samedi 13 juillet 2019

Grâce à Dieu. Berlinale 2019 : Grand prix du jury

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de François Ozon. 2019. France. 2h17. Avec Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud, Éric Caravaca, Bernard Verley, François Marthouret, Martine Erhel, Josiane Balasko.

Sortie salles France: 20 Février 2019

FILMOGRAPHIE: François Ozon est un réalisateur français, né à Paris le 15 novembre 1967. 1998 : Sitcom. 1999 : Les Amants criminels. 2000 : Gouttes d'eau sur pierres brûlantes. 2000 : Sous le sable. 2001 : Huit femmes. 2003 : Swimming Pool. 2004 : 5×2. 2005 : Le Temps qui reste. 2006 : Angel. 2009 : Ricky. 2010 : Le Refuge. 2010 : Potiche. 2012 : Dans la maison. 2013 : Jeune et Jolie. 2014 : Une nouvelle amie. 2016 : Frantz. 2017 : L'Amant double. 2018 : Grâce à Dieu.


"Lorsque dieu ferme une porte, il en ouvre toujours une autre."
Retraçant avec souci documentaire l'endurant combat judiciaire de 3 victimes d'attouchements pédophiles d'après les faits réels d'un scandale religieux ayant incriminé le père Bernard Preynat et le cardinal Philippe Barbarin (pour non dénonciation d'agressions sexuelles sur mineur), Grâce à Dieu interpelle notre raison sans l'ombre de l'apitoiement ou du pathos. Le récit plein de pudeur, car entièrement bâti sur la suggestion et les silences dans le regards, s'appuyant à radiographier les différents profils de 3 victimes d'abus sexuels aujourd'hui adultes mais pour autant traumatisées par leur passé éhonté. Chacun d'eux d'un statut social contradictoire ayant tenté de survivre avec un poids moral préjudiciable. Notamment si on se réfère au plus fragile d'entre eux, Emmanuel (le personnage le plus empathique), puisque devenu par la causalité épileptique, solitaire, instable, violent auprès de sa compagne et complexé, notamment à travers une anomalie génitale.


Ainsi, à travers leur investigation de longue haleine épaulée du soutien parental (si on fait fi du père prolétaire d'Emmanuel et de la mère vaniteuse de François) et en rametant le plus de victimes possibles (en dépit des improbables prescriptions), François Ozon compte sur la véracité des faits studieusement exposés et sur la sobriété hors-pair de son remarquable casting (jusqu'aux seconds-rôles, à l'instar de Josiane Balasko en mère sentencieuse hantée de remord et surtout de la révélation Swann Arlaud - sosie de Patrick Dewaere - en marginal pugnace d'une subtile intensité d'expression) pour nous alerter d'un haro religieux où les plus hauts dirigeants se sont soumis à l'omerta afin de préserver leur institution. Révoltant, nonsensique, immoral, lorsque les représentants de Dieu continuent (sous l'alibi de la prescription) d'occulter cette ignoble affaire pédophile au mépris de centaines de victimes écorchées vives, Grâce à Dieu remet finalement en cause une réflexion spirituelle quant à la perte des valeurs chrétiennes. 


Sans toutefois atteindre l'intensité dramatique de l'inoubliable, audacieux (dans le mélange des styles), éprouvant et percutant Les Chatouilles, Grâce à Dieu n'en demeure pas moins un grand film d'utilité publique dans sa nécessité de bousculer les consciences et les lois à travers les thèmes brûlants de la pathologie pédophile, de la prescription, de la présomption d'innocence et de l'omerta catholique impliquée dans des affaires pédophiles rarement condamnées. Grâce à dieu restant un témoignage éloquent de l'impuissance du système judiciaire face l'hypocrisie du corps religieux. 

*Bruno

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire