lundi 31 octobre 2016

The descent, Part 2

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Jon Harris. 2009. Angleterre. 1h34. Avec Shauna Macdonald, Natalie Mendoza, Gavan O'Herlihy, Anna Skellern, Krysten Cummings, Joshua Dallas.

Sortie salles France: 14 Octobre 2009. Angleterre: 2 Décembre 2009

FILMOGRAPHIE: Jon Harris (né le 11 juillet 1967 à Sheffield en Angleterre) est un monteur et réalisateur britannique. 2009: The Descent 2.


4 ans après le succès public et critique de The Descent, Jon Harris, monteur de son modèle, entreprend pour la première fois de sa carrière de passer derrière la caméra avec The Descent, Part 2.
Pour info subsidiaire, le pitch de cette nouvelle mouture s'inspire du final alternatif US. 

Synopsis:  Devenue amnésique, Sarah accepte à nouveau de retourner dans la grotte depuis l'espoir des secouristes à retrouver d'éventuels rescapés. Mais les créatures aussi sanguinaires restent à l'affût du moindre intrus.

Reprenant à peu de choses près le même schéma narratif qu'au préalable (stratégies de survie d'une équipe de secouristes contre les agressions récursives des "Crawlers"), cette séquelle parvient pourtant à se démarquer de la routine sans excès de zèle. De par le savoir-technique d'une réalisation un peu mieux maîtrisée que son modèle (les confrontations barbares entre assaillants et victimes s'avérant cette fois-ci plus lisibles), la spontanéité des comédiens habités par la pugnacité (avec toujours cette louable louange pour la cause féminine) et quelques idées retorses renforçant en prime en dernière partie une intensité dramatique inopinément poignante.


Si bien qu'en empruntant les thèmes de la bravoure, de la rédemption et du sacrifice, Jon Harris développe intelligemment la relation divergente de deux personnages à nouveau mis à l'épreuve dans leurs sentiments contradictoires de courage, de loyauté et de solidarité. Et si une ou deux invraisemblances et certaines facilités (l'idée saugrenue des menottes pour empêcher une protagoniste de fuir) nuisent un tantinet à la crédibilité de situations (en suspens), l'énergie toujours plus épique des péripéties ainsi que ses habiles rebondissements traduisent une intensité barbare n'ayant point à rougir de son modèle. Qui plus est, exploitant à nouveau avec attention la scénographie crépusculaire de sa grotte tentaculaire, Jon Harris relance efficacement l'action des enjeux belliqueux vers des directions familières parfois inexplorées parmi l'appui d'un nouvel allié somme toute farouche. Et comme le veut la loi traditionnelle des séquelles à succès, cette seconde partie préconise la surenchère dans son lot de pugilats aussi homériques que teigneux (nullement gratuits !) si bien que le gore craspec s'avère généreux en diable entre deux jump scares tétanisants. Et à ce niveau furibond on est toujours plus comblés par le déchainement de violence primale qui en découle.


Sous couvert de série B ludique honorablement réalisée et menée avec assez de tempérament pour à nouveau compromettre de plein fouet le spectateur dans des situations d'autant plus connues, The Descent 2 ne déçoit nullement en optant le parti-pris d'une esbroufe belliqueuse une nouvelle fois abrupte et en y développant intelligemment l'étude caractérielle, Spoil ! principalement au niveau de deux emblèmes féminins fin du Spoil. Le tout en éludant une seconde fois le fameux happy-end de circonstance qui risque de faire grincer des dents le spectateur le plus vulnérable. Formidable séquelle donc n'omettant qui plus est jamais l'émotion auprès de son intensité dramatique en crescendo, à voir absolument. 

*
Bruno
25.11.23. 
3èx. Vostfr. 


                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Neil Marshall. 2005. Angleterre. 1h40. Avec Shauna Macdonald, Natalie Mendoza, Alex Reid, Saskia Mulder, MyAnna Buring, Nora-Jane Noone

Sortie salles France: 12 Octobre 2005. U.S: Angleterre: 8 Juillet 2005

FILMOGRAPHIENeil Marshall, né le 25 mai 1970 à Newcastle upon Tyne en Angleterre au Royaume-Uni, est un réalisateur, scénariste, monteur et producteur britannique.
2002: Dog Soldiers. 2005: The Descent. 2008: Doomsday. 2010: Centurion.


Considéré aujourd'hui comme une référence des années 2000, The Descent n'a pas usurpé sa réputation de modèle du survival horrifique alors qu'il s'agissait de la seconde réalisation du British Neil MarshallA la suite d'un accident routier qui aura valu la perte de son époux et de sa fille, Sarah décide un an plus tard de se réunir avec ses amies le temps d'un week-end afin d'y explorer pour une première fois une grotte. Alors que les difficultés s'amoncellent au fil de leur parcours semée d'embûches, une menace beaucoup plus létale va les emmener droit en enfer ! A partir d'un concept original de claustration plus vraie que nature (même si l'unité de la grotte avait déjà été traité dans le très Bis Le Monstre Attaque), le cinéaste est parvenu à allier oppression et terreur avec un hyper réalisme à couper au rasoir si bien que nos nerfs seront mis à rude épreuve ! Sur ce point, la première partie fustigeant l'épreuve physique de nos alpinistes rampant hardiment dans les conduits et escaladant les parois rocheuses nous provoque déjà un sentiment viscéral d'insécurité à perdre haleine !


Dédié à la cause féminine, notamment afin de mettre en exergue l'endurance et la résilience de ces héroïnes en herbe, le cinéaste s'est entouré du charisme sauvage et sensuel de comédiennes au caractère bien trempé. Nous sommes donc ici aux antipodes de la potiche décervelée traditionnellement coursée par le tueur sans vergogne ! A travers leurs rapports de force parfois en contradiction, Marshall a l'habileté d'y inclure une transfuge au sein du groupe si bien que sa lâcheté quelque peu équivoque nous provoque une certaine empathie si je me réfère à son courage primal lorsqu'elle affronte sauvagement les créatures (les "Crawls" aura décidé de les nommer Marschall). Par le biais de leur caractère bien distinct ou résistance morale et bravoure physique trépignent d'audace malgré leur effroi de trépasser, The Descent développe une intensité dramatique perpétuellement rigoureuse au fil d'un cheminement de survie jusqu'au-boutiste ! Le cinéaste recourant à une violence graphique d'une brutalité inouïe afin de renchérir dans l'ultra réalisme acéré, quand bien même il n'hésitera jamais à sacrifier ses héroïnes les plus téméraires ! Exploitant à merveille chaque recoin et chambres des grottes à l'instar d'un dédale sans repères, Marschall en extirpe une éprouvante épreuve de survie sous l'impulsion d'une spartiate aux confins de la folie.


Un ticket pour l'enfer dans les entrailles d'une grotte sans échappatoire !
Fort d'un climat de claustration aussi irrespirable que belliqueux n'accordant aucun répit à ces victimesNeil Marshall est parvenu à renouer avec une horreur irascible, digne héritière des pellicules insalubres des Seventies, pour décupler la terreur pure. C'est sans compter sur la vigueur démunie des comédiennes criantes d'animosité dans leur parcours sanguinaire contre la menace insidieuse que The Descent nous agrippe à la gorge sous l'impulsion fragile du magnifique thème (à la fois lourd et élégiaque !) de David Julyan. Un classique incontournable. 

3èx


vendredi 28 octobre 2016

ABIMES

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Below" de David Twohy. 2002. U.S.A. 1h45. Avec Holt McCallany, Bruce Greenwood, Matthew Davis, Olivia Williams, Scott Foley, Zach Galifianakis, Jason Flemyng, Dexter Fletcher, Nick Chinlund, Andrew Howard.

Sortie salles France: 30 Juillet 2003. U.S: 11 Octobre 2002

FILMOGRAPHIEDavid Twohy est un réalisateur et scénariste américain, né le 18 octobre 1955 à Los Angeles (États-Unis). 1992 : Timescape. 1996 : The Arrival. 2000 : Pitch Black. 2002 : Abîmes.
2004 : Les Chroniques de Riddick. 2009 : Escapade fatale. 2013 : Riddick.


Par le réalisateur des sympathiques Timescape / The Arrival et des excellents Pitch Black et sa suite les Chroniques de Riddick, Abîmes explore très efficacement l'unité de lieu du huis-clos marin sous l'impulsion de péripéties et rebondissements redoutablement haletants. Les séquences homériques redoublant d'intensité grâce à la faculté du réal à exploiter les corridors du sous-marin avec souci du détail technique et d'immersion vertigineuse ! D'un réalisme à toutes épreuves, David Twohy s'est même permis d'utiliser un véritable sous-marin de la Seconde Guerre mondiale (l'USS Silversides !) afin de renforcer le caractère crédible des situations au sein de son décorum aussi longuet qu'étroit.


