de Christopher Smith. 2010. Angleterre/Allemagne. 1h41. Avec Warner David, Van Houten Carice, Bean Sean, McInnerny Tim, Redmayne Eddie, Nixon Kimberley, Lynch John, Elliott Emu.
Sortie salles France: 8 Octobre 2010 (Festival du cinéma britannique de Dinard). UK: 11 Juin 2010
FILMOGRAPHIE: Christopher Smith est un réalisateur et scénariste britannique né à Bristol le 16 août 1970. 2004 : Creep. 2006 : Severance. 2009 : Triangle. 2010 : Black Death. 2012 : Labyrinthe (série télévisée - 2 épisodes de la saison 1). 2014 : Get Santa. 2016 : Detour.
Film choc s'il en est, de par la crudité de ses scènes barbares et de son climat fétide perméable que Christopher Smith retranscrit avec souci de vérisme (aussi low-cost soit le budget), Black Death demeure une impitoyable descente aux enfers au coeur d'une époque médiévale asservie par le fanatisme, la superstition et le puritanisme. Le Pitch: Angleterre, 1348. Un groupe de mercenaires a pour mission de retrouver un Nécromancier susceptible d'avoir propagé la peste bubonique dans la région. Paradoxalement, un village ne semble nullement touché par la maladie mortelle particulièrement contagieuse. Avec l'aide d'Edmund, jeune moine amoureux de la paysanne Averill, le chevalier Ulric et ses acolytes partent à la recherche du village situé à proximité d'un marais. Eprouvante épreuve de force (morale et physique) qu'un groupe de mercenaires endosse à l'instar d'un chemin de croix si je me réfère à leur rencontre finale auprès de la confrérie occulte, Black Death s'avère plus intelligent et retors qu'il n'y parait à travers ses faux semblants surréalistes et surtout sa réflexion sur la foi religieuse et l'athéisme que Christopher Smith oppose sans jamais juger ses personnages. Car baignant dans une mise en scène macabre teintée de surnaturel, l'intrigue joue efficacement du simulacre afin de contredire la réception du spectateur pris à parti entre l'inexpliqué et les valeurs antinomiques du Bien et du Mal au sein d'une époque primale en quête de repères moraux.
La confrérie occulte s'efforçant de renier une existence divine sous couvert de leur hiérarchie sectaire bienfaitrice (leur populace aime à croire aux miracles pour se préserver de la peur de la peste - et donc de la mort -) quand bien même Ulric et ses sbires sont entièrement voués à la cause de Dieu afin de se donner un code d'honneur à leur existence vaillante. D'une cruauté inouïe, tant psychologique que corporelle, Black Death s'avère à l'image poisseuse de son époque moyenâgeuse. C'est à dire jusqu'au-boutiste, putrescente (ses cadavres décharnés à l'odeur pestilentielle que l'on entrevoit par intermittence), lâche et sans concession (l'épuration de sa dernière partie). Tant auprès de la pandémie à grande échelle, de la chasse aux sorcières pratiquée tous azimuts en guise de superstition que des sévices corporels perpétrés sur l'ennemi chrétien rendu impuissant dans sa condition de détention. Mais outre son intensité dramatique à couper au rasoir quant à son mode survival vécu de plein fouet lors de l'ultime demi-heure, Black Death tend notamment à souligner la faiblesse morale de l'homme vertueux du point de vue du moine néophyte sombrant dans une vendetta criminelle en lieu et place de traumatisme endeuillé. Ainsi, c'est sur cette note d'amertume que Black Death nous quitte précipitamment à travers sa réflexion sur la vengeance et la foi chrétienne du point de vue d'une perte de valeur morale en perdition spirituelle. Black Death sous-entendant en guise d'épilogue opaque que le mal est en chacun de nous et que la valeur d'un homme se juge à la manière dont il défie ce Mal.
Film choc furieusement noir, malsain et désespéré (notamment auprès du sentiment d'épuisement des victimes molestées), Black Death ne nous laisse aucun répit quant à la précarité de ses pieux personnages martyrisés par une idéologie délétère, si bien que l'on ne sort pas indemne de ce constat d'échec humaniste.
*Bruno
2èx
03.03.11
03.07.19
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