Strange Vomit Dolls
— le cinéphile du cœur noir.
lundi 8 décembre 2025
Rox et Rouky / The Fox and the Hound de Ted Berman Richard Rich Art Stevens. 1981. U.S.A. 1h23.
Caligula: ultimate cut de Tinto Brass. 1979-2024. U.S.A/Italie. 2h58.
dimanche 7 décembre 2025
House 2: la deuxième histoire / "House 2: The Second Story" d'Ethan Wiley. 1987. 1h27. U.S.A.
Distribution: Arye Gross, Jonathan Stark, Royal Dano, Bill Maher, John Ratzenberger, Lar Park-Lincoln.
Sortie salles 18 Novembre 1987. U.S: 28 Août 1987.
FILMOGRAPHIE: Ethan Wiley est un réalisateur et scénariste américain. 1987 : House 2
1998 : Les Démons du maïs 5 : La Secte des Damnés. 2006 : Blackwater Valley Exorcism. 2007 : Brutal. 2012 : Elf-Man. 2015 : Journey to the Forbidden Valley.
samedi 6 décembre 2025
Alice au pays des merveilles / Alice in Wonderland de Clyde Geronimi, Wilfred Jackson, Hamilton Luske. 1951. 1h15.
D’une inventivité en roue libre, Alice au pays des merveilles devient une invitation à la fuite par le pouvoir d’un cinéma chimérique, expressif, fringant, primesautier. Son humour folingue, décalé, porté par une horde de personnages loufoques et décomplexés, divertit sans relâche sous l’impulsion d’une Alice à la fois fureteuse et contemplative, en quête d’identité. Cet appel à l’imaginaire, brisant les repères classiques, et l’enchaînement d’épisodes absurdes reflètent l’évasion mentale d’une enfant instable, oscillant entre réel et rêve.
Et même si, dans la finalité, son réveil la ramène à la réalité quotidienne - aux responsabilités, à la croissance physique et morale - le spectateur accepte de refermer ce livre d’innocence onirique, enchanté par un Disney à l’une de ses heures les plus glorieuses.
vendredi 5 décembre 2025
Une vie volée / Girl, interrupted de James Mangold. 1999. U.S.A. 2h07
Première découverte, alors qu’on m’en disait du bien depuis des lustres : Une vie volée m’a franchement surpris par son émotion pure, dénuée de fard et de tout pathos. Le film pâtit pourtant d’une affiche et d’un titre français trompeurs, alors que le titre initial - Girl, Interrupted - se révèle parfaitement idoine pour dépeindre l’interruption, la parenthèse d’une jeune femme placée de son plein gré en institut psychiatrique durant dix-huit mois. Une pause forcée, une dérive intérieure, un temps nécessaire pour suspendre le cours d’une existence douloureuse.
Le titre français en trahit le sens : il laisse imaginer une vie brisée par l’institution, alors que le séjour de Susanna (magnifiquement incarnée par Winona Ryder, mais j’y reviendrai) est relativement court et profondément fructueux. Elle n’est ni enfermée contre son gré, ni détruite par l’hôpital ; l’issue demeure apaisée. À l’inverse du chef-d’œuvre de Milos Forman - auquel on compare trop souvent le film, à tort selon moi - l’institution n’est pas filmée comme une machine inhumaine. Rien, dans le cheminement narratif, ne correspond à l’idée d’une vie "volée".
Le film, remarquablement conté, prenant le temps de cerner la pudeur et la sensibilité dépouillée de ses protagonistes féminins, traite davantage de dépression, de confusion identitaire et du passage délicat à l’âge adulte. Susanna y apparaît en proie à un trouble dépressif, à une quête identitaire, à un doute existentiel tenace. Quant à Lisa, incarnation marginale, rebelle et menaçante d’Angelina Jolie - justement récompensée par six trophées, dont l’Oscar et le Golden Globe - elle demeure irréprochable dans ses expressivités martiales sur le fil du rasoir. Pourtant, Winona Ryder, à mes yeux, lui vole la vedette. Elle domine silencieusement une galerie de patientes attachantes et bouleversantes, chacune enfermée dans son désarroi moral, parfois jusqu’aux limites du suicidaire.