Alors que le sous-marin USS Tiger Shark vient de repêcher à son bord trois rescapés britanniques, un destroyer allemand les ciblent à l'aide de grenades anti-sous-marines. Depuis cet incident ayant causé quelques dommages matériels, d'étranges évènements intentent à la tranquillité de l'équipage au point que ces derniers insinuent une cause surnaturelle. Leur ancien capitaine ayant été préalablement tué lors d'une circonstance accidentelle restée en suspens, certains des membres agitent le remord de n'avoir pu le secourir quand bien même d'autres préfèrent taire leur secret. A travers ce pitch simpliste mais efficient embrayant en seconde partie sur une investigation en ascension, Abîmes recourt à un Fantastique éthéré comme le souligne les rares apparitions fantomatiques que certains passagers croient entrevoir. Dosant habilement l'action des revirements par le biais d'incidents techniques meurtriers, Abîmes imprime d'autant mieux un climat anxiogène aussi inquiétant que palpitant à travers le pilier solidaire de personnages discrédités par la paranoïa. Sur ce point, on peut saluer la distribution solide composée d'acteurs de seconde zone au charisme viril quand bien même Olivia Williams tente d'amadouer la clientèle machiste avec une spontanéité vaillante. Si le caractère prévisible de sa révélation finale n'apporte pas vraiment de surprise quant à l'identité du coupable et de ses éventuels complices, sa réalisation toujours aussi appliquée et les évènements dramatiques en crescendo perdurent dans la tension parmi une vénéneuse aura d'angoisse.


Fort d'une réalisation classieuse exploitant à merveille le cadre claustro d'un sous-marin de toutes les peurs et dangers, Abîmes symbolise la série B intelligente par excellence, notamment dans sa faculté retorse de provoquer l'angoisse parmi l'art de suggestion, de manière à nous faire constamment douter de l'irrationalité des évènements. 

mercredi 26 octobre 2016

SING STREET

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site leblogtvnews.com

de John Garney. 2016. Irlande. 1h46. Avec Ferdia Walsh-Peelo, Aidan Gillen, Jack Reynor, Maria Doyle Kennedy, Lucy Boynton, Kelly Thornton, Kyle Bradley Donaldson

Sortie salles France: 26 Octobre 2016. Irlande: 17 Mars 2016

FILMOGRAPHIE: John Carney, né en 1972 à Dublin, est un réalisateur et scénariste irlandais de films pour le cinéma et la télévision. 1996 : November Afternoon. 1999 : Park. 2001 : La Vie à la folie. 2006 : Once. 2006 : Bachelors Walk Christmas Special (téléfilm). 2009 : Zonad. 2012 : The Rafters. 2013 : New York Melody. 2016 : Sing Street (également producteur).


Révélé par l'excellent Once, comédie musicale romantique taillée dans la pudeur, John Carney renoue avec ces trois genres dans Sing Street, et au final de nous offrir un conte de fée aussi sémillant que tendre lorsqu'un ado décide de former un groupe (les Sing Street !) afin de conquérir sa dulcinée. Plaçant le cadre de son action dans le Dublin des années 80, Sing Street constitue également un hommage passionnel envers cette décennie marquée par l'avènement du video-clip outre-atlantique et de la starisation de groupes baroques comme pouvaient l'incarner The Cure (look gothico-psychédélique, coiffure arachnéenne, fard au visage, liner aux yeux, rouge à lèvre) et Duran Duran (style autrement efféminée et clips sexy provocateurs). C'est d'ailleurs à travers ses stars notoires que le jeune Conor et ses musiciens comptent s'identifier afin d'aviver la modernité de la pop rock et de la New-Wave, et ce en dépit de l'homophobie régnante chez le corps enseignant et dans la cour du lycée.


Par leur initiation mélomane et leur ambition de bricoler des video-clips en camescope Vhs, Sing Street dégage une poésie galvanisante où nostalgie et féerie s'harmonisent en toute simplicité. Sous la fougue attendrissante de comédiens pleins de charme et de naturel, Sing Street se laisse gagner par une sensibilité prude en perpétuelle ascension si bien que l'on est partagé entre sourires et larmes sans pouvoir régir nos émotions ! Tant pour les séances de concert extrêmement stimulantes dans leur sonorité entraînante parmi la foule en liesse que pour les relations amicales et sentimentales que se partagent Conor avec ses acolytes, son frère et sa compagne. Au-delà de cette fureur de liberté et de la passion du premier émoi romantique que les acteurs extériorisent sans racolage sentimental, John Carney en profite notamment pour égratigner le conservatisme religieux depuis que notre héros est envoyé dans un établissement catholique emminemment drastique. A ce titre, outre sa fulgurance enjouée, la dernière séquence musicale s'avère redoutablement jouissive pour son pied de nez conféré à la caste religieuse. En combinant tous ces thèmes sociaux au sein de l'époque sacro-sainte des eighties en innovation musicale (principalement la new-wave et la nouvelle vague du pop-rock anglais), le réalisateur parvient à cristalliser une intrigue simple fondée sur le ressort des sentiments et l'ardent désir de se libérer du conformisme. Là encore, l'ultime séquence anthologique inscrite dans une rédemption libertaire et amoureuse insuffle une acuité incontrôlée dans son alliage d'émotions contradictoires (expressions de joie et de tendresse nous convergeant irrésistiblement au vertige des larmes !).


Bain de jouvence pour sa métaphore impartie à l'affranchissement, à la volonté de la réussite et à l'anticonformisme, Sing Street transfigure la comédie musicale avec un atout de séduction aussi puissant qu'inexplicable (on peut d'ailleurs évoquer la locution précieuse "magie du cinéma" !). Tant pour le rythme entêtant de ses tubes en sédition que de la bonhomie des comédiens surprenants de tempérance dans leur caractérisation rebelle et humaniste. Un anti-dépresseur tenant presque du miracle quant à sa simplicité narrative et à l'exploitation retorse de ses clichés pour l'un des meilleurs films de l'année 2016. 

Dédicace à Pascal Frezzato

mardi 25 octobre 2016

THE DESCENT

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Neil Marshall. 2005. Angleterre. 1h40. Avec Shauna Macdonald, Natalie Mendoza, Alex Reid, Saskia Mulder, MyAnna Buring, Nora-Jane Noone

Sortie salles France: 12 Octobre 2005. U.S: Angleterre: 8 Juillet 2005

FILMOGRAPHIENeil Marshall, né le 25 mai 1970 à Newcastle upon Tyne en Angleterre au Royaume-Uni, est un réalisateur, scénariste, monteur et producteur britannique.
2002: Dog Soldiers. 2005: The Descent. 2008: Doomsday. 2010: Centurion.


Considéré aujourd'hui comme une référence des années 2000, The Descent n'a pas usurpé sa réputation de modèle du survival horrifique alors qu'il s'agissait de la seconde réalisation du British Neil Marshall. A la suite d'un accident routier qui aura valu la perte de son époux et de sa fille, Sarah décide un an plus tard de se réunir avec ses amies le temps d'un week-end afin d'y explorer pour une première fois une grotte. Alors que les difficultés s'amoncellent au fil de leur parcours semée d'embûches, une menace beaucoup plus létale va les emmener droit en enfer ! A partir d'un concept original de claustration plus vraie que nature (même si l'unité de la grotte avait déjà été traité dans le très Bis Le Monstre Attaque), le cinéaste est parvenu à allier oppression et terreur avec un hyper réalisme à couper au rasoir si bien que nos nerfs seront mis à rude épreuve ! Sur ce point, la première partie fustigeant l'épreuve physique de nos alpinistes rampant hardiment dans les conduits et escaladant les parois rocheuses nous provoque déjà un sentiment viscéral d'insécurité à perdre haleine !


Dédié à la cause féminine, notamment afin de mettre en exergue l'endurance et la résilience de ces héroïnes en herbe, le cinéaste s'est entouré du charisme sauvage et sensuel de comédiennes au caractère bien trempé. Nous sommes donc ici aux antipodes de la potiche décervelée traditionnellement coursée par le tueur sans vergogne ! A travers leurs rapports de force parfois en contradiction, Marshall a l'habileté d'y inclure une transfuge au sein du groupe si bien que sa lâcheté quelque peu équivoque nous provoque une certaine empathie si je me réfère à son courage primal lorsqu'elle affronte sauvagement les créatures (les "Crawls" aura décidé de les nommer Marschall). Par le biais de leur caractère bien distinct ou résistance morale et bravoure physique trépignent d'audace malgré leur effroi de trépasser, The Descent développe une intensité dramatique perpétuellement rigoureuse au fil d'un cheminement de survie jusqu'au-boutiste ! Le cinéaste recourant à une violence graphique d'une brutalité inouïe afin de renchérir dans l'ultra réalisme acéré, quand bien même il n'hésitera jamais à sacrifier ses héroïnes les plus téméraires ! Exploitant à merveille chaque recoin et chambres des grottes à l'instar d'un dédale sans repères, Marschall en extirpe une éprouvante épreuve de survie sous l'impulsion d'une spartiate aux confins de la folie.


