mardi 30 juillet 2019

Phénomènes

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Happening" de M. Night Shyamalan. 2008. U.S.A. 1h30. Avec Mark Wahlberg, Zooey Deschanel, John Leguizamo, Jeremy Strong, Frank Collison, Ashlyn Sanchez

Sortie salles France: 11 Juin 2008. U.S: 13 Juin 2008

FILMOGRAPHIE: M. Night Shyamalan est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine indienne, né le 6 Août 1970 à Pondichéry. 1992: Praying with Angers. 1998: Eveil à la vie. 1999: Sixième Sens. 2000: Incassable. 2002: Signs. 2004: Le Village. 2006: La Jeune fille de l'eau. 2008: Phenomènes. 2010: Le Dernier maître de l'air. 2013: After Earth. 2015: The Visit. 2017: Split. 2018: Glass.


« Si les abeilles venaient à disparaître de la surface du globe, l'homme n'aurait plus que quatre ans à vivre ».
Majoritairement décrié par la critique et le public à sa sortie, Phénomènes demeure une oeuvre aussi modeste que mineure au sein de l'inégale carrière de M. Night Shyamalan. Pour autant, de mon point de vue subjectif, ce récit envoûtant digne d'un épisode longiligne de la série TV La 4è Dimension  parvient à susciter un sentiment permanent d'inquiétude et d'appréhension. De par le savoir-faire de son auteur toujours aussi féru d'amour pour un fantastique éthéré puisque créant avec soin de saisissantes images insolites tantôt cauchemardesque. Notamment à travers le cadre écolo de sa nature verdâtre ballottée de temps à autre par la rigueur d'un vent feutré qu'il souligne brillamment avec art de suggestion. Qui plus est accompagné de la solide présence de Mark Wahlberg en professeur scientifique dérouté par un phénomène inexpliqué, l'acteur porte l'intrigue sur ses épaules de par son témoignage démuni d'assister à l'incompréhension de suicides de masse au moment même de se contrarier auprès de l'infidélité de son épouse lui ayant avoué un adultère durant leur fuite précipitée (sur ce dernier point on n'y croit pas trop, bien que Shyamalan ne s'attarde pas vraiment sur leur problème de couple). Et pour cause, depuis moins de 24 heures, les citadins de diverses contrées sont poussés par des actes suicidaires incontrôlés émanant d'une entité indicible.


Menace nucléaire, terrorisme ou encore plantes domestiques s'avérant les théories majeures de la populace et des spécialistes afin de justifier cet enchaînement de morts cruelles que M. Night Shyamalan nous illustre parfois avec un réalisme cru inhabituel de sa part (le quidam et ses bras dévorés par les lions, les maçons s'écrasant violemment un par un sur le sol du haut de leur chantier, la jeune fille s'égorgeant avec son pic à chignon). Les séquences chocs assez nombreuses faisant froid dans le dos dans l'art et la manière de s'infliger une mort souvent cruelle, voir parfois même singulière (le type se couchant dans l'herbe pour se laisser happer par une moissonneuse batteuse). Autant avouer que Phenomènes terrifie de façon aussi bien constante que sournoise lorsque nos héros toujours en nombre restreint s'efforcent de fuir la menace invisible en se confinant dans les huis-clos les plus clairsemés. Ainsi donc, le suspense à la fois lattent et autrement oppressant s'instaure sans difficulté au fil du cheminement de survie des survivants s'efforçant de trouver une logique rationnel à ce qu'il leur arrive, quand bien même les plus lâches d'entre eux joueront les individualistes avec parfois une pulsion de justice expéditive. Shyamalan privilégiant au final à travers cette énigme occulte la revanche de dame nature contre l'insolence de l'homme exploitant sans vergogne toutes ses ressources naturelles en guise de cupidité.


Série B ludique intelligemment menée et dirigée en dépit de son absence de rebondissements et de son épilogue irrésolu (un parti-pris couillu que nombre de spectateurs n'ont sans doute pu digérer), Phénomènes captive et inquiète à la fois afin de nous alerter sur la précarité de l'écologie (notamment ce message avertisseur de réchauffement climatique enseigné en prologue par le professeur à ses élèves) sévèrement malmenée par le plus véreux des prédateurs: l'homme. Une oeuvre mineure certes, mais pleine de charme et d'humanisme fébrile dans sa facture intègre. 

*Bruno
2èx

Crocodile Dundee

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Peter Faiman. 1986. Australie. 1h39. Avec Paul Hogan, Linda Kozlowski, John Meillon, Mark Blum, David Gulpilil, Michael Lombard.

Sortie salles France; 4 Février 1987. U.S: 26 Septembre 1986

FILMOGRAPHIE: Peter Faiman est un réalisateur, scénariste et producteur australien. 1991: Sacré sale gosse. 1986 Crocodile Dundee. 1984 Culture Club: Live in Sydney (TV Movie).  1978-1984 The Paul Hogan Show (TV Series) (3 episodes). - Stung (1984) - Alternative Olympics (1978) - Family Picnic (1978).  1982 The Don Lane Show (TV Series) (1 episode) - Épisode datant du 20 mai 1982 (1982).  1973 Ted Hamilton and Johnny Farnham, Together Again for the Very First Time (TV Movie). 1971 Behind the Fridge (TV Movie)


Un bon moment de détente à réserver toutefois à la génération 80.
Enorme succès international si bien qu'il récolte chez nous 5 887 982 entrées pour se positionner à la 1ère place du box-office, Crocodile Dundee est une comédie familiale gentiment déjantée eu égard de la posture désinhibée du rôle titre que Paul Hogan incarne avec un charisme saillant, Celui-ci se fondant amicalement dans le corps d'un baroudeur australien élevé par les aborigènes et qui depuis s'est taillé une réputation incongrue de chasseur increvable de croco. Ainsi, une journaliste américaine décide de l'approcher afin de lui consacrer un reportage sur sa notable réputation. Ce qui donne lieu à un dépaysant périple à travers son bush australien magnifiquement photographié que le couple arpente avec une bonhomie amicale virant aux sentiments. Quand bien même Michael ("crocodile dundee") poursuit ses facéties auprès de l'étrangère dans sa manière archaïque de se livrer à la chasse primitive au croco et d'y exhiber ses pouvoirs mystiques (sur certains animaux), puis enfin dans ses us et coutumes érigés sur l'instinct de survie.


