vendredi 28 février 2025

Le Redoutable homme des Neiges / The Abominable Snowman

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Val Guest. 1957. Angleterre. 1h25. Avec Forrest Tucker, Peter Cushing, Maureen Connell, Richard Wattis, Robert Brown.

Sortie salles Angleterre: 26 Août 1957.

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Val Guest de son vrai nom Valmond Guest est un scénariste, réalisateur et producteur britannique né le 11 décembre 1911 à Londres (Royaume-Uni) et décédé le 10 mai 2006 à Palm Springs (Californie). 1954 : La Revanche de Robin des Bois. 1955 : Le Démon de la danse. 1955 : Le Monstre. 1956 : It's A Wonderful World. 1957 : Scotland Yard appelle FBI. 1957 : La Marque. 1957 : Le Redoutable Homme des neiges. 1960 : Expresso Bongo. 1961 : Traitement de choc. 1961 : Le Jour où la Terre prit feu. 1967 : Casino Royale. 1970 : Toomorrow. 1970 : Quand les dinosaures dominaient le monde. 1982 : The Boys in Blue (en). 1984 : Mark of the Devil (en) (TV). 1984 : In Possession (TV). 1985 : Child's Play (TV).


"Qu'est ce qui fait de nous un humain ?"
Encore un bel exemple de ce que la Hammer pouvait nous offrir de plus noble en matière de Fantastique photographié en noir et blanc. Ici la traque d'un yeti en plein coeur de l'Himalaya enneigé superbement filmé en format large à travers ses contrés montagneuses immaculées. Si bien que l'on va suivre 1h25 durant l'expédition ricaine d'une poignée d'aventuriers épaulés d'un botaniste anglais que Peter Cushing endosse avec un bon sens avisé forçant le respect. Tout le contraire de ses camarades avides de gloire et de cupidité à dénicher l'abominable homme des neiges dans un cadre aussi sauvage que feutré eu égard du blizzard et avalanches qui vont empiéter leur périple. Métaphore anti-belliqueuse (tant pour la chasse que pour la guerre), plaidoyer pour le droit à la différence, faute de la peur d'une espèce animale d'origine inconnue, le Redoutable homme des neiges conjugue récit d'aventures, fantastique, suspense, romance et angoisse avec une intelligence somme toute cérébrale. 

                                      

Puisque fustigeant avec un sens habile de la suggestion ces profils rétrogrades de pieds nickelés incapables d'y canaliser leurs affres lorsqu'ils feront face à la menace indicible. Toutes leurs actions irréfléchies émanant de leurs sentiments collapsés qu'ils ne parviennent à éclipser face à un Peter Cushing davantage lucide, démuni d'observer l'arrogance de ses camarades partagés entre la soif de la traque et la peur de l'inconnu au point de perdre pied avec la réalité. Val Guest prenant soin d'ailleurs de retarder au possible l'apparition du Yeti en y dévoilant lors de rares moments un bras velu mobile puis figé, tout en privilégiant le hors-champs sonore aussi inquiétant que déconcertant. Et ce avant l'apparition tant escomptée parachevant ce récit humaniste vers une idéologie tibétaine inscrite dans la sagesse du respect des valeurs humaines dénuées de violence, de haine envers son prochain.  

                                   

Belle oeuvre humaniste au demeurant au dépaysement factuel (les séquences haletantes faisant intervenir le déchainement d'une nature tempétueuse restent impressionnantes de réalisme), le Redoutable homme des neiges est entièrement soumis à la psychologie torturée de ses personnages finalement engagés dans une épreuve de force afin de converger à l'initiation existentielle à la dramaturgie pathétique. 

*Bruno
2èx. Vost

mercredi 26 février 2025

La Malédiction du Loup-Garou / Werewolf créé par Frank Lupo


de James Darren, David Hemmings, Larry Shaw, Rob S. Bowman, Lyndon Chubbuck, Richard Colla, Bob Bralver, Sidney Hayers, Guy Magar et Jon Paré. 1987/1988. U.S.A. Durée : 1 x 83 minutes + 28 x 25 minutes.

Diffusion France: 12 mai 1988 sur Canal+, sur M6 jusqu'en 1992, sur France 3, RTL TV et sur RTL9 entre 1995 et 1996.

Une 1ère pour moi. C'est d'ailleurs mon ami Eric Draven qui va être jouasse 😉 

J'ai donc découvert l'épisode pilote d'1h23 et à ma surprise ce fut un savoureux moment horrifico-romantique. 

Je ne m'attendais pas à ce que le mythe du Loup-Garou soit traité de manière aussi sérieuse dans son contexte contemporain.

Outre la qualité des FX charnels et le jeu impliqué des persos aussi tendres qu'attachants, je me suis laissé envoûté par son score electro de Sylvester Levay qui irrigue tout le cheminement narratif, à situé entre le 6ème sens de Man pour ses variations rock et Near Dark de Bigelow pour ses plages mélancoliques. Si bien que l'on jurerait que Tangerine Dream y soit le signataire.

Bref, après tant de décennies je comprends enfin le vif engouement que la série généra à l'époque au point de la qualifier à juste titre de culte en seulement 29 épisodes.

Je n'ai plus qu'à savourer l'intégrale ces mois ci.

*Bruno

Listing Épisodes: 

La Malédiction du loup-garou (Werewolf) (téléfilm pilote) avec Raphael Sbarge et Michelle Johnson

Ronde de nuit (Nightwatch) avec Henry Beckman

Le garçon qui criait au loup (The Boy Who Cried Werewolf) avec Danny Cooksey

Le bateau sombre (The Black Ship) avec Stefan Gierasch

Le spectre du loup (Spectre of the Wolf) avec Byrne Piven

Le loup qui se prenait pour un homme (The Wolf Who Thought He Was a Man) avec Bobbie Eakes

Il n'y a rien d'inquiétant dans ces bois (Nothing Evil in These Woods) avec Amy Yasbeck

La Meute (Running with the Pack) avec Jay Acovone

Le havre de paix (Friendly Haven) avec Dabbs Greer

Prière (Let Us Prey) avec Robert Carricart

Un monde différent, première partie (A World of Difference [1]) avec James Morrison

Un monde différent, deuxième partie (A World of Difference [2]) avec Ethan Phillips

La Licorne (The Unicorn) avec Tony Todd, Traci Lind

Halloween (All Hallow's Eve) avec Sean Kanan

Piste sanglante (Blood on the Tracks) avec Everett McGill

Le cauchemar (Nightmare at the Braine Hotel) avec Richard Lynch et Jayne Modean

Chasse au loup (Wolfhunt) avec R.G. Armstrong

Les liens du sang (Blood Ties) avec James Horan et Catherine Hickland

Le patriarche (Big Daddy) avec Howard Duff

Disparitions à la chaîne (Eye of the Storm) avec Leon Rippy

Cauchemar en bleu (Nightmare in Blue) avec Gregg Henry

Porteur de peau (Skinwalker) avec Don Shanks

Le tueur fou (King of the Road) avec Guy Stockwell, Sid Haig

La jeune fille matérialiste (A Material Girl)

Un loup peut en cacher un autre, première partie (To Dream of Wolves [1]) avec Brian Thompson

Un loup peut en cacher un autre, deuxième partie (To Dream of Wolves [2]) avec Brian Thompson

L'amour est aveugle (Blind Luck) avec Marshall R. Teague

Le Loup gris (Gray Wolf) avec Brian Thompson, Larry Drake et William Morgan Sheppard

Une sacrée bonne femme (Amazing Grace) avec Billie Bird





lundi 24 février 2025

Baby Cart: l'Enfant Massacre / Kozure Ōkami: Sanzu no kawa no ubaguruma / Le Landau de la Sanzu-no-kawa

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Kenji Misumi. 1972. Japon. 1h22. Avec Tomisaburō Wakayama, Kayo Matsuo, Akiji Kobayashi, Minoru Oki, Shin Kishida.

Sortie salles Japon: 4 Avril 1972


Un second opus beaucoup plus porté vers l'action en multipliant par 10 les affrontements antécédents. D'où le plus gros succès populaire de la saga (scindée en 6 volets). 

Une séquelle hyper inspirée dans son refus des conventions en faisant preuve d'une expérimentation à la fois auditive et visuelle pour renforcer sa nature parfois surréaliste. 

En attachant notamment une importance primordiale (autant qu'à l'action nullement gratuite) à son récit simpliste digne d'intérêt moraliste dans leur philosophie belliqueuse.


Un travail avisé sur le son donc (tant pour le fracas des sabres, des bruits de la nature, du silence assourdissant entre les mots et les morts), les cadrages obliques, le montage ultra dynamique afin de transformer l'essai en chef-d'oeuvre de folie furieuse d'un onirisme barbare à faire pâlir de jalousie notre maestrio Argento.

Oeuvre immense au demeurant d'une richesse esthétique et technique inégalées alors que sa photo toujours aussi fastueuse nous immerge comme dans un rêve éveillé dans ce vénéneux quotidien rural à travers leur culture nippone à l'idéologie martial bien établie.

*Bruno.
3èx. Vost

vendredi 21 février 2025

Warm Bodies

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jonathan Levine. 2013. U.S.A. 1h38. Avec Nicholas Hoult, Teresa Palmer, Dave Franco, Analeigh Tipton, John Malkovich, Rob Corddry

Sortie salles France: 20 Mars 2013

FILMOGRAPHIEJonathan Levine est un réalisateur et scénariste américain, né le 18 Juin 1976 à New-York. 2006: All the Boys love Mandy Lane. 2008: Wackness. 2011: 50/50. 2013: Warm Bodies. 2015 : The Night Before. 2017 : Larguées (Snatched). 2019 : Séduis-moi si tu peux ! (Long Shot). 

                                                           "L'Amour plus fort que la Mort"

Révision d'un modeste divertissement que j'avais apprécié à l'époque sans toutefois sauter au plafond. 

Or, aujourd'hui, je le considère sans rougir comme un coup de ❤️ à ma surprise particulièrement émotive.

Parce qu'il fallait oser confronter la romcom en mode horrifique que personnifie la mythologie du Zombie sans sombrer dans le ridicule auquel le cheminement ne cesse d'y flirter sans jamais y céder. 
Une gageure que le réalisateur Jonathan Levine (le génial "All the Boys love Mandy Lane", c'était lui) relève haut la main sous l'impulsion d'une BO pop aussi planante qu'entêtante, de concert avec ses images oniriques d'un genre nouveau. 

Une série B aussi originale qu'intelligente de nous relater auprès de son attentive caractérisation humaine la relation amiteuse entre une blonde rescapée et un jeune zombie transi d'amour pour elle au point d'amorcer une romance face à nos yeux éberlués. 


