lundi 18 mars 2013

Rollerball

                            Photo empruntée sur Google appartenant au site certifiedoriginals.blogspot.com

de Norman Jewison. 1975. U.S.A. 2h05. Avec James Caan, John Houseman, Maud Adams, John Beck, Moses Gunn, Pamela Hensley, Barbara Trentham, Ralph Richardson.

Sortie salles France: 12 Novembre 1975. U.S: 25 Juin 1975

FILMOGRAPHIE: Norman Jewison est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste canadien, né le 21 Juillet 1926 à Toronto (Canada). 1962: Des ennuis à la pelle. 1963: Le Piment de la vie. 1964: Ne m'envoyez pas de fleurs. 1965: The Art of love. 1965: Le Kid de Cincinnati. 1966: Les Russes Arrivent. 1967: Dans la chaleur de la nuit. 1968: l'Affaire Thomas Crown. 1969: Gaily, gaily. 1971: Un violon sur le toit. 1973: Jésus Christ superstar. 1975: Rollerball. 1978: F.I.S.T. 1979: Justice pour tous. 1982: Best Friends. 1984: A Soldier Story. 1985: Agnès de Dieu. 1987: Eclair de lune. 1989: Un Héros comme tant d'autres. 1991: Larry le liquidateur. 1994: Only you. 1996: Bogus. 1999: Hurricane Carter. 2003: Crime contre l'humanité.


"La brutalité est en chaque être humain. Plus un sport est violent, plus il paraît attirant. Notre histoire suit simplement la logique de cette tendance. Plus les gens sont à l'aise, plus leur besoin de violence augmente. D'ici la fin de ce siècle, la société aura donné aux gens le plus de confort possible, mais elle leur aura également ôté toute liberté personnelle. A l'instar de Rome, lorsqu'elle était au sommet de sa gloire tant au niveau politique, économique qu'artistique. C'était à cette période que, dans l'arène, le samedi après-midi, la violence éclatait."
Norman Jewison

"Jonathan contre l’Empire".
Film culte générationnel, chef-d’œuvre d’anticipation dystopique, Rollerball dissèque notre rapport émotif à la violence dans l’univers du spectacle. En l’occurrence, un jeu sportif : le "Rollerball", sorte de football américain croisé au hockey et au motocross, où chaque joueur doit récupérer une boule d’acier lancée à vive allure autour d’une piste pour la loger dans un panier aimanté. Patins à roulettes, casques, gants cloutés : les corps s’élancent, à pied ou à moto, dans une arène circulaire saturée de métal et de fureur.

Synopsis : dans une société corporatiste sans guerre ni misère, un jeu est conçu pour satisfaire les instincts les plus primaires d’une population repue. Star absolue de la discipline, Jonathan, champion adulé du Rollerball, est soudain sommé de se retirer sur ordre du dirigeant Bartholomew. Déjà meurtri par la perte orchestrée de sa femme, il refuse de plier, décide de braver l’interdit, et s’élance à la recherche du sens – ou du mensonge – tapi derrière cette éviction.

Film d’action féroce, Rollerball déchaîne ses matchs brutaux sous le vernis d’une réflexion lucide sur la société spectacle et ses dérives primitives. À l’image des jeux du cirque romain, Norman Jewison conçoit ce sport futuriste comme le miroir de notre fascination morbide : violence ritualisée, voyeurisme érigé en besoin, et addiction au danger devenu frisson collectif. Derrière cette arène au code mouvant, sans cesse réécrit pour empêcher l’émergence du héros, le spectateur moderne trouve son content de sensations après avoir troqué sa liberté contre un confort corporatiste.

Dans une ambiance funèbre, bercée par des thèmes classiques élégiaques, Jewison scrute la mécanique de déshumanisation d’un peuple dompté par le divertissement trivial. Chaque affrontement – sanglant, haletant, homérique – devient l’écho d’un enjeu sacrificiel, où les règles se durcissent au rythme de la révolte intérieure. En sculptant un spectacle d’une intensité hypnotique, le cinéaste nous renvoie à notre rapport ambigu au "loisir épique" : fascination ou perversion ? Frisson ou aliénation ? Car derrière l’excitation, ce qui sourd, c’est le cynisme, la vulgarité, le non-sens. Une barbarie tapie sous le vernis technologique. Une peine d’amour sous la cuirasse du gladiateur.


"Rollerball ou le cirque de la fin".
Toujours aussi actuel, donc prophétique, Rollerball n’a rien perdu de sa force visuelle ni de son impact psychologique. Il dénonce avec une acuité glaciale l’avilissement de l’homme soumis au diktat médiatique. Au-delà de sa mise en scène acérée, gravée dans les mémoires par des combats d’anthologie, il faut saluer la prestance minérale de James Caan – Jonathan ! Jonathan ! Jonathan ! hurle la foule en transe – qui imprime au personnage une densité cérébrale inoubliable, un désespoir noble face à la perte de l’amour et de l’humanité.

Saisissant crescendo de brutalité putassière, Rollerball est une gifle émotionnelle, une déflagration aux effets secondaires troubles, dérangeants, irrémédiables. Car plus de cinquante ans après sa sortie, il reste debout. Indomptable. Et plus pertinent que jamais.

*Bruno
18.03.13. 3èx
22.11.24. 4èx. 4K Vost

2 commentaires:

  1. un coup de poing dans la gueule à chaque visionnage. CHEF D'OEUVRE
    Merci Bruno

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  2. Une œuvre visionnaire, autant que "Running Man" ou "Le Prix du Danger" à leur époque..

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