Sorte de variation moderne de Tarzan à New-York, Crocodile Dundee ne s'embarrasse d'aucune subtilité pour faire rire son public, notamment auprès de sa seconde partie implantée dans la cité Newyorkaise lorsque Michael tente naïvement de s'y adapter à travers sa posture excentrique (ça vire même un instant à l'homophobie si j'ose dire lorsqu'il ose attoucher sexuellement une transe pendant que son entourage se raille de sa méconnaissance et de sa gestuelle tactile !). Avec une désarmante simplicité donc, Peter Faiman nous offre une comédie bonnard sans prétention à travers le rôle taillé sur mesure de Paul J. Hogan plutôt attachant en tarzan inconséquent en proie à la découverte du monde contemporain peuplé de citadins incivilisés, névrosés, marginaux, droguées et embourgeoisés. Satire anti-capitaliste émaillée de gags le plus souvent gras, pour ne pas dire ultra naïfs ou infantiles (Michael s'affublant d'un déguisement de kangourou pour faire fuir des chasseurs), Crocodile Dundee s'avère inégal dans sa mécanique du rire familial. Si bien que les enfants éprouveront probablement beaucoup plus de plaisir que leurs parents à observer aujourd'hui l'inexpérience sociale de Michael s'adaptant peu à peu à une modernité envahissante où les rencontres amicales l'épauleront au gré d'un aimable effet de curiosité.


De par l'attachante complicité du couple sémillant Paul Hogan, Linda Kozlowski (qui plus est, sensuelle et sexy !), Crocodile Dundee peut encore créer son effet de surprise à travers son curieux cocktail d'humour, d'aventures, d'émotions et de tendresse, même si la plupart des gags ultra lights prêteront plutôt à sourire aujourd'hui, On apprécie enfin en guise de cerise sur le gâteau son intense épilogue à suspense aussi pittoresque qu'inventif afin d'y susciter une émotion prude inscrite dans la valeur des sentiments. 

*Bruno
4èx

lundi 29 juillet 2019

Assaut sur le Central 13

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Assault on Precinct 13" de Jean François Richet. 2005. U.S.A. 1h49. Avec Ethan Hawke, Laurence Fishburne, Gabriel Byrne, Maria Bello, Drea de Matteo, John Leguizamo, Brian Dennehy.

Sortie salles France: 2 Mars 2005 (Int - 12 ans). U.S: 19 Janvier 2005

FILMOGRAPHIE: Jean-François Richet est un réalisateur, producteur, scénariste, dialoguiste et monteur français, né le 2 juillet 1966 à Paris. 1995 : État des lieux. 1997 : Ma 6-T va crack-er. 2001 : De l'amour. 2005 : Assaut sur le central 13. 2008 : L'Instinct de mort. 2008 : L'Ennemi public n° 1. 2015 : Un moment d'égarement. 2016 : Blood Father. 2018 : L'Empereur de Paris.


Estampillé remake d'Assaut de Carpenter, j'opterai plus personnellement pour une intelligente déclinaison tant le réalisateur français Jean-François Richet se refuse à opérer la facilité du copié-collé, si bien qu'il n'y reprend ici que la situation de siège et la posture solidaire des flics / truands contraints de s'épauler afin de survivre le temps d'une nuit de cauchemar. Ainsi donc, durant plus d'1h48, Jean François Richet parvient remarquablement à réactualiser le modèle de Carpenter. De par sa gestion avisée de sa mise en scène à la fois inspirée et inventive (caméra virevoltante en sus) et le choix d'un cast super charismatique jusqu'aux moindres seconds-rôles (Ethan Hawke, Laurence Fishburne, Gabriel Byrne, Maria Bello, Drea de Matteo, John Leguizamo et Brian Dennehy s'affrontant communément avec une pugnacité à perdre haleine, notamment contre leur prise de bec contradictoire). Mais pas que, car avec un évident souci de vouloir bien faire sur toutes les coutures et ainsi contenter le spectateur du samedi soir (il s'agit résolument d'un format de série B ludique conçue sur l'efficacité d'un suspense exponentiel progressant au fil d'actions homériques), Richet s'épaule d'un scénario linéaire fertile en rebondissements et révélations fortuites pour relancer les gunfights. Notamment auprès de son final aussi épique qu'indécis délocalisant l'action du huis-clos auprès d'une scénographie externe. Richet prenant également soin d'exploiter la photogénie de son climat nocturne en insistant sur la violence réfrigérante d'une tempête de neige insatiable ressentie de l'extérieur.


Un parti-pris retors afin d'appuyer le sentiment d'impuissance et d'isolement vécu par nos héros en interne du commissariat, quand bien même ils redoubleront d'audaces et de remise en question afin de rester en vie et ainsi repousser une menace externe d'autant plus véreuse (nous n'avions pas à faire à une caste de truands séditieux comme ce fut le cas chez Carpenter). Ainsi donc, force est de constater qu'Assaut sur le central 13 déménage en diable à travers sa violence incisive pour autant jamais gratuite puisque tributaire de sa narration escarpée (là encore un bon point anti hollywoodien !). Richet n'hésitant pas à y inclure une dose d'intensité dramatique à travers certaines situations désespérées auprès de victimes démunies en proie au spectre de la mort. Et si l'aspect jouissif de ces scènes d'action pétaradantes terriblement expressives ne cessent de nous éprouver agréablement, on le doit notamment à ces détails fructueux à la fois sonores et visuels. Notamment auprès de la menace externe richement camouflée de par leur lourde artillerie et leur combinaison sophistiquée y incluant parfois une technologie à infra rouge. On peut enfin souligner à titre empathique la sobriété des comédiennes que forment Maria Bello et Drea de Matteo en cibles humaines davantage éprouvées mais pour autant appâtées par un héroïque instinct de survie. Quand bien même Ethan Hawke / Laurence Fishburne s'épaulent avec une solidarité payante en héros de la dernière chance contraints de s'unifier contre le danger tout en se suspectant mutuellement par leur éthique contraire.


Survival stoïque tour à tour haletant, intense et oppressant, Assaut sur le central 13 se taille une convaincante carrure artisanale afin d'exploiter sans effet de manche ni fioriture le cadre du western urbain à travers des postures précaires anti-manichéennes en proie à la remise en question, au doute et à la riposte. Étonnamment puissant et passionnant sur un air connu de siège anthologique, Assaut sur le central 13 n'existe que par lui même pour s'avérer autrement excitant et captivant à travers sa facture vintage d'actionner viril. A réhabiliter d'urgence. 

