mardi 21 novembre 2017

LES 2 VISAGES DU DR JEKYLL

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Two Faces of Dr. Jekyll" de Terence Fisher. 1960. Angleterre. 1h28. Avec Paul Massie, Dawn Addams, Christopher Lee, David Kossoff, Norma Marla

Sortie salles France: 25 Juin 1969. Angleterre: 24 octobre 1960

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


11 ans avant le splendide et baroque Dr Jekyll et Sr Hyde, la Hammer s'était imposée de rendre hommage au roman de Louis Stevenson avec une originalité (aussi) couillue sous la houlette de Terence Fisher. Celui-ci transposant dans une photo flamboyante chère à la firme l'infortune de Jekyll du point de vue (inopinément) angélique de Hyde transi de débauche et de mégalomanie. Point de transformation hideuse donc sous l'autorité retorse de Fisher mais une métamorphose éthérée conçue sur la séduction corporelle d'un Hyde avide de liberté lubrique et de suprématie au mépris de la moralité de son créateur. A partir d'un pitch éculé, Terence Fisher parvient donc à renouveler cette passionnante dualité du Bien contre le Mal parmi la vigueur dramatique d'une étude de caractères fondée sur la crise conjugale. Le réal autopsiant avisement une classe bourgeoise vautrée dans la médiocrité, la vilenie, l'égotisme et le profit.


De par la prestation ensorcelée de Paul Massie dans un double rôle schizophrène, celui-ci parvient à insuffler un humanisme aussi désespéré que névralgique dans sa conscience d'avoir engendré un monstre puis de devenir le jouet d'une liaison conjugale empoisonnée depuis son intense activité scientifique. La faute incombant à l'adultère de son épouse couarde que la ravissante Dawn Addams retransmet dans un éventail d'émotions jouasses afin de renforcer l'indignité de son personnage de potiche embourgeoisée. Dans un rôle aussi insidieux et profondément cupide, Christopher Lee se prête à la mascarade romanesque avec un méprisant cynisme si bien que sa maîtresse consciente de ses incartades parvient pour autant à les lui tolérer depuis leurs sentiments amoureux axés sur la possessivité. Autour de ce trio diabolique inscrit dans la félonie et le mensonge, Terence Fisher construit une tragédie horrifique violemment cruelle sous le fébrile témoignage de Jekyll cédant à ces pulsions vindicatives sous l'influence de son double Hyde. Ce dernier s'en donnant à coeur joie à l'asservir et le martyriser notamment grâce à son talent de séducteur conçu pour attirer ses compagnes les plus influençables.


Un duel au sommet entre Jekyll et Hyde
Fort de la prestance écarquillée de l'acteur (méconnu) Paul Massie dans un rôle bicéphale plus vrai que nature, Les 2 visages du Dr Jekyll transcende la tragédie romantique et l'horreur des situations réalistes avec une acuité bouleversante eu égard de l'humanisme désenchanté du savant injustement condamné à la damnation en dépit d'une rédemption de dernier ressort. Une oeuvre magnifique, douloureuse et passionnante que ce fleuron de la Hammer jouant lestement sur les apparences fallacieuses de la beauté corporelle.  

2èx

lundi 20 novembre 2017

YOUR NAME. Prix Mainichi du meilleur film d'animation, 2016.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Kimi no na wa. (君の名は。?)" de Makoto Shinkai. 2016. Japon. 1h46.

Sortie salles France: 28 Décembre 2016. Japon: 26 Août 2016.

FILMOGRAPHIE: Makoto Shinkai (新海 誠, Shinkai Makoto?) est un réalisateur de film d'animation japonais, doubleur pour ses films et graphiste de jeux vidéo, né le 9 février 1973 à Nagano, Japon. 2004 : La Tour au-delà des nuages 2007 : 5 centimètres par seconde. 2011 : Voyage vers Agartha. 2013 : The Garden of Words. 2016 : Your Name.

Très particulier, notamment faute d'une structure narrative ramifiée, mais magnifique (fulgurance formelle, densité psychologique du duo romanesque) et profondément spirituel (la vie n'est-elle qu'un rêve dans un autre rêve ?).

B-D.

