lundi 27 août 2012

Sain-Ange

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr

de Pascal Laugier. 2004. France. 1h38. Avec Virginie Ledoyen, Lou Doillon, Catriona MacColl, Dorina Lazar, Virginie Darmon, Jérôme Soufflet, Marie Herry, Eric Prat, Marin Chouquet, Christophe Lemaire.

Sortie salles France: 23 Juin 2004

FILMOGRAPHIE: Pascal Laugier est un réalisateur Français né le 16 Octobre 1971.
Courts-Métrages: 1993: Tête de Citrouille. 2001: 4è sous-sol. Longs-métrages: 2004: Saint Ange. 2008: Martyrs. 2012 : The Secret (The Tall Man). 2018 : Ghostland. 


J'avais fort apprécié au 1er visionnage mais aujourd'hui je reste dubitatif sur l'intérêt de cette hantise infantile plutôt décousue, voir absconse. Reste une ambiance étrange parfois séduisante, une photo blafarde absolument magnifique valorisant ses décors gothiques et le charme de Virginie Ledoyen  (parfois dans son plus simple appareil). Au final, c'est plein de bonnes intentions mais maladroit dans la conduite du récit dégingandé, si bien que le suspense beaucoup trop latent captive rarement et que la psychologie torturée de l'héroïne (son refus de la maternité) reste en suspens. Sympathique avec clémence mais dispensable pour le genre. 

Le pitch: Anna, est chargée de nettoyer Saint Ange, un orphelinat désaffecté. Judith, la seule enfant encore présente, est enfermée dans ses souvenirs. Petit à petit, Anna entend des pas, des rires, des voix. Elle en est convaincue: quelque part dans la maison, il y a des enfants…



vendredi 17 août 2012

La Cabane dans les Bois / The Cabin in the Woods

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site flicksandbits.com

de Drew Goddard. 2012. U.S.A. 1h35. Avec Richard Jenkins, Bradley Whitford, Jesse Williams, Chris Hemsworth, Fran Kranz, Kristen Connolly, Anna Hutchison, Brian White, Amy Acker, Jodelle Ferland.

Sortie salles France: 2 Mai 2012. U.S: 13 Avril 2012

FILMOGRAPHIE: Drew Goddard est un réalisateur et scénariste américain, né le 26 Février 1975 à Los Alamos, Nouveau-mexique.
2012: La Cabane dans les Bois


Pour une première réalisation, Drew Goddard s'est entrepris de renouveler le concept du "ouh, fait moi peur !" en se jouant du spectateur avec une dérision sarcastique qui pourrait peut-être rebuter de prime abord. Pochette surprise brassant tous les clichés du genre avec pas mal d'astuces et de surprises plutôt réjouissantes, autant qu'hommage et déclaration d'amour au genre horrifique et au bestiaire iconique, La Cabane dans les Bois est une série B conçue pour surprendre, s'esbaudir, dérouter, dynamiter les codes du genre au sein d'un feu d'artifice sanglant. Variation habile de plusieurs thèmes éculés condensés en un scénario halluciné (euphémisme), la première partie ressasse donc sciemment moult stéréotypes sous forme de clins d'oeil amusés parmi cette bande de 5 vacanciers partis en week-end pour séjourner dans une cabane au fond des bois. Argument directement calqué sur le modèle du genre, Evil-Dead, La Cabane dans les Bois réussit pourtant à se réapproprier de ses situations conventionnelles de par la lucarne de la TV réalité avec soupçon de jeu-vidéo. La panoplie traditionnelle de protagonistes juvéniles, effrontés, insouciants ne manquant nullement à l'appel. La vierge, la pute, l'idiot de service, le jeune étudiant introverti et le sportif athlétique se confrontant malgré eux à une sanglante nuit digne d'un canular de Creepshow. Tandis qu'au même moment, dans un vaste bunker industriel, des agents et boursiers affublés de costard-cravate scrutent leurs faits et gestes à travers leurs écrans de contrôle d'ordinateur. Qui sont-t'ils ? Dans quel endroit sont-ils logés ? A quel jeu participe les occupants de la cabane et quel en est le véritable motif ?


Ainsi, avec une dose d'ironie et d'épisme spécialement terrifiants, le 1er acte nous refait le coup classique du survival horrifique auquel 5 vacanciers devront se défendre contre des forces démoniales au coeur d'une forêt de tous les dangers. Et si nous sommes bien évidemment en terrain connu, la vigueur de la mise en scène réussit adroitement à éviter l'ennui en nous procurant frissons, violence et cruauté inopiné (!) auprès de ces courses poursuites fertiles en déconvenues. L'ambiance bucolique crépusculaire ainsi que ses décors montagneux pârvenant notamment à nous immerger au sein d'une nuit de terreur cinglante dont certains éléments saugrenus vont subitement nous interpeller ! (par ex la muraille invisible). En prime, l'aspect fortuit que nos protagonistes sont préalablement pris au piège des exactions meurtrières provoquées par une sombre entreprise renforcent ce concept anti-conformiste, véritablement tranché pour sa rigueur morale sans pitié aucune. Si bien qu'il faut bien souligner que les protagonistes ne sont ici nullement réduit à des ados écervelés tant nous nous inquiétons de leur sort sans pouvoir anticiper s'ils réchapperont à la mort la plus brutale et sournoise. Et sur ce point émotionnel, l'implication du spectateur fonctionne à point nommé si bien que l'on espère à chaque fois que l'un d'eux en sortira vainqueur (hormis un faible espoir toujours plus factuel) de par leur héroïsme acharné de dernier ressort. Quant à la seconde partie impartie à une ultime demi-heure révélatrice, elle relance l'action tous azimuts en dénonçant de façon oh combien tonitruante et débridée l'envers du décor d'y laisser place à une révélation digne d'un épisode vrillé de la quatrième dimension. Qui plus est, jalonné de clins d'oeil aux classiques notoires du cinéma d'horreur et de fantastique (mais aussi du jeu vidéo) parmi lesquels Hellraiser, Ca, Silent Hill, Resident Evil, etc... La Cabane dans les Bois nous plonge à corps perdu dans un univers toujours plus déluré ou gore, humour, violence et folie sont en totale symbiose. Et ce jusqu'à l'ultime rebondissement faisant intervenir (en forme de clin d'oeil) une actrice notoire discourir alors que la dernière image génialement fascinante se résigne au refus du happy-end passée une concertation génialement caustique d'après leur commune désillusion. 