*Bruno
2èx

samedi 27 juillet 2019

Rebelles

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Allan Mauduit. 2019. France. 1h26. Avec Cécile de France, Audrey Lamy, Yolande Moreau, Simon Abkarian, Samuel Jouy, Béatrice Agenin, Patrick Ridremont.

Sortie salles France: 13 Mars 2019

FILMOGRAPHIEAllan Mauduit est un réalisateur et scénariste français.. 2008: Vilaine (co-réalisateur). 2019: Rebelles.


Comédie policière survoltée transcendée du trio explosif, Cécile de France / Audrey Lamy / Yolande Moreau, Rebelles ne nous laisse aucun répit à travers son cocktail de drôlerie et d'actions qu'Allan Mauduit retransmet sous influence Tarantinesque. Si bien que celui-ci parvient à accoupler une insolente comédie émaillée d'éclats de rire parmi les codes du pur polar dont l'intrigue ramifiée (car fertile en rebondissements fortuits et twist final) s'avère jouissive de bout en bout. Outre le côté ludique de cette aventure trépidante impeccablement dirigée d'après un cast terriblement expressif (qui plus est dénué de toute élocution théâtrale jusqu'aux seconds-rôles, rare pour ne pas le souligner !), on reste stupéfié par le brio de la mise en scène coordonnant pour le prouver des scènes d'action ou de violence étonnamment incisives. L'intrigue de Rebelles se condensant, sur fond de crise conjugale, familiale et du chômage, à une partie de cache-cache, une traque inlassable entre 3 prolétaires féministes, une pègre et un flic taiseux afin de s'approprier un juteux magot provenant d'un trafic de drogue entre la Belgique et l'Espagne.


Sorte de cartoon sarcastique où s'y confrontent ces 3 ouvrières contestataires contre des machistes impérieux, Rebelles tire-parti des caractérisations pugnaces de ces dernières explosant l'écran avec une force d'expression aussi bien décomplexée que perplexe. Allan Mauduit prenant soin d'injecter un certain réalisme aux situations spectaculaires et aux confrontations humaines à l'aide d'un parti-pris parfois sensiblement grave (notamment auprès des rapports houleux et conflits physiques entre Sandra et son père Simon, truand abusif à la main légère). Car il faut aussi par ailleurs soulever qu'Allan Mauduit parvient à travers son style déjanté à structurer un véritable suspense progressif quant au sort précaire de nos anti-héroïnes (jamais avares de réparties, de subterfuges et de feinte pour contrecarrer police et pègre) s'efforçant de préserver le magot avec une pugnacité davantage probante. Ces dernières évoluant en dent de scie vers un cheminement délétère davantage sanglant, intransigeant, pétaradant. Ce qui nous converge au final épique lors du règlement de compte trinaire, clin d'oeil évident au dénouement apocalyptique de True Romance (autre influence majeure chez son auteur).


Polar pour rire non dénué de violence à la fois râpeuse et cartoonesque (les beignes et coups de pelle dans la gueule font plutôt mal !), Rebelles n'a pas usurpé son prix à l'Alpe d'Huez tant son auteur (d'autant plus néophyte !) parvient à dynamiter les genres avec autant de circonspection que de brio technique. Outre l'attrait constamment jouissif de son intrigue policière désinhibée, on peut évidemment applaudir l'alchimie du trio solidaire Cécile de France / Audrey Lamy / Yolande Moreau se partageant la vedette avec une sémillante autonomie caractérielle. D'ailleurs, rien que pour ces 3 bouts de femmes profondément humaines, Rebelles vaut assurément le détour ! 

*Bruno

jeudi 25 juillet 2019

Les Fugitifs

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Francis Veber. 1986. France. 1h26. Avec Pierre Richard, Gérard Depardieu, Anaïs Bret, Jean Carmet, Maurice Barrier, Jean Benguigui.

Sortie salles France: 17 Décembre 1986

FILMOGRAPHIE: Francis Veber est un réalisateur, scénariste, dialoguiste et producteur français, né le 28 Juillet 1937 à Neuilly sur Seine. 1976: Le Jouet. 1981: La Chèvre. 1983: Les Compères. 1986: Les Fugitifs. 1989: Les 3 Fugitifs. 1992: Sur la corde raide. 1996: Le Jaguar. 1998: Le Dîner de con. 2000: Le Placard. 2002: Tais-toi ! 2006: La Doublure. 2008: L'Emmerdeur.


Classé 6è au box-office avec 4 496 827 entrées, Les Fugitifs renoue une 3è fois avec le succès grâce au trio gagnant Veber / Richard / Depardieu parvenant à hisser la comédie populaire à un niveau toujours aussi intègre. Pour ce faire, outre le duo d'acteurs impayables encore plus pétulants que dans les Compères, on peut toujours compter sur le savoir-faire de son metteur en scène épaulé d'une solide intrigue afin de rendre expansive une comédie endiablée regorgeant de quiproquos et rebondissements tous azimuts. Bref, il est donc impossible de s'ennuyer à travers ce jeu du gendarme et du voleur que Veber coordonne avec une inventivité en roue libre. Ainsi, à la suite d'un braquage raté, François Pignon parvient à s'évader parmi l'appui de son otage, Lucas. Un repris de justice venant de purger 5 ans de prison pour braquage de bijouterie. Or, au moment de sa prise d'otage externe, le commissaire Duroc sur le qui-vive s'imagine qu'il s'agit du nouveau subterfuge de Lucas à s'y victimiser auprès de son complice particulièrement empoté.


Dès lors, Pignon et Lucas sont contraints de faire équipe afin de déjouer les filatures et barrages policiers au moment même où Pignon tente de retrouver sa fille mutique à la suite du brutal décès de sa maman. L'alibi de son braquage étant de subvenir à ses besoins à la suite d'un chômage prolongé et du deuil conjugal. Beaucoup plus drôle que son congénère Les Compères, voir si hilarant par moments (notamment auprès de la participation amicale des seconds-rôles Jean Carmet en vétérinaire déficient, et Michel Blanc en praticien aviné); Les Fugitifs allie comme de coutume drôlerie et tendresse sous l'impulsion d'une intrigue policière savoureusement rocambolesque. Le duo plus fougueux qu'au préalable s'en donnant à coeur joie dans leur ressort comique à travers un florilège de situations saugrenues que Veber parvient à crédibiliser grâce à sa direction d'acteurs hors-pair. Bref, tout le monde y croit, aussi ubuesque et fantasque soit cette pétulante aventure ! Ainsi, si certaines invraisemblances font sourire (Pignon jouant la femme enceinte lors d'un barrage policier et face à la sobriété de médecins), Les Fugitifs y transcende ses menues outrances grâce à son climat euphorisant teinté de douce tendresse (les rapports fragiles qu'ils amorcent avec la petite souffreteuse Jeanne Pignon) et de solidarité amicale (leur mutuelle entraide davantage payante en dépit des prises de risques illégales).