Un ticket pour l'enfer dans les entrailles d'une grotte sans échappatoire !
Fort d'un climat de claustration aussi irrespirable que belliqueux n'accordant aucun répit à ces victimes, Neil Marshall est parvenu à renouer avec une horreur irascible, digne héritière des pellicules insalubres des Seventies, pour décupler la terreur pure. C'est sans compter sur la vigueur démunie des comédiennes criantes d'animosité dans leur parcours sanguinaire contre la menace insidieuse que The Descent nous agrippe à la gorge sous l'impulsion fragile du magnifique thème (à la fois lourd et élégiaque !) de David Julyan. Un classique incontournable. 

3èx

lundi 24 octobre 2016

METALSTORM - La tempête d'acier

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

"Metalstorm: The Destruction of Jared-Syn" de Charles Band. 1983. U.S.A. 1h24. Avec Jeffrey Byron, Michael Preston, Tim Thomerson, Kelly Preston, Richard Moll, R. David Smith, Larry Pennell.

Sortie salles U.S: 19 Aout 1983

FILMOGRAPHIECharles Band est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 27 décembre 1951 à Los Angeles, en Californie (États-Unis).1973 : Last Foxtrot in Burbank. 1977 : Crash! 1982 : Parasite. 1983 : Metalstorm. 1984 : Trancers. 1985 : The Dungeonmaster. 1986 : L'Alchimiste. 1990 : Crash and Burn (vidéo). 1990 : Meridian : Le Baiser de la Bête (vidéo). 1991 : Trancers II. 1992 : Doctor Mordrid. 1993 : Prehysteria!. 1993 : Dollman vs. Demonic Toys (vidéo). 1996 : Le Cerveau de la famille . 1997 : Mystery Monsters. 1997 : Hideous! 1997 : The Creeps. 1999 : Blood Dolls. 2000 : NoAngels.com (vidéo). 2002 : Pulse Pounders. 2002 : Full Moon Fright Night (série TV). 2003 : Puppet Master: The Legacy (vidéo). 2004 : Dr. Moreau's House of Pain (vidéo). 2005 : Decadent Evil (vidéo). 2005 : Doll Graveyard. 2005 : The Gingerdead Man. 2006 : Petrified (vidéo). 2006 : Evil Bong. 2007 : Ghost Poker . 2007 : Decadent Evil II (vidéo). 2011 : Killer Eye: Halloween Haunt.


Sorti en pleine vogue du post-nuke initié par le succès notoire de Mad Max 2, Metalstorm porte la signature de Charles Band, aimable faiseur (et producteur prolifique) de série B et Z bien connues des amateurs bisseux. Tourné à l'époque en 3D (procédé anaglyphe avec ses lunettes à filtres colorés !), ce nanar inspiré notamment de Star Wars (poursuites aériennes en vaisseau spatial, armes de combat à rayons laser) et de la Fantasy (émergence clairsemée de créatures mythologiques) ne brille pas par son originalité à empiler sans modération nombre de clichés pillés chez les classiques du genre. Pâtissant d'un scénario puéril (un ranger tente d'endiguer les exactions du dictateur Jared-Syn détenteur d'un cristal aux étranges pouvoirs), Charles Band compte uniquement sur la vigueur des combats, poursuites et cascades automobiles maladroitement exécutés pour divertir un spectateur amusé de sa facture parodique. Fort d'un casting cabotin dont le héros mad-maxien (blouson "Perfecto", regard azur perçant à l'appui) s'avère inexpressif dans un surjeu présomptueux, Metalstorm parvient miraculeusement à éveiller notre intérêt dans son panel de péripéties timidement homériques et redondantes (attaques, contre-attaques entre rivaux jusqu'au fameux point de rendez-vous) que notre duo héroïque amorce avec un charisme hilarant. En dépit du côté fauché de l'entreprise (FX et maquillages approximatifs, costumes et décors ringards, score épique pillant le thème de "Brian May"), ce nanar au rabais séduit donc grâce à la sincérité du réalisateur à tenter d'émuler ses classiques avec une générosité attachante. Et ce, malgré le caractère répétitif de l'action (corps à corps musclés, "cache-cache" de courses automobiles !) souvent localisée dans le cadre naturel de plaines rocheuses et carrières désaffectées.  


Avec indulgence et nostalgie, Metalstorm devrait encore divertir l'inconditionnel du post-nuke gentiment amusé par cet ersatz ricain, digne héritier des productions Z transalpines ayant emprunté la même démarche de singer George Miller avec une maladresse impayable.

vendredi 21 octobre 2016

LA FIANCEE DE FRANKENSTEIN

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

"Bride of Frankenstein" de James Whale. 1935. U.S.A. 1h15. Avec Boris Karloff, Colin Clive, Valerie Hobson, Ernest Thesiger, Elsa Lanchester, Gavin Gordon, Douglas Walton, Una O'Connor.

Sortie salles France: 7 Juin 1935. U.S: 22 Avril 1935

FILMOGRAPHIE: James Whale est un réalisateur américain, né le 22 Juillet 1889 à Dudley en Angleterre, décédé le 29 Mai 1957 à Hollywood, Los Angeles.
1930 : La Fin du voyage (Journey's End). 1930 : Les Anges de l'enfer. 1931 : Waterloo Bridge.
1931 : Frankenstein. 1932 : Impatient Maiden. 1932 : Une soirée étrange (The Old Dark House)
1933 : The Kiss Before the Mirror. 1933 : The Invisible Man. 1933 : By Candlelight. 1934 : One More River. 1935 : La Fiancée de Frankenstein (Bride of Frankenstein). 1935 : Remember Last Night. 1936 : Show Boat. 1937 : The Road Back. 1937 : Le Grand Garrick (The Great Garrick)
1938 : Port of Seven Seas. 1938 : Sinners in Paradise. 1938 : Wives Under Suspicion. 1939 : L'Homme au masque de fer (The Man in the Iron Mask). 1940 : L'Enfer vert (Green Hell). 1941 : They Dare Not Love. 1942 : Personnel Placement in the Army. 1950 : Hello Out There.


Suite mythique s'il en est réalisée 4 ans après son modèle, La Fiancée de Frankenstein repose sur un rythme plus vigoureux que son prédécesseur dans son florilège de péripéties alertes que le monstre affronte au fil d'une traque nocturne avec des villageois rancuniers. Durant sa course échevelée à travers bois, séduit par la douce mélodie d'un violoncelle, il s'arrête à proximité d'une chaumière pour y rencontrer un aveugle qui lui inculquera la valeur de l'amitié, la grammaire et les plaisirs culinaires. C'est à cet instant propice que le monstre va parvenir à distinguer le bien du mal et connaître la fraternité (tenter de sauver son compagnon) lorsque deux villageois feront irruption dans le foyer pour tenter de l'assassiner ! Nanti d'une mise en scène plus maîtrisée et renouant avec un esthétisme gothico-onirique (sa nature crépusculaire et ses arbres décharnés sublimant le cadre sépulcral d'une nécropole, son château baroque richement décoré), La Fiancée de Frankenstein transfigure le destin du monstre sous le pilier d'un apprentissage humaniste. En quête d'une main secourable et d'affection, ce dernier se laisse gagner par ses émotions (larmes en sus !) à l'écoute d'une tendre mélodie et en la présence rassurante de l'aveugle tout aussi esseulé que lui. Ces derniers s'identifiant communément dans leur situation démunie, faute du poids de leur solitude et de l'égoïsme de l'homme n'accordant aucun crédit aux laissés-pour-compte.