Vous pensez déjà connaître la fin ? 
Ludique, frissonnant, débridé, insolent, inventif, déjanté (en mode pagaille visuelle - davantage - intrépide), La Cabane dans les Bois mène la danse de la fantaisie horrifiante avec une efficacité et une originalité démesurée. Diablement rythmé, méchamment drôle et parfois même teinté de désespoir dans sa dramaturgie amplifié d'un score subtilement mélancolique faisant écho à The Descent, ce pastiche anti puritain, réfractaire à une horreur mainstream consumériste, demeure une récréation de tous les diables sous l'impulsion de jeunes acteurs franchement convaincants dans leur fonction humaniste à la fois torturée, affligée, pugnace, censée. Enfin, à travers ce divertissement retors pétri d'amour pour le genre on peut aussi y voir une méditation sur notre rapport charnel/masochiste/voyeuriste à l'horreur cinématographique perdurant depuis l'antiquité pour nous maintenir dans un confort moral apaisant en y exorcisant nos peurs et notre haine que tout un chacun refoule. Une très bonne surprise donc dont l'ultime demi-heure qualitative, substantielle, folingue, adopte une ampleur insoupçonnée.

28.03.24. 2èx. 4K vo
17.08.12



jeudi 16 août 2012

The Secret / The Tallman

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site omnimysterynews.com

de Pascal Laugier. 2012. U.S.A/France. 1h45. Avec Jessica Biel, Jodelle Ferland, Stephen McHattie, Jakob Davies, William B. Davis, Samantha Ferris, Katherine Ramdeen, Kyle Harrison Breitkopf, Teach Grant.

Sortie salles France: 5 Septembre 2012

FILMOGRAPHIE: Pascal Laugier est un réalisateur Français né le 16 Octobre 1971.
Courts-Métrages: 1993: Tête de Citrouille. 2001: 4è sous-sol
Longs-métrages: 2004: Saint Ange. 2008: Martyrs. 2012: The Tall Man


Quatre ans après le traumatisant Martyrs, Pascal Laugier nous revient des Etats-Unis pour sa nouvelle production franco-canadienne avec The Tall Man, retitré chez nous The Secret !
A partir d'une histoire de rapt d'enfants kidnappés en interne d'une contrée bucolique, The Secret s'apparente de prime abord à un conte fantastique hérité d'une nouvelle de Stephen King. Par ces décors montagneux feutrés et sa légende urbaine invoquée par une population précaire, le récit nous oriente vers un cauchemar horrifique avec son ogre sorti des bois venu ravir les enfants d'un quartier malfamé. Julia, infirmière endeuillée par la mort de son mari, tente tant bien que mal de survivre dans cette ville déclinante ou alcool et chômage font partis du morne quotidien de citadins défaitistes. Après avoir sauver la vie d'un bébé à l'accouchement impromptu d'une marginale, Julia va se retrouver confrontée à son tour au mystérieux ravisseur d'enfants. Un soir, alors qu'une de ses amies est retrouvée ligotée dans sa maison, le petit David va disparaître sous l'oppression d'une silhouette noire. C'est à partir de cet enlèvement fortuit que le film peut démarrer pour nous entraîner au coeur d'une course poursuite effrénée à travers un itinéraire forestier. Là où l'imprévisible et la stupeur vont être habilement détournés d'une situation rebattue. Par son caractère haletant, son réalisme acerbe et son intensité cuisante, The Secret nous ébranle par ses péripéties non convenues. Passé cet incident affolant fertile en rebondissements, la narration va subitement prendre une tournure différente quand les rôles attribués vont soudainement s'inverser et suspecter chaque protagoniste interlope.


La force psychologique du film de Laugier est indubitablement impartie à la densité d'un scénario formidablement construit, l'humanité affligée de notre héroïne et son thème d'actualité confronté à la maltraitrance infantile. Si la narration hermétique ne cesse de nous torturer les méninges à savoir qui est ce mystérieux ravisseur et que sont devenus les enfants, la manière dont les questions nous sont interrogées distille avec anxiété un suspense en ascension. D'autant plus que notre infirmière sévèrement fustigée (incarnée par l'excellente Jessica Biel, toute en retenue et sobriété !) ne cesse de provoquer l'interpellation face à son comportement équivoque. Sans jouer la carte de la facilité et de la chute fortuite conçue pour épater le spectateur ahuri (oubliez donc l'accroche publicitaire faisant allusion au 6è sens !), la résolution de l'énigme est d'autant plus limpide et bouleversante qu'elle ne cherche jamais à surprendre dans l'unique but de nous ébranler. A contrario, son thème social subordonné à l'inégalité des classes provoque émoi et colère face à l'irresponsabilité politique de laisser croupir les enfants issues des souches miséreuses.


Les Enfants du Silence
Conte horrifique obscur doublé d'un drame psychologique bouleversant, The Secret renoue avec la substantialité d'un scénario singulier et de l'humanité dépréciée de ses personnages. Réflexion sur la responsabilité parentale, le viol de l'identité et le traitement infligé aux nouvelles générations sans repères, le film de Pascal Laugier est un cri d'alarme à l'innocence bafouée. Sa conclusion amère et hésitante nous suggérant que l'amour maternel reste une valeur inhérente pour entretenir l'espoir d'une postérité incertaine. 

*Bruno
16.08.12



mercredi 15 août 2012

Les Dents de la Mer (Jaws)

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr

de Steven Spielberg. 1977. U.S.A. 2h04. Avec Roy Scheider, Robert Shaw, Richard Dreyfuss, Lorraine Gary, Murray Hamilton, Carl Gottlieb, Jeffrey Kramer, Susan Backlinie, Jonathan Filley, Chris Rebello.

Sortie salles France: 1er Janvier 1976. U.S: 20 Juin 1975

FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis). 1971: Duel , 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, Cheval de Guerre.


