mardi 19 novembre 2024

Smile 2

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Parker Fin. 2024. U.S.A. 2h09 (2h01). Avec Naomi Scott, Rosemarie DeWitt, Miles Gutierrez-Riley, Dylan Gelula, Raúl Castillo, Peter Jacobson.

Sortie salles France: 16 Octobre 2024 (Int - 16 ans)

FILMOGRAPHIE: Parker Fin est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2022: Smile. 2024: Smile 2. 

Farce macabre exhaustive dévoilant l'envers du décor pailleté auprès d'une star sur le déclin incapable de contredire ses démons internes, Smile 2 est autant une surprise de choc que personne n'aura vu v'nir qu'une séquelle redoutablement efficace à travers son concentré d'horror-show en roue libre influencé (de base) par Freddy Krueger. Véritable descente aux enfers du point de vue d'une pop star s'efforçant de remonter sur les planches après avoir subi la mort de son compagnon mais toujours fragilisée auprès de sa convalescence toxico, Smile 2 redouble de sarcasme pour sa cruauté horrifique à la fois goguenarde et décomplexée quant aux stratégies perfides d'une entité démoniale déloyale. Si bien que Parker Fin prend malin plaisir à martyriser, physiquement mais surtout psychologiquement, sa protagoniste en proie à une parano galopante tout en prenant davantage conscience de son statut bankable auprès d'un milieu amical, familial, professionnel d'une sournoiserie résolument cupide. 

Tableau dérisoire du star-system donc manipulant à sa guise les stars en herbe adeptes du fric facile, du smartphone et des réseaux sociaux auprès de fans décérébrés aussi déconnectés qu'elles (voir le final hallucinatoire en apothéose !), Smile 2 décuple sa puissance dramatique quant au profil cérébral de sa victime multipliant les tentatives de survie jusqu'au désespoir de cause. Naomi Scott ensorcelant littéralement l'écran de A à Z de par son expressivité forcenée (parfois un tantinet outrancière et vulgaire il est vrai - on ne compte plus le nombre de "Fucks" -) toujours plus capiteuse et désespérée que Parker Fin fignole à merveille à travers son inspiration avisée d'y radiographier sa névrose schizo, pour ne pas dire psychotique. Et c'est bien là la grande force de l'intrigue à suspense "latent" que de miser entièrement sur cette caractérisation fébrile en requête de main secourable, d'issue de secours, de rédemption, à travers sa condition torturée de marionnette mélomane tributaire d'une célébrité trop lourde à porter.

Satire horrifique à la fois passionnante et intelligente que de jouer avec les nerfs du spectateur observant dans l'impuissance la dégradation morale d'une pop star trop coupable pour être honnête, Smile 2 fout également les jetons à travers ses jumps scare pétaradants et ses visions horrifiques dérangeantes émaillées de séquences sanguines jusqu'au-boutistes. On n'en demandait surement pas tant de la part d'une suite aussi impliquée, intègre, circonspecte, clairvoyante. 

*Bruno

4K. Vostf

Budget : 28 millions $

3 mois de tournage

Ci-joint la chronique de Smile: https://brunomatei.blogspot.com/2022/11/smile.html

lundi 18 novembre 2024

Alerte à la Bombe / Skyjacked

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique

de John Guillermin. 1972. U.S.A. 1h40. Avec Charlton Heston, Yvette Mimieux, James Brolin, Claude Akins, Jeanne Crain, Susan Dey, Roosevelt Grier, Mariette Hartley.

Sortie salles France: 15 Novembre 1973. U.S: 24 Mai 1972

FILMOGRAPHIE: John Guillermin est un réalisateur, producteur et scénariste britannique, né le 11 Novembre 1925 à Londres (Royaume-Uni). 1950: Torment. 1959: La plus grand aventure de Tarzan. 1964: Les Canons de Batasi. 1965: La Fleur de l'âge. 1966: Le Crépuscule des aigles. 1968: Syndicat du meurtre. 1968: Un cri dans l'ombre. 1969: Le Pont de Remagen. 1970: El Condor. 1972: Alerte à la bombe. 1973: Shaft contre les trafiquants d'hommes. 1974: La Tour Infernale. 1976: King-Kong. 1978: Mort sur le Nil. 1980: Mr Patman. 1984: Sheena, reine de la jungle. 1986: King Kong 2. 1988: Poursuite en Arizona.

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Revoyure d'un bon souvenir des années 80 lors de ma 1ère rencontre sur Antenne 2, Alerte à la bombe est un sympatoche film catastrophe en dépit de ses moults défauts particulièrement saillants. 

Si bien qu'il ne pourra sans doute que contenter la génération 80 à travers son pitch simpliste dénué de surprises (en prime de nous infliger une inutile romance déchue entre le commandant de bord et l'hôtesse); son suspense efficacement gentillet et ces personnages caricaturaux déversant des dialogues naïfs auprès de situations (tant paisibles que dangereuses) et postures héroïques à la limite du ridicule. 

Heureusement, son charme rétro symptomatique des Seventies est omniprésent pour ne jamais ennuyer de par son ambiance catastrophiste regorgeant de visages familiers, et l'affrontement Charlton Heston / James Brolin ne manque pas d'y faire quelques étincelles en dépit du peu de réalisme des dialogues, de comportements idiots (Heston infligeant un coup de poing dans le bide au dernier passager refusant de quitter l'avion pour faire preuve d'héroïsme) et d'expressions outrancières (Brolin est parfois à 2 doigts d'effleurer la semi-parodie en vétéran revanchard habité de - douce - démence). 

On peut enfin saluer la réalisation de Guillermin auprès de son savoir-faire technique de nous cadrer des prises de vues aériennes immersives, parfois même épiques (les réponses effrénées des avions de chasse soviétiques).

*Bruno
2èx

jeudi 14 novembre 2024

The Box

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Richard Kelly. 2009. U.S.A. 1h55. Avec Cameron Diaz, James Marsden, Frank Langella, James Rebhorn, Sam Oz Stone, Gillian Jacobs.