Parmi leurs moments intimistes et quelques autres rencontres impromptues que le monstre tentera timidement d'aborder, l'intrigue imprime également une certaine légèreté cocasse afin de détendre l'atmosphère (d'épouvante). Nous sommes donc loin de la vigueur dramatique imposée dans son modèle si bien que James Whales désamorce parfois l'horreur (et la violence) des situations parmi l'extravagance de certains personnages volontairement outranciers (la servante du château de Frankenstein souvent irritante dans ses hystéries colériques ou horrifiées). C'est donc sur le principe du divertissement mené tambour battant que James Whale compte nous captiver tout en évoquant intelligemment une leçon d'amitié, d'indulgence et d'amour. Ce qui nous amène au point d'orgue anthologique lorsque le monstre, impatient de rencontrer sa muse, va prendre conscience du cynisme de l'homme (et à nouveau distinguer le bien du mal) qu'incarne symboliquement Pretorius dans ses ambitions mégalos (Ernest Thesiger, parfait d'expressivité impassible dans une stature longiligne !). Ce dernier redoublant de machiavélisme à duper et impressionner ses adversaires pour parvenir à ses fins utopiques (notamment lorsqu'il dévoile ses dons d'alchimiste au Dr Frankenstein en lui arborant des humains miniaturisés ! - FX renversants de réalisme à l'appui ! -). Quant à l'apparition exubérante de "la fiancée", Elsa Lanchester volerait presque la vedette au monstre sacré Boris Karloff tant ses expressions furibondes (symbolisant une sorte de volatile indomptable !) bâties sur l'instinct d'appréhension nous foudroie du regard dans sa panique viscérale !


Pour qu'un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s'y rejoignent dès le premier instant.
Si à mon sens La Fiancée de Frankenstein ne possède ni l'effet de surprise (l'émoi des 1ères expériences de Frankenstein) et ni l'intensité dramatique de son modèle, sa mise en scène plus affûtée, la puissance de ces images picturales ou baroques, l'interprétation toujours aussi magnétique de Boris Karloff et la présence iconique d'Elsa Lanchester contribuent malgré tout à immortaliser ce second opus. Poème mélancolique sur l'impossible quête amoureuse d'un monstre infortuné, faute de notre intolérance, de notre condescendance, de notre autocratie et de notre indifférence à l'anormalité.

Dédicace à Isabelle Paillard.
B-M (16/03/11 - 21/10/16 (63 v)
                                                          FRANKENSTEIN

                                             
                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site luxedb.com

de James Whale. 1931. U.S.A. 1h11. Avec Boris Karloff, Colin Clive, Mae Clarke, John Boles, Edward Van Sloan, Dwight Frye.

Sortie salles France: 17 Mars 1932. U.S: 21 Novembre 1931

FILMOGRAPHIE: James Whale est un réalisateur américain, né le 22 Juillet 1889 à Dudley en Angleterre, décédé le 29 Mai 1957 à Hollywood, Los Angeles.
1930 : La Fin du voyage (Journey's End). 1930 : Les Anges de l'enfer. 1931 : Waterloo Bridge.
1931 : Frankenstein. 1932 : Impatient Maiden. 1932 : Une soirée étrange (The Old Dark House)
1933 : The Kiss Before the Mirror. 1933 : The Invisible Man. 1933 : By Candlelight. 1934 : One More River. 1935 : La Fiancée de Frankenstein (Bride of Frankenstein). 1935 : Remember Last Night. 1936 : Show Boat. 1937 : The Road Back. 1937 : Le Grand Garrick (The Great Garrick)
1938 : Port of Seven Seas. 1938 : Sinners in Paradise. 1938 : Wives Under Suspicion. 1939 : L'Homme au masque de fer (The Man in the Iron Mask). 1940 : L'Enfer vert (Green Hell). 1941 : They Dare Not Love. 1942 : Personnel Placement in the Army. 1950 : Hello Out There.


"On dit souvent que la Fiancée de Frankenstein est un meilleur film, mais il y a quelque chose de pur par rapport à l'original. C'est comme explorer un territoire où l'homme n'est jamais allé. L'austérité de la mise en scène et l'absence de musique en font une expérience très onirique. Bien sûr, l'artificialité du film est très prononcée, avec ces studios visibles et une direction artistique évidente, mais je vois une pureté romantique dans son approche de l'horreur. Et bien sûr, la performance de Karloff est phénoménale. Je pense qu'il s'agit de la meilleure version de Frankenstein, même s'il en existe des plus opulentes et des plus complexes. C'est amusant, pendant longtemps, La Fiancée de Frankenstein a été mon épisode favori. Les goûts évoluent, et j'ai fini par embrasser la simplicité de l'original." Joe Dante.

Film mythique s'il en est, inaugurant l'âge d'or de la Universal et tous ces monstres qui prendront le relais, Frankenstein reste le chef-d'oeuvre incontournable du genre sachant qu'aucun cinéaste ni comédien notoire n'ont réussi à le surpasser 80 ans après sa sortie ! Exception faite peut-être avec la série Penny Dreadful transcendant avec souci de réalisme l'intense dramaturgie de la créature réduite au désarroi de la solitude ! Outre l'idée singulière empruntée au roman de Mary Shelley, c'est à dire créer un être vivant à partir de morceaux de corps humains récupérés sur les cadavres de sépulture, Frankenstein puise sa force d'évocation dans l'interprétation de Boris Karloff épaulée des maquillages de Jack Pierce. Pourvu d'une taille imposante, d'une démarche hésitante, d'un front carré et d'un regard abattu, l'acteur se fond dans la carrure du monstre avec une intensité troublante par ses expressions de terreur ou de compassion.


Sur ce dernier point, personne ne peut oublier la séquence intime qui voit le monstre batifoler avec une fillette avant qu'un drame inéluctable ne vienne ternir leur relation amicale. Spoiler ! Persuadé qu'elle puisse flotter à la manière des nénuphars de l'étang, il s'empressera de la jeter dans l'eau sans connaître les conséquences tragiques d'un acte aussi inconscient. Fin du Spoiler. La force dramatique du récit émane justement de sa caractérisation en quête identitaire et de paternité car ne sachant différencier le Bien du Mal depuis sa brutale résurrection. Qui plus est, avec le cerveau d'un ancien criminel, la créature extériorise des pulsions de haine face à l'autorité de l'homme incapable de comprendre son désarroi dans sa position martyrisée ! A travers sa condition d'estropié par la mégalomanie du savant (Colin Clive semble littéralement habité par la folie dans son regard monolithique !), James Whale aborde le sens de la responsabilité parentale et celui de l'éducation lorsque l'innocence se retrouve destituée de soutien et de personnalité. Spoiler ! Pourchassé par les villageois comme un vulgaire criminel depuis la découverte macabre de la fillette, il s'enfuit désespérément dans la forêt, tel un enfant apeuré par la folie vindicative, avant de trouver refuge dans un moulin rapidement incendié. Fin du Spoiler.


Oeuvre charnière pour le genre horrifique, Frankenstein puise sa densité dans l'originalité d'un pitch mettant en exergue la dimension humaine d'une créature livrée à l'intolérance et l'instinct violent de l'homme. Baignant dans un noir et blanc aux éclairages crépusculaires et entièrement dénué de musique, la forme adopte une ambiance baroque que la prestance exceptionnelle de Karloff va renforcer avec symbolisme. 

mercredi 19 octobre 2016

LE TRIANGLE DU DIABLE


"Satan's Triangle" de Sutton Roley. 1974. U.S.A. 1h11. Avec Kim Novak, Doug McClure, Michael Conrad, Alejandro Rey, Ed Lauter

Diffusion TV U.S: 14 Janvier 1975. France: 4 Février 1979 et Novembre 1975 (un mardi soir à 20h30)

FILMOGRAPHIE: Sutton Roley est un réalisateur américain né le 19 Octobre 1922 en Pennsylvanie, USA, décédé le 3 Mars 2007 en Virginie. 1968: How to Steal the World. 1971: Sweet, Sweet Rachel (Télé-film). 1972: The Loners. 1973: Snatched (télé-film). 1974: Chosen Survivors. 1975: Le Triangle du Diable (télé-film).


Intro:                                                         Souvenir d'enfance.
Pour l'anecdote extravagante (et ce n'est nullement un canular !), c'est le seul film de ma vie de cinéphile m'ayant provoqué une RÉELLE hallucination lorsque, à la fin de la séance, je me dirigeais dans ma cuisine en y rencontrant mon père ! C'est à cet instant que j'ai subitement entrevu le visage du personnage du curé à la place de sa trogne !!! (une substitution irréelle matérialisée sous mes yeux !). Je me suis soudainement senti évasif, car psychologiquement en apesanteur face à l'étrangeté de cette vision perturbante ! Depuis cet incident unique gravé dans mon encéphale, je n'ai jamais osé l'avouer à mes parents...

Le Dimanche 4 Février 1979 (4 ans après sa 1ère programmation française) est diffusé à 18h10 sur la chaîne TF1 le télé-film Le Triangle du diable. Faute de sa projection à heure de grande écoute dans un cadre dominical, une génération de spectateurs en sort traumatisé ! (pour preuve avec mes propres aveux précités !). 42 ans plus tard, grâce à sa résurrection commerciale en Dvd (version remasteurisée svp !), je m'empresse de revoir ce classique horrifique sur mon écran 16/9 !



