mercredi 11 décembre 2013

Le Jouet

                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

de Francis Veber. 1976. France. 1h35. Avec Pierre Richard, Michel Bouquet, Fabrice Greco, Jacques François, Charles Gérard, Gérard Jugnot, Suzy Dyson.

Sortie salles France: 8 Décembre 1976

FILMOGRAPHIE: Francis Veber est un réalisateur, scénariste, dialoguiste et producteur français, né le 28 Juillet 1937 à Neuilly sur Seine. 1976: Le Jouet. 1981: La Chèvre. 1983: Les Compères. 1986: Les Fugitifs. 1989: Les 3 Fugitifs. 1992: Sur la corde raide. 1996: Le Jaguar. 1998: Le Dîner de con. 2000: Le Placard. 2002: Tais-toi ! 2006: La Doublure. 2008: L'Emmerdeur.


Pour sa première réalisation, Francis Veber frappe un grand coup dans la subversion avec Le jouet, une comédie caustique gentiment drôle à travers un sous-texte social ravageur. Sa force implacable émanant de son postulat de départ improbable auquel un gosse de riche décide d'embrigader un quidam empoté dans sa résidence après l'avoir comparé à un jouet de vitrine ! Cette situation risible demeure donc un fameux prétexte chez Veber afin de fustiger une violente charge contre la haute bourgeoisie. Ainsi, à travers le comportement capricieux de cet enfant livré à une totale indépendance et à l'ennui, Francis Veber dénonce sa victimisation auprès d'un père égocentrique corrompu par sa propre richesse. Un milliardaire déshumanisé auprès de son confort ainsi que l'orgueil de son autorité où des milliers d'employés ne sont que ses instruments qu'il peut limoger à sa guise sous prétexte dérisoire. Par conséquent, à travers ce personnage imbus, le réalisateur aborde également le problème du chômage et l'abus de pouvoir chez les entrepreneurs si bien que les prolétaires sont contraints de se plier à une discipline drastique afin de sauvegarder leur emploi.


Mais revenons à notre "pantin humain" auquel l'inénarrable Pierre Richard apporte sa naturelle maladresse mêlée d'une dose de tendresse. Ce personnage grotesque victime de l'arrogance d'un enfant et de sa condition précaire tentera finalement d'apprivoiser son élève de par leur confiance amiteuse et une forme d'autorité conçue sur le respect d'autrui. C'est à dire éveiller sa conscience par des jeux d'adresse pédagogiques (à l'instar de leur création d'un journal pour caricaturer la hiérarchie dictatoriale du père d'Eric) et le ramener à la réalité des choses simples de la quotidienneté. Le tandem que forment nos compères Pierre Richard et le turbulent Fabrice Greco doit beaucoup à la ferveur débridée du récit de par leurs facéties outrées (le duel au sein de la Garden-party est un moment d'anthologie grinçant !) mais aussi auprès de leur affection commune (l'épilogue des adieux s'avère vraiment poignant). Enfin, en président impassible dénué d'empathie, l'imparable Michel Bouquet adopte une posture rigide afin de caractériser le parfait symbole du nanti renfrogné manipulant à sa guise le prolétaire réduit à la coercition. 


Les jouets du président
Parfaitement interprété en alternant avec vigueur ironie acide et douce tendresse, Le Jouet se décline en comédie intelligente pour illustrer avec originalité les dommages irréversibles de la démission parentale mais aussi de la corruption du pouvoir chez les nantis englués dans leur confort. Soutenu de la partition friponne de Vladimir Cosma, ce classique perdure sa force émotionnelle et la dérision de son thème social avec une étonnante liberté de ton !

*Bruno
11.12.13. 3èx

mardi 10 décembre 2013

LA PASSION DU CHRIST (The Passion of the Christ)

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site me2day.us

de Mel Gibson. 2004. U.S.A/Italie. 2h07. Avec Jim Caviezel, Maia Morgenstern, Hristo Jivkov, Francesco de Vito, Monica Bellucci, Luca Lionello, Hristo Chopov, Rosalinda Celentano, Claudia Gerini.

Sortie sales France: 31 Mars 2004. U.S: 25 Février 2004

FILMOGRAPHIE: Mel Gibson est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 3 Janvier 1956 à Peekskill (Etats-Unis).
1993: l'Homme sans visage. 1995: Braveheart. 2004: La Passion du Christ. 2006: Apocalypto.