Où plutôt face à notre attention scrupuleuse de se laisser embarquer, voguer par leur intimité à la fois fragile et fébrile de par la rédemption de l'amour. Et ce en dépit de l'hostilité militaire que symbolise le colonel Grigio (le paternel de notre héroïne indisciplinée de s'être finalement laissé séduire par un zombie intarissable). 

Tout le récit n'étant après tout qu'une métaphore sur le pouvoir de l'amour, sur la capacité de renouer avec notre véritable énergie, nos instincts les plus nobles et gratifiants en dépit d'une éventuelle monstruosité morale, viscérale à se nourrir de chair humaine pour tenir lieu de survie. 

"Warm Bodies" prouvant par l'occasion de cette romance singulière que les êtres sans vergogne ayant égaré leur âme peuvent toutefois renouer avec leur instinct humaniste en s'éveillant aux autres ayant une capacité d'écoute, de tolérance et d'amour. Ce que l'on appelle notamment dans le langage commun "la seconde chance" permise auprès des marginaux indomptables. 


Et si "Warm Bodies" parait si tendre, pur et candide à travers cette naïveté romantique exaltée, il le doit notamment beaucoup à la complémentarité solaire du couple Nicolas Hoult / Teresa Palmer illuminant sobrement l'écran de leur naturel attendri que le spectateur perçoit comme une innocence retrouvée.  

Une belle réussite donc d'avoir su conjuguer avec autant d'audace et d'originalité que d'idées retorses (géniale voix-off du zombie nous délivrant 1h30 durant ses pensées les plus intimes) une comédie romantique et d'horreur dans la continuité discursive de Romero et ses zombies en éveil de conscience. 

Si bien que l'on peut présumer qu'il s'agit également de la digne séquelle de "Land of the dead", toutes proportions gardées.


P.S: Déconseillé (peut-être) aux gros durs, machistes et misogynes. 

*Bruno
2èx. 4K. Vost

Box Office France: 257 157 entrées
Budget: 37 000 000 dollars
Récompense: Teen Choice Awards 2013 : Choice Movie Breakout (Nicholas Hoult)

mercredi 19 février 2025

Companion

                                           

de Drew Hancock. U.S.A. 1h37 (1h32). Avec Sophie Thatcher, Jack Quaid, Lukas Gage, Megan Suri, Harvey Guillén, Rupert Friend, Rupert Friend.

Sortie salles France: 29 Janvier 2025.

Un bon divertissement, une sympathique série B féministe fustigeant nos sociétés machistes et matérialistes toujours plus déshumanisantes de se soumettre à la facilité d'une technologie optimale visant à nous faciliter les tâches d'un quotidien sentimental servile. 

Dommage que l'intrigue perfectible finit par choisir la facilité éculée. Un condensé toutefois ludique et sardonique du jeu du chat et de la souris entre proies et assaillants jusqu'à ce que justice y soit réparée. 

Les idées retorses ne manquent pas et font parfois leur petit effet de surprise sous l'impulsion d'une Sophie Thatcher irréprochable dans un rôle difficile d'autant plus "bicéphale". 

Sentiment d'inachevé donc faute de sa narration adepte du chemin de traverse mais on passe quand même un bon moment sans jamais s'ennuyer.


*Eric Binford
4K. vf

lundi 17 février 2025

The Gorge

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Scott Derrickson. 2025. U.S.A. 2h07 (1h58). Avec Miles Teller, Anya Taylor-Joy, Sigourney Weaver, William Houston, Sope Dirisu.

Diffusion: 14 février 2025 (sur Apple TV+)

FILMOGRAPHIE: Scott Derrickson est un réalisateur, scénariste et producteur américain
1995: Love in the Ruins. 2000: Hellraiser V: inferno. 2005: l'Exorcisme d'Emilie Rose. 2008: Le Jour où la terre s'arrêta. 2012: Sinister. 2014 : Délivre-nous du mal. 2016 : Doctor Strange. 2021 : Black Phone.  2023 : V/H/S 85 (sketch "Dreamkill"). 2025: The Gorge. 


Alors que j'ai hésité à le découvrir je ne regrette nullement de m'y être laissé emporté tant j'étais immergé dans l'aventure 1h58 durant. 

Pur divertissement du Samedi soir, The Gorge est une série B luxueuse comme tant de métrages des années 80 eurent l'opportunité de nous offrir avec autant de sincérité que de générosité. 

Car si la première heure franchement attachante à dépeindre dans une ambiance feutrée la relation amoureuse de notre duo de géôliers (superbement incarné par Miles Teller - à contre emploi héroïque -  et l'hyper envoûtante Anya Taylor-Joy) oscille pudeur, humour léger et accalmie langoureuse, la seconde partie est une succession d'actions en règle dans sa frénésie belliciste remarquablement exécutée par un Scott Derrickson (l'Exorcisme d'Emilie Rose, Sinister, Black Phone !) aussi impliqué et jouasse de nous parfaire une récréation suintant l'amour du travail carré. 