Pour rappel de l'intrigue, 2 gardes-côtes sont enrôlés afin de porter secours aux navigateurs d'un voilier. Sur place, alors que l'un d'eux descend sur les lieux, celui-ci découvre plusieurs cadavres disséminés à l'intérieur et en externe du bateau alors que leur mort porterait à croire qu'elle serait accidentelle. Au dernier moment, le sauveteur découvre une survivante dans la cale, Eva. Après un nouvel incident empêchant le garde-côte de remonter à bord de l'hélicoptère, il est contraint de passer la nuit avec la charmante inconnue en attendant la résurgence de son coéquipier le lendemain matin. Profondément secouée, cette dernière finit par lui expliquer les circonstances tragiques de son équipage après qu'ils eurent repêcher à bord un rescapé en soutane. 


Ce pitch alléchant réalisé par un spécialiste de séries TV parvient efficacement à nous tenir en haleine par le biais d'épisodes accidentels inquiétants ! A l'instar du corps d'une victime retrouvée dans la cale et flottant inexplicablement dans les airs, Spoil ! du regard féminin inopinément effrayant (je sous-entend le prologue mais aussi l'épilogue !) fin du Spoil ou de la croix d'un pendentif subitement disparue ! Soigneusement réalisé pour une production télévisuelle (notamment au niveau du montage où évènements du présent et du passé se télescopent sans coupure !), Le Triangle du Diable exploite le huis-clos maritime par le biais d'une ambiance anxiogène sensiblement diaphane. A l'instar de l'arrivée fortuite du prêtre surgit de nulle part et de son climat subitement tempétueux que les protagonistes s'efforcent de déjouer afin d'éviter le naufrage. Sur ce point, la réalisation parvient assez habilement à semer l'inquiétude par le biais d'une structure narrative combinant les mythes du triangle des Bermudes et du pouvoir du Diable. Sous l'impulsion d'une sobre distribution irréprochable, le Triangle du Diable n'a pas de peine à nous convaincre des divergences morales et conflits d'intérêt compromis entre la dynamique de groupe. Quand bien même le garde-côte attentif aux réminiscences d'Eva s'efforce de trouver une explication plausible à ces préalables incidents meurtriers causés en pleine bourrasque. Instaurant un suspense assez bien troussé au fil d'un cheminement machiavélique opposant surnaturel et plausibilité, le Triangle du Diable culmine son ambiguïté vers un dernier acte littéralement affolant ! Un twist final remarquablement pensé dans sa gestion d'une tension oppressante et son effet de surprise que son montage nerveux renchérit habilement sans grand-guignol !


Classique télévisuel resté dans toutes les mémoires d'une génération collapsée, Le Triangle du Diable préserve sa dimension cauchemardesque par l'entremise d'une distribution implacable et d'un climat ombrageux quelque peu dépressif. Quant à la teneur diabolique de son épilogue, il continue de hanter les spectateurs (à échelle moindre quand on a évidemment atteint la maturité !) lors d'un jeu de regards viciés terriblement dérangeants ! 

        LE SECOND TRAUMATISME TELEVISUEL DES                                                       ANNEES 70 !

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Moviecovers.com

de Jerry Thorpe. 1977. U.S.A. 1h15. Avec James Farentino, Joan Hackett, Claudette Nevins, Eugene Roche, Harrison Ford, Ann Dusenberry.

Diffusion TV, U.S: 1er Mai 1977

FILMOGRAPHIEJerry Thorpe est un réalisateur et producteur américain, né en 1926.
1957: Minuit sur le grand canal. 1968: Le Jour des Apaches. 1970: Company of Killers (télé-film). 1970: Dial Hot Line (télé-film). 1971: Lock, Stock and Barrel (télé-film). 1971: Crosscurrent (télé-film). 1972: Kung-Fu (télé-film). 1974: Smile, Jenny, You're Dead (télé-film). 1975: Antonio and the Mayor (télé-film). 1976: The Dark side of Innocence (télé-film). 1976: Laissez moi mon enfant (télé-film). 1977: Yesterday's Child (télé-film). 1977: Les Envoûtés (télé-film). 1978: The Lazarus Syndrome (télé-film). 1978: Stickin'Together (télé-film). 1978: A Question of Love (télé-film). 1979: Heaven Only Knows (télé-film). 1980: Le Noir et le Blanc (télé-film). 1983: Happy Endings (télé-film). 1986: La Fleur Ensanglantée (télé-film).


Télé-film des années 70 découvert chez nous un mardi soir dans le cadre des "Dossiers de l'Ecran", Les Envoutés traumatisa toute une génération de spectateurs impressionnés par le caractère réaliste de son thème satanique, à l'instar de son climax inoubliable faisant office de moment de trouille dérangeant. Sans doute influencé par l'Exorciste et toute la vague de films démoniaques qui suivront (La Malédiction pour citer le plus illustre), Jerry Thorpe nous relate ici la descente aux enfers de lycéennes prises à parti avec des phénomènes surnaturels. Celui de la combustion spontanée s'emparant sans raison de leurs corps pour les brûler vif ! D'une durée écourtée d'1h10, les Envoutés sous-entend une réflexion sur l'existence du Mal à travers le parcours équivoque d'un ancien prêtre délibéré à s'expier une conduite après avoir offensé Dieu. Dès lors, ressuscité d'un accident mortel, sa mission est de venir en aide aux témoins de l'emprise du diable. Ce qui l'amène à s'orienter vers un lycée exclusivement féminin à laquelle de graves incidents sont dépêchés par la direction. 


Hormis sa facture télévisuelle, Jerry Thorpe réussit avec une certaine efficacité à entretenir un suspense sous-jacent parmi les vicissitudes qui ébranlent la tranquillité des pensionnaires tout en insufflant une atmosphère diabolique par le biais de l'emprise du feu. Renforcé d'une bande-son inquiétante, la manière insidieuse dont les flammes se propagent sur le mobilier ou sur le corps enseignant provoquent un sentiment malsain, sachant qu'à plus d'une reprise, la victime ciblée se retrouve embrigadée dans une pièce verrouillée de l'intérieur ! Epaulé de comédiennes fort convaincantes dans leur rôle d'enseignantes contrariées ou de lycéennes apeurées, Les Envoutés est également dominé par le jeu énigmatique de James Farentino dans celui de Kevin Leahy, le prêtre déchu revenu de l'au-delà. Dessapé de sa soutane et d'insigne religieux (il ne croit qu'à l'existence du Mal avouera t'il à l'une des enseignantes !), il est pourtant résigné à combattre et se sacrifier pour sauver les proies innocentes des forces du Diable. Enfin, on reconnaîtra dans un second rôle l'apparition du débutant Harrison Ford dans celui d'un enseignant épris d'amour pour une jeune lycéenne. Si le récit oh combien inquiétant n'exploite pas complètement le potentiel de son sujet car empruntant les raccourcis (faute notamment d'une durée écourtée !), il est suffisamment bien conduit pour distiller une angoisse latente au fil d'une intrigue toujours plus ombrageuse que Kevin Leahy tente de démystifier. Ce qui nous conduit à son point d'orgue révélateur ayant tant traumatisé les cinéphiles de l'époque lors de cette confrontation du prêtre et de la directrice réfugiés à proximité d'une piscine ! En victime ensorcelée exprimant râles inquiétants, rictus mesquin et regard pervers, l'actrice Joan Hackett réussit à provoquer l'effroi dans sa posture cynique de possédée. Aujourd'hui encore, son apparence "envoûtée" (mais dépouillée de maquillage grand-guignolesque) nous provoque une répulsion viscérale réellement dérangeante au point de renouveler nos cauchemars nocturnes. 


En tant que film issu de la télévision, Les Envoutés reste l'une des rares réussites à avoir sur distiller avec sensibilité une angoisse malsaine plutôt dérangeante, à l'instar de son épilogue fétide resté dans les mémoires des téléspectateurs ! Une pépite à redécouvrir donc car tellement plus honorable et convaincante que la globalité des vulgaires ersatz ayant tenté d'émuler l'Exorciste et consorts

mardi 18 octobre 2016

CAPTAIN FANTASTIC. Prix de la Mise en scène, Cannes 2016.

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site comingsoon.net

de Matt Ross. 2016. U.S.A. 1h59. Avec Viggo Mortensen, George MacKay, Samantha Isler, Annalise Basso, Nicholas Hamilton, Shree Crooks, Charlie Shotwell.

Sortie salles France: 12 Octobre 2016. U.S: 29 Juillet 2016

FILMOGRAPHIEMatt Ross est un réalisateur, scénariste et acteur américain né le 3 janvier 1970 à Greenwich, Connecticut (États-Unis). 2012 : 28 Hotel Rooms. 2016 : Captain Fantastic.


