mardi 5 septembre 2017

L'EQUIPEE DU CANNONBALL

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"The Cannonball Run" de Hal Needham. 1981. U.S.A/Hong-Kong. 1h35 (Version Uncut). Avec Burt Reynolds, Dom DeLuise, Farrah Fawcett, Dean Martin, Sammy Davis Jr., Roger Moore, Jack Elam, George Furth, Adrienne Barbeau, Tara Buckman, Jamie Farr, Jackie Chan, Bert Convy, Michael Hui, Terry Bradshaw, Mel Tillis, Rick Aviles, Alfie Wise, Warren Berlinger, Peter Fonda, Molly Picon, Jimmy 'The Greek' Snyder, Bianca Jagger, Robert Tessier, Johnny Yune, Valerie Perrine.

Sortie salles France: 8 Juillet 1981. U.S: 19 Juin 1981

FILMOGRAPHIEHal Needham est un cascadeur, acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 6 mars 1931 à Memphis dans le Tennessee (États-Unis) et mort le 25 octobre 2013. 1977 : Cours après moi shériff. 1978 : La Fureur du danger. 1979 : Cactus Jack. 1979 : Autoroute pour la mort. 1980 : Stunts Unlimited (TV). 1980 : Tu fais pas le poids, shérif! 1981 : L'Équipée du Cannonball. 1981 : The Stockers (TV). 1982 : Megaforce. 1983 : Stroker Ace (en). 1984 : Cannon Ball 2. 1986 : Rad. 1987 : Body Slam. 1994 : L'As des aventuriers: Bandit au Far West. 1994 : Bandit: Bandit Bandit (TV). 1994 : Bandit: Beauty and the Bandit (TV). 1994 : Bandit: Bandit's Silver Angel (TV). 1996 : Street Luge.


Enorme succès à sa sortie en salles en 81, L'Equipée du Cannonball s'attira tant les faveurs du public que deux autres suites furent rapidement mises en chantier en 84 et 89. A titre anecdotique, et pour éviter le malentendu, une autre production intitulée Cannonball était déjà entreprise en 76 sous la houlette de Paul Bartel. Inspiré d'une véritable course clandestine perpétrée en Amérique entre 1973 et 1978 et exploité par le cinéaste Hal Needham cascadeur himself, l'Equipée du Cannonball est une immense déconnade que se partagent fougueusement stars notoires (Burt Reynolds, Dom DeLuise, Farrah Fawcett, Dean Martin, Sammy Davis Jr., Roger Moore) et guest stars (Peter Fonda, Adrienne Barbeau, Jackie Chan), pour le meilleur et pour le pire. Le pire amorçant son chemin de routine durant ses trente-cinq premières minutes d'exposition foutraque (montage épars à l'appui !) si bien que les spectateurs les moins patients risquent de rapidement décrocher à reluquer des situations nonsensique de crash automobiles sur fond de gags décalés.


Mais fort heureusement, et par on ne sait quel miracle, le meilleur intervient sitôt la course improbable amorcée entre fous du volant. Car tirant parti d'un esprit cartoonesque souvent irrésistible sous l'impulsion décomplexée d'une pléiade de protagonistes échappés d'un asile (les impayables Burt Reynolds et Dom DeLuise en fringants ambulanciers épaulés de la folingue Farrah Fawcett en cruche inconséquente, Jack Elam et son incroyable trogne d'ahuri en Dr Frankenstein siphonné du bulbe, Roger Moore dans son propre rôle auto-parodique et enfin le duo Dean Martin, Sammy Davis Jr. en faux prêtres obséquieux !). Cette distribution impromptue se glissant dans la peau de pilotes irresponsables avec une excentricité et bonne humeur galvanisantes (jetez aussi un coup d'oeil sur son hilarant bêtisier lors du générique final !). Et ce en dépit de l'inégalité de gags souvent crétins il faut avouer (pour ne pas dire ineptes !) car d'une loufoquerie infantile au ras du bitume !


Débordant de charme, d'entrain et de fantaisies en roue libre entre deux/trois cascades et une bagarre de masse que n'auraient pas renié Terence Hill / Bud Spencer, l'Equipée du Cannonball parvient miraculeusement à élever le nanar à sa forme la plus expansive. Et ce grâce en priorité à son rythme effréné qu'une pléiade d'acteurs politiquement incorrects enchaîne durant leur compétition sous l'impuissance d'une police nigaude. Un excellent divertissement aussi hébété que débridé ! 

Bruno Dussart

samedi 2 septembre 2017

KARATE KID, LE MOMENT DE VERITE 2

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Karate Kid, Part II" de John G. Alvidsen. 1986. U.S.A. 1h53. Avec Ralph Macchio, Pat Morita, Danny Kamekona, Tamlyn Tomita, Nobu McCarthy, Yuji Okumoto.

Sortie salles France: 6 Août 1986. U.S: 20 Juillet 1986

FILMOGRAPHIE: John Guilbert Avildsen est un réalisateur américain né le 21 décembre 1935 à Oak Park, en banlieue de Chicago dans l'Illinois. 1969 : Turn on to Love (en). 1970 : Guess What We Learned in School Today? 1970 : Joe, c'est aussi l'Amérique. 1971 : Cry Uncle! 1972 : Okay Bill. 1972 : Sauvez le tigre. 1975 : W.W. and the Dixie Dancekings. 1976 : Rocky. 1978 : Slow Dancing in the Big City. 1980 : La Formule. 1981 : Les Voisins. 1984 : Karaté Kid. 1986 : Karaté Kid : Le Moment de vérité 2. 1987: Happy New Year. 1988 : Et si on le gardait ? 1989 : Karaté Kid 3 (The Karate Kid, Part III). 1989 : Lean on Me. 1990 : Rocky 5. 1992 : La Puissance de l'ange. 1994 : 8 secondes. 1999 : Inferno.


Deux ans après l'immense succès de son modèle, John G. Alvidsen entreprend une séquelle pour tenter de rameuter à nouveau les fans sans pour autant céder à la redite. Car si Karaté Kid 2 s'avère beaucoup moins émotif et passionnant que son modèle, le cinéaste parvient à se démarquer de la routine grâce à l'intelligence d'un scénario traitant principalement du sens de l'honneur sous l'impulsion une vendetta de longue haleine que maître Miyagi doit aujourd'hui affronter au coeur de son pays d'origine. Délocalisation l'action au Japon, plus précisément sur l'île d'Okinawa, Karaté Kid 2 affiche une scénographie exotique exaltante si bien que le cinéaste nous propose en filigrane une visite touristique en s'attardant sur les us et coutumes de la culture nippone. Se focalisant ensuite sur la loyauté infaillible de Miyagi constamment menacé par son ancien meilleur ami Sato (faute d'une adultère durant leur jeunesse), le récit traite des thèmes de la vengeance et de l'honneur avec autant d'efficacité que le premier volet.