Des zombies décharnés tout à fait crédibles dans leur morphologie végétale numérisée que nos héros tentent de déjouer à renfort de mitraillettes, grenades et sulfateuses dégénérées. Et même si parfois l'action horrifique surfe avec la gratuité, l'intensité qui s'y dégage, le montage dynamique et surtout l'implication résignée des comédiens permettent sans complexe de se laisser emporter par ce délire régressif 100 fois plus fun et trippant que n'importe quel opus de Resident Evil

Tout simplement parce que l'on croit à ce que l'on voit, aussi  mineure soit son intrigue simpliste et ses situations éculées qui vont avec que l'on savoure avec regard de gosse retrouvé. 

Et puis il ne faut pas non plus omettre que d'un point de vue formel mais aussi musical (ça déménage et nous berce lors d'un slow laconique), The Gorge dépayse, ensorcelle, magnétise les sens au sein de superbes panoramiques montagneux (filmés du point de vue de miradors) renfermant de terrifiants secrets militaires dans les sous-bois étouffés et marécageux.. 


Alors pour qui raffole de plaisir aussi innocent qu'attendrissant, The Gorge dégage un charme prégnant de A à Z dans son efficace concentré d'horreur écolo sous l'impulsion d'une romance candide sobrement structurée que Miles Teller / Anya Taylor-Joy renforce avec une complémentarité irrésistiblement bonnard.

*Bruno
Vost

vendredi 14 février 2025

Les Yeux de Feu / Eyes of Fire / Crying Blue Sky

                                                   
                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Avery Crounse. 1983. U.S.A. 1h48 / 1h26. Avec Dennis Lipscomb, Guy Boyd, Rebecca Stanley, Sally Klein, Karlene Crockett, Fran Ryan, Rob Paulsen.

inédit en salles en France. États-Unis: 22 avril 1985(limited)

FILMOGRAPHIE: Avery Crounse est né le 15 avril 1951 dans le Kentucky, États-Unis. Il était réalisateur et scénariste. Il est connu pour Cries of Silence (1996), The Invisible Kid (1988) et Les Yeux de feu (1983). Il est mort le 20 mars 2023 en Caroline du Sud, États-Unis.


Véritable OFNI extrêmement rare (congratulation à Rimini de l'avoir enfin exhumé d'outre-tombe), les Yeux de feu est une expérience unique d'autant plus indéfinissable que l'on perd rapidement pied avec la réalité. 

Imaginez un tant soi peu une mixture d'Aguirre la colère de Dieu, La Nurse, The Witch et une pincée de  de Jodorowski et vous obtenez un bad trip expérimental aux images résolument saisissantes. Le réalisateur Avery Crounse étant un ancien photographe réputé pour son sens artistique, il déploie ici toute la mesure de son talent formaliste auprès d'une végétation sensorielle. 

Si bien que filmé en pleine nature forestière, l'onirisme naturaliste qui se dégage, pour faire l'instant d'après place à des séquences cauchemardesques vues nulle part ailleurs, nous donne le tournis. Notamment auprès de sa confusion (sciemment ?) narrative et de ses personnages obscurs parfois énigmatiques déambulant dans une forêt occulte propice aux apparitions les plus craignos à travers visions fantomatiques et sorcières opaques surgies de sous la terre ou au travers l'écorce d'arbres. Potentiellement des réincarnations d'animaux innocents et d'indiens dépossédés de leur terre sacrifiés par l'homme pour y survivre. Leur sang étant enseveli sous la terre pour se mêler à la nature écolo et accomplir leur vengeance.


Complètement fou et cintré, de par sa multitudes de séquences horrifiques toujours plus envahissantes et agressives, les Yeux de Feu fascine, captive, déroute, inquiète à la fois sans pouvoir quitter les yeux de l'écran. 

Un délire foutraque partant dans tous les sens (en version ciné :1h26) tant l'expérience magnétique nous envoute les mirettes de par la vigueur de son aura ensorcelante aux idées oniriques aussi débridées qu'inventives. Le tout dans un maelstrom d'imagerie cauchemardesque issue d'une horreur folk, précurseur des métrages susnommés plus haut sous l'impulsion d'un score inquiétant irrésistiblement attirant pour qui raffole des sonorités dissonantes et entêtantes (la contradiction est volontaire). 

Or, la version Director's Cut plus longue de 24' (1h48), disponible dans l'écrin Rimini, nous annonce (auprès de certaines critiques) un métrage autrement plus cohérent et maîtrisé. Moins tapageur aussi et auquel certains personnages y seraient mieux dessinés pour tenter de mieux saisir les tenants et aboutissants de leurs comportements WTF et de ces manifestations surnaturelles à la fois inarrêtables et incompréhensibles. 


Une version très différente à priori que je m'empresserai de découvrir d'ici quelques mois après avoir digéré ce gloubiboulga sérieusement dérangé par ses entités démoniales à répétition.
A s'demander si le cinéaste n'eut point abusé de quelques substances hallucinogènes lors du mystérieux tournage. 

Un auteur que l'on peut qualifier ici d'ambitieux, responsable notamment de 2 autres métrages (Cries of Silence, The Invisible Kid) restés eux aussi inédits dans nos contrées.

*Bruno
Version cinéma: 1h26. Vost

L'Amour ouf

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Gilles Lellouche. 2024. France/Belgique. 2h40. Avec Adèle Exarchopoulos, François Civil, Mallory Wanecque, Malik Frikah, Alain Chabat, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi, Élodie Bouchez, Karim Leklou, Raphaël Quenard, Anthony Bajon, Nicolas Wanczycki, Andranic Manet, Liv Del Estal, Guillaume Mélanie, Syrus Shahidi, Affif Ben Badra.

