Photo empruntée sur Google, appartenant au site baranfilm27.org
de Greg McLean. 2005. Australie. 1h44. Avec Nathan Philipps, Cassandra Magrath, Kestie Morassi, John Jarratt.
Sortie salles France: 9 Août 2006. Australie: 3 Novembre 2005
FILMOGRAPHIE: Greg McLean est un réalisateur, scénariste et producteur australien.
2005: Wolf Creek. 2007: Solitaire
Chaque année, en Australie, 30 000 personnes sont portées disparues. 90 % d'entre elles sont retrouvées en l'espace d'un mois. Certaines disparaissent à jamais.
Ko et déprimé pour mes impressions à la sortie de la projo de Wolf Creek. Qui plus est, c'est auprès d'un second visionnage que je confirme son impact émotionnel littéralement fébrile, pour ne pas dire fulgurant. Si bien que pour une première oeuvre, Greg McLean est parvenu à façonner un véritable coup de maître avec ce survival aride au climat d'insécurité permanent. Si bien qu'une véritable épreuve de force physique et morale est infligée chez un trio d'étudiants malmenés par un tueur en série en plein désert australien. Or, à partir de ce concept éculé influencé par les classiques notoires des seventies (Massacre à la Tronçonneuse en tête pour l'affliction hystérisée des victimes, la verdeur de son climat poisseux et son degré d'authenticité malsaine), le réalisateur renouvelle la terreur dans un esprit anti ludique afin de mieux nous ébranler. Car en l'occurrence, Wolf Creek n'est absolument pas le traditionnel loisir (réconfortant) du "ouh fait moi peur" avec son tueur écervelé coursant machinalement de jeunes victimes insouciantes. Non, il s'agit plutôt ici d'une expérience extrême toujours plus éprouvante de par son refus des compromis, de complaisance et sa radicalité à exprimer une terreur inconfortable, et ce jusqu'au malaise...
Si bien qu'ici, les victimes enchaînées hurlent de douleur ou d'impuissance face à la monstruosité d'un prédateur pervers extériorisant ses pulsions sadiques lors d'un laps de temps indéfini. En toute liberté, au beau milieu d'un désert crépusculaire, ce tueur circonspect prend donc son pied à embrigader des touristes juvéniles dans un hangar rubigineux afin de les torturer à sa guise lorsque l'envie lui redonne goût au sordide. C'est donc une effroyable descente aux enfers redoutablement efficace que Greg McLean nous relate avec souci de réalisme et d'intensité pour rendre compte d'un fait d'actualité ! Car oui, Wolf Creek s'inspire librement du rapt de deux touristes perpétrés par le tueur Bradley John Murdoch, jugé coupable d'un meurtre en 2005. En effet, à contrario de ce que retrace le film, une seule victime fut répertoriée par la police non loin de Wolfe Creek, c'est à dire à plus de 2000 kms du fameux cratère ! Le tempo bourdonnant d'un score monocorde, la rigueur de la mise en scène exploitant à merveille le cadre de ses paysages crépusculaires et sa manière scrupuleuse d'y radiographier la détresse humaine de ces pèlerins tyrannisés exacerbant un climat malsain si déstabilisant que le spectateur, épris de marasme, se sent pris au piège parmi leur claustration ! Jusqu'au-boutiste et sans concession, aucun échappatoire ne semble donc poindre à l'horizon, et si certaines évasions sont parfois audacieusement intentées, la mort, lâche et brutale, les rattrape inexorablement.
Chef-d'oeuvre du survival réfutant la notion commerciale du divertissement imberbe, Wolf Creek prend le spectateur aux tripes pour le plonger dans l'authenticité d'une horreur vécue. Celle où des voyageurs portés disparus eurent la déveine d'aborder un inconnu affable, alors qu'un monstre à visage humain est sur le point de s'y démasquer afin de vous infliger les sévices les plus crapoteux. On est d'autant plus traumatisé par l'expérience que le jeu, criant de vérité, des comédiens inconnus, nous interpellent avec une empathie somme toute meurtrie.
30.08.13. 2èx
Bruno Matéï
La critique de Wolf Creek 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/04/wolf-creek-2.html