Récompense: 2016 : Prix Mainichi du meilleur film d'animation pour Your Name.

vendredi 17 novembre 2017

THE VAMPIRE LOVERS

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

de Roy Ward Baker. 1970. Angleterre. 1h31. Avec Ingrid Pitt, Peter Cushing, George Cole, Dawn Addams, Pippa Steel, Madeline Smith, Kate O'Mara.

Inédit en salles en France. Angleterre: 4 Octobre 1970

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Roy Ward Baker est un réalisateur, producteur, scénariste anglais, né le 19 Décembre 1916 à Londres (Royaume-Uni), décédé le 5 Octobre 2010. 1947: L'Homme d'Octobre. 1952: Troublez moi ce soir. 1968: Les Champions. 1969: Mon ami le fantôme. 1970: The Vampire Lovers. 1970: Les Cicatrices de Dracula. 1971: Dr Jekyll et Sr Hyde. 1972: Asylum. 1973: Le Caveau de la Terreur. 1973: And now the Screamin starts. 1974: Les 7 vampires d'or. 1980: Le Club des Monstres. 1984: Les Masques de la mort (télé-film).


D'après le roman Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu, The Vampire Lovers est une modeste curiosité inédite en France, 1er volet d'une trilogie axée sur ce célèbre personnage fictif (viendront ensuite Lust of a vampire et les Sévices de Dracula toujours sous l'effigie de la Hammer). D'ailleurs, son épilogue en demi-teinte implicite finalement la subsistance du vampire avec l'apparition furtive du cocher entrevu au préalable en intermittence du récit. En dépit d'un scénario somme toute classique (hébergée dans une demeure bourgeoise, Carmilla profite de la naïveté de ses occupants pour les vampiriser un à un, particulièrement trois jeunes filles facilement attirées par ses atouts charnels, cette oeuvre étrange déroute et fascine à la fois (à l'instar de son prologue d'une superbe sensualité onirique !) parmi la présence d'actrices graciles n'hésitant pas parfois à dévoiler leur simple appareil.


Misant donc l'accent sur un érotisme assez osé en cette période novatrice des années 70, The Vampire Lovers ne révolutionne pas le genre si bien qu'il se contente avec efficacité et une certaine maîtrise technique (notamment auprès de l'aspect sensuellement moderne de sa stylisation gothique et de quelques excès sanglants - les pieux dans le coeur, les 2 décapitations - tout à fait percutants) d'exploiter le filon du vampirisme avec soupçon de saphisme, de bisexualité et de métaphore féline (les proies féminines étant sujettes à d'horribles cauchemars lorsqu'un chat monstrueux viendra les étouffer durant leur sommeil !). Carmilla n'hésitant pas par son pouvoir hypnotique à faire tourner la tête aux deux sexes opposés sous l'impulsion de la troublante Ingrid Pitt se prêtant égoïstement au jeu insidieux de la séduction avec ambivalence. Quant au monstre sacré Peter Cushing, ce dernier s'avère plutôt discret (voir même sclérosé du fait de son âge avancé) dans celui du Général von Spielsdorf si bien qu'il n'apparaît que durant le 1er tiers dans un rôle secondaire de témoin déconcerté par les découvertes macabres avant de ressurgir brièvement lors du final horrifique en bonne et due forme.


En dépit d'un rythme à la fois flegme et monocorde durant sa première partie, notamment faute d'une intrigue sans véritable surprise (d'autant plus que son final fait fi d'invention), The Vampires Lovers possède pour autant sa propre identité sous l'autorité de l'artisan Roy Ward Barker s'efforçant à rajeunir le mythe parmi la charge érotico-saphique de vénéneuses actrices pleinement convaincantes dans leur stature fébrile à se laisser aguicher par l'essence sexuelle. 

B-D
2èx

mercredi 15 novembre 2017

SPIDER BABY

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Spider Baby or, The Maddest Story Ever Told" de Jack Hill. 1964/67. U.S.A. 1h25. Avec Lon Chaney, Jr., Carol Ohmart, Quinn Redeker, Beverly Washburn, Jill Banner, Sid Haig.