A savoir que John Alvidsen dresse scrupuleusement (et non sans cabotinage volontaire !) les portraits dérisoires de deux mauvais perdants (Sato et son jeune neveu Chozen) avides de rancoeur, de fiel et d'orgueil depuis leur complexe d'infériorité. Miyagi s'efforçant pour autant à pacifier les remontrances de Sato quand bien même Daniel doit endurer les récurrentes intimidations de Chozen pétri d'arrogance et de lâcheté. On notera au moment propice d'une confrontation martiale la tournure subtile d'un évènement dramatique (une catastrophe naturelle) permettant in extremis d'y apaiser les tensions que s'échangeaient vulgairement Sato et Miyagi. Et ce grâce aux bravoures que ce dernier et Daniel vont indépendamment amorcer dans leur instinct aussi bien solidaire que preux. Ce qui entraînera une jolie réflexion sur le pardon lorsque la victime confrontée à la peur du trépas finit par céder à une main charitable. Au-delà de ses confrontations machistes outrancières, l'intrigue lénifie en alternance les tensions auprès des romances que se partagent Miyagi et son ancienne maîtresse Yukie, ainsi que Daniel avec la fille de celle-ci, Kumiko. Et ce sans pour autant céder à une mièvrerie programmée. Les sentiments de nos protagonistes faisant preuve d'humilité, de maturité et de pudeur afin de mettre en valeur la mansuétude de l'amour dans sa forme la plus épurée.


Toujours aussi attachant auprès du duo gagnant Macchio/Morita rattaché aux valeurs humaines parmi lesquelles l'amour, le pardon, l'amitié et les traditions, Karaté Kid 2 affiche une sincérité indéfectible pour séduire à nouveau le spectateur sous le pilier d'une solide narration entièrement dédiée à l'évolution de ces personnages. Et d'y parachever encore dans le spectacle émotif avec un clou final chorégraphique aussi intense qu'homérique ! 

La chronique du 1er opus: http://brunomatei.blogspot.com/…/karate-kid-le-moment-de-ve…

Dédicace à Jean-Marc Micciche et Patrice Rozet 
Bruno Matéï
2èx

vendredi 1 septembre 2017

KARATE KID, LE MOMENT DE VERITE

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"The Karate Kid" de John G. Alvidsen. 1984. U.S.A. 2h07. Avec Ralph Macchio, Pat Morita, Elisabeth Shue, Martin Kove, Randee Heller, William Zabka, Ron Thomas.

Sortie salles France: 26 septembre 1984. U.S: 22 Juin 1984.

FILMOGRAPHIE: John Guilbert Avildsen est un réalisateur américain né le 21 décembre 1935 à Oak Park, en banlieue de Chicago dans l'Illinois. 1969 : Turn on to Love (en). 1970 : Guess What We Learned in School Today? 1970 : Joe, c'est aussi l'Amérique. 1971 : Cry Uncle! 1972 : Okay Bill. 1972 : Sauvez le tigre. 1975 : W.W. and the Dixie Dancekings. 1976 : Rocky. 1978 : Slow Dancing in the Big City. 1980 : La Formule. 1981 : Les Voisins. 1984 : Karaté Kid. 1986 : Karaté Kid : Le Moment de vérité 2. 1987: Happy New Year. 1988 : Et si on le gardait ? 1989 : Karaté Kid 3 (The Karate Kid, Part III). 1989 : Lean on Me. 1990 : Rocky 5. 1992 : La Puissance de l'ange. 1994 : 8 secondes. 1999 : Inferno.


Il lui enseignait que le secret de la puissance est dans l'esprit et le coeur. Non dans les mains.
Immense succès commercial à sa sortie, au même titre que son congénère Rocky, Karaté kid est le divertissement sportif par excellence si bien que John Alvidsen s'y emploie avec la même habileté infaillible pour chavirer le spectateur dans un tourbillon d'émotions aussi immaculées que candides. Film culte auprès de la génération 80 ayant révélé le néophyte Ralph Macchio (il crève l'écran avec un naturel et une innocence désarmants de par ses émotions à fleur de peau !) ainsi que la craquante et sémillante Elisabeth Shue (sa toute première apparition à l'écran !), Karaté Kid n'a rien perdu de son pouvoir attractif pour son institution à l'amitié et l'amour, la tolérance, l'équilibre et la sagesse. A peine emménagé avec sa mère dans un quartier Californien, le jeune Daniel Larusso est victime des provocations de délinquants experts en karaté au point d'en devenir leur souffre douleur. Exténué des brimades quotidiennes, Daniel se résigne à apprendre le karaté avec l'appui de son voisin japonais, Miyagi. Au fil d'un entraînement ardu peu commun, Daniel se lie peu à peu d'amitié avec ce dernier avant d'oser participer au fameux championnat de karaté. 


Comédie familiale vibrante d'émotions humaines et de leçons de savoir-vivre autour d'un duo irrésistible de complicité amicale, Karaté Kid prône avec une sensibilité fragile les valeurs du respect d'autrui et de l'équilibre mental à travers l'art martial conçu ici pour s'y défendre (et non pour attaquer comme on en voit souvent dans les séries B ludiques !). A contre courant des films d'action de Bruce Lee spécialement édifiés autour de prouesses chorégraphiques, Karaté Kid distille une aura flegmatique sereine quant à l'apprentissage existentiel d'un ado rebelle. De prime abord colérique et jaloux, puis finalement pleutre et couard de par son manque de confiance et son inexpérience du combat, Daniel va peu à peu éveiller des dons insoupçonnés en usant d'efforts cérébraux et corporels puis s'affirmer auprès de son puriste enseignant adepte du travail et de la patience. Emaillé de séquences pittoresques lorsque Daniel se voit contraint d'exécuter des corvées domestiques quotidiennes, l'intrigue dévoile peu à peu ses intentions payantes par la motricité du corps en instance d'agilité. Outre l'aspect singulier et amusant de cette pédagogie ancestrale inscrite dans la tradition, l'intrigue renforce toujours un peu plus les rapports amicaux que Daniel et Miyagi entretiennent grâce au bilan de l'effort, l'entraide et les confidences personnelles d'un passé parfois douloureux (le sort tragique de l'épouse et du fils du professeur, l'absence d'un père pour Daniel). A travers leur complémentarité d'une fragile émotion émane notamment un rapport parental que Miyagi construit au final auprès de son élève sans s'y prédisposer et avec une humilité poignante.


Spectacle familial d'une acuité émotionnelle et d'une intelligence rares sous l'impulsion de comédiens criants de naturel et de vérité (Pat Morita transmet sa sagesse avec force d'âme et modestie), Karaté Kid fait aujourd'hui office de grand classique comme le prouve notamment son point d'orgue anthologique aussi homérique et frémissant que le dernier round de Rocky. Un précepte magnifique et bouleversant inscrit dans la pureté des sentiments

La chronique de Karaté Kid 2: http://brunomatei.blogspot.com/…/karate-kid-le-moment-de-ve…

Bruno Matéï
4èx
01.09.17
09.08.10

jeudi 31 août 2017

IT COMES AT NIGHT

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site uae.voxcinemas.com

de Trey Edward Shults. 2017. U.S.A. 1h38. Avec Joel Edgerton, Christopher Abbott, Carmen Ejogo, Kelvin Harrison Jr., Riley Keough

Sortie salles France: 21 Juin 2017. U.S: 9 Juin 2017

FILMOGRAPHIETrey Edward Shults est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1988 à Houston, aux États-Unis. 2016 : Krisha. 2017 : It Comes at Night.


