vendredi 24 juillet 2015

THE LOVED ONES. Prix du Jury, Prix SyFy, Gérardmer 2011

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site seriebox.com

de Sean Byrne. 2009. Australie. 1h24. Avec Xavier Samuel, Jessica McNamee, Robin McLeavy, Victoria Thaine, Richard Wilson, John Brumpton, Fred Whitlock, Eden Porter...

Sortie salles France: 12 Juin 2010. Australie: 4 Novembre 2010

FILMOGRAPHIESean Byrne est un réalisateur et scénariste australien. Après avoir entamé quelques courts-métrages remarqués et un documentaire (The Secret) en 2006, il dirige sa première réalisation trois ans plus tard avec The Loved Ones.


Couronné de 2 prix à Gérardmer, The Loved Ones frappe fort et juste pour une première réalisation débutée par le cinéaste australien Sean Byrne. Mis en scène avec caractère et inventivité, de manière à détourner les conventions du genre pour mieux parfaire un divertissement aussi singulier qu'éprouvant, The Loved Ones fait office de coup de maître dans son brassage des genres réuni autour du Teen movie, du drame social, de la comédie romantique et du tortur'porn ! Avec intelligence et l'alibi d'un humour noir acerbe, Sean Byrne exploite nombre de séquences de torture sans jamais sombrer dans le racolage, sachant qu'autour d'une mise en scène grotesque de surprise-partie, la victime molestée fait office de bouffon d'une vendetta féministe férue d'humiliations avant de le réduire en animal aphone prochainement conditionné au cannibalisme. Les manoeuvres sadiques de ces affronts sont donc avant tout destinées à le rendre invalide pour tenir lieu d'esclavagisme. Si l'intrigue simpliste laisse augurer un air de déjà vu (une jeune fille délaissée s'empresse à de kidnapper à nouveau son nouvel amoureux depuis son refus d'invitation au bal promo !), la manière originale dont Sean Byrne exploite le contexte de la séquestration parvient à captiver le spectateur entraîné malgré lui dans une délirante descente aux enfers toujours plus insolente et traumatique. De par ses idées saugrenues inopinées et d'une scénographie rose bonbon administrée au sein d'une demeure familiale, The Loved Ones déconcerte à mettre en pratique les caprices d'une psychopathe où sentiments d'amour, de haine, de rancoeur et de folie débouchent sur une immense farce macabre au romantisme vitriolé !


En parallèle, Sean Byrne s'intéresse également au destin d'un couple de jeunes amoureux en émoi quand bien même la fille vient de perdre son frère lors d'une disparition inexpliquée. Excentrique par son apparence gothique, le cinéaste s'attarde avec attention à décrire le mal-être de cette adolescente rebelle perturbée par l'éveil de sa sexualité et la mort vis à vis de la perte de l'être cher. La peur du trépas et la volonté de le dépasser est d'ailleurs l'un des pivots de l'intrigue puisque le héros sévèrement maltraité s'affiche sur le fil du rasoir dans sa situation indécise de victime réduite à l'impotence depuis sa tentative d'évasion, mais délibéré à tenir tête à ses assaillants car s'efforçant de les affronter la rage (contenue) au ventre. En prime, par le biais d'un prologue inquiétant, ce dernier s'était déjà mesuré à un évènement morbide lorsqu'il fut témoin de l'apparition horrifiante d'un individu ensanglanté déambulant au milieu d'une route champêtre. Six mois après cette vision macabre et son accident de voiture qui s'ensuivait, Brent s'efforce de tester son courage à provoquer la mort en gravissant sans protection une falaise par le biais de ses poignets. Dérangeant et malsain, The Loved Ones provoque la gêne et la terreur dans ses rebondissements alertes et l'horreur de situations d'impuissance où la victime n'aura de cesse d'endurer des châtiments barbares (nous ne sommes pas prêts d'oublier l'expérience de la lobotomie à coup de perceuse !). En soignant le cadre de l'action parmi l'esthétisme baroque d'une scénographie féerique ou d'un environnement naturel, et en peaufinant une ambiance doucereusement inquiétante, Sean Byrne fait preuve de subtilité et de réalisme pour nous ébranler, notamment en provoquant l'empathie de la victime démunie contre la haine d'une dominatrice transie de perversité.


