jeudi 26 janvier 2017

ARLINGTON ROAD

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com

de Mark Pellington. 1999. U.S.A. 1h57. Avec Jeff Bridges, Tim Robbins, Joan Cusack, Hope Davis, Robert Gossett, Mason Gamble.

Sortie salles France: 21 Avril 1999. U.S: 9 Juillet 1999

FILMOGRAPHIE: Mark Pellington est un réalisateur, producteur et acteur américain né le 17 mars 1962 à Baltimore, Maryland (États-Unis). 1991 : Words in Your Face (TV). 1992 : U2: Achtung Baby (vidéo). 1992 : Punch and Judy Get Divorced (TV). 1995 : United States of Poetry (feuilleton TV)
1997 : Going All the Way. 1997 : Destination Anywhere (vidéo). 1998 : Pearl Jam: Single Video Theory (vidéo). 1999 : Arlington Road. 2002 : La Prophétie des ombres. 2003 : Day by Day: A Director's Journey Part II (vidéo). 2003 : Day by Day: A Director's Journey Part I (vidéo). 2007 : U2 3D (vidéo) retraçant en 3D la tournée 2006-2007 de U2 Vertigo Tour. 2008 : Henry Poole. 2014 : Final Masquerade - Linkin Park : (vidéo). 2015 : Human Race - Three Days Grace : (vidéo). 2017 : The Last Word.


Thriller parano à couper le souffle dans sa structure affûté d'un suspense à couper au rasoir, Arlington Road aborde le thème du terrorisme interne avec un machiavélisme proprement couillu si bien que l'audace subversive Spoil ! de son épouvantable conclusion fait froid dans le dos ! (quitte à frustrer une bonne partie du public pour le hanter à jamais !) Fin du Spoil.  Après avoir sauvé la vie d'un enfant grièvement blessé sur la chaussée, Michael Faraday, professeur d'histoire spécialiste du terrorisme, apprend qu'il s'agit de Brady Lang, le fils d'un de ses voisins. En guise de remerciement, la famille Lang convie Michael et sa petite amie à un souper familial. Mais au fil de leurs échanges amicaux, Michael finit par suspecter l'identité de cet aimable voisin après y avoir établi des recherches sur son obscur passé. Amateurs de thriller alerte mené sur un rythme sans faille, Arlington Road fait office de mastodonde du genre tant le méconnu Mark Pellington s'ingénie à peaufiner une tension sous-jacente autour de l'investigation ardue d'un professeur d'histoires en conflit avec sa paranoïa. Ce dernier étant peu à peu convaincu que son voisin est un dangereux terroriste avant de douter de ses convictions puis finalement se rétracter. 


Et ce jusqu'à ce que le réalisateur nous charpente un suspense exponentiel littéralement éprouvant quant à l'élan de son héroïsme suicidaire lors d'une dernière partie aussi apocalyptique que cauchemardesque ! En dénonçant les méthodes faillibles du FBI pour remonter sommairement la source d'un présumé coupable, Arlington Road jette un pavé dans la marre quant à leur incompétence d'enrayer le terrorisme et d'y suspecter une mauvaise cible. Sans traiter du thème religieux indissociable au fondement du terrorisme, l'intrigue met plutôt en exergue le profil d'un citadin américain avide de vengeance contre la culpabilité de ses exécutifs d'avoir chassé son paternel de ses terres autrefois métayer. D'une rigueur psychologique habilement fouillée quant aux profils antinomiques de deux pères de famille s'affrontant mutuellement avec flegme avant de laisser éclater leur haine, Arlington Road est notamment transcendé par le jeu halluciné d'un Jeff Bridges habité par l'inquiétude, l'angoisse et la terreur tangibles ! Outre ses facultés d'investigateur plutôt adroites et son ascension émotive à présager le pire, il faut le voir circuler fissa en plein centre urbain pour retrouver son fils et déjouer l'attentat d'une ampleur inconsidérée ! En terroriste aguerri que rien ne laissait supposer, Tim Robbins lui partage sobrement la vedette dans une posture fourbe et vénéneuse si bien que sans vergogne à oser sacrifier un bambin pour parfaire son projet insurrectionnel. 