Vendu comme un film d'horreur alors qu'il s'agit à mon sens d'un authentique drame psychologique, It coms at night divisera assurément le public. Car outre l'aspect plutôt fallacieux de son marketting, cette oeuvre modeste pâtie d'un rythme latent il faut avouer, d'un climat austère pesant et de personnages (volontairement) peu attachants dans leur démarche solitaire aussi bien parano qu'équivoque. Au fin fond d'une forêt, un couple est leur fils sont retranchés dans leur cabane afin de se préserver d'une grave pandémie. Une nuit, un inconnu tente de forcer leur entrée car suspectant la maison vide d'habitants. Après un compromis et en guise de confiance, Paul décide de prêter main forte à celui-ci en allant chercher sa femme et son fils à quelques kilomètres de là. De retour au bercail, les deux couples tentent de survivre à l'intérieur du foyer sous certaines conditions drastiques. Principalement celle de ne jamais sortir la nuit... Déroutant et monotone, It comes at night sollicite un effort considérable auprès du spectateur impliqué dans une situation de survie chargée de non-dits au sein d'une banalité quotidienne à la fois anxiogène et déprimante.


Peu ludique donc quant à son cheminement routinier dénué de surprise (ou alors si peu si je me réfère à la fugue du chien), It comes at night insuffle une étrange atmosphère de silence ouaté et d'angoisse sous-jacente au coeur d'une forêt mutique. Quand bien même la nuit est l'objet de toutes les contrariétés chez nos occupants lorsque le moindre bruit y résonne de l'extérieur de la porte de sortie (la seule issue de secours pour s'échapper de la bâtisse !). On se demande dès lors où Trey Shults souhaite nous mener à travers son huis-clos principalement centré sur les thèmes de la dynamique de groupe, de l'épidémie virale et de la mysophobie (crainte exagérée de la contamination) ! Louablement, et par le biais d'un rebondissement aussi retors qu'inopiné, la dernière partie, cruelle et intensément tragique crève l'abcès afin de dénoncer les conséquences de la panique chez l'homme confronté à une situation de crise sanitaire au sein de la cellule familiale. Le réalisateur prenant soin d'y dénoncer par le biais de cet évènement notre égoïsme et notre lâcheté face à la crainte viscérale du virus mortel. Dur et sans concession de par sa grande violence aussi bien gratuite que dérisoire, ce point d'orgue morbide nous suscite un amère sentiment d'amertume d'autant plus poignant lorsque l'homme de prime abord solidaire et empathique auprès de son prochain finit par succomber à ses pulsions d'auto-défense lors d'une situation parano découlant sur la méfiance ! Seul compte alors l'esprit d'individualité avec comme conséquence désastreuse un déchaînement de haine et de violence !


Déconcertant à plus d'un titre par son atmosphère hermétique de déréliction et son suspense sous-jacent retardant au possible son dénouement renversant, It comes at night risque de perdre en route une partie du public quand bien même d'autres plus réceptifs et patients ne resteront pas insensibles à son intensité dramatique finalement démoralisante au travers d'une réflexion sur l'instinct de survie que l'homme amorce individuellement. Difficile de sortir indemne d'une telle déroute...

Bruno Dussart

mercredi 30 août 2017

LA MARQUE

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com

"Quatermass 2" de Val Guest. 1957. U.S.A. 1h22. Avec Brian Donlevy, John Longdon, Sydney James, Bryan Forbes, William Franklyn, Vera Day.

Sortie salles Angleterre: 17 Juin 1957. U.S: Septembre 1957.

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Val Guest de son vrai nom Valmond Guest est un scénariste, réalisateur et producteur britannique né le 11 décembre 1911 à Londres (Royaume-Uni) et décédé le 10 mai 2006 à Palm Springs (Californie). 1954 : La Revanche de Robin des Bois. 1955 : Le Démon de la danse. 1955 : Le Monstre. 1956 : It's A Wonderful World. 1957 : Scotland Yard appelle FBI. 1957 : La Marque. 1957 : Le Redoutable Homme des neiges. 1960 : Expresso Bongo. 1961 : Traitement de choc. 1961 : Le Jour où la Terre prit feu. 1967 : Casino Royale. 1970 : Toomorrow. 1970 : Quand les dinosaures dominaient le monde. 1982 : The Boys in Blue (en). 1984 : Mark of the Devil (en) (TV). 1984 : In Possession (TV). 1985 : Child's Play (TV).


Second volet de la trilogie Quatermass toujours réalisé par Val Guest, La Marque transcende son modèle grâce en priorité à l'ossature d'un suspense exponentiel ne laissant que peu de répit aux protagonistes jouant les investigateurs de la dernière chance afin d'enrayer une autre menace extra-terrestre. Fort original, même si sans doute influencé par l'Invasion des profanateurs de sépultures sorti un an plus tôt, l'intrigue se focalise sur la quête désespérée de Quatermass et ses deux complices (un policier et un journaliste) redoublants de risques et vigilance pour déjouer un complot de grande envergure, puis d'en avertir la population locale du danger létal de météroïtes provenant probablement d'une usine d'expérimentation. Ces pierres bourrées de gaz d'ammoniac étant capables d'infecter leurs victimes d'une marque sur le visage après que ces derniers l'eurent approchés. Classée top secret, l'industrie contrôlée par des militaires armés, affublés de masque à gaz, serait selon son entrepreneur une fabrique de nourriture synthétique. Beaucoup plus captivant et intense que le Monstre (mais pour autant moins effrayant), La Marque fascine incessamment sous l'impulsion fébrile de protagonistes à bout de souffle tentant d'enrayer une menace à la fois délétère et sournoise. Celle d'une marque en forme de V que les victimes lobotomisées subissent après explosion d'un gaz, quand bien même ce combustible découlait d'une créature disproportionnée confinée sous un dôme car en attente de parfaire son dessein meurtrier.


Baignant dans un climat parano et de mystère palpables (les indices nous sont dévoilés au compte goutte !), La Marque s'érige autour d'une enquête policière d'autant plus subtile car relativement chiche en surenchère horrifique. Val Guest, s'efforçant de crédibiliser son contexte alarmiste par le biais d'une mise en scène aussi avisée que celle du Monstre et par le truchement d'idées singulières jamais grand-guignolesques ! (même les apparitions finales des créatures impressionnent et révulsent à la fois par leur aspect organique comparables à un géant conteneur de déchets toxiques !). Pour autant, les quelques scènes chocs qui empiètent le récit font preuve d'audace pour l'époque si bien qu'elles continuent encore aujourd'hui de nous impressionner. A l'instar d'une victime moribonde recouverte d'une sorte de goudron toxique sur le corps et finissant par agonir sous notre témoignage impuissant ! Impeccablement mené donc et truffé de rebondissements toujours plus homériques (la dernière partie cumule les confrontations musclées entre militaires et rebelles alors que quelques incidents meurtriers s'avèrent d'une cruelle radicalité !), la Marque témoigne d'une solide distribution (Brian Donlevy s'avère encore plus impliqué et martial que dans le précédent volet !) et ce jusqu'aux moindres seconds rôles (le charismatique John Longden en policier difficilement domptable et Sydney James en journaliste aviné inconsciemment suicidaire !).