Dernier volet d'une trilogie conçue sur le Buddy movie du duo Pignon / Lucas jouant les caractères contradictoires à travers des scénarios autonomes, les Fugitifs parvient à surpasser son antécédent homologue grâce à un scénario mieux charpenté et à la fertilité des gags huilés que Pierre Richard, Depardieu et quelques seconds-rôles renchérissent avec un enthousiasme plus fringant. 

*Bruno
2èx

mercredi 24 juillet 2019

Easy Rider. Prix de la Meilleure première œuvre, Cannes 69.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Dennis Hopper. 1969. U.S.A. 1h34. Avec Peter Fonda, Dennis Hopper, Jack Nicholson, Phil Spector, Mac Mashourian, Luke Askew.

Sortie salles France: 27 Juin 1969. U.S: 14 Juillet 1969

FILMOGRAPHIEDennis Hopper est un acteur, réalisateur, poète, peintre et photographe américain, né le 17 mai 1936 à Dodge City (Kansas) et mort le 29 mai 2010 à Los Angeles. 1969: Easy Rider. 1971: The Last Movie. 1980: Out of the Blue. 1988: Colors. 1990: Catchfire. 1990: Hot Spot. 1994 : Chasers. 2000 : Homeless (court métrage)


"C'est à partir de la mort que la réputation est jugée bonne ou mauvaise"
Film mythique s'il en est, de par son vibrant témoignage émis aux bikers, ou plus littéralement au mouvement hippie anti capitaliste apparu à l'orée des années 60, Easy Rider reste quelques décennies après sa sortie un puissant témoignage sur cette génération frondeuse contre culturelle. Première réalisation de Dennis Hopper inspirée par la nouvelle vague française, Easy Rider nous illustre avec souci documentaire le périple d'un duo de trafiquants de coke sillonnant campagnes et p'tites bourgades au sein d'une Amérique profonde gangrenée par l'ignorance et la peur de l'autre. Dans la mesure où celui-ci n'y va pas par 4 chemins pour y dénoncer une population rurale aussi bien xénophobe qu'homophobe rejetant illico tout ce qui diffère de leur conformité.


Hymne à la liberté, à la paresse et à la défonce, notamment auprès d'une séquence expérimentale (bad trip psychédélique que Dennis Hopper renchérit sur fond de hantise religieuse), Easy Rider prône l'amitié et la marginalité à travers ses bikers désenchantés car bien conscients que leur pays consumériste a soudainement viré de ton. Un état angoissé par la différence, subordonné aux préjugés de l'apparence auprès des postures primesautières d'une génération libertaire en proie à une remise en question à la fois existentielle et identitaire (notamment auprès du personnage de Peter Fonda  soudainement lucide de sa marginalité illégale). Car pointés du doigt, humiliés, insultés, jugés, molestés et incarcérés, ces derniers continuent de poursuivre leur trajet clairsemé à bord de choppers avec une décontraction teintée d'amertume. Ce qui nous vaudra une tragique conclusion au goût d'acétone afin d'appuyer le caractère grotesque, pathétique, de cette civilisation rétrograde consumée par le complexe d'infériorité, l'inculture et la justice expéditive.


Road movie contemplatif coordonné par un trio mythique d'itinérants (Dennis Hopper himlsef en motard inconséquent, Peter Fonda en acolyte plus responsable et la révélation Jack Nicholson crevant l'écran en alcoolo frétillant) sous l'impulsion d'une BO aussi légendaire, Easy Rider n'a rien perdu de sa rigueur sociale à la fois caustique et vitriolée pour y dénoncer une société autiste épeurée par sa propre ombre. 

*Bruno
3èx

mardi 23 juillet 2019

La Sagesse des Crocodiles. Prix Spécial du Jury, Gérardmer 98.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Wisdom of Crocodiles" de Po-Chih Leong. 1998. Angleterre. 1h28. Avec Jude Law, Elina Löwensohn, Timothy Spall, Jack Davenport, Colin Salmon, Hitler Wong.

Sortie salles France: 16 Août 2000. Angleterre: 27 Novembre 1998

FILMOGRAPHIEPo-Chih Leong est un réalisateur, scénariste, directeur de la photographie, acteur et producteur britannique né en 1939 à Londres (Royaume-Uni).1976 : Tiaohui. 1977 : Woo fook. 1979 : Shen tou miao tan shou duo duo. 1980 : You ni mei ni. 1981 : Long gan wei. 1982 : Ye jing hun. 1984 : Hong Kong 1941. 1984 : Ying lun pi pa. 1985 : Bu huo ying xiong. 1985 : Shengsi Xian. 1986 : Ping Pong. 1988 : Sha zhi lian. 1988 : Gai juk tiu mo. 1991 : Shang Hai yi jiu er ling. 1997 : Riding the Tiger: The Hong Kong Handover Years 1 (TV). 1998 : Riding the Tiger: The Hong Kong Handover Years 2 (TV). 1998 : La Sagesse des crocodiles. 2000 : Cabin by the Lake (TV). 2000 : The Darkling (TV). 2001 : Return to Cabin by the Lake (TV). 2001 : Walking Shadow (TV). 2001 : Wolf Lake (série TV). 2004 : Out of Reach (vidéo). 2006 : The Detonator.