Winona connaissait d’ailleurs intimement la fragilité racontée ici, ayant elle-même séjourné brièvement en hôpital psychiatrique après sa rupture avec Johnny Depp en 1993. Elle dégage une aura rassurante, un regard noir sans hostilité, un naturel sensuel, trouble et fragile, mais déterminé à vaincre ses démons. Face à la brutalité gratuite de Lisa, elle cherche un sens à sa vie, à travers une évolution morale gagnée par l’amitié féminine, le besoin d’aimer et d’être aimée, d’être comprise avec une sincérité bouleversante. Sa présence fluette illumine le récit d’une empathie douce, presque chuchotée. Elle est belle, divine, elle déambule discrètement sans projecteurs.
Refusant de singer les grandes œuvres sur la folie institutionnelle, James Mangold choisit la pathologie dépressive et la cohésion féminine comme cœur battant de son film. Il en tire une fragile humanité, une sensibilité parfois écorchée vive, que ses comédiennes explorent avec une vérité dépouillée qui force le respect.
Un très beau portrait psychologique, donc, que ce Girl, Interrupted, transcendé par ses talents féminins et par une Winona Ryder irradiant l’écran clinique d’une pudeur réservée, chargée d’une chaude intensité. Et ce final d’adieux, illustré avec une tendresse distanciée, fait chavirer les émotions sans la moindre programmation.
jeudi 4 décembre 2025
La Belle et le Clochard / Lady and the Tramp de Hamilton Luske, Clyde Geronimi et Wilfred Jackson. 1955. U.S.A. 1h16.
Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu La Belle et le Clochard enfant ou adolescent. Mais le découvrir aujourd’hui, pour la première fois, soixante-dix ans après sa création, me confirme à quel point les premiers Disney possédaient une alchimie féérique inoxydable.
Une magnifique romance canine imprégnée d’un onirisme à la fois candide, pittoresque et sombre - si j e me réfère par exemple au sort réservé aux chiens de fourrière promis à l’euthanasie - soutenue des chansons bienveillantes de Sonny Burke et Peggy Lee.
Visuellement splendide, comme toujours dans la première période Disney, La Belle et le Clochard gagne encore en classe et en séduction grâce au cinémascope utilisé pour la première fois par le studio, accompagné d’un son stéréo à quatre voies.
Box Office France: 11 175 716 entrées (l'un des plus gros succès de l'animation chez Disney)
Alice / Neco z Alenky de Jan Svankmajer. 1988. Tchécoslovaquie. 1h26.
Attention : ovni inouï venu de Tchécoslovaquie. Alice est une expérience hors du commun, comme le proclame d’ailleurs le descriptif de notre blu-ray frenchi. Grand Prix du long métrage au Festival d’Annecy en 1989, cette oeuvre culte propose une variation très personnelle du roman de Lewis Carroll, mêlant prise de vue réelle et stop-motion pour mieux nous immerger dans l’esprit onirique d’une fillette en éveil existentiel détraqué.
Parfois à la lisière du bad trip - selon l’humeur du jour - et par moments irritant (surtout les 20 dernières minutes) tant ses idées débridées surgissent brutalement, toutes les cinq secondes en métronome affolé, Alice est un vortex halluciné : aussi étrange que cauchemardesque, aussi féerique que trouble. Une expérience capiteuse qui donne littéralement le tournis, perdue dans son incompréhension fantasmagorique, irrésistiblement attirante, vénéneuse, ensorcelante… et profondément dérangeante.
Mais ce rêve éveillé qui mord insuffle un onirisme si étrangement singulier, rythmé d’une cadence infernale, qu’il oppose sans cesse fascination et inquiétude, dans un dépaysement enfantin noyé de surréalisme nonsensique et de métaphores charnelles. Unique au monde dans le paysage cinématographique, Alice est à découvrir d’urgence - à condition d’y être préparé, et d’avoir l’esprit clair, non plombé, pour se laisser happer par cet imaginaire foisonnant issu d'un rêve déréglé.
mercredi 3 décembre 2025
Une fille nommée Loly Madonna / Lolly-Madonna XXX de Richard C. Sarafian. 1973. U.S.A. 1h45.
Il y a des films que l’on découvre grâce à une intuition, au gré d’une circonstance généreuse. Œuvre maudite s’il en est, invisible depuis des lustres malgré une réputation discrètement solide (notamment chez Jean-Baptiste Thoret dans Le Cinéma américain des années 1970), Une fille nommée Lolly Madonna est un choc thermique à la distribution prestigieuse. On y croise Rod Steiger (Amityville, le Docteur Jivago), Robert Ryan (les 12 Salopards, La Horde sauvage), Jeff Bridges (The Big Lebowski, Starman), Scott Wilson (Les flics ne dorment pas la nuit), Ed Lauter (Cujo, Le Justicier de New York), Randy Quaid (Bande de flics, Midnight Express), Gary Busey (Point Break, Peur bleue), Paul Koslo (Une Bible et un fusil, La Porte du paradis). Des charismes creusés, fatigués : de véritables gueules, peu recommandables, inspirant une marginalité désœuvrée et solitaire dans leur hiérarchie décervelée.