Hommage aux victimes des attentats et en particulier aux enfants lâchement sacrifiés, Arlington Road exploite son thème (tristement actuel) sous le pilier d'un thriller acéré (on peut parler de modèle du genre pour le sens ciselé de son efficacité). Dominé par la prestance autoritaire d'un Jeff Bridges tétanisant d'intensité dans sa terreur viscérale, l'intrigue semée de rebondissements et péripéties (son final épique paroxystique !) nous prend aux tripes de la première (Spoil ! le prologue cinglant nous ébranle déjà quant à l'imagerie sanglante d'un enfant accidenté ! Fin du Spoil) à la dernière minute (Spoil ! le dernier plan, glaçant, épargnant tout espoir de happy-end ! fin du Spoil). Un chef-d'oeuvre du genre, sans doute irréalisable de nos jours car d'un nihilisme aussi radical qu'effronté n'hésitant pas en prime d'y dénoncer l'incompétence et la manipulation d'une Amérique insécuritaire, à redécouvrir d'urgence ! 

B-D

mercredi 25 janvier 2017

LOVING

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Jeff Nichols. 2016. U.S.A/Angleterre. 2h04. Avec Joel Edgerton, Ruth Negga, Michael Shannon, Nick Kroll, Marton Csokas, Bill Camp.

Sortie salles France: 15 Février 2017. U.S: 4 Novembre 2016

FILMOGRAPHIE: Jeff Nichols est un réalisateur et scénariste américain, né le 7 décembre 1978 à Little Rock, Arkansas (Etats-Unis).
2007: Shotgun Stories. 2011: Take Shelter. 2012: Mud. 2016: Midnight Special. 2016: Loving.


Reconnu par le formidable Take Shelter, Jeff Nichols cumule les réussites à rythme métronomique depuis son 1er long, Shotgun Stories. S'inspirant d'un fait divers judiciaire fustigeant la loi raciste au sein d'une Amérique rurale, Loving suit le chemin de croix moral d'un couple uni par la passion, un blanc et une noir, finalement en compromis pour tenter de modifier la restriction au droit du mariage interracial après que ces derniers eurent l'audace de se marier illégalement en Virginie. Considéré comme des pestiférés et des criminels aux yeux de la justice et d'une police fielleuse, Richard et Mildred Loving vont endurer ce poids inéquitable de la culpabilité durant 10 longues années, et ce avant qu'un avocat ne les épaulent afin poursuivre l'affaire des droits civiques à la cour suprême des Etats-Unis.


Remarquablement endossé par le couple Joel Edgerton / Ruth Negga d'une sensibilité pleine de modestie, Loving dresse leur portrait galvaudé avec une sobre émotion si bien que Jeff Nichols n'a pas pour ambition de faire pleurer dans les chaumières pour élever le genre (mal aimé) avec humilité. Grâce au brio (toujours aussi infaillible) de sa mise en scène épurée et d'un score envoûtant tout en retenue, Loving provoque une poignante empathie avant de nous bouleverser lors d'un épilogue en demi-teinte (je n'en dirais pas plus). Outre son brio technique, son esthétisme formel (ses magnifiques paysages naturels éclairés par un soleil écrasant) au sein d'une reconstitution soignée des années 50 (notamment ce goût raffiné pour ce défilé de voitures anciennes, de la Ford à la Chevrolet en passant par la Pontiac !), Loving tire parti de son intensité par son réalisme étroitement mêlé au "fait divers" si bien que l'on s'estomaque de pareille aberration ! Sous couvert de réquisitoire contre le racisme, Jeff Nichols exploitant son récit habilement détaillé et limpide sous le pilier d'un signe d'espoir (et de rédemption) lorsque des magistrats vont s'efforcer de changer les lois obscurantistes de leur état.


L'amour plus fort que la haine. 
En opposant sans fard la romance et le drame judiciaire, Loving élève ces genres avec modestie et humilité sous le symbolisme d'un couple aussi incandescent dans leur complémentarité amoureuse qu'affecté par leur poids de la culpabilité. 

B-M

lundi 23 janvier 2017

LA MOUTARDE ME MONTE AU NEZ

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinecomedies.com

de Claude Zidi. 1974. France. 1h38. Avec Pierre Richard, Jane Birkin, Claude Piéplu, Jean Martin, Danielle Minazzoli, Vittorio Caprioli, Julien Guiomar, Henri Guybet.

Sortie salles France: 8 Octobre 1974.