Passionnant, intense et fascinant au rythme d'une partition haletante de James Bernard (un abonné de l'écurie Hammer !), La Marque met les bouchées doubles pour transcender son modèle parmi le brio de Val Guest pétri d'ambition à parfaire (sans fard) une invasion extra-terrestre nouvellement singulière. Marquant de son empreinte ce second chef-d'oeuvre crépusculaire (photo picturale à l'appui !), on pourra ensuite compter sur le talent de Roy Ward Barker à boucler un ultime volet (colorisé) encore plus perfectionniste (et spéculatif) que ses congénères !

Eric Binford
3èx

mardi 29 août 2017

BUSHWICK

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemamontreal.com

de Jonathan Milott et Cary Murnion. 2017. U.S.A. 1h34. Avec Dave Bautista, Brittany Snow, Angelic Zambrana, Jeff Lima, Paco Lozano, Christian Navarro.

Sortie France uniquement en VOD. U.S: 25 août 2017 (sortie limitée en salles et VOD)

FILMOGRAPHIE: Jonathan Milott est un réalisateur américain. 2014: Cooties. 2017: Bushwick
Cary Murnion est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2008: Jay vs Life (TV Movie). 2014: Cooties. 2017: Bushwick.


Dtv distribué par Netflix, Bushwick est la seconde réalisation du duo Jonathan Milott / Cary Murnion préalablement responsable d'une comédie horrifique, Cooties. Film d'action belliciste sur fond de crise politico-sociale, Bushwick (quartier de Brooklyn) relate le parcours de survie de Lucy prise à parti avec des tirs militaires et civils au sein de sa cité réduite à feu et à sang. Durant sa fuite, et après avoir échappée au viol par deux délinquants, elle est secourue par un mastard, Stupe, ancien infirmier ayant servi plus tôt dans la marine en Irak. Ensemble, ils tentent de regagner le foyer de la grand-mère de Lucy tout en essayant de saisir les tenants et aboutissants de l'insurrection urbaine livrée à l'auto-justice. Et ce en dépit de la potentielle loi martial soudainement décrétée pour un motif que l'on ne connaîtra qu'à mi-parcours de l'action. Filmé en temps réel sous le principe souvent subjectif, Bushwick joue la carte du divertissement belliqueux avec le parti-pris de privilégier/respecter le spectateur adulte au détriment de l'ado féru d'actionner bourrin. Dans une ambiance cauchemardesque particulièrement réaliste, les auteurs parviennent à nous immerger dans l'intensité de l'action sans jamais céder à une vaine esbroufe si bien que les divers déplacements de nos héros (faits de "chair et de sang", j'insiste !) nous paraissent crédibles quant à leurs efforts de survie à se dépêtrer des balles ennemies avec un humanisme poignant.


Nanti d'un score électro incisif et d'une mise en scène étonnamment maîtrisée (notamment au travers de plans séquences vertigineux ou lors de saisissants panoramas faisant office de fresque d'apocalypse !), Bushwick possède un style formel pas très éloigné du cinéma de John Carpenter (format scope en sus !). Notamment si je me réfère au charisme sans fard de vraies gueules d'acteurs qu'on ne retrouve plus (ou alors si peu) dans le cinéma d'action mainstream si lisse car trop conventionnel. Dave Bautista (très impressionnant de carrure trapue !) et Brittany Snow se partageant mutuellement la vedette avec autant de fragilité démunie (notamment cette superbe séquence finale où Stupe se confie sans complexe à elle sur son passé tragique) que de pugnacité couillue (l'un et l'autre vont apprendre à s'épauler durant leur traque et isolement et ainsi canaliser leur peur lors d'un héroïsme abrupte au risque de céder à des pulsions meurtrières punitives). Car il faut les voir accourir, faire profil bas dans les rues de Brooklyn pour tenter d'esquiver les balles provenant autant du haut des toitures que du bitume engorgé de carcasses de voitures incendiées ! De surcroît, le sentiment d'insécurité permanent et de danger létal émanent notamment de l'incapacité pour nos héros à pouvoir distinguer quel ennemi ils doivent combattre lorsque civils et militaires s'entretuent sans aucune morale avant d'y connaître l'instigateur ! (une révélation d'ordre politique faisant froid dans le dos !).


Solidement réalisé et interprété sous le pilier d'une intrigue ombrageuse évoquant le spectre de la guerre civile par le biais d'une dissidence politique, Bushwick parvient à faire naître l'appréhension en nous immergeant tête baissée dans un contexte réaliste de sédition plausiblement prémonitoire. En prime de l'efficacité des péripéties homériques et embûches insidieuses par le biais de rencontres impromptues, Bushwick oppose de poignantes intimités psychologiques avant de se clore (et donc pour mieux nous ébranler de sa déliquescence sociale !) sur le pessimisme d'une conclusion aussi radicale qu'effrayante ! Une bonne surprise d'une brûlante actualité métaphorique. 

Dédicace à Jean-Marc Micciche
Bruno Matéï

lundi 28 août 2017

Vampires vous avez dits vampires 2 / Fright Night 2

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Fright Night Part 2" de Tommy Lee Wallace. 1988. 1h44. Avec William Ragsdale, Roddy McDowall, Traci Lind, Julie Carmen, Jon Gries, Russell Clark, Brian Thompson.

Sortie salles France: 11 Janvier 1989. U.S: 19 Mai 1989

FILMOGRAPHIE: Tommy Lee Wallace (né le 06/09/1949) est un réalisateur, producteur, chef accessoiriste, monteur, chef décorateur et scénariste américain. 1982 : Halloween 3 : Le Sang du sorcier. 1988 : Aloha Summer. 1988 : Vampire, vous avez dit vampire 2 ? 1990 : Ça (It) (TV). 1991 : And the Sea Will Tell (TV). 1992 : The Comrades of Summer (TV). 1992 : Danger Island (en) (TV)
1994 : Witness to the Execution (TV). 1994 : Green Dolphin Beat (TV). 1996 : Born Free: A New Adventure (TV). 1996 : Alliance interdite (TV). 1997 : Steel Chariots (TV). 1998 : Une voleuse de charme (TV). 1998 : L'Ultime Verdict (TV). 2002 : Vampires 2 : Adieu vampires. 2010 : Helliversity


Trois ans après l'excellent premier volet devenu culte depuis chez la génération 80, c'est à Tommy Lee Wallace (cinéaste entre autre du génial Halloween 3 et du sympathique télé-film Ca !) qu'incombe la délicate tâche d'élaborer une séquelle sous l'égide des deux illustres acteurs William Ragsdale (le jeune héros du 1er film toujours aussi impliqué dans son investigation occulte) et Roddy McDowall reprenant son rôle de Peter Vincent avec une exubérance toujours aussi gentiment folingue. Quelques années après les sombres évènements surnaturels, Charlie suit une thérapie si bien qu'il ne croit plus aux vampires. Mais l'arrivée de nouveaux voisins vont le remettre en question avant de recontacter le tueur de vampires, Peter Vincent. Reprenant à peu de choses près le schéma narratif de son modèle, Vampires, vous avez dits vampires 2 conjugue avec moins de bonheur et de pétulance comédie/horreur sous l'impulsion d'un trio de héros pour autant attachants si bien que l'on s'implique une fois de plus à leur enjeu de survie sans s'y lasser.