Réalisé en 1973 par Richard C. Sarafian (Point Limite Zéro, Le Convoi sauvage), Une fille nommée Lolly Madonna transpire les Seventies : un réalisme âpre, tributaire d’un western désenchanté que le film expose dans une lumière presque jaunie et un parti pris escarpé. Drame psychologique poisseux, désespéré, mélancolique et violemment régressif, ces deux portraits de familles se disputant un bout de terrain dans un no man’s land rural nous entraînent vers une descente aux enfers où les coups les plus viciés et les plus couards culminent en un bain de sang paroxystique.
Il en émane un morceau de cinéma maladif, à l'agonie, habité par des rednecks livrés à eux-mêmes, naufragés dans la violence primitive avec autant de regrets que de culpabilité enfouie. Un néo-western mortifère dont on ne sort pas indemne, qui persiste longtemps dans l’esprit par son intensité épineuse, dépressive, dénuée de toute illusion. Et c’est un film qu’il faut voir, absolument, ne serait-ce que pour sentir son souffle noir vous traverser.
— le cinéphile du cœur noir 🖤
mardi 2 décembre 2025
Le Portrait de Dorian Gray / The Picture of Dorian Gray d'Albert Lewin. 1945. U.S.A. 1h50
lundi 1 décembre 2025
La Veuve Couderc de Pierre Granier Deferre. 1971. France/Italie. 1h25.
jeudi 27 novembre 2025
Dracula de Luc Besson. 2025. France. 2h09.
lundi 24 novembre 2025
Train Dreams de Clint Bentley. 2025. U.S.A. 1h43.
samedi 22 novembre 2025
Wormtown de Sergio Pinheiro. 2025. U.S.A. 1h47.
"Gloire et horreur du corps vivant."
Wormtown, réalisé par Sergio Pinheiro (inconnu au bataillon) est une petite pépite que je n'ai pas vue arriver. Une œuvre indépendante qui ne ressemble à nulle autre, surgie de nulle part avec la force brute d’un cauchemar organique. On pourrait lui prêter des ascendances - La Nuit des vers géants, The Faculty, The Bay, Horribilis, Mutations (Slugs), Frissons de Cronenberg (toute proportion gardée), la série TV The Strain, mais le film revendique sa singularité, son territoire propre, tremblant de vie et de mort mêlées. Dès le début, on est attiré, curieux, médusé par cette nouvelle hiérarchie humaine d'un genre nouveau.
Sa trajectoire narrative s’élabore avec une douceur inattendue : un récit humaniste qui dresse de délicats portraits de jeunes lesbiennes en quête de liberté, de paix, d’un refuge où respirer sans peur. Une quête d’absolu dont la tendresse vient heurter, de plein fouet, l’horreur la plus répulsive. Car Wormtown n’épargne rien : son gore hyperréaliste, filmé parfois en gros plans suffocants, exhibe une matière organique répugnante, des séquences viscérales, presque vomitives, qui retournent l’estomac autant qu’elles bouleversent l’âme. Le sang y est un rouge rutilant, épais, presque intime. C'est beau et repoussant à la fois.
Et pourtant, la beauté affleure partout. La photographie, d’une délicatesse inattendue, enveloppe les corps et les paysages dans une lumière gracile, baignée d’une nature paisible, presque idyllique, en contraste radical avec l’horreur rampante. La bourgade fantomatique, sous l’emprise d’un maire sectaire, respire la désolation poisseuse, comme si la terre elle-même refusait encore de révéler ses secrets.
La musique envoûte, portée par un score hypnotique qui hante longtemps après le silence, jusqu’à ce superbe générique de fin bercé par une mélodie rock mélancolique - un souffle de rédemption arraché à la violence entre deux étreintes figées.
L’interprétation étonnamment attachante, confiée à des interprètes méconnus, sonne d’une authenticité prude et révoltée. Leur fragilité, leur chair, leurs regards écorchés donnent au film une émotion palpable, une tendresse fébrile qui transperce jusque dans les scènes les plus brutales. La dramaturgie se hisse alors jusqu’à un sommet escarpé, où chaque choc sanglant devient un cri existentiel, un appel désespéré vers une vie meilleure.