Il a été transpercé à cause de nos fautes, écrasé à cause de nos crimes; par ses blessures nous sommes guéris. 
Isaïe 53 700 av JC

Enorme succès à sa sortie malgré de vives controverses quand à la représentation graphique de sa violence et les accusations d'antisémitisme portées au réalisateur, La Passion du Christ relate les 12 dernières heures de Jésus de Nazareth, de son jugement à la crucifixion vers son chemin de croix. Afin de coller au plus près de la réalité, le film est tourné en langue Araméen, Hébreu et Latin. 


Interminable descente aux enfers d'un martyr religieux livré à la barbarie des obscurantistes, le film est une épreuve de force émotionnelle que le spectateur subit avec une empathie désespérée, puisque témoin impuissant d'un lynchage communautaire. Que l'on soit croyant ou athée, le fait d'assister durant plus de 2h00 à l'agonie d'un porte-parole prêchant l'Eucharistie (les sacrements catholiques) nous interpelle la raison face à l'animosité d'une population Juive en collaboration avec l'autorité de leur prêtre et celle des romains. A travers cette lente agonie où Jésus endure d'innombrables sévices de flagellation et crucifixion, Mel Gibson rend hommage à un symbole de la vertu capable de surmonter son calvaire grâce à la foi paternelle et l'amour. Qui plus est, le fait de pardonner à ces tortionnaires leurs exactions sadiques et d'invoquer à ses disciples d'aimer ses ennemis prouve la tolérance exceptionnelle que ce prophète était capable de prodiguer afin de rassembler les peuples. Dans un esprit de provocation jusqu'au-boutiste, Mel Gibson dérange, incommode et provoque même la nausée dans les tortures ininterrompues mais il ne fait que retranscrire avec vérité les châtiments corporels d'un chrétien ne s'autorisant la moindre repentance pour soulager ses souffrances. C'est aussi d'une certaine manière une analogie sur la violence aliénante du monde auquel l'intégrisme est capable de se soumettre pour pallier son ignorance. Dans le rôle de Jésus de Nazareth, Jim Caviezel livre avec pudeur une interprétation bouleversante et s'avère presque méconnaissable dans sa condition de martyr sacrifié. Son corps ruisselant de sang n'étant qu'un amas de chair osseuse entaillé de plaies et d'écorchures.  


Vibrant hommage au plus célèbre prophète de l'histoire catholique, leçon de tolérance et d'amour au nom de la piété, La Passion du Christ provoque une émotion éprouvante (les âmes sensibles sont priées d'être averties !) et nous questionne également sur la nature superstitieuse de l'homme, instinctivement tributaire de pulsions haineuses quand il s'oppose à l'incompréhension. Face à ce fardeau d'une rare bestialité, on en sort bouleversé jusqu'au trauma ! 

10.12.13. 2èx
Bruno Matéï

lundi 9 décembre 2013

LABYRINTHE (Labyrinth)

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site zonebis.com

de Jim Henson. 1986. U.S.A/Angleterre. 1h41. Avec David Bowie, Jennifer Connely, Shelley Thompson, Christopher Malcolm, Toby Froud.

Sortie salles France: 3 Décembre 1986. U.S: 27 Juin 1986

FILMOGRAPHIE: James Maury "Jim" Henson est un marionnettiste, réalisateur et producteur américain né le 24 Septembre 1936 à Greenville, décédé le 16 Mai 1990 à New-York. Il est le créateur du Muppet Show, de Monstres et Merveilles et des Fraggle Rock (1983 - 1987).
1982: Dark Crystal. 1986: Labyrinthe


Quatre ans après Dark Crystal, Jim Henson renoue avec l'esprit féerique imposé par le dessinateur Brian Froud pour façonner Labyrinth. Clairement ciblé pour un public enfantin, cette aventure initiatique sur le sens de l'amitié et la fraternité ne possède pas la même noirceur que son précédant homologue. L'univers décrit ici étant beaucoup plus édulcoré pour illustrer le cheminement de la jeune Sarah, partie à la recherche de son petit frère dans l'antre d'un labyrinthe. Cet endroit sorti de son imaginaire (pour pallier sa solitude, elle se réfugie dans la littérature fantastique !) est régi par Jareth, roi des gobelins. Pour la caractérisation de ce dandy, on s'étonne de retrouver le chanteur David Bowie accoutré ici d'un look vestimentaire excentrique, à l'image de sa longue chevelure blonde taillée à la serpe ! Alors que Sarah avait préalablement invoqué le monde des lutins pour se débarrasser de son cadet turbulent, Jareth et ses sbires auront décidé de le kidnapper. Mais en dernier ressort d'une conjuration, elle bénéficie d'un ultimatum ! Tenter d'accéder au château des lutins en moins de 13 heures afin de pouvoir récupérer son frère.