Car même si la nouvelle petite amie de Charlie endossée par la charmante Traci Lind peut paraître un brin potiche, son évolution morale à témoigner de l'existence des vampires nous permet de la juger sous un angle un peu plus favorable (à l'instar de sa combine professionnelle pour sauver Peter Vincent de la camisole et lors de ses exploits héroïques à combattre les vampires), quand bien même l'émotion qu'elle véhicule après de son idylle avec Charlie ne manque pas non plus d'attrait à travers sa candeur naïve. Et donc, si l'impression de déjà vu peut de prime abord rebuter, l'efficacité et le soin de la mise en scène de Tommy Lee Wallace ainsi que quelques nouvelles idées originales (Charlie est cette fois-ci en mutabilité immortelle avant d'être kidnappé par la prêtresse régine, Peter Vincent finit à un moment de l'action interné en psychiatrie, et la filiation entre la nouvelle voisine et le vampire du 1er opus - Jerry Dandrige - reste convaincant pour justifier ses exactions vindicatives) emportent largement l'adhésion. De surcroît, et pour varier la donne d'un climat beaucoup plus lascif que son modèle, le rôle du méchant est imputé à une femme ! Julie Carmen insufflant tout le long du récit un magnétisme sulfureux dans son charisme félin à la fois vénéneux et sensuel. Et si l'action s'avère notamment moins trépidante en seconde partie, on suit tout de même sans piquer du nez les nouvelles stratégies de nos héros pourchassant les vampires hipsters au rythme d'une action horrifique inventive. Les effets spéciaux s'avérant une fois de plus innovants de par leur qualité technique et formelle.


Pas indispensable mais pour autant efficace, fun et distrayant, parfois même envoûtant (les jeux de drague et la danse entre Régine et Charlie sur la sublime mélodie de Brad Fiedel !), Vampires, vous avez dits vampires 2 demeure une fort sympathique séquelle non dénuée de charme et de savoir-faire technique comme l'eut déjà prouvé Tommy Lee Wallace avec le percutant Halloween 3 (sa plus belle réussite à ce jour, mais ceci est une autre histoire). 

La Chronique de son modèle: http://brunomatei.blogspot.com/2011/09/vampires-vous-avez-dit-vampire-fright.html


Bruno Matéï
2èx

vendredi 25 août 2017

MARCHE A L'OMBRE

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site kaxecommons.org

de Michel Blanc. 1984. France. 1h22. Avec Gérard Lanvin, Michel Blanc, Didier Agostini, Sophie Duez, Mimi Félixine, Béatrice Camurat, Prosper Niang, Katrine Boorman.

Sortie salles France: 17 Octobre 1984

FILMOGRAPHIEMichel Blanc est un acteur et réalisateur français, né le 16 avril 1952 à Courbevoie (Hauts-de-Seine). 1984 : Marche à l'ombre. 1994 : Grosse fatigue. 1999 : Mauvaise passe. 2002 : Embrassez qui vous voudrez.


Premiers débuts de Michel Blanc derrière la caméra, Marche à l'ombre totalisa 6,1 millions d'entrées
au box-office français alors que son thème d'actualité traité avec légèreté et dérision (l'exclusion sociale des sans-logis) aurait pu fuir le grand public. Devenu depuis un classique du "buddy movie" auprès de la génération 80, Marche à l'ombre doit largement sa renommée envers la complémentarité du duo Gérard Lanvin / Michel Blanc crevant l'écran dans leur esprit de camaraderie indéfectible ainsi que leurs caractères distincts bien trempés. Michel Blanc endossant un faire-valoir râleur, pleutre, empoté et infortuné avec un naturel bonnard, quand bien même son acolyte Gérard Lanvin lui partage la réplique dans celui d'un débrouillard spartiate constamment rattrapé par son instinct débonnaire. Le tandem éminemment contradictoire dans leurs réflexions professionnelles et sociales cumulant les gaffes et p'tites querelles avec une verve impayable. A ce titre, Michel Blanc, réalisateur, nous a scrupuleusement travaillé ses dialogues avec un sens de l'inventivité à couper au rasoir si bien que rien qu'au niveau des joutes verbales, Marche à l'ombre demeure un régal auditif !


D'une grande simplicité, l'intrigue cinétique nous relate les tribulations de deux itinérants inséparables sillonnant les banlieues parisiennes en quête d'un toit et de p'tits boulots. Complètement à la dèche, ils s'efforcent en désespoir de cause de faire la manche dans les métros avant de sombrer dans le recel et la vente d'objets volés. Durant leur parcours semé de trafalgars, péripéties, rencontres amicales, hostiles et romantiques, ils vont se raccrocher au fil de leur amitié afin de résister à la sinistrose. Ces derniers ne cessant de bifurquer d'un foyer précaire à un autre sans pouvoir s'implanter durablement. Drôle et pittoresque au sein du cadre de la comédie sociale et de l'aventure urbaine si j'ose dire, Marche à l'ombre constitue une petite merveille d'émotions optimistes en dépit de la gravité du sujet (plus qu'actuel !). Michel Blanc se réservant tout pathos et misérabilisme afin de respecter le genre dans lequel il appartient. Pour autant, et par le biais de l'humour, de la légèreté et de la fantaisie, Marche à l'ombre conjugue harmonieusement chaleur humaine, tendresse et générosité auprès d'une galerie de marginaux inscrits dans la solidarité (car désargentés et donc renouant avec la simplicité de leur existence sans la corruption cupide du matérialisme !).


Un hymne à l'amitié et à la débrouille en pleine crise du chômage. 
Trépidant, tendre et constamment cocasse au travers de répliques anthologiques et de bévues rocambolesques, Marche à l'ombre transcende la comédie populaire avec une juste émotion si bien que cet humble témoignage imputé aux laissés pour compte ne cède jamais au pessimisme plombant pour nous chérir. Un dernier mot subsidiaire ! En p'tite amante chétive, la juvénile Sophie Duez ne manque pas d'élégance dans une candeur aussi suave que sensuelle ! 

Bruno Dussart
3èx

jeudi 24 août 2017

LE MONSTRE

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

"The Quatermass Xperiment" de Val Guest. 1955. Angleterre. 1h21. Avec Brian Donlevy, Jack Warner, Margia Dean, Thora Hird, Gordon Jackson.