Premier blockbuster de l'histoire du cinéma et troisième long-métrage d'un jeune metteur en scène surdoué, les Dents de la mer créa dès sa sortie un véritable vent de panique auprès des baigneurs qui désertèrent en masse les plages du monde entier. C'est dire si l'impact émotionnel du film fut considérable de par sa diabolique habileté à susciter l'effroi face aux mâchoires acérés d'un requin surdimensionné. D'après le célèbre roman de Peter Benchley, les Dents de la Mer est notamment un immense succès commercial et critique à travers le globe. Même si à contrario, il influencera la machinerie hollywoodienne à confectionner des produits à grand spectacle misant sur l'esbroufe au grand dam des personnages et du scénario. Dès la séquence d'ouverture, terrifiante d'intensité à travers son réalisme à la fois cinglant et impitoyable, Steven Spielberg provoque sans répit l'horreur pure d'une situation dramatique auprès d'une nageuse furtivement agressée par un requin ! La jeune fille nageant en toute quiétude se retrouvant subitement ballottée de gauche à droite par une force invisible venue du fond de l'océan. Alors qu'elle tente de se débattre désespérément, ses hurlements d'effroi s'étranglent avec l'eau salée au moment où le squale décide de l'entraîner au fond de l'eau pour la dévorer ! 


Cette séquence d'anthologie terriblement brutale est d'autant plus efficiente que Spielberg mise sur le pouvoir de suggestion en ne dévoilant jamais l'apparence du monstre marin et encore moins une goutte de sang ! Ainsi, cette règle d'occulter la présence hostile de l'immense requin blanc sera respectée une bonne heure durant afin d'attiser l'expectative, latente et oppressante, transcendée d'une mise en scène assidue, pour ne pas dire millimétrée. Par conséquent, en prenant soin d'y caractériser la contrariété des protagonistes plongés dans le dépit de devoir autoriser ou interdire une station balnéaire, faute de découvertes macabres, Spielberg distille une inquiétude tangible face à la menace sous-jacente du requin aux aguets ! Sans céder à une quelconque outrance spectaculaire, les deux scènes de paniques perpétrées aux abords de la plage s'avèrent des moments d'affolement d'une perversité insidieuse. Car si de prime abord on redoute la crainte du squale pouvant à tous moments s'extraire de l'eau afin d'happer un nageur lambda, Spielberg utilise aussi le sarcasme lorsque deux marmots ont décidé de se railler des adultes en leur jouant un subterfuge.  


Après cette mise en condition de l'angoisse diffuse et de la terreur cinglante (Spielberg ose même tolérer la mort innocente d'un enfant ! ), la seconde partie beaucoup plus échevelée et haletante s'oriente vers l'odyssée maritime de trois pêcheurs de requins engagés dans une lutte sans merci contre l'animal. Entre une beuverie impromptue et quelques chamailleries caractérielles octroyées entre le scientifique et le chasseur expert, les trois hommes vont se confronter à leur pire cauchemar face à la menace toujours plus belliqueuse du requin increvable ! (c'est peu de le dire !). Les séquences homériques se succédant à un rythme davantage fertile jusqu'à ce que le monstre réussit à réduire en lambeaux la carcasse du bateau trop étroit. Là encore, l'intensité des séquences d'action savamment coordonnées dans la vigueur d'un montage géométrique implique émotionnellement le spectateur, complètement immergé dans les enjeux alarmistes de nos héros démunis se battant avec acharnement contre l'animal. Telle cette séquence aquatique suffocante où l'un des protagonistes se retrouve piégé en interne d'une cage d'acier pendant que le requin essaie à maintes reprises de l'appréhender en défonçant hargneusement les barreaux ! Avec une maîtrise technique imparable et des Fx bluffants de réalisme, Spielberg réalise une véritable prouesse technique à daigner authentifier la menace du monstre, toujours plus agressif et furtif lorsqu'il décide de s'élancer sans réserve vers ses victimes hébétées ! Pour mettre en exergue la bravoure anxiogène de ces combattants de la mer, Roy Scheider suscite le jeu contracté d'un commissaire intègre mais inhibé d'une terreur infantile (la peur de l'eau). Néanmoins c'est en héros vaillant qu'il sortira vainqueur lors de sa dernière bataille esseulée contre le requin blanc. En chasseur de squale intarissable, Robert Shaw s'alloue du rôle le plus viril dans sa conviction opiniâtre à provoquer sans répit l'animal, et ce avec orgueil et une arrogance un peu trop appuyée Spoil ! quant à sa destinée morbide Fin du Spoil. Enfin, Richard Dreyfuss incarne avec perspicacité un scientifique océanographique particulièrement lucide. Ses brimades échangées avec le capitaine pour un conflit de classes sociales donne lieu à de cocasses moments de réparties avant de retourner affronter le monstre sans répit. 


Elle fut la première...
En empruntant le schéma du film catastrophe agencé à l'horreur, l'aventure et le grand spectacle, les Dents de la mer constitue une véritable leçon de mise en scène transcendée du score tonitruant de John Williams. Une manière judicieuse, inégalable, d'avoir su combiner densité des personnages, scénario singulier (quelle idée de génie de nous confronter à la phobie du requin auprès d'une station balnéaire !), intensité dramatique et suggestion de l'effroi. Quand à la photogénie ombrageuse de l'animal quasi indestructible, il demeure l'un des monstres les plus pugnaces, pernicieux et impressionnants du cinéma de genre. 

Apport technique du Blu-ray 4K: 10/10. Totale redécouverte.

*Eric Binford
23.07.21. 6èx
15.08.12. 

mardi 14 août 2012

Sang pour Sang / Blood Simple. Grand Prix du Jury, Sundance 85.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Fan-de-cinema.com

de Joel et Ethan cohen. 1984. U.S.A. 1h37. Avec John Getz, Frances McDormand, Dan Hedaya, M. Emmet Walsh, Samm-Art Williams, Deborah Neumann, Raquel Gavia, Van Brooks, Senor Marco, William Creamer.

Sortie salles France: 3 Juillet 1985. U.S: 18 Janvier 1985. Director's cut: France: 19 Juillet 2000. U.S: 2 Juin 2000.

FILMOGRAPHIE: Joel Coen (né le 29 novembre 1954) et Ethan Coen (né le 21 Septembre 1957) sont deux frères réalisateurs, scénaristes, monteurs, acteurs et producteurs américains.
1984: Sang pour Sang, 1987: Arizona Junior, 1990: Miller's Crossing, 1991: Barton Fink, 1994: Le Grand Saut, 1996: Fargo, 1998: The Big Lebowski, 2000: O'Brother, 2001: The Barber, 2003: Intolérable Cruauté, 2004: Ladykillers, 2006: Paris, je t'aime (tuileries), 2007: No country for old men, Chacun son cinéma (sktech: world cinema), 2008: Burn After Reading, 2009: A Serious Man, 2010: True Grit.