A contrario de Dark Crystal, le film allie personnages réels et marionnettes en peluche en y incluant par intermittence d'étranges rimes musicales chantonnées par Bowie. Quand à la linéarité de l'histoire, elle n'est qu'un prétexte pour invoquer un univers féerique des plus fantaisistes auquel une multitude de personnages vont entrer en scène pour aider Sarah, ou au contraire, l'induire en erreur dans son itinéraire. La variété délirante des monstres qu'elle côtoie est l'atout ludique d'une aventure fertile en péripéties où l'humour bon enfant occupe une place de choix. C'est dans la caractérisation humaine des monstres maladroits (Hoggle, Ludo et Didymus) que Labyrinth créé l'attachement. Des héros parfois couards mais toujours valeureux qui vont permettre d'unir leur soutien à Sarah, mais aussi lui invoquer au cours de son initiation une leçon de tolérance sur l'amitié, la confiance et le pardon. C'est Jennifer Connely qui endosse ce rôle d'adolescente rebelle avec la sensualité innocente qu'on lui connait mais aussi un jeu naturel inscrit dans la loyauté. 


Si aujourd'hui Labyrinth peut paraître un brin désuet dans ces trucages de matte painting et dans l'élaboration des peluches, le spectacle enfantin n'en reste pas moins séduisant (le bal masqué est touché par la grâce !), musical et inventif pour mettre en relief un univers fantasmagorique débordant de personnages extravagants.

09.12.13. 4èx
Bruno Matéï  

vendredi 6 décembre 2013

Deranged (Uncut version)

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site hdvietnam.com

de Jeff Gillen et Alan Ormsby. 1974. U.S.A. 1h24. Avec Roberts Blossom, Marion Wardman, Cosette Lee, Mickey Moore, Robert Warner, Pat Orr, Marcia Diamond, Leslie Carlson.

FILMOGRAPHIE: Jeff Gillen est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 2 Novembre 1942, décédé le 27 Juin 1995 en Floride. 1974: Deranged. Alan Ormsby est un réalisateur et scénariste américain né en 1944. 1973: Artists and models ball. 1974: Deranged. 1991: Popcorn (non crédité).


Tourné la même année que Massacre à la Tronçonneuse, Deranged se décline également en petit film indépendant quelque peu fauché, semi amateuriste dans sa réalisation et sa direction d'acteurs, ce qui étonnamment renforce à merveille son réalisme ultra glauque n'ayant rien à envier au chef-d'oeuvre de Hooper. Notre duo de réalisateurs parvenant à transcender ses éventuelles lacunes en exacerbant avec beaucoup de réalisme granuleux l'aspect sordide de la quotidienneté du tueur en y distillant (sans modération aucune) une atmosphère glauque des plus insalubres. D'une certaine manière, on peut aussi suggérer qu'il préfigure une autre perle toute aussi déviante et marquante réalisée à l'orée des années 80, le fameux Pyromaniac de Joseph Ellison. Si bien que l'on retrouve ici le même rendu morbide pour les cadavres putréfiés installés, tel des pantins désarticulés, dans la moiteur d'une cuisine irrespirable. Leur physionomie bleutée rappelant indubitablement les cadavres calcinés que notre pyromane embaumait pour les réserver dans une chambre secrète parmi sa maman momifiée. En l'occurrence, le tueur de Deranged la préserve de la même façon pour la choyer parmi l'intrusion d'hôtes aussi décrépits.