Sortie salles France: 4 Novembre 2009

FILMOGRAPHIEJames Richard Kelly, plus souvent appelé Richard Kelly, est un réalisateur et scénariste américain, né le 28 mars 1975 à Newport News (Virginie). 2001 : Donnie Darko. 2006 : Southland Tales. 2009 : The Box. 


"C'est en arpentant des chemins, en suivant des routes, que ce second chapitre continue à interroger le mystère du messie."
Relativement mal reçu par la critique et le public lors de sa sortie, le second OFNI de Richard Kelly demeure pourtant une vraie proposition Fantastique comme on nous en offre que trop rarement dans le paysage cinématographique. Inspiré d'une nouvelle de Richard Matheson, déjà adapté à l'écran télévisuel lors d'un épisode de la Cinquième Dimension ("appuyez sur le bouton") en 1986, The Box exploite le concept du jeu diabolique eu égard du dilemme moral qu'un couple est contraint de négocier lorsqu'un inconnu leur propose d'appuyer sur le bouton d'une boite en lieu et place d'un million de dollars. Or, si l'un des deux se décide à cliquer, une personne inconnue y sera sacrifier. Dans le cas contraire, ils recevront un simple billet de 100 dollars et la proposition imputera à un autre couple. 


Constamment inquiétant en bousculant nos habitudes de spectateur confortablement installé dans notre sofa; The Box déroute en diable et envoûte lentement au fil d'indices, détails et postures de prime abord imbitables. Jusqu'à ce que Richard Kelly lève peu à peu le voile sur cette machination métaphysique de grande ampleur nous interrogeant sur notre défaut majeur: la cupidité afin de subvenir à nos besoins dans le cadre du cocon familial. Abordant astucieusement les thématiques de postérité, d'éthique, de rédemption et d'abnégation au sein d'un enjeu pécunier que nous parvenons difficilement à récuser, The Box demeure néanmoins optimiste pour qui croit en l'existence d'un au-delà autrement plus serein après avoir vécu le purgatoire sur terre. C'est donc à mon sens, somme toute personnel, car selon nos propres croyances, une oeuvre incandescente tendant à nous informer que tout n'est pas perdu dans la nature arrogante, vénal de l'être humain si bien qu'une lueur d'espoir pointe l'horizon d'une conclusion ouverte laissant libre court à nos propres interprétations. 


En tout état de cause, en nous projetant dans le filet d'une 4è Dimension longiligne, Richard Kelly titille nos réflexions spirituelles, métaphysiques, existentielles avec une vigueur émotionnelle jamais démonstrative. Dans la mesure où plus le récit se ramifie un peu plus clairement, plus l'expérience aussi déroutante que passionnante s'exprime à nos yeux avec une puissance d'évocation fructueuse quant à notre remise en question morale à disserter sur le sens à notre vie. Avec un art consommé de la réalisation alchimique eu égard de la capacité innée du réal d'instaurer un climat vénéneux sans se distraire de l'ombre de l'artifice gratuit. Une oeuvre personnelle étonnante donc qui laisse des traces substantielle dans l'encéphale pour en sortir grandi. 

*Bruno
2èx. Vostfr

Budget: 30 Millions de dollars

mercredi 13 novembre 2024

Blink Twice

                                                 
                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Zoë Kravitz. 2024. U.S.A. 1h43. Avec Naomi Ackie, Channing Tatum, Simon Rex, Christian Slater, Alia Shawkat, Haley Joel Osment, Adria Arjona, Geena Davis, Kyle MacLachlan.

Sortie salles France: 21 Août 2024 (Int - 12 ans avec avertissement). U.S: 23 Août 2024 (Int - 17 ans)

FILMOGRAPHIEZoë Kravitz, née le 1er décembre 1988 à Los Angeles (Californie), est une actrice, réalisatrice, scénariste, chanteuse et mannequin américaine. 2024: Blink Twice. 


Pussy Island.
Quelle excellente surprise que ce cauchemar tropicano-bling bling réalisé par Zoe Kravitz, fille du chanteur Lenny Kravitz se prêtant pour la première fois au jeu de la mise en scène avec une inventivité formelle clinquante. Un parti-pris idoine afin de coller aux thématiques du récit allant de l'alcool à la drogue et de la corruption des nantis en passant par le féminisme et le sexisme lors d'un jeu de massacre final faisant office de farce vitriolée dont on ne sort pas indemne. 

Mais moins vous en saurez, mieux le spectacle "édénique" vous ébranlera jusqu'à tapisser l'écran de sauce cerise en passant par du venin de serpent en guise d'apéro cathartique. Sachez simplement qu'il s'agit d'une sorte de croisement entre Midsommar et Get Out (toutes proportions gardées) de par son ambiance sournoise lestement dérangeante et oppressante, quand bien même ses personnages indéfinissables nous suscitent peu à peu une appréhension sous-jacente au fil d'un cheminement narratif remarquablement construit, qui plus est subordonné au pouvoir de suggestion. Les 45 premières minutes instaurant un suspense lattent toujours plus inquiétant sous l'impulsion festive d'écarts de conduite à la fois décalées et décomplexées (bande-son dissonante ou entêtante en sus). Mais plus dure sera la chute passée le gueule de bois du lendemain... 


Or, il fallait y penser exploiter aussi intelligemment une idée aussi triviale (de triste actualité) si bien que Blink Twice instille une ambiance vénéneuse davantage tangible auprès de nos touristes confinées sur une île afin de s'éclater entre couples huppés. 

Le dépaysement insulaire est total, saturée il est vrai d'une rutilante photo scope aux nuances variées, alors que son final de défouloir renoue avec les meilleures bobines régressives sacrément vénères car sans concession. Autant dire que ça charcle à tout va pour notre plus grand contentement de fantasme coupable.  

Une chouette satire horrifique donc étonnamment maîtrisée pour une première réal (même si sa conclusion sarcastique et certaines facilités quant aux chassés-croisés meurtriers ne seront pas du goût de tous). 


Ah oui, j'oubliais ! Le casting hétéroclite (ancienne / nouvelle génération) est parfait, Channing Tatum en tête dans sa tranquille assurance bipolaire accompagné de la résilience à la fois craintive et forcenée de Naomi Ackie.