                 Tuer quelqu'un est très dur, très douloureux, et très... très long (Alfred Hitchcock)

Cette illustre citation énoncée par le maître du suspense Alfred Hitchcock constitue le pivot de Sang pour Sang, première réalisation des frères Cohen multi récompensée dans divers festivals. Hommage au film noir sur le déclin au début des années 80, cette immense farce sardonique est un concentré de suspense au vitriol jalonné de déconvenues impromptues ! SynopsisMarty, tenancier, se résigne à payer un détective véreux pour se débarrasser de sa femme infidèle ainsi que son amant. Mais rien ne se déroulera comme prévu. 


Pour une première réalisation au budget minimaliste, les frères Cohen élaborent un véritable coup de maître pour leur dextérité à renouveler des codes du genre. Car à partir d'un canevas éculé exploité dans divers classiques du genre, nos deux complices se réapproprient du concept criminel agencé autour de l'adultère à travers un savant dosage d'humour noir et de réalisme acerbe. Un couple d'amants indécis se retrouve confronté au subterfuge meurtrier d'un détective véreux payé par le mari jaloux. Déterminé à faire liquider les amants infidèles, Marty est pris au piège du tueur à gage trop cupide pour duper un à un le trio corrompu. Superbement photographié au sein de la contrée bucolique d'un Texas crépusculaire et transcendé du score envoûtant de Carter Burwell, Sang pour Sang est un inépuisable jeu de massacre. Une farce macabre à la limite de la parodie (la rancune du mari imbécile n'en finit plus d'être brocardée jusqu'au point de non retour) où chaque adversaire antipathique exprime une austérité sournoise à contrecarrer son allié. Pour cause, les réalisateurs prennent malin plaisir à nous caractériser le profil peu recommandable de personnages autonomistes, couards et contrariés dans leur désir de se dépêtrer d'un cadavre encombrant. La preuve éloquente du briquet et la complicité indirecte de l'amant y seront les éléments déclencheurs de vicissitudes interminables entre le détective avide de retrouver son objet, et ce prétendant, persuadé que sa maîtresse s'avère l'unique responsable du meurtre de l'époux.


S'ensuit une multitude de déconvenues à hauts risques auprès du trio maudit par le biais d'inversion des rôles si bien que le premier responsable de cette machination criminelle en sera châtié pour trépasser de manière aussi apathique qu'insupportable (d'où la tagline de l'affiche empruntée à Hitchcock!). Ce retournement de situation abrupt permettant de relancer l'intrigue sur une série de situations génialement grotesques où chacun des antagonistes ne saura plus où donner de la tête à déceler qui tire les ficelles du traquenard criminel. Parmi cette rupture de ton alternant humour noir corrosif et réalisme macabre, les frères Cohen en cristallisent un bijou de film noir d'une diabolique inventivité. Comme en témoigne le simulacre d'un piège mortel intenté à l'un des antagonistes (sa main poignardée sur le rebord d'une fenêtre et sa tentative de s'y extraire par le biais de son arme à feu et de la force de sa poignée).


Fort du charisme irrésistible de trognes gouailleuses, contrariées et taiseuses, Sang pour Sang constitue une farce macabre à la dérision insolente au sein de l'atmosphère opaque d'une nature en clair obscur. Un véritable modèle de film noir, étonnamment brutal et sanglant, mais d'une cocasserie incongrue à travers sa suite de déboires amorcées par ces pieds nickelés empotés. On peut même sans rougir  y prôner le chef-d'oeuvre du genre tant ce 1er essai demeure aussi ensorcelant que jubilatoire. 

*Bruno
21.01.24. 4èx. Vostfr
14.08.12. 

Récompenses: Grand Prix du Jury à Sundance, 1985.
Prix de la Critique à Cognac, 1985
Prix du Public à Fantasporto, 1986


lundi 13 août 2012

LES FRISSONS DE L'ANGOISSE (Profondo Rosso / Deep Red)


de Dario Argento. 1975. Italie. 1h47 / 2h06. Avec David Hemmings, Daria Nicolodi, Gabriele Lavia, Macha Meril, Eros Pagni, Giuliana Calandra, Piero Mazzinghi, Glauco Mauri, Clara Calamai, Aldo Bonamano.

Sortie salles France: 17 Août 1977. U.S: 11 Juin 1976. Italie: 7 Mars 1975

FILMOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie).
1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975: Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D.


Un pianiste est malencontreusement témoin du meurtre d'une médium trop curieuse pour démasquer un assassin. Intrigué par un détail énigmatique vis à vis d'un tableau dans la demeure de la victime, il décide de mener sa propre enquête. Le tueur susceptible continue sur sa lancée meurtrière en supprimant les témoins gênants.


Chef-d'oeuvre de Dario Argento, panthéon du Giallo novateur, les Frissons de l'Angoisse arrive quatre ans après sa trilogie animale achevée en 1971. C'est avec ce thriller baroque au goût prononcé pour la violence sanguine que le réalisateur va pouvoir déployer sa maestria beaucoup plus circonspecte. Soin du cadrage et travellings tarabiscotés par une caméra mobile, décors insolites d'une recherche esthétique stylisée et raffinement cruel dans l'élaboration de meurtres sanglants. Ajoutez à cela une angoisse sous jacente pour l'investigation criminelle, une ambiance gothique surnaturelle (dans la hantise d'une demeure pour dégoter un macabé décharné !) et un suspense lattent imparti à une narration finaude en trompe l'oeil ! Car ici, méfions nous des apparences et ce dès le générique musical ! Argento se résout en l'occurrence à jouer avec la perception visuelle du spectateur observant un bambin potentiellement coupable ou témoin d'un meurtre commis à l'arme blanche. Dans le salon conjugal d'une nuit de noël, une violentes rixe est entrevue à travers le mur de deux ombres menaçantes. Un cri infantile est soudainement intoné ! Un couteau de cuisine ensanglanté trébuche sur le sol tandis que la scène suivante nous illustre de façon prononcée deux jambes d'un enfant s'approchant près de l'objet tranchant ! Le montage parfaitement structuré est musicalement scandé d'une comptine entêtante ! Une séquence d'anthologie roublarde évoquant l'homicide d'un trauma infantile et sa faculté suggestive à semer le doute auprès du spectateur pour tenter de déceler certains éventuels indices ! La suite continue dans cette logique du "faux semblant" avec l'investigation criminelle du héros et la représentation picturale d'un tableau où un détail éloquent lui était préalablement oublié ! C'est ensuite dans une maison abandonnée que Marcus va une nouvelle fois manquer de constance pour décortiquer l'intégralité d'un dessin morbide incrusté à travers les murs. Alors que l'instant d'après, il décèle à travers une photo d'archive que la maison divulgua une fenêtre condamnée ! Autour de lui, les cadavres s'amoncellent, faute d'une médium omnisciente, alors que le tueur de plus en plus déterminé, tente à plus d'une reprise d'intenter à sa propre vie.