Sortie salles U.S: 24 Décembre 1967 (Int - 18 ans). Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: Jack Hill est un réalisateur, scénariste et éditeur américain, né le 28 Janvier 1933 à Los Angeles, Californie, USA. 1982: Sorceress (as Brian Stuart). 1975 Les loubardes. 1974 The Swinging Cheerleaders. 1974 Foxy Brown. 1973 Coffy, la panthère noire de Harlem. 1972 The Big Bird Cage. 1971 The Big Doll House. 1971 The Incredible Invasion (US scenes). 1971 La muerte viviente (US scenes). 1970 Je suis une groupie (non crédité). 1969 Pit Stop. 1968 Fear Chamber (US scenes). 1968 Macabre sérénade (US scenes). 1967 Spider Baby. 1966 Mondo Keyhole. 1966 Blood Bath. 1963 L'halluciné (non crédité). 1959 The Wasp Woman (non crédité).


Perle culte inédite en France mais exhumée de l'oubli grâce à l'éditeur Wild Side Video, Spider Baby constitue l'avant-garde d'une horreur cartoonesque si bien qu'il préfigure (dans un noir et blanc documenté proche de La Nuit des Mort-vivants réalisé un an après) Evil-dead, La Famille Adams, voir même Massacre à la Tronçonneuse. Atteints du syndrome de Merrye (une dégénérescence mentale et physique apprendra-t'on du narrateur), la famille Merrye vit en autarcie au sein d'une demeure bucolique épargnée de citadins. Le patriarche Bruno (dont nous ne connaîtrons jamais la véritable identité) tente maladroitement d'éduquer 2 jeunes filles obsédées par les arachnides (au point que l'une d'elle se présume araignée humaine !) ainsi que leur frère Ralph nanti d'un caractère aussi timoré que primitif. Un jour, une cousine éloignée et son époux s'invitent à leur demeure avec pour dessein de s'approprier leur propriété. Mais les enfants inconséquents sont prêts à défendre leur bout de terrain jusqu'à éliminer les témoins gênants. Baignant dans un climat de douce folie par moment dégénéré (notamment si je me fie à son final bordélique avec l'attaque des créatures humaines confinées dans la cave), Spider Baby demeure un délirant jeu de massacre dans son alliage d'horreur malsaine et de comédie noire.  


Outre l'aspect fantaisiste imputé à l'unicité d'une famille dysfonctionnelle jamais vue au préalable, Spider Baby dépayse en diable et fascine curieusement sous l'impulsion de leurs extravagances fondées sur le non-sens et la démence contagieuse. Les acteurs, tantôt amateurs, tantôt professionnels (l'éminent Lon Chaney, Jr. se prête aimablement à la mascarade dans le rôle de Bruno, Sid Haig, tout jeunot, se fond dans le corps d'un déficient avec un naturel facétieux) parvenant à nous immerger dans leurs us et coutumes au sein d'une ferme décrépite truffée de décors insolites (toiles d'araignées tapissant chaque cloison, cadavre décharné secrètement préservé dans une chambre, chausses-trappes, cadres obliques, poupées rétro, animaux empaillés). De par son ambiance horrifico-malsaine tangible, Spider Baby insuffle un magnétisme formel permanent autour de sa scénographie domestique laissant libre court aux exactions sardoniques de ses propriétaires. A l'instar de la douce hystérique Virginia piquant ses proies humaines à l'aide de longs couteaux de cuisine car persuadée d'avoir affaire à de véritables insectes ! Ces interventions décomplexées s'avérant anthologiques dans l'art et la manière de se comporter telle une vraie araignée ! Et pour exacerber l'emprise démoniaque régie dans la demeure semblable au vieux manoir, on peut notamment compter sur l'intrusion (si photogénique) de mygales velues rampants scrupuleusement vers leur victime par le biais du gros plan !


Dénué de sens et de raison, Spider Baby fonctionne surtout sur sa galerie de personnages aussi ubuesques que grotesques mais parfaitement crédibles à se glisser dans leur fonction (ironiquement) psychotique au point de les iconiser avec une verve insolente. Train fantôme inventif et dégingandé de par sa réalisation approximative pour autant soignée (12 jours de tournage en tout et pour tout !), Spider Baby ne peut laisser indifférent l'amateur de curiosité (oubliée) dans son imagerie à la fois cauchemardesque et cartoonesque en avance sur son temps. Une perle indispensable donc d'une fraîcheur exubérante !

B-D
2èx

Anecdote (source Wikipedia): Le film a été tourné entre août et septembre 1964. Cependant, en raison de la faillite du producteur original, le film n'a été libéré que le 24 décembre 1967

mardi 14 novembre 2017

1922

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Zak Hilditch. 2017. U.S.A. 1h42. Avec Thomas Jane, Neal McDonough, Molly Parker, Kaitlyn Bernard, Roan Curtis, Brian d'Arcy James, Bob Frazer.