Basé sur la véritable biographie de Ed Gein, Deranged suit donc le train-train quotidien d'un sexagénaire timoré, rendu azimuté depuis la mort de sa maman poule. Avec souci de réalisme crapoteux pour ausculter sa pathologie schizophrène et un sens du détail imparti à la scénographie de sa vieille bâtisse, le film véhicule une véritable aura mortifère résolument olfactive. En sa présence de nécrophile sexuellement refoulé, nous suivons donc son cheminement de prédateur à travers son besoin d'assouvir ses pulsions perverses d'esprit vengeur tout en renouant avec l'amour maternel. Sa devise: rechercher des proies féminines pour y recomposer l'enveloppe corporelle de sa génitrice à l'aide de leur chair humaine ! Dans le rôle du demeuré déficient, Roberts Blossom impose un jeu authentique de serial-killer sclérosé auprès de son petit regard à la fois vicié et demeuré. Exacerbé de sa morphologie décatie plutôt décharnée, il réussit à dégager un réel sentiment d'angoisse, de malaise et d'inquiétude de manière permanente. La violence âpre, parfois émétique émanant de ses exactions putassières demeurant dérangeant au possible auprès de son comportement d'autant plus sadique. L'odeur de la mort semble même s'immiscer dans l'air, à l'instar des murs de sa ferme lorsque un bras coupé fait office d'ornement ! D'ailleurs une séquence éprouvante a de quoi laisser une trace indélébile dans la conscience du spectateur lorsque notre tueur arrache l'oeil d'un cadavre à l'aide d'une cuillère pour ensuite découper au couteau sa boite crânienne afin d'extirper avec son couvert la masse gélatineuse du cerveau. Des maquillages ultra crades particulièrement réalistes que l'on doit au tout jeune néophyte, Tom Savini.


Grace à la modestie de son faible budget, d'une réalisation approximative et du jeu d'acteurs inconnus mais fort convaincants, notamment auprès de leur charisme prolétaire plus vrai que nature,  Deranged  renforce à point nommé le côté documentaire de l'entreprise avec une verdeur ultra glauque infaisable aujourd'hui. La partition lugubre composée à l'orgue ainsi que l'inquiétante présence du sénile Roberts Blossom renforçant tous azimuts le malaise éprouvé durant cette macabre reconstitution. Une perle de souffre indécrottable au demeurant, à redécouvrir d'urgence pour tous les amateurs d'horreur documentée estampillée "Seventie". Mais à réserver à un public averti du fait son climat malsain incroyablement perméable.

P.S: Attention ! La séquence gore décrite dans mon article est censurée chez le Dvd édité par Mad Movies mais reste trouvable auprès de certains blogs spécifiques. Toutefois, cette séquence reste incluse dans la section bonus du Dvd MM.

*Bruno
02.02.24. 3èx
06.12.13

jeudi 5 décembre 2013

L'As des As

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site alligatographe.blogspot.com

de Gérard Oury. 1982. France/Allemagne de l'Ouest. 1h36. Avec Jean-Paul Belmondo, Marie-France Pisier, Rachid Ferrache, Frank Hoffman, Gunter Meisner, Benno Sterzenbach, Florent Pagny.

Sortie salles France: 27 Octobre 1982

FILMOGRAPHIE: Gérard Oury (Max-Gérard Houry Tannenbaum) est un réalisateur, acteur et scénariste français né le 29 avril 1919 à Paris, décédé le 20 Juillet 2006 à Saint-Tropez.
1960: La Main Chaude. La Menace. 1962: Le Crime ne paie pas. 1965: Le Corniaud. 1966: La Grande Vadrouille. 1969: Le Cerveau. 1971: La Folie des Grandeurs. 1973: Les Aventures de Rabbi Jacob. 1978: La Carapate. 1980: Le Coup du Parapluie. 1982: L'As des As. 1984: La Vengeance du Serpent à Plumes. La Joncque (inachevé). 1987: Levy et Goliath. 1989: Vanille Fraise. 1993: La Soif de l'or. 1996: Fantôme avec chauffeur. 1999: Le Schpountz.


Enorme succès de l'époque totalisant 5 452 593 entrées, l'As des as est la seconde association du duo Gérard Oury/Jean Paul Belmondo si bien qu'en 1969 ils tournèrent déjà ensemble dans Le Cerveau, autre réussite commerciale un tantinet plus élevée (5 547 305 entrées !). Film d'aventures bondissant renouant un peu avec l'esprit d'équipe de La Grande Vadrouille, l'As des as est un spectacle calibré pour toute la famille comme on en voit plus de nos jours. Grâce à un spécialiste de la mise en scène et à l'égérie amiteuse Bébel, l'histoire allie aventure, tendresse et comédie sous l'égide d'un entraîneur de boxe contraint de sauver des griffes des nazis un enfant orphelin et sa famille juive. De par son savoir-faire traditionnel, Gérard Oury nous concocte une nouvelle fois un pur moment de détente truffé de générosité où la bonne humeur expansive des comédiens renforce sans modération son capital sympathique. L'intrépide Bébel et le petit Rachid Ferrache formant un tandem attachant dans leurs enjeux stratégiques d'y déjouer l'indignité du Führer en personne, Hitler ! En journaliste insidieuse mais néanmoins reconnaissante, la charmante Marie France Pisier se charge de courtiser notre aventurier rebelle lors d'un jeu de séduction aimablement hautain.  