*Bruno
Vost. 4K

samedi 9 novembre 2024

The Outrun

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Nora Fingscheidt. 2024. Angleterre/Allemagne. 1h58. Avec Saskia Reeves, Saoirse Ronan, Paapa Essiedu, Stephen Dillane, Lauren Lyle.

Sortie salles France: 2 Octobre 2024. Angleterre: 26 janvier 2024

FILMOGRAPHIE: Nora Fingscheidt, née en 17 février 1983 à Brunswick (en Basse-Saxe), est une réalisatrice et scénariste allemande. 2017 : Ohne diese Welt (documentaire). 2019 : Benni. 2021 : Impardonnable (The Unforgivable) (long métrage Netflix). 2021 : H24 (court métrage Arte, épisode 1 "07h - Signes"). 2024 : The Outrun.

Ne s'embarrassant nullement des clichés auprès d'un thème aussi rebattu que sinistrosé, The Outrun traite de l'addiction de l'alcoolisme avec sobriété et pudeur forçant le respect. 

Porté à bout de bras par le talent naturaliste de l'actrice américano-irlandaise Saoirse Ronan, The Outrun relate de manière somme toute intimiste l'introspection épineuse d'une trentenaire écorchée vive de par sa dépendance à l'alcool. Reculée dans les Orcades de l'Ecosse, Rona s'efforce de tourner la page sombre de sa première existence en méditant sur le pouvoir métaphorique de l'océan. 

Forcément splendide à travers ses paysages naturels aussi tempétueux qu'apaisants auquel les mammifères marins y communient, The Outrun provoque une émotion à la fois dure, douce et fragile auprès de cette jouvencelle esseulée se remémorant son passé tout en cheminant son présent avec un courage incertain. 

Dénué de remplissage car si personnel, attentionné et contemplatif de façon éthérée, The Outrun bouleverse dans la juste mesure de la réserve quant à sa moralité torturée sur le point d'accomplir l'impossible. 

Une oeuvre toute à la fois pudique, forte et sensible donc mais jamais complaisante ou démonstrative car privilégiant un réalisme naturaliste inscrit dans l'authenticité de profils galvaudés s'efforçant de se raccrocher aux valeurs humaines et familiales. Entre le fragile équilibre de l'espoir et du désespoir de dernier ressort. 

Merci Thierry pour l'influence 😉

jeudi 7 novembre 2024

La Révolte des Morts-Vivants / La Noche del terror ciego

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Amando De Ossorio. 1972. Espagne / Portugal. 1h41. Avec César Burner, Lone Fleming, Elena Arpon, Joseph Thelman, María Elena Arpón.

Sortie salles France: 8 Mars 1973. Espagne: 10 Avril 1972

FILMOGRAPHIE: Amando de Ossorio (6 avril 1918 – 13 janvier 2001) est un réalisateur espagnol spécialisé dans le film d'horreur et connu plus particulièrement pour sa tétralogie dite « des Templiers ». 1956 : La Bandera negra (The Black Flag) ,1964 : La Tumba del pistolero,1966 : Massacre à Hudson River, 1967 : Pasto de fieras, 1967 : La Niña del patio,1967 : Arquitectura hacia el futuro, 1968 : Escuela de enfermeras, 1969 : Malenka, 1972 : La Révolte des morts-vivants , 1973 : La Noche de los brujos, 1973 : Le Retour des morts-vivants , 1974 : The Loreley's Grasp, 1974 : Le Monde des morts-vivants, 1975 : La Chevauchée des morts-vivants, 1975 : La Endemoniada,1976 : Las Alimañas (The Animals), classé S (= X en Espagne),1980 : Pasión prohibida (Forbidden Passion), classé S (-18 de ans) en Espagne, -18 puis reclassé -16 en France, 1984 : Hydra, le monstre des profondeurs. 

La Révolte des Morts-vivants est le premier volet d'une illustre saga constituée de quatre longs-métrages imaginés et réalisés par Amando De Ossorio. Ainsi, en s'appropriant un archétype mondialement célébré avec la Nuit des Morts-vivants, le réalisateur espagnol y apporte sa touche personnelle avec ses personnages moribonds de templiers décharnés affublés de soutanes décrépies à point tel qu'une confrérie de cinéphiles (dont je fais parti) lui voue un véritable culte sans jamais se lasser au fil de leurs révisions. 

Le Pitch: Au 13è siècle, une jeune femme est offerte en sacrifice à une secte de templiers confinés dans leur église. Après l'avoir flagellé et potentiellement dévoré, nos adorateurs du malin vont être condamnés par le roi d'Espagne pour meurtre sous couvert de rite macabre. Quelques siècles plus tard, les condamnés décident de se venger en revenant d'entre les morts pour tourmenter les vivants. 

Au rayon Bis ibérique (aujourd'hui tristement révolu), La Révolte des Morts-vivants possède beaucoup d'atouts dans son sac à cadavre pour contenter (pour ne pas dire combler) l'amateur éclairé. Car dès les 30 minutes illustrant la virée esseulée d'une femme au sein d'un village en ruines après avoir sauté un train en marche, La Révolte des Morts-vivants dégage une ambiance mortifère extrêmement magnétique auprès de son soin formel rustique et de sa capacité à instaurer une angoisse sinueuse autour d'une proie féminine réduite à l'abandon. La narration linéaire convoquant ensuite deux couples d'amants réunis dans les ruines maudites afin de retrouver leur amie disparue. Dès lors, une succession d'incidents vont nuire à leur tranquillité au sein de cette campagne reculée aussi onirique qu'inquiétante ! Quand bien même lors de certaines occasions exclusives on pourra d'autre part songer au cinéma de Mario Bava lorsqu'une jouvencelle déambule (à 2 reprises) dans un couloir jonché de mannequins. Mais encore à Fulci de par la scénographie macabre d'une morgue abritant un cadavre féminin fraîchement mutilé avant que celui-ci ne revienne à la vie pour y importuner les occupants. 

