mercredi 13 mai 2020

Wonder

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Stephen Chbosky. 2017. U.S.A. 1h53. Avec Julia Roberts, Owen Wilson, Jacob Tremblay, Izabela Vidovic, Noah Jupe

Sortie salles France: 20 Décembre 2017

FILMOGRAPHIEStephen Chbosky est un écrivain, réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 25 janvier 1970 à Pittsburgh, États-Unis. 1995 : The Four Corners of Nowhere. 2012 : Le Monde de Charlie. 2017 : Wonder.


En avançant vers la scène j'avais l'impression de flotter. Mon coeur battait tellement vite. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi on me donnait une médaille. C'est pas comme si j'avais détruit l'étoile de la mort. Tout ce que j'avais fait, c'était de passer dans la classe supérieure comme les autres. En faite, c'est peut-être justement ça le problème. C'est qu'en vérité je ne suis pas si ordinaire que ça. Mais si on pouvait entrer dans la tête des gens, on se rendrait peut-être compte que personne ne l'est, et qu'on mérite tous une standing ovation. Au moins une fois dans notre vie. C'est le cas de mes amis, mes professeurs, ma soeur qui a toujours été là pour moi, mon père qui essaie toujours de nous faire rigoler, et surtout ma maman qui n'abandonne jamais rien, ni personne, particulièrement moi. Ca illustre un peu le dernier précepte de Mr Browne. "Soyons bons envers autrui car chacun mène un dur combat. Et si vous voulez voir le vrai visage des gens, il vous suffit de les regarder".


De par son casting saillant typiquement hollywoodien et son thème éculé alloué au droit à la différence, Wonder avait de quoi laisser perplexe quant à l'intégrité de son contenu mélodramatique. Un genre qui plus est souvent discrédité (parfois à raison) par les pisse-froids, machistes ou intellos, faute de bons sentiments hyperboliques que certains réalisateurs n'hésitent pas (il est vrai !) à exploiter lors d'une émotion programmée. C'est donc après 2 ans d'hésitation que je me suis enfin défier à me lancer dans l'aventure humaine. Principalement grâce à 2 bouches à oreilles aussi conquises qu'enthousiasmées par sa douce poésie existentielle et sa tendre émotion. Alors que je considère personnellement son précédent métrage comme l'un des plus beaux Teen movies jamais réalisés (le Monde de Charlie est à trôner à proximité de Breakfast Club et de Sprink Breaker), Stephen Chbosky persévère à aborder les thèmes du malaise adolescent. De l'acceptation de soi et des autres, de sa description cruelle sur l'intimidation des plus turbulents et de la difficulté à s'adapter en milieu scolaire en la présence ici d'un étranger physiquement difforme. Dans la mesure où celui-ci souffre depuis sa naissance d'une malformation faciale prénommée le syndrome de Treacher Collins. Si on songe instinctivement au splendide Mask de Peter Bogdanovitch lors de sa première partie initiatique qu'Auggie affronte timidement auprès des cours scolaire et en interne de la cour de récré, Wonder ne se focalise pas uniquement sur ce souffre-douleur infantile.


Car outre l'intérêt de son profil torturé à se disputer sa résilience et son désespoir pour tenir tête à ses adversaires railleurs (tout en apprenant à pardonner certaines trahisons), Stephen Chbosky s'intéresse également à l'évolution morale de son entourage amical (son meilleur ami influent mais également ses ennemis jurés) et familial (sa maman poule, son papa débonnaire et sa soeur attentionnée en conflit avec sa meilleure amie). D'une tendresse et d'une sensibilité à fleur de peau, ces portraits d'ados communément fragiles nous bouleversent facilement. Tant pour leur propre fêlure personnelle, leur remise en question, leur désir de faire souffrir l'autre (conscient ou inconscient) afin d'omettre sa propre douleur, leur remord et leur culpabilité, que leur nouveau regard porté sur un enfant d'apparence disgracieux. Qui plus est, sans se complaire dans les bons sentiments sirupeux, Stephen Chbosky se permet d'y inclure une poésie à la fois naturaliste et stellaire au fil du trajet existentiel d'Auggie, notamment parmi les influences de la saga Star Wars qu'il chérit tant. De par la sincérité indéfectible des comédiens assez mesurés dans leurs expressions émotives (qui plus est Julia Roberts s'avère dénuée de fard !), Wonder touche droit au coeur à travers la simplicité de sentiments à la fois pures, contrariés, candides et/ou philanthropes. Sans compter que le jeune Jacob Tremblay ne sombre jamais dans la complaisance du pathos dans sa condition d'exclusion. Bien au contraire, il insuffle une vérité humaine aussi simple que candide à travers son caractère davantage affirmé.


Initiation mature sous couvert d'une leçon de tolérance et d'humanité à propos de l'apprentissage amical et l'importance du regard à tenter de décrypter les visages familiers, Wonder demeure un vortex d'émotions fructueuses parmi les valeurs d'altruisme, d'amour et de compréhension. Un antidépresseur qui revigore, offrant du baume au coeur, en nous donnant envie de nous plonger dans l'oeil de l'autre de manière beaucoup plus fluide, intime, profonde, intègre. Un hymne à la vie en somme, simple mais efficace et débordant de générosité. 

Dédicace à Matthieu Lemercier et à Jérôme André Tranchant
*Bruno

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire