(Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site senscritique. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).
"La sorcière qui aimait trop".
The Love Witch est une incantation de celluloïd, un sortilège vintage ourlé de désir, d'angoisse et de vernis rouge sang.
Anna Biller ressuscite le cinéma fantastique des années 60 avec une précision fétichiste - tout y est : les couleurs criardes, les décors satinés, les faux raccords délicieux, les regards caméras lascifs comme des appels muets à l'abîme.
Samantha Robinson, silhouette longiligne, beauté sombre, vénéneuse, presque irréelle, incarne cette sorcière moderne à la fois toute-puissante et tragiquement seule. Elle envoûte, elle manipule, elle aime - mais l’amour la fuit, la ronge, l’obsède. Sous ses airs de déesse du désir, elle est une femme blessée, condamnée à répéter le même rituel : faire fondre les hommes... jusqu’à ce qu’ils se consument. Sa sensualité est raffinée, presque sacrée, et sa détresse, abyssale. Elle crève l'écran.
L’univers est d’une beauté picturale à couper le souffle : chaque plan semble peint à la main, saturé de couleurs luxuriantes, d’accessoires kitsch et de lumières iridescentes. L’onirisme y affleure sans cesse, jusqu’à l’enchantement - comme dans cette fête médiévale improvisée, suspendue dans le temps, entre théâtre, rêve et érotisme bucolique.
Tout est solaire, pittoresque, insouciant en surface… mais c’est un éclat de vitrail qui cache la fêlure. Une satire douce-amère du machisme et du libertinage, où l’émancipation sexuelle féminine se heurte au fantasme masculin superficiel, à la peur d’être seule, même toute-puissante.
The Love Witch est un objet magique, hanté par le besoin d’aimer, par la mort tapie dans le plaisir, par cette sorcellerie mélancolique qu’est le cœur humain. À l’image de son final, étrange et amer, qui tranche avec l’éclat d’une fresque picturale aux accents symboliques.
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