Horrifique en mode crescendo, sardonique et dérangeant, cynique et drôlement macabre pour l'audace de son humour sulfurique, The Loved Ones renouvelle tortur'porn et teen movie parmi la fougue d'une mise en scène autonome sublimant au passage une satire noire sur le mal-être adolescent parmi la désillusion amoureuse. Bal de l'horreur où Carrie aurait survécu pour s'investir dans la peau d'une vicieuse misandre, The Loved Ones s'avère méchamment sournois et attentionné pour la caricature de ces personnages avant l'explosion d'émotions rancunières confinant à la démence ! A (re)découvrir d'urgence !

Bruno Matéï
2èx

Récompenses:
Prix du public de la catégorie horreur au dernier Festival de Toronto en 2009.
Prix Syfy et Prix du Public,  Gérardmer 2011.

24/07/2015
06/12/2010 (77 vues)

jeudi 23 juillet 2015

La Colline a des Yeux / The Hills have eyes

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site allocine.fr
 
d'Alexandre Aja. 2006. U.S.A. 1h48 (version non censurée). Avec Aaron Stanford, Ted Levine, Kathleen Quinlan, Vinessa Shaw, Emilie de Ravin, Dan Byrd.

Sortie salles France: 21 Juin 2006. U.S: 10 Mars 2006

FILMOGRAPHIE: Alexandre Aja, (Alexandre Jouan-Arcady) est un réalisateur, producteur, scénariste, dialoguiste et acteur, né le 07 Août 1978 à Paris. 1999: Furia. 2003: Haute Tension. 2006: La Colline a des Yeux. 2008: Mirrors. 2010: Piranha 3D. 2014: Horns.


Remake du classique de Wes Craven, La Colline a des Yeux révèle aux yeux des cinéphiles le cinéaste français Alexandre Aja avec ce coup de maître horrifique à la violence aussi âpre qu'incisive. Pour preuve, on ne compte plus les coups de pioche et de hache violemment assénées sur les corps ensanglantés des victimes, tant auprès du du camp des autochtones forcenés que des survivants insurgés, quand bien même la séquestration improvisée au sein de la caravane iconise l'épicentre traumatique du carnage avec une férocité quasi insupportable. Ainsi, si la Colline a des Yeux parvient admirablement à naviguer entre angoisse et terreur, il le doit de prime abord à l'atmosphère d'inquiétude régie autour des collines désertiques du Nouveau-Mexique (photo ocre à l'appui surexposée sous un écrasant soleil) qu'une famille de vacanciers est contrainte d'arpenter à la suite de leur accident de voiture. Egarés en plein désert et en quête de main d'oeuvre pour leur porter secours, ils vont avoir sommairement affaire à la sauvagerie d'une bande de cannibales sévèrement dérangés du bulbe et génétiquement défigurés depuis des essais nucléaires ciblés sur leur ancien village.


C'est donc une nouvelle descente aux enfers pour la survie que nous convie Alexandre Aja parmi le tempérament humaniste d'une famille unie par les valeurs chrétiennes et avant que la tragédie ne vienne les martyriser avec une cruauté proprement primitive. La peur viscérale du danger sous-jacent, car quasi invisible derrière les collines, la crainte instinctive de trépasser face aux exactions criminelles d'un autre âge ! Voilà les ressorts majeurs du metteur en scène aussi tatillon à insuffler une ambiance lourde et pesante, et ce juste avant qu'il ne laisse exploser la violence opiniâtre des confrontations tribales. Or, par le biais de sa brutalité hardcore parfois jusqu'au-boutiste (la tuerie perpétrée dans la caravane) et grâce à la caractérisation solidaire d'une famille plongée dans l'injustice d'une horreur gratuite et le chaos qui s'ensuit, Aja renoue avec le réalisme poisseux des bandes horrifiques des années 70. Notamment en prenant soin de peaufiner l'intensité dramatique confinée autour de survivants à bout de souffle mais délibérés à préserver coûte que coûte leur vie en combattant hache à la main l'ennemi. Et pour exacerber leur amertume dépressive et les confrontations barbares à venir, Aja compte sur la sobriété de comédiens totalement impliqués dans leur fonction de survie afin d'extérioriser les pulsions meurtrières de vendetta et de ruses machiavéliques (chien cerbère à l'appui !) pour mieux piéger leurs tortionnaires.