Du coup, Wormtown est une excellente surprise, une curiosité foudroyante de 2025, une œuvre baroque et ensorcelante, feutrée d’un climat indicible qui ne fera pas l’unanimité - loin s'en faut - et c’est tant mieux.
Un parcours de vie passionnant traversé par une horreur craspec mais stylisée, fascinante, profondément humaine. Là où on ne l'attend pas.
Castle Rock. Série TV créée par Sam Shaw et Dustin Thomason. 2018. U.S.A. 2 saisons de 10 épisodes.
Au centre du labyrinthe, Henry Deaver, enfant perdu revenu sur les lieux du crime intime. L’avocat porte sur son corps et dans son regard l’empreinte d’un traumatisme que la ville n’a jamais digéré. Castle Rock n’est pas un décor, c’est un organisme malade ; un lieu qui dévore ses habitants, qui joue avec leurs failles humaines. Les visages sont hantés de secrets, leur geste charrie la culpabilité, comme si le Mal ne venait pas de l’extérieur mais suintait de l’intérieur, depuis les caves, les forêts, la mémoire collective surtout. Le mythe Kingien de la ville maudite.
L’esthétique est le prolongement naturel du récit : une mise en scène lente, lourde de sens, qui laisse respirer le vide. Une photographie glacée, un tantinet sépia, où chaque plan résonne d’un pressentiment funèbre. La musique se fait discrète, elle est insidieuse.
Castle Rock travaille la peur la plus profonde : celle de ne pas comprendre, de perdre son identité, de devenir étranger à son propre passé sans jamais nous ennuyer 10 épisodes durant.
La série tend à sous-entendre que le Mal n’est ni surnaturel ni explicable : il est endémique, contagieux, immémorial. Il rampe dans les recoins de Castle Rock comme un poison héréditaire. Une ville condamnée à revivre éternellement sa propre damnation, dans un cycle qui dépasse les frontières de l’espace et du temps.
Remarquable. Fort. Intense. D’une beauté sombre et dévastée, cette tragédie cosmique hypnotise nos sens de manière latente mais passionnante où l’espoir s’étouffe et où la vérité semble appréhender le pire à travers la culpabilité, le destin et l'héritage des secrets familiaux.
mardi 18 novembre 2025
Le Retour des Morts-vivants 3 / Return of the Living Dead III de Brian Yuzna. 1993. 1h40.
"Romance nécrophage."
Réjouissante fête foraine vitriolée, Le Retour des morts-vivants 3 flirte avec la bande dessinée dans sa formalité saturée : effusions gores omniprésentes mais au service du récit – une fois n'est pas coutume –, comédiens de seconde zone sciemment naïfs, grotesques, pédants, décomplexés, irresponsables, marginaux. Yuzna sait nous divertir, nous choquer et nous fasciner avec une efficacité brute en revitalisant le mythe du zombie à travers une romance écorchée vive – au propre comme au figuré. Le couple Curt / Julie, emporté par une intensité horrifico-dramatique en crescendo, nous accroche assez fermement pour que l’on s’inquiète de leur sort, de leur détresse, de leur fuite impossible.
Melinda Clarke, formidable de charisme sépulcral, s’impose en martyr gothique contrainte de s’infliger sur sa chair sévices, écorchures, piercings et scarifications afin d’étouffer sa faim de chair humaine. L’ambiance hystérique, aussi folle que débridée, et son aspect légèrement télévisuel (pas une première chez Yuzna) renforcent le caractère quasi documentaire de cette nuit d’horreur en roue libre, culminant dans un chaos frénétique et incongru où des zombies "métallisés" servent cruellement de cobayes à une science dévoyée par une idéologie militaire révolutionnaire.
Même si la photographie aurait peut-être gagné à plus de couleurs, sa texture demeure soignée, presque séduisante dans son format de BD de gare. Elle nous immerge pleinement dans cette relecture intelligente et trash de Roméo et Juliette, version nécrophile et SM sanguinaire où ça gicle à tout va (FX artisanal à l'appui). Si bien que Yuzna l'emballe avec une personnalité propre et une générosité à laquelle on ne s’attendait pas, aussi expansive que dévastatrice.





