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011 : Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


Spécialiste de la comédie populaire comme en témoignent ses trois premières comédies, Les Bidasses en folie, Les Fous du stade, Le Grand Bazar, Claude Zidi nous revient en grande forme en 1974 avec une satire sur le milieu du journalisme, précisément la presse à scandales. Fort du duo improbable Pierre Richard/Jane Birkin réunit pour la première à l'écran, La Moutarde me monte au nez est un régal de cocasserie sous couvert d'une tendre idylle pointant le bout du nez vers sa dernière partie. Professeur de mathématiques dans un lycée, Pierre Durois est le fils du chirurgien Hubert Durois à nouveau en lice pour les élections municipales. Mais après avoir égaré un dossier comprenant le discours de son père, Pierre se retrouve mêlé à une manipulation médiatique depuis son séjour dans le pavillon luxueux de l'illustre actrice, Jackie Logan. 


Comédie d'aventures rocambolesques si j'ose dire, la Moutarde me monte au nez bénéficie d'un scénario débridé pour enchaîner les quiproquos les plus improbables et saugrenus sous l'impulsion d'un couple déjanté ! Pierre Richard endossant avec sa traditionnelle expression faciale un personnage empoté cumulant les catastrophes à rythme métronomique. Irrésistible de drôlerie mais également touchant dans le reflet de son regard naïf et candide, l'acteur crève à nouveau l'écran pour sa quête éperdue de redorer sa réputation et celle de son père après avoir été larbin d'un stratagème. En compagne glamour à l'accent british, Jane Birkin lui partage la vedette dans le corps (hyper sexy du haut de ses 28 ans !) d'une jeune actrice plutôt capricieuse mais néanmoins empathique et loyale quant à ses sentiments exprimés pour Pierre. En nous baladant également derrière les coulisses d'un tournage de western, Claude Zidi se raille gentiment de la vanité des cinéastes et de leurs stars au rythme effréné de poursuites à cheval et en voiture quant bien même Jane Birkin se perfectionne aux bagarres de saloon d'un oeil revanchard. La faute incombant à une presse à scandales lui ayant émis les gros titres depuis l'irruption de Pierre Durois dans sa vie intime.


Au-delà de la drôlerie expansive de ses péripéties et rebondissements en pagaille, La Moutarde me monte au nez puise son charme dans sa simplicité la plus modeste, comme le caractérise brillamment la fantaisie musicale (si entêtante !) de Vladimir Cosma. Dans l'intégrité d'un cinéaste nullement suffisant pour offrir généreusement au spectateur la comédie la plus ludique qui soit. Si le duo très attachant formé par Pierre Richard et Jane Birkin doit beaucoup à son ressort émotionnel, les seconds-rôles spontanés ne sont pas en reste, tel l'irrésistible Vittorio Caprioli en metteur en scène patriarche ! Une merveille inoxydable de comédie romantique, l'antidépresseur par excellence d'une époque révolue si bien que l'on quitte le générique le pincement au coeur.  

B-D. 3èx

vendredi 20 janvier 2017

48 HEURES DE PLUS

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site vostfr.club

"Another 48 Hrs" de Walter Hill. 1990. U.S.A. 1h33. Avec Eddie Murphy, Nick Nolte, Brion James, Kevin Tighe, Ed O'Ross, David Anthony Marshall, Andrew Divoff, Bernie Casey.

Sortie salles France: 15 Août 1990. U.S: 8 Juin 1990

FILMOGRAPHIE : Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis).
1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver, 1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule, 1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs, 1993 : Geronimo,1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV).


Huit ans après avoir rempli les salles avec 48 heures, Walter Hill rempile avec une séquelle au succès commercial encore plus considérable que son modèle. Reprenant à peu de choses près la même ligne de conduite dans son concentré d'action et de comédie que Nick Nolte et Eddy Murphy impulsent avec la même complicité masochiste (je t'aime, moi non plus !), 48 heures de plus ne souhaite pas innover en matière de Buddy Movie si bien que cette suite impeccablement ficelée pourrait même faire office de remake par sa structure rebattue (le cache-cache du gendarme et du voleur). Et ce, même si le thème de la corruption policière vient égayer finalement l'intrigue afin de surprendre le spectateur. Sur le point d'être déféré pour homicide volontaire après une rixe sanglante avec un dangereux caïd, Jack Cates profite de la libération de son ancien collègue Reggie Hammond pour parfaire son enquête sachant que la tête de ce dernier est mise à prix chez un gang de motards. C'est le début d'une nouvelle investigation que nos compères vont mener avec la même dissension caractérielle afin de parvenir à démasquer la mystérieuse identité de "l'ange bleu" ! 