D'une brutalité inouïe et d'un réalisme éprouvant en roue libre, la Colline a des yeux, nouvelle mouture, réussit l'exploit de surpasser son modèle grâce au brio de sa mise en scène acérée, à l'exploitation vertigineuse de son environnement ombrageux et au tempérament ardent de comédiens habités par une fougue criminelle toujours plus addictive. Tout en énonçant en background le péril nucléaire, Alexandre Aja transcende un morceau de cinéma horrifique brut de décoffrage dans sa bestialité primitive, un survival aride à couper au rasoir dont l'influence se répercute inévitablement vers l'héritage poisseux des Seventies. 

La chronique de son modèle: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/09/la-colline-des-yeux-hills-have-eyes.html

*Bruno
3èx

    mercredi 22 juillet 2015

    SPEED

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

    de Jan De Bont. 1994. U.S.A. 1h56. Avec Keanu Reeves, Dennis Hopper, Sandra Bullock, James DuMont, Joe Morton, Jeff Daniels.

    Sortie salles France: 24 Août 1994. U.S: 10 Juin 1994

    FILMOGRAPHIE: Jan De Bont est un réalisateur, directeur de photo et producteur néerlandais, né le 22 Octobre 1943 à Eindhoven, Pays-Bas.
    1994: Speed. 1996: Twister. 1997: Speed 2. 1999: Hantise. 2003: Lara Croft, le berceau de la vie.


    Immense succès planétaire lors de sa sortie, Speed n'a pas usurpé sa réputation de modèle du film d'action tant Jan De Bont redouble d'efficacité à relancer les enjeux de survie parmi l'efficacité de stratagèmes d'attaques et de défense, et vice-versa ! Par l'entremise d'un concept aussi retors que redoutablement pernicieux (un bus est contraint de dépasser la vitesse de 50 miles à l'heure pour éviter de faire exploser ses passagers à tous moments !), Speed puise sa vigueur dans la métronomie de séquences d'action ébouriffantes sachant que le véhicule pris en otage à distance est incessamment contraint de rouler à vive allure afin d'éviter le crash.


    En empruntant le schéma du cinéma catastrophe, l'intrigue alerte s'agence autour t'intimidations et retournements de situations d'un jeu avec la peur compromis entre bons et méchant. A ces rapports de force concertés à distance vont découler dommages accidentels (véhicules et balises fauchés dans les centres urbains) et incidents techniques (fuite de carburant, crevaison de pneu !) par le biais d'une interminable course-poursuite sur bitume ! Si certaines situations à risque relèvent de l'improbabilité (le vol plané du bus à partir d'une parcelle manquante de l'autoroute, Jack réfugié sous le car afin de désamorcer la bombe ou de prendre la fuite sur une planche de métal parmi sa compagne, et enfin son audace de dernier ressort en interne d'un compartiment ferroviaire !), la perfection des effets spéciaux, la rigueur de ces cascades épiques et surtout le sens du détail imparti aux solutions de survie parviennent à crédibiliser ces tours de force vertigineux ! Epaulé de la prestance sarcastique du diablotin Dennis Hopper (sorte de "Jocker" moderne féru de cynisme dans son propos orgueilleux de nuire aux otages et ridiculiser le jeune héros redresseur de tort !) et du duo communément pugnace que forment Keanu Reeves et la pétillante Sandra Bullock, Speed parvient à captiver le spectateur dans une série d'épreuves de force érigées autour d'une cage d'ascenseur, d'un autobus infernal et (pour parachever) d'un train.


    Conçu à la manière d'un tour de montagne russe où l'action incessante est entièrement impartie au cheminement intrépide d'une intrigue fertile en péripéties, Speed peut sans rougir accéder au panthéon des plus grands films d'action des années 90. Si la mise en scène avisée de Jan De Bont, l'originalité du pitch et le réalisme des effets spéciaux nous plaquent au fauteuil dans le quotient de son intensité émotionnelle, la complicité attachante formée par le couple Keanu Reeves/Sandra Bullock et la présence roublarde de Dennis Hopper décuplent l'effervescence dans leur inimitié infatigable. 

