Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com
de Brad Anderson. 2013. U.S.A. 1h35. Avec Halle Berry, Abigail Breslin, Morris Chestnut, Michael Imperioli, Ella Rae Peck, Michael Eklund.
Sortie salles France: 29 Mai 2013. U.S: 15 Mars 2013
FILMOGRAPHIE: Brad Anderson est un réalisateur, scénariste et monteur américain, né en 1964 à Madison (Connecticut).
1995: Frankenstein Planet Monster. 1996: The Darien Gap. 1999: Et plus si affinités. 2001: Session 9. 2001: Happy Accidents. 2005: The Machinist. 2008: Transsibérien. 2010: L'empire des ombres. 2013: The Call.
Réalisateur inégal à qui l'on doit au moins deux réussites perfectibles, Session 9 et The Machinist, Brad Anderson renoue au principe traditionnel du thriller effréné avec The Call afin de maintenir en haleine son spectateur.
Par l'entremise du téléphone, une opératrice des urgences va tenter de porter secours à une jeune fille kidnappée par un maniaque.
Dans la lignée des thrillers horrifiques initiés par Black Christmas, Terreur sur la Ligne, ou encore Appels au meurtre, The Call étire sur une heure de métrage le concept de la victime démunie, oppressée par un maniaque et n'ayant comme seul recours un téléphone pour tenter d'invoquer de l'aide. Il ne s'agit donc pas ici du traditionnel harcèlement téléphonique conformément établi par un serial-killer mais de l'appel désespéré d'une otage auprès du service administratif des urgences.
Avec une efficacité infaillible et l'empathie éprouvée pour la complicité des interlocutrices (deux séquences s'avèrent même assez poignantes !), Brad Anderson exploite ce filon afin de mettre en place un suspense anxiogène quand une victime décide d'accorder sa confiance auprès d'une opératrice hésitante. Embrigadée dans le coffre d'un véhicule circulant sur autoroute, l'adolescente va tenter par tous les moyens d'invoquer sa présence parmi les automobilistes puis de s'y extraire afin d'échapper à une sentence inévitable.
Avec la tonitruance de sa bande son technoïde, le réalisateur insuffle une tension permanente dans cette situation alerte auquel nombre de rebondissements vont venir motiver l'intrigue avec vélocité. Et cela, en dépit de quelques grossières incohérences, comme le fait que le tueur laissera le soin à la victime de conserver son portable (potentiellement défectueux) durant la quasi totalité de sa séquestration !
Mené sans répit durant ses 2/3 de métrages, The Call renforce son caractère acerbe par une terreur persuasive (son prologue cinglant s'avère aussi intense que radical !) une violence parfois brutale (deux meurtres nous sont illustrés avec un réalisme assez cru) et le jeu dépouillé des deux comédiennes principales. En priorité Halle Berry incarnant ici avec autant de fragilité humaine que de vaillance le rôle d'une opératrice préalablement contrariée par la culpabilité d'une faute professionnelle. En victime oppressée, contrainte de se terrer dans le coffre d'un véhicule, Abigail Breslin retransmet avec un désarroi fébrile son calvaire incessant ainsi qu'un désespoir de cause de daigner faire front à son tortionnaire.
Malheureusement, si The Call avait réussi jusque là à maintenir son intérêt dans l'agencement d'un suspense oppressant, sa dernière demi-heure retombe dans les ficelles balisées du genre avec nombre de revirements éculés (le trauma lié à l'enfance du tueur, sa confrontation dantesques avec ces deux dernières victimes) et d'invraisemblances outrées (la facilité à laquelle l'héroïne trouve la planque du criminel). Qui plus est, son prélude militant pour l'apologie de la vengeance (les féministes pourront tout de même trouver matière à fantasmer d'une telle idéologie réac !) sombre vulgairement dans le ridicule. Néanmoins, cette dernière partie privilégiant une angoisse sous-jacente et l'action spectaculaire nous égaye l'esprit et parvient même à quelques occasions d'intensifier le jeu offensif d'affrontements sanglants.
Série B du samedi soir à voir entre amis ou de préférence avec sa nouvelle copine, The Call peut autant se savourer comme un thriller haletant en demi-teinte qu'un plaisir coupable entièrement bâti sur l'efficacité d'une réalisation alerte et de clichés rebattus (à l'instar du sympathique et rigolard Cellular).
12.06.13
Bruno Matéï
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