Probablement l'un des meilleurs ovnis "indépendants" des années 90 !
Méconnu du public si je ne m'abuse, en dépit de son Prix Spécial décerné par le jury de Gérardmer, La Sagesse des Crocodiles constitue une oeuvre indépendante de premier choix tirant parti de la personnalité hétérodoxe de son auteur, Po-Chih Leong. Car résolument atypique puisque ne ressemblant à rien de connu à travers son thème réactualisé, son climat laconique ouaté et ses personnages indiscernables évoluant dans une cité urbaine feutrée (photo sépia à l'appui, histoire de renforcer son atmosphère rubigineuse); La Sagesse des Crocodiles transfigure le portrait d'un vampire mélancolique partagé entres ses pulsions meurtrières et son amour irrépressible pour l'être aimé. Le duo romantique superbement incarné par Jude Law (il incarne avec un trouble naturel un immortel moderne souffreteux en proie aux remises en question) et Elina Löwensohn (aussi ténue de sensualité que de fragilité démunie en maîtresse sacrifiée pour autant stoïque, pour ne pas dire héroïque) portant le film à bout de bras !


De par leur nonchalance et ambiguïté morales théorisant sur les valeurs du Bien et du Mal que chacun renferme de son empreinte identitaire. Anti manichéens donc, ses protagonistes tributaires de leurs qualités et défauts caractériels tentent de s'apprivoiser et de co-exister au gré d'une redoutable ambivalence sentimentale. Tant auprès de Anne lui reprochant de la palper trop fréquemment lors d'une saute d'humeur quotidienne que de Steven se nourrissant de l'amour de ses partenaires dans un désir égoïste de survie. L'intérêt majeur (et si captivant) du récit résidant dans l'évolution indécise de ceux-ci empruntant des directions sinueuses toujours improvisées ou aléatoires au risque d'égarer le spectateur à travers sa complexité idéologique sur la soif d'amour (que l'on consomme tel une nourriture) et sur la survie au lâche mépris d'y éradiquer les plus faibles.


Larmes de crocodile d'un cerveau reptilien.
Subtilement envoûtant, inquiétant et déroutant, notamment auprès des postures quelque peu extravagantes ou décalées des seconds-rôles (le flic bedonnant en filature, la bande orgueilleuse des délinquants) que des étreintes sentimentales que se partagent les amants maudits, la Sagesse des Crocodiles dégage une aura poétique davantage palpable et capiteuse au rythme pulsatile de ses coeurs sauvages en proie à leur condition terrestre aussi complexe qu'handicapante (notamment à travers leur difficulté commune de s'y oxygéner). Une excellente découverte résolument personnelle, entre intimisme, désespoir et fragilité, à réhabiliter d'urgence.

*Bruno
2èx

lundi 22 juillet 2019

Les Compères

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

de Francis Veber. 1983. France. 1h31. Avec Pierre Richard, Gérard Depardieu, Anny Duperey, Michel Aumont, Stéphane Bierry, Philippe Khorsand.

Sortie salles France: 23 Novembre 1983

FILMOGRAPHIE: Francis Veber est un réalisateur, scénariste, dialoguiste et producteur français, né le 28 Juillet 1937 à Neuilly sur Seine. 1976: Le Jouet. 1981: La Chèvre. 1983: Les Compères. 1986: Les Fugitifs. 1989: Les 3 Fugitifs. 1992: Sur la corde raide. 1996: Le Jaguar. 1998: Le Dîner de con. 2000: Le Placard. 2002: Tais-toi ! 2006: La Doublure. 2008: L'Emmerdeur.


On ne change pas une équipe qui gagne !
2 ans après l'immense succès tant mérité de La Chèvre, Francis Veber tente de renouer la même formule humour / tendresse avec les Compères sous l'égide du duo impayable Pierre Richard / Gérard Depardieu. Non pas qu'il s'agit d'une séquelle mais d'une forme de déclinaison aussi efficacement rocambolesque à travers l'escapade de ces derniers au tempérament contradictoire (l'un gaffeur et timoré, l'autre sévère et expéditif). Ainsi, ils auront comme mission de retrouver un ado en fugue depuis la requête de la maman, leur ancienne amie d'époque. Mais afin de mieux les inciter à accepter, elle finit par leur prétendre (indépendamment) qu'ils pourraient être les vrais pères de Tristan, ado rebelle en crise parentale auprès de son propre paternel, Paul Martin. Beaucoup moins hilarant que son modèle aujourd'hui reconnu comme l'une des meilleures comédies des années 80, Les Compères n'en demeure pas moins un excellent divertissement bougrement rodé privilégiant un peu plus la tendresse à travers les rapports conflictuels de Tristan et de ses 3 pères s'efforçant de le chérir avec maladresse de par leurs inopérantes stratégies de communication.


Outre la complémentarité du duo infaillible Richard / Depardieu, aussi sémillants et spontanés que dans la Chèvre, car ne cessant de se chamailler à travers leur distinction caractérielle et désir de paternité, Les Compères puise son efficacité au gré d'une ossature narrative semi-policière faisant intervenir en filigrane une corruption politique que Lucas tentera de déjouer au même instant d'y débusquer Tristan. Ainsi donc, les gags et les plages de tendresse savamment planifiées progressent au fil des actions des personnages contradictoires évoluant dans des rapports de force davantage conflictuels (ils en viendront même aux mains pour se faire entendre) faisant intervenir les thèmes de la persévérance (Pignon dépressif en proie à la rédemption par le dépassement de soi et sa confiance retrouvée) et de la pédagogie parentale (que les 3 pères finiront par façonner à force d'attention, d'écoute et de compréhension de l'autre). Pignon entamant pour autant la méthode douce et courtoise de par son éducation et sa fragilité émotive quand bien même Lucas y emploiera autorité et violence pour s'y faire entendre. Mais tout rentrera dans l'ordre grâce au témoignage de Tristan observant avec crainte, curiosité puis enfin discernement ses 2 lurons s'affrontant incessamment pour un enjeu de choix, défendre et honorer leur paternité par le biais de l'amour parental.


Gros succès mérité à sa sortie (4 847 229 entrées), Les Compères fait modestement vibrer la corde sensible à travers sa fougue et son charme attendrissant en y alliant cocasserie et tendresse sous couvert d'une réflexion sur la communication paternelle. Vladimir Cosma se chargeant enfin d'y accentuer son atmosphère parfois douce et chétive sous l'impulsion d'une mélodie sifflotante d'une lénifiante intensité émotive. 

*Bruno
2èx

samedi 13 juillet 2019

La Zizanie

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Claude Zidi. 1978. France. 1h34. Avec Louis de Funes, Annie Girardot, Maurice Risch, Julien Guiomar, Jean-Jacques Moreau, Geneviève Fontanel, Jacques François.