    Bruno Matéï
    3èx

    Récompenses: Oscars 1995:
    Oscar du meilleur son
    Oscar du meilleur montage sonore
    BAFTA Awards 1995
    Meilleur montage
    MTV Movie Awards 1995
    Meilleure actrice pour Sandra Bullock
    Meilleur duo pour Keanu Reeves et Sandra Bullock
    Meilleur méchant pour Dennis Hopper
    Meilleure scène d'action pour l'échappée du bus et l'explosion de l'avion.
    Saturn Awards
    Meilleure actrice pour Sandra Bullock

    La critique de Mathias Chaput: 
    « Speed » est un modèle du genre, mélange entre film d’action, polar et film catastrophe, ce métrage est un pur régal !
    Certes, on a du mal à y croire, mais le talent de Jan de Bont parvient à faire admettre, même au spectateur le plus blasé, l’iréel !
    Des plans incroyables (comme la scène de l’ascenseur au début) et le filin accroché à une poutre sur le toit de la tour qui retient le câble de l’ascenseur, l’explosion du bus (vide) qui vient s’encastrer sur un avion long courrier et surtout le coup magistral de Jack allongé sur le dos sur une planche à roulettes parvenant à passer sous le bus en essayant de désamorcer la bombe, le tout à grande vitesse !
    Des séquences de folie pure qui font redoubler le stress vécu par le spectateur jusqu’à une issue salvatrice clôturée par un happy end un peu nunuche, reconnaissons le ! mais ici on est à Hollywood !
    Dennis Hopper est magistral et nous régale d’une composition dont seul lui a le secret, il est génial en terroriste déjanté et expert en explosifs !
    Keanu Reeves est rempli de testostérone et livre un combat sans merci pour éradiquer le mal et faire triompher la justice !
    Sandra Bullock ajoute un charme et sa féminité est bienvenue au milieu de cet univers de mâles…
    Le passage de la « poussette » vaut son pesant de cacahuètes et respire la déstabilisation, parfaitement bien rôdée et amenée dans le déroulement du métrage, accentuant une nouvelle fois le stress chez le spectateur, déjà particulièrement éprouvé !
    La décapitation sur le toit de la rame du métro est également bien vue !
    Un excellent film, « Speed » est un concentré d’action, un florilège de scènes dynamiques où cela n’arrête pratiquement jamais une seule seconde ! (la remise des médailles est le seul temps mort du film, tout le restant n’est qu’action pure à 200 à l’heure !).
    A voir et revoir avec le même plaisir !
    9/10

    mardi 21 juillet 2015

    The American Way. Prix du Jury, Prix de la Critique, Prix Antenne d'Or, Avoriaz 1987.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

    "Riders of the Storm" de Maurice Phillips. 1986. Angleterre/U.S.A. 1h45. Avec Dennis Hopper, Michael J. Pollard, Eugène Lipinski, James Aubrey, Al Matthews, William Armstrong.

    Sortie salles France: 27 Mai 1987. U.S: 7 Mai 1988.

    FILMOGRAPHIE: Maurice Phillips est un réalisateur, acteur et scénariste américain, né le
    1986: American Way. 1990: Un cadavre sur les bras. 1991: Another You. 1996: The Vanishing Man (télé-film). 2000: Second Sight: Parasomnia (télé-film). 2003: Dr Jekyll et My Hyde (télé-film). 2006: Losing Gemma (télé-film).


    Satire féroce contre la guerre du Vietnam, le fanatisme religieux et le corps politique, particulièrement l'extrême droite, The American Way emprunte la démarche de la série B décomplexée afin de vilipender l'Amérique puritaine où l'apparence n'est que duperie afin de mieux manipuler son peuple de masse. A bord d'un avion, une poignée d'anciens vétérans du Vietnam survolent les Etats-Unis pour pirater les ondes hertziennes de l'écran cathodique. En prime, afin de déjouer l'élection d'une candidate conservatrice aux prochaines présidentielles, ils commettent divers attentats lors de ses diverses apparitions sur les plateaux TV. Mais au moment de daigner démasquer son imposture corporelle, cette dernière ordonne à l'armée de l'air de détruire leur avion par le biais de missiles nucléaires. 



    Ovni improbable où l'appellation du terme Culte reprend enfin tout son sens, The American Way s'édifie sous l'enseigne du vilain petit canard, une production mal élevée pour un premier film se vautrant dans le politiquement incorrect avec une insolence dévastatrice. Dominé par l'iconographie excentrique d'insurgés s'en donnant à coeur joie dans les pitreries et défiances contre leur gouvernement, l'intrigue accumule sans répit provocations verbales et visuelles envers l'establishment ricain, quand bien même la défroque militaire de nos redresseurs de tort pourrait prêter allusion aux anti-héros de bandes-dessinées. Véritable pied de nez contre le support consensuel des médias, les lobbies et discours démagos du monde politique, Maurice Phillips ne cesse de se railler de sa république avec une verve délirante, à l'instar de la caricature grotesque impartie à une électrice présidentielle Spoiler ! réduite ici en travelo ! Fin du Spoiler ! Emaillé de rebondissements explosifs et de rencontres impromptues avec des sbires mafieux et un E.T blafard, The American Way cultive un vent de liberté euphorisant sous la houlette de ces vétérans adeptes de l'alcool, du sexe, du rock et de la drogue, score endiablé à l'appel !


