mardi 30 juillet 2019

Phénomènes

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Happening" de M. Night Shyamalan. 2008. U.S.A. 1h30. Avec Mark Wahlberg, Zooey Deschanel, John Leguizamo, Jeremy Strong, Frank Collison, Ashlyn Sanchez

Sortie salles France: 11 Juin 2008. U.S: 13 Juin 2008

FILMOGRAPHIE: M. Night Shyamalan est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine indienne, né le 6 Août 1970 à Pondichéry. 1992: Praying with Angers. 1998: Eveil à la vie. 1999: Sixième Sens. 2000: Incassable. 2002: Signs. 2004: Le Village. 2006: La Jeune fille de l'eau. 2008: Phenomènes. 2010: Le Dernier maître de l'air. 2013: After Earth. 2015: The Visit. 2017: Split. 2018: Glass.


« Si les abeilles venaient à disparaître de la surface du globe, l'homme n'aurait plus que quatre ans à vivre ».
Majoritairement décrié par la critique et le public à sa sortie, Phénomènes demeure une oeuvre aussi modeste que mineure au sein de l'inégale carrière de M. Night Shyamalan. Pour autant, de mon point de vue subjectif, ce récit envoûtant digne d'un épisode longiligne de la série TV La 4è Dimension  parvient à susciter un sentiment permanent d'inquiétude et d'appréhension. De par le savoir-faire de son auteur toujours aussi féru d'amour pour un fantastique éthéré puisque créant avec soin de saisissantes images insolites tantôt cauchemardesque. Notamment à travers le cadre écolo de sa nature verdâtre ballottée de temps à autre par la rigueur d'un vent feutré qu'il souligne brillamment avec art de suggestion. Qui plus est accompagné de la solide présence de Mark Wahlberg en professeur scientifique dérouté par un phénomène inexpliqué, l'acteur porte l'intrigue sur ses épaules de par son témoignage démuni d'assister à l'incompréhension de suicides de masse au moment même de se contrarier auprès de l'infidélité de son épouse lui ayant avoué un adultère durant leur fuite précipitée (sur ce dernier point on n'y croit pas trop, bien que Shyamalan ne s'attarde pas vraiment sur leur problème de couple). Et pour cause, depuis moins de 24 heures, les citadins de diverses contrées sont poussés par des actes suicidaires incontrôlés émanant d'une entité indicible.


Menace nucléaire, terrorisme ou encore plantes domestiques s'avérant les théories majeures de la populace et des spécialistes afin de justifier cet enchaînement de morts cruelles que M. Night Shyamalan nous illustre parfois avec un réalisme cru inhabituel de sa part (le quidam et ses bras dévorés par les lions, les maçons s'écrasant violemment un par un sur le sol du haut de leur chantier, la jeune fille s'égorgeant avec son pic à chignon). Les séquences chocs assez nombreuses faisant froid dans le dos dans l'art et la manière de s'infliger une mort souvent cruelle, voir parfois même singulière (le type se couchant dans l'herbe pour se laisser happer par une moissonneuse batteuse). Autant avouer que Phenomènes terrifie de façon aussi bien constante que sournoise lorsque nos héros toujours en nombre restreint s'efforcent de fuir la menace invisible en se confinant dans les huis-clos les plus clairsemés. Ainsi donc, le suspense à la fois lattent et autrement oppressant s'instaure sans difficulté au fil du cheminement de survie des survivants s'efforçant de trouver une logique rationnel à ce qu'il leur arrive, quand bien même les plus lâches d'entre eux joueront les individualistes avec parfois une pulsion de justice expéditive. Shyamalan privilégiant au final à travers cette énigme occulte la revanche de dame nature contre l'insolence de l'homme exploitant sans vergogne toutes ses ressources naturelles en guise de cupidité.


Série B ludique intelligemment menée et dirigée en dépit de son absence de rebondissements et de son épilogue irrésolu (un parti-pris couillu que nombre de spectateurs n'ont sans doute pu digérer), Phénomènes captive et inquiète à la fois afin de nous alerter sur la précarité de l'écologie (notamment ce message avertisseur de réchauffement climatique enseigné en prologue par le professeur à ses élèves) sévèrement malmenée par le plus véreux des prédateurs: l'homme. Une oeuvre mineure certes, mais pleine de charme et d'humanisme fébrile dans sa facture intègre. 

*Bruno
2èx

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