En dépit de son récit linéaire comme celles de ses situations cocasses que se disputent à nouveau nos deux héros orgueilleux (bien que Nick Nolte s'avère ici plus amiteux pour considérer son camarade !), 48 heures de plus s'édifie en série B explosive grâce au savoir-faire d'un Walter Hill aussi inspiré dans son brio de chorégraphier des séquences d'action d'une vigueur homérique (le prologue fulgurant, hommage référentiel au western spaghetti, le carambolage entre un bus et un poids-lourd, le canardage dans l'hôtel puis dans une boite de nuit !). En tablant autant sur l'abattage d'un Eddy Murphy aussi fringant qu'au préalable pour ses punchlines impayables et sur le tempérament bourru d'un Nick Nolte toujours aussi robuste dans les coups de poing foudroyants et les échanges de tirs, 48 heures de plus divertit généreusement sous l'impulsion d'une violence aussi rigoureuse qu'incroyablement spectaculaire ! Ajoutez à cela le rythme échevelé de la célèbre partition de James Horner et vous obtenez une redite à la fois éminemment bonnard et attractive !

P.S: Afin de mieux l'apprécier, évitez de mater d'affilé les 2 opus.

B-D


                                                                            (Photo empruntée sur Google, appartenant au site johnplissken.com)


de Walter Hill. 1982. U.S.A. 1h36. Avec Nick Nolte, Eddie Murphy, Annette O'Toole, Frank McRae, James Remar, David Patrick Kelly, Sonny Landham, Brion James, Kerry Sherman, Jonathan Banks.

Sortie salles France: 27 Avril 1983. U.S: 8 Décembre 1982

Récompense: Grand Prix au Festival du film policier de Cognac, en 1983

FILMOGRAPHIE (source Wikipedia): Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis).
1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver, 1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule, 1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs, 1993 : Geronimo,1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV).


Gros succès à sa sortie et révélation du néophyte Eddie Murphy pour son premier rôle à l'écran, 48 heures est devenu au fil du temps une référence du Buddy Movie, genre prisé au début des années 80. Sous la houlette d'un maître du cinéma musclé et avec la complémentarité de deux comédiens loquaces, ce film policier moderne constitue un jubilatoire concentré d'action et de comédie par son rythme sans faille. Pour retrouver un dangereux criminel et son complice, l'inspecteur Jack Gates négocie une transaction avec Reggie Hammond, un taulard afro condamné à une peine de 3 ans mais prochainement libérable. Durant 48 heures de liberté surveillée, Reggie va devoir collaborer avec son allié pour remonter la piste de ces anciens associés mais aussi mettre la main sur un butin de 500 000 dollars.


Sous le pilier d'une intrigue habilement troussée générant une action échevelée et parmi la posture volcanique de deux partenaires forts en gueule, 48 Heures est un modèle de divertissement grand public. Sans céder à la facilité d'une action redondante, Walter Hill mise surtout sur l'abattage de ces deux protagonistes dans leur personnalité caractérielle. Au fil de leurs vicissitudes semées d'embûches et de déconvenues, le flic et le voleur en perpétuel conflit moral font finalement parvenir à s'apprivoiser, s'accepter et se tolérer afin de débusquer des tueurs sans vergogne lâchés dans les cités nocturnes de New-York. A deux doigts d'appréhender à plusieurs reprises ces criminels, ils n'auront de cesse de manquer leur cible en jouant de malchance ! Un alibi de manière à attiser l'expectative pour la prochaine rixe haletante avivée d'une violence incisive. Parmi la drôlerie de leur complicité braillarde, Walter Hill retarde l'altercation pronostiquée pour laisser libre court à leurs discordes et provocations fantaisistes (leur rixe improvisée en pleine rue avant qu'une patrouille de police ne les séparent, l'interrogatoire improvisé par Reggie à la clientèle d'un bar de country ou encore sa requête lubrique invoquée à certaines femmes pour satisfaire sa libido). En flic renfrogné à l'impressionnante carrure, Nick Nolte impose une autorité inflexible avant d'accéder à la loyauté d'accorder du crédit à son coéquipier marginal. Secondé par ce taulard aussi loquace que finaud, Eddie Murphy se délecte spontanément à gouailler son partenaire ainsi que les malfrats avec une verve hilarante.


