mercredi 20 avril 2016

LE CERCLE 2

                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemotions.com

"The Ring 2" de Hideo Nakata. 2005. U.S.A/Japon. 1h50. Avec Naomi Watts, David Dorfman, Daveigh Chase, Simon Baker, Elizabeth Perkins, Gary Cole, Sissy Spacek.

Sortie salles France: 10 Décembre 2005. U.S: 18 Octobre 2005

FILMOGRAPHIE: Hideo Nakata est un réalisateur et un scénariste japonais né le 19 juillet 1961 à Okayama (Japon). 1996 : Le Spectre de l'actrice. 1998 : Joseph Losey: The Man with Four Names. 1998: Ring. 1998: Ring 2. 1999: Chaos. 1999 : Sleeping Bride. 2000: Sadistic and Masochistic. 2002: Dark Water. 2002: Last Scene. 2005: Le Cercle 2. 2007: Kaidan. 2008: L: Change the World. 2010: Chatroom. 2010 : Incite Mill (TV Show). 2013: The Complex. 2014: Monsterz. 2015: Ghost Theatre.


Six mois après les horribles événements qui leur avaient fait fuir Seattle, Rachel Keller et son jeune fils Aidan se sont réfugiés à Astoria, dans l'Oregon. La journaliste espère oublier ses épreuves dans cette paisible bourgade côtière, mais de nouvelles menaces ne tardent pas à planer sur sa vie. Un crime énigmatique, commis à l'aide d'une cassette trop familière, donne l'alerte : l'esprit de Samara n'a pas renoncé à sa vengeance et Rachel va devoir enquêter sur le lointain passé de la fillette pour arrêter le cycle infernal de ses violences maléfiques...


En dépit de la bonne volonté du duo Naomi Watts / David Dorfman, une suite poussive à court de suspense, faute d'un scénario superficiel aux enjeux dramatiques dénués de tension, quand bien même les quelques visions d'effroi qui irriguent maladroitement l'intrigue tournent à vide.

mardi 19 avril 2016

THE BOY

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de William Brent Bell. 2016. U.S.A. 1h37. Avec Lauren Cohan, Rupert Evans, Jim Norton, Diana Hardcastle, Ben Robson, James Russell

Sortie salles France: 27 Janvier 2016. U.S: 22 Janvier 2016

FILMOGRAPHIE: William Brent Bell est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2016: The Boy. 2013: Wer. 2012: Devil Inside. 2006: Stay Alive. 1997: Sparkle and Charm.


Surfant sur le succès (éhonté) d'AnnabelleWilliam Brent Bell exploite les thématiques de la poupée diabolique et du deuil infantile de manière étonnamment sobre et déférente. The Boy jouant la carte du premier degré dans sa volonté de renouer avec une épouvante à l'ancienne. Fraîchement débarquée dans un manoir anglais pour y occuper le poste de Baby-sitter, une jeune américaine est contrainte de subir les caprices d'un couple de retraités depuis que leur défunt rejeton est substitué en poupée de porcelaine. Au fil des jours, Greta entretient une étrange relation avec le mannequin si bien qu'elle se persuade d'être en présence du fantôme du fils des Heelshire.


Série B ludique conçue sur l'efficacité d'un suspense latent irrésistiblement envoûtant, The Boy surprend par son parti-pris modeste à préconiser une atmosphère d'inquiétude plutôt que la facilité de la surenchère. Formellement soigné, tant par la beauté de sa photo aux couleurs pétulantes que des décors gothiques raffinés, l'intrigue se concentre sur les rapports intimistes partagés entre la baby-sitter et sa poupée. Sans chercher à provoquer le spectateur par des procédés spectaculaires que l'on connait par coeur, The Boy repose surtout sur l'interrogation d'une poupée potentiellement diabolique et l'aura feutrée d'une demeure vétuste occultant un sombre passé. Rehaussé du jeu nuancé de la fringante Lauren Cohan, sa présence maternelle doit beaucoup à la crédibilité des situations anxiogènes lorsque son personnage finit par céder à une foi occulte. Et parmi son obstination, le spectateur de croire à l'improbable, notamment par le biais d'une mise en scène scrupuleuse observant leurs rapports avec une empathie trouble. Emaillé d'idées parfois astucieuses (la larme sur la joue de Brahms), on sent que le réalisateur s'efforce soigneusement de narrer son histoire avec l'appui du simulacre et parmi l'expectative d'une révélation détonante. Bien que quelques clichés viennent futilement desservir la véracité des évènements en fin de parcours, The Boy s'avère suffisamment intriguant, persuasif et atmosphérique pour se laisser notamment surprendre par son twist en dépit d'une dernière image superfétatoire.