Sortie salles France: 22 Mars 1978

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011 : Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


Spécialiste de la comédie populaire, Claude Zidi s'avère ici en petite forme avec la Zizanie bien que le film cumule 2 790 000 entrées à sa sortie. Réunissant pour la première fois à l'écran le couple Louis De Funès / Annie Girardot lors d'un crêpage de chignon hystérico-poussif, la Zizanie pâti d'un manque flagrant d'efficacité à travers les redondances de leur crise conjugale cacophonique émaillée de tendres réconciliations, probablement afin de mieux nous séduire dans ce brassage des genres. Satire sur le capitalisme que De Funès endosse dans sa double facette de maire et d'entrepreneur prolifique au sein de son cocon domestique bruyamment customisé en chantier industriel, La Zizanie tente d'exploiter son potentiel comique à travers ses traditionnelles mimiques et verbigérations ici caricaturales. 


Car outre la lourdeur de la plupart des gags sombrant parfois même dans le ridicule, De Funes ne semble pas vraiment impliqué dans sa fonction ironique d'opportuniste déraisonnablement vénal, notamment faute de son état de santé précaire qu'il cumulait les dernières années de sa carrière. Quand bien même Annie Girardot tente de nous arracher rires et soupçons de tendresse avec des intentions timidement payantes à se fondre dans le corps d'une épouse écolo contestataire si bien qu'elle osera se confronter à son époux machiste lors des élections municipales. Une ultime confrontation rébarbative que Zidi tente de relancer lors d'une mécanique de rire dénuée d'ambitions. 


Parfois loufoque à travers 2/3 gags bonnards (la beuverie avec les magnats chinois afin de les inciter à signer un juteux contrat) et timidement sympathique auprès du duo tant perfectible De Funès / Girardot à cours de carburant en dépit de leurs apparences fringantes, La Zizanie pourrait peut-être contenter les inconditionnels de Fufu d'un oeil modestement distrait. Quand bien même Vladimir Cosma scande musicalement leurs futiles chamailleries au gré d'un thème pittoresque familièrement expansif. 

*Bruno
2èx

Grâce à Dieu. Berlinale 2019 : Grand prix du jury

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de François Ozon. 2019. France. 2h17. Avec Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud, Éric Caravaca, Bernard Verley, François Marthouret, Martine Erhel, Josiane Balasko.

Sortie salles France: 20 Février 2019

FILMOGRAPHIE: François Ozon est un réalisateur français, né à Paris le 15 novembre 1967. 1998 : Sitcom. 1999 : Les Amants criminels. 2000 : Gouttes d'eau sur pierres brûlantes. 2000 : Sous le sable. 2001 : Huit femmes. 2003 : Swimming Pool. 2004 : 5×2. 2005 : Le Temps qui reste. 2006 : Angel. 2009 : Ricky. 2010 : Le Refuge. 2010 : Potiche. 2012 : Dans la maison. 2013 : Jeune et Jolie. 2014 : Une nouvelle amie. 2016 : Frantz. 2017 : L'Amant double. 2018 : Grâce à Dieu.


"Lorsque dieu ferme une porte, il en ouvre toujours une autre."
Retraçant avec souci documentaire l'endurant combat judiciaire de 3 victimes d'attouchements pédophiles d'après les faits réels d'un scandale religieux ayant incriminé le père Bernard Preynat et le cardinal Philippe Barbarin (pour non dénonciation d'agressions sexuelles sur mineur), Grâce à Dieu interpelle notre raison sans l'ombre de l'apitoiement ou du pathos. Le récit plein de pudeur, car entièrement bâti sur la suggestion et les silences dans le regards, s'appuyant à radiographier les différents profils de 3 victimes d'abus sexuels aujourd'hui adultes mais pour autant traumatisées par leur passé éhonté. Chacun d'eux d'un statut social contradictoire ayant tenté de survivre avec un poids moral préjudiciable. Notamment si on se réfère au plus fragile d'entre eux, Emmanuel (le personnage le plus empathique), puisque devenu par la causalité épileptique, solitaire, instable, violent auprès de sa compagne et complexé, notamment à travers une anomalie génitale.


Ainsi, à travers leur investigation de longue haleine épaulée du soutien parental (si on fait fi du père prolétaire d'Emmanuel et de la mère vaniteuse de François) et en rametant le plus de victimes possibles (en dépit des improbables prescriptions), François Ozon compte sur la véracité des faits studieusement exposés et sur la sobriété hors-pair de son remarquable casting (jusqu'aux seconds-rôles, à l'instar de Josiane Balasko en mère sentencieuse hantée de remord et surtout de la révélation Swann Arlaud - sosie de Patrick Dewaere - en marginal pugnace d'une subtile intensité d'expression) pour nous alerter d'un haro religieux où les plus hauts dirigeants se sont soumis à l'omerta afin de préserver leur institution. Révoltant, nonsensique, immoral, lorsque les représentants de Dieu continuent (sous l'alibi de la prescription) d'occulter cette ignoble affaire pédophile au mépris de centaines de victimes écorchées vives, Grâce à Dieu remet finalement en cause une réflexion spirituelle quant à la perte des valeurs chrétiennes. 


Sans toutefois atteindre l'intensité dramatique de l'inoubliable, audacieux (dans le mélange des styles), éprouvant et percutant Les Chatouilles, Grâce à Dieu n'en demeure pas moins un grand film d'utilité publique dans sa nécessité de bousculer les consciences et les lois à travers les thèmes brûlants de la pathologie pédophile, de la prescription, de la présomption d'innocence et de l'omerta catholique impliquée dans des affaires pédophiles rarement condamnées. Grâce à dieu restant un témoignage éloquent de l'impuissance du système judiciaire face l'hypocrisie du corps religieux. 

*Bruno

jeudi 11 juillet 2019

Starman. Saturn Awards, Meilleur Acteur: Jeff Bridges.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

de John Carpenter. 1984. U.S.A. 1h54. Avec Jeff Bridges, Karen Allen, Charles Martin Smith, Richard Jaeckel, Robert Phalen.

Sortie salles France: 3 Juillet 1985. U.S: 14 Décembre 1984.