Il faut indubitablement louer l'incroyable partition musicale des Goblin déployant à rythme cadencé un tempo entraînant pour mettre en exergue la fascination ombrageuse d'une intrigue criminelle jalonnée d'indices irrésolues. Et Argento d'agencer un goût funeste pour le baroque et l'insolite (jeux de lumière, couleurs hybrides contrastées, architecture picturale de sculptures historiques) mais aussi le surnaturel feutré (toute la fouille archéologique se déroulant dans la demeure gothique) afin de transcender le genre Giallesque dans une mouvance singulière. Les Frissons de l'Angoisse est notamment la prémices d'une transition pour le maître d'augurer ses délires sanglants d'un fantastique occulte entrepris 2 ans plus tard avec Suspiria. En effet, on sent déjà ici une nette influence putanesque à confectionner quelques meurtres sadiques d'un réalisme cru et stylisé (la mâchoire d'une des victimes fracassée contre le marbre d'une cheminée puis sur le bois d'une table ou encore la lapidation infortunée de Carlo n'en finissant plus d'agoniser !). Le point d'orgue final fertile en déconvenues et péripéties instables instaure avec acuité le mode opératoire du suspense préalablement distillé, juste avant de nous dévoiler l'identité du meurtrier entraperçu dès les cinq premières minutes du film ! Cet alliage d'hermétisme indicible, d'anxiété diffuse et de suspense croissant nous confine au sein d'un environnement insécurisant jonché de détails troubles, tel ce combat bestial entre chiens, le lézard perforé d'une aiguille, les tableaux au visages mortifères ou le piano bar et sa clientèle statique. Tandis que d'autres éléments macabres nous sont accolés parmi la symbolique d'une poupée pendue ou celle d'un pantin de porcelaine (au rictus diablotin) violemment projeté sur une victime.


Maîtrise technique d'un esthétisme stylisée, intrigue tortueuse émaillée d'éléments patibulaires, meurtres sadiques d'une verdeur audacieuse et science du suspense planifiée autour de protagonistes malhabiles, Les Frissons de l'Angoisse est conçu à la manière d'un puzzle édifié sur le simulacre. Baignant dans une atmosphère hybride délicieusement funèbre et sublimé par le score inimitable des Goblin, cette oeuvre expérimentale possède en outre une aura de fascination dépassant notre raison.

Note perso: préférence pour la version courte d'1h47, plus fluide, moins bavarde et mieux rythmée.

13.08.12. 3èx
Bruno Matéï

LE REGNE DES INSECTES (Court-Métrage)


De Pascal Frezzato. Court-métrage. France. 2012. 12 mns. Avec Sylvie Gonnord, Bruno Dussart, Pascal Frezzato. Scénario: Pascal Frezzato, Bruno Dussart.

On Rembobine.fr: LE REGNE DES INSECTES : Un court-métrage à ne pas rater !
Le point de vue de Gilles Rolland:

Chez On Rembobine.fr, on s’intéresse aux longs-métrages, mais aussi aux courts. Parfois, il nous arrive de tomber sur de petits bijoux qui, à force d’inventivité, de malice et d’une sincérité boostée par une véritable passion communicative, arrivent à s’imposer.

C’est le cas du Règne des insectes, un court-métrage de Pascal Frezzato, qui met en scène Bruno Dussart, Sylvie Gonnord et Jérôme Roulon.


L’histoire du Règne des insectes est aussi simple que rudement efficace :

Le 2 septembre 2014, les hommes et les animaux ont disparu de la surface de la Terre, victimes de la cupidité de l’être humain. Désormais, ce sont les insectes qui règnent sans partage sur le monde…

Un cataclysme pourtant prévu par un chercheur du nom de Madeira. Madeira qui, quelques temps avant la catastrophe, tente d’avertir les autorités de ce qui se prépare. Sans succès… La fin est ineluctable.

Le Règne des insectes débute alors que Madeira se présente devant Delphine Dullac, la mystérieuse représentante d’une non moins mystérieuse agence gouvernementale toute-puissante de sureté nationale. Le ton monte chez Madeira qui tente de justifier son point de vue sur une situation qui de toute façon est inévitable…


Aujourd’hui, Le Règne des insectes est enfin disponible sur internet. L’occasion de vous présenter dans son intégralité ce film prenant, immersif et puissant dans son propos concerné. Un film à la photographie irréprochable et chirurgicale, qui souligne le talent d’un réalisateur qui prouve une nouvelle fois qu’il est possible aujourd’hui de réaliser un film puissant sur un sujet pourtant maintes fois abordé. Ici, pas de sensationnalisme facile, mais plutôt une tension qui n’en finit pas de monter jusqu’au climax impressionnant.

Mélancolique, d’une certaine façon poétique et relativement tendu, Le Règne des insectes bénéficie en outre de l’interprétation au cordeau de Bruno Dussart (dans son premier rôle). Un comédien, dont l’intensité habite l’œuvre d’un bout à l’autre, confronté à une Sylvie Gonnord glaciale et effrayante, en représentante d’une société sourde qui creuse ironiquement sa propre tombe en refusant d’ouvrir les yeux.

Métaphore brillante, Le Règne des insectes se doit d’être vu le plus largement possible.
Gilles Rolland
http://www.onrembobine.fr/news/news-le-regne-des-insectes-un-court-metrage-a-ne-pas-rater


Le Point de vue de Mathias Chaput:
Synopsis :
Dans un avenir très proche, suite à une catastrophe cataclysmique de la plus grande ampleur, la population humaine a été décimée et seuls ont survécu les insectes qui peuplent la surface terrestre…
Toute trace de vie de l’homme a été anéantie !
Peu de temps avant cette fin du monde annoncée, un homme du nom de Madeira, qui se préfigure comme annonciateur de ce cataclysme, est interrogé dans les locaux de l’agence de sureté nationale par Delphine Dullac, une chargée de développement du groupe qui veut percer le mystère et éluder le pourquoi du comment inhérent au carnage qui va arriver !
Très vite le ton monte !
Jusqu’à ce que Madeira commette l’irréparable !
Comme une évidence balancée à la face des politiques, il va mettre devant leurs propres responsabilités tous ces représentants de l’establishment qui refusaient de croire à l’ampleur de ce désastre et à l’évidence de ses conséquences…
L’affrontement verbal vire au drame !