Hymne à la vie et à l'enseignement dans leur richesse épurée, cantique à l'amour de l'écologie, réflexion spirituelle remettant en cause les préceptes divins, Captain Fantastic constitue un moment de cinéma en apesanteur. De par son intensité émotionnelle fulgurante illustrée sans fard ni fioriture et sa philosophie existentielle rejetant les profits du capitalisme et du consumérisme. Ou comment un père en guerre contre le système décide de le fuir pour s'exiler dans une nature sauvage en éduquant rigoureusement ses enfants dans une doctrine métaphysique. Alternant les épreuves cérébrales et missions physiques, ces derniers encourent parfois certains risques lorsqu'il s'agit par exemple d'escalader une montagne ou de chasser le chevreuil à l'aide de poignards affûtés. Spoil ! Mais à la suite du décès de son épouse et du chantage de son beau-père, Ben va devoir remettre en cause l'éthique de son éducation paternelle après avoir pris conscience de sa culpabilité morale. Fin du Spoil.


Manifeste contre le totalitarisme et l'esclavagisme de nos sociétés modernes auquel le citoyen se morfond toujours un peu plus dans le caprice du matérialisme, Captain Fantastic renoue avec le lyrisme d'un cinéma porteur de messages en ces temps sinistrés où caste religieuse et intolérance de la différence éloignent les citoyens au lieu de les rassembler. A travers le portrait hétérodoxe d'une famille de Robinsons coexistants en harmonie dans les notions d'amour, de passion, de partage et de respect, Matt Ross dépeint leur étude caractérielle parmi l'ambiguïté du père en berne. Sous l'impulsion de cette figure paternelle soucieuse d'élever ses enfants dans une philosophie primale, le cinéaste aborde les dangers du rigorisme, faute d'une pédagogie axée sur les principes de la lecture et du sport extrême, notamment afin de mieux les préparer à la cruauté de l'injustice et de la mort. Magistralement interprété par un Viggo Mortensen plein de maturité, celui-ci insuffle une vibrante émotion dans sa posture hippie adepte du bouddhisme perpétrant autour de ses rejetons l'amour et le respect de l'autre. En beau-père nanti réfutant la marginalité et la subversion, Frank Langella lui dispute la vedette avec une impériosité aussi intolérante que finalement lucide quant aux révélations de l'intrigue. Époustouflants de naturel et d'extravagance, chacun des enfants illumine l'écran de leur présence à la fois candide et mature où la cohésion familiale s'avère le maître mot de leur raison d'obtempérer.


"Le bonheur dépend de l'attitude envers la vie et de la confiance intérieure"
Grand moment de cinéma destiné à réveiller les consciences si bien que nous sommes tous concernés par notre conditionnement esclavagiste des sociétés modernes, Captain Fantastic ne cesse de mettre en lumière les effets bénéfiques d'une idéologie fondée sur l'éveil de soi même (une sagesse personnelle sans l'utopie du Dieu créateur !) plutôt que de se laisser aveugler par la pollution du consumérisme. D'une (rare) intensité bouleversante par son onirisme prude et son climat naturaliste terriblement évocateur, Captain Fantastic enivre les sens, laisse en état de choc pour nous rappeler les valeurs essentielles de la prospérité: passion et amour existentiels ! 

Récompenses:
Festival de Cannes 2016: catégorie Un Certain Regard, Prix de la mise en scène
Festival international du film de Seattle : Golden Space Needle du meilleur film.
Festival du cinéma américain de Deauville 2016: en compétition, Prix du jury et Prix du public

lundi 17 octobre 2016

DON'T BREATHE

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site nerdly.co.uk

de Fede Alvarez. 2016. U.S.A. 1h28. Avec Stephen Lang, Jane Levy, Dylan Minnette, Daniel Zovatto, Franciska Töröcsik

Sortie salles France: 5 Octobre 2016. U.S: 26 Août 2016

FILMOGRAPHIE: Fede Alvarez est un réalisateur uruguayen, né le 9 Février 1978 à Montevideo.
2009: Ataque de Panico (court-métrage). 2013: Evil-Dead. 2016: Don't Breathe.


Avec son second long-métrage, Fede Alvarez confirme tout le bien que l'on pensait de lui après nous avoir déjà ébranlé avec son excellent remake Evil-dead ! Car à partir d'un pitch élémentaire (de jeunes cambrioleurs s'introduisent par effraction chez un particulier), Don't Breathe joue la carte du suspense oppressant en renversant subitement les rôles ! De par le brio de sa mise en scène exploitant à merveille l'unité de lieu du foyer domestique réduit en chausse-trappe (et en champ de bataille !) et la performance viscérale d'acteurs spontanés dans leur fonction victimisée depuis la menace d'un ange de la mort aussi finaud qu'inébranlable. Là où l'intrigue frappe juste et imprime un cachet d'originalité, c'est dans la caractérisation de cet ancien vétéran d'Irak (Stephen Lang, impressionnant de charisme démoniaque avec sa voix gutturale !) aujourd'hui atteint de cécité et profondément traumatisé par la mort accidentelle de sa fille. Ce dernier se taillant une carrure d'exterminateur vindicatif avec une sagacité et une vélocité terrifiantes !


Car en confondant les rôles de victimes/bourreau incessamment ballottées entre eux, Fede Alvarez conçoit une sorte de train fantôme sardonique si bien que les nombreux rebondissements qui empiètent le cheminement de survie de nos anti-héros nous scotchent à notre siège de la première à la dernière minute ! Tendu en diable, notamment sous le pilier d'un climat nocturne feutré et le mutisme des situations d'extrême d'urgence (les victimes contraintes d'endiguer leur respiration depuis la présence tangible de l'aveugle), Don't Breathe renoue avec un cinéma brut de décoffrage sous le prisme du thriller adulte d'une rare cruauté ! C'est également à mon sens l'une des grandes qualités du métrage que de n'invoquer aucune concession aux victimes pourchassées et molestées depuis leur intrusion illégale chez un particulier terriblement rancunier ! Avec son ambiance d'angoisse palpable, Don't Breathe halète notre stress avec l'intelligence de relancer l'action dans des directions jamais prévisibles si bien que nous nous acheminons de surprises en surprises jusqu'au générique de fin ! (à une ou deux facilités près Spoiler ! pour le sort perfide d'une des victimes et la facture increvable du tortionnaire fin du Spoiler).


Sous couvert de divertissement commercial déjà couronné de succès (140 millions de dollars de recettes dans le monde contre un budget de 9 900 000 $ alors qu'il débute son exploitation en salles !), Fede Alvarez manipule le genre au 1er degré afin de transfigurer un thriller acerbe sous l'impulsion d'un suspense à couper au rasoir ! Sans faire preuve de racolage et grâce à ces situations censées alternant bravoures stoïques des victimes et de leur bourreau, Don't Breathe nous plaque au siège avec le réalisme d'une vigueur dramatique en chute libre. Une excellente surprise.

vendredi 14 octobre 2016

RAMBO 3

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Peter MacDonald. 1988. U.S.A. 1h41. Avec Sylvester Stallone, Richard Crenna, Marc de Jonge, Kurtwood Smith, Spýros Fokás, Sasson Gabai

Sortie salles France: 26 Octobre 1988. U.S: 25 Mai 1988

FILMOGRAPHIE: Peter MacDonald est un réalisateur, producteur de cinéma, cadreur et directeur de la photographie britannique, né à Londres. 1988: Rambo 3. 1992 : Mo' Money.
1994: L'Histoire sans fin 3: Retour à Fantasia. 1997: Supply & Demand. 1998: Légionnaire. 2000: The Extreme Adventures of Super Dave (Vidéo). 2001: L'Empire du roi-singe


Trois ans après la séquelle pétaradante Rambo 2, la mission, c'est au novice Peter MacDonad qu'incombe la tâche de prendre la relève avec un 3è opus aussi fun et encore plus débridé que son prédécesseur. Rambo 3 misant autant sur l'action improbable d'une violence belliqueuse lorsque notre (super-)héros se charge de délivrer le colonel Trautman des griffes des soviets depuis l'échec d'une mission en Afghanistan. Pourvu d'un budget encore plus élevé que son homologue (62 000 000 $ contre 44 000 000 $), Rambo 3 joue plein pot la carte du divertissement décomplexé dans son lot de bravoures explosives quasi ininterrompues si bien que John Rambo est contraint de tenter une seconde fois de libérer son acolyte Trautman afin de décupler les prises de risques inconsidérées. Fort d'une distribution cabotine n'hésitant pas à caricaturer leur fonction héroïque ou torve (Stallone compris puisque jouant les super-héros avec une aimable mine de chien battu !), Rambo 3 imprime une ambiance surréaliste afin de dynamiter le genre guerrier pour peu que l'on sache apprivoiser le spectacle au second degré.