    Hymne à l'indépendance d'esprit, à la sous-culture et à l'éthique du politiquement incorrect, The American Way transfigure une diatribe débridée contre la guerre, la soumission, le totalitarisme et l'intégrisme. Si l'intrigue rocambolesque et la réalisation ne font pas preuve de grande maîtrise dans sa structure rythmique, l'éloquence survitaminée des comédiens emportent tout sur leur passage par leur posture (finalement) héroïque et dévergondée ! De la graine de comédie culte, subversive et transgressive, pour le plus grand bonheur du cinéphile frondeur ! 

    Bruno Matéï
    4èx

    lundi 20 juillet 2015

    GOODNIGHT MOMMY. Prix du Jury Syfy, Prix du Jury Jeunes, Gerardmer 2015.

                                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

    "Ich seh Ich seh" de Severin Fiala et Veronika Franz. 2014. Autriche. 1h40. Avec Susanne Wuest, Elias Schwarz, Lukas Schwarz, Hans Escher, Elfriede Schatz, Karl Purker.

    Sortie salles France: 13 Mai 2015. Autriche: Janvier 2015

    FILMOGRAPHIE: Severin Fiala est un réalisateur, scénariste, acteur producteur autrichien. Veronika Franz est une réalisatrice et scénariste autrichienne. 
    2014: Goodnight Mommy


    Expérience hermétique avec l'insolite, de par son environnement high-tech aussi épuré que baroque, son cheminement dramatique abrupt et surtout la posture interlope des protagonistes en phase de questionnement, Goodnight Mommy déroute et dérange jusqu'au malaise d'une dernière partie surfant avec la torture physique. Sans fioriture et avec une volonté de bousculer les habitudes du spectateur, ce huis-clos nous fait suivre le chemin de croix d'une mère molestée par ses progénitures, deux frères jumeaux incapables de l'identifier depuis son opération chirurgicale. Car défigurée, distante et castratrice, cette dernière adopte une posture antipathique à leurs égards au point de leur remettre en doute son identité maternelle. Toujours plus suspicieux, les enfants décident de l'emprisonner dans sa chambre pour mieux l'interroger et tenter d'y démasquer l'éventuelle imposture


    Dans la lignée du cinéma de Lynch et de Haneke, Goodnight Mommy réfute le divertissement conventionnel, le film empruntant les genres du drame et de l'horreur avec réalisme clinique et climat d'étrangeté que le mutisme des personnages renforce sans sourciller. Esthétiquement avisé et nanti d'un onirisme crépusculaire parfois envoûtant, cet étonnant jeu de pouvoir entre la candeur de l'enfance et l'autorité de leur génitrice ne provoque aucune empathie pour leur étude caractérielle destituée de béatitude. Privilégiant notamment le non-dit et le nonsensique dans leur comportement hétérodoxe (notamment ce goût singulier pour la passion des cafards !), Severin Fiala et Veronika Franz distillent autour d'eux une froide atmosphère feutrée parmi l'architecture moderne d'une résidence ornée de silhouettes diaphanes (le design baroque imparti aux ombres chinoises des portraits du salon). Sans faire preuve d'outrance et de trivialité, le film évolue vers une direction toujours plus malsaine quant à l'entêtement des enfants réduits en bourreaux malgré eux, mais sans que l'un d'eux ne cède au plaisir pervers pour leurs exactions punitives. Si l'intrigue linéaire peut laisser perplexe au premier abord dans la motivation des personnages et le sens de leur démarche, les cinq dernières minutes viennent tout remettre en question sur ce que nous venons d'assister afin d'élucider Spoiler !!! une réflexion sur le deuil, l'incapacité d'en assumer le fardeau et l'influence dépressive qu'il peut engendrer sur notre inconscient vis à vis des thèmes du double, du traumatisme et de la gémellité. Fin du Spoiler.