Au rythme de l'inoubliable thème de James Horner, 48 heures divertit en diable grâce à notre irrésistible tandem de durs à cuire à l'ironie percutante et au professionnalisme de son auteur transfigurant une action décapante. En conjuguant avec extravagance l'action et l'humour, 48 Heures peut aisément se qualifier comme modèle du Buddy Movie

16.07.12. 4èx
B-D

jeudi 19 janvier 2017

Le Beau-Père. Grand Prix de la Critique, Cognac 88

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

"The Stepfather" de Joseph Ruben. 1987. U.S.A. 1h30. Avec Terry O'Quinn, Jill Schoelen, Shelley Hack, Charles Lanyer, Stephen Shellen, Stephen E. Miller, Robyn Stevan.

Sortie salles France: 1er Juin 1988. U.S: 23 Janvier 1987

FILMOGRAPHIE: Joseph Ruben est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né en 1951 à Briarcliff, Manor, New-York. 1974: The Sister-in-Law. 1976: Lâche-moi les baskets. 1977: Joyride. 1978: Our Winning Season. 1980: Gorp. 1984: Dreamscape. 1987: Le Beau-Père. 1989: Coupable Ressemblance. 1991: Les Nuits avec mon Ennemi. 1993: Le Bon Fils. 1995: Money Train. 1998: Loin du Paradis. 2004: Mémoire Effacée. 2013: Penthouse North.


Responsable du sympathique Dreamscape, Joseph Ruben renchérit ses ambitions 3 ans plus tard avec le Beau-Père justement récompensé du Grand Prix de la Critique à Cognac. Bien connu des cinéphiles durant la sacro-sainte décennie 80, ce petit thriller horrifique bougrement efficace s'est taillé une aura de culte lors de son exploitation Vhs. Tant pour l'originalité de son intrigue inspirée d'un fait-divers des années 50 que de son ambiance à la fois vénéneuse et débridée quelque peu incongrue. Le PitchObsédé à l'idée de fonder une vraie famille, Jerry Blake est un dangereux sociopathe derrière son masque d'agent immobilier. Alors qu'il vient de trucider sa nouvelle maîtresse et ces enfants, il rejoint une autre contrée afin de fonder un nouveau foyer avec une inconnue divorcée. Mais la fille de cette dernière voit d'un mauvais oeil l'attitude obséquieuse du beau-père. Réalisé avec savoir-faire dans sa faculté d'y distiller une ambiance malsaine sous-jacente autour des extravagances du serial-killer conservateur, le Beau-père constitue une diabolique satire sur le conformisme d'une famille modèle. 


Par sa présence charmeuse faussement affable et rassurante, Terry O'Quinn se délecte à se glisser dans la peau d'un manipulateur aux multiples visages (il change de coiffure et de tenue vestimentaire, s'improvise une moustache pour parfaire une nouvelle identité) et aux pulsions psychotiques difficilement maîtrisables (ses crises d'hystérie dans la cave). Franchement terrifiant lorsqu'il s'attelle à l'acte criminel, l'acteur insuffle un charisme inquiétant assez magnétique à travers son jeu de regard tour à tour cynique, pervers, faussement affable. En belle-fille suspicieuse aussi angoissée que lucide, Jill Schoelen surprend agréablement dans son profil nubile à s'interroger sur sa véritable personnalité en faisant preuve d'une étonnante maturité afin de convaincre son entourage. Avec un peu moins de conviction mais tout à fait à sa place en mère aimante, Shelley Hack (héroïne de la série TV Drôles de Dames) endosse l'épouse candide avec une paisible sensualité avant de s'effrayer de la véritable identité de son amant. Ce qui nous amène vers un final d'une rare violence si bien que Joseph Ruben fait preuve d'un réalisme tranché pour mettre en exergue les confrontations sanglantes entre victimes et bourreau confinés au sein du cocon familial. Une conclusion anthologique véritablement épeurante que les fans de frissons n'ont jamais oublié sitôt le générique clos. 


Portrait craché d'une famille modèle
Alternant l'enquête policière par le biais d'un détective pugnace et les discordes familiales sensiblement anxiogènes, Le Beau-père affiche une étonnante efficacité au fil d'un récit charpenté ponctué de contrecoups abrupts, et ce sans céder à la gratuité d'un gore badin (aussi brutale soit l'iconographie meurtrière ! ). Un thriller insolent habilement réalisé donc (dynamisme du montage en sus) dans une facture ludique de série B et au jeu d'acteurs plutôt détonnant pour l'échange des rapports familiaux compromis par la fourberie, la duperie et le simulacre. 

*Bruno
07.02.23. 5èx. vf

Note (wikipedia): Le film est basé sur l'histoire vraie dans les années 1950 de John List (1925-2008) qui tua sa femme et ses enfants et s'installa dans une autre famille.

Récompenses:
1987 : Festival international du film de Catalogne Meilleure actrice Jill Schoelen
1988 : Festival du film policier de Cognac, Grand Prix de la Critique.

mercredi 18 janvier 2017

LA TAULARDE

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site dunnozmovie.wordpress.com

de Audrey Estrougo. 2016. France. 1h38. Avec Sophie Marceau, Suzanne Clément, Anne Le Ny, Eye Haidara, Marie-Sohna Condé, Carole Franck, Marie Denarnaud.

Sortie salles France: 14 Septembre 2016 (interdit aux - de 12 ans)

FILMOGRAPHIE: Audrey Estrougo est une réalisatrice et scénariste française. 2007 : Regarde-moi. 2008 : Encore un printemps. (documentaire). 2011 : Toi, moi, les autres. 2014 : Une histoire banale. 2016 : La Taularde. 2017 : Héroïnes (mini série - 3 x 52min).


Film choc s'il en est de par son intensité latente puis exponentielle, la Taularde aborde avec un réalisme documenté l'univers carcéral du point de vue féministe. Par amour pour son mari, Mathilde Leroy décide de prendre sa place en prison après lui avoir permis de s'évader. Alors qu'elle tente de s'insérer dans cet univers sans foi ni loi, elle reste sans nouvelles de ce dernier. Sans misérabilisme ni racolage, la réalisatrice Audrey Estrougo nous assène un coup de poing dans l'estomac pour décrire la quotidienneté d'une taularde en remise en question depuis le silence de son époux. En évitant les clichés du genre carcéral mainte fois traités au préalable de manière souvent ostentatoire, Audrey Estrougo parvient à nous immerger dans cet enfer de détention grâce à la personnalité de sa mise en scène proche d'un style de Pialat ! Autant dire que cette réalisatrice plutôt discrète (si bien que j'ignore l'éventuel label de ses oeuvres antécédentes) me parait brillamment douée pour sa maestria d'une caméra inventive (jamais voyeuriste !) en adoptant le parti-pris d'autopsier les profils de détenues sans effet de manche. Par extension, avec une vérité humaine brut de décoffrage !


L'intensité psychologique qui émane des divergences morales entre elles et des surveillantes s'avérant parfois difficilement supportable (bien que l'on énumère une seule séquence brutale quasi suggérée du hors-champs !) alors que son climat malsain, quasi irrespirable, nous jugule de manière sous-jacente. Habituée aux rôles plutôt glamour, Sophie Marceau casse son image docile avec une remarquable sobriété si bien qu'elle s'affiche à l'écran sans fard pour mettre en exergue un jeu viscéral de dégénérescence morale depuis sa désillusion d'un amour tronqué. Le film illustrant avant tout de quelle façon cette détenue en herbe de prime abord taiseuse et courageuse va lentement céder à la révolte, l'infantilisme et à la haine parmi l'influence de son entourage séditieux en quête de reconnaissance et parmi l'autorité arrogante de gardiennes parfois intransigeantes. Outre l'intensité de sa présence à la fois fragile et déterminée (comme celle de se procurer un portable afin de contacter son mari), les autres seconds-rôles qui l'accompagnent ou la molestent s'avèrent tous sidérants d'authenticité, notamment par leur charisme buriné confondant de naturel ! Pour faire simple, on croirait réellement avoir à faire à de réelles détenues purgeant leur peine entre deux claps de tournage ! On peut autant prôner le jeu impérieux des geôlières quotidiennement impliquées malgré elles dans des conflits d'autorité et de caprice entre taulardes si bien que la réalisatrice s'attarde notamment à souligner leur fragilité tantôt dépressive à gérer leur situation professionnelle au sein d'un climat pernicieux.


Descente aux enfers anxiogène dans les tréfonds d'un milieu carcéral exclusivement féminin, La Taularde prend aux tripes et émeut sous le pilier de sa dramaturgie émotionnelle qu'Audrey Estrougo maîtrise avec virtuosité et dextérité dans son souci documenté de dépeindre la déchéance animale de ces détenues. Sans jamais s'apitoyer sur leur sort précaire, La Taularde constitue un cri d'alarme contre toute hiérarchie pénitentiaire si bien que l'on ne sort pas indemne de son amère constat d'échec.  