Sortie salles U.S: Juin 1956. Angleterre: 20 Novembre 1955

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Val Guest de son vrai nom Valmond Guest est un scénariste, réalisateur et producteur britannique né le 11 décembre 1911 à Londres (Royaume-Uni) et décédé le 10 mai 2006 à Palm Springs (Californie). 1954 : La Revanche de Robin des Bois. 1955 : Le Démon de la danse. 1955 : Le Monstre. 1956 : It's A Wonderful World. 1957 : Scotland Yard appelle FBI. 1957 : La Marque. 1957 : Le Redoutable Homme des neiges. 1960 : Expresso Bongo. 1961 : Traitement de choc. 1961 : Le Jour où la Terre prit feu. 1967 : Casino Royale. 1970 : Toomorrow. 1970 : Quand les dinosaures dominaient le monde. 1982 : The Boys in Blue (en). 1984 : Mark of the Devil (en) (TV). 1984 : In Possession (TV). 1985 : Child's Play (TV).


Premier volet de la trilogie Quatermass inspiré de la série TV créée par Nigel Kneale, et première production de la Hammer, Le Monstre se solda par un gros succès public à sa sortie anglaise si bien qu'une suite fut rapidement mise en chantier 2 ans plus tard par Val Guest himself. Quant au troisième opus réalisé tardivement en 1968, Roy Ward Barker prendra le relais pour parfaire un chef-d'oeuvre encore plus retors et abouti que ces congénères, les Monstres de l'Espace. Influencé par la Chose d'un autre monde sortie 4 ans plus tôt, Val Guest nous relate (également) avec souci documenté l'atterrissage en catastrophe d'une fusée commandité par le physicien Quatermass. A bord, seul Victor Carroon parvient à s'y extraire avec l'aide des pompiers alors que ses 2 équipiers ont mystérieusement disparu. Emmené d'urgence à l'hôpital, celui-ci en catatonie semble possédé par une entité invisible (peut-être un spécimen végétale) ayant pour mission de contaminer la terre. Quatermass et la police vont tenter par tous les moyens d'enrayer la chose en constante métamorphose. En conjuguant avec homogénéité science-fiction, épouvante et une pincée de catastrophe, Val Guest parvient à distiller angoisse, suspense, terreur autour du thème d'une invasion extra-terrestre aussi sournoise que La Chose d'un autre monde. D'autre part, et au vu du potentiel de son traitement aussi débridé que singulier, Le Monstre sera une source d'inspiration auprès des générations à venir comme le démontreront les années 80 avec Contamination, MutantLifeforce, le Monstre qui vient de l'Espace et consorts.


Formidablement intense et équivoque durant sa première partie jouant la carte de l'expectative parmi l'effet de suggestion et en se focalisant sur la vision de détails inquiétants (le métabolisme inexpliqué de Victor face à la perplexité des médecins et de son épouse), Le Monstre insuffle l'appréhension à travers la mutabilité d'une victime souffreteuse franchement patibulaire. L'acteur Richard Wordsworth provoquant un vrai malaise dans son désarroi aussi bien physique que moral, et quelques instants de frayeurs (la séquence scrupuleuse de son évasion puis sa planque dans la voiture parmi la complicité de son épouse), notamment grâce à la déliquescence de son apparence rachitique déshéritée d'un regard hagard ! Quant à la découverte des victimes liquéfiées ou surtout momifiées que Tobe Hooper reprendra dans le très attachant Lifeforce, on peut également vanter la qualité artisanale des effets-spéciaux, et ce jusqu'à l'apparence tentaculaire (et non caoutchouteuse) de la chose réduite à un amas d'organes lors d'un final en mode "Catastrophe". Si cette seconde partie autrement suggérée, moins terrifiante et immersive, se focalise sur les déambulations urbaines du monstre un peu plus discret à l'écran, Val Guest parvient pour autant à gérer le suspense grâce à son adroite mise en scène et une narration planifiée parvenant encore à surprendre quant à l'apparence disproportionnée du monstre polymorphe. Et ce jusqu'à son épilogue pour autant pessimiste évoquant une réflexion sur les dangers du progrès technologique à des fins scientifiques, Quatermass nous annonçant l'envoi d'une nouvelle fusée dans l'espace en guise d'orgueil.


Premier grand classique de la Hammer qui permettra à la firme de percer dans l'horreur de manière encore plus couillue et flamboyante (sexe et gore en sus en version technicolor !), le Monstre n'a rien perdu de son impact visuel à crédibiliser un récit de science-fiction où l'horreur des situations s'avère encore aujourd'hui effrayante et malsaine. Et dans ce domaine, on peut largement applaudir le jeu subtilement viscéral de l'acteur mutique Richard Wordsworth littéralement transi de mal-être en zombie végétale. 

Eric Binford
3èx

mardi 22 août 2017

...ET LE VENT APPORTA LA VIOLENCE...

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdclassik.com

"E Dio disse a Caino..." de Antonio Margheriti. 1970. Italie/Allemagne de l'Ouest. 1h34. Avec Klaus Kinski, Peter Carsten, Marcella Michelangeli |

Sortie salles France: 30 Décembre 1970. Italie: 5 février 1970

FILMOGRAPHIE: Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson) est un réalisateur italien, né le 19 septembre 1930 à Rome, décédé le 4 Novembre 2002 à Monterosi. 1960: Le Vainqueur de l'espace. 1962: Les Derniers jours d'un empire. 1963: La Vierge de Nuremberg. 1964: La Sorcière Sanglante. 1964: Les Géants de Rome. 1964: Danse Macabre. 1968: Avec Django, la mort est là. 1970: Et le vent apporta le Violence. 1971: Les Fantômes de Hurlevent. 1973: Les Diablesses. 1974: La brute, le colt et le karaté. 1975: La Chevauchée terrible. 1976: l'Ombre d'un tueur. 1979: l'Invasion des Piranhas. 1980: Pulsions Cannibales. 1980: Héros d'Apocalypse. 1982: Les Aventuriers du Cobra d'Or. 1983: Yor, le chasseur du futur. 1985: L'Enfer en 4è vitesse.


Western mythique s'il en est, de par son atmosphère crépusculaire aux confins de l'horreur gothique et de la présence magnétique de Klaus Kinski d'un flegme imperturbable, Et le vent apporta la violence élève le film d'ambiance à son firmament. Après 10 ans de bagne, Gary Hamilton retrouve enfin sa liberté après avoir été gracié par la justice. Délibéré à se venger auprès des responsables de son injuste condamnation, il retourne dans son village pour abattre tous les sbires son ancien ami, Acombar, aujourd'hui ennemi juré d'une ignoble trahison. Baignant dans une délicieuse atmosphère d'étrangeté sous l'impulsion d'une tempête d'outre-tombe, second rôle éthéré de l'histoire, Et le vent apporta la violence nous immerge de plein fouet dans une ambiance d'isolation au sein d'un village maudit. De par la complicité vénale de tous les responsables de la réclusion d'Hamilton et de l'intrusion soudaine de ce dernier délibéré à les exterminer un à un. Abordant le thème de la vengeance dans sa représentation la plus véreuse si bien que dès le départ Hamilton autrefois innocent nous exprime ouvertement sa damnation depuis sa motivation punitive, Antonio Margheriti fignole le cadre sépulcrale de sa tragédie macabre.