    Langoureux par la monotonie de son rythme et donc difficile d'accès pour certains, Goodnight Mommy n'est pas conçu pour plaire au public de masse tant cette épreuve psychologique monopolise le climat d'inquiétude et la posture équivoque des personnages avec une singularité auteurisante.
    Pour public averti.

    Bruno Matéï
    La critique de Audrey Jeamart: http://scopophilia.fr/goodnight-mommy-conte-cruel-de-la-jeunesse/

    RécompensesFestival international du film de Catalogne 2014 : « Official Fantàstic Panorama Selection » - Grand prix du film fantastique européen en argent
    Festival international du film de Thessalonique 2014 : « International Competition » - Prix FIPRESCI
    Festival international du film fantastique de Gérardmer 2015 : Prix du Jury Syfy et Prix du Jury Jeunes
    Festival Hallucinations Collectives 2015 : Grand prix du festival (prix du public)


    lundi 13 juillet 2015

    KAMIKAZE

                                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site forums.resistance.tk

    de Didier Grousset. 1986. France. 1h29. Avec Richard Bohringer, Michel Galabru, Dominique Lavanant, Romane Bohringer, Etienne Chicot, Harry Cleven, Riton Liebman.

    FILMOGRAPHIE: Didier Grousset est un réalisateur français.
    1986: Kamikaze. 1990: Rendez-vous au tas de sable. 1994: Eclats de Famille (télé-film). 1995: Le Fils de Paul (télé-film). 2000: Le Coup du Lapin (télé-film). Dans la gueule du loup (télé-film). 2001: Permission Moisson (télé-film). 2003: Il court, il court le furet (télé-film). 2003: Retour aux Sources (télé-film). 2005: Confession d'un menteur (télé-film). 2006: Le Chapeau du P'tit Jésus (télé-film). 2006: Mariés... ou presque ! (télé-film). 2007: Un Crime très populaire (télé-film). 2008: Il faut sauver Saïd (télé-film). 2009: Sur le chemin de Compostelle (télé-film)/ 2012: La Smala s'en mêle (télé-film).


    Produit et co-scénarisé par Luc Besson, Kamikaze est un petit ovni oublié des années 80, le premier long-métrage de Didier Grousset, ancien assistant réalisateur de Subway. Partant d'un concept d'anticipation particulièrement débridé (tuer à distance les speakerines de la TV par le biais d'une arme électronique), Kamikaze privilégie la dérision sardonique lorsqu'un savant limogé décide de se venger de la société en façonnant une machine révolutionnaire. Satire du milieu des médias pour la caricature grotesque impartie aux speakerines, cette comédie noire doit beaucoup de son attrait à l'audace d'un humour au vitriol, comme le souligne la posture extravagante du grand Michel Galabru, surjouant un misanthrope habité par la haine depuis son licenciement abusif. Fuyant son ennui devant son poste de téléviseur mais toujours plus irrité par la vulgarité des émissions présentées par des speakerines aseptiques, il décide de se convertir en exterminateur afin de démontrer toute l'étendue de son génie. Sans surprise mais efficace, l'intrigue linéaire repose ensuite sur l'investigation ardue de l'inspecteur Pascot (campé avec aisance autorité par l'excellent Richard Borhinger), délibéré à déjouer les nouvelles exactions criminelles d'Albert (savant-fou davantage compromis par sa déchéance meurtrière !), et s'efforçant de lui tendre un piège par le biais de son invention électromagnétique. Outre le caractère délirant d'une situation aussi saugrenue (supprimer les présentateurs TV les plus importuns à travers l'écran du tube cathodique et à distance d'une arme électronique), le film distille un climat parfois dérangeant dans la manière outrancière dont Galabru dessine son personnage, entre verve insolente et irascibilité sans vergogne (à l'instar du sort tragique alloué à deux protagonistes lors de la dernière partie). L'atmosphère insolite et décalée baignant dans un style ravageur d'humour noir, d'action sanguinolente (scènes-chocs hilarantes à l'appui lorsque l'estomac des speakerines explosent de manière aussi furtive qu'inopinée !) et de suspense gentiment fonctionnel, le tout rythmé sur l'onirisme d'un score envoûtant d'Eric Serra !