B-M 

Audrey Estrougo

mardi 17 janvier 2017

POLICE PYTHON 357

                                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

d'Alain Corneau. 1976. France. 2h01. Avec Yves Montand, Simone Signoret, François Périer, Stefania Sandrelli, Mathieu Carrière, Vadim Glowna, Claude Bertrand

Sortie salles France: 31 Mars 1976

FILMOGRAPHIE: Alain Corneau, né le 7 août 1943 à Meung-sur-Loire (Loiret) et mort le 30 août 2010 dans le 13e arrondissement de Paris, est un réalisateur français de cinéma.
1974 : France société anonyme. 1976 : Police Python 357. 1977 : La Menace. 1979 : Série noire.
1981 : Le Choix des armes. 1984 : Fort Saganne. 1986 : Le Môme. 1989 : Nocturne indien. 1991 : Tous les matins du monde. 1995 : Le Nouveau Monde. 1997 : Le Cousin. 2000 : Le Prince du Pacifique. 2002 : Stupeur et tremblements. 2005 : Les Mots bleus. 2007 : Le Deuxième Souffle. 2010: Crime d'amour.


Classique du polar français réalisé par un maître du genre, Police Python 357 continue de nous passionner 40 ans après sa sortie grâce au brio circonspect de sa mise en scène et à l'ossature de son scénario qu'Alain Corneau et Daniel Boulanger ont rédigé avec une science du suspense émoulu. Tombé naïvement sous le charme d'une photographe italienne, l'inspecteur Marc Ferrot se retrouve mêlé à une machination à la suite de la découverte de son cadavre. A partir d'une romance fétide qu'éprouvent indépendamment un flic et un commissaire, l'intrigue vénéneuse convoque une confrontation au sommet lorsque ce dernier dépité par son crime passionnel se résout à culpabiliser son partenaire après avoir honnêtement tenté de se livrer à la police. Par lâcheté donc, il décide in extremis de sauver sa peau grâce à l'influence de son épouse et des preuves qui tendraient à inculper Ferrot durant leur dernier passage chez le domicile de la victime. Parmi l'intensité de ses enjeux humains partagés entre remord, trahison et crainte d'être alpagués, Police Python 357 insuffle l'empathie auprès de l'inspecteur Ferrot s'efforçant durant son cheminement investigateur à démasquer l'assassin de sa maîtresse.


Seulement, ses empreintes laissées par inadvertance sur les lieux du crime vont inévitablement le forcer à déroger à la légalité, quand bien même quelques témoins oculaires lui porteront préjudice lors des confrontations que Ferrot doit prochainement approuver sous sa hiérarchie policière. Dans son rôle de flic infortuné, éperdument amoureux d'une aguicheuse immature, Yves Montand impose sobrement une présence aussi désespérée que vaillante partagée entre douleur, dépit et perte de l'être aimé avant de se compromettre à l'illégalité de dernier ressort. De par sa corruption à falsifier des preuves afin de taire sa fausse culpabilité et sa détermination à identifier le coupable sous l'impulsion d'une légitime défense. En commissaire impliqué dans la tourmente du crime d'amour, François Périer maîtrise un caractère flegme pour sa fonction improvisée d'amant jaloux incité par sa couardise de sacrifier un innocent, quand bien même Simone Signoret provoque une étrange compassion dans sa situation à la fois adultère et véreuse avant de susciter une émotion poignante quant à la tournure dramatique d'un revirement. En adjoint studieux déterminé à boucler l'enquête sous l'autorité de son supérieur Ferrot, Mathieu Carrière exacerbe les enjeux de pouvoir lorsque ce dernier commence à le suspecter sans y déceler l'issue des confrontations tendues.


Polar noir passionnant dans les tenants et aboutissants cérébraux de notre trio maudit empêtré dans une relation d'adultère au vitriol (les spectateurs comprendront d'autant mieux si je me réfère à une séquence clef restée dans les annales !), Police Python 357 est également illuminé par le charisme de sa distribution (à l'ancienne) que Montand domine avec une virilité finalement héroïque, quand bien même le choeur composé par George Delerue continue de nous hanter dans sa tonalité funèbre. Du grand cinéma !

B-M. 3èx

Récompense: Meilleur montage pour Marie-Josèphe Yoyotte, César 77.