Série B horrifique inopinément adulte dans sa volonté de bâtir une histoire surnaturelle plus finaude que le tout venant mainstream, The Boy séduit agréablement grâce à la sincérité modeste du réalisateur soucieux de développer l'évolution morale de ses personnages tourmentés. 

lundi 18 avril 2016

BUG. Prix FIPRESCI, Quinzaine des réalisateurs, Cannes 2006

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineparade.eklablog.com

de William Friedkin. 2006. U.S.A. 1h42. Avec Ashley Judd, Michael Shannon, Harry Connick Jr., Lynn Collins, Brian F. O'Byrne.

Sortie salles France: 21 février 2007. U.S: 25 Mai 2007. Interdit aux - de 12 ans.

FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés à la cérémonie des Oscars d'Hollywood. 1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.


Expérience paranoïde contagieuse, Bug s'inspire d'une pièce de théâtre de Tracy Letts jouée en 2004. S'appuyant sur le principe du huis-clos suffocant, William Friedkin prend un malin plaisir à immerger le spectateur dans une descente aux enfers schizophrène. La cause incombant à un ex militaire d'apparence affable et timoré qu'Agnès aura rencontré dans un bar par l'intermédiaire de sa meilleure amie. Solitaire, droguée, marginale, cette dernière se remet difficilement de la disparition inexpliquée de son fils et de son échec conjugal, faute d'un mari abusif. Harcelée par son ex, elle se réconforte auprès de son hôte avant que celui-ci ne lui déclare qu'il est le cobaye d'une horrible machination perpétrée par le gouvernement. Des insectes se seraient alors infiltrés dans son corps afin de transmettre la maladie à autrui et anéantir nos cerveaux. Sous couvert de thriller au suspense latent (la première partie prend son temps à caractériser les rapports du couple), William Friedkin en extirpe un drame psychologique d'une intensité dramatique en chute libre. Le film décrivant avec réalisme cinglant les rapports équivoques d'un couple en renaissance amoureuse convaincu d'être le fruit d'un odieux complot.


Outre la maîtrise de sa mise en scène accordant beaucoup d'intérêt à la bande-son afin d'aviver l'angoisse morale de nos héros, Bug est transcendé par un jeu d'acteurs au diapason ! Michael Shannon endossant avec spontanéité viscérale la carrure du dangereux schizophrène (sans doute) traumatisé par la guerre. Dans un jeu de fragilité aiguë, Ashley Judd lui prête la vedette avec une dimension humaine névralgique, faute de ses tourments dépressifs facilement manipulables. Le duo se déchirant au rythme de la passion amoureuse et de la hantise de persécution. D'une violence rigoureuse dans les comportements erratiques en roue libre, les joutes verbales et les exactions sanglantes (notamment une torture dentaire proprement horrifique !), Bug dérange pour provoquer un malaise tangible auprès des agissements du couple compromis par l'autosuggestion. Par le biais de cet imposteur victime d'une pathologie mentale et de cette marginale dépressive en quête éperdue d'amour, William Friedkin en extrait une réflexion sur l'influence de la paranoïa et la manipulation de celui qui l'extériorise.


Baignant dans un climat névrosé progressif au fil d'une dégénérescence morale, Bug aborde les thèmes de la paranoïa et du complot politique sous l'impulsion d'un dangereux psychopathe. Par son intensité émotionnelle perturbante, il en émane une expérience viscérale éprouvante où l'impact des images cauchemardesques (les mutilations corporelles échangées entre le couple par la cause des insectes) se disputent au désarroi d'un drame de la solitude. 

Récompense: Prix FIPRESCI lors de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2006

vendredi 15 avril 2016

LE CERCLE

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Ring" de Gore Verbinski. 2002. U.S.A. 1h55. Avec Naomi Watts, Brian Cox, Martin Henderson, David Dorfman, Rachael Bella, Daveigh Chase

Sortie salles France: 5 Février 2003. U.S: 18 Octobre 2002

FILMOGRAPHIE: Gregor « Gore » Verbinski, né le 16 mars 1964, est un réalisateur et producteur américain. 1997 : La Souris. 2001 : Le Mexicain. 2002 : Le Cercle. 2003 : Pirates des Caraïbes: La Malédiction du Black Pearl . 2005 : The Weather Man. 2006 : Pirates des Caraïbes: Le Secret du Coffre maudit. 2007 : Pirates des Caraïbes: Jusqu'au bout du Monde. 2011 : Rango. 2013 : Lone Ranger, naissance d'un héros.


"Je déteste la télé, ça me file la migraine. Il y a tellement d'ondes dans l'air à cause de ça et des téléphones, qu'on perd dix fois plus de neurones qu'on le devrait. Les molécules du cerveau deviennent instables. Les fabricants le savent, mais ils font rien. C'est un vrai complot. 
Tu sais combien d'ondes traversent notre tête chaque seconde ?"

Remake du célèbre Ring, classique japonais de Hideo Nakata réalisé en 1998, le Cercle reprend avec habileté le concept de la Vhs maudite pour renouveler la peur parmi l'appui d'une narration dramatique en crescendo. Sans se laisser influencer par la facilité du copier-coller, Gore Verbinski ré-exploite la malédiction de Samara avec une science du suspense affûté et le joug d'un climat de malaise. Une jeune journaliste, Rachel Keller, décide d'enquêter sur une série de meurtres inexpliqués après que les victimes eurent visionné le contenu d'une cassette video leur augurant leur mort 7 jours après sa diffusion. Un appel téléphonique les avertissant au moment propice. 


Dominé par l'interprétation obstinée de Naomi Watts compromise entre ses sentiments d'émoi, de doute et de paranoïa, Le Cercle repose sur une investigation de longue haleine pour immerger le spectateur vers une troublante descente aux enfers. L'intrigue soigneusement structurée délivrant au compte goutte indices et révélations macabres avec un sens du détail dérangeant. Outre l'art de conter un récit malsain terriblement inquiétant, il faut également souligner le soin formel apporté à sa photographie désaturée si bien que certaines images poétiques nous magnétisent l'esprit par sa puissance évocatrice. Particulièrement l'environnement clairsemé d'une nature en clair obscur comme le symbolise à plusieurs reprises l'arbre décharné étroitement lié au secret de Samara. Quant à la présence candide des chevaux, elle fait office de ressort dramatique parfois éprouvant (le comportement erratique de l'étalon embarqué sur le bateau et poursuivant Rachel s'avère l'un des moments les plus rigoureux !) lorsque ces derniers sont soumis à une force diabolique. Parmi les archétypes de la légende urbaine, de l'enfance diabolique, de la superstition et de la malédiction, Gore Verbinski s'efforce de crédibiliser une douloureuse histoire de relation maternelle par l'entremise de la famille dysfonctionnelle et avec l'appui de Rachel éprise de compassion pour la condition équivoque de Samara. Ne cédant jamais à l'esbroufe horrifique car s'efforçant de mettre en valeur une épouvante premier degré, le cinéaste parvient brillamment à exacerber quelques brefs instants d'effroi par l'habileté de la suggestion.


Redoutablement efficace comme le souligne son ossature narrative d'une riche intensité dramatique et l'aura perméable de son angoisse malsaine, Le Cercle honore dignement l'entreprise commerciale du remake si bien que Gore Verbinski y apporte sa marque et son identité avec brio inattendu. La peur, subtile et diffuse, s'avère donc à nouveau au rendez-vous sous l'impulsion d'une satire des médias, et pourrait même prétendre à émuler son modèle !

3èx

jeudi 14 avril 2016

UN JOUR SANS FIN

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site daveexaminesmovies.com

"Groundhog Day" d'Harold Ramis. 1993. U.S.A. 1h41. Avec Bill Murray, Andie MacDowell, Chris Elliott, Stephen Tobolowsky, Michael Shannon, Harold Ramis

Sortie salles France: 28 Juillet 1993. U.S: 12 Février 1993

FILMOGRAPHIE: Harold Ramis, de son vrai nom Harold Allen Ramis, est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain né le 21 novembre 1944 à Chicago, dans l'Illinois aux (États-Unis), et mort dans cette même ville le 24 février 2014.
1980: Le Golf en folie. 1983: Bonjour les vacances. 1986: Club Paradis. 1993: Un jour sans fin.
1995: Stuart sauve sa famille. 1996: Mes doubles, ma femme et moi. 1999: Mafia Blues. 2000 : Endiablé. 2002: Mafia Blues 2. 2005 : Faux Amis. 2009 : L'An 1: Des débuts difficiles.


Comédie fantastique d'une fantaisie et d'une tendresse insatiables, Un jour sans fin exploite le thème du voyage temporel avec une rare originalité. Harold Ramis ne recourant jamais à l'esbroufe spectaculaire pour divertir le spectateur car s'appuyant sur une dimension philosophique oecuménique. Le genre ludique se transcendant ici en habile réflexion sur l'ennui de la routine, le sens du temps en perpétuel mouvement et les répercussions bénéfiques ou malheureuses de nos actes quotidiens les plus anodins. Illustrant avec cocasserie le quotidien inlassable d'un présentateur météo condamné à revivre la même journée hivernale, le réalisateur surenchérit d'inventivité pour lui imposer une multitude de situations éculées afin de l'initier à l'humanisation.