Si l'aventure belliciste traversée de séquences homériques (la fameuse charge des moudjahidines en plein désert nous remémore le souffle épique de Lauwrence d'Arabie !) s'avère aussi creuse dans sa narration éculée (sorte de contrefaçon de Rambo 2, la Mission, les otages américains étant ici substitués par un unique prisonnier, le colonel Trautman), Rambo 3 détonne par sa générosité insolente et l'énergie de sa mise en scène (montage retors à l'appui). Rondement mené donc et adoptant un esprit bande-dessinée assumé comme le souligne la verve de ses dialogues pittoresques ainsi que la décontraction davantage prononcée de notre duo d'héros engagés au front, Rambo 3 parvient à nous impliquer dans l'action improbable avec un savoir-faire qu'on ne retrouve plus chez les Blockbuster numérisés. C'est simple, à partir du moment où John Rambo intervient en filature dans le camp soviet afin de libérer Trautman durant la nuit, les séquences d'actions s'enchaînent sans répit tout en se renouvelant par le biais de stratégies à risques que Rambo entreprend à pied, en hélicoptère ou encore à bord d'un tank. Les paysages d'Asie centrale superbement filmés assurant notamment le dépaysement si bien que le réalisateur diversifie ses décors désertiques et rocailleux au fil de stratégies d'attaques que Rambo planifie avec un héroïsme surhumain.


Inévitablement naïf pour l'échange des confrontations musclées que se disputent nos héros indestructibles et narrativement rachitique par son impression de déjà vu, Rambo 3 parvient pourtant fougueusement à divertir dans sa pyrotechnie ostentatoire où le surréalisme se mêle au délire le plus fun comme le souligne son point d'orgue anthologique ! Dominé par un Stallone cabotin mais oh combien attachant dans sa fonction iconique de super-héros, ce (second) plaisir coupable est à réhabiliter si bien qu'il semble encore plus pétulant qu'à l'époque de sa sortie !  

B-M


de Ted Kotcheff. 1982. U.S.A. 1h33. Avec Sylvester Stallone, Richard Crenna, Brian Dennehy, Bill McKinney, Jack Starrett, Michael Talbott, Chris Mulkey, John Mc Liam, Alf Humhreys, David Caruso.

Sortie en salles en France le 2 Mars 1983, U.S.A: 31 Octobre 1982.

FILMOGRAPHIETed Kotcheff est un réalisateur, producteur, acteur et scénariste canadien d'origine bulgare, né le 7 avril 1931 à Toronto (Canada).
1974: l'Apprentissage de Duddy Kravitz, 1978: La Grande Cuisine, 1982: Rambo, 1983: Retour vers l'Enfer, 1988: Scoop, 1989: Winter People, Week-end at Bernie's, 1992: Folks !

                                          

Réalisateur touche à tout, Ted Kotcheff explose le box-office en 1982 avec un film d'action révolutionnaire mettant en scène un vétéran du Vietnam de retour dans son pays mais rejeté par sa société. Le phénomène Rambo est né et son personnage iconique interprété par un Stallone en pleine ascension (la même année sort Rocky 3 !) va influencer un nombre incalculable d'ersatz à travers le monde. Retour sur un modèle du film d'action aussi jouissif et trépidant que sa première sortie officialisée 30 ans au préalable, le 31 Octobre 1982 ! John Rambo est un ancien béret vert de retour dans son pays après avoir combattu la guerre du Vietnam. Sur le sol américain, l'homme gratifié d'une médaille d'honneur est pris à parti avec un flic irascible et raciste. La tension entre les deux hommes va rapidement s'envenimer à tel point que le shérif décide de l'appréhender pour vagabondage et port illégal d'arme blanche. Au commissariat, après avoir été battu et maltraité, John Rambo parvient à s'échapper de ses assaillants pour prendre la fuite à moto en direction de la forêt montagneuse. Une chasse à l'homme est sommairement engagée !

                               

Quand on revoit 30 ans plus tard pour la énième fois cet illustre film d'action, on se rend compte à quel point ses mécaniques de suspense, de tension et d'action échevelée étaient coordonnées à leur paroxysme. Parce que Rambo constitue un concentré d'émotions fortes, de par son rythme vigoureux d'une efficacité optimale. En y combinant l'aventure, le film de guerre, le survival, l'action et l'analyse sociale, Ted Kotcheff a trouvé la formule magique pour créer un nouvel archétype du divertissement moderne. En optant comme argument la difficile réinsertion des soldats du Vietnam de retour dans leur pays, le réalisateur livre une impitoyable chasse à l'homme, faute d'une Amérique hostile envers l'étranger, car réfutant les marginaux d'apparence interlope. Après un prologue jubilatoire pour les rapports conflictuels entamés entre un flic orgueilleux et notre briscard arrêté pour vagabondage, la première partie nous converge de plein fouet au sein d'un haletant survival. Une traque improbable auquel un fugitif devra user de subterfuge et traquenards belliqueux pour sauver sa peau contre une armée de 200 soldats lancés à ses trousses. La mise en scène impeccablement maîtrisée rivalise d'adresse et d'efficacité en terme de courses poursuites incessante à travers bois d'une forêt montagneuse, transcendant ainsi la sauvagerie de ses paysages dantesques lors d'un saut dans le vide anthologique ! John Rambo, sévèrement rebelle contre l'hypocrisie condescendante des flicards, renoue avec son instinct guerrier pour reproduire la même situation de guérilla dans son pays dit civilisé. Pièges artisanaux, cachettes et camouflages de guerre sont savamment façonnés par un soldat à nouveau en guerre contre sa propre patrie.
                                    
Ce fantasme viril de l'homme inéquitablement traqué contre une armée réussit ici le prodige de contourner ses invraisemblances parmi l'agencement de situations censées et la conviction de la prestance humainement fouillée de Sylvester Stallone. En outre, les séquences d'action rondement menées et techniquement bien orchestrées éludent habilement l'outrance dans lequel elles auraient pu facilement se vautrer. A contrario, les péripéties endiablées et cascades impondérables vont louablement servir le cheminement de l'histoire avant que ne culmine un règlement de compte pyrotechnique au sein d'une urbanisation réduite à feu et à sang. Pour le coup, la chasse à l'homme inverse les rôles lorsque notre héros échappé d'une mine désaffectée décide de mener une véritable guérilla urbaine au coeur de sa paisible bourgade. Ce baroud d'honneur survitaminé déploie généreusement des séquences explosives toujours aussi spectaculaires et intenses avant de nous émouvoir lors d'un épilogue particulièrement poignant si bien que Stallone extériorise tout son potentiel dramatique. Un moment intime assez bouleversant démontrant en un laps de temps les stigmates de l'horreur inhumaine de la guerre, du traumatisme et des séquelles irréversibles assénés aux soldats du front. En pourfendeur contre l'autorité intolérante de son pays (les flicards sont constamment ridiculisés dans leur machisme primaire et arrogance déloyale), Ted Kotcheff recourt à la sobriété pour débattre son réquisitoire contre l'abus de pouvoir, l'injustice et la haine de l'autre.

                                   
Phénomènes à part entière dans le domaine du cinéma d'action contemporain, Rambo, le film, et Stallone, l'acteur, auront définitivement marqué la décennie 80 en renouvelant l'actionner sous couvert d'étude sociale. Ultra efficace et spectaculaire, haletant en diable, intense et poignant , Rambo confine au chef-d'oeuvre sans jamais perdre de vue l'humanité déchue de son personnage emblème. Un héros chevronné moralement blessé par l'irrévérence de sa terre d'accueil n'ayant aucune révérence pour la bravoure de ces anciens combattants. 

B-M


de George Pan Cosmatos. 1985. U.S.A. 1h36. Avec Sylvester Stallone, Richard Crenna, Charles Napier, Steven Berkoff, Julia Nickson-Soul, Martin Kove, George Cheung, Andy Wood, William Ghent, Voyo Goric.