    Hormis quelques scènes inutiles (la relation paternelle de Pascot avec sa fille, sa fausse idylle avec sa collègue Laure Frontenac) et la négligence de certains seconds-rôles (Kim Massee peine un peu à convaincre dans la peau d'une nièce d'une bonhomie excessive), Kamikaze assure le sympathique divertissement d'une curiosité hybride parmi l'excentricité d'un Michel Galabru aussi grotesque qu'étrangement délétère. A réserver en priorité aux cinéphiles nostalgiques !

    Bruno Matéï
    2èx

    vendredi 10 juillet 2015

    LA GUERRE DES MONDES

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site war-ofthe-worlds.co.uk

    "War of the Worlds" de Steven Spielberg. 2005. U.S.A. 1h56. Avec Tom Cruise, Dakota Fanning, Justin Chatwin, Henry Jane Watson, Miranda Otto, Tim Robbins, Rick Gonzales.

    Sortie salles France: 6 Juillet 2005. U.S: 29 Juin 2005

    FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis).
    1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 2012: Lincoln. 2015: Le Pont des Espions.


    Spectacle pyrotechnique à couper le souffle, de par les moyens dantesques mis en oeuvre pour l'ampleur de séquences catastrophes aux FX numériques ahurissants de réalisme, La Guerre des Mondes s'impose comme une relecture du fameux roman de H.G Wells déjà adapté à l'écran par Byron Haskin en 1953. Reprenant le concept éculé d'une invasion extra-terrestre délibéré à éradiquer notre planète pour mieux s'y implanter, Steven Spielberg parvient à réinventer le genre grâce à la virtuosité de sa mise en scène multipliant les séquences anthologiques au service d'une narration simple mais efficace. En se focalisant sur les tentatives de survie d'un père divorcé et de ses deux enfants, pris à parti avec la menace extra-terrestre d'engins destructeurs, Steven Spielberg parvient à cultiver l'intérêt de leurs pérégrinations au sein d'un monde réduit au chaos. 


    Souvent spectaculaire et inventif dans les séquences de destructions massives (à l'instar de son prélude catastrophiste !), La Guerre des Mondes en profite pour souligner l'instinct ingrat de notre civilisation lorsque nous sommes confrontés à une situation apocalyptique échappant à notre contrôle. Parmi ces foules humaines en panique, des centaines de survivants tentent d'embarquer à bord d'un paquebot après avoir tenté de dérober un véhicule au mépris de la vie de ces occupants. A travers leur comportement individualiste surmené par la peur de l'inconnu et de trépasser à tous moments, Spielberg intensifie le réalisme d'un climat ténébreux lorsqu'ils parcourent les plaines d'un environnement belliqueux. Face à cette hécatombe humaine engendrée par les tripodes avides de mégalomanie, on peut peut-être y percevoir une métaphore sur le génocide juif au vu de leur éradication expéditive, les extra-terrestres se substituant aux spectres du nazisme dans leur ambition totalitaire. Si la Guerre des Mondes parvient à fasciner et provoquer une terreur psychologique, il le doit également à la prestance humaine des comédiens totalement impliqués dans leur fonction de survie et de bravoure. Spielberg accordant notamment un intérêt majeur sur la relation de discorde qu'un père divorcé tente de négocier parmi la rébellion infantile. Leur cheminement ardu de survie et épreuves de séparation s'avérant une initiation à la réconciliation après avoir vaincu leur peur de trépasser et celle de l'abandon. Dans celui du père rejeté, Tom Cruise adopte la juste mesure du héros combatif avec la dignité d'un paternel en requête d'amour, de confiance et de rédemption. La petite Dakota Fanning lui partageant la vedette avec une indéniable empathie pour sa fragilité naturelle et sa terreur viscérale à être témoin malgré elle d'une guerre dévastatrice. Enfin, dans la peau de l'adolescent en quête identitaire, Justin Chatwin endosse la carrure du rebelle volontairement provocateur afin de mesurer le sentiment de confiance et l'autorité régressive de son géniteur. 


    Pur spectacle d'anticipation belliciste au happy-end tantôt onirique, tantôt convenu, La Guerre des Mondes est avant tout une expérience visuelle étourdissante de réalisme dans son lot de scènes catastrophes d'une rare intensité épique et dans la structure démesurée des machines extra-terrestres plus vraies que nature. Si le scénario aurait mérité à être plus original et inventif, on peut aussi se réconforter auprès de l'étude caractérielle de notre trio héroïque formé par Tom Cruise, Justin Chatwin et Dakota Fanning

    Bruno Matéï
    2èx