A savoir, surpasser l'inertie d'une boucle temporelle par un désir de formation et d'observation à décrypter les traits de caractère de nos proches pour s'adapter à la sociabilité. Précepte d'amour et de tolérance pour l'autre, le parcours de prime abord morose de Phil Connors se cristallise en leçon de vie parmi la complicité amicale de sa productrice Rita (Andie MacDowell sémillante de candeur dans une fringance naturelle !). Egocentrique, bourru et ingrat, Phil va peu à peu occulter ses sautes d'humeur du quotidien éculé, rivaliser de trouvailles et constance à s'alimenter de nouvelles occupations pour déjouer l'ennui. Pour incarner ce rôle exubérant en demi-teinte, Bill Murray crève l'écran dans celui du célibataire aguerri en éveil existentiel. Sa posture de clown triste l'amenant peu à peu à adopter une posture humble au contact de son entourage et de seconds-rôles méconnus. Outre ses thèmes passionnants impartis à l'harmonie de la vie, à la fraternité et à l'amitié, Un jour sans fin aborde la thématique de l'amour avec une émotion fragile. Flirtant même parfois avec la féerie, Harold Ramis implique le spectateur dans une relation romanesque fondée sur l'intégrité des sentiments après que Phil eut saisi les failles de sa personnalité dédaigneuse.


Chef-d'oeuvre d'humour et d'émotion parfois poignante, Un jour sans Fin transfigure le genre pour nous prodiguer l'apparat du lendemain par l'apprentissage culturel et les ressorts existentiels de tolérance, d'altruisme, de fraternité et d'amour. Hymne à la vie, un moment de cinéma en apesanteur où la tendresse des actes humains nous laisse également songeur sur l'harmonie conjugale.  

mercredi 13 avril 2016

HOT SPOT

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site blackfever.org

de Dennis Hopper. 1990. U.S.A. 2h10. Avec Don Johnson, Virginia Madsen, Jerry Hardin, Jennifer Connelly, Charles Martin Smith, Barry Corbin, William Sadler.

Sortie salles France: 16 Janvier 1991. U.S: 12 Octobre 1990

FILMOGRAPHIE: Dennis Hopper, né le 17 mai 1936 à Dodge City, Kansas et mort le 29 mai 2010 à Los Angeles, est un acteur, réalisateur, poète, peintre et photographe américain. 1969: Easy Rider. 1971: The Last Movie. 1980: Out of the Blue. 1988: Colors. 1990: Catchfire. 1990: Hot Spot. 1994 : Chasers.


Thriller vénéneux d'un érotisme torride, Hot Spot constitue la sixième réalisation de l'acteur Dennis Hopper, sans doute la plus maîtrisée de sa carrière. Tant par sa direction hors pair d'acteurs au charisme saillant que d'une structure narrative remarquablement ciselée dans son alliage de suspense et rebondissements impromptus. Au moment de cambrioler la banque de sa contrée Texane, un vendeur en automobile tombe sous le charme de deux vamps au caractère distinct. L'une s'avérant une jeune fille introvertie soumise à l'arrogance d'un maître chanteur, l'autre une épouse nantie plutôt nymphomane dans son art de séduire les beaux mâles influençables. 


Vouant une affection immodérée pour son trio maudit, Dennis Hopper redouble d'ironie et de cynisme à dépeindre le portrait peu recommandable de personnages véreux partagés entre leur appétence sexuelle et le goût du lucre. Tributaire d'une situation modeste de salarié et de son instinct vénal, Harry Madox choisit la facilité de l'escroquerie afin d'optimiser sa situation financière. Courtisé par la beauté fringante de deux tentatrices, il finit par céder à leurs avances avant de se laisser voguer vers une dérive criminelle. Opposé au conformisme, Dennis Hopper se prend un malin plaisir à vitrioler un climat érotique ardent autour d'un trio sulfureux bâti sur le mensonge, la trahison et la manipulation. Chaque personnage occultant leurs secrets et désir intrinsèque avant de se laisser berner par un jeu délétère de séduction. D'une sensualité fragile, Jennifer Connelly se fond dans le corps d'une secrétaire timorée avec une ambivalence bisexuelle, quand bien même Virginia Madsen lui partage la vedette dans une fonction égocentrique de garce mi-perfide, mi-sournoise. Au coeur de ce duo à couteau tiré, Don Johnson tente de peser le pour et le contre de leurs aveux féminins afin de départager ses sentiments les plus influents. En exploiteur égotiste rattrapé d'une bravoure héroïque et d'une empathie pour la situation soumise de Dolly, l'acteur crève l'écran pour se tailler une prestance en demi-teinte d'escroc charmeur irrigué par l'avilissement.


