de Ken Russell. 1971. Angleterre. 1h52. Avec Oliver Reed, Vanessa Redgrave, Dudley Sutton, Max Adrian, Gemma Jones, Murray Melvin, Michael Gothard, Georgina Hale, Brian Murphy, Christopher Logue.
Sortie salles France: 29 Octobre 1971. U.S: 16 Juillet 1971
FILMOGRAPHIE: Ken Russell est un réalisateur, scénariste, acteur, producteur, monteur et directeur de la photographie britannique né le 3 juillet 1927 à Southampton.
1967 : Un cerveau d'un milliard de dollars, 1969 : Love , 1970 : The Music Lovers, 1971 : Les Diables, 1971 : The Boy Friend, 1972 : Savage Messiah, 1974 : Mahler, 1975 : Tommy, 1975 : Lisztomania, 1977 : Valentino, 1980 : Au-delà du réel, 1984 : Les Jours et les nuits de China Blue,1986 : Gothic, 1988 : Salome's Last Dance , 1988 : Le Repaire du ver blanc ,1989 : The Rainbow ,1991 : La Putain, 2002 : The Fall of the Louse of Usher, 2006 : Trapped Ashes segment "The Girl with Golden Breasts".
"Les Diables : une messe noire pour la tolérance".
Chef-d'œuvre d'hystérie ecclésiastique, Les Diables relate, avec une provocation couillue, l’affaire de Loudun dans les années 1630. Cette chasse aux sorcières, fomentée par le cardinal de Richelieu, fut une manœuvre politique destinée à éradiquer le père Urbain Grandier, prêtre libertin et militant de la cause protestante. En 1634, à Loudun, Grandier devient la proie des convoitises de nonnes cloîtrées. Tandis que Richelieu souhaite abattre les remparts du temple religieux, Mère Jeanne des Anges, secrètement éprise de Grandier, fomente de graves accusations de sorcellerie à son encontre.
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.Œuvre frappadingue d’une audace incongrue, Les Diables est une spirale de folie pure où l’intolérance et le fanatisme religieux se nourrissent de superstitions démoniaques. Ken Russell, en pourfendeur furieux, pousse le délire et l’aliénation jusqu’à l’extrême pour mieux exposer l’absurdité des mentalités fondamentalistes. Sa mise en scène, démesurée, érige l’architecture baroque en théâtre de la démence. Il y narre le déclin d’un abbé, homme de foi mais sexuellement affranchi, emporté dans le chaos par la jalousie d’une religieuse bossue, mentalement égarée. Acculé devant un tribunal pour sorcellerie, Grandier devient l’agneau sacrificiel d’une mascarade inquisitoriale. Soumises à la torture, d’autres nonnes se laissent prendre au simulacre, trouvant là une étrange délivrance. Sauvées in extremis d’une mort certaine par un exorciste dévoré de zèle, elles sombrent dans une orgie furieuse pour s’affranchir de leurs frustrations charnelles. Tout autour, les badauds assistent, complices et voyeurs, à cette sarabande infernale.
Scènes scabreuses, psychés torturées, visions hallucinées : Les Diables est une descente aux enfers sans filet. Un délire historico-emphatique où l’ombre d’un pouvoir théocratique pousse les êtres à leurs instincts les plus vils, pour mieux condamner un homme d’église porté par la tolérance. Cinéaste expérimental et téméraire, Ken Russell nous emporte dans un cauchemar frénétique, où l’hystérie collective secoue le spectateur sans jamais verser dans le racolage. Si certaines images heurtent par leur crudité, le film évite la complaisance, préférant dénoncer une réalité historique effrayante : celle d’un fanatisme qui consume tout sur son passage. Irrigué d’un florilège d’images scandaleuses, outrancières, subversives, Les Diables n’oublie jamais de révéler la dimension humaine d’un prêtre libéral. Le calvaire d’un homme de Dieu, fustigé par un État totalitaire et trahi par les siens, alors que sa seule éthique était d’offrir tolérance et charité.
Dans le rôle de Grandier, Oliver Reed incarne son personnage avec une vérité humaine, pugnace, désabusée, dans une quête rédemptrice pour prouver à un tribunal biaisé qu’il n’a jamais renié Dieu. Son courage inflexible face à la torture, sa dignité face au bûcher, élèvent sa foi en la liberté jusqu’à l’incandescence. Et Vanessa Redgrave, dans le rôle de Mère Jeanne — étrangement suave —, glace le sang en martyre estropiée rongée par la jalousie et les visions christiques. Son profil pathologique, tout en fêlures, nous terrifie autant qu’il nous émeut, emporté par une déchéance mentale nourrie par l’idéologie puritaine.
"La foi en flammes".
Pamphlet furieux contre l’intégrisme religieux et l’inquisition, Les Diables reste un témoignage sans fard d’une époque effrayée par la réforme. Hystérique, choquant dans sa représentation des « possédées de Loudun », ce chef-d’œuvre blasphématoire sacralise pourtant une chose essentielle : l’ode à la tolérance.
Dédicace à David Soleau
29.05.12
En un mot, BRAVO ! Ta critique va atterrir sur la page du film !;)
RépondreSupprimerMerci beaucoup Humungus ^^
RépondreSupprimerMerci pour cette très bonne critique .
RépondreSupprimerMerci Philippe
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