Diffusé sur Netflix le 20 Octobre 2017

FILMOGRAPHIEZak Hilditch est un réalisateur, producteur et scénariste américain. 2003: Waiting for Naval Base Lilly. 2005: The Actress. 2007: Plum role. 2010: The Toll. 2013: Final Hours. 2017: 1922.


"La vérité, c'est une agonie qui n'en finit pas. La vérité de ce monde, c'est la mort."
Après nous avoir surpris avec l'excellent Gerald's Game (tiré du roman Jessie), la société Netflix récidive à nouveau avec 1922 d'après la novella éponyme de Stephen King. Le pitch, linéaire, relatant la sombre destinée d'une famille infortunée lorsque le paternel, fermier à la tête d'une récolte de maïs, se résigne à comploter avec l'aide de son fils l'assassinat de son épouse désireuse de revendre ses propriétés. Mais depuis leur acte crapuleux lâchement perpétré (le meurtre graphique s'avérant par ailleurs très incommodant dans sa mise en scène latente du passage à l'acte puis l'intensité insupportable du crime sitôt perpétré), Wilfred James sombre peu à peu dans une psychose hallucinatoire car toujours plus hanté par sa turpitude meurtrière ! Quand bien même ses rapports conflictuels avec son fils rongé de remord va le renchérir dans un amer désarroi. Drame psychologique déguisé en suspense horrifique au sein d'une cellule familiale dysfonctionnelle, 1922 retrace avec un réalisme glaçant le chemin de croix (oh combien épineux !) d'un paternel condamné à la damnation d'avoir commis l'irréparable, et d'y avoir entraîné par sa dérive immorale son jeune fils influençable. Nanti d'un climat malsain éthéré puis lestement tangible au fil de visions macabres pestilentielles assez terrifiantes, et baignant dans un esthétisme solaire plutôt irrespirable (photo et décors stylisés en sus !), 1922 dérange de façon insidieuse eu égard des comportements immoraux d'un père et de son fils étroitement liés à la corruption afin de préserver leur postérité.


Outre l'intensité dramatique en crescendo d'un cheminement narratif à la fois inquiétant, trouble et perturbant (le réalisateur prenant soin de nous faire douter sur la véracité des visions macabres que le fermier endure dans sa psychologie torturée, et ce sans nous dévoiler le fin mot de son effroyable conclusion !), 1922 s'alloue notamment d'une solide distribution pour mieux nous plonger dans les dérives fiévreuses des coupables en perdition sévèrement étrillés. Le récit profondément funèbre se soumettant au magnétisme austère de Thomas Jane car promenant sa dégaine patibulaire à l'instar d'un fantôme errant gagné d'une sinistre culpabilité. Dans celui du rejeton d'apparence docile et bellâtre, le jeune néophyte Dylan Schmidt lui partage sobrement la vedette avec une mine sentencieuse toujours plus prononcée eu égard de son désagrément maternel. A eux deux, ils forment un tandem pathétique au sein de leur itinéraire sépulcral que le spectateur endure avec une émotion inévitablement dérangeante. De par l'empathie éprouvée pour leur remord tacite et le dégoût ressenti de s'être adonné à l'ignominie, quand bien même le châtiment cruel imputé à certains animaux (deux vaches moribondes), ou leur présence inquiétante (la prolifération des rats dans le puits et la ferme), exacerbent le climat dépressif de cette sombre tragédie fondée sur le patriarcat des "années folles".


Une Famille ordinaire.
Drame intimiste éprouvant retraçant derrière une façade horrifique le châtiment en roue libre d'une famille proscrite par le Bien, 1922 laisse un goût amer de souffre dans la bouche sitôt le générique écoulé, quand bien même son score aussi discret que dépressif nous martèle l'esprit avec une amertume sinistrée (son intensité psychologique ne nous laissant que de peu de répit au fil du cheminement mortuaire). A découvrir absolument si bien qu'il s'agit à mon sens d'une des meilleures adaptations de King. 