Au rythme entêtant de plages de blues (on y croise John Lee Hooker, Miles Davis, Taj Mahal et Roy Rogers) et sous l'impulsion libidineuse du trio galvaudé, Dennis Hopper insuffle un climat solaire concupiscent pour y extraire une machination amorale. Un grand thriller vertigineux au pouvoir de séduction aussi ensorcelant que licencieux. 

mardi 12 avril 2016

JEU D'ENFANT

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Child's Play" de Tom Holland. 1988. U.S.A. 1h27. Avec Catherine Hicks, Chris Sarandon, Alex Vincent, Brad Dourif, Dinah Manoff, Tommy Swerdlow, Jack Colvin

Sortie salles France: 5 Avril 1989. U.S: 9 Novembre 1988

FILMOGRAPHIE: Tom Holland est un réalisateur et scénariste américain né le 11 Juillet 1943.
1985: Vampire, vous avez dit vampire. 1987: Beauté Fatale. 1988: Jeu d'Enfant. 1989: l'Enfant génial (The Wizard). 1993: Meurtre par intérim. 1996: La Peau sur les Os.


Habile artisan de la série B révélé par Vampire, vous avez dit vampire, Tom Holland continue de séduire les fantasticophiles 3 ans plus tard avec Jeu d'Enfant, sélectionné à Avoriaz. Premier volet d'une franchise à succès dont le concept sardonique sera usé jusqu'à la corde (en témoigne son dernier opus téléfilmesque), l'intrigue aborde le thème du vaudou parmi l'icone d'une poupée industrielle. Sans doute influencé par Au coeur de la Nuit, Magic, Devil Dolls ou encore le méconnu la Poupée de la Terreur de Dan Curtis, Tom Holland donne chair à son antagoniste infantile par le biais d'effets spéciaux novateurs pour l'époque. Si les autres opus de la saga parviendront toutefois à transcender la mobilité de son corps et de ses expressions faciales avec l'appui de la numérisation, Jeu d'Enfant parvient déjà à crédibiliser ses exactions, notamment par le biais d'une verve sardonique assez ravageuse.


Pris au piège par la police, un tueur en série adepte du vaudou parvient à se planquer dans un magasin de jouets pour y infiltrer in extremis son âme dans le corps d'une poupée. Epris de vengeance, il se résout ensuite d'assassiner ces rivaux avant de tenter de se réincarner dans la peau d'un enfant. La mère de ce dernier et un flic vont tenter de déjouer ses stratagèmes criminels. Captivant, Jeu d'Enfant tire parti de son efficacité grâce à son équilibre narratif fertile en actions, rebondissements et suspense diffus. Sans jouer la facilité de la surenchère, Tom Holland n'abuse jamais de la vacuité de séquences horrifiques car plus soucieux à accorder de la carrure aux portraits contrariées d'un enfant, d'un flic et d'une mère résignés à se tolérer une improbable vérité ! A savoir, dénoncer la culpabilité d'une poupée douée de chair et de sang ! Sous l'impulsion conflictuelle de ces derniers, l'intrigue gagne donc en crédibilité par leur motivation forcenée, quand bien même le cinéaste parvient parfois à distiller un suspense franchement anxiogène quant à la prochaine agression sournoise de Chucky. Son premier homicide perpétré contre une babysitter s'avérant d'ailleurs la séquence la plus réussie en terme d'angoisse palpable en chute libre. Par le principe d'une investigation insolite et grâce à la sobriété de ces comédiens (Catherine Hicks en tête car remarquable de spontanéité en mère névrosée !), Jeu d'Enfant renoue avec dynamisme avec le psycho-killer sans prétention de révolutionner le genre.


Nerveux, original, efficace et mis en scène avec autorité comme le souligne parfois la rigueur de son angoisse oppressante, Jeu d'Enfant privilégie l'horreur à l'ancienne dans un refus de dérision (ou de raillerie) pour susciter la peur (facteur que la plupart des autres cinéastes réfutera dans les autres volets puisque prônant le ressort potache). Un très sympathique slasher domestique renouvelant avec assez d'originalité le thème du vaudou sous le symbole mercantile de Chucky