mercredi 26 juin 2013

Looker

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

de Michael Crichton. 1981. U.S.A. 1h33. Avec Albert Finney, James Coburn, Susan Dey, Leigh Taylor-Young, Dorian Harewood, Terri Welles, Kathryn Witt, Ashley Cox.

Sortie salles France: 6 Juin 1984

FILMOGRAPHIE (source Wikipedia): Michael Crichton est un écrivain, scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 23 Octobre 1942, décédé le 4 Novembre 2008 à Los Angeles.
1972: Pursuit (télé-film inédit en France). 1973: Mondwest. 1978: Morts Suspectes. 1979: La Grande Attaque du Train d'or. 1981: Looker. 1984: Runaway, l'évadé du futur. 1989: Preuve à l'appui (Physical Evidence).


"Publicité pour un monde sans âme".
Thriller d’anticipation préoccupé par les dérives technologiques, Looker préfigurait déjà l’ère de la réalité virtuelle et les dangers insidieux de l’audiovisuel. En l’occurrence, le pouvoir de la publicité et sa tentative, toujours plus pernicieuse, d’« hypnotiser » le spectateur à l’aide d’un procédé révolutionnaire destiné à mieux l’asservir à une politique totalitaire. Le “looker”, pulsation optique générée par ordinateur et synchronisée au rythme cortical, induit un état de transe auto-hypnotique, suggestive. Pour leurs projets publicitaires, les scientifiques de la Reston Industries exploitent cette animation pour intégrer des pulsions lumineuses narcotiques dans les pupilles des acteurs, utilisés comme des lasers. À partir d’un pitch bâti sur les meurtres inquiétants de top models, Michael Crichton orchestre un mélange explosif de thriller high-tech, d’érotisme chic et d’anticipation alarmiste avec une redoutable efficacité. Fort de thèmes avant-gardistes et fascinants — réalité numérisée, pouvoir de l’image, aliénation médiatique — le cinéaste alerte, avec un sens affûté du spectacle, sur les dangers d’un simulacre technologique. À l’image du “looker”, ce pistolet qui émet des éclairs de lumière pour créer l’illusion d’invisibilité chez l’agresseur, dès lors que la victime en devient la cible.

À la manière d’un flash incandescent, le projectile plonge le regard dans un état de transe, faisant vaciller la notion de temps. Cette arme de gros calibre donne lieu à des séquences d’action percutantes, parfois teintées de cocasserie — comme cette course-poursuite en voiture, où le chirurgien s’échappe, pour finir projeté au cœur d’une fontaine — ou d’humour noir, lorsque les règlements de compte sanglants éclatent sur un plateau virtuel, où les cadavres se mêlent aux acteurs de synthèse. À travers ce cocktail original d’action et de science-fiction, Looker nous alerte sur notre rapport addictif, presque inconscient, aux méfaits pervers de la télévision. Cette publicité omniprésente, au volume brutalement surélevé, nous hurle le devoir de consommer. Le directeur de Reston Industries le dira sans détour : l’Américain moyen passe plus d’un an et demi de sa vie à regarder des publicités — cinquante minutes chaque jour à observer de la réclame. « Voilà le pouvoir ! », s’exclame-t-il.

En prime, avec le défilé sensuel de mannequins standardisés, Crichton aborde la chirurgie esthétique, et anticipe cette mode aujourd’hui tristement banalisée que la société s’efforce d’ancrer dans les mœurs : influencer la jeunesse avide de célébrité à concourir pour une beauté sophistiquée, taillée au scalpel. Tous ces thèmes sont traités avec l’intelligence d’un scénario retors, émaillé d’ironie, et éveillent en nous une inquiétude fascinante face à l’avenir des médias, obsédés par le pouvoir, l’audimat et les nouvelles technologies virtuelles.


"Hypnose cathodique".
Ludique et captivant, pessimiste et troublant, Looker n’a rien perdu de sa force ni de son pouvoir d’attraction. Par son obsession de l’image et la prolifération des écrans, il garde intacte sa portée critique. Et, au rythme d’une partition électronique stylisée, il continue — non sans dérision — de nous charmer au sein d’un défilé de mannequins immaculés. Une œuvre majeure des années 80, à trôner aux côtés de son complice visionnaire : Vidéodrome.

*Bruno
02.09.24. 5èx. Vostfr
26.06.13. 4èx

1 commentaire:

  1. Encore merci pour ce billet ^^ Un film dont j avais complétement oublier l existence mais que j avais grave aimé
    david

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