En brossant également les profils des seconds-rôles couards davantage gagnés par la peur du trépas (notamment l'ancienne maîtresse d'Hamilton incapable de canaliser ses affres au moment des retrouvailles !), voir même le remord ostensiblement avoué chez l'un d'eux ou autrement tacite du point de vue d'Acombar hanté de culpabilité. Mais au préalable, Margheriti développe lestement le cas docile du fils de celui-ci s'efforçant de découvrir la vérité sur l'étranger depuis sa longue absence au village. Le seul personnage véritablement candide de l'histoire mais pour autant contraint de céder in extremis à la trahison et à la corruption afin de préserver l'honneur de sa famille. Cette intensité dramatique qui émane du désarroi d'antagonistes impliqués dans un redoutable enjeu de survie permet à l'intrigue de redoubler d'efficacité sous le pilier de leur psychologie fébrile. Quand aux somptueux décors domestiques d'un gothisme inopinément flamboyant, on se croirait dans une oeuvre baroque de Roger Corman durant sa période florissante des adaptations de Poe, quand bien même Kinski perdure à traîner sa dégaine rigide à l'instar d'un fantôme errant sous l'acuité du regard impassible ! (notamment ses jeux de miroir invoqués sur sa présence ubique lors d'une ultime confrontation à la lisière du surnaturel !)


Modeste série B transfigurée par la perméabilité de son esthétisme mortifère et l'intensité d'une intrigue vénéneuse auquel personne ne pourra accoster la rédemption, Et le vent apporta la violence confine au chef-d'oeuvre du western crépusculaire, poème tragique sur l'engrenage de la vengeance habité par un Kinski aussi bien hypnotique qu'étrangement ambigu. 

Bruno Dussart
3èx

...Et le vent apporta la violence...
...Et Dieu dit à Caïn:
par ton crime tu as crée le mal 
et le sang versé retombera sur toi
et sur ta descendance qui ira 
errante et vagabonde sur la terre. 

lundi 21 août 2017

LE CLAN DE LA CAVERNE DES OURS

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"The Clan of the Cave Bear" de Michael Chapman. 1986. U.S.A. 1h41. Avec Daryl Hannah, Emme Floria, Pamela Reed, James Remar, Thomas G. Waites, John Doolittle, Curtis Armstrong.

Sortie salles France: 6 Août 1986. U.S: 17 Janvier 1986

FILMOGRAPHIE: Michael Chapman est un directeur de la photographie américain, né le 21 novembre 1935 (81 ans) à Wellesley, Massachusetts. Il est aussi acteur, opérateur caméra, réalisateur.1983 : L'Esprit d'équipe. 1986 : Le Clan de la caverne des ours. 1986 : Annihilator, le destructeur. 1995 : The Viking Sagas.


Echec public lors de sa sortie en salles et sombré dans l'oubli depuis son exploitation Vhs locative, Le Clan de la Caverne des ours s'inspire du chef-d'oeuvre de Jean Jacques Annaud pour mettre en exergue un récit d'aventures préhistoriques truffé d'émotions, et ce même s'il cède parfois à la naïveté des bons sentiments. En toute simplicité, le récit retrace le périple ardu de Ayla, petite orpheline chaudement recueillie par le clan de la caverne des ours après la mort accidentelle de sa mère. Parvenant à se faire une place au sein du groupe, elle est toutefois discréditée par le fils du chef, Broud, n'hésitant pas à moult reprises à la violer. Armée de courage et de désir d'émancipation, elle va tenter d'imposer sa dignité et ses valeurs durant sa quête identitaire. Sous le moule de la série B ludique dénuée de prétentions, Michael chapman n'a pas pour ambition de singer le modèle d'Annaud en dépit de quelques thèmes similaires dénoncés (la condition de la femme au sein d'un peuple machiste ultra conservateur et les viols qu'ils perpétuent dans l'impunité) si bien qu'il s'intéresse ici à nous décrire la vie moderne des hommes de cro-magnon durant la période du Paléolithique moyen.


Bien conscient de ses moyens précaires à authentifier sa scénographie préhistorique mais pour autant rehaussé des magnifiques décors naturels du Canada (photo saturée à l'appui), le réalisateur lésine sur l'esbroufe (en dépit d'une étonnante scène de combat avec un ours !) pour se concentrer avec attention et chaleur humaine sur les conditions de vie primitives d'un clan en apprentissage existentiel. Et ce sous l'impulsion d'une héroïne en herbe peu à peu farouche et maternelle. Car curieuse, pédagogue et avide de liberté, Ayla va y transgresser quelques règles, ce qui aura comme conséquence une nouvelle prise de conscience (plus tolérante) de la part du clan après avoir été sujette au châtiment et à l'exclusion. Par le biais de cette icone subversive, Michael Chapman nous dresse un joli portrait de femme rebelle que la charmante Darryl Hannah insuffle avec une belle dignité. Les autres seconds-rôles particulièrement attachants dans leur dynamique de groupe se prêtant au jeu du mimétisme et du langage inaudible (les paroles sont sous-titrées en français dans la VO) avec un brin de naïveté non dénué de charme et parfois même d'intensité.


Epaulé du score lyrique et émotif d'Alan Silvestri sous le pilier d'une honnête distribution, Le clan de la caverne des ours parvient à séduire à travers un joli récit d'aventures militant pour la sagesse, l'enseignement et la tolérance du point de vue d'une affranchie en initiation de maturité. Sans prétention aucune car retranscrit avec autant de simplicité que de sincérité (d'où son charme innocent qui y découle !), il s'avère à mon sens le meilleur succédané de (l'inégalé) la Guerre du Feu. 

P.S: Le dvd édité chez TF1 ne comportant pas de VOSTFR, il faut donc se rabattre sur sa VF absconse car non sous-titrée.

Bruno Matéï
2èx

vendredi 18 août 2017

HIGHT SPIRITS

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

de Neil Jordan. 1988. Angleterre/U.S.A. 1h39 Avec Steve Guttenberg, Daryl Hannah, Peter O'Toole, Beverly D'Angelo, Liam Neeson, Martin Ferrero, Jennifer Tilly.

Sortie salles France: 18 Janvier 1989. U.S.A: 18 Novembre 1988

FILMOGRAPHIE: Neil Jordan est un réalisateur, producteur, scénariste et écrivain irlandais, né le 25 Février 1950 à Sligo. 1982: Angel. 1984: La Compagnie des Loups. 1986: Mona Lisa. 1988: High Spirits. 1989: Nous ne sommes pas des Anges. 1991: L'Etrangère. 1992: The Crying Game. 1994: Entretien avec un Vampire. 1996: Michael Collins. 1997: The Butcher Boy. 1999: Prémonitions. 1999: La Fin d'une Liaison. 2002: L'Homme de la Riviera. 2005: Breakfast on Pluto. 2007: A vif. 2009: Ondine. 2012: Byzantium. 