Avis :
Construit sur une trame solide et un ton très convaincant, « Le règne des insectes », outre ses qualités narratives incontestables, bénéficie d’une mise en condition radicale du spectateur, presqu’une une mise en immersion directe et ce, des le début du court !
ON EST DEDANS tout de suite et c’est ça qui est fascinant !
Les comédiens sont animés d’une volonté de bien faire, notamment Bruno Dussart dont c’est le premier rôle et qui s’en sort admirablement bien !
Sylvie Gonnord dégage avec son personnage un aura certain mais Dussart arrive à transcender sa prestation par une sincérité et une prestance inoubliable, car il insuffle un côté émotionnel très fort dans sa composition et se révèle très adroit et habile dans un jeu d’acteur particulièrement appuyé et abouti !

Bruno Dussart, Sylvie Gonnord et Pascal Frezzato
Pascal Frezzato, passionné de cinéma de genre (tout comme Bruno Dussart) a pondu un petit joyau et a réussi à transmettre sa passion via un scénario imparable, petit condensé de la plupart des films post apocalyptiques déjà référencés à ce jour, mais en y rajoutant sa patte !
En fait « le règne des insectes » est bien plus sincère et honnête en tant que court métrage que bien des LONGS métrages sortis dans le milieu professionnel, prétentieux et déplaisants, ici Frezzato parle avec son CŒUR et c’est ce qui fait la qualité indéniable du « Règne des insectes »…
On va de surprises en surprises, d’un niveau exemplaire pour une œuvre amateur et d’une efficacité très bien rôdée, « Le règne des insectes » remporte un succès indubitable et se prépare pour rentrer dans les rang très serré des meilleurs courts réalisés cette année, n’en doutons pas !
Gorgé d’émotion et nerveux au niveau de l’action en même temps, « Le règne des insectes » s’avère une franche réussite, à cautionner et encourager de façon certaine !
Très beau boulot à l’équipe !


Mention spéciale à mon fidèle ami Bruno : tu as fait un malheur !
Note : 10/10.

La critique de Memory of the dead: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/11/memory-of-dead-court-metrage.html
La critique de Pour une Poignée de Spaghettis: http://brunomatei.blogspot.fr/…/per-un-pugno-di-spaghetti-p…

Le film ci-dessous ! Bonne séance !

                         

vendredi 10 août 2012

Le Dragon du Lac de Feu / Dragonslayer

                                             
                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Matthew Robbins. 1982. U.S.A. 1h49. Avec Peter McNicol, Caitlin Clarke, Ralph Richardson, John Hallam, Peter Eyre, Albert Salmi, Sydney Bromley, Chloe Salaman, Emrys James, Roger Kemp, Ian McDiarmid.

Sortie salles France: 20 Octobre 1982. U.S: 26 Juin 1981

FILMOGRAPHIE: Matthew Robbins est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur américain.
1978: Corvette Summer. 1981: Le Dragon du Lac de Feu. 1985: La Légende de Billie Jean. 1985: The Main Attraction (Episode TV). 1985: Histoires Fantastiques (1 épisode). 1987: Miracle sur la 8è Rue. 1989: Mothers, Daughters and Lovers (télé-film). 1991: Bingo.


Co-produit par Walt Disney et Paramount, le Dragon du lac de Feu fut malencontreusement un échec financier à sa sortie. Sombré dans l'oubli depuis, en dehors d'une poignée d'aficionados indéfectibles, cette production de 18 millions de dollars (qui en rapporta 14 !) demeure pourtant un spectacle d'héroïc-fantasy aussi inhabituel que grandiose de par son réalisme naturaliste. Si bien qu'en l'occurrence, l'écurie Disney s'attelle cette fois-ci à faire preuve d'une certaine violence audacieuse chez les méfaits du dragon destructeur, friand de jouvencelles candides. Le PitchAu royaume d'Urland, un dragon sème la terreur auprès de la population. Pour calmer sa haine, le roi est fréquemment contraint de lui offrir en sacrifice une jeune vierge tirée au sort parmi sa population. Galen, un apprenti-sorcier, va tenter de le combattre depuis que son maître fut malencontreusement assassiné. Fort d'une photo somptueuse aux teintes maltaises et de décors naturels transcendant l'immensité de plaines et montagnes clairsemées, Le Dragon du Lac de Feu séduit par son esthétisme d'une époque moyenâgeuse où la sorcellerie semble en phase de déclin. Le choix des comédiens est notamment un atout anticonformiste pour crédibiliser les enjeux dramatiques de nos protagonistes. Car en oracle autoritaire vieillissant, Ralph Richardson fait preuve de son charisme paternel habituel, alors que son comparse, Galen, interprété par le néophyte Peter McNicol, s'attribue un rôle chevaleresque à la bonhomie étonnamment naïve et quelque peu empotée. Sa compagne Valérik, campée par Caitlin Clarke, possède elle aussi une physionomie ordinaire dans sa beauté suave somme toute modeste.


Ainsi, cette aventure assez obscure, notamment sobrement cocasse, nous illustre donc l'initiation d'un jeune apprenti sorcier délibéré à combattre un monstre belliciste que personne ne semble pouvoir circonscrire. Si son maître nécromancien s'était accordé la tâche de l'enrayer, il en aura décidé autrement au moment opportun pour se porter en sacrifice et ainsi privilégier Galen d'y prendre la relève. S'ensuit alors une expédition de longue haleine pour le jeune disciple afin de traquer le monstre et assurer la sérénité auprès du royaume d'Urland. Ce qui surprend durant son cheminement narratif à l'intérêt grandissant, c'est son refus de l'esbroufe et la volonté majeure de rationaliser un monde médiéval régi par un monarque égocentrique. Pour cause, le roi empli d'orgueil réfute à ce que sa fille chaste soit tirée au sort comme toutes les paysannes prudes de sa contrée afin de satisfaire le dragon irascible. Le réalisateur misant notamment sur la suggestion en retardant au possible les apparitions dantesques de l'animal. Un peu comme les Dents de la Mer ou Alien, le dragon nous sera dévoilé avec parcimonie en divulguant certaines parties de son anatomie. Tant auprès de son immense queue de serpent, l'intonation rugissante de sa gueule cracheuse de feu ou de ses larges ailes déployées du fond d'un ciel crépusculaire !