Constamment magnifié de décors gothiques pour qui vénère maisons en ruine, souterrains lugubres, cave et nécropole. Mais encore église et château auprès d'un mobile narratif justifié (l'origine des templiers et la raison de leur immortalité étant retracés à travers des flash-back médiévaux), Le réveil des Morts-vivants éblouit les mirettes sans modération aucune. Sans compter sa campagne adjacente verdoyante irrésistiblement attrayante auprès de plans larges et d'une quiétude aphone qu'on aimerait tant s'aventurer. Ainsi donc, avec une économie de moyens mais tant d'amour et d'inspiration pour le genre, Amando De Ossorio infuse une ambiance d'étrangeté infiniment immersive sous l'impulsion de templiers parcheminés extrêmement photogéniques (il crèvent franchement l'écran de manière métronome !). Notamment lorsqu'ils chevauchent sur leur cheval à la conquête de leurs victimes lors d'effets de ralentis d'une beauté baroque indicible. Quand bien même son final étonnamment débridé redouble de rebondissements horrifiques lorsque nos morts-vivants assoiffés de sang s'en prendront aux voyageurs d'un train réduits à l'impuissance. 

"Quand il n'y a plus de places dans les cimetières, les morts reviennent à cheval !"
Scandé d'une géniale partition gutturale aux accents latins lors des fameuses apparitions morbides, la Révolte des morts-vivants est un régal visuel et émotionnel constamment payant. Tant auprès de l'audace de ses scènes gores juteuses confectionnées à l'artisanale, des comédiens de seconde zone sobrement naïfs, de son érotisme soft parfois brutal (la scène du viol) que de ses nombreuses séquences anxiogènes terriblement envoûtantes à travers sa mécanique d'une angoisse tantôt sous-jacente, tantôt tangible. Un fleuron du genre à revoir d'urgence si bien que ces templiers, plus vrais (et momifiés) que natures, ne furent jamais égalés dans le paysage horrifique international. 

Bruno 
06.11.2024. 3èx. Vostfr
02.02.11.  

mercredi 6 novembre 2024

A coup de crosse / Fanny Pelopaja

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Vicente Aranda. 1984. Espagne/France. 1h40. Avec Fanny Cottençon, Bruno Cremer, Ian Sera, Francisco Algora, Berta Cabré, Paca Gabaldón, Eduardo MacGregor

Sortie salles France: 29 Août 1984

FILMOGRAPHIE: Vicente Aranda Ezquerra, né le 9 novembre 1926 à Barcelone et mort le 26 mai 2015 à Madrid, est un réalisateur et scénariste de cinéma espagnol. 1965 : Fata Morgana (es). 1965 : Brillante porvenir. 1969 : Las crueles. 1972 : La Mariée sanglante. 1975 : Clara es el precio. 1977 : Je veux être femme. 1980 : La Fille à la culotte d'or. 1982 : Asesinato en el Comité Central. 1984 : La huella del crimen (es) (série télévisée, épisode : El crimen del Capitán Sánchez). 1984 : À coups de crosse. 1986 : Tiempo de silencio. 1987 : El Lute, marche ou crève. 1988 : Demain, je serai libre. 1989 : Si te dicen que caí. 1990 : Los jinetes del alba (série télévisée : 5 x 50 min). 1991 : Amants. 1993 : El amante bilingüe. 1993 : Intruso. 1994 : La pasión turca. 1995 : Lumière et Compagnie. 1996 : Libertarias. 1998 : La mirada del otro. 1999 : Celos. 2001 : Juana la Loca. 2003 : Carmen. 2004 : ¡Hay motivo! (segment intitulé Técnicas para un golpe de estado). 2006 : Tirant le Blanc. 2007 : Canciones de amor en Lolita's Club. 2009 : Luna caliente. 

L'un des polars les plus chelous que j'ai pu voir. 

Un rape and revenge franco-hispanique au climat à la fois austère, lymphatique, nonchalant. Quand bien même le traitement des personnages, discutable, laisse à désirer auprès de leur moralité anti-manichéenne dans une posture (trop ?) impassible.  

Le séquence du braquage est surprenante d'originalité couillue et les fameux coups de crosse (infligés à 2 reprises sur 2 personnages) font leur effet de répulsion auprès d'un (assourdissant) hors-champs sonore. 

Une curiosité plutôt Bis donc à découvrir d'un oeil curieux pour la confrontation ultra déconcertante entre un flic ripoux (Bruno Cremer) et une prostituée (Fanny Cottençon) aussi détachée et antipathique que lui quant à leur relation SM dénuée de passion amoureuse. 

A réserver à la génération 80 et à un public préparé.

*Bruno


jeudi 31 octobre 2024

La Peau / La Pelle

                                              
                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Liliana Cavani. 1981. Italie/France. 2h13. Avec Marcello Mastroianni, Ken Marshall, Alexandra King, Carlo Giuffrè, Yann Babilée, Jeanne Valérie, Liliana Tari, Peppe Barra, Cristina Donadio...

Sortie salles France: 25 Novembre 1981. Italie: 25 Septembre 1981

FILMOGRAPHIE: Liliana Cavani est une réalisatrice italienne, née le 12 Janvier 1933 à Carpi (Emilie-Romagne). 1966: Francesco d'Assisi. 1968: Galileo. 1969: Les Cannibales. 1972: l'Ospite. 1974: Milarepa. Portier de Nuit. 1977: Au-dela du bien et du mal. 1981: La Peau. 1982: Derrière la porte. 1985: Berlin Affair. 1989: Francesco. 1992: La Traviata. 1993: Sans pouvoir le dire. 2002: Ripley s'amuse. 2005: De Gasperi, l'uomo della speranza. 2008: Einstein (téléfilm).


Le Pitch: En 1943, Naples vient d'être libéré après le débarquement américain. Malaparte, officier de l'armée italienne de libération doit négocier avec ceux qui détiennent les prisonniers allemands tout en faisant face à la misère des habitants dont certains se livrent à la prostitution.

Affreux, sales et méchants (toutes proportions gardées !).