FILMOGRAPHIE: John Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974 : Dark Star 1976 : Assaut 1978 : Halloween, la nuit des masques 1980 : Fog 1981 : New York 1997 1982 : The Thing 1983 : Christine 1984 : Starman 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles 1992 : Les Aventures d'un homme invisible 1995 : L'Antre de la folie 1995 : Le Village des damnés 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward


"Vous êtres une espèce étrange, différente des autres. Je peux dire ce que je trouve de plus merveilleux chez les humains: vous donnez le meilleur de vous même quand tout semble perdu"

Deux ans après son cuisant échec commercial The Thing, John Carpenter opère un virage à 180 degrés au sein de sa pléthorique carrière à travers Starman. Un film de commande conçu pour le convaincre à persévérer à Hollywood, tant et si bien qu'il abandonne purement et simplement le genre horrifique au profit d'une romance stellaire tous publics. Alors qu'un tâcheron aurait facilement fait sombrer l'entreprise dans le ridicule à travers l'amourette prévisible entre un ET et une jeune veuve en berne, John Carpenter parvient miraculeusement à s'extraire de la trivialité. Aussi simpliste soit son récit linéaire et aussi rose-bonbon soient les sentiments candides que se partage le couple dans une fragile humanité ! Ainsi, grâce au savoir-faire habile du cinéaste maîtrisant l'image au gré de séquences saillantes (la résurrection du Daim est habitée d'un troublant climat féerique sensiblement intense et inquiétant), Starman instille une poignante émotion eu égard des rapports amiteux entre Jenny, en deuil sentimental, et Starman en apprentissage civique. Le réalisateur s'attardant toujours plus à mettre en exergue leur romance peu à peu impossible lorsque l'E.T est finalement contraint de rejoindre son bercail afin d'y préserver sa destinée.


Sorte de version adulte d'E.T si j'ose dire, le récit parvient donc davantage à nous séduire au même moment où notre explorateur tente de comprendre nos us et coutumes, notamment à travers nos excès de zèle, d'orgueil, d'irresponsabilité et d'incivilité (brûler un feu rouge, faire un doigt d'honneur, tuer le daim pour le plaisir de la chasse, corriger lâchement un rival à plusieurs, fumer la cigarette au péril sanitaire), et ce avant d'y côtoyer l'amour auprès de Jenny s'identifiant d'autant mieux à lui grâce au clonage de son défunt époux. Emaillé de séquences féeriques singulières alors que d'autres moments détonnent par leur onirisme baroque (notamment auprès de la métamorphose humaine de l'E.T, d'un stade cellulaire à l'âge adulte - FX étonnants à l'appui -), Starman envoûte nos sens sous l'impulsion du score (un brin sirupeux peut-être par instant) de Jack Nitzsche et du duo alchimique formé par Jeff Bridges et Karen Allen. Jeff Bridges endossant un jeu étonnamment nuancé de par sa sobriété d'expression innocente, à l'instar d'un bambin déficient d'apparence adulte, mais pour autant transcendé d'une intelligence et d'une sagesse d'esprit pour le respect d'autrui (à renfort de répliques ironiques). Quand bien même Karen Allen chavire notre coeur de par sa douceur de miel d'y approcher craintivement l'amour puis de l'adouber auprès d'un attachant anthropologue altruiste.


Au delà de sa leçon d'humanité et de tolérance du point de vue d'un témoignage extra-terrestre, et de sa plaidoirie invoquée à la cause animale (joli pied de nez contre les chasseurs !), Starman fait vibrer la corde sensible à travers la simplicité de sa romance sentimentale étonnamment vigoureuse de la part d'un maître du frisson. Le couple Allen / Bridges irradiant l'écran avec une sobre pudeur (davantage) empathique eu égard de leur rapport charnel invoquant une fusion amoureuse procréative. Un fragile conte stellaire avec un coeur qui bat. 

*Bruno
3èx

Récompense: Saturn Awards 1985 : meilleur acteur pour Jeff Bridges

mercredi 10 juillet 2019

Alita: Battle Angel

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Robert Rodriguez. 2019. U.S.A. 2h02. Avec Rosa Salazar, Christoph Waltz, Jennifer Connelly, Mahershala Ali, Ed Skrein, Jackie Earle Haley, Keean Johnson.

Sortie salles France: 13 Février 2019. U.S: 14 Février 2019

FILMOGRAPHIE: Robert Rodriguez est un réalisateur et musicien américain, d'origine mexicaine, né le 20 Juin 1968 à San Antonio, Texas, Etats-Unis. 1992: El Mariachi. 1993: Roadtracers (télé-film). 1995: Desperado. 1995: Groom Service (Four Rooms, segment: The Misbehavers). 1996: Une Nuit en Enfer. 1998: The Faculty. 2001: Spy Kids. 2002: Spy Kids 2. 2003: Spy Kids 3. 2003: Desperado 2. 2005: Sin City. 2005: Les Aventures de Shark Boy et Lava Girl. 2007: Planète Terror. 2009: Shorts. 2010: Machete (co-réalisé avec Ethan Maniquis). 2011: Spy Kids 4. 2013: Machete Kills. 2014: Sin City: j'ai tué pour elle. 2014: From dusk till Daw: The Series (épis 1,2 et 4). 2015 : 100 Years. 2019 : Alita: Battle Angel. 2019 : Red 11.


Blockbuster familial conçu par l'inégal Robert Rodriguez, Alita est l'adaptation ciné du manga  Gunnm créé par Yukito Kishiro et fantasmé depuis des lustres par son producteur et scénariste James Cameron. Prouesse visuelle indiscutable, de par le vérisme de son univers cyberpunk très imposant, ses FX numériques plus vrais que nature et son action chorégraphique d'une vélocité LISIBLE, Alita nous offre un grandiose divertissement sous l'impulsion d'une héroïne longiligne, championne toutes catégories dans l'art du combat martial. Et on peut dire qu'à ce niveau de perfection, elle nous en fout plein la vue à combattre aussi ardemment, bondir, virevolter, se cramponner sur ses adversaires avec une force d'agilité imparable ! Ainsi, à travers l'efficacité de son intrigue décrivant avec une surprenante émotion le profil d'une androïde amnésique en quête identitaire, Alita est sublimé par la présence de ce personnage numérisé que le spectateur apprivoise avec une trouble empathie lors de sa phase à la fois contestataire, amicale (sa relation avec son père adoptif) et amoureuse. C'est dire si Rodriguez et son équipe de techniciens ont accompli le prodige de donner chair à cet androïde féminin évoluant dans un univers futuriste régi par une armada de robots hétéroclites à faire pâlir de jalousie Robocop, Terminator et Robowar (ok je sors !).