Emaillé d'humour labial et de gags désopilants, de bastonnades viriles (bruitages criards à l'appui !) et de cascades parfois impressionnantes (la poursuite en voiture, l'offensive en avion, puis, un peu plus tard, le saut en parachute alors que l'appareil est positionné à l'envers), l'As des as possède également l'atout de ne jamais surenchérir grâce à une structure narrative des plus habiles multipliant bévues et quiproquos, (en ce en dépit d'un final inachevé plutôt sans surprise). Qui plus est, en accumulant ces péripéties d'une aventure exaltante, Gérard Oury se permet d'y parodier le tristement célèbre dictateur de l'histoire, Adolph Hitler ! Et pour renchérir dans la dérision, notre tyran est accompagné de sa soeur Angela, une célibataire fébrile déguisée en l'occurrence en travelo ! Ah ah !


Scandé de la partition lyrique de Vladimir Cosma harmonisant les magnifiques paysages des alpes bavaroises et autrichiennes, l'As des as constitue la recette infaillible du divertissement populaire autour de la bonhomie de comédiens animés par une tendresse amicale. Pour l'anecdote nostalgique, il s'agit du premier film diffusé sur la chaîne cryptée, Canal + ! Précisément, le 4 novembre 1984 à 10h du matin ! Intemporel, mais surtout un anti-dépresseur de choix. 

*Bruno Matéï
16.05.22. 4èx
05.12.13.


mercredi 4 décembre 2013

RABID DOGS (les Chiens enragés / Cani arrabbiati)

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site midnight.blogcu.com

de Mario Bava. 1974. Italie. 1h36. Avec Riccardo Cucciolla, Don Backy, George Eastman, Lea Lander, Maurice Poli.

FILMOGRAPHIE: Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie).
Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo.
1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


Resté dans les tiroirs durant plus de 23 ans pour des problèmes juridiques (la faillite du producteur ayant eut lieu avant la fin du tournage), Rabid Dogs s'exhume de l'oubli en 1996 après que l'actrice du film, Léa Landeler eut racheter les droits. Sommet du polar poisseux rappelant les exactions fielleuses des malfrats de la Rançon de la peur, Rabid Dogs ne manque pas d'audaces pour embarquer son spectateur au sein d'un road movie aride. Après avoir assassiné un convoyeur et dérobé le magot, un trio de malfrats prennent en otage une femme, le conducteur et son fils malade à bord d'une voiture. C'est le début d'une virée cauchemardesque que nos trois otages vont sillonner sur l'autoroute et la province pour le prix de leur survie. Frénétique, sadique et terriblement pervers ! Ces mots me viennent instinctivement à l'esprit pour définir le huis-clos infernal entrepris à travers un périple brut de décoffrage ! Avec ces trognes d'ahuris écervelés puant la sueur et déversant sans répit leur verve railleuse auprès des victimes, Rabid Dogs met en exergue le portrait d'antagonistes médiocres tributaires de leurs bas instincts. 


Huis-clos régi en interne d'une voiture restreinte où la chaleur d'un soleil écrasant épuise un peu plus chacun des passagers, Mario Bava prend le pari de maintenir l'intérêt du spectateur sur l'unique itinéraire d'un réseau routier. Afin de relancer l'intrigue et pour ne pas nous perdre en fil de route, il réussit à enchâsser certains rebondissements intempestifs afin que nos protagonistes puissent s'extirper de la voiture et fréquenter l'intrusion inopinée de certains quidams. En braquant sa caméra de façon permanente sur les visages orduriers de nos malfrats, Maria Bava créé un sentiment de claustration au spectateur, embarqué malgré lui dans l'habitacle d'une voiture où l'insalubrité d'urine, d'alcool et de sang vont polluer l'atmosphère ! Humiliée et violentée, la femme soumise est ici réduite à l'état d'esclave pour endurer nombre de sévices par des machistes incapables de canaliser leurs pulsions psychotiques. Dans cette ambiance de folie perpétuelle, la tension reste soutenue au rythme des vicissitudes que les victimes doivent inlassablement tolérer. Qui plus est, une certaine notion de suspense s'interfère notamment quand à l'achèvement de leur destination routière.  