Sortie en salles en France le 16 Octobre 1985. U.S: 24 Mai 1985

FILMOGRAPHIEGeorge Pan Cosmatos était un réalisateur et scénariste grec né le 4 janvier 1941 à Florence (Toscane, Italie), mort le 19 Avril 2005 à Victoria (Colombie-Britannique, Canada) d'un cancer du poumon.
1977: Le Pont de Cassandra. 1979: Bons Baisers d'Athènes. 1983: Terreur à Domicile. 1985: Rambo 2, la Mission. 1986: Cobra. 1989: Leviathan. 1993: Tombstone. 1997: Haute Trahison


En 1982, Ted Kotcheff avait su renouveler le cinéma d'action avec Rambo, charge sociale illustrant avec beaucoup d'efficacité la difficile réinsertion des vétérans du Vietnam de retour au pays américain. En prime, la notoriété de l'acteur Sylvester Stallone déjà célébrée avec les 3 premiers Rocky va définitivement asseoir le personnage sur le trône de star mondiale. George Pan Cosmatos, habile artisan de la série B, prend cette fois-ci les reines de cette nouvelle mission axée sur l'action belliqueuse au sein d'une jungle vietnamienne ! Retenu en prison pour cinq ans de travaux forcés, John Rambo est rappelé par le colonel Trautman pour obtenir une éventuelle rémission judiciaire. Pour cela et en guise de preuve, il aura pour mission de prendre des clichés de prisonniers de guerre américains retenus en pleine jungle vietnamienne. Rambo décide contre l'autorité de son supérieur de ramener en vie un otage américain. Dépité, Murdock ordonne d'abroger la mission pour laisser notre héros seul contre les les viêt-công et les alliés russes. 
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Ted Kotcheff avait su nous divertir et émouvoir avec Rambo, modèle du film d'action contemporain exacerbé par le profil aigri d'un ancien vétéran du Vietnam débouté par sa propre patrie. En 1985, fort du succès mondial entrepris avec ce classique du survival musclé, George Pan Cosmatos et ses complices, James Cameron et Sylvester Stallone (attitrés au poste de scénaristes), entreprennent une suite entièrement conçue sur la surenchère guerrière. A titre anecdotique, c'est James Cameron qui écrivit d'abord une première version du scénario à résonance politique avant que Stallone ne le remanie en privilégiant l'action homérique. Le script originel avait d'ailleurs prévu que Trautman et Rambo se retrouvent en interne d'un hôpital psychiatrique et non dans une prison fédéral comme on peut le voir en préambule de l'oeuvre. Cette fois-ci, notre réalisateur déjà responsable d'un excellent film catastrophe (Le Pont de Cassandra) et d'une série B horrifique roublarde (Terreur à Domicile était un modèle d'efficacité) concentre la totalité de son intrigue dans un florilège de bravoures ultra spectaculaires perpétrées par notre (super) héros seul contre tous ! Tout ce qui avait fait jubiler les amateurs d'action débridée dans le dernier quart d'heure de Rambo (un condensé de destruction massive au coeur d'une bourgade ricaine) se retrouve ici condensé en 1h36 de péripéties haletantes et explosions héritées de l'univers de la BD.


D'une intrigue linéaire éludée de surprise (hormis le coup de trafalgard opté par Murdock contre Rambo), George Pan Cosmatos en tire donc un pur film d'action ludique et décérébré. Et cela même s'il fustige une nouvelle fois en toile de fond social son gouvernement américain fraudant des preuves sur l'existence de survivants américains, retenus en otage en pays hostile depuis leur détention au cours des seventies. S'ensuit à un rythme effréné une succession d'évènements trépidants auquel nos antagonistes déployés en masse vont tenter par tous les moyens de capturer Rambo, seul contre tous. Courses-poursuites à pied ou en hélico, mitraillages frénétiques ou coups de flèches destructeurs à embout explosif, torture à l'ancienne sous haut voltage et épuration de villages incendiés à grands coups de roquettes ! Cette fois-ci, notre héros indestructible réduit en machine à tuer est confiné en terrain connu pour s'engager à déclarer une guerre impitoyable contre les preneurs d'otages, tout en réclamant vengeance auprès de son gouvernement, faute d'un leader bureaucrate vénal. A ce titre, le règlement de compte opposant Murdock et Rambo dans le local bureautique s'avère un moment de bravoure orgasmique, de par l'intensité des coups de mitraillettes généreusement déchargées sur les archives administratives !


Handicapé par un scénario improbable multipliant à outrance les affrontements et prises de risques saugrenues, Rambo 2 la mission s'édifie en série B bourrine à l'efficacité certaine. Rondement mené sous le score épique de Jerry Goldsmith et dominé par l'icone virile d'un Stallone plus pugnace que jamais, le divertissement belliciste réussit par miracle à transcender ses lacunes dans une décontraction décérébrée.

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Note: le film restera dans l'histoire du box-office français, ayant été le premier film à passer la barre des 500 000 entrées en 1ère semaine d'exploitation (avec 510 096 entrée pour la capitale de Paris)

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site pixshark.com

de Sylvester Stallone. 2008. Allemagne/U.S.A. 1h31. Avec Sylvester Stallone, Julie Benz, Paul Schulze, Graham McTavish, Matthew Marsden, Reynaldo Gallegos.

Sortie salles France: 6 Février 2008. U.S: 25 Janvier 2008

FILMOGRAPHIESylvester Stallone est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 6 Juillet 1946 à New-York.
1978: La Taverne de l'Enfer. 1979: Rocky 2, la Revanche. 1982: Rocky 3, l'Oeil du Tigre. 1983: Staying Alive. 1985: Rocky 4. 2006: Rocky Balboa. 2008: John Rambo. 2010: Expendables: Unité Spéciale.


Après avoir brillamment clôturé la saga Rocky avec Rocky BalboaSylvester Stallone, acteur et cinéaste, décide d'en faire de même pour la trilogie Rambo, 20 ans après le semi-échec du 3è épisode. Renouant un peu avec l'état d'esprit du premier film pour la dimension humaniste du vétéran replié sur lui même (on le retrouve reclus en Thailande entrain de chasser les cobras pour les vendre à un dresseur), John Rambo s'engage tout de même à renouer avec la voie du spectacle homérique à grand renfort d'ultra-violence jusqu'au-boutiste. C'est bien simple, jamais un film de guerre n'était allé aussi loin dans la barbarie pour dénoncer les horreurs du pays le plus totalitaire au monde (la Birmanie reste en guerre depuis plus de 60 ans en dépit de l'indifférence des médias !) et pour nous divertir de scènes d'action décoiffantes à l'efficacité optimale. Un peu comme si Rambo 2, la mission s'était incidemment retrouvé la tête plongée dans une bassine de vitriol ! Exit donc la caricature d'une bande dessinée décérébrée apte à divertir son public de 7 à 77 ans, Stallone misant sur l'ultra réalisme d'un contexte de guerre animé par l'emprise de la folie et de la haine.


A l'instar des exactions crapuleuses (et parfois diaboliquement inventives) quotidiennement perpétrées par les soldats birmans sur une population précaire d'où aucun enfant n'est épargné (Stallone refusant même le hors-champs dans ses séquences les plus innommables !). Outre le caractère poignant des états d'âme torturés de Rambo à nouveau compromis par son sens du devoir à rempiler une mission à haut risque (sauver la vie d'un groupe de missionnaires religieux pris en otage dans un village), John Rambo assume le spectacle épique d'un film de guerre habité par la frénésie de la violence. Qu'elle soit purement gratuite du point de vue des soldats Birmans ou justifiée du côté des mercenaires héroïques notamment impliqués dans une cause de survie. Dans ce maelstrom d'images apocalyptiques d'où s'extrait une sauvagerie à l'instinct primitif (Rambo arrachant de ses mains la gorge d'un geôlier !), l'intrigue conjugue mission d'infiltration, stratégies d'attaques et de défense et survival de dernier ressort avec une vigueur imperturbable ! Son pouvoir de fascination, son réalisme immersif et son sens jouissif de l'action explosive étant notamment véhiculés par l'autorité iconique de notre baroudeur une fois de plus contraint de reprendre les armes pour se donner une raison d'exister (celle de sauver la vie de son équipe et des missionnaires, en particulier un couple religieux). Et par cette occasion quasi suicidaire retrouver son blason de héros face à la considération des survivants puis peut-être renouer avec sa paix intérieure.


Un spectacle monstrueux, à feu et à sang.
Pur divertissement d'action belliqueuse où les bravoures anthologiques se succèdent à une cadence effrénée, John Rambo réussit néanmoins à justifier sa barbarie graphique (corps déchiquetés, broyés, explosés, décapités, éventrés !) pour dénoncer le contexte historique de la dictature Birmane (le film reste chez eux officiellement interdit en salles et en video au risque d'encourir 10 ans de prison ou la perpétuité pour ceux qui en braveraient le règlement). Rehaussé du score intense de Brian Tyler et de la célèbre reprise de Jerry GoldmisthSylvester Stallone en profite pour redorer la stature écorchée de sa machine à tuer, à l'instar de son épilogue bouleversant auquel Rambo renoue avec la civilisation de sa patrie.

B-M