B-D.

lundi 13 novembre 2017

LE FASCINANT CAPITAINE CLEGG

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site thetelltalemind.com

"Captain Clegg / Night Creatures" de Peter Graham Scott. 1962. 1h22. Angleterre. Avec Peter Cushing, Yvonne Romain, Patrick Allen, Oliver Reed, Michael Ripper, Martin Benson.

Sortie salles France: 28 Novembre 1962. Angleterre: 25 Juin 1962

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Peter Graham Scott est un réalisateur et producteur anglais, né le 27 octobre 1923 à East Sheen, Londres, décédé le 5 août 2007 à Windlesham. 1948: Panic at Madame Tussaud's. 1952: Escape Route. 1952: Sing Along with Me. 1956: The Hideout. 1957: The Big Chance. 1957: Account Rendered.  1959 Devil's Bait. 1959 The Headless Ghost. 1959 Breakout.  1960: The Rough and the Smooth. 1960: The Big Day. 1960 Let's Get Married 1962 : Le Fascinant capitaine Clegg. 1962 : The Pot Carriers. 1963 : Father Came Too! 1968: Subterfuge. 1993: A chance to dance (télé-film).


Film un peu occulté à mon sens de la part d'une production Hammer, Le Fascinant capitaine Clegg constitue pourtant un formidable suspense policier sous couvert d'un argument (faussement) surnaturel. Car comme les suggèrent ses affiches US et françaises un brin fallacieuses, le Fascinant capitaine Clegg n'est nullement un film horrifico-fantastique, tant et si bien que le cinéaste Peter Graham Scott privilégie les composantes du suspense et de l'aventure gothique autour du personnage énigmatique du révérend Blyss. Le Capitaine Collier et son armée arpentent la région de Romney Marsh depuis la rumeur de fantômes des marais et la suspicion de contrebande perpétrée par des habitants de la région. Après la découverte d'un cadavre, le capitaine soupçonne au fil de son enquête le révérend local d'éventuelle complicité quand bien même ce dernier et ses sbires tentent par tous les moyens de planquer leur trafic d'alcool avant de l'écouler. Transcendé, comme de coutume, par la prestance du gentleman Peter Cushing dans la peau (plus vraie que nature !) d'un révérend charitable, Le Fascinant capitaine Clegg s'alloue notamment de seconds-rôles bougrement attachants, inquiétants ou irrésistiblement détestables.


Martin Benson en transfuge envieux de la douce Imogene, Patrick Allen en capitaine impérieux jamais à court d'endurance pour débusquer les coupables, le mastard Milton Reid en mulâtre mutique plein de fiel, le duo romanesque Oliver Reed / Yvonne Romain dont on éprouve une sobre tendresse pour leur sort indécis, puis enfin un des habituels seconds couteaux de la firme, Michael Ripper incarnant le fidèle adjoint du révérend avec le charisme avenant qu'on lui connait. Au-delà de son esthétisme gothique aussi inhabituel qu'épuré (sa scénographie maritime), Le Fascinant capitaine Clegg parvient à captiver sans temps morts grâce à son ossature narrative à la fois intrigante, exubérante et ciselée affichant un haletant "cache-cache" entre gendarmes et voleurs (passages secrets en sus pour mieux duper l'adversaire !). Le réalisateur jouant avant tout sur l'ambiguïté d'un leader marginal peu recommandable (un ancien chef pirate planqué derrière une soutane) mais bougrement prévenant et attachant lorsque celui-ci redouble de générosité et loyauté à combler ses citadins autrefois désargentés. En jouant sur le folklore d'éléments surnaturels (l'apparition des fantômes fluorescents durant la nuit, l'épouvantail aux yeux écarquillés, le cercueil retrouvé vide de Clegg potentiellement revenu d'entre les morts), Peter Graham Scott consolide un efficace suspense sous couvert d'une énigme fertile en péripéties et rebondissements que s'opposent sans relâche forces de l'ordre et contrebandiers fraternels. Ces derniers ne cessant de duper la loi avec sagacité lors d'une course contre la montre à effacer leurs indices, et ce avant que celle-ci ne découvre l'impensable vérité sur la destinée de Clegg.


Divertissement taillé sur mesure sous le pilier d'une aventure baroque oscillant suspense, romance et tension dramatique (notamment pour l'aspect inopinément tragique de son épilogue pour autant rédempteur !), Le fascinant capitaine Clegg demeure une splendide réussite gothique scandée de la présence de Cushing dans un rôle bicéphale et d'une compagnie de seconds-rôles aussi charismatiques que spontanés à préserver la cause du bandit au grand coeur. 