Echec public lors de sa discrète sortie en salles alors qu'il s'agissait de l'unique incursion de Neil Jordan dans la comédie, High Spirits conjugue avec une bonne humeur souvent expansive cocasserie et fantastique à travers le thème des esprits (farceurs). Oublié à tort depuis sa confection et peu diffusé à la TV, High Spirits empreinte le schéma de la série B décomplexée au travers d'une intrigue sommaire riche en quiproquos, incidents surnaturels et étreintes amoureuses. Neil Jordan s'appliquant avec intégrité à nous relater les vicissitudes d'une poignée de touristes débarqués au sein d'un manoir sclérosé. Le propriétaire des lieux alcoolo et au bord du suicide (que le cabotin Peter O'Toole campe avec une irrésistible dérision !) s'évertuant à séduire sa frêle clientèle par l'entremise de fantômes risibles que lui et ses comparses ont mis au point à l'aide de trucages vieux comme le monde. 


Seulement, après avoir cerné la supercherie, les hôtes vont soudainement se confronter à de véritables fantômes; quand bien même Jack Crawford va profiter de son idylle naissante avec une revenante afin de fuir son épouse acariâtre ! A travers cette intrigue simpliste plutôt redondante il faut l'avouer dans ses jeux de drague que s'échangent un couple de fantômes avec un couple d'humains, High Spirits amuse pour autant la galerie sous l'impulsion de gags pittoresques qu'une foule d'acteurs enchaînent avec exubérance contagieuse. Si la première demi-heure, la plus réussie dans sa démarche autoparodique, privilégie les situations comiques avec inventivité et vigueur effrénées, la suite s'oriente plus du côté de la romance à travers les charmants duos que forment Steve Guttenberg Daryl Hannah et Beverly D'Angelo / Liam Neeson (à ses touts débuts dans une prestance subalterne) s'efforçant mutuellement d'adhérer à l'amour surnaturel. Bien que Neil Jordan abuse de temps à autre d'une esbroufe parfois gratuite par le biais d'effets-spéciaux néanmoins réussis, on lui pardonne ses facilités tant l'insolence des évènements surnaturels nous amusent constamment avec un esprit vintage (notamment ses décors marins de carton pâte se matérialisant soudainement sous nos yeux !). 


En dépit d'un rythme parfois défaillant saupoudré de quelques longueurs et d'un scénario à la fois linéaire et sans surprise (on devine aisément l'issue finale pour les 2 couples en ascension amoureuse), High Spirits parvient à distraire avec une simplicité aussi charmante qu'attendrissante. Sa modeste réussite résidant surtout dans la complicité festive des comédiens d'une spontanéité et d'une fraîcheur galvanisantes (jusqu'aux moindres seconds-rôles pétillants de naïveté - Meg Tilly en tête ! -). Enfin, tout en s'attachant peu à peu à l'onirisme candide d'une romance improbable, on se laisse aussi enivrer par l'esthétisme gothique du vaste manoir confiné à proximité d'une nature crépusculaire. 

Bruno Dussart
3èx

jeudi 17 août 2017

ELLE S'APPELAIT SCORPION

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Joshuu sasori: Dai-41 zakkyo-bô / Female Convict Scorpion Jailhouse 41" de Shunya Ito. 1972. Japon. 1h28. Meiko Kaji, Fumio Watanabe, Kayoko Shiraishi, Yukie Kagawa.

Sortie salles Japon: 30 Décembre 1972. France: 22 April 2011 (Lyon Festival Hallucinations Collectives)

FILMOGRAPHIEShun’ya Itō (伊藤 俊也, Itō Shun’ya?) est un réalisateur japonais né le 17 Février 1937. 1972 : La femme scorpion. 1972 : Elle s'appelait scorpion. 1973 : La tanière de la bête. 1982 : Piège pour un Kidnapper. 1985 : Gray Sunset. 1988 : Labyrinth of Flower Garden. 1995 : Adieu, Nostradamus ! 1998 : Pride: The Fateful Moment.


Second volet d'une saga légendaire de 6 films et considéré comme le plus réussi, Elle s'appelait Scorpion empreinte le schéma du WIP ("women in prison") avant de bifurquer fissa vers le rape and revenge et le survival lorsqu'une poignée de prisonnières parviennent à s'échapper de leur geôle grâce à la complicité de l'indomptable Matsu. Une détenue tête de turc passée maître dans l'art de l'évasion mais pour autant molestée par ses propres rivales jouant l'indépendance à travers leur haine, leur jalousie, leur rancoeur et leur vengeance. Durant un houleux périple, elles n'auront de cesse de s'opposer à la police et aux gardiens lancés à leur trousse quand bien même les touristes d'un car vont leur servir d'otages afin de déjouer un barrage.


Sous le moule d'une série B d'exploitation alternant à rythme métronomique, sévices corporels, viols, humiliations et règlements de compte sanglants entre détenues et gynophobes (le terme est on ne peut mieux approprié !), Elle s'appelait Scorpion aurait pu sombrer dans le produit lambda si la mise en scène hyper stylisée n'avait su faire preuve d'autant de fulgurances visuelles, à mi-chemin de la bande dessinée, du western et du conte moderne. Véritable trip expérimental baignant dans un onirisme baroque, notamment de par ses décors géométriques, Elle s'appelait Scorpion se vit à l'instar d'un rêve éveillé sous la mainmise d'une anti-héroïne mutique (elle prononce à peine 3 phrases durant tout le métrage !) que campe avec pudeur la troublante Meiko Kaji. Sa présence spectrale inscrite dans le non-dit et l'intensité de son regard impassible restant une énigme chez le spectateur incapable d'en défricher sa véritable identité. Cruel, cynique et ultra violent, le récit suggère la métaphore sur l'émancipation féminine lorsque ces dernières sont traitées comme du bétail par des machistes sans vergogne. A cet égard, la ligue féministe devrait s'en réjouir puisque tous les protagonistes mâles qu'on nous présentent outrancièrement s'avèrent des ordures libidineuses n'hésitant pas d'autre part à bafouer leur déontologie pour mieux parvenir à leurs fins. Tandis que les fugitives, assoiffées de haine et de liberté, n'hésiteront pas à recourir à la vendetta expéditive durant leur traque de survie.  


Prenant à contre pied la norme du divertissement jouissif, Elle s'appelait Scorpion opte pour les ruptures de ton, l'expressionnisme baroque (photo contrastée à l'appui) et les expérimentations alambiquées afin de perdre sens et repères du spectateur embarqué dans une série B hybride quasi surnaturelle. A la lisière de la féerie macabre mais plutôt difficile d'accès, cette perle culte au pouvoir de fascination subtilement trouble et capiteux porte la signature du talent personnel de Shun’ya Itō.

Bruno Dussart
2èx