"Une autre Terre pour pardonner".
Another Earth est une caresse mélancolique. Un souffle. Une errance.
Dans cette science-fiction naturaliste, tout est feutré, nonchalant, alangui dans une brume de silences. Pas d'effets tonitruants, pas de cosmos en fusion : juste une planète jumelle suspendue au ciel comme un espoir impossible, un rêve lent, fragile, palpable.
Mike Cahill filme l'intime, le tremblé du réel. Caméra à l'épaule, quasi documentaire, grain DV comme une peau nue, poreuse à la lumière, à la douleur. Il délaisse le spectaculaire pour se lover dans les plis d’une romance pleine de pudeur, entre deux âmes abîmées.
Elle, c’est Brit Marling - beauté candide, comme lavée du monde -, dont le jeu est une vibration. Elle incarne la contradiction : peur, regret, culpabilité, mais aussi soif de rédemption, d’espérance, d’un souffle nouveau.
Lui, c’est William Mapother, charisme brisé, présence silencieuse, vacillante, comme un homme qui ne sait plus s’il peut encore sentir. Le lien qui les unit se tisse dans les silences, dans les regards, dans les absences.
Ce film n’avance pas, il dérive. Il contemple. Il respire. Il hypnotise.
L'onirisme qui l’imprègne est épuré, aérien, comme un rêve éveillé sans drame, sans éclats, tout en calme.
Another Earth ne cherche pas à convaincre. Il cherche à apaiser. Il parle à voix basse, avec douceur, de ce que c’est que vivre avec un poids sur la poitrine, un remords au fond de la gorge, un pardon qu’on ne sait pas formuler.
C’est un murmure cosmique, un pardon suspendu entre deux mondes.
Une oeuvre libre, modeste, pudique et lyrique, qui offre son cœur sans fard, avec une audace tremblante, presque déchirée.
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