Sortie salles France: 16 Octobre 2024 (tous publics avec avertissement)

FILMOGRAPHIEGilles Lellouche, né le 5 juillet 1972 à Savigny-sur-Orge, est un acteur, scénariste et réalisateur français. 2004 : Narco. 2012 : Les Infidèles (segment Las Vegas). 2018 : Le Grand Bain. 2024 : L'Amour ouf. 

"l'Amour plus fort que la haine".

Quel spectacle 2h32 durant ! Un feux d'artifice d'émotions éclectiques. Que dis-je, un vortex d'émotions pures et candides à travers le parcours criminel d'un jeune délinquant (Malik Frikah, LA révélation !) frappé par Cupidon que symbolisent communément Mallory Wanecque (quelle fraîcheur innocente !) / Adèle Exarchopoulos (force de caractère / fragilité à fleur de peau à parts égales) lors d'une temporalité à à la fois nostalgique, diurne, mélancolique. 

Car Dieu sait si Gilles Lelouche, habité par son projet de longue haleine (plus de 10 ans d'endurance) est un nostalgique pur et dur à nous remémorer avec une attention historique les années 80 et 90 avec un art consommé du détail matériel, ornemental, industriel, musical en diable (à l'instar d'un inoubliable tube de The Cure en tête de peloton). Bien que, selon ses aveux, sa fresque lyrique, désenchantée et passionnelle est avant tout dédié à ses parents. 

Techniquement ébouriffant (chaque plan alambiqué, ou presque, est une leçon de mise en scène), notamment auprès d'une formalité stylisée à damner un saint, l'Amour Ouf nous en fout plein les mirettes en faisant vivre et cotoyer ses personnages utopistes avec une intensité dramatique aussi capiteuse que galvanisante. 

Romance, Drame, action, juke box, pincée d'humour se chevauchant lors de 2 parties distinctes que Gilles Lelouche met en pratique avec un sens du rythme électrisant. Même si on est en droit de préférer la jeunesse du couple Clotaire / Jackie retransmise en 1er acte avec plus d'émotions épurées, solaires, oniriques à travers leur passion amoureuse bientôt nécrosée d'une violence criminelle. 

Or, la seconde partie admirablement contée mais plus sombre, est transcendée des solides prestances du viril François Civil et Adèle Exarchopoulos à nouveau bouleversante en jeune femme paumée jamais remise de son échec sentimental. Un nouveau segment plus latent levant davantage le voile sur la véritable nature de leurs sentiments passée une longue séparation. Quand bien même l'action criminelle redouble de violentes altercations auprès d'une vendetta réac impeccablement chorégraphiée mais heureusement reconsidérée lors d'une éthique volatile potentiellement rédemptrice. 

Gilles Lelouche, transi d'amour pour le cinéma des différents genres et pour ses acteurs y déclarant sa flamme picturale avec une générosité, une soif de créativité, une intégrité forçant le respect. Car on pourrait notamment disserter sur les compositions saillantes de Benoit Poolvorde en parrain à la fois respectable puis sclérosé et d'Alain Chabat en papa débonnaire semi démissionnaire d'une certaine façon. Si bien que l'on omet naturellement leur notoriété bankable en se concentrant (sans cligner des yeux) sur leur maturité vibrante de sincérité à jouer leur personnage torturé avec une expressivité (assez communément) autoritaire et désolante. 

Pour clôturer de la manière la plus noble, je voue mon admiration sans borne pour la petite force de caractère de Mallory Wanecque (native de ma région qui plus est !) illuminant l'écran avec une fraîcheur émoustillante rappellant même les prémices d'une Béatrice Dalle provocante d'après son franc-parler décomplexé. Une sorte de Lolita caractérielle d'une infinie tendresse éternelle pour sa mauvaise fréquentation impétueuse qu'elle tentera plus ou moins d'assainir. 

Quant au néophyte Malik Frikah (4è participation au cinéma), je lui tire mon chapeau de m'avoir remémorer dans mon inconscient la légende Alain Delon, voir même James Dean pour son naturel tranquille, son aisance innée de s'exhiber face caméra avec une spontanéité jamais outrée. Son charisme de beau gosse en devenir, son regard bleu à la fois subtilement métallique et magnétique, sa puissance en herbe à se fondre dans le corps du délinquant dur à cuire avec une persuasion héroïque aussi intrépide que fragile. 

Toute ma grâce Monsieur Lelouche de m'avoir servi sur un plateau d'airain cet arc en ciel pailletée nullement gratuit et encore moins racoleur quant au message universel dédicacé par la puissance de l'amour escamotant une guerre de gangs (tristement actuelle qui plus est) dans une région nordiste minée entre mélancolie et nostalgie d'une liberté de ton et d'expression aujourd'hui révolues. 

*Bruno

Box Office au 11 Février 025: 4 929 906 entrées

Budget : 35,7 millions d'euros  (plus gros budget d'un film français de Studiocanal, et film le plus cher de l'année 2024 derrière Le comte de Monte Cristo - 42.9 Millions d'euros - ). 