Or, conjuguant certains traits pittoresques auprès de l'apprenti maladroit féru de renommée, la tendresse de sa liaison naissante avec une paysanne timorée et son aventure dantesque d'une traque laborieuse contre le cruel dragon tant redouté, cette épopée médiévale nous transfigure un univers dépaysant où la magie est en instance d'initiation. L'ultime demi-heure échevelée laissant place à la frénésie de combats homériques entre Galen et l'animal réfugiés dans une grotte de feu pour se livrer une lutte sans merci. Quand au point d'orgue tout aussi épique, il met en valeur les envolées aériennes d'un dragon plus pugnace que jamais afin de provoquer l'antagoniste réfugié en altitude d'une montagne. C'est à cet instant fatidique que la sorcellerie acquise pourra enfin porter ses fruits de par l'anticipation de l'alchimiste retors. Toutes ces séquences impressionnantes où le dragon apparaît dans sa complète anatomie s'avèrent assez saisissantes de réalisme de par son aspect funèbre terriblement hostile. D'ailleurs, en ce qui concerne les effets spéciaux, il s'agit du premier film ayant utilisé la technique de l'animation go-motion supervisée par ordinateur. On est également surpris par la cruauté tolérée à certaines séquences martyrs où de jeunes vierges y sont sacrifiées par embrasement d'un brasier ou simplement dévorées par les rejetons du dragon !


Anticonformiste aux spectacles familiaux édulcorés, Le Dragon du Lac de Feu aborde le genre d'héroic fantasy avec une évidente maturité et même une certaine audace horrifique lors de deux séquences portées en offrande. En réalisateur intègre, Matthew Robbins n'omet pas pour autant la légèreté de l'humour imparti à son héros en herbe et surtout la crédibilité d'un univers médiéval à la fois ténébreux, naturaliste, expressif, sans fioriture aucune. Quand à la caractérisation du monstre belliqueux, il se révèle l'un des dragons les plus probants jamais conçus au cinéma ! (si on écarte Le Règne du Feu et la série prestigieuse Game of Thrones digne du format long). A revoir fissa.

*Bruno
10.08.23. 4èx
10.08.12. 


lundi 6 août 2012

JEEPERS CREEPERS 2 (Jeepers creepers 2 : like a bat out of hell)

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Victor Salva. 2004. U.S.A. 1h43. Avec Ray Wise, Jonathan Breck, Garikayi Mutambirwa, Eric Nenninger, Nicki Aycox, Marieh Delfino, Diane Delano, Thom Gossom J.R, Billy Aaron Brown, Lena Cardwell.

Sortie salles France: 4 Février 2004. U.S: 29 Août 2003

FILMOGRAPHIE: Victor Salva est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 29 Mars 1958 à Martinez.
1989: Clownhouse. 1995: Powder. 1999: Rites of Passage. 2001: Jeepers Creepers. 2003: Jeepers Creepers 2. 2006: Peaceful Warrior. 2012: Rosewood Lane.


Modeste réalisateur, Victor Salva avait particulièrement surpris les amateurs du genre avec Jeepers Creepers, petite série B passée inaperçue en salles en 2001 mais bénéficiant ensuite d'un bouche à oreille élogieux ! Son parfum rétro hérité des années 80 et l'efficacité d'un pitch inspiré de Duel et du slasher contemporain ayant réussi à captiver le spectateur pour mettre en valeur un croquemitaine hybride. Trois ans plus tard, Victor Salva nous revient avec une suite toute aussi réussie et encore plus vigoureuse dans son principe du survival ! Sur la route d'une campagne isolée, un autocar transportant une équipe de basketteurs se retrouve immobilisé après que l'un des pneus eut été mystérieusement crevé. Ce traquenard est élaboré par le Creeper, monstre affamé de chair humaine apparaissant tous les 23 printemps durant une période de 23 jours avant sa prochaine hibernation. La lutte pour la survie est engagée !



Bénéficiant harmonieusement d'une photo solaire splendide, la séquence d'ouverture du film attise déjà anxiété et stupeur pour le subterfuge imparti à un épouvantail plus vrai que nature. Déguisé en mannequin de paille parmi d'autres modèles au sein d'un champ, le Creeper souhaite en l'occurrence jeter son dévolu sur un adolescent pour le ravir devant les regards médusés de son père et son frère aîné ! Accablé de tristesse et de colère d'avoir perdu son rejeton après cette tragédie, le fermier semble habité par une rancoeur vindicative pour retrouver le responsable de cet enlèvement. Passé ce prologue incisif, nous faisons ensuite connaissance avec un groupe de basketteurs et leurs pom-pom girls faisant route à bord d'un autocar. A la suite d'une panne accidentelle compromise par le Creeper, le groupe de jeunes se retrouve coincé au milieu d'une route champêtre éludée de citadins.


C'est sur cette voie campagnarde jalonné de champs de maïs que l'action se focalise pour laisser libre court aux exactions insidieuses de notre créature ailée, bien avant de renouer avec les retrouvailles de notre fermier revanchard, délibéré à l'annihiler. Interprété par de jeunes comédiens parfois stéréotypés (le bad boy détestable souhaitant dicter sa hiérarchie, le froussard invétéré, l'hypocrite autonome) mais épris d'une conviction tangible quand il s'agit de faire face à la terrible menace, leurs vicissitudes sont habilement planifiées par des péripéties jamais répétitives, exploitant notamment à bon escient le cadre de son environnement naturel (la fuite à travers champs des rescapés, les vols aériens du Creeper aperçus du fond d'un ciel lunaire émaillé d'étoiles). Grâce à la tension d'un suspense solidement charpenté puis l'entremise d'idées saugrenues, telle la mutation de la créature contrainte de changer de tête pour en décapiter une autre, le véhicule confectionné avec l'aide d'un lance harpon, ou encore l'épilogue confiné à une exhibition macabre, Jeepers Creepers 2 joue la carte du pur divertissement du samedi soir. Mais surtout, le parti-pris de Victor Salva est à nouveau d'authentifier son monstre hétéroclite encore plus railleur et pugnace. Cette vigueur impartie aux affrontements et le charisme morbide de l'icone monstrueuse renouvellent sans redite ses méfaits meurtriers ! Et sur ce point, notre Jeepers Creepers est LA véritable star du film, déployant avec vélocité ses immenses ailes et son ricanement étriqué pour se projeter le plus furtivement sur ses victimes infortunées. Ses poursuites aériennes ainsi que son point d'orgue explosif (la vengeance du père opiniâtre) continuant de surenchérir sur les séquences vertigineuses à l'aide d'une poésie funèbre !