Oppressant, malsain et dérangeant, Rabid Dogs constitue une épreuve de force immorale dénonçant sans tabous la décadence de la nature humaine. Car ici, la plupart des protagonistes ou quidams que l'on côtoie sont inévitablement dominés par la cupidité et la corruption. Il en émane un road movie erratique rempli d'insolence et de trivialité où le nihilisme des situations atteindra son apogée vers une dernière image insupportable !

Dédicace à Ciné-Bis-Art
04.12.13. 2èx
Bruno Matéï

mardi 3 décembre 2013

L' Année de tous les Dangers / The Year of Living Dangerously

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.fr

de Peter Weir. 1982. Australie. 1h55. Avec Mel Gibson, Sigourney Weaver, Linda Hunt, Michael Murphy, Bill Kerr, Noel Ferrier.

Sortie salles France: 1er Juin 1983. Australie: 17 Décembre 1982. U.S: 21 Janvier 1983

Récompense: Oscar du Meilleur second rôle féminin pour Linda Hunt en 1984

FILMOGRAPHIE: Peter Weir est un réalisateur australien, né le 21 Août 1944, à Sydney, Australie.
1974: Les Voitures qui ont mangé Paris. 1975: Pique-nique à Hanging Rock. 1977: La Dernière Vague. 1981: Gallipoli. 1982: l'Année de tous les Dangers. 1985: Witness. 1986: Mosquito Coast. 1989: Le Cercle des Poètes Disparus. 1990: Green Card. 1993: Etat Second. 1998: The Truman Show. 2003: Master and Commander. 2011: Les Chemins de la Liberté.


Dans la lignée de Salvador, la Déchirure et Under Fire, l'Année de tous les dangers traite des risques du journalisme lorsque le reporter en quête de scoop se retrouve expatrié dans un pays despotique. L'action prend pour cadre l'Indonésie au cours de l'année 1965, juste avant le mouvement du 30 septembre. Guy Hamilton, journaliste australien s'y rend sur place pour nous informer de la situation précaire instaurée auprès d'un peuple affamé et où les enfants malades en sont les premières victimes. En dehors des autres journalistes qui assistent impuissants à la crise, Guy préfère se rapprocher auprès de l'humaniste Billy Kwan, un nain sino-australien. Au cours de son séjour, il rencontre également une assistante anglaise, Jill Bryant, avec qui il entame une relation amoureuse. 


Difficile de retranscrire précisément ses impressions après la projo de l'Année de tous les dangers tant la mise en scène autonome de Peter Weir traite son sujet avec pudeur et subtilité. Il nous transporte au sein d'une aventure humaine où violence et passion s'entrechoquent à travers le cheminement de trois personnages (Guy, Billy et Jill) communément confrontés au désordre politique et à leur propre éthique. Des témoins impuissants d'un conflit social en ascension si bien que la rébellion communiste tente de s'approprier les armes afin de renverser le pouvoir. Avec l'audace courageuse d'un jeune journaliste en quête de scoop, Peter Weir illustre les risques inconsidérés que certains d'entre eux sont prêts à commettre pour leur intérêt professionnel. Sauf qu'en l'occurrence, Guy Hamilton est rattrapé par son amitié avec un correspondant étranger et l'amour pour une diplomate anglaise. Avec une maîtrise affinée, le cinéaste illustre donc la violence (celle de l'autorité de l'armée et de la colère des insurgés) sans une once de sensationnalisme et observe le comportement du trio avec une humanité aussi fébrile que tourmentée. En particulier le cas du jeune Guy Hamilton, partagé entre son devoir de profession et sa raison morale, mais décidant finalement de lâcher prise au scoop escompté en privilégiant son idylle passionnelle. 


Soutenu par la vibrante partition de Maurice Jarre et magnifié de la sobriété de ces interprètes, l'Année de tous les dangers laisse une trace indélébile dans l'esprit du spectateur de par son dépaysement imparti à l'Indonésie et pour le lyrisme qui émane des personnages contrariés. Une des oeuvres envoûtantes des années 80 auquel son souffle romanesque nous laisse sur un sentiment d'inachevé face à la postérité d'un peuple martyr prochainement enclin à la violence des combats. Du grand cinéma. 

Note: Le film a été interdit en Indonésie jusqu'en 1999 car il montrait par quel concours de circonstances tumultueux et sanglant le dictateur Soeharto arriva au pouvoir

03.12.13. 2èx
Bruno Matéï