Le tournage de 18 semaines a lieu principalement dans ma région des Hauts-de-France, notamment à Villeneuve-d'Ascq, Lille, Dunkerque, Douai, Valenciennes, Cambrai, Avesnes-sur-Helpe, Calais, Saint-Omer, Béthune, Lens, Arras, Boulogne-sur-Mer, Montreuil-sur-Mer et Roubaix.
Des scènes sont également tournées dans le tunnel de la N58 (dite Route Express) à Mouscron en Belgique.

mardi 11 février 2025

Better Man

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Gracey. 2024. U.S.A/Australie/Chine/France/Angleterre. 2h15. Avec Robbie Williams, Jonno Davies, Carter J. Murphy, Steve Pemberton, Alison Steadman, Damon Herriman, Raechelle Banno, Anthony Hayes, Kate Mulvany 

Sortie salles France: 22 Janvier 2025

FILMOGRAPHIEMichael Gracey est un réalisateur et directeur d'effets visuels australien. 2017 The Greatest Showman. 2024: Better Man. 

"Je me suis toujours senti moins évolué que les autres"

Si la première heure me fit craindre un sympathique biopic musical en bonne et due forme, avec 2/3 chorégraphies époustouflantes, l'heure dix suivante m'a tellement pris par surprise que j'ai été pris d'un malaise dépressif, d'une certaine asphyxie lorsque Robbie Williams, grimé en singe durant toute la durée du métrage pour mieux se railler de sa posture de trublion provocateur, sombre dans une déliquescence morale à la fois suicidaire, mortifère, autodestructrice. 

Car se livrant à nu face caméra comme jamais au préalable, il nous confie à coeur ouvert ses états d'âme névrotiques, borderline, paranos. Son manque de confiance, son mal-être existentiel suite à la pressurisation de la célébrité la plus pailletée (euphémisme comme qui diraient les Beatles ou Oasis).  Un être torturé empli de noirceur, entre psychose et paranoïa également.

Toxicomane et alcoolique afin d'y pallier l'épuisement physique et moral d'une adulation trop lourde à porter, livré à l'isolement le plus glauque à travers son absence d'amour conjugal et amical qu'il génère fatalement lors de sa chute, notamment faute d'une démission paternelle qu'il pardonnera sans l'ombre d'une rancune lors d'un final d'adieux mémorables, Robbie Williams ne cesse de nous hurler (avec parfois même un silence assourdissant) sa souffrance primale avec une intégrité bouleversante. 

Pris d'un silence étouffé lors du score musical teinté de fragilité, on en sort (fra)cassé, troublé, dérangé, démuni, inconsolable à terme en proclamant que la célébrité est un cadeau empoisonné qu'on ne souhaiterait même pas dédier à son pire ennemi. 

Un biopic intime bien à part donc dont je n'aurai jamais imaginé la portée existentielle et spirituelle (Robbie est très catholique) de la star médiatique hantée ET habité par ses furibonds démons avant de relever ses manches pour accéder à la rédemption en compagnie des anges. Comme le symbolise tendrement sa grand-mère porteuse d'espoir et d'optimisme.

Quant à son échec commercial qu'il essuie actuellement, je le comprends aisément. 
Tant pour le parti-pris simiesque (potentiellement ou carrément déstabilisant) que pour sa rupture de ton à mi-parcours puisqu'elle fait appel à une acuité dramatique aussi (lourdement) opaque que vertigineuse.


*Bruno
Vost

samedi 8 février 2025

Super/Man, l'histoire de Christopher Reeve / Super/Man: The Christopher Reeve Story

                                              
                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Ian Bonhôte et Peter Ettedgui. 2024. U.S.A/Angleterre. 1h44. 

Sortie salles France: 9 Octobre 2024. U.S: 21 Septembre 2024


"Qu'est ce qu'un héros ?
Un héros est un individu ordinaire qui trouve la force de persévérer et d'exister malgré des obstacles colossaux."

Je n'ai pas souvenir d'avoir autant pleuré en regardant un documentaire.

D'une sensibilité à fleur de peau auprès de l'humanisme écorché de Chris et de tous ces intervenant(e)s, "l'histoire de Christopher Reeve" est un hymne à la vie, à l'amitié, à la résilience, à l'espoir et au miracle d'y braver la limitation du Handicap.

Si bien que le destin atypique de Christopher Reeve (mais aussi de son entourage familial et amical le plus proche - n'est-ce pas Robin ! - ) reste aussi fulgurant que son personnage fictif de Superman.

On sort de ce doc aussi anéanti que transformé, les yeux pleins d'étoiles, en se suggérant que si les choses n'arrivent pas par hasard, notre rôle est de découvrir pourquoi.

Toute ma gratitude et mon amour sans fin envers la Fondation Christopher & Dana Reeve...

P. S: le documentaire a reçu 18 récompenses 🏆

*Bruno

vendredi 7 février 2025

The Order

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Justin Kurzel. 2024. U.S.A. 1h57/(1h51 sans générique). Avec Jude Law, Nicholas Hoult, Tye Sheridan, Jurnee Smollett, Alison Oliver, Marc Maron, Odessa Young.

Diffusé en France le 6 février 2025 (sur Prime Video)

FILMOGRAPHIEJustin Kurzel est un réalisateur australien, né le 3 août 1974 à Gawler (Australie). 2011 : Les Crimes de Snowtown (Snowtown). 2015 : Macbeth. 2016 : Assassin's Creed. 2019 : Le Gang Kelly (True History of the Kelly Gang). 2021 : Nitram. 2024 : The Order. 