Mené à un rythme échevelé, haletant et spectaculaire, Jeepers Creepers 2 s'avère l'une des rares suites égalisant son modèle grâce à l'intégrité du réalisateur vouant son amour à un monstre interlope toujours plus prégnant. Esthétiquement superbe et exploitant habilement certaines situations éculées par un humour sardonique et de nombreux effets de surprise, ce 2è opus réussit encore à surprendre le spectateur embarqué dans un rollercoaster cartoonesque !

La Chronique de Jeepers Creepershttp://brunomatei.blogspot.fr/2016/01/jeepers-creepers.html

Dédicace à Christophe Cosyns
06.08.12
Bruno Matéï


vendredi 3 août 2012

TERREUR A DOMICILE / D'ORIGINE INCONNUE (Of Unknown Origin)

                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site groovydoom.blogspot.fr

de Georges Pan Cosmatos. 1983. U.S.A. 1h28. Avec Peter Weir, Jennifer Dale, Lawrence Dane, Kenneth Welsh, Louis Del Grande, Shannon Tweed.

FILMOGRAPHIE: George Pan Cosmatos était un réalisateur et scénariste grec né le 4 janvier 1941 à Florence (Toscane, Italie), mort le 19 Avril 2005 à Victoria (Colombie-Britannique, Canada) d'un cancer du poumon. 1977: Le Pont de Cassandra. 1979: Bons Baisers d'Athènes. 1983: Terreur à Domicile. 1985: Rambo 2, la Mission. 1986: Cobra. 1989: Leviathan. 1993: Tombstone. 1997: Haute Trahison.


Habile artisan de la série B musclée, George Pan Cosmatos est surtout connu pour avoir réalisé l'excellent film catastrophe Le Pont de Cassandra, puis Rambo 2 et Cobra pour les fans irréductibles d'actionner bourrin. Néanmoins, c'est en 1983 qu'il réalise son oeuvre la plus percutante et originale, un huis-clos sous tension resté inédit en salles Hexagonales puis directement sorti en Vhs ! Interprété par le futur héros de Robocop (Peter Weller), Terreur à Domicile (ou d'Origine Inconnue) reste un modèle d'efficacité et de suspense, transcendé par un scénario roublard impeccablement maîtrisé !
Alors que sa femme et son fils sont en villégiature, un cadre supérieur isolé dans sa demeure est harcelé par un rat belliqueux. Bientôt, ce cauchemar impromptu va virer à l'obsession et engendrer un affrontement impitoyable entre l'homme et l'animal.


A partir d'un concept délirant à peine probable (la lutte sans merci entre un rongeur et un bourgeois prospère communément embrigadés dans un huis-clos), George Pan Cosmatos procède à authentifier un film de terreur d'une diabolique sagacité dans son suspense en crescendo. C'est la maîtrise de son argument à la limite du plausible et une réalisation sans faille qui élèvent Terreur à Domicile à un degré d'efficacité rarement atteint pour le thème de l'agression animale ! L'habileté première qui diffère des films fantastiques outranciers est qu'ici le rat est caractérisé comme un animal physiquement "normal". Son caractère intimidant lui est gratifié d'une redoutable perspicacité à brimer sans répit l'homme retranché ! En alternant scènes de terreur cinglantes et suspense machiavélique distillé au compte goutte, le réalisateur joue autant avec les nerfs du protagoniste exténué que celui du spectateur désorienté. Cette rivalité peu commune entre l'homme et un rat "d'origine inconnue" réussit le tour de force de nous convaincre que ce mammifère puisse ridiculiser l'être humain avec une intelligence finaude !


D'ailleurs, avant les rixes, le réalisateur ne va pas manquer de nous évoquer la réputation notoire de notre rongeur et sa dangerosité universelle. Tel sa faculté à pouvoir se glisser dans un trou de 3 cms, nager 1 km et se maintenir sur l'eau durant 3 jours ! Sa capacité de traverser le plomb et le béton avec ses crocs dont la pression exerce 1,700 kg par cm2 ! Il peut notamment survivre à la descente des WC et à une chute de 5 étages sans blessure ! Quand à sa progéniture, deux rats ont l'aptitude de proliférer jusqu'à 20 millions de nouveaux nés en moins de 3 ans ! Enfin, nous apprenons aussi qu'1/5 des céréales du globe est toujours dévasté (ce qui évalue une perte de 2,5 milliards de kilos rien qu'aux USA !) et qu'au 14è siècle, le rat a transporté la peste noire tuant 1 personne sur 3 de l'Inde en Islande (1/3 du monde civilisé anéanti par le rat !). En alternance, le réalisateur va nous énoncer d'autres infos vis à vis du comportement inflexible du rat pour mieux l'éradiquer, quand bien même  certains pays (l'Inde et l'Extrême- Orient) le considèrent comme une divinité. Cette foule d'informations alarmistes sont mises en évidence de manière à accentuer le sentiment d'appréhension, d'incertitude et de préoccupation avant le combat final redouté ! Et on peut avouer sans rougir que ce baroud d'honneur apocalyptique pour la victoire est un moment d'anthologie aussi furieusement frénétique que belliqueux. Mais auparavant, George Pan Cosmatos nous aura planifié avec réalisme consciencieux et tension permanente la lente dérive paranoïaque d'un homme toujours plus désaxé car confronté aux provocations insidieuses d'une rate implacable !


Dominé par un Peter Weller erratique en diable et utilisant avec dextérité l'aspect terrifiant d'un rongeur ordinaire (en insistant sur les gros plans de sa physionomie), Terreur à Domicile demeure un modèle de terreur anxiogène. Sans nul doute le film le plus roublard jamais réalisé sur le rongeur quadrupède ! Son efficacité toujours plus insolente, son sens du rythme incisif et la rigueur d'une mise en scène autoritaire nous déconcertent sans jamais défaillir ! Mais la plus grande réussite de cette fable sarcastique fustigeant le matérialisme de l'homme moderne réside dans son scénario original proprement jubilatoire. Il pourrait même se révéler potentiellement plausible dans nos fantasmes les plus fous !

http://www.thesun.co.uk/sol/homepage/news/3102460/Invasion-of-the-giant-rats-in-Bradford.html

03.08.12. 4èx
Bruno Matéï