Fort d'une atmosphère blafarde particulièrement nécrosée au fil d'une ossature narrative sciemment sournoise, Liliana Cavani nous dépeint sans fard aucun le moment de libération d'une capitale italienne lors de la seconde guerre mondiale parmi une foule déstructurée réduite à la famine et à la prostitution depuis leur précarité. Mais c'est à travers les observations d'un général, d'une aviatrice, d'un capitaine américains puis d'un officier italien (Marcello Mastroianni insufflant avec un magnétisme inquiétant une force tranquille et mutique ambigüe !) que La Peau nous mènera au bout d'une horreur inhumaine. Un voyage au bout des ténèbres pour autant dénué de scènes de guerre mais d'une infinie émanation fétide que l'on ne voit pas vraiment arriver afin de se violemment confronter au malaise et au dégout de manière reptilienne quant aux agissements sans vergogne d'une populace emportée d'un vertige existentiel en perdition. Celle où les valeurs du Bien et du Mal y sont rompues sans espoir de rédemption. Car en dépit de la dépêche rassurante de ce pays libéré par les américains contre l'occupation allemande, La Peau illustre avec une vigueur dramatique implacable les (ex)actions d'un peuple italien se remettant peu à peu du trauma de la guerre pour à son tour se corrompre à travers leur bassesse. 


Un constat social infiniment éprouvant donc et fort dérangeant de par son vérisme sordide si bien que ces petites gens cèderont complaisamment aux actes frauduleux (prostitution, enfants abusés) pour tenir lieu de bas instincts de survie. Or, de prendre en ligne de compte que ce sombre récit est tiré du roman "autobiographique" de l'écrivain Curzio Malaparte paru en 1949, un gout de souffre dans la bouche s'y fait inéluctablement ressentir suivi d'un malaise viscérale parfois difficilement gérable auprès des séquences les plus rudes, vulgaires ou scabreuses (on aborde même le cannibalisme à plusieurs reprises ainsi que la vivisection animale !). C'est dire si La Peau, éludé du hors-champs, est une constante épreuve (de force) morale que l'on subit sans anesthésie jusqu'à l'audace couillue d'une conclusion horrifiante à l'ironie vitriolée. Dans la mesure où passée une éruption volcanique (métaphorique), l'homme semble condamné à la damnation de s'être autant vautré dans la barbarie et la servilité, même auprès des plus candides comme le souligne l'ultime accident morbide auquel se clôt l'oeuvre maladive de Liliana Cavani à qui l'ont doit notamment son chef-d'oeuvre Portier de Nuit réalisé 7 ans plus tôt.


La Chair.
A travers sa mise en scène à la fois âpre et glaçante soumise à l'horreur d'une déliquescence morale de masse, La Peau se décline en éprouvant drame social quant au constat amer imparti à une déchéance miséreuse suite aux conséquences d'un conflit belliciste planétaire. Une oeuvre choc donc qui révulse et scandalise à la fois dans sa criante reconstitution historique où le souci du détail ornemental/sculptural et le recrutement de nombreux figurants fort convaincants y saturent sa facture docu-vérité. Un drame de guerre d'autant plus baroque de par sa scénographie insalubre au seuil de la pornographie diluant le malaise diffus (en intraveineuse svp, sans nous demander pardon). Et ce jusqu'à la hantise d'une méchante gueule de bois que l'on ne parvient pas à évacuer au-delà du générique. A réserver à un public averti tant il me semble illogique d'avoir mentionné une interdiction aux moins de 13 ans lors de sa sortie dans l'hexagone.

*Bruno
29.09.10
31.10.24. Vostfr

mercredi 30 octobre 2024

Rue de la Violence / Milano trema: la polizia vuole giustizia / Polices Parallèles

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sergio Martino. 1973. Italie. 1h44. Avec Luc Merenda, Richard Conte, Silvano Tranquilli, Carlo Alighiero, Martine Brochard, Chris Avram.

Sortie salles France: 2 Mars 1977. Italie: 22 Août 1973

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983: 2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.

Poliziottesco rondement mené à travers ses courses-poursuites hallucinées coordonnées par Rémi Julienne (!), son ultra violence rêche (une femme enceinte et une fillette y trinquent de manière tranchée !) et l'investigation (de longue haleine) d'un flic réac infiltré au coeur d'une pègre criminelle, Rue de la violence porte bien son titre français afin d'appuyer sa radicalité d'une brutalité en roue libre. Reflet de l'époque des Seventies au sein d'une Italie soumise aux années de plomb, Rue de la Violence détonne par son réalisme urbain à la fois poisseux et tendu eu égard des exactions criminelles instaurées dans les rues pour l'enjeu de braquage de banques. Or, un flic teigneux particulièrement revanchard décide d'y opérer sa propre loi après que son supérieur se soit fait assassiner en pleine rue. L'acteur français Luc Merenda  portant le récit insalubre à bout de bras dans sa posture monolithique de justicier impassible résigné à nettoyer sa ville milanaise en faisant fi de déontologie. 

Mais derrière ce remarquable polar d'action très efficacement géré et filmé avec une certaine inventivité (cadrages chiadés lors des poursuites automobiles par ex), Sergio Martino en profite d'y dénoncer le fascisme qui irriguait l'Italie des Brigades Rouges derrière une organisation mafieuse en étroite relation avec une police corruptrice. La texture granuleuse de sa photo grisonnante, son climat quelque peu dépressif ainsi que le charisme des sales gueules d'acteurs secondaires (criant d'expressivité ordurière) contribuant à renforcer le réalisme glaçant d'une vendetta où tous les coups y seront permis. Sans restriction possible si bien que l'on quitte cette Rue de la violence la mine amère auprès de sa conclusion préjudiciable laissant une ultime note déchue quant à la moralité assumée du flic conscient de ses erreurs et de sa culpabilité. A redécouvrir d'urgence notamment donc pour se rendre compte à quel point l'Italie des Seventies fut capable de rivaliser avec les meilleurs films d'action au-delà de leur frontière avec une audace (ici à nouveau) glaçante. Et ce sans compter l'attention portée au traitement des personnages possédant ici une épaisseur humaine déconfite eu égard de l'intensité dramatique qui y émane avec empathie dépouillée (le personnage secondaire de la prostituée à titre de vibrant exemple). 

*Bruno
2èx. Vostfr

Infos subsidiaires: Box-office italien : 2 154 632 entrées 

En 2009, la magazine Empire l'a classé 9e dans un sondage sur les « 20 plus grands films de gangsters que vous n'avez jamais vus » .

Octopussy

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Glen. 1983. U.S.A/Angleterre. 2h11. Avec Roger Moore, Maud Adams, Louis Jourdan, Kristina Wayborn, Kabir Bedi.

Sortie salles France: 5 Octobre 1983. U.S: 10 Juin 1983

FILMOGRAPHIE: John Glen est un réalisateur anglais né le 15 mai 1932 à Sunbury-on-Thames (dans le comté de Surrey, en Angleterre). 1981 : Rien que pour vos yeux (For Your Eyes Only). 1983 : Octopussy. 1985 : Dangereusement vôtre. 1987 : Tuer n'est pas jouer. 1989 : Permis de tuer. 1990 : Checkered Flag. 1991 : Aigle de fer 3. 1992 : Christophe Colomb : La découverte. 1995 : Épisodes de la série télévisée britannique Space Precinct. 2001 : The Point Men.


Quel habile faiseur que ce John Glen d'avoir enquillé autant de réussites au sein de la saga James Bond. Si bien qu'à mon sens personnel il n'y a rien à jeter à travers ses 5 propositions imprimées entre 1981 et 1989. Et pour cause: Rien que pour vos yeux, Dangereusement votre, Tuer n'est pas jouer, Permis de tuer et enfin le film qui nous intéresse ici, Octopussy, sont parvenus à me séduire avec un enthousiame parfois même galvanisant. Ce qui fut particulièrement le cas avec Rien que pour vos yeux mais aussi Dangereusement Votre et enfin le réjouissant Octopussy. En attendant de revisionner ces deux derniers essais endossés par un nouveau James Bond en la présence de Timoty Dalton dans Tuer n'est pas jouer et Permis de tuer. Or, à la revoyure d'Octopussy, quel bonheur expansif de se retrouver plonger dans les années 80 d'une aventure exotique faisant la part belle à l'action et à la romance auprès de son concentré d'humour, cascades et charnalité parmi la présence de mannequins réputées comme de coutûme dans le cahier des charges. Et si le récit d'espionnage demeure un peu difficile à suivre (un reproche déjà consigné lors de sa sortie), la bonne humeur exaltante des comédiens, sa facture visuelle dépaysante nous baladant entre l'Inde, l'Allemagne, l'Amérique et l'Angleterre, son côté également Bande-dessinée haute en couleur et surtout la générosité de son action époustouflante nous rappellent par la même occasion à quel point ses trucages artisanaux continuent de générer une émotion frétillante auprès de ses séquences anthologiques dénuées de ride. 


Si bien que l'on rematte ses splendides morceaux d'esbroufe les yeux écarquillés. C'est dire si Octopussy demeure un régal permanant 2h11 durant sous l'impulsion toujours aussi décontractée d'un Roger Moore aimablement impliqué auprès de sa force tranquille, de sureté et de séduction. L'acteur n'hésitant pas non plus à se grimer en clown ou même en gorille (sans soupçon de ridicule évidemment) en guise de camouflage pour mieux usurper ses rivaux (se trahissant d'ailleurs entre eux) lors d'une traque en interne d'un cirque et d'un tramway. Ainsi, y émane de sa facture sobrement aguicheuse, ludique, décomplexée, un sentiment de fraîcheur, d'évasion, d'épanouissement et de réjouissance propres aux serials. Si bien que tous les comédiens à la fête semblent s'amuser autant que nous. Nous spectateur étant impliqué entre un jeu du chat et de la souris et une course contre la montre nucléaire auprès de méchants mégalos génialement cabotins. 


Formidable divertissement familial aussi sérieux que fantaisiste dans la juste mesure (même si le yoyo à scie circulaire - chorégraphié à point nommé pour ses attaques criminelles - ainsi que la pieuvre aux anneaux bleux - clin d'oeil à Alien - peuvent brusquer les plus petits), Octopussy demeure un épatant spectacle à l'ancienne plein de charme, d'humour et surtout d'actions "mécaniques" d'un réalisme fulgurant toujours aussi bluffant. Un plaisir permanent donc encore plus tangible à la revoyure de par son aspect "idyllique" plus prononcé aujourd'hui puisque révolu depuis l'ère numérisé.  

*Bruno
vf

Box Office France : 2 944 481 entrées

Budget : 27 500 000 $ (estimation)

Tournage du 10 août 1982 au 25 janvier 1983.

Lieux de tournage: Allemagne / Etats-Unis / Inde / Royaume-Unis

mardi 29 octobre 2024

Mother land / Never let go

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Alexandre Aja. 2024. U.S.A. 1h41. Avec Halle Berry, Percy Daggs, Anthony B. Jenkins, Matthew Kevin Anderson, Stephanie Lavigne, Cadence Compton.

Sortie salles France: 25 Septembre 2024

FILMOGRAPHIE: Alexandre Jouan-Arcady, dit Alexandre Aja, est un réalisateur, producteur de cinéma, scénariste, dialoguiste et acteur français, né le 7 août 1978 à Paris.1999 : Furia. 2000 : Là-bas... mon pays d’Alexandre Arcady (en seconde équipe). 2002 : Entre chiens et loups d’Alexandre Arcady (en seconde équipe). 2003 : Haute Tension. 2004 : Mariage mixte d’Alexandre Arcady (en seconde équipe). 2006 : La colline a des yeux (The Hills Have Eyes). 2008 : Mirrors. 2009 : Piranha 3D. 2014 : Horns. 2016 : La Neuvième Vie de Louis Drax (The 9th Life of Louis Drax). 2019 : Crawl. 2021 : Oxygène. 2024 : Mother Land. 


Captivant drame psychologique transplanté dans le cadre horrifico-fantastique d'une nature à la fois paisible et inquiétante, Mother Land tire son épingle du jeu de par la fine attention portée à caractérisation d'une mère bigote et de ses enfants apprenant peu à peu à se forger leur propre opinion bien que l'un d'eux rebroussera chemin pour mieux s'appliquer aux préceptes de celle-ci. 

Impeccablement endossé par une Halle Berry sans fard dans la peau d'une maman parano victime de son fanatisme religieux, Mother Land nous questionne, par ses actions à la fois drastiques et nonsensiques, et par le comportement interrogatif des enfants en proie à la perplexité, sur l'influence du Mal qu'ils dépendent communément au sein d'un contexte de survie éventuellement post-apo. Tour à tour vibrante, poignante et fragile mais déterminée et forcenée puisque aveuglée par sa folie parano en perdition, Hale Berry suscite crainte, effroi, désespoir à travers sa mélancolie morale de tenter de survivre dans la précarité en s'efforçant d'y préserver la vie de ses enfants avec une détermination irresponsable. 

Sorte de conte plutôt noir à travers son réalisme à la fois naturaliste, feutré et onirique baignant dans un climat esseulé émaillé de visions d'effroi, Motherland surprend par ses rebondissements dramatiques impromptus et par le parti-pris intelligent d'Alexandre Aja d'aborder un Fantastique adulte en faisant fi de facilités standard qu'on a coutume de voir dans ce paysage (souvent formaté). A travers son art formel et du storytelling, Aja  introduit d'autre part une émotion fébrile parfois même bouleversante au fil de l'évolution morale de ce trio maudit compromis par d'éventuelles forces du Mal intraitables. On est d'autant plus attaché à ces personnages rétrogrades qu'une intensité dramatique leur est également consignée avec un art consommé de l'autosuggestion. Le cheminement si indécis de ses enfants abandonnés de tous demeurant également la grande densité de ce récit métaphorique où la présence du Mal nous fera finalement office de réflexion existentielle, à l'instar d'un Carpenter persuadé que cette entité est parmi nous. 

Merci Mr Aja pour votre proposition Fantastique de nous avoir traité un métrage intimiste aussi fort, douloureux et intelligent. *

Et merci à toi Jean-Marc Micciche de m'y avoir suscité la curiosité (pour ton optimisme et par le truchement du "chien").

*Bruno

Infos subsidiaires: A l'origine Mark Romanek devait le réaliser. 

Tournage étalé sur une période de 3 mois (Avril à Juin 2023) à Vancouver (Canada). 

Scénario de Kevin Coughlin et Ryan Grassby

Production : Alexandre Aja, Dan Cohen, Dan Levine et Shawn Levy

Musique : Robin Coudert

lundi 28 octobre 2024

Le Comte de Monte Cristo. Festival du film de Cabourg 2024 : Swann du meilleur film.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte. 2024. France. 2h58. Avec Pierre Niney, Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier, Anamaria Vartolomei, Laurent Lafitte, Pierfrancesco Favino, Patrick Mille, Vassili Schneider.

Sortie salles France: 28 Juin 2024

FILMOGRAPHIE: Alexandre Dubois de La Patellière, dit Alexandre de La Patellière, né le 24 juin 1971 à Paris, est un scénariste, dramaturge, réalisateur et producteur français. 2012 : Le Prénom en collaboration avec Matthieu Delaporte. 2019 : Le meilleur reste à venir en collaboration avec Matthieu Delaporte. 2024 : Le Comte de Monte-Cristo en collaboration avec Matthieu Delaporte. Matthieu Delaporte est un scénariste, réalisateur pour le cinéma et la télévision et dramaturge français né le 2 septembre 1971. 2006 : La Jungle. 2012 : Le Prénom avec Alexandre de La Patellière. 2014 : Un illustre inconnu. 2019 : Le meilleur reste à venir avec Alexandre de La Patellière. 2024 : Le Comte de Monte-Cristo en collaboration avec Alexandre de La Patellière.

                                                Top 2024 (en tête de peloton du classement). 

"Toute la sagesse humaine sera dans ces deux mots : attendre et espérer !"

Renouant avec la qualité disparue des grands classiques du genre tout en le modernisant un peu pour l'emploi de certains effets de style, le Comte de Monte Cristo est du grand cinéma populaire comme on n'en voit plus dans le paysage Français. On peut même prétendre une résurrection en somme. 

Du pur plaisir de cinéma 2h50 durant auquel tout est admirablement réuni pour nous séduire avec une bouleversante sincérité. Si bien que ce récit de vengeance de longue haleine doit autant au talent d'écriture d'Alexandre Dumas que du jeu terriblement investi des acteurs se disputant l'autorité avec un souffle épique ou romanesque que l'on croyait aujourd'hui révolu. 

C'est dire si la réunion des cinéastes Alexandre de La Patellière / Matthieu Delaporte a porté ses fruits d'avoir su réactualiser l'illustre récit sous une fulgurance formelle au cordeau (photo scope rutilante à l'appui). Si bien que le Comte de Monte Cristo est également un splendide livret d'images que son budget de plus de 42,9 millions d'euros (film français le plus cher de 2024) a rendu plausible en peaufinant chaque séquence jusqu'à la plus ordinaire. 

Mais outre son régal pour les yeux et l'ouie (score musical de Jérôme Rebotier à damner un saint pour son sens lyrique), le Comte de Monte Cristo est avant tout et surtout un affrontement psychologique d'une intensité scrupuleuse passée une tolérance s'étalant sur une durée de plus de 14 ans. Des antagonistes couards au charisme infaillible (aucun ne déborde à travers leur commune expressivité antipathique) bientôt rattrapés par leur passé qu'Edmond Dantes (Pierre Niney est habité sans cligner d'un cil) est entrain de planifier pour son sens de la justice. Quand bien même le récit impeccablement charpenté met autant en exergue la valeur (ici écornée) de l'amour et de l'amitié avec un souffle lyrique ou dramatique tout en grâce élégiaque. 

Une oeuvre d'art donc d'une beauté académique épurée, un futur grand classique du cinéma d'aventures auquel les 9 millions de spectateurs français n'ont fait que confirmer son potentiel fastueux.

*Bruno

Budget : 42,9 millions d'euros (film français le plus cher de 2024)

Box Office: 9 037 088 entrées (au 29/10/2024)

mardi 22 octobre 2024

Alien: Romulus

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Fede Alvarez. 2024. U.S.A/Angleterre. 2h00. Avec Cailee Spaeny, David Jonsson, Isabela Merced, Archie Renaux, Spike Fearn, Aileen Wu, Daniel Betts.

Sortie salles France: 14 Août 2024

FILMOGRAPHIE: Fede Alvarez est un réalisateur uruguayen, né le 9 Février 1978 à Montevideo.
2009: Ataque de Panico (court-métrage). 2013: Evil-Dead. 2016: Don't Breathe. 2018 : Millénium : Ce qui ne me tue pas (The Girl in the Spider's Web). 2024 : Alien: Romulus. 


Tout d'abord ce qui frappe d'emblée dès que l'on découvre les premières images d'Alien Romulus émane de sa facture visuelle aussi dépaysante que crépusculaire. Un univers stellaire à l'urbanisation enfumée rappelant sciemment Blade Runner de Scott sans toutefois vulgairement le singer tant l'influence ici, autrement rubigineuse (parmi ses teintes ocres et sépia), s'y fait discrète auprès de ses FX minimalistes. Un prologue prometteur donc qui va rapidement entretenir l'attachement avec le tandem Rain / Andy. Une jeune ouvrière accompagnée de son androïde afro auquel elle accorde beaucoup d'empathie à travers leur relation fraternelle. 

Situé entre Alien et Aliens, l'action suit donc ces 2 héros bientôt influencés par Tyler (l'ex de Rain), Kay (soeur de Tyler), Bjorn (cousin de Tyler et Kay) et Navarro à quitter leur train de vie routinier de "mineurs" pour rejoindre une station spatiale abandonnée et se rendre sur Yvaga, planète potentiellemet plus paisible. 

"On prend (donc) les mêmes et on recommence" si j'ose ce facheux trait d'union à travers l'exploration de cette station abritant inévitablement nos chers facehuggers avec ce que celà sous-entend d'angoisse diffuse, tension grandissante, action épique 2h00 durant. 


Or, ayant déjà prouvé son talent d'habile faiseur avec l'excellente relecture de Evil-Dead et son huis-clos retors Don't Breathe; Fred Alvarez demeure rigoureusement impliqué, révérencieux, attentionné, circonspect pour éviter de décevoir l'amateur éclairé en nous offrant une séance ludique de train fantôme avec un art consommé de l'efficacité endiablée. Et cela fonctionne à nouveau à point nommé si bien que dès que nos héros arpentent, entre appréhension, interrogation et curiosité, les corridors de la station maudite au sein du lieu hermétique, Alien Romulus ne nous lâche pas d'une semelle de par son angoisse lattente bientôt substituée d'une intensité davantage effrenée, entre suspense exponentiel, action belliqueuse et scènes-chocs d'un redoutable réalisme viscéral. Le tout émaillé de clins d'oeil parfaitement justifiés et exploités à bon escient (tout du moins pour la plupart) puisque soumis à l'intrigue en étroit lien avec les 2 opus précités. Sans compter sa conjonction finale avec Prometheus et Covenant faisant office d'effet de surprise aussi cruel que baroque et dérangeant. 


Mais outre le plaisir de renouer avec l'aspect délicieusement ludique des 2 premiers Alien (en privilégiant toutefois une démarche beaucoup moins bourrine que le chef-d'oeuvre de Cameron), Alien Romulus parvient à nous immerger dans ce nouveau huis-clos infernal parmi l'audace d'y recruter un acting étonnamment juvénile puisque jamais vu au préalable au sein de la saga. Une gageure à la fois couillue (certains spectateurs puristes se risquant à la grise mine) et fructueuse (pour rameuter aussi la nouvelle génération) que Fede Alvarez parvient toutefois à relever de par leur fragilité humaine perceptible, l'aspect vulnérable de leur physique ordinaire peu enclin à s'y porter héros redresseur de tort. Même si notre jeune héroïne Rain accompagnée de son androïde bipolaire (notamment faute d'un remplacement de module) fera preuve d'une stoîcité impressionnante sans jamais se morfondre dans la caricature de guerrière intrépide déjà transcendée par Ripley iconisé par Sigourney Weaver. De jeunes protagonistes lambdas donc au charisme somme toute standard mais qui parviennent sobrement à nous impliquer dans leur effroi, leur désarroi avec une émotion palpable à défaut de véritablement nous ébranler, bien que certaines séquences particulièrement épineuses font génialement leur effet répulsif (les gouttes d'acide chutant sur une des victimes, l'empalement par le dos, l'explosion d'une cage thoracique, l'accouchement). 


Enfin, il faut aussi reconnaître que Fede Alvarez n'est point à court d'idées viciées (tant pour ses mises à mort susnommées que des intentions couardes de Rook, l'androïde du 1er opus, - FX très convaincant à l'appui auprès de son visage expressif-) et oniriques (les envolées des giclées d'acide émanant de la gravité zéro de la station) pour relancer l'action avec un savoir faire roublard. Alien Romulus instaurant notamment une scénographie rétro très crédible à travers la technologie sciemment obsolète de la station et pour la tenue vestimentaire de nos jeunes colons, afin de mieux respecter la chronologie temporelle des 2 premiers opus. 


Palpitant, opressant et anxgioène au détriment de nous foutre la pétoche comme sû le parfaire Ridley Scott avec son inégalable parangon de l'horreur spatiale où personne ne nous entendait criait, Alien Romulus se décline toutefois en divertissement de haute voltige parvenant même à imposer sa propre identité visuelle (mais aussi personnelle pour son discours sur l'exploitation du prolétariat du point de vue d'une jeunesse désœuvrée) à travers son univers stellaire tout à la fois génialement ravissant et insécure. En tablant autant sur la fragilité tangible de nos jeunes ouvriers à bout de souffle s'évertuant à repousser la pression avec une dimension héroïque désespérée. Un vibrant hommage donc, véritable et impliqué, qu'on aurait tort de bouder. 

*Bruno
Mar 15.10.24.Vostfr
Lun 21.10.24. Vostfr. 4K.

Ordre de préférence pour la saga: 
- Alien  
- Aliens 
- Alien 3
- Alien Romulus
- Alien Resurrection 
- Prometheus
- Alien Covenant.