Basé sur le livre The Silent Brotherhood de Kevin Flynn et Gary Gerhardt, publié en 1989, ce polar impeccablement ficelé relate l'histoire véridique de Robert Jay Mathews, créateur du groupe suprémaciste blanc The Order ayant sévi au cours des années 80.

Leur ambition utopiste fut d'y fonder une patrie auquel les Juifs et les non-blancs y seraient interdits, tout en dressant au préalable une liste noire d'ennemis à éradiquer (à l'instar de l'animateur radio Alan Berg).
Traité à l'ancienne avec une élégance épurée, tout comme l'illustre dans un splendide scope sa magnifique scénographie montagneuse (issue du Canada), The Order prend son temps à nous présenter ses personnages, tant bons que méchants, qu'un cast aux p'tits oignons donne chair avec une sobriété magnétique. 


L'intérêt du récit à la fois terriblement violent, latent et inquiétant auprès de ses braquages en règle, défaites policières et exactions expéditives résidant dans l'intensité d'un suspense jamais à court de carburant lorsque des flics sur le qui-vive se résignent à alpaguer l'organisation terroriste avec une foi inébranlable. A l'instar d'un Jude Law à la fois résigné, strié et forcené d'alpaguer le leader Bob Mathews que campe avec une force tranquille et de sureté Nicholas Hoult aussi impactant dans sa requête suprémaciste de grande envergure où seule la violence réac compte. 

Souligné d'une musique évanescente aussi discrète qu'envoûtante, The Order est une déclaration d'amour au polar à l'ancienne. Tant pour son contexte historique (ses fameuses années 80) transpirant la simplicité matérielle, tant pour la caractérisation dépouillée de ses flics avisés et de ses activistes racistes faisant écho à notre actualité quotidienne, que de sa mise en image étonnamment stylisée si bien que l'on contemple chaque cadre avec un sentiment de fascination permanent. 


Solidement réalisé sans jamais déborder, The Order interpelle et maintient en haleine sans jamais s'embarrasser d'une action hyperbole puisque retraçant avec fidélité les principales actions de l'organisation ayant sévi de 1983 à 1984. Justin Kurzel (Les Crimes de Snowtown) se focalisant à tous prix sur ses protagonistes contrariés s'opposant mutuellement dans une lutte armée avec une endurance intrépide, quitte à en payer le prix fort. 

A ne pas rater.

*Bruno
Vost

mercredi 5 février 2025

Jack l'Eventreur / The Lodger

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Brahm. 1944. U.S.A. 1h24. Avec Merle Oberon, George Sanders, Laird Cregar, Cedric Hardwicke, Sara Allgood, Aubrey Mather, Queenie Leonard, Doris Lloyd.

Sortie salles France: : 22 janvier 1947 ou 26 Septembre 1946. U.S: 19 Janvier 1944

FILMOGRAPHIEJohn Brahm est un réalisateur allemand né le 17 août 1893 à Hambourg (Allemagne) et mort le 12 octobre 1982 à Malibu (États-Unis).1936 : Le Lys brisé. 1937 : L'Avocat du diable. 1938 : Prison centrale. 1938 : Pensionnat de jeunes filles. 1939 : Laissez-nous vivre. 1939 : Rio. 1940 : Escape to Glory. 1941 : L'Appel du Nord. 1942 : Le Monstre insaisissable. 1943 : Nuits de Calais. 1943 : Fleur d'hiver. 1944 : Jack l'Éventreur. 1944 : L'Invitée. 1945 : Hangover Square. 1946 : Le Médaillon. 1947 : La Pièce maudite. 1947 : Singapour. 1949 : L'Atlantide. 1950 : Le Voleur de Venise. 1951 : Family Theatre (série TV). 1952 : Le Miracle de Fatima. 1952 : Face to Face. 1953 : Le Diamant bleu. 1954 : La Peste dorée. 1954 : Le tueur porte un masque. 1955 : The Millionaire (série TV). 1955 : Un envoyé spécial. 1955 : Bengazi . 1959 : Série Bonanza : Or et amour ; saison 1, épisode 3. 1960 : Thriller (série TV). 1961 : Les Accusés (série TV). 1961 : Le Jeune Docteur Kildare (série TV). 1962 : Le Virginien (série TV). 1964 : Gunsmoke. 1967 : Terreur au kilomètre. 

Même si Jack l'Eventreur n'a ici presque rien à voir avec la réalité des faits historiques que l'on connait, ce chef-d'oeuvre oublié réalisé par l'allemand John Brahm est un moment de tension horrifique comme on en voit si peu lors de son époque auquel il fut conçu. 

Il faut dire que l'interprétation sidérante de Laird Cregar décédé prématurément le 9 Décembre 1944 (soit 11 mois après la sortie du film) doit beaucoup au pouvoir de fascination qui y émane à travers son profil meurtrier à la fois introverti, timoré et fragile. Si bien que l'on s'éprend d'une certaine compassion pour lui (notamment au moment d'apprendre quels sont ses mobiles qui l'incitent à occire de jeunes chanteuses de cabaret d'une beauté incandescente) tout en le craignant avec une appréhension à la fois malaisante et  déstabilisante. 

Magnifié de son noir et blanc expressionniste auprès d'un Whitechapel embrumé, Jack L'éventreur mise beaucoup sur la suggestion auprès de ses meurtres hors-champs en priorisant coute que coute le portrait fascinatoire d'un médecin esseulé traumatisé par la perte d'un être aimé tout en vouant un amour immodéré pour la beauté la plus épurée. 

