l'implication du suspense oppressant, ira d'ailleurs jusqu'au bout de son propos nihiliste. A savoir la déshumanisation déclinante des agresseurs, contraints d'éliminer les deux derniers témoins. Tant et si bien qu'en pleine festivité d'une kermesse folklorique, nos rescapés paranos se résigneront à une violence plus expéditive à l'arme blanche pour tenter de sortir vivant de cette traque forcenée.


Haletant, inquiétant, brutal et captivant, Sans Retour se porte en emblème du survival sous l'impulsion de l'arrogance humaine corrompue par son esprit d'orgueil et de supériorité. Parmi la scénographie humectée du marais de Louisiane, cette chasse à l'homme cauchemardesque imprime avec autant de réalisme que d'intensité une épreuve de survie compromise par une vengeance primale. Grand classique ! 

Un grand merci à tvclassik.com
11.05.12.
Bruno Dussart

jeudi 10 mai 2012

La Maison des Damnés / The Legend of Hell House

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Hough. 1973. Angleterre. 1h34. Avec Clive Revill, Roddy McDowall, Pamela Franklin, Gayle Hunnicutt, Roland Culver, Peter Bowles.

Sortie salles France: 17 Avril 1974

FILMOGRAPHIE (Info Wikipedia): John Hough est un réalisateur anglais, né le 21 Novembre 1941 à Londres. 1969: Wolfshead : The Legend of Robin Hood. 1970: Eyewitness. 1971: Les Sévices de Dracula. 1972: l'île au Trésor. 1973: La Maison des Damnés. 1974: Larry le dingue, Mary la garce. 1975: La Montagne Ensorcelée. 1978: Les Visiteurs d'un Autre Monde. 1978: La Cible Etoilée. 1980: Les Yeux de la Forêt. 1981: Incubus. 1982: Le Triomphe d'un Homme nommé Cheval. 1986: Biggles. 1988: Hurlements 4. 1988: American Gothic. 1989: Le Cavalier Masqué (télé-film). 1990: A Ghost in Monte Carlo (Télé-film). 1992: Duel of Hearts (télé-film). 1998: Something to Believe In. 2002: Bad Karma.


L'histoire de ce film, tout en étant imaginaire, expose une suite d'évènements et de phénomènes psychiques qui sont, non seulement dans le domaine du possible, mais pourraient fort bien être vrais. 
Tom Corbett / Doué de clairvoyance et extralucide britannique renommé. 

Dans la mouvance de La Maison du Diable et bien avant la saga Amityville, John Hough se livra en 1973 au thème de la demeure hantée avec la Maison des Damnés. Et de livrer sa plus belle réussite d'une carrière aussi passionnante que fluctuante épaulée ici d'un solide scénario du célèbre écrivain Richard Matheson

Le PitchQuatre convives sont mis à l'épreuve pour participer à une expérience paranormale dans l'ancienne demeure du tyran Belasco. 5 jours durant, ils vont être les témoins d'évènements surnaturels et tenter de démanteler une potentielle supercherie avant de pouvoir potentiellement approuver une existence après la mort. 


D'après une nouvelle de Richard Matheson, La Maison des Damnés est une oeuvre particulièrement ambitieuse de par son affectation assidue à renouer avec les ambiances gothiques éludées d'effets-chocs outranciers ou plutôt gratuits. Car à l'instar du modèle du genre, La Maison du Diable, John Hough utilise à bon escient le décor anxiogène d'un vieux manoir où d'étranges phénomènes vont se produire parmi le témoignage d'experts en parapsychologie. D'un côté, nous avons deux éminents médiums, Miss Taner et Benjamin Fisher, persuadés que des forces surnaturelles sont à l'origine des incidents meurtriers causés depuis des lustres par la demeure Belasco. De l'autre, le Dr Barret, spécialiste en parapsychologie accompagné de sa femme. Un cartésien réfractaire à l'idée qu'une potentielle puissance maléfique hanterait la maison. Ensemble, ils vont tenter de découvrir la vérité par l'entremise de la science et de l'occulte pour exorciser finalement la maison avec un appareil technique révolutionnaire. En effet, le Dr Barret est convaincu que le corps humain émet une forme d'énergie invisible à l'oeil nu en produisant des phénomènes mécaniques, chimiques et physiques (tels bruits et déplacements d'objets que nos protagonistes furent témoins lors de la première partie aussi trouble qu'inquiétante). Cette énergie étant un champ de radiations électro-magnétiques, Barret conçoit qu'une vigueur destructrice résiduelle serait emmagasinée à travers les murs. La maison serait donc de son point de vue rationnel un accumulateur géant régit par une force aveugle et sans but. Ainsi, avec l'aide d'un appareil à radiations, le Dr souhaite renverser la polarité de l'atmosphère afin de la dissiper et ainsi l'exorciser.


Mais bien avant cette tentative d'exorcisme peu commune, le réalisateur John Hough nous aura donc façonné avec une efficience quelque peu déconcertante nombres d'évènements perturbants et violents intentés aux invités de la maison. Des objets se déplaçant dans les airs pour les agresser, les portes s'ouvrant violemment sans raison, un chat noir devenant inexplicablement agressif, les femmes dénudées étant sous emprise de la luxure. Ces successions de péripéties troubles et délétères, remarquablement structurées dans une mise en scène géométrique ne sombrent jamais dans le ridicule, une fois n'est pas coutume. Elles sont en outre renforcées de la sobre conviction des comédiens, d'une atmosphère d'angoisse particulièrement tangible et d'un score monocorde discrètement envoûtant. Esthétiquement raffinée par son pouvoir d'étrangeté magnétique, la demeure des damnés est agrémentée de pièces picturales. Chambres de velours d'un pourpre flamboyant, immense salle de séjour azurée émaillée d'un mobilier aristocratique, tout comme ces longs corridors aux teintes sépia. Mais la salle la plus hermétique émane du refuge mystique d'une chapelle opaque, sombre lieu de tragédie érigé en interne de l'établissement et réponse à la clef d'un terrible secret ! Parmi la prestance notoire des comédiens, la charmante Pamela Franklin endosse à mes yeux le jeu le plus prédominant et extravertie. Son charisme de médium imperturbable, sa détermination à persister à ses confrères que la maison s'avère possédée par l'esprit du rejeton de Belasco s'avérant aussi incisive que tranchante auprès de son jeu d'expression littéralement déterminée. Enfin, par leur présence mature raffinée, le génial cabotin Roddy McDowall, la délicieuse Gayle Hunnicutt et le robuste Clive Revill (aux faux airs de David Warner !) renforcent communément l'attrait crédible des situations surnaturelles avec une autorité somme toute conflictuelle.


D'un gothisme rutilant à damner un saint, La Maison des Damnés est sans conteste un chef-d'oeuvre de l'épouvante aussi trouble et angoissant que passionnant et terrifiant (les agressions contre le Dr Barret, l'attaque du chat noir, l'épilogue révélateur confiné dans la chapelle est anthologique !). Un habile concentré d'appréhension et de fascination auprès de son thème spirituel dont l'ambiance ombrageuse et l'évolution psychologique des personnages importent plus que la facilité du gore mainstream ici quasi absent. Sans plisser d'une ride, il peut sans rougir entrer dignement au privilège des classiques incontournables du genre tant il continue d'ensorceler l'esprit (avec moult questions en suspens) sitôt le générique clos. 

*Bruno
Un grand merci à Filesdrop.com
10.05.12. 
23.11.23. 5èx