Regorgeant de scènes d'actions au service narratif faisant office de pièces d'anthologie (la fameuse épreuve sportive du Motorball et la poursuite urbaine qui s'ensuit sur les toits de la ville, l'épreuve de force dans le bar afin de rameuter une unité guerrière), Alita ne manque pas de susciter une poignante émotion eu égard de son rapport romantique avec Hugo, un humain juvénile pas si recommandable si on se réfère à sa double vie secrètement marginale. Au-delà de leur tendre rapport bâti sur l'amour, la confiance mais aussi la trahison, on peut également souligner le jeu dépouillé de Christoph Waltz en docteur Frankenstein accort endossant par ailleurs la nuit le rôle bicéphale de guerrier chasseur afin de déjouer un tueur de femmes. Mais c'est dans celui du paternel chérissant qu'il s'avère véritablement convaincant de par la sollicitude qu'il entretient avec sa création depuis la disparition de sa fille sacrifiée sous l'autel d'un cyborg. Ainsi, à travers son intrigue plutôt fluide et bien construite bâtie sur les sens de la bravoure, de la loyauté et de l'honneur, Rodriguez soulève enfin les thèmes lénifiants de la rédemption et du pardon à travers les agissements cléments de deux personnages clefs en proie au remord. Alita s'accordant au final à nous décrire intelligemment une réflexion sur le Bien et le Mal à travers les pouvoirs surhumains d'une existence artificielle influencée par un leader aussi bien perfide que mégalo.


Spectacle féerique souvent impressionnant de pyrotechnie jamais gratuite (ou alors si peu !) au sein d'un envoûtant univers dystopique où les jeux du cirque refont surface à renfort de technologie belliqueuse, Alita élève le Blockbuster à un niveau d'intégrité singulier sous l'impulsion de preux personnages d'une émotion humaine souvent fragile. Alita, l'androïde féminine, crevant l'écran à chacune de ses apparitions avec une intensité émotive résolument candide. 

*Bruno

mardi 9 juillet 2019

Hôtel Membai / Attaque à Mumbai.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Anthony Maras. 2018. Australie/inde/U.S. 2h03. Avec Dev Patel, Armie Hammer, Nazanin Boniadi, Anupam Kher, Tilda Cobham-Hervey.

Sortie salle Australie: 14 Mars 2019. U.S: 22 Mars 2019

FILMOGRAPHIEAnthony Maras est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2018: Hôtel Mumbai.


Retraçant avec souci de réalisme et d'unité de temps l'attaque terroriste d'islamistes radicaux au sein du Taj Mahal Palace, immense hôtel rupin accueillant une clientèle fortunée, Hôtel Membai s'avère aussi bien éprouvant que poignant à travers sa descente aux enfers escarpée. Si bien que Anthony Maras ne s'embarrasse que rarement du hors-champs pour ébranler le spectateur résolument immergé dans une action sanglante dégénérée, eu égard des exactions furtives des bourreaux fanatiques ne jurant que pour l'honneur d'Hallah et de leur leader (perfide !) leur dictant une conduite impassible pour y exterminer (en l'occurrence) des infidèles nantis. A travers le choix de son cast méconnu (pour la plupart) et de son cadre indien dépaysant (renforcé d'une photo sépia sous un soleil écrasant pour les extérieurs), le public s'identifie sans ambages au désarroi de ces otages impliqués dans une terrible épreuve de survie où la mort plane en permanence au dessus de leurs épaules. Pour autant, grâce à la bravoure de quelques volontaires néanmoins contrariés dans leur sentiment d'abandon (un chef cuisinier, un serveur, un russe notoire), ceux-ci vont tenter de survivre dans leur prison domestique en y rameutant dans une pièce blindée les ultimes survivants (comptez une cinquantaine de résistants).


Si bien que ces terroristes d'une lâcheté sans égale ne leur laisseront nul répit, notamment auprès de quelques survivants confinés dans leur chambre ou dans un sellier en escomptant l'arrivée éventuelle du corps policier. D'une violence inouïe quant au carnage soigneusement planifié par ces kamikazes ne jurant que pour une vendetta sanguinaire à grande échelle, Hôtel Membai a l'intelligence de ne pas sombrer dans la complaisance, aussi insupportables soient ses brutales exactions. Notamment auprès de la tournure cauchemardesque de son final apocalyptique aussi bien asphyxiant (la stratégie incendiaire) que rigoureusement éprouvant (les victimes n'en finissent plus de trébucher sous les impacts de balles). Et donc, à travers son suspense ciselé constamment tendu multipliant les points de vue contradictoires d'otages à bout de nerf, Hôtel Membai parvient à distiller un sentiment permanent d'insécurité et d'impuissance à travers le moule du survival éludé de fioritures. Chaque personnage se fondant malgré eux dans le corps d'otages démunis face à ce contexte aussi impromptu. Entre sentiments de révolte et de désespoir, instincts d'héroïsme (pour les plus vaillants) et appréhension du danger qu'ils tentent pour autant de canaliser avec un mince espoir de survie.


Témoignage à la fois poignant et bouleversant auprès d'un carnage terroriste d'une violence âpre, Hôtel Membai emprunte le cheminement risqué du thriller à suspense sous couvert de drame historique reconstitué avec un réalisme assez substantiel afin de ne pas chavirer le naufrage dans les conventions du "spectacle outrancier". Les comédiens d'une sobre force d'expression parvenant notamment à y injecter une dimension humaine assez palpable à travers leur ultime épreuve de force dénuée de concession. Chaotique et impitoyable, on en sort aigri et lessivé, en vouant notamment une haine indéfectible pour ces intégristes juvéniles facilement influençables par le rigorisme et l'appât du gain (celle de subvenir aux besoins de leur famille). 

*Bruno

INFOS WIKIPEDIA: Les attaques de novembre 2008 à Bombay sont une série de dix attaques terroristes coordonnées qui ont eu lieu du 26 au 29 novembre 2008 à travers Bombay, capitale financière et plus grande ville de l'Inde. 188 personnes, dont au moins 26 ressortissants étrangers, ont été tuées1 et 312 blessées. L'équipe terroriste était composée de 10 militants islamistes entrainés au Pakistan sans appui direct du gouvernement, 9 d'entre eux ont été tués et un fait prisonnier2. Alors que ce seul rescapé, jugé en Inde, a été condamné à mort et exécuté le 21 novembre 2012, sept autres Pakistanais soupçonnés d'être liés à l'attentat sont en cours de jugement au Pakistan.