Emaillé de séquences musicales dansées et chantonnées de manière fringante, Jack l'éventreur nous dépayse en diable à travers sa scénographie anglaise entourée de personnages très attachants, classieux et distingués (tout l'entourage amical du meurtrier). Un cast spontané impeccablement dirigé par un John Brahm magnifiant sa réalisation avec brio insoupçonné (notamment auprès d'un jeu de lumières quelque peu baroque de temps à autre). 

Du grand cinéma horrifique donc, peut-être la meilleure version de Jack l'Eventreur (largement romancée pour le rappeler) dans son art consommé du suspense exponentiel culminant vers une confrontation psychologique aussi terrifiante que (tristement) onirique.

Tout mon respect au sacro-saint éditeur, Rimini Editions 🥀, amoureux transi de cinéma d'horreur artisanal.

*Bruno
2èx. Vost

mardi 4 février 2025

Préparez vos Mouchoirs

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Bertrand Blier. 1978. France/Belgique. 1h48. Avec Gérard Depardieu, Carole Laure, Patrick Dewaere, Michel Serrault, Éléonore Hirt, Jean Rougerie, Sylvie Joly, Riton Liebman, Liliane Rovère.

Sortie salles France: 11 Janvier 1978 (Int - 13 ans)

FILMOGRAPHIE: Bertrand Blier est un réalisateur, scénariste et écrivain français, né le 14 mars 1939 à Boulogne-Billancourt.1967 : Si j'étais un espion. 1974 : Les Valseuses. 1976 : Calmos. 1978 : Préparez vos mouchoirs. 1979 : Buffet froid. 1981 : Beau-père. 1983 : La Femme de mon pote. 1984 : Notre histoire. 1986 : Tenue de soirée. 1989 : Trop belle pour toi. 1991 : Merci la vie. 1993 : Un, deux, trois, soleil. 1996 : Mon homme. 2000 : Les Acteurs. 2003 : Les Côtelettes. 2005 : Combien tu m'aimes ? 2010 : Le Bruit des glaçons. 2019 : Convoi exceptionnel.


« Il n’y a pas d’amour adulte, mûr et raisonnable. Il n’y a devant l’amour aucun adulte, que des enfants, que cet esprit d’enfance qui est abandon, insouciance, esprit de la perte d’esprit. »

4 ans après les Valseuses, Bertrand Blier enrôle à nouveau le mythique tandem Depardieu / Dewaere pour une comédie acide reprenant le concept du triangle amoureux sous un angle moins vulgaire, effronté et choquant en dépit d'une ultime demi-heure abordant l'inceste et l'hébéphilie avec une sensibilité et une délicatesse éclipsant de justesse l'intolérable.

D'ailleurs, petite précision, il faut savoir que le film fut produit avec la Belgique et tourné dans cette région (pour les séquences finales) grâce à une législation moins drastique quant aux thèmes évoqués plus haut et pour une question de durées de tournage. L'acteur Riton Liebman étant un enfant au moment du tournage.

Et si le pitch (deux jeunes lurons tentent de satisfaire les besoins sentimentaux et sexuelles de leur partenaire) s'apparente à une séquelle des Valseuses, "Préparez vos mouchoirs" demeure moins provocateur, licencieux et autrement personnel à travers sa tonalité sémillante conjuguant à nouveau l'absurde et le réalisme naturaliste avec l'art consommé habituel de Blier.

Une farce de marivaudage aussi décalée que réjouissante car truffé d'humour (corrosif) quant aux situations lunaires et de verve impayable pour les dialogues prônant les valeurs de l'amitié, de l'amour et de la fidélité. Mais pas que, puisque nous questionnant sur la maternité, ce besoin maternel inné chez la femme dépeint ici sous l'impulsion du mal-être existentiel, d'une quête identitaire entre homme et femme notamment que tout sépare. Si bien que pour reprendre une illustre citation de Freud: “ Je n'ai toujours pas trouvé de réponse à la grande question : Que veulent-elles au juste ?

Eclatant l'écran comme de coutume auprès de leurs excentricités (ici) gentiment dévergondées; il faut louer la tendre complicité que manifeste Gérard Depardieu / Patrick Dewaere accompagné ici d'une Carole Laure néophyte à la fois languissante, vaporeuse, attendrissante en bovarienne étouffée (d'où ses crises d'angoisse et d'évanouissement aléatoires) finissant par découvrir l'amour auprès d'une innocence responsable si j'ose dire avec une pointe de provoc.

Une comédie sociale de ma région (le Nord) ancré dans les Seventies et dégageant un charme insolite auprès de sa poésie à la fois prude, sensible, osée que les protagonistes amorcent malgré eux sous la mainmise d'un tonton Blier farceur instillant pour le coup une tendresse inattendue auprès des non-dits et des réflexions/interrogations personnelles de ses marginaux aussi autonomes qu'hétérodoxes dans leur fureur de vivre teintée de désillusion, de désespoir.

Une merveille du cinéma Français donc évidemment infaisable aujourd'hui à revoir d'urgence pour les amateurs OFNI burné (tout en finesse !) qui laissent des traces dans le ❤️ et l'encéphale.

*Bruno

Distinctions:

Oscar du meilleur film étranger à la 51e cérémonie des Oscars

César de la meilleure musique originale pour Georges Delerue à la 4e cérémonie des César