B-D
3èx

vendredi 10 novembre 2017

L'Empreinte de Frankenstein / The Evil of Frankenstein

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

de Freddie Francis. 1964. Angleterre. 1h26. Avec Peter Cushing, Kiwi Kingston, Sandor Eles, Peter Woodthorpe, Duncan Lamont, Katy Wild.

Sortie salles France: 31 Mars 1965. U.S: 8 Mai 1964

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Freddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni). 1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: The Skull. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.


3è volet de Frankenstein considéré comme l'un des plus faibles de la série alors que Terence Fisher (réal des 2 premiers opus) céda sa place à Freddie Francis, l'Empreinte de Frankenstein n'est pas pour autant un chapitre à occulter, loin de là. Le PitchAprès une tentative infructueuse d'avoir réanimé le monstre en fuite, le baron Frankenstein et son nouvel assistant comptent reproduire leurs expériences après avoir découvert le corps congelé de sa créature secrètement préservée en amont d'une montagne. Revenant aux sources du mythe que la Universal imposa de son empreinte avec les deux chefs-d'oeuvre réalisés par James Whale, l'Empreinte de Frankenstein demeure un fort efficace divertissement soigneusement réalisé (notamment dans son art de conter un récit certes classique mais jamais ennuyeux, bien au contraire) quand bien même la présence de Peter Cushing y apporte à nouveau un cachet d'authenticité et de magnétisme, de par ses ambitions mystiques engendrant des revirements dramatiques parmi la présence d'un diabolique hypnotiseur porté sur l'alcool. Cushing soulevant le film du poids de ses épaules avec le charisme dandy qu'on lui connait quand bien même les seconds-rôles suscitent une modestie très attachante (tant auprès de l'assistant en herbe, de l'hypnotiseur sans vergogne que de la sauvageonne mutique).


En prime, pour pimenter le récit plutôt prévisible, un antagoniste (que le baron sollicita afin de réveiller sa créature en berne) y injecte une rigueur dramatique (à mi-parcours) par le biais de stratégies liées à l'hypnotisme. A savoir, manipuler le monstre à moult reprises à sa guise cupide et criminelle, notamment pour se venger du baron en proie à une sinistre réputation. Peter Woodthorpe s'avérant très convaincant dans la peau du maître chanteur cupide et déloyal, voir même libidineux (il tente sans vergogne de violer la sauvageonne). Bien que certaines facilités prêtent parfois à sourire lors de sa dernière partie plus cinétique (le baron et son adjoint parfois absents du château ne prêtent pas assez d'attention au comportement suspicieux de l'hypnotiseur après avoir été communément conscients de sa fourberie), l'Empreinte de Frankenstein parvient pour autant à nous impliquer tête baissée dans son sombre récit, notamment grâce à la présence du monstre nanti d'un masque argileux aussi repoussant que détonnant. Souvent décrié par les critiques par cette apparence risible, le monstre me parait à mon sens toutefois baroque, voir même quelque peu fascinant, singulier dans sa condition d'estropié inconséquent sévèrement soumis par son créateur mégalo et surtout par un hypnotiseur beaucoup plus délétère que le baron. Freddie Francis renouant notamment avec le climat empathique/romanesque des deux volets de la Universal (ceux de Whale) lors d'une dernière demi-heure misant l'accent sur l'action à répétition et le désespoir de la créature pourvue d'intentions suicidaires (et ce sans sombrer dans le ridicule).


Savoureux divertissement mené sans temps morts avec un savoir-faire infaillible, sans compter l'esthétisme chère à la Hammer, l'Empreinte de Frankenstein parvient louablement à exploiter une intrigue connue sous l'égide du monstre sacré Peter Cushing (ici moins brutal et plus empathique car sujet à l'injustice d'accusations fallacieuses engendrées par l'hypnotiseur) entouré d'aimables seconds-rôles d'un humanisme tolérant (et ce afin d'appuyer le caractère tragique du monstre proscrit pour un hommage bisseux à la Universal). On ne s'en lasse pas depuis sa diffusion sur TV6 un Dimanche soir symbolique pour ma part. 

*Bruno 
27.01.24. 5èx